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25 septembre 2022

Le mâle absolu

Le voyant d'Étampes par Abel Quentin

                 Peu enclin à m'intéresser à Jean Roscoff, universitaire alcoolique juste retraité, ancien soixante-huitard, j'ai cependant daigné lire Le voyant d'Etampes que l'on m'avait prêté. Bien m'en a pris. Non que le personnage soit particulièrement sympathique mais il m'a quand même touché par ses maladresses et son inaptitude à respirer l'air actuel. Décidé à écrire un essai sur un poète américain méconnu ayant vécu en France et mort au volant dans l'Essonne. Cet essai, Le voyant d'Etampes, va lui valoir bien des complications publiques et privées. 

                 Gravitent autour de lui une ex-femme prompte à donner des leçons, une fille forcément lesbienne, un ami pas très enthousiaste, et surtout des souvenirs de tous les combats, un bien grand mot, qu'ont soi-disant livré les gens de cette génération. Shoegazing et nombrilisme à tous les étages. La carrière littéraire de Roscoff est en cale sèche. Un premier essai sur les Rosenberg, mort-né, vu qu'il défendait une possible innocence des époux à l'instant même où fut prouvée leur culpabilté. Mais Le voyant d'Etampes va autrement déstabiliser notre ami et lui rendre la soixantaine orageuse.

                  C'est que dans cet essai Roscoff, suprême insulte, titanesque malveillance, se permet de parler de Robert Willow (un peu un mix de James Baldwin et de Richard Wright, qui furent les coqueluches du petit monde germanopratin, si avenant) sans trop insister sur le fait qu'il était noir. Peut-on écrire ou dire ça? Et puis de toute façon, à quel titre ose-t-il parler au nom d'un homme de couleur, lui mâle blanc hétéro, pouah?

                 C'est volontairement que j'inachève cette chronique. Sûr de deux choses malgré tout. Un, Jean Roscoff, plutôt pas très intéressant, a fini par me devenir sympathique tant le déluge cancelo-bienpenso-démago-néoconformiste est ahurissant. Et deux, lisez Le voyant d'Etampes. On y rigole souvent, d'innombrables drôleries sur cette société. Puis on est terrifié. 

                 

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4 septembre 2022

Arrêt d'octopus

41h4GLfVQ8L 

                      Lecture commune australienne et maritime avec Val. (La jument verte de Val) Val dont je subodore les talents sous-marins et le goût pour les encornets. Tasmanienne plus exactement, la lecture. Cette île au sud-est du continent est une aventure en soi. Et c'est bien à une aventure que nous convie Erin Hortle en ce territoire des antipodes. On est prié de n'être ni trop raisonnable ni trop rationnel pour fréquenter le Neck, cet isthme étroit comme...un isthme, là où les poulpes semblent mener une vie débridée au point de se faire écraser comme de vulgaires hérissons. 

                     Soit donc une héroïne du bout du monde qu'un cancer a conduite à l'ablation des seins suivie d'une reconstruction. Soit un poulpe femelle qui traverse la rue mal à propos. A priori on conçoit mal cet attelage. Pourtant Erin Hortle, jeune auteure de là-bas, et sur la mappemonde c'est plus bas que là, nous concocte une abracadabrantesque mais délicieuse variation sur la féminité peut-être mais pas seulement. On y explore un peu la vie des animaux, phoques et puffins, ces oiseaux marins dont se régalent, ou se régalaient les autochtones (je ne sais pas trop, n'étant pas allé en Tasmanie depuis des siècles), y ont un rôle important.

                     La fable est écologique bien sûr mais sans être trop culpabilisante. L'héroïne est un personnage complexe et assez envoûtant, en tout cas d'une grande originalité. N'en disons guère plus afin de ne pas écorner l'évolution ni déflorer le parcours de Lucy. Lucy qu'une pêche au poulpe transformera. Sachez seulement que les mammectomies l'emméneront chez une tatoueuse de talent. Mais le poulpe, ainsi gravé, ne deviendrait-il pas envahissant.

                     Les céphalopodes sont d'une intelligence supérieure, semble-t-il. Vous verrez vous-mêmes. J'oubliais. Outre les phoques et les puffins quelques hommes passent dans la vie de Lucy. Dans l'ensemble moins intéressants. Mais Lucy, elle, vous ne risquez pas de l'oublier. L'illustration musicale de cette chronique est assurée par un groupe que l'on ne risque pas d'oublier non plus. Pas évident, les chansons sur ce thème sont assez rares. 

🐙                     

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