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31 mars 2007

Le médecin et le yakuza

    L'ange ivre(1948) est l'un des premiers films d'Akira Kurosawa.Cinéaste des bas-fonds de l'après-guerre japonaise l'attirance pour cette frange du peuple nippon ne le quittera jamais.Dans L'ange ivre la caméra revient souvent sur une sorte de marécage faisant office de déchetterie.Les personnages y passent tour à tour.On dirait que c'est le pays tout entier qui crache le sang comme le gangster soigné par le médecin alcoolique.Les rapports entre ce bandit qui ambitionne de devenir le parrain local et ce médecin qui fait de l'humanisme bourru sans le savoir sont parmi les plus beaux du si riche cinéma de Kurosawa.

  Dans l'Empire du Soleil Levant de 1948,post-apocalyptique comme presque tout le cinéma japonais les dancings ressemblent à ceux de Chicago et les voyous pourraient sortir d'un film de Scorsese,par ailleurs grand admirateur de Kurosawa.Les personnages féminins ne sont pas sacrifiés,surout la jeune fille en voie de guérison,très fraîche et enjouée.C'est bien sûr l'affrontement des deux hommes:le yakuza qui finit par douter et le toubib plein de bonne volonté faillible qui crée la tension et les scansions de L'ange ivre.C'est aussi le premier rôle de Toshiro Mifune chez Kurosawa.Les deux hommes ne se quitteront plus et Mifune deviendra le seul acteur nippon connu en Europe.Son jeu,assez occidentalisé,me fait penser à Brando pour le côté chien fou et à Gassman pour le côté hableur.Pardon pour ce raccourci.

   Le marécage,symbole d'un Japon perdant et perdu, permet à Kurosawa des plans splendides aux accords d'un guitariste dans l'ombre.Je n'en citerai qu'un:le bandit, très affaibli par la tuberculose, est adossé contre l'un des rares arbres du cloaque.L'arbre est rachitique et l'homme,voûté de douleur,ressemble à un chômeur italien culpabilisant.Quel compliment!

   

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31 mars 2007

Incunable

    

    A mes amis blogueurs je voudrais dire que là on change de catégorie.Oubliez tout ce que j'ai pu lire, voir, écouter, écrire ou chroniquer ici même.Nous atteignons avec cette rareté littéraire des rivages insoupçonnés où le génie le dispute à la grâce.Ce pavé de 40 pages est un recueil de poésies d'une telle qualité que Baudelaire est renvoyé à ses traductions d'Edgar Poe,Rimbaud à la pêche en Meuse,et Verlaine à sa chère fée verte.Même mon cher Nerval se serait pendu Rue de la Vieille Poterne parce que,féru de fantastamagorie et d'occultisme,il aurait eu la primeur du Spectateur triste et n'aurait pu supporter de n'avoir écrit que Les filles du feu,Chimères,Aurélia et autres billevesées.

   Ce livre à nul autre semblable nous emmène sur les rives du Septième Art en évitant les écueils de la banalité et les brisants du cliché.Une oeuvre dantesque que l'on ne risque pas d'oublier tant la richesse en est multiple.Composée d'au moins... quatorze ou peut-être même quinze odes au rêve,à la beauté et à la nostalgie cette perle méconnue est ce que j'ai lu de plus mémorable et j'aimerais contribuer modestement à faire connaître un si grand écrivain.

   Bien sûr toute médaille a son revers et vous vous doutez que ce panthéon n'est par sa rareté incandescente pas accessible à tous.Les quelques exemplaires subsistant se négocient aux environs de 1250 euros bien que l'auteur ait,sous toutes réserves,déclaré préférer être payé en dollars de Brunéi. Excentricité d'un génie certainement, caprice de celui qui fut un jeune auteur ignoré.A propos que sait on de cet écrivain?Peu de choses en vérité.Discret comme J.D.Salinger on pense qu'il vouerait un culte à un acteur américain tabacomane et alcoolique ayant notamment interprété deux célèbres privés.Mais peut-être tout cela n'est-il que pures supputations et rumeurs infondées.Il semble cependant acquis qu'il n'est plus très jeune,mais toujours ignoré et qu'on n'est pas forcé d'être sûr qu'il entre dans la catégorie des auteurs.

