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16 juillet 2020

Des nouvelles du Montana

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                           Cap à l'Ouest, Montana. Un état qu'on connait bien, devenu un genre en soi, presque un label, avec les quelques limites que cela peut induire. Il s'agit bien sûr de la diffculté à renouveler les thèmes très nature writing de cette tendance littéraire. Premier roman de Joe Wilkins, Fall back down when I die, je vous laisse juges de l'à-propos du titre français, est un bon et solide roman qui mêle au message écolo une histoire de vengeance très westernienne. 

                           Wendell Newman vivote comme employé de ranch du côté des Bull Mountains. Son père a disparu depuis longtemps quelque part au coeur de montagnes. Wendell se retrouve en charge d'un petit cousin autiste, Rowdy, sept ans dont la mère est incarcérée.  Cette nouvelle raison de vivre va influer sur l'existence de Wendell, amené à prendre ses responsabilté dans la région. Celle-ci est en effet déchirée entre milices séparatistes chevillées au territoire et officiels fédéraux. Et, on le sait, l'Amérique dégaine assez vite. L'auteur ne prend pas vraiment parti et nous laisse aux prises avec une montée de la violence qui mêle les fantômes du passé et les rêves d'avenir. 

                          Les relations entre Wendell et le tout jeune Rowdy sont au centre de l'histoire. On sent poindre une véritable osmose entre le jeune enfant replié sur lui-même et son éventuel tuteur. Mais le pays est rude et Wendell est pris entre deux feux, héritier de son père ultra et en proie à toujours plus extrême. Le message écologique est ainsi brouillé tant il peut chez certains prendre la forme d'un retour en force aux brutalités d'un pays qui n'en finit jamais des soubresauts de son histoire. Le symbole étant une reprise de la chasse aux loups. Mais est-il d'autres pays?

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12 juillet 2020

Echo, es-tu là? Oui, un peu las

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                               Je ne suis pas très en avance pour ma LC avec Val  La jument verte de Val. Mais à propos d'écho le très long roman de Richard Powers La chambre aux échos n'a provoqué en moi qu'un retentissement très moyen. Richard Powers est un auteur important dont j'avais aimé Le temps où nous chantions, beaucoup moins Trois fermiers s'en vont au bal. J'ai mis bien du temps à venir à bout des 702 pages de La chambre aux échos, roman essentiellement basé sur les neurosciences à travers le syndrome de Capgras, pathologie très complexe associant troubles de la mémoire et prosopagnosie, qui consiste à croire qu'une personne proche n'est en fait que le sosie de cette même personne.

                               Richard Powers abonde en détails scientifiques précis. Et bien qu'ayant exercé si longtemps une profession qui traitait entre autres de séquelles neurologiques j'ai très vite attrapé le tournis au point de ne lire que quelques pages à la fois, ce qui n'est jamais bon signe. La chambre aux échos est loin d'être un page-turner. Donc, un frère gravement traumatisé de la route ne reconnait plus sa soeur. Nous sommes dans le Nebraska, rural et bien éloigné du Dr. Weber, neuroscientifique de renommée qui vient étudier le cas. Powers analyse très bien le comportement des personnages, leurs doutes et leurs interrogations, pour lesquels j'ai hélas eu du mal à éprouver une certaine empathie. Il me semble que ce roman nécessite une disponibilité d'esprit qui me manque un peu. 

                               De ce livre par contre je garderai surtout une dose de poésie bienvenue, le souvenir de ces rassemblements annuels de grues, comme il en existe en Champagne. A l'origine d'une invasion touristique limitée dans le temps ces oiseaux n'ont pas que des amis. Il y a dans ce coin de l'Ouest américain et dans le livre quelques belles envolées sur la magie de ces rendez-vous ornithologiques. Mais je me suis bien souvent posé la question suivante: qu'en-est-il du plaisir de lire, réellement? Je crois que je ne lirai plus Richard Powers. Le temps est un peu compté.

9 juillet 2020

L'esprit des lieux

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                Quel joli titre et quel beau livre. Précisons vite qu'il n'est pas du tout nécessaire d'être fervent admirateur de de Gaulle, de quelque époque, pour être enthousiasmé par cet ouvrage dont je remercie Babelio et Salvator-Diffusion.. Paraphrasant Barrès et sa Colline inspirée il s'agit d'un livre où souffle l'esprit en ce plutôt austère promontoire d'une France à mille lieues de la capitale, en fait à deux heures de route. Philippe Le Guillou, essayiste (Chateaubriand, Gracq), fait régulièrement le voyage à Colombey. Et, à lire Colombey, l'autre colline inspirée, on a très envie de le suivre. Je suis allé à Colombey l'été dernier, avant ce livre, et j'en partage chaque ligne. C'est un livre poème.

                Le Guillou rappelle sa passion pour le destin de de Gaulle née à la mort de ce dernier. Impressionné par les images de Colombey et les photos de Paris-Match, il s'attache alors qu'il est élève de sixième en Bretagne à compiler articles et extraits de presse et photos du Général. Colombey. L'autre colline inspirée vaut par la scène historique, mais aussi par une véritable réalisation géographique, une mise en images inspirée, c'est le cas de le dire. Ses mots sont superbes pour décrire cette rude campagne haut-marnaise, si méconnue. Relief modeste, donc usé, résigné même comme l'écrivait le Général. Colombey n'est pas un lieu pour les rêveries aquatiques, bien au contraire... C'est un lieu pour le grand air, les assauts des rafales et les tempêtes, un lieu pour l'esprit, l'inspiration, les méditations de haut vol - les promenades et les marches sur la crête, à l'air vif et libre, dans le lit du vent.

               Ici de Gaulle a écrit, beaucoup, et bien avant son congé musclé de 1969. Face à l'austérité de cette Champagne loin d'être pétillante il dialogue avec l'Histoire. Dans ce calme village que Philippe Le Guillou fixe ainsi de bien belle facture Le village a quelque chose de resserré comme une bogue protectrice autour du clocher, de l'église, de la présence primordiale des morts, avec le nom des malheureux tombés sur les théâtres de guerre et ceux de ceux qui reposent dans le joli petit cimetière aux allées couvertes de petits graviers blancs. Car bien sûr, Colombey-les-Deux-Eglises c'est déjà l'Est, choisi en 1934 par de Gaulle entre autres parce qu'équidistant de la capitale et de la frontière orientale,  donc non loin d'une éventuelle ligne de front. Quatre-vingt années d'une vie, de plusieurs vies, prendront forme dans le refuge de la Boisserie, resté secret pour une bonne part. Discret, plutôt que secret.

             Si j'ai aimé ce livre c'est que je ne suis pas loin de penser que seule l'austérité est belle, et que le minimalisme est essentiel et émouvant. Aux antipodes du clinquant et de la parade la Boisserie, méthodique et ponctuelle, savait aussi la drôlerie aux traits d'humour fréquents de l'homme du 18 juin. Nous sommes loin du fétichisme ostentatoire. La maison sait provoquer respect et retenue. Qu'il évoque d'une part les croix, dont l'immense monument sur les hauteurs, les forêts voisines, les villageois, le culte (un peu distrait chez le Général parfois) du dimanche matin et familial, ou d'autre part les meubles sans tapage, la bibliothèque, livres d'histoire et bien sûr Péguy, Bernanos, Mauriac et Malraux dont on croit voir le dos voûté marchant et devisant dans les allées (Les chênes qu'on abat) Colombey. L'autre colline inspirée est une splendide invite en cette terre de confins, à mettre ses pas, à distance respectable, dans ceux de Charles de Gaulle.

 

 

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