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BLOGART(LA COMTESSE)
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26 novembre 2006

Un homme d'Aran

Le Mouchard - Coffret CollectorCet homme était né aux Iles d'Aran en 1896.J'ai visité Aran en 2003.Elles ont changé,beaucoup changé.Pimpantes et fleuries elles accueillent les touristes en bateau,voire sur le petit aéroport.Mais au début du vingtième siècle cet extrême ouest de l'Irlande,donc de l'Europe,était misérable et l'oeuvre de Liam O'Flaherty raconte sans fioritures cette noirceur et cette quête des Irlandais pour vivre libre,vivre tout court.

On connaît un peu O'Flaherty gräce à son ami John Ford,Irlandais d'origine et qui a donné en 35 une bien belle version du Mouchard,publié en 28.Le Mouchard est l'histoire d'une trahison en une nuit,une tragédie de la misère.Si les brouillards du film ont un peu hérité de l'expressionnisme allemand(magnifiquement revendiqué par Ford),le livre,lui,est une très belle et poignante balade dans l'abjection mais l'informateur trouvera une véritable rédemption christique en allant mourir,pardonné,dans la chapelle de la très catholique Irande des années vingt.

On entend dans le film un sublime cantique irlandais.Je n'ai retrouvé une telle perfection vocale que dans les chants de Gens de Dublin,de John Huston,cinquante ans plus tard,d'après un autre immense Irlandais,James Joyce.Cette chronique s'appelle "à l'Eire libre".

O'Flaherty n'est pas l'auteur d'un seul livre.J'ai lu  L'Ame noire,sombre histoire de passion dans une île désolée,et Insurrection,chronique de la lutte pour l'indépendance.Me paraissent hautement recommandables l'Assassin et le Puritain.

Ne quittons pas l'Irlande ce soir sans une tournée générale:Pete McCarthy,dans l'Irlande dans un verre(collection Etonnants voyageurs chez Hoëbeke) nous raconte un voyage de Cork à Donegal en faisant halte dans tous les pubs nommés McCarthy.Je vous laisse imaginer.Allez,je vous laisse,j'ai une petite soif.

L'Irlande dans un verre

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25 novembre 2006

Une chanson:Darling Lorraine

http://www.youtube.com/watch?v=4jWBJZiqCMw Ecoutez!

Une fois n'est pas coutume voici une chanson assez récente(2000).Je ne vous présente pas Paul Simon. Mais que ceux qui le croient confit en dévotion des Sounds of silence,Mrs.Robinson,The boxer et autres si jolies chansons du duo d'anthologie sachent que tous ses albums solo sont des perles très réjouissantes et très variées quant aux influences(brésiliennes pour Rhythm of the saints,sud-africaines pour Graceland). Issue de l'album You're the one voici Darling Lorraine que je vous conjure d'aimer sinon je boude.

  Musicalement la chanson est admirablement construite avec des ruptures et des relances tout comme la vie car Darling Lorraine raconte avec beaucoup d'émotion une vie d'amour dont c'est peu dire qu'elle est faite de hauts et de bas,de ruptures et de relances.Enfin vous voyez ce que je veux dire.Paul Simon a su parfaitement digérer les musiques du monde pour transcender les ballades qu'il a su si bien composer.Je ne vous citerai que les derniers mots,les mots d'une chanson qui me fait pleurer,la chanson de Lorraine,Darling Lorraine.

"Here's an extra blanket,Honey,to wrap around your feet.All the trees were washed with April rain.And the moon in the meadow took Darling Lorraine."

25 novembre 2006

Les esquimaux de l'entr'acte

Le saviez-vous?Le succès en 1922 du film de Robert Flaherty Nanouk l'Esquimau fut tel que les chocolats glacés de nos vieux cinés furent appelés esquimaux à la suite du triomphe planétaire de ce film hors normes.Flaherty explorateur fut certainement le premier à comprendre qu'une caméra pouvait non seulement montrer le quotidien d'un peuple mais aussi capter son âme.Immergé dans la vie du village arctique Flaherty fit un film non pas sur Nanouk le grand chasseur,mais avec Nanouk le père de famille et ses proches.Perfectionniste Flaherty n'a jamais hésité à monter ses films,voire à les "scénariser" quelque peu,pensant qu'il est parfois juste de mentir pour atteindre la vérité.A acun moment la méthode de Flaherty ne relève de la manipulation.Ayant vécu de longs mois l'existence d'une difficulté insensée qu'est la vie des Esquimaux c'est avec confiance et amitié que les autochtones ont ainsi partagé le travail avec le réalisateur.

