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24 septembre 2020

Ne pas jeter l'encre

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masse_critique       Le livre  proposé par Babelio, que je remercie une fois encore, m'avait attiré tout de suite. Cette histoire, double, d'une universitaire anglaise amenée à étudier le destin d'une jeune femme juive qui à Londres en 1660, scribe pour un rabbin aveugle, fit preuve d'une grande indépendance eu égard à la situation des femmes, et notamment des femmes juives à l'époque. Helen Watt se penche longuement sur des lettres anciennes retrouvées dans une maison du XVIIème siècle. Proche de la retraite, malade, elle s'investit à fond dans cette mission.

                                        Ester Velasquez a fui l'Inquisition espagnole et, devenue secrétaire du rabbin aveugle et malade à Londres, écrit pour son propre compte quelques lettres concernant la foi, voire la place de la femme à cette époque. Autant de brûlots. De sang et d'encre, bâti en montage alterné sur les deux femmes à tant d'années de distance, est un très long roman dans lequel on n'entre pas si aisément. J'ai peiné bien des fois tant la réflexion sur la doctrine de Spinoza, dont je ne suis pas familier, ou les Sabbatéens, que je définirais très prudemment comme Juifs dissidents, m'ont été d'un abord difficile. Se plonger dans les doutes philosophiques d'Ester et les querelles des différents rabbins ont failli m'étouffer.

                                       J'ai tenu bon et lentement, très, Helen et Ester, à trois siècles et demi d'intervalle, ont fini par prendre corps et j'ai terminé avec davantage d'enthousiasme. Mais je suis loin d'être un exégète du judaïsme. Je me suis donc contenté d'apprécier le Londres d'après Cromwell aux prises avec la peste et la grande culture, rarissime à l'époque, d'une jeune femme sans fortune, juive de surcroit. Les descriptions des documents anciens sont minutieuses et laissent un peu distants. The weight of ink, titre original, prend toute sa signification. Le parallèle entre l'érudite juive de 1660 et l'universitaire aigrie de 2000 est par contre un peu laborieux. Et ces 560 pages dont aura compris qu'il s'agit d'une ode à la femme, voire au féminisme, auront paru parfois bien longuettes. Au demeurant c'est un roman intéressant que Rachel Kadish a à mon sens étiré un peu inutilement. L'avis de Luocine De sang et d’encre – Rachel KADISH est nettement plus sévère, mais ne manque pas de justesse.  

 

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20 septembre 2020

Alaska nous voilà

Au-bord-de-la-terre-glacee-poche(1)                Lecture commune avec mon amie Val*  j'ai beaucoup apprécié ce journal de voyage/correspondance qui a bien rafraîchi la fin de l'été. Je parierais volontiers que Val sera de mon avis. On verra. Il s'agit d'une expédition de 1885, menée par le colonel Forrester pour cartographier les abords de la Wolverine River, en Alaska, qui vient d'être acheté aux Russes. Authentique mais joliment romancée Au bord de la terre glacée est une aventure passionnante qui se lit comme un feuilleton de très belle facture. Les Indiens ne sont ni ostracisés ni béatifiés et on comprend mieux l'histoire de cette immense région, l'Alaska, dernier territoire continental à rejoindre les Etats-Unis (1959).

              Le colonel Allen Forrester a laissé près de Vancouver sa femme Sophie, enceinte, mais il l'ignorait et les courriers qu'ils tentent d'échanger sont très aléatoires. Cette partie épistolaire du livre s'intègre très bien entre les notes du colonel et le propre journal de Sophie. L'amour des deux époux transparait joliment et sans mièvrerie ni complaisance. Bien sûr on peut voir cela comme de l'aventure et des grands espaces, Fenimore Cooper, James Oliver Curwood, Jack London, et l'on a raison. Mais il y a dans ce récit une rigueur militaire bien compréhensible, le lieutenant-colonel Forrester a des comptes à rendre à sa hiérarchie. Pas de question existentielle sur le bien-fondé de l'expédition. Il ne s'agit d'ailleurs que de trois soldats accompagnés de deux éclaireurs et de guides indiens plus ou moins fiables. J'ai suivi ce périple avec beaucoup d'intérêt. Les descriptions de la nature ne prennent pas de proportions pénibles (au contraire du récemment chroniqué Sous l'aile du corbeau, qui se déroule dans la région de Vancouver et dont la couverture ressemble à celle de Au bord de la terre glacée). Et le côté humain est heureusement préservé même si les trois militaires restent avant tout des envoyés officiels en quête d'un territoire. 