   Vous ayant probablement mis l'eau(ou le gin)à la bouche je vous engage à rogner sur vos achats de livres, disques, etc... pour être en mesure de vous procurer cet incunable. Le capital étant énorme je peux essayer,ayant une idée du personnage,de vous faire parvenir ce superbe ouvrage,futur fleuron de votre bibliothèque,pour la modique somme de ... trois timbres-poste  ordinaires.Il vous suffit de m'écrire un courriel et de me donner votre adresse.L'illustre et cher Maître acceptera éventuellement de les dédicacer.Je crois qu'il a un peu d'humour.

31 mars 2007

Tourbillon dans le Sud

     Moins connu et plus tardif que ses deux plus grands succès Les fous du roi et L'esclave libre tous deux portés à l'écran Un endroit où aller virevolte dans le Sud américain,cette terre qui colle à l'oeuvre de Robert Penn Warren(1905-1989).Mais le Sud de Warren ne suffit pas à son héros en tant que pays natal.Il agit au long de la vie de Jed Tewksbury comme un personnage récurrent à part entière.Parti d'une misérable bourgade d'Alabama il deviendra un brillant universitaire cotoyant le beau monde et Rozelle,l'amour de sa vie,qu'il retrouvera à plusieurs reprises.

   Il ya de très beaux passages dans Un endroit où aller,parfois drôlatiques quand Jed se remémore la mort rocambolesque et grotesque de son père.Parfois émouvants:les lettres laborieuses de sa mère qui lui avait ordonné de quitter ce bled de Dugton,au risque de ne jamais le revoir.La guerre en Italie,l'université de Chicago,les amours compulsives avec Rozelle,la naissance de son fils parsèment la progression de Jed dans cette "vita americana" que le lecteur peine quelquefois à bien pénétrer.C'est que la Terre d'Amérique cèle toujours une part d'elle-même à des yeux européens.

   C'est l'un des derniers livres de Robert Penn Warren et il aurait gagné,me semble-t-il,à être un peu resserré.Une grande plume américaine parmi tant d'autres.C'est aussi ça l'Amérique,foisonnante et,quand il s'agit d'auteurs de cette trempe,pas loin d'être au meilleur de sa forme.Penn Warren est aussi un très grand poète deux fois Prix Pullitzer.

   

29 mars 2007

La nuit melvillienne

   La nuit est parisienne.Couleur Paris ascenseur nocturne,avec boîte de nuit,pianiste et voitures se garant facilement.La nuit est melvillienne et sait écouter en faisant peu de bruit.La nuit et l'aube suivante sont reptiliennes quand l'homme à l'imperméable se fond dans le décor métropolitain dans un film bleuté, improbable et magique mariage entre Bresson,le film noir américain et la rigueur japonaise.

   Le samouraï,particulièrement peu bavard,est d'une extraordinaire maîtrise,flagrante démonstration d'une caméra qui épouse la chorégraphie de Delon,qui évolue dans le film comme une sorte de Noureev du banditisme.Froideur et décision,mutisme et comme une espèce de sensualité féline et insolente font du personnage de Jeff Costello le sobre et sombre héros d'un chef-d'oeuvre noir et glacial qui m'évoque presque l'art martial.

  Il est des films hableurs et beaux parleurs.Le samouraï est un film silencieux,à,l'écoute de la ville et de ses pièges.Le chasseur sait qu'il est aussi la proie.C'est fascinant.Melvile et Delon feront ensuite Le cercle rouge et Un flic.Deux très bons films.Qui n'auront pas tout à fait la grâce du Samouraï.

