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BLOGART(LA COMTESSE)
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31 juillet 2008

Une bonne notte

        Aorès La nuit une légère déception car je préfère les deux autres volets de cette fameuse trilogie de l'incommunicabilité antonionienne.Je ne suis plus très sûr d'avoir d'ailleurs vu le film en entier avant ce jour.J'avais surtout souvenance de la soirée mondaine et de ces personnages en noir et blanc,vaguement erratiques,souvent filmés en plongée comme en un ballet drôlatique et d'une totale vacuité.La nuit reste un film remarquable et il arrive même que l'émotion affleure,notamment la scène de de l'hôpital et de l'ami si malade du couple Mastroianni-Moreau.Pourtant il me paraît que La nuit se présente davantage comme une suite de vignettes existentialistes un peu artificiellement enchaînées en 24 heures d'un récitatif minimaliste:l'hôpital,le cocktail à la maison d'édition,la soirée,la rencontre avec Monica Vitti,jeune fille de la maison et peut-être symbole d'une liberté tonique que Giovanni(Mastroianni), écrivain,comme par hasard dans le monde hyperintellectualisé du cinéaste Antonioni de ces années soixante,a perdue depuis longtemps.

   La balade nocturne de Jeanne Moreau dans Milan ne me convainc pas vraiment.Je lui préfère l'île close ou presque de L'Avventura et pourtant La nuit est souvent préférée de peu à ce dernier et à L'éclipse.Je crois que c'est dû à Marcello Mastroianni,tout en retenue,si loin du matin lover,intellectuel encore jeune et fatigué,un des plus grands acteurs du siècle.Calme et mortifié il sait donner à ce ce cinéma de Milan,ennemi intime du cinéma de Rome,si charnel, l'étincelle de génie qui fait de La nuit un très grand film,malgré mes préférences.Je sais que l'on a le droit de penser qu'Antonioni se regarde filmer. Mais,imperturbablement, j'aime tant ce narcissisme que je comprends mal l'enfermement dans lequel on réduit souvent le grand Ferrarais.On peut retrouver dans Cinéma d'Italie plusieurs autres notes sur Antonioni,ce grand monsieur qui m'a fait aimer,beaucoup,bourgeois et blasés qui ont bien le droit d'être malheureux.

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29 juillet 2008

Deux livres de Norman Lewis

    Norman Lewis,je ne le connaissais pas.J'ai par contre beaucoup lu Graham Greene.Et les deux hommes se sont croisés à plusieurs reprises,hantant les mêmes lieux.Si grand est le talent de Greene,largement popularisé par le cinéma,très intéressante est la musique de Norman Lewis,catalogué comme écrivain voyageur,ce qui m'énerve un peu car tout écrivain voyage,tout lecteur également d'ailleurs.Ce qui est génial quand on découvre un auteur tardivement c'est que l 'on a d'un seul coup une flopée de romans,ou récits,à se mettre sous la dent.Ceci pour les gens qui lisent avec les dents,souvent des gens très incisifs qui ne mâchent pas leurs mots.Lewis le Gallois est mort très âgé il y a quelques années et semble avoir réussi à s'effacer toute sa vie de toute médiatisation.Cette discrétion de bon aloi lui vaut peut-être un relatif anonymat que je vais modestement tenter de réduire un tout petit peu mais les amis de Parfum de livres s'y sont déjà sérieusement attelés.

   Comme à la guerre est mon premier choix,au pif,sorti une première fois en 66 sous le titre traduit littéralement Une petite guerre sur commande.Court et sans divagations,strié d'un humour sarcastique,de ce type d'humour qu'on rencontre effectivement dans de bons romans sur l'espionnage ou la Guerre Froide.Cette drôlerie n'épargne aucun des deux camps puisque l'action se déroule au moment du débarquement de la Baie des Cochons à Cuba.Charles Fane,anglais sympathisant de Moscou et surtout de La Havane,se retrouve manipulé par la C.I.A et envoyé en reconnaissance sur les plages cubaines avant le grand jour.Il ne trouve rien de mieux que tomber amoureux,ce qui n'est pas une bonne idée.Rapidement on a compris qu'on ne comprendrait pas,jamais,qui utilise qui et qui sortira vainqueur de ces histoires de dupes.On comprend que Fane ne comprend plus.Mais surtout en moins de 200 pages Norman Lewis trousse une aventure passionnante où les pauvres humains sont vite réduits à l'état de fantoches.Tout ça pour la Cause.Laquelle?Ca je ne sais pas très bien.Mais après tout chacun sa cause et la Baie des Cochons  sera bien gardée.

