Pour une fois une rediffusion vu le départ de Dennis Hopper
A suivre Dennis Hopper à la Cinémathèque(2008)
Hopper c'est ça.
Hopper c'est ça aussi.
Cet homme dont a fait un peu vite un symbole de cette fameuse contre-culture sur laquelle je reviendrai longuement,cet homme se voit maintenant quasiment canonisé à l'occasion de cet hommage très sérieux à la Cinémathèque.O tempora o moris!Dennis Hopper est-il un tel monument?A propos de monument il est l'auteur de L'homme de La Salsa,gigantesque statue de fer et de plastique qui trône sur la place devant le vénérable temple du Septième.Dans le jardin de votre voisin vous trouvez ça kitschisssime voire mochissime.Ici c'est différent,on fait dans le pop-art.Je plaisantais, mais Hopper n'a fait que ça toute sa vie,plaisanter.Je n'ai pas vu par contre la moto d' Easy Rider car elle n'est restée qu'une semaine.
Bien avant Easy rider Hopper a joué non pas des seconds rôles mais des cinq ou sixièmes rôles et a fréquenté James Dean,apparaissant dans Géant,La fureur de vivre et jouant avec Lancaster, Douglas, Newman,Eastwood.Déjà ingérable semble-t-il.Des extraits de films bien oubliables et différents souvenirs tenant plus de l'anecdote(contrats,invitations) parsèment la première partie de la scénographie.Marrant pour les cinéphiles invétérés,sans intérêt véritable.Mais en fait Hopper s'il a voulu en quelque sorte dynamiter Hollywood s'en est assez bien accomodé.Les cinq étapes de l'expo ne sont d'ailleurs qu'un hommage/cauchemar à Hollywood:Aux marges d'Hollywood, Quitter Hollywood,Les nouveaux mythes de Hollywood,Los Angeles le nouveau visage de Hollywood,Exploser Hollywood.On voit ainsi l'omniprésence de la mecque du cinéma,qui fait que même à côté ou en dehors on est dedans.Suis-je assez clair?
On revient longtemps sur Easy rider bien sûr.Que dire d' Easy rider qui n'ait déjà été dit et redit? J'ai vu ce film,j'avais dix-huit ans. Steppenwolf et les Byrds ont changé ma vie,avec beaucoup d'autres.Billy et Captain America aussi.Cette ode à la liberté et au non-conformisme a hélas,et c'était inévitable,secrété très vite un néo-conformisme qui s'est avéré tout aussi bêlant que celui des bien-pensants. Quand on est des centaines de milliers à se vouloir différents ce sont les autres,cravatés,qui finiraient par être marginaux.
Et puis il y a les tableaux de Hopper,Dennis,pas Edward, dommage. Et surtout les tableaux des amis de Hopper,qui ont nom Basquiat, Rauschenberg, Lichtenstein, Warhol,Schnabel,Ruscha.La poésie,réelle,y est urbaine, violente, colorée et rugueuse.Tout cela est loin d'être dénué de charme.Certains m'ont amusé et je me suis,imaginé un court instant magnat ou mécène,ou propriétaire de vastes lofts où exposer ces toiles pour le moins encombrantes dans leur agressivité sympathique.Dans cet univers hétéroclite chacun y trouve son compte plus ou moins,sans pouvoir cependant être tout à fait sûr de la limite entre l'art et l'arnaque mais on peut en dire autant de tant de mouvements artistiques ou littéraires.Qui sommes-nous pour vraiment être juges?
Dennis Hopper a réussi à devenir une image,plus sage qu'il n'y paraît et surtout un modèle de roublardise,que l'on aime bien.Assez tordu pour le monde de Lynch,assez cinglé pour l'aventure apocalyptique du bien nommé Apocalypse now,assez finaud pour avoir senti parmi les premiers les spasmes des quartiers de L.A. où il habite,mais dans une sublime demeure,Hopper mêle les relents de Kerouac,la folie de Fante,les délires de Brett Easton Ellis.C'est vrai qu'on a connu des acquaintances moins toniques.Est-ce assez pour parler de touche à tout de génie?Touche à tout certes.Pour le génie c'est une denrée plus rare et Mr.Hopper n'est tout de même pas l'Orson Welles du mouvement beat dont il serait un tardif rejeton,ni le happening-maker démiurge que l'on voudrait parfois nous faire croire.So long Mr.Hopper le détour par Bercy,soyons justes,n'est pas si mal.On n'en sort pas plus anti-conformiste,mais pas plus bête non plus.Et puis ce fameux anti-conformisme n'est que le conformisme de demain,ou même de tout à l'heure.