25 mars 2007

Réinsertion difficile(vieux débat)

    Deuxième film américain de Fritz Lang,J'ai le droit de vivre(You only live once,1937) n'est pas si éloigné de Fury,magistrale démonstration de le violence ordinaire des citoyens,proche d'un totalitarisme que Lang avait fui peu de temps avant.Henry Fonda,souvent honnête homme et idéaliste du cinéma américain y campe un type ordinaire sorti de taule après avoir payé sa dette selon la formule.La société ne l'entend pas de cette oreille et hôteliers apeurés,employeur réactionnaire,et anciens codétenus lui rendent vite la vie impossible.

   J'ai le droit de vivre

    Il y a les figures classiques du film démocrate:prêtre courageux,avocat dévoué et désintéressé,et même un épouse parfaite.Il semble que Fritz Lang se soit très vite adapté,preuve de la grande capacité de cet homme à transcender les systèmes.Le succès sera au rendez-vous de ses deux premiers films américains puis cela se gâtera comme l'explique le grand languien Chabrol dans ce DVD.Pourtant et je l'ai déjà souligné dans une note sur les westerns de Fritz Lang il y a continuité dans toute l'oeuvre du géant viennois.Depuis Les Araignées et Les espions jusqu'à l'ultime Mabuse(1960) il est question du pouvoir politique ou judiciaire,du mensonge d'état et de victimes broyées,victimes souvent loin d'être très innocentes.Fonda comme Tracy dans Fury passerait assez vite la frontière du meurtre de même que s'érige dans la ville la pègre pour traque et juger M.le Maudit.Nous avons tous deux visages. Simplement certains parviennent presque à n'en montrer qu'un.

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25 mars 2007

Tiens,une charade littéraire,quelle surprise

       

??? Quel auteur,quels  titres et d'abord combien de titres(2,3,4,ou 5)?

24 mars 2007

J'ai oublié de me souvenir de l'oublier

L'ignorance

   Thom m'a convaincu de lire Kundera.L'univers de Milan Kundera m'était étranger.Ca tombe bien car L'ignorance parle de l'exil et surtout du retour et la figure tutélaire d'Ulysse traverse ce récit,emblême des retrouvailles difficiles dans son île d'Ithaque.L'Ithaque de Josef et Irena c'est la Prague d'après la Révolution de Velours.J'ai du mal à trouver les mots pour dire mon sentiment devant L'ignorance mais le voyage vaut la peine.

   Que retrouve-t-on après tant d'années d'absence,tant de boulevesements,la chute des différents murs et souvent l'édification d'un autre mur,celui de l'incompréhension?Quand le départ a été mal compris les retrouvailles ne peuvent qu'être superficielles et désillusionnées.Kundera procède par courtes captations-chapitres et certaines phrases sont déchirantes sans jamais d'outrances.C'est manifestement la preuve d'un talent immense pour un auteur qui écrit maintenant en français.La relation brève et intense que vont vivre Josef et Irena,dont le premier n'est même pas sûr de reconnaître la seconde,est véritablement un enchantement qui tient en quelques pages.L'ignorance de son prénom,c'est quand même vertigineux,non.

  Et si le destin de l'homme après sa mort était celle de ce grand poète islandais que l'on a cru exhumer d'un cimetière de Copenhague pour le transférer en terre d'Islande alors qu'on avait en fait déterré un boucher danois.Ces variations,ces courtes digressions émaillent le récit de Kundera et lui donnent beaucoup de véracité.Et ces quelques pages sur Schönberg,sur la musique devenue bruit me semblent d'une évidence démoralisante tant la musique est souvent devenue effectivement subie.Thom l'a très bien décrit et je vous y renvoie:ce court roman très littéraire est aussi d'une portée universelle sur l'identité et l'idée de patrie au sens très large.Je crois que quelqu'un venu de l'autre côté du Rideau était le mieux placé pour l'exprimer.

