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27 avril 2023

Cavalier qui surgit hors de la nuit

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                       Belle réédition du premier roman de Robert Penn Warren. Bien oublié aujurd'hui, le seul écrivain Prix Pulitzer à la fois roman et poésie a publié Le cavalier de la nuit en 1939. Je m'attendais à un livre fascinant mais je suis en partie déçu. Tout début du siècle dernier, les planteurs de tabac du sud des Etats-Unis, Kentucky principalement, doivent survivre face à la puissance des grandes compagnies. L'agriculture a de tout temps et en tout lieu connu des problèmes de cet ordre. En fait, avec ce premier livre, Penn Warren, l'un des grands du Sud (Faulkner, Caldwell, Ernest Gaines, mais aussi Flannery O'Connor, Margaret Mitchell, Carson McCullers), entame sa longue exploration d'une société américaine qui n'est plus celle de la conquête, mais celle des affaires.

                    Mr. Munn, Penn Warren l'appellera toujours Mr. Munn, sauf lors des dialogues, est un jeune avocat plutôt idéaliste, mais on sait le danger que représentent parfois les idéalistes. Ce sera d'ailleurs le thème du roman le plus connu de l'auteur, All the king's men, Les fous du roi ou Tous les hommes du roi, selon l'édition. Dans le but d'améliorer la condition des petits producteurs il participe à une organisation secrète  qui commence à détruire des entrepôts et des champs. Ayant choisi le camp des Cavaliers de la Nuit, Percy Munn en deviendra l'un des meneurs. Et les exactions des Cavaliers n'auront rien à envier au Klan, auquel on pense forcément en voyant la couverture de l'édition 10-18. Les scènes d'action et de représailles sont d'ailleurs fort bien rendues. 

                    Le cavalier de la nuit conte la sinistre progression du mal à partir d'une idée généreuse. Un grand classique du dérapage, universel. Plusieurs personnages s'embarquent dans cette histoire risquée, plus ou moins en proie au doute. Mr. Munn étant la clef principale et Penn Warren ne nous prive pas de ses interrogations, dilemmes, pas plus que des failles de sa vie privée. J'ai parfois trouvé cela un peu bavard mais ce n'est que mon opinion. Vers la fin du roman  l'écrivain nous entraîne par contre dans une très belle digression sur l'un de ceux qui aideront Mr. Munn dans sa fuite, comme un résumé de l'histoire de l'Amérique, un Go West en condensé, passionnant.

                  Vers la fin de la période du séchage, le nombre des incendies augmenta dans la région. Peu avant les élections, des gens paisibles et raisonnables se livrèrent à de violentes et fréquentes bagarres. En chaire, on récita des prières pour le rétablissement de l'ordre, et parfois pour que fût corrigée l'injustice qui avait causé les désordres et poussé le frère à lever la main sur son frère.

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22 avril 2023

Leo depuis si longtemps

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             Someone to dance with me? Leo c'est comme Dino et son désert, ça me reprend parfois. Pire, ça ne me quitte jamais vraiment. Mais faut pas que ça vous effraie, je ne suis pas un luron, déteste pas me sentir un peu mal. J'ai dit un peu.Vous ai-je bien plombés? 😀

             Au fait, cette chanson a été reprise par de vrais musiciens et chanteurs. Notamment quelque part dans mes archives par une certaine C... qui me fait l'amitié de passer souvent ici-bas. Je l'écoute souvent. 🎸

 

19 avril 2023

l'Ecrivraquier/28/Ma version du vertige

L'Ecrivraquier

Ma version du vertige

 

Vertige, le mot seul suffit à mon trouble

A me foutre le vertige

Compagnon de longue date

Fidèle plante invasive

Lame affutée à m'ennuager

Animal familier à me mettre aux abois

Il saisi mes jours en bien des circonstances

Voisin protéiforme

S'il aime l'altitude

Il a su me désarçonner sur quelque littoral

Peu avare de complices

Le hautain Machu Picchu

Eckmühl ou Les Baleines

Ce maître es défaillances

N'a nul besoin de grandeurs

Ni de géographiques prestiges

Quelques lignes du poète

Quelque arpège de carrefour

Un nordique clair-obscur

Les larmes que m'arrache la Septième

Les flots de la Seine à Villequier

Leopoldine perdue

Tout est géant, tous ces talents

Et moi, la tête qui m'en tourne

Le vertige c'est les autres

Je longe les ravines, je me tiens bien au bord

Pourquoi faut-il, bon sang

Pourquoi faut-il de plus

Qu'en partant elle m'ait laissé

Vide, vacuité, viduité, vacance, vaines volutes

Vertige de l'absence?