  Malgré les conditions climatiques que l'on peine à imaginer Robert Flaherty ira jusqu'à développer et tirer le film sur place pour que les acteurs,protagonistes tous authentiques,puissent le soir visionner les rushs comme des professionnels.Nanouk l'Esquimau,c'est une expérience inédite(nous sommes en 1922).Loin de saisir au vol les saison d'une tribu lointaine et qu'on oubliera en sortant de  la salle,Flaherty filme au plus près leur rudesse et plus encore leurs tendresses.Les yeux de Nanouk et son sourire ont eu un tel retentissement qu'on a pu croire,un court instant,qu'allait changer grâce à eux le regard réciproque du monde entier sur l'autre monde,tiers.

  Ma passion pour l'histoire du cinéma vient de me faire découvrir ce film,célèbre,que je n'avais jamais vu.La belle édition DVD regroupe ses autres films L'homme d'Aran,Louisiana Story et l'inconnu The land.Nous en reparlerons (Editions Montparnasse).

19 novembre 2006

Il paraît

Il paraît que Les carabiniers dénonce parfaitement l'absurdité de la guerre,le militarisme,l'honneur,les films glorifiant la force brutale,Hollywood,le cinéma français classique,la narration,les hideuses forces de l'argent.Il me paraît que je n'y ai vu que petites cocasseries,intertitres assez marrants,trop rarement et "foutage de gueule" quasi-total.Pouquoi pas?JLG je t'aime bien quand même pour Camille,Ferdinand et Pierrot.

17 novembre 2006

Adaptation impossible

Florence Colombani déjà auteur d'un très bon essai sur Elia Kazan(voir ce blog,cinéma américain) vient de publier un ouvrage érudit mais clair et passionnant sur l'un de mes cinéastes préférés.Proustienne convaincue comme Visconti elle s'est penchée sur les oeuvres du metteur en scène et de l'écrivain.On sait que Luchino a toute sa vie couru après l'adaptation de Proust,sans succès pour différentes raisons que Florence Colombani explique d'ailleurs.Mais surtout dans Proust-Visconti,histoire d'une affinté élective(Philippe Rey) elle démontre l'étroitesse des liens entre les deux oeuvres et comme quoi l'influence de Marcel est tangible dans tous les films de Luchino y compris les premiers,encore pourtant très néoréalistes et éloignés apparemment du style proustien.

   En plusieurs chapitres très joliment intitulés Le narrateur,Les multiples visages du baron de Charlus,Elégantes proustiennes Florence Colombani nous initie à ces calmes mystères quoiqu'inquiétants où les images du Duc semblent comme dans une "correspondance suspendue et fleurie" avec les mots et le style de Proust.Bourgeoisie,décadence,saphisme et désir drôlant le morbide,décors somptueux comme vacillant et plongeant vers la fin d'un monde,du monde non pas selon Proust ou Visconti,mais du monde qu'ils ont contribué à recréer.On comprend très vite l'association entre Balbec et Venise,entre les viellissants Professeur(Violence et passion),Prince(Guépard),ou Compositeur(Mort à Venise,pourtant d'après Thomas Mann?Mais Mann lui-même n'est-il pas étonnamment proustien?) et les Swann,Charlus,etc...

  Thème commun aux deux que cette déstructuration des dynasties come celle des Damnés ou de la famille de Rocco et ses frères pourtant très socialement éloignée par rapport aux Guermantes.Enfin la Sérinissime  visitée par le narrateur d'Albertine disparue est bien soeur de la Venise de Senso ou de Mort à Venise,vieille catin mal maquillée et que l'on désire malgré tout sans être exagérément fier de soi.Mais quiconque a contemplé la Beauté à la mort est déjà voué.Le narrateur chez Proust contemple l'Ange d'or du Campanile de Saint Marc comme Aschenbach contemple Tadzio,"rutilant d'un soleil qui le rendait impossible à fixer".