   

24 mars 2007

Pleutres,pitoyables,pathétiques,géniaux

Dino Risi est le maître de la comédie italienne florissante.Il n'est pas le seul et Monicelli, Comencini,encore de ce monde également lui ont donné ses titres de gloire.La marche sur Rome(1962) reprend le thème de la "débrouillardise" en temps de guerre ou de révolution.Je vois dans ce registre une trilogie formidable.La grande guerre de Monicelli(59) nous emmène dans le sillage d'un duo d'enfer Gassman-Sordi,ces extraordinaires histrions capables de vendre des cotillons le jour des obsèques.Fainéants de première,Pieds Nickelés à la transalpine,les deux hurluberlus se verront magnifiés et comble d'ironie pour ces profiteurs,mourront héros de la Résistance.On sait que l'irruption du tragique dans le burlesque est l'essentiel de ces comédies féroces et que le destin d'Oreste et Giovanni se conjuguera par le petit bout de la lorgnette dans la grande histoire italienne.

La Grande guerre    La grande pagaille de Comencini(60) avec un Sordi ébouriffant nous installe dans le climat de déréliction qui suit la destitution du sympathique Mussolini.Officiers, sous-officiers,soldats,civils cherchent à rentrer à la maison(titre original Tutti a casa),éventuellement à retourner leur veste et surtout à sauver leur peau.Ce film remarquable suscite le rire mais aussi l'émotion et pas mal de réflexion sur la condition humaine et la limite très étroite entre la lâcheté et le courage qui sont parfois frères d'armes.

    Enfin La marche sur Rome narre l'avancée des "glorieux" fascistes en 1922 vers la capitale.Deux grands flandrins, anciens de 14-18,Gassman et Tognazzi,prennent le train en marche et se couvrent de gloire entre vols de poules, courageuses administrations d'huile de ricin aux opposants,planques minables jusqu'au jour miraculeux où ils sont pris pour des dignitaires.Peu importe la cause de ces dignitaires,l'important est de s'en sortir.

   On cherchera vainement l'équivalent ailleurs de ces films où les héros sont des cossards sympathiques, pas tout à fait affreux,pas tout à fait méchants.L'Italie a toujours su se moquer de sa propre histoire particulièrement à travers son cinéma.Grazie Signore Monicelli,Comencini,Risi.

20 mars 2007

Et de Hongrie soufflent les braises incandescentes

   

          Sandor Marai,magnifique écrivain hongrois,s'est suicidé en Amérique en 1989.Il avait 89 ans.Claude Rich et Bernard Verley avaient joué il y a trois ans l'adaptation théâtrale de son roman Les braises.Ce livre est dans la lignée de ces écrivains d'Europe Centrale ayant vécu la bascule du siècle en cette monarchie austro-hongroise qui vit éclore et souvent fuir les meilleurs intellectuels,mais vous connaissez déjà Arthur Schnitzler,Stefan Zweig,Joseph Roth.En son château le vieux général attend son ancien condisciple qu'il n' a pas revu depuis quarante ans.Mais le monde qui avait réuni leurs jeunesses n'existe plus.Comme enfermé dans son palais le vieux général n' a pas su comprendre le siècle.Son vieil ami,voyageur et homme d'affaires,l'a-t-il mieux saisi au moment où ils se retrouvent dans le salon où rougeoient les braises de leurs souvenirs?Sandor Marai est un écrivain de l'attente et des silences dans cette Europe où les esprits ont perdu leurs repères.Oserai-je citer encore Buzzati si je ne craignais de m'entendre dire qu'il me faut tuer Dino en un sain exorcisme.Les braises c'est un voyage dans l'insondable et impossible amitié de deux hommes que tout a séparés et qui ne sont plus guère eux-mêmes que vestiges.Comme les restes du Guépard sur les ruines de la vieille Europe.

 

 

   

         Mémoires de Hongrie est le récit que fait Sandor Marai de la fin de la guerre.Ecrit en 1970 ce récit narre le changement de propriétaire de la maison Hongrie" en 44.Résistant antifasciste avant la guerre puis ennemi de classe lors de l'arrivée des Soviétiques,ce grand intellectuel bourgeois éclairé aura eu du mal,bien du mal,à être simplement hongrois.Comprenant qu'aux noirs assassins succédaient en un fondu enchaîné, très enchaîné,les rouges égorgeurs,Sandor Marai qui savait que l'humanisme deux fois étranglé devrait attendre bien des années,décida de partir en 48:"Pour la première fois de ma vie,j'éprouvais un terrible sentiment d'angoisse.Je venais de comprendre que j'étais libre.Je fus saisi de peur".Et comme l'on partage cette crainte chez cet homme de haute culture et de tradition,détaché de toute idée préconçue.Albin Michel qui édite ces deux livres sort en ce moment même Métamorphoses d'un mariage.Vous imaginez comme cela me tente de découvrir une autre oeuvre de cet auteur lucide,courageux et embrasé.Cette grande voix de la littérature européenne s'est tue volontairement.Le grand âge lui avait-il rendu l'espoir et apaisé sa peur des barbaries?

