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28 février 2015

Les plumes...by Asphodèle: Plein fer et laisser dire

                                              Question-inattendu-merci-gâteau-méditer-souplesse-culot-surprise-hasard-décision-inspiration-trouver-hypocrite-goéland-bataille-réflexion-objectif-tourbillonner-turban-tison. Vingt mots collectés, tout à notre imagination, de notre amie Asphodèle. Les miens,de mots, seront du genre terre à terre. Le tison, peu compatible climatiquement est resté dans son foyer.

Les plumes

                                               Sous le cagnard de la Place des Lices je trouve la situation inconfortable, vautrée dans la poussière, ces braillards de goélands hurlant dans la baie. Je me sens bien seule au monde, pas loin du petit,ce qui est inattendu pour un premier jet. J'attends mes consoeurs mais là-bas ça palabre comme souvent, ces fadas incapables de toute inspiration sur le trajet hyperbolique et ferré. Ces grands dadais qui hésitent à prendre une décision vont encore nous faire finir à pas d'heure.S'ils savaient comme je m'en tamponne de... -"aie"-voilà la cousine qui vient de me passer fièrement devant le nez en tourbillonnant, m'as-tu-vue comme je roule. Cette prétentieuse a oublié qu'il ne fallait pas trop s'éloigner du pitchoune si on ne voulait pas recevoir un grand coup de pied dans les côtes. Tant pis pour elle aura le temps de méditer dans sa crasse cette nuit. Souvent pas même une douche quand on n'a pas brillé. A la réflexion à qui la faute si on n'a pas brillé? Croyez-vous qu'ils se remettraient en question? Pas leur genre, drapés dans leur méridionale fatuité. Oh, la troisième, je l'appelle la grosse un peu rouillée, cette lèche-bottes, est venue me frôler, je déteste sa familiarité, quel culot.

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                     Il en fait un plat, j'ai pourtant l'habitude, mais je garde les idées fraîches, j'voudrais pas me faire plomber par surprise, c'est trop humiliant, et puis pas discret. Les deux frangines à gros carreaux sont balèzes pour ça, elles atteignent souvent leur objectif, même qu'il se trouve toujours un de ces ahuris pour nous sortir un "Té, la cerise sur le gâteau". Pécaïre! Au moins ces demeurés nous font un peu prendre l'air, des fois même ils nous oublieraient bien un petit moment, au hasard d'une soirée bien pourvue en verres jaunes. Les meilleurs moments de notre vie qui tourne pas toujours rond, le grand chaud est parti, on souffle un peu entre copines, on se fait toutes petites, un peu hypocrites, merci le crépuscule. Allez, gardons et le moral et la souplesse de notre échine, à prendre bien des coups et peu de caresses dans ces batailles de pieds joints, juste un peu de brise marine, avant de retourner au turban (???) demain à l'aube, enfin à leur aube à eux, vers 11h15.

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25 février 2015

A la Philarmonie de Paris la Villette...

                                   ... le 11 février hélas je n'étais pas. Mais Arte Concert diffuse l'intégrale du concert. Vous avez le temps jusqu'au 11 juillet. J'ai simplement oublié de vous préciser qu'il s'agissait de Neil Hannon and the Divine Comedy au complet. Neil, je l'aimais mieux imberbe mais ne nous égarons pas. Somptueux est le moindre mot pour cette soirée. 2H10  de cette pop symphonique admirable et unique. Et les grands classiques y sont, The Summerhouse, National Express, Generation sex, Sunrise, Tonight we fly, une version marrante et un peu ratée de The booklovers, et A lady of a certain age qui, le temps passant, me fait de plus en plus pleurer.