   Mais c'est ainsi que sur une plage qui aurait pu être de rêve le théâtre s'est révélé sanglant et que l'imbroglio politique et économique a continué de perdurer.Cela ne s'est probablement pas tout à fait passé comme le raconte finement Norman Lewis.Mais imprimons la fiction,elle est plus vraie que nature.

Photo de LEWIS Norman

Norman Lewis(1908-2003)

 

                      Le deuxième livre s'appelle L'île aux chimères et son action se déroule dans une petite île de l'archipel des Canaries après la guerre,île qui jouit d'une certaine autonomie, ce qui permet aux notables de ne pas trop se soucier du gouverneur jacobin en poste à Vedra.Ainsi le chef de la police,le représentant de l'Eglise,celui des propriétaires et les autres vivent leurs petits trafics,leurs alcôves et leurs petits secrets sans que tout cela ne tire vraiment à conséquence.Société un tantinet médiévale mais où les yeux et les oreilles savent se fermer Vedra vogue ainsi sur l'Atlantique et espère continuer.

   Mais le temps à tous se plaît à faire un affront et la petite île,non pas paradisiaque, mais où "l'on s'arrange" va finir par basculer dans une certaine modernité qui prendra l'habit d'une compagnie de pêche de la métropole espagnole,mettant ainsi en péril le subtil équilibre de Vedra,jusque là épargné.Peut-être,mais ce n'est que mon avis,est-il possible de rapprocher cette délicieuse chronique,souvent hilarante d'autres écrivains "de la bougeotte" comme Redmond O'Hanlon l'auteur du Voyage à Bornéo.Humour et causticité garantie comme le Graham Greene de Notre agent à La Havane.Le cinéma anglais (surtout les studios Ealing dans les années cinquante) est aussi une parfaite émanation de ce climat où la perfide Albion essaie toujours de tirer son épingle du jeu,Passeport pour Pimlico,L'homme au complet blanc,La souris qui rugissait.

   Bien que gallois  Lewis est doté d'une solide drôlerie,de  celle des PG.Woodhouse ou plus tard Tom Blott.On sait depuis longtemps que Gallois,Ecossais,Irlandais et même Anglais ne sont d'accord sur rien,sauf quand il s'agit d'être drôles mais très sérieusement, attention.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

28 juillet 2008

Curiosité et propagande

     Curiosité à suivre...On comprend bien qu'Edward Robinson,né à Bucarest,Paul Lukas,né à Budapest et Anatole Litvak,né à Kiev,tous trois émigrés juifs à Hollywood aient eu envie de faire un film de pure propagande, sans grande originalité,mais qui avait pour objectif de dénoncer les infiltrations nazies aux Etats-Unis. Terriblement manichéen voire insupportable à la fin par son simplisme outrancier Les aveux d'un espion nazi se regarde comme un témoignage de la Warner,avant même le début de la guerre puisque sorti en 39.On y rencontre le si british George Sanders en officier nazi pur jus.Tout ce petit monde s'exprime évidemment en anglais.Peu importe l'objectif n'était pas de faire mais de faire savoir...

       On découvre ainsi les meetings des sympathisants sous l'oeil d'Adolphe et les svastikas.Saviez-vous qu'un certain Walt Disney y participa?Et que Joseph Kennedy(le papa) aussi?C'était ma minute de délation.Plus sérieusement la démocratie vaincra bien sûr.D'ailleurs le film se clot par cette phrase délicieuse et peu ambigüe: "L'Amérique ne fait pas partie des dernières démocraties.Elle est la démocratie".Je vous avais prévenus,il y a les bons et les mauvais. Merci à Patrick Brion qui continue inlassablement son travail sur France 3.Il arrivera aussi qu'un film de propagande,oui,soit aussi une oeuvre magistrale.N'est-ce pas Patron(Bogart)?Je parle évidemment de Casablanca et Le port de l'angoisse.O.K. Patron!

27 juillet 2008

...et les mouches à l'oeil des chevaux

   Avant tout l'avis de Dasola Valse avec Bachir - Ari Folman et de Nightswimming Valse avec Bachir .Le graphisme très personnel de ce film d'animation est admirable.La ville de Beyrouth semble dans sa nuit se fondre avec les silhouettes  de trois soldats se baignant dans la nuit.C'est proprement hallucinant,donnant à Valse avec Bachir une aura à nul autre égale et des frissons qui accompagnent les scènes,surtout les scènes de calme.Quant à la guerre,à la mémoire,à la violence je vous renvoie au très bon commentaire de Nightswimming,commentaire dont je me sens totalement solidaire.C'est la moindre des choses à mon avis de ne pas faire preuve de redondance et de couper court à mon bavardage sur ce film,très beau,dont un ami a si bien parlé.Encore un mot,un seul pour justifier mon titre:le plan des chevaux agonisants est l'un des plus saisissants documents animés de ma vie de spectateur.A rapprocher,en beauté pure du cheval mort sur le pont d'Octobre d'Eisenstein.J'espère que vous ne trouverez pas ce billet "trot" cavalier.