17 mars 2007

Une chanson:Lil' Red Riding Hood

20th Century Masters - The Millennium Collection: The Best of Sam the Sham & the Pharao

    Domingo Samudio est,semble-t-il,devenu pasteur.Ce nom ne doit plus dire grand-chose à personne.Mais en 65 déguisé en fakir et tournant souvent dans un corbillard accompagné des Pharaons Sam l'Imposteur commit un tube gigantesque et toujours aussi pimpant.Ca commençait comme ça:"One,two,three,quattro" et c'était Wooly Bully.On ignore que le groupe eut quelques autres succès sympathiques.Voici donc une histoire d'après un certain Charles Perrault que je trouve très réussie.A noter que Big Bopper qui avait créé cette chanson était l'un des trois pionniers morts le 2 février 59 dans le premier pépin majeur de l'histoire du rock avec Ritchie et Buddy.

  http://www.youtube.com/watch?v=K4jthByzwfU  Tirez la chevillette!

9 mars 2007

Le douloureux cinéma de Zurlini

La fille à la valiseZurlini n'a fait que peu de films.Je voudrais attirer l'attention sur ce metteur en scène rare et inspiré qui a signé en 60 le formidable La fille à la valise avec Claudia Cardinale et Jacques Perrin tous deux très jeunes. Une jeune provinciale est victime d'un beau parleur. C'est une situation fréquente au cinéma mais Aïda n'est pas de la race des victimes. Pas très éloigné de la Nouvelle Vague française cette réalisation est affranchie des séquelles du Néoralisme mort depuis quelques années. C'est le jeune frère du Don Juan qui va prendre en main le destin d'Aïda qui l'aidera à prendre conscience de la difficulté de devenir adulte et responsable. Ancré dans le social le film ne sera pas un succès commercial. Valerio Zurlini n'en aura jamais pourtant après sa mort on redécouvre la force de son cinéma.

    Journal intime (62) traite de la difficile fraternité entre Mastroianni l'aîné et Perrin le cadet. C'est un film absolument bouleversant de pudeur et d'ue étrange douleur qui nous humanise mais c'est là tout le cinéma de Zurlini, si personnel et si intime comme le titre.  A ne pas confondre avec l'homonyme film de Moretti remarquable lui aussi. On doit à Zurlini l'un des meilleurs rôles de Delon dans Le professeur dont le titre original se traduirait par La première nuit de tranquillité. Détrompez-vous, le cinéma de V.Z. est le contaire,inquiet, secret et obsédant comme sa courageuse adaptation si rarement diffusée du roman qui hante mes jours et mes nuits:Le désert des Tartares...

9 mars 2007

Familles je vous hais

   Mensonges,névroses,alcools,violences sont au coeur du théâtre de Tennessee Williams.On ne choisit pas sa famille et Thomas Lanier Williams a connu une vie familiale pour le moins heurtée.Père détesté et soeur aimée mais malade et lobotomisée.Chez Williams psy à tous les étages et plus encore dans ses pièces.Pièces que l'on est peut-être en droit de trouver fatiguantes et outrées.Pourtant un peu de détestation ne peut nuire.

