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BLOGART(LA COMTESSE)
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31 octobre 2006

Le doute sous le portique

Rashomon(1950) est le film qui a révélé Akira Kurosawa à l'Occident.Le Japon put alors cinématographiquement relever la tête et l'on commença à découvrir la richesse de ce Septième Art nippon très spécifique et qui désarçonne parfois le spectateur européen.Adapté de deux récits d'un écrivain connu au Japon Rashomon est une réussite exemplaire de ce que j'appelle le cinéma de l'interrogation,vaguement affublé en France de l'adjectif pirandellien référence au grand dramaturge italien Pirandello auteur de A chacun sa vérité.

  Les protagonistes d'un meurtre témoignent tour à tour.Mais chaque version diffère bien entendu et les trois personnages réfugiés pour cause de pluie battante(il pleut souvent dans le cinéma japonais) se heurtent sur la vérité et sur la faillite de l'humanité bâtie sur le mensonge.Le bonze,le domestique et le bûcheron méditent sur la fragilité du vrai et la relativité des déclarations.Savamment orchestré d'une série de retours en arrière Rashomon met en relief des classiques de la littérature du pays,bandit,femme soumise(pas tant que ça,là encore il y a doute),samouraï.Couronné de récompenses Kurosawa a été gentiment accusé de calcul à l'exportation pour toucher enfin le public de l'Ouest.Peut-être pas faux mais qu'est-ce qu'on s'en moque.Cette porte de Kyoto ouvrait la voie pour une découverte passionnante:il y avait donc un cinéma aux confins de l'Asie.Et d'une complexité inattendue.

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30 octobre 2006

Une chanson:Legend of a mind

Legend of a mind est l'un des grands succès des Moody Blues,ce groupe à deux existences bien séparées sous un même nom.Les puristes préfèrent en général les premiers Moody Blues,très blues effectivement avec Go now,Bye bye bird,And my baby's gone.Et puis à l'occasion de changement de personnel le groupe devint subitement "le plus petit orchestre symphonique du monde".Il y eut en effet la révolution du mélotron,sorte d'ancêtre du synthé dont les Moodies furent parmi les premiers à se servir.Suivirent alors plusieurs albums de rock symphonique très agréables à défaut d'être très originaux dont le multimillionnaire Days of future passed avec son tube universel Nights in white satin,tout plein de flûtes et d'accords un peu lourds mais encore une fois bien plaisants quand même.Les disques qui vinrent alors furent plutôt de moins en moins inspirés sans être vraiment ratés.Et diminua le succès,dure loi du rock.J'ai choisi l'excellent Legend of a mind,extrait de In search of the lost chord.Musique planante puisque évoquant Timothy Leary dont l'influence sur la vie(et la mort)de nombre de légendes du rock n'est plus à démontrer.

http://www.youtube.com/watch?v=r_TbovyVOzs Ecoutez!   

30 octobre 2006

Le vieux monsieur qui ressemblait à mon père

Ceux qui me suivent un peu savent l'amour que je porte au Néoréalisme italien et à ses maîtres.Le film Umberto D.(51) est dédié par Vittorio de Sica à son père Umberto de Sica.Il n'y a pas tant de films dans l'histoire dont le héros soit un paisible retraité.En cela le Néoréalisme n'a jamais été égalé et je crois que l'état de grâce de ces films en symbiose avec un peuple,une époque,un pays restera une exception qui donne au cinéma ses titres de noblesse.Je parle là de la noblesse du coeur pour ces oeuvres consacrées aux humbles.Interprété,habité plutôt par Carlo Battisti qui était professeur,Umberto D. touche au plus profond de chacun de nous.Umberto c'est mon père et c'est le vôtre.C'est moi demain ou après-demain.De Sica ne désigne pas les coupables car le Néoréalisme ne s'est jamais érigé en procureur.Ce mouvement unique a simplement rendu le cinéma à la rue et à ses habitants,modestes retraités, chômeurs, femmes enceintes,sans logements, pêcheurs,petits voleurs, prêtres modestes,simplets de village.Ne vous privez pas de cette vingtaine de films inoubliables auxquels la Nouvelle Vague,le Free Cinema anglais,les cinémas du Tiers Monde émergent doivent tant.