27 juillet 2008

Une chanson:Rhythm of the rain

   

 

 

http://www.deezer.com/listen-3991594 Rhythm of the rain(The Cascades,1963)

 

          Le gamin a une douzaine d'années.Depuis peu son frère aîné souffre d'onomatopées et s'écrie parfois "Wap doo wap".Lui,le gamin,ça ne l'intéresse pas trop d'écouter le transistor ni même ce curieux appareil qu'un copain parisien interne à Saint-Joseph lui a montré fièrement,un truc qui mange des disques.Mais le gamin,il connaît Sylvie Vartan, une blondinette qui chante En écoutant la pluie.Cependant il préfère encore jouer aux billes.Pourtant ce soir là à la radio il a entendu cette même chanson mais par des inconnus et en anglais.Son frère lui a dit que c'était un groupe vocal qui s'appelait les Cascades.On appelle ça une version originale.Le gamin,il a trouvé ça mieux que la chanson en français,il aime mieux le machin original.Le gamin,il ne sait pas encore que toute sa vie a changé.Il voudrait dire maintenant que le rock est comme le tourisme,composé de quatre étoiles  en front de mer genre Hôtel Beau Rivage et de campings Les flots bleus sur la route départementale.Le gamin il croit se souvenir que Rhythm of the rain a été son premier camping sans les parents.

 

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24 juillet 2008

Risi le montreur de monstres

     En 71 quand Dino Risi,récemment décédé,signe Au nom du peuple italien,la comédie italienne, justement,  a cessé de plaire vraiment. Ainsi vont modes et courants au cinéma comme ailleurs. On y trouve bien encore le duo de comédiens,Gassman histrion et Tognazzi sur la réserve mais ce sont un peu les derniers feux de ce genre typiquement italien.Quelquefois cela a pu être le contraire dans les castings, les cinq magnifiques comédiens transalpins s'étant combinés de de toutes les façons.Le sujet en est la corruption dans l'immobilier,les louches acquaintances,les dérives populistes.Ce thème est proche du cinéma de Francesco Rosi mais il est bien dans la manière de Dino Risi.Car avec le personnage d'entrepreneur joué par Gassman on tient vraiment un de ces monstres de la comédie italienne. Hableur, baratineur, corrompu, peut-être meurtrier,et pourtant comme tous ces héros de Risi,Germi,Monicelli et consorts on ne peut s'empêcher de l'aimer et de le trouver sympathique.En contrepartie le procureur, parangon de vertu interprété par Tognazzi nous ennuie un peu avec sa mobylette et son honnêteté.C'est ainsi que vont les choses:il arrive que de braves types nous cassent les pieds et certains escrocs sont parfois bien séduisants.

      Dino Risi n'a jamais eu la main trop légère et tout son cinéma s'en ressent.Pourtant le déferlement des tifosi dans Rome à la fin du film,après le match Italie-Angleterre,n'est rien moins que prémonitoire.On a beau dire on ne dira jamais assez de mal des supporters.Scène hilarante aussi que la première convocation de Gassman dans les bureaux minables et surchargés de Tognazzi(misère de la Justice dont le Palais s'effrite) quand le premier apparaît en costume de centurion.Clin d'oeil à la Rome décadente?J'ai dit mille fois la grandeur du cinéma italien.Tiens ça fait mille et une fois.

23 juillet 2008

L'odyssée du Retour

     Livre déroutant que Le retour du berlinois Bernhard Schlink,tenant du roman d'apprentissage et de la quête du père,et surtout du thème de L'Odyssée,du retour à la maison.Nous savons tous maintenant que si Ulysse a mis dix ans pour retrouver Ithaque c'est qu'il a musardé, peu pressé semble-t-il de retrouver cette chère Pénélope et ses soucis quotidiens.Le jeune Peter a retrouvé les traces de celui qu'il pense être son père.Mais il y eu la Guerre et dans cette Allemagne bientôt divisée en deux il lui est bien ardu de savoir la vérité sur ce père absent,lointain,irréel et ce n'est pas sa mère, étrangement aphasique à ce sujet qui peut le renseigner. La tendresse il l'aura trouvée chez ses grands-parents maternels, relecteurs de romans populaires qui vont orienter les recherches du jeune Peter.Sous influence littéraire certes Peter va remonter un fil d'Ariane qui s'avèrera une via dolorosa dont sa rencontre avec Barbara souffrira,entre remises en question et abandons.