   Richard Brooks a mis en scène deux fois T.W.:Doux oiseau de jeunesse et La chatte sur un toit brûlant tous deux avec Paul Newman jeune et très "underplaying".J'ai vu le deuxième qui est un film de braise,poisseux comme ce vieux Sud(Old Dixie) entre canicule et orage sur plantation.Les noirs n'y sont encore que des silhouettes et le cercle de famille nous y étouffe entre une belle-soeur prolifique et vénale,une mère éplorée devant son tyran de mari,ce "Père chéri" unanimement haï et une Liz Taylor pas très loin de Qui a peur de Virginia Woolf? Oscar du meilleur second rôle pour le whisky,très à l'aise dans son rôle de starter.

   Burl Ives,enveloppe d'Orson Welles et verbe à la Barrymore,est un parfait patriarche dans cette histoire d'une nuit dans le Sud,visqueuse et lubrique.Quelque chose en nous de Tennessee fait qu'on s'y sent finalement assez bien,comme en famille.

9 mars 2007

Une chanson:Come away Melinda

http://www.youtube.com/watch?v=Xlef9pDMssw

Come Away Melinda (a Collection Of Classic Ballads)  Come away Melinda.It's nothing,just a picture book,before they had the war.

   Voilà une chanson qui me fait toujours autant d'effet.N'ayant pas trouvé la version de Tim Rose,ma préférée,je vous propose celle du groupe Uriah Heep qui oeuvra jadis dans les eaux deep purpliennes en gros.De même que j'adore Stairway to heaven de Led Zeppelin  je trouve que les groupes tendance hard seventies sont parfois très à l'aise dans la ballade.Ils confèrent à cette si jolie chanson pacifiste une rage magnifiée.Qu'en pensez vous?

9 mars 2007

Cleo,Paris et le temps qui passe

   Je n'avais jamais vu le film qui révéla Agnès Varda.Il date de 61 et j'ai bien aimé ce noir et blanc(sauf le prologue couleurs).Puisqu'il faut toujours ranger un peu les oeuvres,juste un peu,disons que c'est un Demy Godard.Affirmation abusive?Jeu de mots facile?Voyons!

  On sait que Cleo de 5 à 7 se passe en temps réel.Cleo, jeune femme assez libre attend dans les rues de Paris les résultats de ses analyses biologiques et craint le pire.On assiste à ses répétitions car elle est chanteuse(Michel Legrand est bien sûr son pianiste),à un bref baiser de son amant trop occupé,à sa conversation avec une amie qui pose pour un sculpteur.Mais le temps passe,ce drôle de temps auquel nous sommes ou serons un jour confrontés.Ce temps entre deux eaux,où les bruits de la ville nous semblent insupportables et délicieux,où les autres ont l'impudeur de boire un verre,de travailler,d'aimer,de vivre.Putain comme elle peut être odieuse la vie des autres,odieuse du seul fait d'exister,cette vie.

  Mais Cleo n'est pas un film triste ou larmoyant et l'on sent bien là la combattante féministe Agnès Varda car son personnage ne s'en laisse pas conter.Proche de son mari Jacques Demy par l'importance des notes musicales qui parsèment cette heure et demi Cleo de 5 à 7 est aussi un film compagnon de route de la Nouvelle Vague.Je sais qu'Agnès Varda s'en défend mais la liberté du ton,le naturel,les acteurs peu professionnels,Paris même rôle majeur du film donnent à ce film une sorte d'estampille NV. bien sympathique d'ailleurs.Et au rayon des clins d'oeil,film dans le film,Godard lui-même joue avec Karina le duo d'amoureux du court métrage burlesque projeté au cinéma.On sait la tendresse de Varda pour les courts.Film époustouflant de vie Cleo de 5 à 7 mérite une place très particulière dans le cinéma français.N'oublions pas Corinne Marchand,une Cleo désarmante,irritante et...vivante.

7 mars 2007

Le dernier Ferry

Dylanesque http://www.youtube.com/watch?v=GhrH7CuqWzo

Les chansons de Dylan sont une mine et depuis longtemps,se prêtant à de multiples adaptations.L'univers de l'ancien leader de Roxy Music,qui trimballe depuis des décennies une image de glamour-rock-crooner-enjôleur(mais tout cela de qualité) semble à des lieues du Zim et pourtant ce serait mal connaître la richesse des compos de Dylan et la souplesse du brillant Bryan.Celui-ci déjà interprète de nombreux standards(écoutez As time goes by,de Casablanca par exemple) s'est parfaitement réapproprié les mélodies dylanesques.