23 février 2015

Le cinéma, mon vélo et moi/6/Le braquet de Noiret

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VIEUX FUSIL

Qu'ils semblent loin ces vélos du cinéma français, qu'ils soient philosophie hédoniste d'Alexandre le Bienheureux, amitié des Copains ou tragédie du Vieux fusil. La roue tourne...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le cinéma,mon vélo et moi

21 février 2015

Cinquante nuances de gris, surtout pas de refus

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                                Quatrième incursion chez ce grand de Norvège, Per Petterson et c'est vraiment un auteur passionnant qui se confirme. La Scandinavie nous offre bien d'autres choses que les polars, souvent bons d'ailleurs mais répétitifs. Tommy et Jim sont amis d'enfance nés vers 1955, près d'Oslo. Leur enfance n'a pas été facile et quand ils se croisent par hasard, Jim remballe son matériel de pêche et Tommy descend la vitre de sa Mercedes, il y a trente ans qu'ils ne se sont pas vus. "C'est bien toi, Jim?"-"C'est bien moi, oui."

                               Je refuse est un si beau roman qu'il entre en vous à travers les deux garçons qu'on ne voit pratiquement qu' à deux époques, 1966-70 et 2006, soit leur adolescence et leur âge de retrait(e). Il entre en vous comme les autres livres de Petterson, plus aigu encore, tant les artifices usuels de la littérature sont peu utilisés par l'auteur. Tommy est riche, et seul. Jim est en arrêt maladie, fauché, et seul. Rien de triomphant ni chez l'un ni chez l'autre. Tommy, berline rutilante et pardessus luxueux, n'est pas mieux loti que Jim qui a jadis connu le Bunker, ce centre psychiatrique des années 75. C'est d'ailleurs à partir de là qu'ils se sont perdu de vue.

                             Qui l'aurait cru? Jim, enfant unique d'une famille qu'on appelait pas monoparentale, surprotégé par une mère très pieuse, semblait mieux armé que Tommy, nanti de trois jeunes soeurs, abandonné très jeune par sa mère partie un jour du port d'Oslo pour Singapour ou Manille, et jeune encore par son père alcoolique et violent. Fameux modèle social nordique , il a pas mal de ratés. Je refuse n'est pas l'histoire d'une longue amitié, estimable récit lu maintes fois. Non, Je refuse serait plutôt le rendez-vous manqué de deux jeunesses avortées, où Tommy et Jim, finalement tout tordus par la vie ont comme composé chacun une partition du ratage qui, personnellement, m'a secoué. Je boirais bien un verre d'aquavit, fort, à leur adolescence charriée, à leur maturité décevante, à leur vie somme toute banale. Mais que voulez-vous, ils n'en ont qu'une, de vie. C'est comme moi,au fait. Je propose rarement un extrait mais celui-ci est si beau dans sa simplicité.Tommy croise son père, quarante ans après.

                            Mais c'était un vieillard. Il avait les cheveux longs, il portait une grande barbe et il était tout gris; ses vêtements étaient gris, ils étaient tachés de gris et la lumière crue de l'ampoule électrique éclairait violemment ses yeux grands ouverts et semblait s'y perdre.

                             L'avis enthousiaste d'Aifelle ici  Je refuse  et celui d'un lecteur curieux que je ne connais pas, tout aussi favorable D'une berge à l'autre: Je refuse - Per Petterson. Et aussi chez Luocine Je refuse  Et chez moi les chroniques des oeuvres précédentes Maudit soit le fleuve du temps et Pas facile de voler des chevaux

19 février 2015

La poésie du jeudi, Charles-Augustin Sainte-Beuve

Poésie du jeudi

                                Chers amis des potins de la commère cette semaine, foin de poésie, nous allons dire du mal des célébrités et fouiner dans leur vie privée. Vous connaissez ma passion pour les tabloïds et les cancans. Et puis distiller un goût de fiel envers les "people" fussent-ils du XIXème Siècle ne peut que nous faire du bien. Enfin moi c'que j'en dis...

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À Victor Hugo (II).