   Point par point,pierre par pierre,il reconstituera le puzzle de ses origines et tout au long du roman nous assistons aux recherches entreprises par Peter,devenu spécialiste des questions de loi et de justice(comme Schlink lui-même professeur de  droit et magistrat), pour connaître la vérité.Mais au bout d'une enquête en chausse-trapes la rencontre s'avèrera rude et très surprenante.On ne sera pas étonné de voir dans Le retour une réflexion très serrée sur la notion de culpabilité ,inhérente à tout romancier allemand depuis soixante ans.Et si à force de déconstruire l'Histoire se pointait quelque chose qui ressemblerait au révisionnisme.Je m'empresse de préciser  que ceci concerne le roman,absolument pas le grand écrivain qu'est Bernhard Schlink dont on n'a pas oublié Le liseur ni les nouvelles d'Amours en fuite.

22 juillet 2008

Les routes du Sud

           Ce sud est celui du Liban et ce film s'appelle Sous les bombes.Un chauffeur de taxi chrétien accepte de conduire une jeune femme musulmane qui recherche son fils de six ans dans le Liban de 2006 qui vient de subir 33 jours de bombes israéliennes en réponse au Hezbollah.Ce films est accompagné en salle d'une fiche assez bien faite qui nous explique un peu le Liban.C'est une bonne idée.De plus c'est le type de film à thèse souvent présenté dans un cadre associatif,ce qui fut le cas au Cinéquai.Cette démarche a l'avantage et l'inconvénient de "scolariser" si j'ose dire les séances et ainsi d'attirer (ou d'obliger) les lycéens à voir un film plus ou moins contraints mais ceci est un autre problème.De plus des membres d'associations libanaises de l'Aisne étaient présents et quand on connaît un tout petit peu le puzzle que constitue le pays du cèdre on ne peut qu'applaudir et apprendre.

     Le film a été tourné dans des conditions difficiles et la monteuse de Sous les bombes,présente elle aussi,nous l'a bien expliqué.Tourné avec seulement trois acteurs professionnels le film bénéficie d'un aspect quasi documentaire mais la fiction induite demeure très émouvante tout au long de ce road-movie presque néo-réaliste où les deux protagonistes vont peu à peu se connaître.Ni la passagère ni le chauffeur ne sont des extrêmistes et ceci permettra probablement un rapprochement(version optimiste).Philippe Aractingi a réussi à nous faire sentir au plus près le désarroi du Liban,pays au départ pourtant particulièrement pluriel.Les ruines d'après-guerre ne sont pas un décor pour une histoire mais partie prenante d'une tragédie qui n'en finit pas.Je suis sorti de la projection assez troublé mais un peu moins ignorant de ce Proche-Orient si douloureusement à la une depuis si longtemps et pour lequel chacun de nous a le devoir de dépasser les a priori.

21 juillet 2008

La voix d'un maître

     Il existe des centaines d'enregistrements de Sinatra.Il me semble que The crooner goes to jazz est une bonne compilation.Composé des classiques de Cole Porter dont I've got you under my skin ou Night and day qu'on ne présente plus,d'autres standards comme All of me,Sweet Lorraine,Body and soul,en tout une vingtaine de titres remastérisés illustrant ce que je pense être ses meilleures années,46-56.The crooner goes to jazz rappelle si besoin en était le mélange de charisme et de détente,presque une certaine nonchalance,mais surtout l'extraordinaire feeling de cet homme qui résume si bien à lui tout seul une Histoire de l'Amérique.Mais tout cela importe peu .Quand on la chance d'avoir Monsieur Sinatra,on l'écoute. J'aime bien la scène d'un film de Melville,L'aîné des Ferchaux,ou Belmondo se bagarre au juke-box pour imposer Sinatra à des soldats américains qui finissent par lui payer un verre.La seule chose que je regrette chez Frankie,ce sont les paresseux duos qu'il enregistra à la fin de sa carrière.Il faut vous dire qu'en général je ne goûte guère cet artifice qui consiste à accoler deux personnalités pour ne faire un produit marketing. Oublions cela et écoutons-le au mieux de sa forme.

http://www.youtube.com/watch?v=X--QWXGjXfg  I've got you under my skin

http://www.youtube.com/watch?v=YF4ydh6cB10 Body and soul

20 juillet 2008

Un petit jeu ciné de saison même que c'est facile mais qu'y faut tout trouver parce que quand même c'est rudement trop facile

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   ??

