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BLOGART(LA COMTESSE)
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30 mai 2008

L'homme court mais ne marche pas.

    Bien avant la canonisation de Ken Loach,l'homme que l'on ne peut même discuter tant le politiquement correct interdit le moindre recul sur ses films,existait en Angleterre le cinéma des Angry Young Men.Ceci pour rappeler que le cinéma anglais a une histoire et qu'au début des sixties quelques films ont marqué ce renouveau.A la base de ce mouvement l'écrivain Alan Sillitoe et quelques autres,relayés par les cinéastes Tony Richardson,Karel Reisz,Lindsay Anderson. Comme la plupart des courants peu de films s'inscrivent véritablement dans ce cinéma du constat social âpre et sans concession de l'Angleterre qui n'avait pas encore enclenché la révolution pop avec les Beatles et le Swinging London.Les rares films des Jeunes Hommes en Colère s'inscrivent donc dans cette sorte de no identity's land entre l'Angleterre de Graham Greene et David Lean,par exemple et la déferlante Liverpool.

  Sillitoe,né en 28 d'une famille ouvrière,a écrit Samedi soir,dimanche matin et La solitude du coureur de fond,un roman et une nouvelle dont les titres à eux seuls me paraissent très explicites.Soit la noirceur d'une routine sans âme et le sentiment d'isolement extrême dans la parabole du sportif dont la société cherche à récupérer l'effort et la personnalité,avec les meilleurs sentiments du monde souvent. Karel Reisz réalise Samedi soir,dimanche matin en 60 et Tony Richardson La solitude du coureur de fond en 62.Loin de n'être que le cinéma grisaille parfois moqué ce mouvement fait au contraire preuve de vitalité au delà des apparences car ses antihéros ne manquent pas forcément d'envergure.C'est le cas de Colin,interprété par le grand et si méconnu Tom Courtenay.Dans sa maison de correction l'on croit un moment à une sorte de rédemption par le gôut du sport,air connu mais pas toujours efficace.Le visage relativement anodin de Courtenay,joues minces et laconisme,est de ceux, qu'on n'oublie pas et je ne  crains pas de le comparer, dans le genre inadapté,à Peter Lorre ou Jean-Pierre Léaud.Comme dans bien des films début 60 la musique est excellente et ne souligne pas lourdement comme ce sera le cas si souvent plus tard,l'action du film.

    Je suis un peu moins enthousiaste sur le montage qui alterne passé et présent,vie de famille et pension.Pourtant la peinture de l'Angleterre industrielle,tangente,est très réussie.Et comme j'aime cet art de la discrétion,de la suggestion où une chambre d'hôtel suffit à nous faire comprendre le charnel d'une rencontre qui ne manque pas d'émotion.Ce film,passionnant,n'a pas besoin du très encombrant parrainage de mai 68,dans toute sa somptueuse démagogie(Ciné Classics).Il se défend très bien tout seul.C'est toute la philosophie de Colin qui court à perdre haleine parce qu'il aime ça,mais ne marche pas dans le système.

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29 mai 2008

Les survivants de la Côte Pacifique

    Ce gros bouquin se lit très bien.On imagine l'auteur très attiré par Missoula,Jim Harrison et des gars de cet acabit.Alors voilà.Les Indiens Makahs vivent au nord des Etats-Unis près de la frontière canadienne. Obèses,alcoolos,plus ou moins camés, braconniers, voire obsédés sexuels,mais marrants,enfin certains.Une poignée de ces irréductibles décide de reprendre la chasse à la baleine,abandonnée depuis des lustres.Ceci ne va pas être simple car par exemple ils ne savent même plus nager.Frédéric Roux signe un livre fort plaisant sans nous asséner véritablement le couplet sur le droit de la nation indienne à vivre selon sa culture.Ils en sont d'ailleurs bien incapables,ravalés au mieux au statut d'assistés, insérés surtout au bar ou en taule,plus analphabètes que méchants.Enfin pas tous.