Votre génie est grand, Ami ; votre penser

Monte, comme Élysée, au char vivant d'Élie ;

Nous sommes devant vous comme un roseau qui plie ;

Votre souffle en passant pourrait nous renverser.

 

Mais vous prenez bien garde, Ami, de nous blesser ;

Noble et tendre, jamais votre amitié n'oublie

Qu'un rien froisse souvent les cœurs et les délie ;

Votre main sait chercher la nôtre et la presser.

 

Comme un guerrier de fer, un vaillant homme d'armes,

S'il rencontre, gisant, un nourrisson en larmes,

Il le met dans son casque et le porte en chemin,

 

Et de son gantelet le touche avec caresses ;

La nourrice serait moins habile aux tendresses ;

La mère n'aurait pas une si douce main.

Sainte-Beuve (Les Consolations, 1830)

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                                 Alors voilà, mes amis. Figurez-vous que ce Mr. Sainte-Beuve  a certes bien du talent pour tresser ainsi des lauriers à Mr.Victor, mais, et c'est de source sûre, j'vous dis, moi qui vous parle, que des rumeurs bien-fondées circulent sur ses relations avec Mme Adèle, épouse de Mr.Victor. Alors flatter le mari pour séduire l'épouse... Et puis ce Mr.Victor, un modèle conjugal comme chacun sait. Enfin, moi j'dis ça, j'dis rien, vous me connaissez.

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17 février 2015

Du côté obscur

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                                 La vie de Shelley, Byron, Mary Shelley et autres soeurs, demi-soeurs, anciens et nouvelles, leurs différents ménages à trois ou quatre ou cinq, c'est fatigant. La perpétuelle fuite du poète, les créanciers, les scandales, le beau-père, le laudanum, ça finit par peser. Le cercle des tempêtes de Judith Brouste, qui se met quelque peu en scène dans ce roman, de façon assez pénible pour moi, mêle la mort des jeunes enfants du noyau quelque peu maudit, et qui s'en portait fort mal donc fort bien chez ces adeptes du malheur talentueux, et les pulsions d'une sexualité qu'on dirait maintenant rude et variée, enrubannées de tendances suicidaires et de goûts pour le morbide.

                                Prométhée délivré côté Percy, Frankenstein côté Mary, on doute de l'équilibre de la maison Shelley. De tous côtés mutilations et aberrations, sorte de théâtrographie de la tératographie (je sais, deux outrecuidances). Quant à ce qui pourrait être une version début XIXème des Kindertotenlieder, de ces enfants, on peine à savoir précisément de qui ils sont la progéniture (le terme progéniture est quelque peu inadéquat) tant les relations des personnages ont été... diverses. Calèches vers le Sud, nuits d'alcools, partances toujours, le romantisme de ces gens-là, les convictions trop tôt prolétariennes et peu nuancées de Percy Bysse Shelley, enfin la fascination pour la mer toujours recommencée, tout cela ne pouvait que noyer le poète sur une côte quelconque. La côte fut ligure et le cimetière italien, pas si loin de John Keats. Byron, ami et rival, devait lui survivre, mais guère plus que Robespierre ne survécut à Danton.

                                Si vos tendance apocalyptophiles sont assez fortes pour voyager avec eux, libre à vous. Mais qu'est-ce que ça m'a fatigué. Volontairement j'ai fait ce billet un peu à leur manière,pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? Mais je ne relirai pas Judith Brouste. Mais quelques lignes de Shelley, pourquoi pas? A doses cependant restreintes.

J’ai rencontré un voyageur venu d’une terre antique
Qui m'a dit : « Deux immenses jambes de pierre dépourvues de buste
Se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable,
À moitié enfoui, gît un visage brisé dont le sourcil froncé,

La lèvre plissée et le sourire de froide autorité
Disent que son sculpteur sut lire les passions
Qui, gravées sur ces objets sans vie, survivent encore
À la main qui les imita et au cœur qui les nourrit.