  Ce ne sont là que quelques traces de ce magnifique jeu de piste que nous propose Florence Colombani.Il y en a bien d'autres.A lire pour qui veut ne pas rester en dehors de cette rencontre irréelle entre deux génies.Visconti n'a donc jamais réussi à adapter La recherche...Détrompez vous.Il n'a fait que cela et plutôt bien.

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13 novembre 2006

Redécouvrir Anderson

TrNous sommes tous des voleursès méconnu et éclipsé par Steinbeck notamment il faut lire Edward Anderson(1906-1969), particulièrement si l'on est comme moi fondu (entre autres) de littérature américaine. Edward Anderson est un de ces Américains des annèes 30 qui aura tout fait tromboniste, boxeur, matelot. Dans cette Amérique de la crise où l'on pense aux grands Les raisins de la colère, Des souris et des hommes ainsi qu'à Erskine Caldwell: La route au tabac, Le petit arpent du bon dieu, n'oublions pas les deux très bons bouquins d'Edward Anderson, évidemment chez 10-18.

Edward Anderson n' a publié que deux romans.Tous des voleurs que les cinéphiles auront immédiatement reconnu et rebaptisé Les amants de la nuit et Il ne pleuvra pas toujours. Le premier Il ne pleuvra pas toujours dont le titre original est Hungry men(Des hommes affamés)est presque l'autobiographie de l'auteur. Il raconte la vie d'Axel Stecker, un hobo, un vagabond de la Grande Dépression. C'est une histoire de bourlingue entre trains clandestins et nuits dans les parcs et les églises.C'est un rude bouquin,de sang,de sueur et de poussière,éléments fondateurs de l'histoire américaine." Ce n'était pas tous les jours que je me prenais pour un gentleman. J'étais plus près du chien galeux".

Les Amants de la nuit

   Publié deux ans après,en 37,Tous des voleurs est un peu plus célèbre surtout par l'adaptation essentielle de Nicholas Ray en 49.C'est une histoire de gangsters,un Bonnie and Clyde un peu plus rural,qui obtiendra un certain succès.Mais Edward Anderson ne fera jamais fortune,Hollywood ne lui fera pas de cadeau et il ne publiera que deux nouvelles dans les trente années qu'il lui reste à vivre.L'adaptation de Robert Altman en 73 me paraît moins forte.

12 novembre 2006

Si

Si

 

Si j’étais tahïtien

Je plongerais bien au delà du lagon

Pour y cueillir au plus profond

L’or des conques et l’argent des poissons

Perles et nacres pour ton ventre fécond.

Si j’étais italien

A Florence ou à Orvieto

Dans l’atelier de Léonardo

Je te peindrais,Madone au tondo

Bellissima del mondo.

Si j’étais inuit

Dans la déchirante nuit arctique

Tu serais du Nord la princesse unique

Ce glacier idyllique

Serait havre d’un fol amour tellurique.

Lama tibétain

Je renierais les livres sacrés

Quitterais le monastère où j’étais ancré

Et ne prierais plus que l’être aimé

Au bonheur ensoleillé.

Guérillero

J’aurais fait seul la révolution

Pour que la passion

Enflamme de notre déraison

Un monde à notre diapason.

Si j’étais un marin

Le sel des quarantièmes rugissants

Du goût de mes lèvres irait cernant

Ton front,tes iris bienfaisants

Alizé aux épices,plaisir déferlant.

Si j’étais écrivain

Mon écriture,métamorphose

Lisserait les épines des roses

Pour que plus jamais n’éclosent

La vacuité et la fadeur des choses.

Si j’étais Ludwig ou Wolfgang

Mon immortalité baignerait l’avenir

De ton prénom et de tes rires

De l’infini de nos délires

De cette musique qui nous chavire.

Si après demain je mourais

Demain aurait ton regard et ton nom

De ma vie la vraie floraison

N’aurait connu que nos chansons

Nos étreintes et notre unisson.