19 juillet 2008

Méditation et désenchantement

    J'ai opté pour ce titre à la Bergman parce que j'ai trouvé dans ce livre d'un auteur peu lu en France et inconnu pour moi des résonances qui font penser au maître suédois.A commencer par ces quelques lignes sur l'âge:

      "Le sentiment d'être remisés derrière le garage,au milieu des herbes folles,avec les quatre pneus à plat et la moitiè des pièces qui manquent.Et puis aussi le courrier qu'on reçoit.Telle semaine c'est Kenneth qui entre à l'hospice dans le Queens, pratiquement aussi mort que si on venait de l'enterrer.La semaine suivante c'est Roy qui casse sa pipe à Savannah.Deux jours plus tard on apprend qu'à Princeton Dick est atteint de la maladie de Parkinson.Et maintenant c'est Tom qui vient d'entrer dans le quartier des condamnés à mort.Et jusqu'à ces carnets que je suis en train de te lire,qui nous rappellent à quel point nous sommes vieux et diminués.A nos âges chaque nouvelle est une mauvaise  nouvelle.Je n'aime pas faire la queue devant la guillotine.Je n'aime pas être convié à l'exécution de mes amis".

                   The spectator bird,très beau titre original,se présente en effet comme une réflexion amère sur le temps et la peine de vivre,de vivre cette vie finalement brève,réflexion qui me touche profondément et je crois que là encore les années ne sont pas étrangères à cela.De même que nos lectures prennent un sens différent au fil des décennies Joe se surprend à rouvrir un journal intime tenu 25 ans plus tôt lors d'un voyage au Danemark. Et,retrouvant ces lignes jetées sur ces cahiers puis oubliées, l'amertume,la tristesse, le découragement se mettent à le tenailler d'abord presque gentiment puis plus durement. Septuagénaire il a vécu avec Ruth une vie plutôt pas mal,dans un milieu intellectuel newyorkais,nanti d'amis brillants et de dîners en ville.Mais la fêlure est là comme pour nous tous,non seulement la mort de leur fils unique mais aussi les élancements d'un coeur vieillissant à l'évocation de ces souvenirs parfois d'une certaine complaisance.

      Comment ne pas être bouleversé par ce roman,très secret et sensible,qui,je crois,est en parfaite cohérence avec ses autres livres?Au moment où les jeux sont faits,quel peut être le presque ultime sursaut de l'homme,quand à travers le miroir on ne lui renvoie que l'image de cette liberté captive qui laisse chacun seul?Et comme je ne peux m'empêcher de truffer mes mots de références, mais on peut en avoir bien d'autres,je citerai une fois encore les incontournables Gens de Dublin ou Mort à Venise.La compagnie de Joyce et de Mann ne me semble pas trop déshonorante.Phébus a publié plusieurs livres de cet écrivain mort en 93.Je vous convie par ailleurs à visiter Sybilline qui a lu Wallace Stegner ce qui n'est pas si fréquent. (Stegner Wallace ).

18 juillet 2008

Le cinéma du New Deal et de Roosevelt

    Le toujours excellent et discret Cinéma de minuit sur France 3 a l'idée très originale de nous présenter quelques films qu'il n'est pas exagéré de qualifier de propagande.Casablanca et Le port de l'angoisse figurent au programme.Mais aussi,plus rares,quelques films peu connus comme ce Wild boys of the road du grand William A.Wellman que l'on commence à redécouvrir.( voir L'attractif traquenard tracassant de Track of the cat - ).Datant de 1933,tourné sans aucun acteur connu, ce film très peu distribué en France à mon avis n'est pas le meilleur de Wellman mais se révèle fort intéressant historiquement.Replaçons nous dans le contexte de la crise des années trente en Amérique,si bien évoquée par Steinbeck, Algren, Edward Anderson,ceci pour la littérature. Au cinéma Frank Capra bien sûr l'évoqua à sa manière,parfois un peu angélique mais si émouvante.