   De vieux complices,Chris Spedding,Brian Eno bien sûr,Paul Carrack,Robin Trower sont à ses côtés.Pas précisément des perdreaux de l'année mais des pointures.Bryan Ferry a mélangé des titre très connus,All along the watchtower,The times they are a-changin',Knockin on Heaven's Door et d'autres moins célèbres et à découvrir.Mais Dylan a ses thuriféraires,incollables sur ses enregistrements et qui,je l'espère,aimeront les versions de Bryan Ferry.Peu importe,une chanson est faite pour être entendue et ma foi,Bryan Ferry n'est pas le plus mal placé pour être notre guide en Dylanie.

5 mars 2007

Sandro

   Ne pas se fier à ce titre digne d'une collection fleur bleue.J'en profite pour dire que je n'ai aucun mépris pour ces lectures car je pense que le seul fait de se plonger dans les pages d'un roman fût-il dit de gare est déjà un voyage.Sandro Veronesi m'était inconnu mais le Domaine étranger de 10/18 m'a déjà donné tant de bonnes surprises que je n'hésite guère à me lancer dans une nouvelle rencontre littéraire.Bien m'en a pris car La force du passé est un roman étonnant et interrogatif.Un auteur à succès de livres pour la jeunesse voit soudain l'irruption curieuse dans sa vie d'un personnage bizarre qui prétend avoir bien connu son père qui vient de mourir.Et cet homme lui livre un secret.Le père de Sandro,ultra-conservateur notoire était en fait un espion russe.A partir de là Sandro va vivre quelques jours difficiles dans l'attente d'une vérité.Mais quelle vérité?

   Tout au long du livre court ainsi ce mystère sur le passé qui bouleverse le quotidien de Gianni pour lequel les moindres incidents deviennent d'éventuels signes,indices d'hypothétiques évènements antérieurs qui auraient pu se dérouler.On est dans un domaine à la lisière d'un fantastique ordinaire et moderne,pas si étranger à mon avis à certaines nouvelles de mon écrivain préféré Dino Buzzati,déjà souvent cité.Veronesi, probablement cinéphile,fait référence au cinéma d'une curieuse manière,peu confite en dévotions.Et puis la balade en scooter de Gianni dans Rome fait plus penser à Nanni Moretti et même à Woody Allen ,un Allen qui aurait émigré dans la ville éternelle et troqué ses taxis pour un vespa,qu'à Gregory Peck dans Vacances romaines.

  Né à Florence en 59 Sandro Veronesi a une formation d'architecte et de traducteur d'ouvrages américains.En 10/18,disponible également Les vagualâmes.

5 mars 2007

Burlesque intolérance

     

      1923.Keaton parodie D.W.Griffith et Intolérance en mélangeant la Préhistoire,Rome et le XX° Siècle en une heure cinq et trois histoires éternelles où triomphe l'amour.Il faut dire que Keaton avait joué sur les deux tableaux,se réservant le droit de distribuer Les trois âges soit en un seul long métrage soit en trois courts.Pour un film de 1923 il y a quelques effets spéciaux réussis(dinosaure).Et si ce film n'a pas tout à fait la plénitude du Mécano de la General,ou du Caméraman il recèle quelques trouvailles dont une course de chars(avant Ben Hur) qui a la particularité de se dérouler à Rome certes mais sous la neige,gagnée par Keaton qui a eu la bonne idée d'un attelage de chiens.Une partie de golf préhistorique et quelques anachronismes réjouissent le spectateur.Les quelques années qui suivront seront l'âge d'or de Buster Keaton que pour ma part je trouverai toujours d'une certaine sécheresse.

5 mars 2007

Ils sont morts droits dans leur bottes

Errol Flynn in Raoul Walsh's

Evidemment les films épiques de Walsh et Flynn peuvent être vus de deux manières.La plus simple:y voir un odieux bellicisme  avec la glorification des massacreurs de Peaux-Rouges et une réhabilitation de Custer et de sa modération(?).Cette vision ne m'intéresse pas,trop politiquement correcte comme on dit maintenant.