11 novembre 2006

Une plume en Nord

Pas facile de voler des chevauxCe Norvégien est en passe de devenir la nouvelle coqueluche de la littérature scandinave.Loin de l'univers du polar nordique ou de la farce finlandaise(que j'aime tous deux beaucoup) Per Petterson fait entendre une musique inquiète et solitaire où la nature se veut présente sans étouffer l'humanité des personnages.Pas facile de voler des chevaux est un roman de l'âge mûr,avancé même.Trond se remémore,solitaire,son amitié avec Jon,les chevaux empruntés plus que volés,son enfance somme toute ordinaire.Mais quelle enfance est ordinaire?Et qui était vraiment son père dont il apprendra tard l'attitude pendant la guerre.

  On ne se débarrasse pas comme ça du passé.Ce passé n'a d'ailleurs rien de honteux mais toute jeunesse est douloureuse et à travers les images du père il semble qu'un fantôme tout bergmanien vienne à s'immiscer dans l'interrogation de Trond face à son nouveau voisin dans ce chalet de campagne où il a décidé de passer le reste de son âge.Un souvenir commun avec Lars et ressurgissent ces années d'apprentissage au bord du lac des vacances où amitié et cruauté chevauchent ensemble les mustangs de l'adolescence.Des images très fortes restent gravées à la lecture de ce roman qui,loin d'être un respectable mais très couru roman d'initiation,transcende la quête du souvenir en un flot introspectif passionnant que, l'âge étant venu,Trond assumera le mieux possible.Emprises,disparitions,peurs et soupçons auront balisé une vie bien remplie,une vie d'homme,là bas dans ce Nord qui me plaît tant.

    J'avais assez peu aimé Dans le sillage,autre livre de Per Petterson.Il me semble que Pas facile de voler des chevaux atteint d'emblée une universalité d'une toute autre envergure.(Gallimard).

11 novembre 2006

Images de ruines

   Vous avez aimé Le troisième homme, ou Allemagne année zéro. C'est vrai que les ruines d'après l'horreur ont donné naissance à des chefs d'oeuvre parfois.Avez-vous lu L'ami allemand, excellent roman de Joseph Kanon dont Steven Soderbergh termine l'adaptation?

La Porte de Brandebourg

     Berlin 45.Un journaliste américain doit rédiger une série d'articles sur la conférence de Potsdam. La ville est éventrée et dans ce décor sinistre ou tout se monnaie il veut retrouver Lena son amour d'avant-guerre car il a vécu autrefois dans cette ville qu'il aimait.C'était un peu avant la guerre.C'est si loin.

L'ami allemand

     Mais les tensions politiques sont au paroxysme.Il ne faut pas oublier que la guerre n'a cessé que pour devenir une autre guerre, dite froide. Il y a déjà bien des rivalités pour le contrôle de ce qui est encore la capitale allemande qui va bientôt sombrer dans une sorte de no man's land bureaucratique pour 50 ans.Dans ce climat délétère il faut songer à sauver sa peau, quand les cadavres ne sont pas tous ceux que l'on croit et que d'un secteur à l'autre la vie ne vaut pas bien cher. La recherche de documents nazis pour la justice n'a, comme les hommes,pas toujours été exemplaire. C'est un livre très riche qui conjugue action et réflexion sur la difficulté de sortir d'un conflit démesuré qui aura aussi brisé l"amour de Jake et Lena.

11 novembre 2006

Une chanson:Little green apples

http://www.youtube.com/watch?v=YsqHeDtkP90  Ecoutez!

Pas que d'impérissables chefs d'oeuvre dans cette rubrique,je l'ai déjà dit.Cette toute petite chanson d'un chanteur country méconnu en France malgré des adaptations par Hugues Aufray et d'autres,est pour moi très tendre et joliment nostalgique.Certes Roger Miller n'a pas l'aura de Johnny Cash ou Willie Nelson.Mais en médecine par exemple on a besoin autant du grand patron parisien que du modeste médecin de campagne.En musique c'est pareil et un tout petit air peut prendre dans une vie beaucoup de relief.C'est pourquoi faute d'être capable d'écrire comme Verlaine "Voici des fruits,des fleurs,des feuilles et des branches.Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous",je vous dédie ces Petites pommes vertes.Je la dédie aussi à ces instants où "I waked up in the morning with her hair in my eyes,and she said Hi"