   Sur fond de musique rock et de bière nos branquignols se préparent donc à affronter Moby Dick. Entraînement minable dans la forêt, tronçonneuses massacrant l'environnement en découpant des Elvis Presley sur les arbres,vols de pacotille.Et surtout désaccord parfait entre les vieux du conseil tribal et la relève,particulièrement abrutie.Greffez là dessus des écologistes obtus,au bandana hypermédiatique,une vague historiette d'amour entre une blanche et un indien,une mère hippie encore toute enwoodstockée. Vous obtiendrez ce que je considère comme une farce truculente avec à la rigueur,si vous cherchez bien,un peu de réflexion sur la déculturation et sur le vieil adage "Un peuple qui ne s'adapte pas est un peuple condamné,un peuple qui s'adapte est aussi un peuple condamné." Profond comme la Côte Pacifique,non?

   Les dialogues souvent rudes sont drôles et la peinture de ces ultimes rejetons de la grande nation nous fait bien rire et c'est je crois la qualité première de cette chasse à la baleine qui tient plus du grand barnum télévisuel que du mythe melvillien.

24 mai 2008

J'peux vraiment pas les voir en peinture(4)

  Breughel L'Ancien,j'peux vraiment pas le voir en peinture sans que sa Flandre,ses paysans et ses malandrins ne me donnent froid dans le dos.Ici ses Chasseurs dans la neige rapportent-ils au village de quoi nourrir chacun?Sont-ils bredouilles?Et volent de noirs corbeaux aux branches pleines d'hiver.XVI° Siècle flamand,âge d'or,labeur et peine,parfois aussi banquets et libations.La vie...Ce tableau,visible à Vienne, ferait partie d'une série de douze évoquant les mois de l'année.Sous réserve encore il n'en subsisterait que cinq.

21 mai 2008

Sudiste déception récemment atténuée

book cover of 
Wise Blood 
by
Flannery O'Connor

         Note laissée au brouillon et reprise aujourd'hui après avoir vu le film.On sait le Sud des U.S.A grand pourvoyeur de talents littéraires,Faulkner,Carson McCullers,Harper Lee,Erskine Caldwell, Tennessee Williams.Souvent citée Flannery O'Connor ne m'a pas vraiment emballé avec La sagesse dans le sang,aussi nommé Le Malin,dont Huston fit un film que je n'avais jamais vu.Non,le roman de Flannery O'Connor ne m'a pas emballé car je crois que le "compte à régler" qu'elle avait avec les prédicateurs n'est pas tout à fait soldé par ce livre que je considère un peu comme incomplet et surtout laissant trop peu d'espace aux protagonistes.La preuve en est qu'il m'a fallu voir l'adaptation du vieux lion Huston pour m'immerger davantage dans cette histoire qui se déroule en Georgie,mais surtout en Absurdie.

        Justement cette adaptation assez fidèle m'a plutôt réconcilié car les acteurs de Huston sont parfaits.Tous plus ou moins demeurés,escrocs minables arnaquant à l'espoir comme il en pleut là-bas,traversés par des lubies vaguement mortifiantes,une belle galerie de trognes Deep South dans sa fange.Brad Dourif,au visage triangle et au regard de furet compose un jeune prêcheur presque inquiétant.Il a la bonne idée de fonder sa propre église,celle du Christ sans Christ,où les aveugles ne voient pas,où les paralytiques ne se mettent pas à marcher et où les morts restent morts.Joli programme qui au moins ne devrait décevoir personne.Il y a d'autres prêcheurs,Harry Dean Stanton,faux aveugle,vrai gangster,Ned Beatty,grand acteur méconnu qui apporte sa rondeur à Hoover,autre allumé notoire et vénal,sans oublier John Huston en personne dans le rôle du grand -père d'Hazel,prêcheur évangélique mais peu angélique.Dans cette Amérique foutraque que j'ai plus comprise en film qu'en livre valsent ainsi tous ces déboussolés, absolument pas démodés dans l'Amérique d'aujourd'hui.Parfois loin de notre rationalisme mais faut-il le regretter?