Et sur le piédestal il y a ces mots :
"Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois.
Contemplez mes œuvres, Ô Puissants, et désespérez !"

À côté, rien ne demeure. Autour des ruines
De cette colossale épave, infinis et nus,
Les sables monotones et solitaires s’étendent au loin. »

15 février 2015

Lisez-nous, Valentyne et moi

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                                        Que pense Valentyne (Ecoute-moi   de Margaret Mazzantini)de ce livre, Ecoute-moi, en lecture commune comme nous aimons tant à le faire quatre fois l'an? Ce premier livre de Margaret Mazzantini a eu pas mal de retentissement en Italie en 2004. Confession d'un chirurgien de renom que le très grave accident de scooter de sa fille Angela, quinze ans, plonge dans une auto-analyse bouleversante, douloureuse, impudique. Timoteo s'adresse ainsi à sa fille, entre la vie et la mort, comme s'il offrait ses aveux pour le salut d'Angela. Ecoute-moi est un roman très fort, certes traversé par un exhibitionnisme qui peut mettre mal à l'aise, mais qui explore les tréfonds de l'âme de cet homme, donc un tout petit peu aussi ceux du lecteur,de tréfonds. Du moins c'est ainsi que je l'ai ressenti. Jusque là la parenthèse dans l'existence de Timoteo, quinze ans plus tôt était restée dans un coin de mémoire, comme entreposée, et je suppose que chacun pourra alors se reconnaître en lui. N'avons-nous pas presque tous comme ça un ou plusieurs épisodes de notre vie, comme enfouis mais prompts à nous sauter à la figure à l'occasion d'un choc comme le coma d'Angela? Non que cet évènement ancien soit forcément honteux ou glorieux, mais tellement inhérent et chevillé corps et âme à notre existence. Nos échecs et nos douleurs nous façonnent plus que nos réussites, plus relatives ou ressenties comme telles en général.

                                       Difficile d'en dire davantage, ce serait trop dire, mais le voyage à l'intérieur de l'âme humaine où nous entraîne Margaret Mazzantini est bouleversant. La rencontre qu'a faite Timoteo il y a quinze ans coïncidait avec la naissance d'Angela. Comment cet homme instruit, cultivé et à l'aise, a-t-il pu s'engloutir dans une relation à première vue incompréhensible? Ce serait ignorer les pas toujours glorieuses incertitudes de l'amour, et les faiblesses, les coups du sort qui guettent les pauvres créatures terrestres que nous sommes. Comme un sentiment de déréliction, de perdition, voire de descente aux enfers flotte au, long de ce beau roman curieusement nommé ici Ecoute-moi alors que Non ti muovere se traduirait plutôt par Ne bouge pas. Mais je me dis aussi que pour une bonne écoute il faut rester là,presque sans bouger. C'est à ce prix que l'histoire de Timoteo se révèle comme très proche car à vrai dire Timoteo...c'est moi, ou peut-être vous, enfin nous tous, en ces moments si douloureux qu'il nous faut consentir à dire l'indicible.

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                           Sergio Castellito, acteur réalisateur souvent sensible, et accessoirement époux de Margaret Mazzantini, a adapté le livre. Le film est sorti en France sous le titre A corps perdu. Je ne l'ai pas vu mais ne suis pas  sûr que Penelope Cruz soit le choix idéal pour le rôle d'Italia, qui met la vie de Timoteo sens dessus dessous. Et peut-on aller jusqu'à voir dans le prénom du personnage une métaphore du pays? Questo é il problema.