5 novembre 2006

Couleurs en marche

Vie de poètePas un recueil de nouvelles,mais une suite de petites chroniques du Suisse germanophone Robert Walser basée sur les rencontres du promeneur solitaire à travers l'Allemagne.On pense à Rousseau bien évidemment et il y a de ça. Le poète en balade s'arrête à peu de choses:une bière à l'auberge,un arbre où faire la sieste,une accorte logeuse.Il parle même à un poêle ou un bouton de chemise.Vie de poète c'est ainsi 150 pages de légèreté mais empreintes d'une sourde déception,celle de l'homme qui n'avait pas confiance en lui-même.

   Car Robert Walser auteur de ces brèves notes lumineuses a très tôt vécu le deuil de la vie puisqu'interné en psychiatrie les 23 dernières années de son existence.Si j'osais :une sorte de Philippe Delerm des années 1910 que l'on serait bien avisé de lire tant son style et sa grâce font mouche.Que dites-vous de cette simple phrase? "Un clair de lune est-il rien d'autre,au fond,que quelque chose de quotidien,offert au mendiant comme au prince?" (Editions Zoe).

5 novembre 2006

Comme la fin d'un voyage

Comme la fin d’un voyage

 

Comme un aboutissement

La Porte Dorée nargue l’océanique

Au tendre nom de paix

Frisco,lovée au sein de sa baie,va voir naître

Ultime avatar,une Amérique de l’Amérique.

C’est le Sud,l’Eldorado et les rumeurs

Prétendent que l’homme y danse sur un volcan

Fomentant sa propre perte

La planète Terre en ce bout du monde

Vit-elle un moratoire attendant

Les caprices de ses entrailles?

Des millions d’âmes au fonds de ces villes

Des dizaines de cités aux noms de saints d’Espagne

Californie,terminus de la longue piste

Dernière étape d’une ruée vers l’Ouest

La chute aussi pour Jack London

Au goût de paradis artificiel.

Il y a des années dans l’effervescence

J’ai écouté les chants qu’on appelait là-bas

Ceux du pouvoir des fleurs

Mais la voix de Janis ne fend plus les silences

Les campus ont renoué cravates et conventions

Et le parfum d’encens s’est dissipé

Au vent du soir.

Allons danser Barbra Ann

Tandis que surfent les enfants des Beach Boys

Dans l’écume des jours

La tête tournée vers Silicon Valley

 

Les peaux ont bruni maintenant

Et des accents de Sierra Madre

Flanqués de guitares crasseuses

Ont envahi la terre promise.

Des cars bondés jacassent en castillan

De faux totems vaguement aztèques

Veillent au long des routes

Où traînent les Miguel ou Adolfo

Transfuges des barracas

De Mexico.

Démesure

Il faut aller vite et le village des nantis

Grouille d’aréoplanes privés.

Il faut voir grand,ainsi

Les plus belles pierres d’Europe

Ont connu l’exil pour bâtir les folies

De ces “Citizen Kane” dédaigneux

Dont les palais défient la mer.

A peine un siècle d’une vie foudroyante

Dernière née de la conquête,enfant gâtée

L’amnésique Californie

S’exhibe comme une adolescence délurée

Rameau extrême d’un continent hors d’haleine

Après une course insensée.

Californie!Même la nature

A ses vertiges et sa fureur

La pourpre et le violet

De la Vallée de la Mort

Chaos des surplombs,teints lunaires au couchant

Forêts de colosses

Séquoias millénaires

Cataractes coupant les dômes de granit

L’univers paraît évadé

Du cinémascope

La création a tourné son propre film

Difficile d’aller plus loin

Quelques pas et vient le désert

C’est comme la fin d’un voyage

Au delà du carnaval permanent

Maquillages,outrances,perversions

Au coeur des cités presque androïdes.

C’est comme la fin d’un voyage

Au bout du luxe et de la dérision

Où s’achètent mille fantasmes

Palette finale d’humanités

Quand se croisent au matin les regards

De la star et du chicano.