18 mai 2008

La main enchantée

   Mon cher Gérard adapté au cinéma,ce n'est pas fréquent.Voici à mon avis le seul film tiré de Gérard de Nerval,le plus grand poète français selon moi.En 42 MauriceTourneur,père de Jacques dont on vient de parler,met en scène La main du diable,très proche du mythe de Faust.Sur un scénario de Jean-Paul Le Chanois,modernisé et traduit dans un XX° Siècle savoyard l'aventure du peintre au contrat malheureux nous est contée avec une très belle untilisation des ombres et des silhouettes.Pierre Fresnay,fiévreux et démuni après ce pacte pour le moins hasardeux,compose un artiste hagard et qui ne sait plus à quel saint se vouer.C'est que l'adversaire en face est de taille.Le diable prend d'ailleurs les traits d'un petit homme en noir tenant plus de l'huissier que de l'ange déchu.

    Ayant tout gagné puis tout perdu l'artiste dont la dette double chaque jour(ne vous faites pas prendre à ce jeu) finit par échouer dans une auberge de montagne où se trouve une solution possible.Morceau choisi de La main du diable,la rencontre avec les anciens possesseurs de la main enchantée,qui donne l'occasion à Tourneur d'une cascade d'effets historiques très pittoresques,du mousquetaire au restaurateur.C'est que cette main donne... du talent.Dans le fantastique français ce film n'est pas à négliger,bardé de plus des habituels seconds rôles si indispensables à ce cinéma classique.Les Larquey,Roquevert,Gabriello,Balpêtré...

   Savez-vous qu'au cinéma les mains au pluriel ou au singulier ont eu beaucoup d'ouvrage?Au collet,basse sur la ville,qui tuent, chaude, froide,rouges,à couper,sur le berceau ou dans l'ombre,droite du diable et gauche du seigneur(c'est amusant ça),d'argile,etc...Je passe la main.

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15 mai 2008

The Hallucinogenic Toreador - Tout DALI dans un tableau

    L'ami Yves,alias Byblog(6 cordes) ,m'a soumis une requête bien sympa:utiliser l'espace de la Comtesse pour nous présenter un tableau qui lui tient particulièrement à coeur,et que je ne connaissais pas.C'est bien volontiers que je vous laisse avec lui.Manifestement il connaît bien cette toile.Découvrons-la ensemble si vous voulez.Il n'a pas souhaité rédiger cette note sur son propre blog qu'il consacre à la musique,et de quelle manière,aérée,précise et graphiquement très réussie et dont je suis un visiteur assidu.

Je remercie Claude de m'avoir ouvert les portes de son blog. Le blogging réserve parfois de bonnes surprises, des collaborations auxquelles on ne s'attendaient pas, et pour lesquelles on prend beaucoup de plaisirs. Merci Claude pour cet échange!

Salvador Dali est plus qu'un peintre, c'est un génie (tourmenté). Si quelqu'un, qui ne connait pas Dali, me demandait en un seul tableau de le présenter, sans hésiter ne serait-ce qu'une seconde, je lui parlerais de ce tableau, The Hallucinogenic toreador.

The_Hallucinogenic_ToreadorCe tableau date de 1968. C'est une peinture surréaliste, à l'huile, comme seul Dali sait les faire.

Dali lui, a donné un autre nom à ce tableau. Il l'a appelé "Tout Dali en une peinture". Comme quoi, le choix était facile puisque dicté par le maitre lui même.

La toile est grande, elle mesure Un peu plus de 4 mètres par presque 3 mètres. La reproduction chez moi est presque moitié moins grande, et il faut au moins ça pour apprécier l'œuvre dans laquelle on se noie. Vous pouvez la voir (la vraie) au musée de St Petersburg, en Floride.

Mais revenons à ce qui fait tout le charme de ce tableau et décortiquons le génie du maitre.

De prime abord, quand on regarde le tableau, on ne voit que les représentations de la Venus de Milo, mais si on regarde bien, on y voit un Toréador avec une cravate verte, les mouches , à gauche de la cravate verte représente la cape, tandis que les mouches du haut représentent le béret. Si vous regardez bien, vous verrez aisément le menton, la bouche et le nez. Personnellement, je vois un deuxième toréador avec la cravate rouge, mais Dali ne parle que d'un seul toréador, celui à la cravate verte.

Dali était un grand passionné des mouches. Un insecte paranoïaque d'après lui! Une forte symbolique dans ce tableau. De même qu'on retrouve sur la partie basse en contraste Noir et blanc un chien, un dalmatien, censé représenter la théorie de Gestalt, une théorie allemande sur la forme. Le cerveau serait holistique...

