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27 août 2022

Sylve

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               Hors-catégorie. Pourtant Richard Powers est immense. Ca, personne ne le contexte. Je l'ai lu à quatre reprises avant ce livre. Ce n'est pas un auteur toujours très facile. Mon favori reste Le temps où nous chantions, si émouvant. J'ai donc tenté d'escalader L'arbre-monde. Ca s'est avéré très riche, très stimulant et ça m'a pris pas mal de temps. Mais ce roman, d'une indéniable grandeur, complexe, lyrique, qui brasse et enchevêtre deux thèmes tellement actuels, le climat et les nouvelles technologies, m'a laissé pantois et sous le choc. N'hésitez pas à entrer dans la forêt Powers. On peut se munir d'un dictionnaire, mieux, d'une encyclopédie botanique car la richesse du vocabulaire se mérite.

                Pat Westerford, une botaniste dont les théories ne plaisent pas à tout le monde, surtout pas à ses pairs, croit avoir découvert le mystère de la communication entre les arbres. Neuf personnes, que Richard Powers nous a longuement présentés dans le chapitre Racines, vont chacun à sa manière s'impliquer dans un combat qui va bien au delà d'une écologie réductrice banale. La narration est multiple, vertigineuse. Je crois que la métaphore musicale est la seule qui permette d'appréhender en partie ce roman. Là où la littérature est souvent musique de chambre les mots de l'écrivain se font symphonie plutôt que concerto. 

                Pas de soliste effectivement dans L'arbre-monde. Le terme roman choral est trop galvaudé. D'une toute autre ampleur, d'un tout autre envol fait preuve ce livre. Et s'il y a concerto c'est non seulement pour les neuf personnages impliqués dans cette reconquête sylvestre mais aussi pour les milliers d'essences menacées sur tous les continents. Et là il me faut insister sur la fabuleuse richesse, inégalée, de la prose de Powers. Les infinies connections entre les arbres, les miracles qui s'accomplissent de la canopée aux racines, la puissance de la régénération des végétaux, et surtout ce quotidien ignoré, méprisé ou massacré,  de la main et de l'esprit de l'homme, nous prend au collet comme un uppercut. Changeons, au moins un peu, s'il en est encore temps.

               L'arbre-monde fera date, si ce n'est dans la littérature, au moins dans la mémoire de quelques humains réveillés. L'espoir, la vérité, le temps même, sont délaissés par les hommes. Si vous plongez dans ce beau roman, peut-être comme moi, vous faudra-t-il brasser rudement pour avancer, vous ravitailler en chemin, quelques précisions arboricoles peuvent être nécessaires. L'arbre-monde n'est pas un tranquille saule larmoyant, ni un chêne indomptable. L'arbre-monde est l'histoire de nos relations avec cet univers tant souterrain qu'aérien. C'est peu dire que l'on ne se relève pas indemne d'un tel voyage. Je n'ai extrait aucune ligne. Elles sont si nombreuses...et somptueuses. 

              Je m'aperçois que je ne suis pas revenu sur la technologie galopante et les tristement célèbres réseaux sociaux, forcément très présents. C'en est effrayant.

 

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3 août 2022

Stonemouth

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              Je n'avais jamais lu Iain Banks. Et je vous encourage à passer un week-end à Stonemouth, Ecosse, non loin d'Aberdeen, troisième ville du pays. Stewart Gilmour, 25 ans, revient au pays après cinq ans d'absence pour l'enterrement d'un vieux cacique de la vie locale, aïeul d'une famille de notables mafiosi, appelons ça comme ça. Stewart avait quitté la ville suite à une affaire que nous dirons un peu délicate. Quelques jours pour des retrouvailles avec ses amis, rivaux, ennemis de leurs tendres années. Enfin tendre, rien n'est tendre en ce bout nord-est d'Ecosse, en ces années 2010-2012. Retour à Stonemouth a été publié en France en 2014.

              Rien n'est vraiment tendre ni calme dans cette petite ville livrée à la guerre entre deux clans concurrents. Haines héréditaires malgré les rapprochements parmi les plus jeunes. Mais à Stonemouth il semble que les mentalités soient assez proches  d'une quelconque Sicile au siècle dernier. Et Stuart qui devait se marier avec une des filles du clan Murston a dû s'enfuir piteusement il y a cinq ans. La faute était pourtant vénielle à mes yeux mais la fratrie Murston, des bas de plafond au QI digne des supporters du Celtic, embiérés comme lors du derby avec les Glasgow Rangers, ne l'entend pas de cette oreille.

             Horace, Curiace, Montaigu, Capulet version scotch et Mer du Nord. Règlements de comptes, kilts et tartans. Mais Stonemouth c'est aussi un retour des vieux de 25 ans en ces années où l'on a vingt ans, toutes ses dents encore que l'Ecosse castagne volontiers, que l'on sait que l'on sera maître du monde, ou qu'on fait semblant de le croire. Souvent drôle, amitiés et jalousies, rires gras, machisme usuel, rock, ce qu'il en reste, loin, très loin du compte, mais revenons à nos moutons shetlands. Une génération un peu perdue...Pléonasme calédonien. Iain Banks décrit si bien les plages, le port, le pont parfois tragique que j'ai l'impression de connaître. Le Firth of Forth, à l'est d'Edimbourg, souvenir...Aurez-vous la même impression? 

            Une fois n'est pas coutume, j'ai un message personnel. A l'ami le Bison. Bon c'est pas tout ça mais qu'est-ce qu'on boit au cours de ce long week-end de Retour à Stonemouth?

 

          

 

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