 

13 février 2015

Je est un hôte

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                                                                  Souvent perçue par les critiques comme un western existentiel cette belle adaptation très libre de L'hôte, nouvelle d'Albert Camus, issue du recueil L'exil et le royaume, est une réussite. On peut bien sûr discuter à n'en plus finir sur l'esprit et la lettre de Camus. Vieille histoire. Ecrit juste avant la guerre, ce récit met aux prises un condamné algérien (pour un meurtre de tradition si j'ose dire, type vendetta) et un instituteur ancien combattant de 40 censé le convoyer au village où il doit être jugé. Inutile de rappeler l'importance de la figure de l'instituteur dans l'oeuvre d'Albert Camus, elle est bien connue et il a maintes fois rendu hommage à Louis Germain l'enseignant de ses tendres années.

                                                                  Tel le supplétif d'un sheriff (Trois heures dix pour Yuma en étant l'exemple type) Daru plutôt pacifiste, vaguement "étranger" quoique l'hôte en quelque sorte de Mohamed (ambiguité du substantif hôte), hésite avant d'accepter la mission d'un fonctionnaire aux abois en ce qui commence à ressembler au début de la fin de la présence française en Algérie. La nouvelle fait dix pages, le film 1h45, et David Oelhoffen a souhaité aussi un film avec un minimum d'action, ce qui nous vaut une illustration qui reste relativement modeste certes mais qui permet de sortir du huis clos de l'oeuvre littéraire. Qu'en aurait pensé Albert Camus?

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                                                                  A mon avis peu importe en l'occurrence. Ce qui compte c'est que le questionnement de Daru-Camus est parfaitement rendu dans Loin des hommes, d'abord hostile à s'en mêler puis prenant en charge Mohamed, les deux hommes finissant par se respecter, tout cela dans un délai de quelques jours maximum. Evidemment le metteur en scène souligne et ponctue la justice, l'éducation, la guerre, la violence, évoquant même un crime de guerre. Camus, lui, n'avait pas besoin de tant d'images pour nous convaincre à travers un très beau texte, simple et quotidien, poussière, un cheval dans le lointain,quelques figues. J'ai lu trois fois la nouvelle, admirable, et vu deux fois le film, la seconde animant un bref débat, les spectateurs ayant apprécié Loin des hommes, à juste titre. Les deux acteurs, Viggo Mortensen, Américain qui n'a pas hésité à coproduire le film et à l'interpréter en français, et Reda Kateb, d'abord muré puis s'humanisant joliment, n'y sont pas, non plus, étrangers.

11 février 2015

Torpeur en Essex

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                                 Ca devient une habitude, je vais dire du bien de William Trevor, auteur d'origine irlandaise, depuis longtemps vivant au Royaume-Uni. Toutefois un peu moins  que pour Ma maison en Ombrie, Les splendeurs de l'Alexandra ou récemment Les enfants de Dynmouth. La petite musique de Sir W.T. joue souvent en mineur une partition provinciale où les héros se démènent et se malmènent dans les petits malheurs et parfois les grands. Thaddeus Davenant, horticulteur, vient de perdre sa jeune femme dans un accident de la route. Veuf dans son manoir campagnard, à portée de Londres cependant, sa femme était fortunée, avec sa petite fille de quelques mois et sa belle-mère qui s'installe pour veiller sur la petite. Pourquoi pas? La moins mauvaise façon de continuer de vivre?

                                 Survient Pettie, jeune femme de guère plus de vingt ans, candidate au poste de nurse pour la petite Georgina. Elle vient d'un foyer et a pour camarade Albert, gentil garçon un peu simple qui travaille de nuit et qui ne veut que le bien de Pettie. Mourir l'été n'est pas un roman flamboyant, encore moins hyperactif. Pettie, déçue de ne pas avoir obtenu le poste, et un tantinet charmée par la mélancolie de Thaddeus et par son jardin, sent germer en elle une drôle d'idée. Tableau plutôt calme de vies un peu étriquées, chacun dans son milieu, le roman voit ses quatre personnages principaux tourmentés et hésitants. La belle-mère qui, pour la bonne cause, cherche à s'imposer, le maître qui, anesthésié, semble s'en remettre à elle. Et les deux jeunes gens, Pettie et Albert, qu'une belle amitié réunit, dont le plus raisonnable n'est pas celui qu'on croit.