En haut à gauche, on retrouve le portrait de Gala, sa femme. Elle n'aimait pas la Corrida.
Dans la partie basse à gauche, en opposition à Gala, sous les cercles de couleurs, on peut voir la tête d'un taureau.

Chose curieuse, sous la tête du taureau, une femme est peinte en bikini dans la piscine.
Dali expliquera qu'il l'a peinte parce que nous, les "spectateurs" avons besoin de quelque chose de familier à regarder. Malgré le temps (ce tableau à mon âge), je suis toujours sceptique et je me demande toujours pourquoi cette femme est là. Et qui est-elle réellement...Mystère!

Ensuite, Dali a expliqué aussi que ce tableau pouvait être divisé en 12 carrés égaux (4 lignes et 3 colonnes), chacun des carrés étant une peinture à part entière...

s_dali

Ce tableau est magnifique et je ne me lasse pas de le regarder, presque tous les jours. J'y vois tout le génie du maitre, ses tourmentes, ses réflexions et sa vision de la corrida. Mais j'y vois aussi la curiosité insatiable du maitre. Il avait une ouverture d'esprit et une soif d'apprendre à la hauteur de son extravagance.

Ce bonimenteur iconoclaste maitrisait l'art des facéties...Mais n'était pas aussi fou qu'il voulait bien le paraître...

12 mai 2008

Nick's movie

    Les indomptables ou comment Nicholas Ray voit s'éloigner le mythe westernien ...Western contemporain, peut-on d'ailleurs qualifier The lusty men de western, l'action se déroulant dans les années cinquante,le film fait partie à mon avis de toute une série de film qui de La horde sauvage à Impitoyable,et chacun de manière très différente ont contribué à magnifier et à solder l'Histoire. Version abatardie de la grande migration le circuit des rodéos est la toile sur laquelle Nicholas Ray fonde son récit.De cette façon on pourrait croire que survit l'Ouest légendaire mais ces feux de l'aréne ne durent jamais. vraiment longtemps pour ces hommes désargentés qui espèrent la fortune en caracolant à s'en rompre les os.La thématique de l'ascension sociale n'est pas éloignée de celle e la boxe dont on vient de parler;

   Les héros en sont cassés comme bien des personnages de Nicholas Ray.Fatigué et les yeux las comme il semble l'avoir toujours été le grand Bob,ancienne vedette du circuit,tente de se ranger du grand cirque souvent dérisoire,lui-même cheval de retour.Nul mieux que Mitchum pour arpenter les sables,mentor d'Arthur Kennedy,un peu son rival aux yeux de Susan Hayward.Par procuration le jeune cowboy connaîtra les blessures et l'Ouest,une fois de plus sera enterré,au milieu de tous ces hommes cherchant simplement une étoile un peu moins terne.Dans le fond le cinéma américain  raconte toujours la même histoire,une histoire d'hommes,de femmes,de dirty job et et de mauvais whisky.Avec Nicholas Ray c'est même très bien raconté.Très proche finalement des gars de la route,des hobos,de Bertha Boxcar et des pantins courageux d'On achève bien les chevaux.Infiniment noble,je n'en démordrai pas.

11 mai 2008

Nous avons vu un bon film ce soir

      Nous avons gagné ce soir(1949) est sans contestation le meilleur témoignage cinéma  sur le monde de la boxe.On en parle mais avant,ce petit rappel d'une note ancienne où j'en disais déjà beaucoup de bien.

Septième et Noble Art

  Le sport favori du cinéma est sans conteste la boxe. Très peu de films en effet ont pu utiliser le football,le cyclisme ou le tennis et en faire d'authentiques oeuvres fortes,émouvantes ou dérangeantes. La boxe par contre semble avoir été inventée pour le cinéma tant par sa chorégraphie très particulière que par son insertion dans le genre très codé du film noir et de l'affairisme. Sans prétendre à l'exhaustivité voici quelques impressions sur les riches heures de la boxe à l'écran, sans chronologie ni classement quelconque. Simplement des films qui font mouche,des directs au coeur. Le BagarreurLe Bagarreur (The streetfighter) de Walter Hill(75) est l'un des très rares bon films de Charles Bronson,excellent tableau d'une Amérique en crise où le combat de rue, orchestré, est l'une des voies de salut pour les chômeurs de l'époque.    