    Ne durant que 75 minutes Wild boys of the road est la simple histoire de trois adolescents victimes de la conjoncture qui jeta sur les routes non seulement les oakies bien connus des Raisins de la colère mais aussi des milliers de braves gosses qui sillonnèrent le pays en quête d'emploi et de survie.Les passages les plus intéressants sont évidemment les aventures ferroviaires de ces clandestins,ceci traité comme un livre d'images assez sages et édifiant.J'ai parlé de propagande et c'est bien cela,presque un film officiel.Mais un film officiel sympa dans toute sa naïveté où l'on peut finalement faire confiance aux institutions et au happy end inévitable.A voir comme on feuillette un vieil illustré retrouvé dans un grenier qu'auraient lu mes grands-parents ou vos arrière-grands-parents.

16 juillet 2008

J'peux vraiment pas les voir en peinture(5)

   J'peux vraiment pas les voir en peinture sans que les animaux issus du bestaire de Franz Marc(1880-1916)... ne me transmettent les tourments des peintres amis animateurs du mouvement expressionniste Le Cavalier Bleu,der Blaue Reiter,né à Munich en 1911.Franz Marc et August Macke mais aussi le suisse Klee et le russe Kandinsky firent partie de l'aventure.Le parcours de Marc le conduisit du figuratif vers l'abstraction avec une nette influence de l'inquiétant futurisme italien,bien présent dans Le mandrill, notamment le triangulaire et le spiralé.Les combats de Lorraine en 1916 ne lui laissèrent guère de temps,comme son alter ego Macke que je lui préfère personnellement et dont je reparlerai..Il est souhaitable pour bien apercevoir le mandrill de ne pas l'observer de trop près.

15 juillet 2008

Le souffle un peu court

              Il faut bien l'admettre, oui,le souffle des deux frères s'est singulièrement affadi depuis bien des années. Et ce Kaos II(Tu ridi) n'enthousiasme guère comparé au premier opus,une perle de pirandellisme cinématographique où le génie du grand dramaturge s'amalgamait si bien de la mise en scène si profonde des Taviani.Deux nouvelles donc de Pirandello:Tu ris et Deux enlèvements que les Taviani réalisent correctement mais sans la flamme de Kaos,contes siciliens.Dans le premier un ancien baryton devenu comptable au Teatro dell'Opera mène une vie besogneuse. Mais la nuit...il rit,rêves enfuis,souvenirs de gloire,le jour il ne sait plus ce qu'a été sa nuit.Sur cette trame étroite on suit la calme dérive vers une folie plutôt douce,voire un comportement suicidaire.J'ai quand même peiné à ressentir l'émotion qui par contre m'étreint chaque fois que je revois les meilleurs films des frères Taviani.Je les ai vus plusieurs fois pour les plus grands et leur richesse m'enthousiasme encore.

     Ca s'arrange un peu avec  le deuxième conte.Un jeune garçon est enlevé en Sicile là même où un siècle avant une autre séquestration a eu lieu.Alternant passé et présent l'inspiration revient en partie surtout dans l'exploration visuelle de la Sicile du siècle dernier.(par siècle dernier chez moi entendre le XIXe).Une part de mystère demeure et c'est bien ainsi dans ce rapt crapuleux qui semble très différent de l'enlèvement plus récent.Pourtant le monde de Pirandello et des Taviani recèle en fait une grande violence et on peut voir dans ces deux tragédies l'analyse de la déshumanisation de cette société sicilienne où perce encore l'archaïsme.Kaos II,film somme toute assez cérébral et distant souffre de cette pâleur mais mérite qu'on s'y attache,plus personne en effet ne semblant s'intéresser à ces cinéastes.

11 juillet 2008

Une chanson:Stray cat strut

   

          Parce que j'adore le clip de ces chats de gouttière dans la rue.Parce que cette musique binaire me tient tellement à coeur.Parce que Brian Setzer a bien du talent et qu'il l' a bien prouvé par la suite.Parce que rock'n'roll is here to stay et encore heureux.Parce que je veux encore et toujours défendre cette musique...Parce que Stray cat strut date de 84 mais pourrait dater de 57 ou de 2008.Parce que le temps ne fait rien à l'affaire.

http://www.youtube.com/watch?v=IGg3_T_FcOQ Yeah!

6 juillet 2008

Helvète underground

      Bon,maintenant soyons sérieux... Le livre de mon père est l'histoire d'un alpiniste myope amoureux d'une sirène sur les rives d'un lac suisse.Ah mais non vous m'induisez en erreur.J'admets qu'avec un titre pareil mon article méritait ces plaisanteries de garçon de bain.Il y a bien un lac suisse malgré tout....