                                Mourir l'été n'est pas le livre des grandes colères. Et les drames s'y glissent presque par effraction. Comme si la mort par beau temps en était un peu plus souriante. William Trevor, maintenant très âgé, a vu son lectorat en France grandir doucement. Il y a comme ça des écrivains que l'on lit bien après l'été (je pense à E.M.Forster par exemple).

9 février 2015

Géographie, Laramie,Wyoming

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                                   L'Amérique que je parcours musicalement, cinématographiquement et littérairement depuis si longtemps a ses laideurs profondes qui n'ont rien à voir avec la vieille Europe. Cette statue d'Abraham Lincoln perché sur granit en fait partie, ce qui ne nous empêche pas de boire un verre downtown à la santé du Wyoming dont nous connaissons déjà la capitale Cheyenne. Voici donc Laramie, petite ville de l'Ouest, dont le nom fleure bon mes chers westerns, essentiellement le superbe Man from Laramie, L'homme de la plaine, avec James Stewart. Le Wyoming, rectangle parfait, on reconnait bien là un rationnalisme américain, est le moins peuplé de tous les états de l'Union.

                                Richmond Fontaine est un groupe de folk alternatif qui existe depuis vingt ans. Voici, live à Edimbourg, la pièce à conviction de cette étape, justement appelée Laramie,Wyoming. Ce qui m'arrange bien. Si vous trouvez que cette rubrique fatigue vous avez raison. Si vous trouvez qu'elle est à bout de souffle vous avez encore plus raison. Terminus imminent... C'est vrai aussi que j'ai déjà dit ça plusieurs fois.

 

 

 

7 février 2015

Et nous, sommes-nous nous-mêmes?

Masse critique

                                Je vais essayer d'être moi-même et de donner mon propre sentiment, ce qui est la moindre des choses, dans le cadre de cette opération qui fête la littérature. Et cette fois c'est  favorable à une réserve près, de taille qui tient justement à la taille du livre. On ne me fera pas croire qu'il fallait 785 pages pour l'histoire d'Eileen fille d'Irlandais en quête d'ascenseur social. Cela dit, Nous ne sommes pas nous-mêmes est un très bon roman, et vivre soixante années de la vie d'Eileen est une belle aventure de lecteur.

Nous ne

                                Les romans-fleuves souvent sont des sagas sur une famille, un domaine, avec des évènements dramatiques, guerres, révolutions, et de nombreux personnages . Nous ne sommes pas nous-mêmes serait plutôt un roman-fleuve tranquille et il en est d'autant plus intéressant. Par tranquille j'entends que la vie d'Eileen est presque parfaitement linéaire, ce qui ne veut pas dire sans aspérités ni sans intérêt. Fille d'émigrés irlandais, mère courageuse mais alcoolique, père bon buveur mais courageux, de l'ordinaire me direz-vous s'agissant de cette immigration maintes fois abordée en littérature. Aucun misérabilisme par contre, et pas vraiment de ce fameux rêve américain, un peu un grand mot.

                               C'est qu'en fait Matthew Thomas, un nouveau venu dans l'opulente littérature américaine, parvient avec la vie somme toute relativement banale d'Eileen auprès de son mari Ed, professeur et chercheur, et de son fils Connell, à nous passionner sans l'évènementiel assourdissant de la plupart des romans de cette amplitude. C'est un tour de force car ici l'action ne s'égare pas avec de multiples personnages secondaires. Infirmière puis responsable d'un service, Eileen est une femme dévouée et tendre et son couple va plutôt bien, enfin pas mal, pas trop mal. C'est encore un tableau du XXème Siècle que nous dévoile l'auteur. Mais le temps passant certaines failles s'élargissent, Eileen accepte mal certains changements sociaux et la maison qu'elle veut quitter symbolise bien le quartier dont elle redoute maintenant le métissage. Ed, work-addict à ses recherches, semble s'isoler chaque jour davantage. Jusqu'où? Et quelle enfance, quelle adolescence pour leur fils? La société américaine y est décrite justement sans mépris ni gloriole, elle qui est si facile à vilipender. Pas de personnage répulsif dans Nous ne sommes pas nous-mêmes, pas de passions dévorantes, juste la vie.