             Et puis je voudrais insister sur le plaisir de lire, très évident, Au bord de la terre glacée. J'espère me faire bien comprendre. Assez souvent nous avons l'occasion de chroniquer-critiquer de très bons livres qui nous ont quelquefois coûté un peu d'efforts, et un peu de sueur spirituelle, bref, quelques obstacles, cela est normal et n'empêche pas l'adhésion et l'enthousiasme. Avec le livre d'Eowyn Ivey c'est le souffle du Nord, le choc des glaces et des forêts, les nuits longues et les charges incessantes. Un grand livre d'aventures conduit avec maestria par l'auteure, ancienne journaliste, comme une envoyée spéciale couvrant l'expédition Forrester. Car le personnage de Sophie n'est absolument pas sacrifié. Les pages sur sa passion pour la photographie et les oiseaux sont magnifiques, faisant naître une vocation majeure. Je crois qu'Eowyn Ivey vit toujours dans cet état américain, ultime sur le plan historique comme sur le plan géographique. A l'heure où j'écris je ne sais ce qu'en pense Val mais j'ai ma petite idée. 

La jument verte de Val

18 septembre 2020

In the name of rock / Susan, Suzanne, Suzannah, Susanna, Suzie, Susie

                  Des Susan, des Suzanne, il y en a beaucoup. Y-en-aurait-il eu trop? Possible. Petite sélection non exhaustive où vous ne trouverez pas celle de Leo par lui-même. Je l'ai déjà si souvent évoquée ici, en V.O., en VF. Elle ne m'a pas fait que du bien. Pluralisons. Elles ne m'ont pas fait que du bien, les Suzanne, et les autres. Oui, d'accord, vice-versa. Il est temps pour elle de se reposer. Rafraîchissons-nous à la Susan de Don, qui patiente sur la Côte Ouest.

             Ya Ya aussi les Susie, Suzie, Suzannah, and so on... Par exemple la reprise en noir et blanc du standard Suzie-Q par un obscur quintet. Attention ça dure pas longtemps. Des rudimentaires sans avenir. 

              Catégorie votre père n'était même pas né les délicieux Frères Everly essayaient de la réveiller, Wake up Little Susie. Simon et Garfunkel s'en souviendront. Et The Band se passait très bien de Robert Zimmerman, Lonesome Suzie.

                    Oh! Susanna par le grand James Taylor vaut mieux que la version polka banjo des fins de banquet en Alabama. La Suzanne de Leo, la voilà quand même bien sûr, version grande prêtresse Nina Simone, magnifique, si différente. 

                    En bonus (c'est beaucoup dire) une version française, les mots sont de Graeme Allwright.

11 septembre 2020

L'Ecrivraquier/23/Lettre au Boss

Lettre au Boss

Bonsoir Boss. Nous avons le même âge et tu me dois même quelques mois, un droit d'ainesse en quelque sorte. Tu imagines comme je suis ému à voir en noir et blanc la bande du E. Boss, 47 ans, que je te suis, 47 ans que tu m'épaules, tant d'années et j'ai l'impression que c'est toi qui m'a suivi. Toi, le plus jeune de mes quatre cardinaux, tu as tant compté. Oh je ne prétends pas à l'exclusivité, on est sûrement des millions à avoir traversé  le demi-siècle à tes côtés. Et ni Leo (a-t-il enfin trouvé la paix?), ni Robert, ni Neil ne m'en voudront. Ils m'ont beaucoup donné mais toi c'est côté coeur que ça se passe. Unique.

Sur la vidéo les gars ont bien sûr pris de la bouteille et du ventre. Et perdu quelques cheveux. Ca tombe bien, me too. Au fait dis à Patti que je ne l'oublie pas. Et Danny, et Clarence sont maintenant au Rock'n'roll Sky of Fame. Je voulais te dire, il y a dix ans j'ai retrouvé ma guitare d'ado. On ne s'était pas revu depuis 42 ans, elle et moi. Depuis on ne se quitte plus. Tu vas rire mais j'essaie même de te jouer un peu. Non je suis sérieux. Devenu acoustique moi aussi avec le temps. J'arpente tes albums et ton Amérique qui est un peu la mienne. Bien secouée qu'elle est.

Nous aussi on est un peu secoués, tu es au courant. Alors ta Letter to You, faut que je te dise, elle m'a fait pleurer, forcément. Ben oui, une lettre, c'est devenu rare, et  passé 70 balais, ça te prend tout de suite un air de testament. Je voudrais pas tomber dans le pathos ou l'anciencombattantisme. Et puis tant pis. F... l'originalité. Alors je me souviens d'un Stade de France, 2003, et d'un flamboiement de musique dans la nuit banlieusarde, où tu donnas tant, seul en répète et avec les gars. Inoubliable, le plus beau moment rock de ma vie. Pas loin d'être le plus beau moment tout court. L'une de mes fiertés, mon gamin était là à mes côtés. Bon, il  avait 29 ans. Mais quand même.

Tes chroniques américaines, 50 ans de la vie là-bas, souvent du côté de Steinbeck, je n'oublierai jamais The ghost of Tom Joad, mais faudrait tant, faudrait tout citer. Tes chroniques, ta guitare et tes potes du E.  t'ont valu depuis longtemps mon Nobel à moi. Et si l'autre saloperie qui traîne le permet je devrais te consacrer une conférence au printemps au Temps Libre. Faut t'y faire Boss, tu es devenu un sujet de thèse. 

So long Boss. Greetings from France, Picardie. Mon New Jersey. Et merci, merci pour tout. 

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