Nous avons gagné ce soir

Nous avons gagné ce soir(The set up)de Robert Wise (49)raconte le combat de trop d'un boxeur vieillissant quià la magouille privilégie l'honnêteté jusqu'à y laisser son gagne-pain.Ce film, modèle de concision, devrait inspirer bien des cinéastes modernes qui ne prennent jamais le temps de faire court. Robert Ryan,qui fut lui-même boxeur y est saisissant. Que j'aime ce cinéma de la sobriété!   

      

     Gentleman Jim(42) de Raoul Walsh avec Errol Flynn raconte l'irrésistible ascension de Jim Corbett, tout en truculence et avec le sourire.Une success story à l'américaine où Flynn,acteur physique plus fin qu'on ne le dit,s'en donne à coeur joie. Fat City Fat City(72) d'après Leonard Gardner,mis en scène par John Huston est une très belle histoire de rédemption d'un boxeur alcoolique(Stacy Keach) qui retrouve le goût de vivre en aidant un jeune champion(Jeff Bridges).Le thème de la passation des pouvoirs est récurrent dans nombre de films sur la boxe.

Citons encore pour le cinéma américain Plus dure sera la chute(The harder they fall) de Mark Robson(56) pour Bogart dans son dernier rôle avec là encore la rédemption d'un journaliste qui prend soin d'un boxeur analphabète. Et Sang et or(Body and soul) de Robert Rossen en 47 avec le génial John Garfield. En règle générale le cinéma américain a bien traité la boxe, mythe très Nouveau Monde s'accordant bien avec cet art somme toute récent qu'est le cinéma.

     On ne peut ignorer évidemment Raging Bull(1980),numéro de haut vol des sieurs Scorsese et De Niro qui  transpire son italo-américain par tous les pores et qui mérite un chapitre à lui seul.La saga de Rocky Balboa  vaut également un coup d'oeil au moins dans sa première mouture,élégante et naïve,honnête et démocrate.      

   Le tout dernier en date,Million dollar baby(2005) est l'un des meilleurs films de Clint Eastwood,d'après une nouvelle de F.X.Toole,extraite de La brûlure des cordes. Il brasse tous les thèmes chers à la boxe: ascension, abnégation,"paternité" du vieil entraîneur, chute et drame du combat qu'il ne faudrait pas livrer. Le fait qu'il s'agit d'une boxeuse n'en est qu'émotionnellement plus fort. Eastwood s'y connaît en fêlures assassines.

   Retour sur The set-up ou Nous avons gagné ce soir,ou pourquoi ce film est le plus passionnant parmi bien d'autres sur la boxe.Le film de Robert Wise est fascinant de maîtrise,précis comme un reportage sportif,mais ancré dans une réalité quotidienne bien loin du glamour des combats de haut niveau de Vegas ou du Madison Square Garden.The set-up se déroule pratiquement en temps réel,chose rarissime.Si bien des films ont eu pour cadre la boxe celui-ci est la boxe dans sa dureté et sa bassesse,avec ses courages,ses peurs et ses combines.Très peu alourdi par une intrigue parallèle,seule la femme de Stolker Thompson apparaissant, étrangère mais peu à peu dégoûtée par ce monde,le film va ses 80 minutes sans compromis, dans une petite ville américaine de 1949,un samedi soir ordinaire sur fond de jazz et de néons.C'est très beau,noir et profondément prolétaire,qualité qui exclut l'artifice.Un modèle.

   Robert Ryan,grand acteur buriné,est saississant de vérité,dans son honnêteté qui lui interdit la magouille.On est happé par l'ambiance du bien modeste vestiaire,sur la porte duquel les noms sont inscrits à la craie(on est loin des aristos ferrarisés du football).Voilà les boxeurs,Stolker,35 ans,fin de carrière très besogneuse,un autre qui commence à perdre ses esprits,un tout jeune paniqué,un noir qui espère l'ascension sociale.Le combat entre Thompson et Nelson est filmé dans son intégralité,quatre rounds sévères,cadré au plus près.Au fait,un détail,je n'aime pas la boxe.Et puis il y a le plus impressionnant dans Nous avons gagné ce soir:la salle et les spectateurs.Quelques mots sur ces derniers,hallucinante galerie.