     Dans ce canton rural de la Suisse de l'immédiate avant-guerre la tradition veut que les cercueils soient fabriqués dès la naissance.Urs Widmer conte ainsi la vie de son père,né d'une famille paysanne des hauteurs alémaniques en remplissant à sa manière le livre blanc que chaque enfant reçoit à douze ans.Son père, omniprésent tout au long du récit,professeur passionné de littérature française et proche des milieux bohêmes et artistes,apparaît comme protéiforme,intellectuel et charnel,travailleur forcené qui n'a de cesse de faire connaître les auteurs.Un bref passage en politique du côté du parti communiste suisse ne le convaincra pas.Prodigue de ses forces comme de  ses maigres gains le père du narrateur nous plonge dans l'histoire de ce pays si mal connu,la Suisse,qu'il est de bon ton de brocarder mais dont on sait depuis Mars de Fritz Zorn que la douleur de l'homme y est tout aussi âpre qu'ailleurs.Il doit être plus intéressant de lire ce livre avec son pendant maternel qu'Urs Widmer a publié peu avant,L'homme que ma mère a aimé.

    Sur ce livre l'avis de Camille Urs Widmer - Le livre de mon père

5 juillet 2008

To be or not to be,en finnois dans le texte

         Prochainement Hamlet goes business.Le monde d'Aki Kaurismaki est une entité à nulle autre pareille.Il faut laisser au vestiaire sa raison et son bon sens.Car le sens chez le Finlandais va en général dans le mauvais sens et la raison vacille, mais avec beaucoup d'astuce et de véhémence.Ainsi je n'ai jamais regretté mes voyages en Kaurismakie,ce pays inconnu,ce nonsense's land.Au loin s'en vont les nuages m'avait semblé plus intéressant que L'homme sans passé,étant plus sensible au côté lunaire qu'au côté ténébreux de cet univers mais tout cela est intimement mêlé la plupart du temps chez Kaurismaki.Je viens de voir pour la première fois deux films anciens,hommages à Shakespeare et au road-movie,ceci pour faire court.

    Hamlet goes busines(1987)  nous ressert les brumes d'Elseneur à la sauce des entrepreneurs d'Helsinki mais les histoires de famille sont très fidèles au grand Will.Et puis il y a quand même des choses essentielles: Klaus,devenu le beau-père d'Hamlet,envisage de brader scieries et chantiers navals pour se positionner sur le marché du canard en plastique.Si ça c'est pas surréaliste...Soyons sérieux en affaires.Les Atrides finlandais s'entretuent gentiment.Il y a quelque chose de pourri du côté de la Baltique. Rosencrantz et Guildenstern sont devenus tueurs à gage et Polonius le jeune finit la tête dans un récepteur de radio crachotant.Poisons,poisons,il en restera toujours quelque chose.Sur ce festival de citations je vous incite à cette relecture de la grande tragédie,qui ne craint pas le ridicule et nous met en joie sur le ton impayable de ce farceur de Kaurismaki.Et chez lui ces acteurs au pitoyable nom imprononçable sont toujours parfaitement choisis pour camper ces peu loquaces héros pourtant si attachants.

    

         Immense road-movie au scénario très travaillé et d'une rare cohérence voici Les Leningrad Cowboys rencontrent Moïse qui nous conte le retour du génial groupe de rock sibérien dont voici le périple.Mais vous pouvez déjà écouter leur musique si prenante.


Leningrad Cowboys-Rock'n'roll is here to

      Errant au Mexique (très belle introduction avec mariachis) les Leningrad Cowboys qui ont perdu leur manager,c'est à dire 85% de leurs facultés intellectuelles,décident de rentrer dans leur patrie. Passant par New York ils le retrouvent se faisant appeler Moïse,qui va leur faire réintégrer leur tendre Sibérie non sans avoir dérobé le nez de la Statue de la Liberté..On rencontre aussi Elie, autre prophète que l'on entendra chanter Kili watch,joué par André Wilms(Mr.Le Quesnoy,hallucinant).Brest,Amiens,Francfort,la République Tchèque,la Pologne,nos héros en santiags et bananes nous offrent le voyage le plus foutraque de ma carrière de cinéphile. Aki s'est foutu de nous,cette fois.On doit être un peu maso puisqu'on aime ça.