5 novembre 2006

Une chanson:Living in the past

Ecoutez!  http://www.youtube.com/watch?v=FO3i6uf_W6s

1968 on connaît nombre de guitar heroes pas encore morts,quelques drummers de haute tenue et haute teneur en produits divers,des bassistes gauchers mais pas gauches,des organistes, Auger, Price, Manzarek, Fischer.Et voilà que nous arrive un faune,un satire se tenant la plupart du temps sur une jambe comme une cigogne.Cet homme s'appelle Ian Anderson,Ecossais,et surtout flûtiste virtuose qui enrichira le rock de sa présence charismatique et parfois envahissante le groupe à éclipses mais souvent passionnant Jethro Tull.Avec la complicité d'un certain J.S.Bach qui à ma connaissance n'a jamais fait partie d'un groupe rock répertorié mais qui a connu une célébrité relative et une influence indéniable,l'un des plus gros succès de Jethro Tull sera Bourée,instrumental évoquant non pas l'ébriété,quoique,mais le folklore.

  Après plusieurs succès en single Jethro Tull comencera à se prendre au sérieux avec des albums de qualité mais qui assènent leur leçon un peu lourdement.Du genre progressive rock mâtiné de folk avec des incursions hard,ce qui n'a rien d'infâmant mais provoquera une certaine dispersion musicale du groupe.A citer notamment l'album en forme de journal Thick as a brick.Parmi les titres les plus connus de J.T. nommons Song for Jeffrey,Sweet dreams,Locomtive breath,Aqualung.

  Par contre Jethro Tull tourne encore et c'est plutôt pas mal car les groupes de sexagénaires ont souvent su insuffler une couleur très différente à leurs morceaux d'antan.Les voir maintenant ce n'est pas ouvrir un juke-box mais redécouvrir un univers un peu autre.Rock 'n'roll must go on.Je vous propose le remuant Living in the past avec Ian bondissant.

4 novembre 2006

La mort à voir

Moi,c’que j’aimerais par-dessus tout


C’est une belle mort,une mort d’anthologie


Avec un dernier soupir à damner


Même la plus rancunière des maîtresses


Et un ultime dialogue servi par les meilleurs


Une vraie mort de cinéma,quoi.


Comme celle d’un chanteur de country


Vieillissant et rongé,les femmes et l’alcool,


Qu’est-ce que vous voulez que ce soit,pardi.


Un honky tonk man dans un bar pour routiers


A la nuque rouge,lost on the highway.


Au cinoche mille façons de mourir.


Et tant qu’à faire de crever


Autant trouver la mort à Venise,classe,non.


Ca,ça m’irait.Je change de ton:


L’élégance d’un costume blanc


Lla plage du Lido,couleur choléra,


Un adagio à briser l’âme et,


Omniprésent,grandiloquent mais tant pis,


Le crépuscule,ce putain de crépuscule


Qui me fascine et qui nous guette.


Très chic la lagune pour y laisser sa peau


Tomber le masque


Que dansent les ombres d’un carnaval blême.


Ou mourir à l’Ouest.


Qu’on m’apporte un chapeau.


Un mercenaire buriné,couturé,balafré


Qui enfin rencontre la camarde

Il était une fois dans l'Ouest


Et rachète in extremis(belle expression),


In extremis,sa vie de chasseur de primes,


Règlements de compte hâtifs et peu regardants


Pour sauver le village de paysans.


Bien,bien,hollywoodien,bien.


Très “Chant du cygne”.


Diable on peut mourir en France,


Une agonie qui m’est très chère,


Certains sont déjà au courant.


On l’a racontée ici même,


Loin là-bas sur un quai des brumes.


Ce peintre un peu maudit,ce déserteur,


Quelques paumés,les chose derrière les choses


Et cette mort utile en léguant ses chaussures.


La mort philanthropique,à la marée du soir.


Y a du prestige aussi très au Nord


Sur le chemin de la Faucheuse.


Un grand Suédois,pas marrant marrant,


Austère.Et défier la Mort aux échecs


En un pays hanté par la peste,


L'angoisse et la culpabilité


Car je suis coupable,coupable de tricherie


Comme le Chevalier “Echec et mat”.