    Un aveugle,qu'on devine ancien boxeur,se fait raconter par le menu et invective l'un puis l'autre des combattants(photo).Une femme d'âge mûr en fait autant,harpie,l'insulte à la bouche "Kill him!",comme on en voit dans nos stades parfois.Un grand nerveux et sa femme,lui mimant les coups et elle essayant de le calmer, finalement le plus sympa.Un obèse se goinfrant de pop corn et proche de l'orgasme,roulant des yeux.Le magouilleur en chef,sûr de lui,puis inquiet,puis furieux.Les deux amis deThompson et "courage,fuyons".Tout un petit monde,un peu interlope mais au petit pied,que pous allons quitter vers 22h30,lumières éteintes, règlements de compte et clignotant "Dreamland" au fronton.

9 mai 2008

J'peux vraiment pas les voir en peinture(2)

          J'peux vraiment pas les voir en peinture...sans que les couleurs du magicien Chagall ne me tourneboulent et le coeur et l'esprit.

    Marc Chagall(1887-1985),je l'ai découvert tard mais j'y reviens sans cesse pour me baigner dans ses bleus et ses cieux,marcher sur un violon ou taquiner une chèvre et faire comme l'a écrit son fils David McNeil dans ce si joli livre Quelques pas dans les pas d'un ange.Un très beau poème d'Aragon chanté par Ferrat s'appelle simplement Chagall.Quant à ce Violoniste bleu il pourrait bien être échappé d'une comédie musicale à la yiddish.

8 mai 2008

Mères et fils

                                        

           A l'ami Yvon pour deux ans de chroniques irlandaises et plus largement littéraires,que je visite si souvent. Anniversaire!

      On aura du mal à me convaincre que L'épaisseur des âmes transcrit correctement le titre irlandais Mothers and sons pour ce très beau recueil de nouvelles de Colm Toibin,dont j'au lu les,tous excellents,Le bateau-phare de Blackwater,Désormais notre exil,La bruyère incendiéee et Le maître Cher Maître . Composé de neuf histoires qui opposent une mère et un fils ce livre tisse une trame très fine sur ces rapports passionnels,jamais outrancièrement,plutôt musique de chambre qu'opéra wagnérien.Souvent en quelques phrases vers la fin de la nouvelle,pas à la Tennessee Williams à grand renfort de psychanalyse pesante,mais ponctuant une approche très sobre de la problématique familiale dans une Irlande moderne, pas trop cependant pour oublier la grande Histoire de ce pays.J'en citerai quelques-unes,ce livre confirmant la vitalité et la logique créative de ColmToibin.

  Un prêtre dans la famille,le terrible désarroi d'une dame âgée dont le fils,prêtre,vient d'avouer les pires perversions.En une vingtaine de pages,un affrontement qui n'en est pas un,et la dignité,au-delà,la dignité...

   Famous blue raincoat,revoilà ce vieil imper bleu de Leonard Cohen,pour une variation sur les années folk et un ado qui décide de compiler en CD les vieux enregistrements de sa mère et de sa tante,du côté de Fairport Convention.Bouleversant témoignage sur ces années et les traces des aiguilles.C'est douloureux, sobre et intense.

              Sept pages suffisent pour faire Un trajet,une mère ramène son fils dépressif au chevet de son père.Ecrire si bien et si serré laisse rêveur.Et Une chanson finit par les presque retrouvailles entre Noel et sa mère, celle-ci chantant une déchirante ballade,dans un pub, peut-être pour lui tout seul.Je vous laisse découvrir ce bien beau recueil dont une ou deux nouvelles m'ont cependant laissé de glace.C'est mieux ainsi,je ne gôute pas trop la perfection.