5 juillet 2008

O pleure mon pays si douloureux

   Karel Schoeman sera-t-il un  jour reconnu comme l'égal de Coetzee,Brink,Gordimer?Je n'hésite pas à qualifier La saison des adieux de chef-d'oeuvre,meilleur que le déjà très bon Retour au pays bien-aimé (voir Pleure encore pays bien aimé).L'Afrique du Sud a été prodigue de génies littéraires,ce qui donne à penser que c'est dans les convulsions que s'épanouit le talent.N'allons pas trop loin dans ce syllogisme.Ecrit en 89 La saison des adieux se situe au début des années soixante-dix,en quasi guerre civile,où le délabrement s'accélère dans un contexte d'insécurité et de répression.Nous allons vivre quelques mois avec Adriaan, poète de langue afrikaans,dont la vie perd chaque jour de sa substance puisque est venue la saison des adieux,le temps de partir pour beaucoup d'intellectuels de progrès.Karel Schoeman écrit lui-même dans cette vieille langue d'origine hollandaise et dans une traduction que je pense de qualité on découvre un auteur très riche qui sait à merveille décrire un espace vert au Cap,rare endroit préservé,ou la violence des banlieues envahies quand le moindre incident dégénère.

      Adriaan a longtemps fait partie d'un petit cénacle d'esprits éclairés qui ont cru possible que l'Afrique du Sud  change sans trop de douleur.Mais à l'impossible nul n'est tenu et ce pays magique se devait de pleurer longuement.C'était déjà le titre du grand livre précurseur d'Alan Paton Pleure ô pays bien-aimé qui date pourtant de 1946.L'ami d'Adriaan est djà en Amérique,Marisa a regagné les Pays-Bas,ceux qui sont encore là font semblant de ne rien voir de cette société en pleine déréliction,comme l'insignifiant Dewald qui cherche encore à monter une revue de poésie afrikaans.Nico,acteur imbu et plus très jeune multiplie les furtives étreintes pour s'empêcher de vieillir.Le musée où travaille Adriaan s'effondre lui aussi, témoignage de la vieile Europe dans la ville du Cap,cet extrême sud,qui,un temps relativement épargné, s'apprête à rejoindre Johannesburg dans la ruine.

    Il y a dans La saison des adieux des pages merveilleuses sur la marge si étroite entre le courage et les lâchetés,les petitesses et les sursauts.Et plus encore sur la solitude du poète,cet albatros empêtré,dont les mots demeurent impuissants à enrayer l'inéluctable et sur la tragédie d'Adriaan,qui rentre chez lui au crépuscule,pour travailler,travailler toujours,témoigner et encore ce n'est pas sûr... Schoeman a fait de son personnage un homme malgré tout équilibré,presque sage et composant avec sa solitude.C'est très beau.C'est chez Phébus et 10/18.

1 juillet 2008

Zenith

John Butler Trio

    A quelques encablures de chez l'ami Thierry (Jazzbluesandco) un concert dont j'étais peut-être le doyen des spectateurs mais enthousiaste comme les benjamins.John Butler est maintenant très connu en Europe où son style,sa bonne humeur et sa virtuosité laissent pantois.Le Zenith de Lille est une sorte de hangar dont le confort ne sied guère à quelqu'un qui a vu Hendrix sur scène,c'est vous dire plus proche en âge du Buena Vista Social Club que de Tokio Hotel.Mais John et ses acolytes valent bien quelques crampes.Un  sémillant duo en première partie, croisement entre Kurt Weill et Fats Domino ,et dont j'ai oublié le nom,donna des fourmis dans les jambes.Le pianiste joua d'ailleurs avec Butler sur la moitié environ de son set,parfois très reggae.Et le trio infernal arriva...A suivre...

   Dans le vif du sujet avec Company sin et nous voilà partis pour deux heures de show du surdoué de la douze cordes et de tout ce qui se gratte.Et là je serai très prudent mon niveau de guitariste étant tel que je commence à jouer L'eau vive et ne me permettant pas de risquer des impairs que les gratteux ne me pardonneraient pas.Nanti donc de différents instruments John fit un show époustouflant et dans une proximité digne d'un club de jazz.L'ambiance excellente ne se démentit pas tout au long de ces morceaux connus pour la plupart avec quelques exceptions.Citons Used to get high,Gov did nothing, Better than,Good excuse,Zebra,la superbe Caroline.Ocean le morceau de bravoure nous hypnotisa un quart d'heure environ.Butler sait manifestement tout jouer avec une égale maestria,aux limites du reggae et du hard rock,mais aussi du jazz et de toutes les tendances folk.Ses deux complices ne sont pas des faire-valoir et leurs solos furent très appréciés.Le John Butler Trio montre une cohérence à toute épreuve capable de ravir tous les publics.Mon seul regret est l'absence de reprises de classiques mais je dois souffrir d'un peu de nostalgie,bien excusable convenez-en.

http://www.youtube.com/watch?v=S6Uyeg1BL0Q Caroline ( D'accord c'était pas à Lille mais à Adelaide)

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