                              Un livre qui exige de ses lecteurs, sans être aride le moins du monde, de se fabriquer leur propre idée sur l'existence de cette famille américaine, presque atypique dans sa modestie et son labeur. Oh vous y trouverez du base-ball et quelques housewives, mais ni le sport ni l'aliénation si fréquente dans cette littérature d'un pays dont on aime à se gausser, ne vampirisent l'intrigue, longue de six décennies de vita americana.

                              Le producteur Scott Rudin (les films de Wes Anderson ou des frères Coen) a acquis les droits. A voir. Merci encore à Babelio de m'avoir permis par le biais de Masse Critique de découvrir ce très bon roman un poil trop long, juste un poil. Un beau lien que je vous conseille plutôt après le livre: L'écrivain américain Matthew Thomas / France Inter

 

5 février 2015

La poésie du jeudi, Victor Segalen

Poésie du jeudi

                             Victor Segalen, né et mort dans le Finistère (1878-1919), a pourtant bien bourlingué. Médecin de la Marine, poète, romancier, Polynésie et surtout Chine ont eu une très grande influence sur son oeuvre. J'aime beaucoup ce poème qui évoque une sirène peut-être, une aquafemme oserai-je, insaisissable...

Mon amante a les vertus de l'eau

Mon amante a les vertus de l'eau:

un sourire clair, des gestes coulants,

une voix pure et chantant goutte à goutte.

 

Et quand parfois, malgré moi -

du feu passe dans mon regard,

elle sait comment on l'attise en frémissant:

eau jetée sur les charbons rouges.

Mon eau vive, la voici répandue, toute, sur la terre!

Elle glisse, elle me fuit; -

et j'ai soif, et je cours après elle.

sEGALEN

De mes mains je fais une coupe.

De mes deux mains je l'étanche avec ivresse,

je l'étreins, je la porte à mes lèvres:

Et j'avale une poignée de boue.

Victor Segalen (Stèles)

4 février 2015

Il est Charlie

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                                       Il est Charlie, aborigène mal dans sa peau, pas bien dans la banlieue de Darwin, capitale du Territoire du Nord australien, sa communauté se délabre et il ne reconnait même plus son bush. Le scénario est de Charlie lui-même, enfin, son interprète David Gulpilil, qui sait ce dont il parle. Tracasseries policières, alcoolisme et rares discussions avec ses congénères plus très jeunes non plus. Il est "mal-bouffant", Charlie, et son estomac fait grise mine. Il n'y a plus grand chose qui tourne rond en son outback océanien.

                                       Il est Charlie mais conserve une conscience quoiqu'un peu floue. Il en a marre,Charlie, qu'on lui pique sa lance et ses racines. Il est fatigué, Charlie, il a trop fumé, Charlie, c'est l'hosto qui le guette. Il est Charlie, membre d'une communauté qui, si elle évolue disparait, et qui, si elle n'évolue pas , disparait.

                                       Il est Charlie, mais il faut qu'il sache, Charlie, que ce n'est pas uniquement la faute des autres, et que la notion même de tribu, il a parfois contribué à la galvauder. Gnole et ganja, pas le meilleur pour la clairvoyance. Oui,Ce blog essaie de lutter à sa très modeste mesure contre les simplismes (ça s'appelle un aparté). L'acteur David Gulpilil est une icône,un leader en son pays, ancien danseur, ancien pisteur, déjà dans La dernière vague de Peter Weir en 1977 et dans Crocodile Dundee, deux pôles pour le moins différents du cinéma australien.