 

7 mai 2008

Une chanson:Matthew and son

 

  Il est bien sûr admis en général que le Cat Stevens,délicat folk-singer,celui des Lady d'Arbanville,Wild world,Sad Lisa,le magnifique Father and son,est de loin le meilleur.Et pourtant si vous saviez la tendresse que j'ai pour ce qui fut,je crois,son deuxième disque. Matthew and son est un tube pop,délicieux et inaltérable,avec violons et cuivres,récit ironique de la journée d'un employé de bureau à la City.Puis en 68 Cat Stevens tomba sérieusement malade et le chanteur à la mode qu'on pouvait croire un peu superficiel fit place à un jeune homme grave penché sur des oeuvres plus sombres,souvent très belles.Je ne reviendrai pas sur les choix ultérieurs de Cat Stevens ou certaines de ses déclarations.Mais qu'est-ce que j'aimais bien Matthew and son!Epoque où l'on ne se  croyait pas encore obligé de donner des leçons,j'ai aimé cet éloge de la légèreté,souvent moins anodin qu'on ne le pense.

http://www.youtube.com/watch?v=4lFqtJRmjIo

  Up at eight,you can't be late,for Matthew and son,they won't wait!

1 mai 2008

Une zombie féline amoureuse d'un léopard

         Coming soon...une passionnante et définitive et modeste réflexion sur la trilogie de Jacques Tourneur qui rester le seul grand metteur en scène américain à être mort à Bergerac.Vaudou ne dure que 68 minutes et comme j'aimerais que nombre de bavards cinématographiques s'inspirent de cette brièveté.Un peu plus d'une heure pour aller à l'essentiel.Acteurs peu connus,budgets moyens mais un producteur éclairé,attiré par l'occultisme,Val Lewton,qui permettra la réalisation de cette trilogie pour le compte de la RKO.Alliance de poésie et de précision,Vaudou laisse sourdre le culte antillais progressivement sur fond de percussions nocturnes et entêtantes.Un magnifique symbole,la figure de proue figurant les mânes des ancêtres esclaves,marque notamment le film, fantômatique à souhait et traversé par les rictus des officiants,et le cri des crapauds et des chouettes.Vaudou est une vraie perle et laisse au spectateur sa part de libre arbitre et de re-création.Jamais le cinéma fantastique n'est aussi beau que lorsqu'il se contente d'effleurer la main de ce spectateur,à l'opposé des marchands de voyeurisme.

  Une ville frontalière ou presque,au Nouveau-Mexique,impératif pour le climat étouffant et la moiteur des nuits du Sud.Un cabaret peu glorieux et un félin en laisse.Nous sommes pourtant loin du scintillant Mr.Bébé de Howard Hawks.Le léopard de JacquesTourneur n'est qu'une modeste attraction de foire mais sa disparition va entraîner quelques meurtres de femmes,jeunes et aux abois.Film sans effets spéciaux L'homme léopard est une vraie pépite sertie dans sa concision et ses décors classiques mais éloquents.Un musée poussiéreux et son conservateur trouble,une rue d'où jaillissent dans la nuit des appels de mères inquiètes,un cimetière qui sent son Mexique si proche avec son culte des morts si omniprésent.Voilà quelques éléments que le noir et blanc du metteur en scène enchaîne parfaitement,faisant de cette histoire digne des dime novels,romans à deux sous,une pièce maîtresse de ce cinéma où rode la mort,de noir vêtue,comme en une gravure ancienne enluminée par un maître artisan.Souvent considéré comme le maillon faible de la trilogie ce n'est absolument pas mon point de vue et c'est fort bien expliqué dans les bonus de ce beau coffret.

       La féline reste le plus connu et finalement le moins surprenant peut-être parce que vu plusieurs fois. Surement aussi parce que les codes du genre sont hyperclassiques dans cette histoire d'attraction répulsion qu'éprouve Irena pour la panthère,ceci en liaison avec une histoire légendaire venant des confins de la Serbie.A noter que les Balkans ici évoqués font immanquablement penser aux Carpathes d'un certain comte bien connu des amateurs.Le noir couleur panthère va tout de même très bien à jacques Tourneur dans ce manège qui conduit immanquablement l'héroïne devant la cage du fauve,l'actrice française Simone Simon lui donnant un petit cachet vieille Europe très appréciable.L'ensemble de ces trois films forme effectivement une véritable cohérence,tournée en quelques mois,avec certains acteurs récurrents,et gagne à être vue dans son intégralité.J'ajoute que le coffret Montparnasse est beau et que l'intervention de Patrick Brion sur le rôle du producteur Val Lewton est limpide.

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