Carlotta films qui présente ce DVD l'accompagne d'un formidable document canadien de 65 nommé Cinéma et vérité où interviennent,tous dans un français parfait,et d'une très haute culture, De Sica, Rossellini, Zavattini,Antonioni,Amidei,Castellani.On n'assiste pas à un cours de cinéma,non.On écoute ces intellectuels sentimentaux engagés modérés.Le contraire de nombre de têtes à claque à la vue basse qui donnent des leçons à qui,mieux mieux.

30 octobre 2006

Thank you Martin

Scorsese est exemplaire.Je ne parle pas du cinéaste dont l'éloge n'est plus à faire(mes préférés:Taxi driver,Les affranchis,After hours,A tombeau ouvert).Scorsese est exemplaire par la passion cinéphilique qu'il met à nous faire partager ses émotions de spectateur dans les deux fabuleux Voyages à l'intérieur des cinémas italien et américain.Il parle du néo-réalisme avec simplicité et sait nous faire toucher du doigt la beauté de ce cinéma-là.A recommander très fort à ceux qui voudraient s'initier à cette époque extraordinaire du plus beau cinéma du monde,ce cinéma de la rue en totale adéquation avec un pays,une histoire,un peuple.


Mais je veux parler du Scorsese passionné de musique,presque historien de la musique,qu'il nous restitue de différentes manières.Rappelons l'hommage à Broadway,NewYork,New York.Rappelons l'excellente captation du concert d'adieu de The Band:the Last Waltz avec ses prestigieux invités Dylan,Clapton,Young,Morrison,etc...



Rappelons aussi très récemment la belle collection de films sur le blues produite par Scorsese avec Clint Eastwood,Richard Pearce,Marc Levin.


Enfin No direction home:Bob Dylan,qui vient de sortir en DVD est un film à part entière de Martin Scorsese,évidemment un document de premier plan sur l'arrivée de Dylan dans le paysage musical américain et mondial.


Avec beaucoup de rigueur et des archives rares Scorsese resitue le phénomène Dylan au début des sixties,donnant la parole à Joan Baez,Pete Seeger,Liam Clancy,Allen Ginsberg et autres témoins ou complices du Robert Zimmerman acoustique de Blowin' in the wind,When the ship comes in,Mr.Tambourine Man,It ain't me babe et toutes les belles chansons de la première période.Les amateurs de Dylan comme les néophytes y découvriront  comment le petit gars du Minnesota s'est retrouvé sans vraiment le vouloir star du protest-song,puis pop-star internationale en ayant électrifié sa musique au grand dam de certains puristes criant à la trahison(images étonnantes de huées qui nous paraissent un peu ridicules aujourd'hui ,alors qu'un Springsteen peut à la fois passer une soirée de troubadour et une autre avec le E.Street Band).

Bob Dylan : Anthology Project - Édition 2 DVD

L'incompréhension entre Dylan et un certain public ne s'est jamais complètement démentie.Quarante ans plus tard Bob Dylan reste un mystère qui a su,voulu rester en dehors de toute véritable récupération y compris politiquement.Tout le monde connaît mal Dylan,un peu moins mal désormais grâce à Martin.Mais ce film se termine en 66.

A noter D.A.Pennebaker,ce génial documentariste apparaît dans No direction home.Il fut l'auteur en 67 de Don't look back,excellente analyse de Dylan sur scène lors de sa tournée anglaise de 65.

29 octobre 2006

Attention groupe rock cultissime

Culte ne suffit pas.Il faut parler de Tulsa Train comme d'une rareté,l'équivalent d'un manuscrit perdu,ou comme un élément des rouleaux de Qumran dans le monde du rock'n'roll.Groupe légendaire aux disques introuvables même en export clandestin.Météore resté pour moi plus important que  les Doors,Floyd ou les Byrds.Les initiés encore vivants comprendront.Souvenir indélébile,j'ai vu Tulsa Train,sur scène,en France.Je le jure.Mais que sait-on au juste de de ce quarteron magnifique,étoile filante de la fin des sixties?

Voilà le témoignage que je peux apporter.En fait Tulsa Train était un groupe français,le seul à avoir failli connaître une audience internationale.Ils jouaient dans une modeste Maison des Jeunes d'Ile-de France et c'était pour la réouverture de cette structure après mai 68 qui avait vu dans cette paisible bourgade de graves incidents.Je me souviens qu'un groupuscule avait été jusqu'à rayer le mot culture de son frontispice.Il me semble même que j'en avais fait partie.Tulsa Train avait copié son nom sur Jefferson Airplane,groupe phare de cette ère lointaine.On avait simplement changé la ville de Jefferson pour celle de Tulsa et l'avion en train.Génial.