15 avril 2023

Soudain l'été dernier

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                 Il semblerait qu'on redécouvre La côte sauvage, roman plus ou moins culte, mais qu'est-ce que ça veut dire, de Jean-René Huguenin, publié en 1960. Mort en voiture en 1962, je n'avais aucun souvenir de cet auteur mais il est vrai que j'étais bien jeune même si la lecture était déjà très présente dans ma vie. Bretagne, 1960, le Finistère, une mère malade, un frère, Olivier, deux soeurs, Anne et Berthe. L'été, les vacances sur la côte. C'était avant que les grandes migrations ne deviennent un rituel et le littoral n'est pas encore bondé. Berthe l'ainée n'aura qu'un rôle secondaire, bien que névrosée elle aussi. Car avec La côte sauvage on est dans la névrose, et pas qu'un peu. Au théâtre on penserait à Cocteau, beaucoup, et à Tennessee Williams, pas mal. D'où  le titre de cet article. 

                Olivier revient de deux ans d'Algérie et retrouve surtout sa cadette Anne avec qui il a partagé son enfance, notamment dans la maison bretonne, cette grande maison de vacances propices aux passions. Anne doit épouser Pierre, forcément un ami d'Olivier. Mais avec un ami comme Olivier nul besoin d'ennemi. Elle est si belle cette Bretagne extrême, et les rochers acérés, les ilôts inhospitaliers, demeurent bien bénins comparés au maelstrom des sentiments et des brûlures des personnages. Olivier est un cauchemar à lui seul, c'est du moins ce qu'il m'inspire. Comme rien n'est simple parfois...

                Dans cette atmosphère étouffante se joue un drôle de jeu qui nous laisse mal à l'aise, perturbé, et l'on s'interroge sur ce frère et cette soeur, pas vraiment une osmose, mais pas non plus une connivence. L'indéfinissable, et des caractères qu'on n'a pas envie d'aimer, mais qui laissent des traces, en un roman fort, brutal et anguleux, de pierre et de nuit, qui fut encensé à sa sortie, et par les plus grands, Mauriac, Gracq, Aragon. La Bretagne, la plage, les marées, l'été de ces privilégiés (le milieu de Huguenin, tout à fait) sont un parfait décor pour ces fratries exacerbées et l'auteur y excelle, aussi à l'aise dans la peinture des âmes que dans l'ode à l'Ouest. Quelques dialogues.

              "Je regrette de t'avoir blessé si tu es sincère" dit Pierre, mais sa voix reste serrée, contenue. Ses yeux baissés interrogent ses pas. "Au  fond, jette-t-il avec dépit, tu es impuissant à aimer. Olivier se met à rire - En un certain sens, oui: comme tout le monde. Et, d'un coup de pied, il fait rouler un caillou sur la route. - Non. Pas comme tout le monde. Toi, tu n'aimes pas ce qui vit. 

              Ou entre Anne et Olivier. - Anne, tu te souviens quand on jouait au mort?

              - Tu as mal?

              - Non. Pourquoi? Enfin si... j'ai mal, j'ai toujours mal, c'est un maladie bizarre, Anne: comment te dire...je souffre de ne pas être Dieu. Tu ne veux pas qu'on joue au mort?

              La côte sauvage n'est pas une tranquille et belle escapade littorale. Et la famille Aldrouze nous laisse inquiets. Et si nous leur ressemblions un peu, un peu trop...Mais c'est à coup sûr une belle aventure littéraire. Morsures, coupures, blessures. A la fin on frissonne. Rentrons.