Mais lui,il a gagné.


Si j’avais le goût de perdre!Pénitence!


Plus astucieux,on peut rembobiner


Commencer par la fin.Xanadu.


Le magnat obèse,solitaire


S’écroule en son château


L’enfance,la jeunesse,l’ambition,


La puissance,les amis


Et incandescentes vénéneuses,toutes,


Les femmes,refaire le chemin à l’envers


Les aimer à nouveau


Et qu’elles paient,cette fois.


Bon Dieu qu’elles paient!


Ce sera toujours trop bon marché.


Pardon,je m’égare.


Rendez moi mes jouets d’enfant.


Traverser enfin le miroir


Comme Jeannot tendant la main


Mon beau Jeannot,pour voir ailleurs si j’y suis.


Orphée,le poète et ces miroirs,


Portes où la mort va et vient.


Ou errer dans Calcutta déserte,


Fantôme durassien de chair et de sang,


Mais désincarné et exsangue


Mourir,dit-elle.Forcément quitter


Et j’aurais continué d’attendre la fin.


Et j’aurais dit dans un cri


”Qu’elle vienne,qu’elle vienne vite”.


Après,après il restera toujours


Bogart en imperméable,


Pluie battante aux funérailles


De la Comtesse aux pieds nus.


3 novembre 2006

Petites histoires d'Argentine

Délicieuse friandise que ces Historias minimas de Carlos Sorin(2003),film apparenté au road-movie mais à la mode sud-américaine,un peu nonchalante mais pleine de charmes.Autre originalité:il n'y a que des gens gentils dans ce film et ça fait du bien.Pas de tango ni de football mais un chien moraliste que son vieux maître retrouve après trois ans de séparation,un chien qui apparaît comme le fil conducteur de la vieillesse de Don Justo qui sur le tard se remet en question.L'accompagnent dans ce voyage un voyageu rde commerce,poète à sa manière et amoureux d'une veuve dont l'enfant fête son anniversaire.Roberto veut lui faire un cadeau,mais distrait,ne sait même pas s'il s'agit d'une fille ou d'un garçon.En guise de cadeau il a acheté un gâteau en forme de ballon mais le transforme en... tortue plus à même de satisfaire les deux sexes.

    De jolies touches de fantaisie émaillent Historias minimas avec le troisième personnage,une jeune femme qui a gagné à un jeu télévisé débile(ce n'est pas en France qu'on verrait ça).Mais qu'a-t-elle gagné?L'autoroute vers la Patagonie,monotone mais saupoudrée de gens sympas,un flic accueillant,des ouvriers muisciens,un pâtissier compréhensif,achève de nous convaincre de la douceur des choses du monde quand la bonne volonté s'en mêle.Hasta luego,amigos!

3 novembre 2006

Blanche neige et les vilains.

   Vu hier  Le grand silence qui ne m'a que peu inspiré. Une curiosité tout au plus, Trintignant dans un rôle de muet  face à l'incontournable Klaus Kinski dont seul Werner Herzog saura la démesure. Une fin un peu étonnante quand même, conditionnés que nous sommes par le happy end de rigueur dans la plupart des westerns.   

   Je ne suis pas un zélateur du spaghetti-western,ni un amateur bien que les films de Sergio Leone soient  maintenant au patrimoine, mais Leone est bien au-delà de ce simple sous-genre.Mais, diable, que de neige dans Le grand silence,une neige westernienne qui m'a relancé tout schuss sur la piste de de deux grands moments de blancheur d'une tout autre qualité.Il est vrai que Sergio Corbucci n'est ni Pollack ni Altman.      

   Les ballades de Leonard Cohen,que j'adore mais qui ne sont pas vraiment primesautières rythment ce western du crépuscule qu'est John McCabe(71) de Robert Altman.Tardif et donc comme la plupart des films sur l'Ouest se déroulant relativement tard,très désenchanté.Une ville se construit  mais l'homme n'y trouvera jamais l'équilibre.Cette société entre le bordel et l'Eglise Presbytérienne, entre l'Union Minière et les pauvres hères exploités, est vouée à l'échec, stupidement, autant que ces duels dans la neige qui sont en fait eux-mêmes des erreurs.Et comme les grands manteaux dans la neige sont cinégéniques. Même la mort semble belle, parée de blanc. 