Mis en scène sobrement dans le hall de la Maison le guitariste était monté sur la quatrième marche et l'organiste,un virtuose était un peu coincé contre les vestiaires.Le bassiste,de taille modeste mais arrogant pouvait laisser s'exprimer un batteur séduisant que s'arrachaient les adolescentes.Non il n'y a jamais eu de tee-shirts "I love Tulsa Train"Inutile de m'en demander.

Une foule nombreuse(43 personnes environ) se pressait frénétiquement .Le show commença.Inoubliable.Un an plus tard des types pourtant revenus de Woodstock pleuraient de rage d'avoir raté ça..D'entrée Phil(enfin Philippe) attaquait les riffs hargneux de Gloria,le célèbre tube de Van Morrison,qui,tient en deux accords,majestueusement relayés par Cal(enfin Claude)sur son orgue à trois octaves.La voix de Phil égrenant G,L,O,R,I,A, ponctuée des halètements de la basse de Reg(enfin Régis) résonne encore à mes oreilles de rocker

Deux autres accords,différents,pas très différents d'ailleurs et c'était une reprise de Hey Gyp que la voix rocailleuse et whiskieuse d'Eric Burdon le chanteur des Animals avait rendu célèbre et qui donnait à Sid(enfin Didier)l'occasion de cogner sur ses caisses.Version un peu autre,austère presque mais historique et que personne ne réécouterait de si tôt et pour cause.

Il y eut bien un troisième morceau mais la mémoire me fait défaut.Le public non plus ne tarda pas à faire défaut et tant mieux car Tulsa Train avait bien épuisé son répertoire.Nulle image,mêmepas argentique,nulle trace musicale même sur bandes magnétiques d'époque.Nul ne pourra jamais se faire une idée du fabuleux Tulsa Train qui restera gang maudit de la grande et belle  histoire de la musique rock.

Tulsa Train c'est pourtant ce que le rock a produit de mieux.Quatre copains à peu près incapables d'aligner trois notes mais que leur jeunesse avait conduits dans un grenier où,durant quelques mois,ils ont pu se prendre pour les Stones.J'en étais,bien sûr,et je salue mes vieux amis dont l'un est depuis longtemps drummer bien loin d'ici près de Keith Moon(Who) et John Bonham(Led Zeppelin).

Discographie,iconographie,bibliographie:inexistantes.Mais rêve et souvenir intacts..

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28 octobre 2006

L'or des limbes

L'or des limbes

 

Lorsque je chevauchais fatigué des vallées

Aux souvenirs de terre brûlée

De hasardeuses retrouvailles

En peines disséminées

Que les marais aux fétides haleines

Ne me quittaient déjà plus guère

Rendant mon souffle austère

Pareil à ces vieillards d’Occident

Dont le visage à lire rêvait de Thanatos

Il m’arriva une pâle matinée

Une sorcière probablement

A l’orée d’une noire forêt de tsugas à frémir

Percée des croassements des freux.

Sur un signe de la vieille les oiseaux

Ont soudain fait silence.

Il m’a semblé mais de cela je ne suis sûr

Qu’un tocsin a crevé l’écho

Du dernier village traversé

“Serait-ce l’heure de la grande rencontre?”

Songeai-je quand,hideuse et mortifère,

Son long bras s’est tendu

L’index vers le nord

D’un idiome inconnu à peine borborygme

Une voix sépulcrale m’intima le chemin

Des vêpres extrêmes de mes ans

Page de fin peut-être

De mon combat lassé

Impossible quête d’une lumière à partager

Il me fallait accomplir

Le dénouement et retrouver

Le marquisat des ombres.

L’autre versant des Monts Noirs

M’attendait ardu,et désolé de pierres

Etait-ce ainsi qu’il me fallait voguer

Vers le Styx qui nous guide tous

La grande solitude?

L’espoir m’était un bel étranger

Mes compagnons les mots que j’avais aimés

Jusqu’à les faire danser

Allaient donc me quitter

Pour valser à jamais

En outre-poésie

Je n’aurais donc rien été

Qu’une feuille dans la longue tempête

Aux nervures déjà presque effacées.