7 avril 2023

Absent s'abstenant devant l'absinthe.

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                    Babelio (merci) m'a cette fois envoyé enquêter sur un célèbre fait divers de la fin du XIXe siècle. La malle à Gouffé et son mystérieux cadavre eurent un grand succès populaire dans les gazettes. Il y eut même un véritable négoce, un "merchandising" autour des indices. Et c'est Emile Zola, passionné lui aussi par ce type d'histoire (c'est qu'il y en a, des histoires sombres chez les Rougon-Macquart) qui nous raconte les pérégrinations ante et post mortem de l'huissier Toussaint-Augustin Gouffé, loin d'être un saint malgré ses prénoms. Yann Botrel, lyonnais d'origine comme la découverte de la sinistre malle à Gouffé, a concocté un polar historique, non pas un document. Mais je n'ai guère été soulevé par ce rapport un peu laborieux qui, en dépit de voyages à Cuba et en Amérique, m'a laissé de marbre.

                   Bien que ces évènements aient été réels, assassins et avocats ont bel et bien vécu cette histoire, j'ai eu l'impression d'un exercice un peu vain, aucun personnage de cette sombre affaire n'étant particulièrement intéressant. Faire patronner tout ça par Zola qui s'insurge sans surprise contre la peine de mort m'est apparu une assez bonne idée pour les raisons évoquées plu haut. Mais je trouve que c'est à peu près la seule. Absinthe L'affaire Gouffé se consomme ansi, sans haine ni passion et surtout sans beaucoup d'intérêt. Les deux assassins, amants machiavéliques, attisent à peine notre curiosité.

                  La caution historique, tendance anarchisante, absinthe la maudite fée verte à la mode, répression d'époque, balbutiements de la police scientifique et des théories médicales sur l'hystèrie, n'a pas suffi à réveiller mon intérêt très vite chancelant.

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1 avril 2023

Lise

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                   Belle soirée ciné lundi dernier. Relativement nombreux, les spectateurs ont pour la plupart apprécié le film danois La dernière nuit de Lise Broholm. Première réalisation de Tea Lindeburg, adapté d'un roman de 1912, inédit en français, Une nuit de mort, c'est un très beau film qui nous plonge dans la vie de Lise Broholm, quinze ans, fille ainée d'une famille nombreuse, des fermiers plutôt prospères, fin XIXe. La mère de Lise va accoucher de son neuvième enfant, et cette nuit se passera très mal.

                  Les lourdeurs familales, la culpabilité en ces terres luthériennes rudes et puritaines, la mâle domination alors même que les taches sont pour la plupart assurées par les épouses, les mères, les filles, bref le poids des conventions et le rigorisme sont les moteurs de cette histoire qui, évidemment, semble marcher sur les traces d'un illustre cinéaste nordique. Mais n'étouffons pas Tea Lindeburg sous les références du maître de Faro. La dernière nuit... n'a nul besoin de parrainage et se suffit.  

                  En 85 minutes Tea Lindeburg parvient parfaitement à restituer l'ambiance. Pas très loin du temps réel, une soirée, une nuit. Le naturel des enfants interprètes, l'adolescente qui joue Lise étant particulièrement sensible, mais aussi les taches ménagères, la présence des aIeules. Tout cela est magnifiquement rendu. Loin des pénibles films militants hypermoralisants à sens unique, ce joli film, bien que se déroulant jadis, en dit beaucoup sur la condition, vous savez bien, la condition. Et il sait très bien nous emmener vers le constat. Quatorze accouchements, quatre enfants vivants, dit une grand-mère. Rien à rajouter.

                La nuit sera apocalyptique, firtant avec le fantastique, un zeste d'épouvante, diable et fantômes éventuels. Au bout de la nuit, Lise ne sera plus la même. Mais son destin en sera-t-il transformé?Et pourra-t-elle étudier. C'est qu'elle est l'ainée. La plaine danoise, la blondeur des blés et des chevelures, mais aussi la maternité interrogent dans ce film bien peu aidé à sa sortie. Au moins trente pesonnes l'auront vu. 

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