Bien plus intéressant il convient de replacer ce héros américain dans le contexte Guerre de Sécession et années suivantes.De même le film de Raoul Walsh(1941) fait-il lui aussi partie de l'Histoire maintenant comme est datée cette manie de traduire par un titre bien ronflant en français(La charge fantastique) cette oeuvre à l'appellation somme toute assez éloignée.Il faut dire qu'à l'époque on pensait que les spectateurs français avaient besoin de repéres simplistes(Chevauchée fantastique, Charge héroïque,Charge victorieuse,Poursuite infernale).Il fallait à l'évidence,du galop dans l'air.

Ce qui fait de La charge fantastique un classique c'est la parfaite aisance d'Errol Flynn au mieux de sa forme à mi-chemin entre le jeune officier rebelle et mauvais élève et la ganache,image que donnera de lui Custer,homme de l'Ouest, par exemple.Il émane de l'acteur une fougue et un charme qui font passer bien des turbulences.Raoul Walsh sait si bien utiliser chevaux et cavaliers et son sens de l'humour va de paire avec celui de l'action.Walsh a,rappelons,le une longue carrière derrière lui.Il a notamment retenu les leçons de Griffith.Alors,de grâce,prenons cette évocation de Custer comme une page de la légende sans s'arrêter à des convenances et au néo-conformisme ambiant qui oublie toujours,et je l'ai souvent répété,qu'un film "est" sa propre époque.

Silver River

Le vaillant ciné-club de France 3,très nocturne,a en outre proposé Gentleman Jim et La rivière d'argent du même Walsh avecle même Flynn.Truculence et ambition donc pour cette "anthotrilogie".

4 mars 2007

Une chanson:Stand by me

Stand By Me

Celle-là est vraiment très connue mais en ce moment un peu difficile pour moi et sur lequel je ne m'étendrai pas j'avais envie de l'écouter et de la dédier à quelqu'un qui refuse d'entendre maintenant ces mots si simples.

http://www.youtube.com/watch?v=FX--7gFHkU0 

4 mars 2007

Fiche le camp Jack

     Oh et puis non reste avec nous.C'est qu'on s'est habitué à toi,nous,depuis plus d'un siècle que tu nous distrais de tes sympathiques assassinats de prostituées dans ces délicieuses rues de Whitechapel.Nous aimons,nous,ces infâmes tenanciers de bordels,ces danseuse de cancans qui n'attendent que l'égorgement fatal dans ces brouillards  cinématographiques,non loin de bobbies incapables et de cochers de fiacres louchant d'un oeil torve sur les rares clientes pressées.Ah!Qui dira la poésie de ces nuits londoniennes où brille sous la lune la lame argentée d'un couteau bien acéré qui s'apprête à rendre justice à sa manière. 

    Selon les versions,my friend Jack,tu as été habile politicien,chirurgien renommé,surintendant de Scotland Yard,prince proche de la Couronne.Qui que tu sois Jack,on t'aime,nous les cinéphiles,de noir et blanc souvent vêtus comme les décors que tu hantes d'une chorégraphie de chair et d'os,cape et poignard,redingote frôlant les pavés luisants sous les pâles réverbères.Reste encore un peu Jack.

    La série B des producteurs Monty Berman et Robert S.Baker n'a aucune star à l'affiche,mais beaucoup de charme.Amis bloggers si le coeur vous en dit Jack vous donne rendez-vous par ailleurs.N'hésitez pas à vous rendre à ses invitations qui valent bien celles de ses descendances,Hannibal,Jason,Freddy et consorts.

From HellTime After Time Meurtre par décretA Study In Terror 

   The Lodger - A Story Of The London FogVols  Paris-Londres(aller simple)

Les guides sont respectivement Allen et Albert Hughes,Nicholas Meyer,Bob Clark,James Hill et Alfred Hitchcock.

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