Mais la destinée s’avère parfois fugueuse

La camarde absente,

C’est une apparition céleste qui m’irradia

Inattendue dans ce pays fini

Mes yeux n’ont pas saisi

D’abord sa beauté rare

Il me sembla que son regard ne s’adressait

A rien ni personne,mais au delà

Aux personnages que l’on devine

En une étrange et interne vibration.

Puis comme le crépuscule devenait améthyste

Sa voix m’a touché,ferme et femme

Louve et reine,elle m’a aimé déjà

Bien avant mon rude réveil.

Et moi,buriné et perdant

Quand elle a pris ma main

J’ai compris qu’elle ne m’avait jamais laissé

Que la foudre nous avait pétrifiés

En une oeuvre à nous seuls

Qu’il nous restait à ériger

Au coeur des jungles et des déserts

Au miroir de notre passé

Chacun lié à l’autre

Au travers des chagrins réciproques

Elle,mon essence admirable,âpre et chaude

Et moi,en son sein,renaissant

Déjà à l’écriture

Une inspiration emplie d’elle...

Adieu les affres et les torpeurs

Son souffle maintenant

Caresse mon dos tendu qui s’apaise

Sous ses ongles,ses phalanges langoureuses

Et ses bras m’irradient

Quand nos intimes brûlures

Se findent dans la nuit torturée

Par nos jeux parfois striés de rires.

Son amplitude me dévore

Fasciné par ses rêves je sanglote

Déjà je ne suis digne d’elle

Déjà je l’ai blessée

Ma face noire se rebelle

Elle saura me guérir

Dieu,qu’elle m’inonde d’elle

A m’effrayer parfois!

Avant qu’elle ne s’envole

Sur un cheval magique

Libre et admirable

Je veux lui dire

"Deviens moi”

                 

28 octobre 2006

Une chanson:Days of Pearly Spencer

Days Of Pearly Spencer Début 68 je crois entre Canned Heat et Lovin' Spoonful nous arriva une chanson un peu étrange en même temps que parfaitement roublarde émanant d'un Irlandais découvert par l'imprésario de Van Morrison.Il nous fallut bien noter son nom typiquement écossais d'ailleurs car nous risquions de ne plus jamais en entendre parler.Et...c'était vrai.Mais rassurez vous,vous connaissez tous.J'aime toujours cette chanson,incorrigible que je suis,dont je sais maintenant qu'elle parle de chevaux de course,ce qui n'a rien de surprenant au pays vert de mes fantasmes.Days of Pearly Spencer,très astucieusement écrite,avait au moins deux originalités qui ont fait son succès planétaire:Le crescendo des violons très proche du Initials B.B. de Gainsbourg et la voix nasillarde psalmodiant comme dans un mégaphone.David McWilliams devait avoir juste après une demi-réussite,pas loin de l'auto-plagiat avec This side of Heaven,avant de tomber dans l'oubli.Mais il nous reste http://www.youtube.com/watch?v=4VDS8uArR0A

27 octobre 2006

Les implacables

Raoul Walsh,maître de l'action tambour battant,a vécu plusieurs vies et fréquenté entre autres David Wark Griffith,Erich von Stroheim et Pancho Villa.Autant dire que Walsh n'est pas un cinéaste de salon mais un buriné qui avait perdu un oeil sur le tournage de In old Oklahoma.Son complice préféré était Errol Flynn comme lui très à l'aise dans différentes activités  comme les femmes,la bagarre et le whisky.Mais c'est Clark Gable qui est le héros des Implacables(54).Gable n'est pas un héros westernien comme Wayne ou Stewart.Il vient plus de la comédie de séduction et n'est plus un jeune homme au milieu des années cinquante.

   Les implacables édité en DVD bénéficie d'un très beau scope restauré et l'on a grand plaisir à chevaucher près du grand troupeau de Robert Ryan que convoie Clark Gable en pays Sioux plein d'embûches.Le film est parcouru de pas mal de notes d'humour car la rivalité entre les deux homme n'a,elle,rien d'implacable.Jane Russell,égérie d'Howard Hughes,a ce qu'il fait d'appâts et de vulgarité chatoyante pour enchanter(au sens propre)le voyage.Le sévère homme d'affaires succombera en fait à une certaine admiration pour ce baroudeur de Gable:"Il est le seul homme que j'aie admiré,que tout gamin rêve de devenir et tout vieillard d'avoir été".Le personnage de Ben Allison que joue Gable rêve encore mais plus pour très longtemps.Bentôt ce sera l'ultime cow-boy,contemporain celui-là,des Misfits.A noter sur cette édition une présentation de Tavernier en petite forme et l'histoire de l'amitié entre Walsh et Flynn,sympathique et turbulente.