La mort est aussi omniprésente dans le merveilleux Jeremiah Johnson(72),de Sydney Pollack avec Robert Redford au meilleur de sa forme.    La longue scène de la traversée du cimetière indien témoigne de l'intérêt et de la complicité de Redford et Pollack(au moins 7 films ensemble). Souvent qualifié de western écologique, ce qui ne signifie rien, Jeremiah Johnson est une parabole sur le destin et la quête,plus encore sur l'intrusion du monde civilisé dans le monde sauvage,et l'impossiblité pour Johnson,d'échapper totalement à son milieu culturel. Techniquement très soigné. Jeremiah Johnson a aussi bénéficié de conseillers techniques très pointus. L'Indien n'y est jamais "singé". Il me semble qu'y plane un peu l'ombre de Jack London..

2 novembre 2006

L'Arno

Un ottobre bellissimo

Quand le sud a des accents

Très doux,pas trop extravagants

Boboli déroule pour elle et moi

De douces pentes finissantes

Où de joufflus putti rejettent une eau tiède

Calme flux suffisant de douceur

Qu’elle écoute à mon bras

L’inconnue d’hier dont le souffle

Est brise tranquille à ma nuque

Tout près Santa Maria crève de sa coupole

Le ciel toscan si cher à mes pensées

Les grilles des palais,de leurs cours nous invitent

A flâner tous deux le coeur comme ébahi

Couple de survivants

Aux traces du temps perdu

Renaissance sur ces quais s’étalant

Florentines matinées,à peine frémissantes

Sont-ce les cloches de San Marco

Claires,sur la cité,qui nous fêtent

Nous qui venons si tard?

Mais le crépuscule nimbe l’Arno

Comme le doux manteau,comme le tranquille automne

Sur nos vies moins brûlantes

La barque sur le fleuve

Entraîne ce qu’il reste de jour

Avant les nocturnes,andante

Oui,ce qu’il reste de jours

Quittons le Vecchio si bruyant

Et remontons la rive qui s’isole

Nos pas se cherchent un peu

Le talent ici fut si multiple

J’ai l’impression que les grands maîtres

M’ont laissé quelques cendres

Elle est à mes côtés

Presque fille du fleuve

Loin là-bas la rumeur citadine

Nous ignore encore.

1 novembre 2006

Sublime simplement

Soucieux de me plonger dans le patrimoine cinématographique et après Griffith j'ai pu voir L'Aurore,film mythique et assez peu diffusé, je crois,du grand F.W.Murnau,dans une version DVD très complète(et assez chère)publiée chez Carlotta. Truffaut parlait de l'Aurore comme du plus beau film su monde,simplement.Je ne sais pas mais ce film est une pure merveille,d'une richesse absolue qui mêle mélo, onirisme,  expressionnisme.

C'est aussi un film sur le désir et une opposition un tout petit peu sommaire entre la ville,perdition et la campagne,rédemption. Les images en sont somptueuses,encore très influencées évidemment par le grand cinéma allemand puisque l'Aurore est le premier film américain de Murnau(1927).


L'action se passe en Amérique,une Amérique rurale qui ressemble à l'Europe Centrale ou à n'importe quel pays qui rassemble un couple qui s'aime et une tentatrice qui vient de la ville,qui est la ville elle-même,symbole de turpitude.Nombre de scènes magnifiques:l'arrivée en ville du couple,les embouteillages, la fête foraine, tout cela représentant l'agitation par rapport au lac,aux animaux de la ferme,à la sage coiffure de l'épouse légitime que l'on trouve à la campagne. Il y a contraste aussi entre l'aurore,prometteuse et apaisante et le crépuscule de tous les dangers,plutôt urbain. La grande fluidité de l'art de Murnau hisse ce film à la hauteur des oeuvres phares de Septième Art. Le très beau coffret DVD propose nombre de documents sur l'Aurore et la période américaine de Murnau,très courte puisqu'il mourut en 31.

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