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                                      Il est Charlie, avec étonnament au moins un très beau souvenir. Avoir dansé là-bas tout au Sud devant l'Union Jack et le chef de l'état australien pour l'inauguration de Sydney. Vous connaissez tous le chef de l'état australien. Curieusement il a aimé faire ça. Comme quoi rien n'est si simple et la fierté multiple. Il est Charlie, un très bon film, du  Hollando-australien Rolf de Heer à peu près ignoré de tous. Il est Charlie, un film que j'ai vu la première fois seul dans la salle, un peu Charlie moi aussi. La seconde fois lors d'un ciné-débat les gens sont venus, pas la foule, mais cela a permis des échanges intéressants. Je les en remercie.

2 février 2015

Et rond, et rond, petit Patagon

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                               Ca ne fait pas de mal de retourner de temps en temps en Amérique Latine sous la houlette de gens comme Coloane ou Sepulveda car les institutions Garcia Marquez ou Vargas Llosa ne sont pas pour moi. Moi j'aime l'Amérique du Sud des camions,des rafiots et des coucous brinquebalants. Des gargotes avec hamacs effilochés et ventilateurs pourris. Des bières même pas fraîches et de l'agneau des estancias qu'on appelle l'asado. Dans ce récit court de 168 pages on est servi pour ce genre d'aventures. L'auteur chilien, un fameux raconteur, part d'une promesse faite à son grand-père de revoir un jour son village andalou pour un périple agité et parsemé de belles et de mauvaises rencontres.

                             Parmi les mauvaises, on s'en doute, Le neveu d'Amérique croise quelques geôles de bon aloi à une époque où la valeur dictature se portait encore bien. Temps béni d'un mal identifiable mais ne nous égarons pas car l'intérêt du récit est tout autre. Dans tous ces personnages baroques et somptueux, grandiloquents et grotesques, qu'on croirait parfois sortis d'une bande dessinée. Le concours de mensonges en est un bel exemple, dont le vainqueur semble être un voyageur ayant déposé délicatement un pou pour alléger sa monture lors d'un rude passage dans la Cordillère, quitte à le reprendre au retour.J'sais pas si c'est vrai...

                             Patagonie, Grand Sud, icebergs et la tombe de Panchito,un gamin infirme, mort de chagrin parce que son ami dauphin joueur, un printemps, n'est plus revenu, probablement victime d'un "bateau-usine russe, un de ces assassins des mers". Portrait de Carlos, aviateur fou de Saint-Ex et du Baron Rouge, amené à transporter le cadavre d'un aristocrate argentin dans son Pipper, sous la menace de ses hommes de main. Longues discussions avinées avec l'Anglais voyageur Bruce Chatwin en particulier sur le souvenir des célèbres Robert LeRoy Parker et Harry Alonzo Longabaugh, tumultueux individus ayant peut-être fini leurs jours dans ces coins perdus du continent sud-américain. De cela on n'est pas sûr, d'autres sources chagrines ramènent Butch Cassidy et le Kid, car c'étaient eux, mourir en Amérique du Nord. Forcément moins bien.

                          Quel baratineur de Don Luis Sepulveda, s'il croit que je vais gober tout ça et prendre ses histoires pour cruzeiro ou bolivar comptant... Son militantisme et son anarchie ne sont pas ce que je préfère. Mais qu'est-ce que je m'en fous et qu'est-ce que j'ai aimé ce tissu de vrai faux. De la belle littérature qui donne envie de prendre le Patagonia Express (titre original), puis de monter en selle pour le premier bordel andin et de mettre les voiles aux confins. Le Bison qui traîne souvent dans les parages sera sûrement arrivé avant moi. http://leranchsansnom.free.fr/?p=5544 Dominique est partante aussi Le bout du bout du monde - Luis Sepúlveda

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