26 octobre 2006

Les ombres du Valois

Les ombres du Valois

 

Aux étangs émergeant d'une brume à damner

Quand le cerf coléreux de nos chemins cognait

Sa fureur et ses hargnes

Sous les hêtres et le ciel

Et qu'automne en ses eaux

Tendait les bras déjà

A ta douleur,toi,Nerval mon ami

Je sais que tu guettais

La lumière des lacs

Et Sylvie dansant sur les fougères...

De quel Orient rêvais-tu donc

Et quelles brûlures à tes yeux

Ont-elles pu t'emmener loin de Mortefontaine

Au tréfonds de ta nuit

Rue de la Vieille Lanterne

Par ce janvier glacé?

 

               Hommage à Gérard de Nerval(1808-1855) et à notre pays commun,ce beau Valois,berceau de la France Je crois que mon père l'aurait aimé,lui qui a tant arpenté ces sentiers romantiques.Salut,mon papa..

 

25 octobre 2006

Et vint l'automne

Et vint l'automne

 

Un jour nous guette,il est glacial

Même en juillet,même au soleil

Au ciel bleu traître à notre âme divaguante

Et au tumulte doux de l'eau fraîche

Un jour où le cercle de craie s'apprête

A nous vouer au deuil des amours

Des illusions,des amitiés.

Une image nous vient du grand hôpital blanc

Grosse de pressentiments

D'où nous vient ce voile gris

Et déjà c'est l'adieu à la Toscane

A l'Ouest irlandais,au blues du delta

Au piano de Prague

Un jour où c'est déja l'automne

Peut-être même le milieu de saison

La cruauté des vieux poèmes,jeunesse s'échappant

Et le rire de Lorena

Qui vit sans moi,qui vit ailleurs

Mais résonne encore son départ

J'aurais voulu danser plus loin

Même malhabile et rageant

Pourtant

S'il était encore temps mais oui...

Le lendemain hissse les voiles

Equipage au complet

Serai-je sur le pont aux larges alizés

Et d'autres bras m'attendent

Forcément,dites,forcément...

24 octobre 2006

Ophélie

Ophélie

 

Quatre rameurs vêtus de jaune

De leur geste modèle tracent la Meuse froide

Je remonte mon col, là, sur la passerelle

Le Mont Olympe, vert novembre

Semble se regarder

Narcisse en ces eaux noires

Trois cygnes s'y pavanent

J'aime leur arrogance

Près du moulin aux arches empierrées de neuf

Cet homme là, dit-on, chaussait des semelles de vent

L'homme de plusieurs vies

Des périssoires longent le corps si blanc

Ophélie la douce, sur le fleuve, plus qu'alanguie

Parmi lys et saulaies

Les coureurs que je croise,au tempo haletant

Me font un gentil signe

Je marche seul et les yeux secs

Le coeur presque calme              

               

23 octobre 2006

Le protocole de Procol

    We skipped the light fandango turned cartwheels 'cross the floor

    I was feeling kinda seasick but the crowd called out for more

    The room was humming harder as the ceiling flew away

    When we called out for another drink the waiter brought a tray

Vous n'avez pas compris les mots de Keith Reid.Moi non plus.Personne depuis 39 ans n'est dans la confidence. A whiter shade of pale reste un slow langoureux que moi-même,pas vraiment Fred Astaire, j'arrive à danser. Le fabuleux quintette Procol Harum peut vaguement se définir comme comportant un cinquième de fugues de Bach, un cinquième de soul music Otis Redding-Wilson Pickett, un cinquième d'influences Gospel, un cinquième de Chicago blues, un cinquième d'harmonies post-beatlesiennes, et un cinquième d'envolées lyriques proches de Pink Floyd.Té, ça fait six cinquièmes, mais ça dépend de la grosseur des cinquièmes. Encore faut-il y ajouter les poèmes de Keith Reid,parolier unique de toute l'oeuvre de Procol Harum.      

     Gary Brooker, maître d'oeuvre de Procol Harum et la dizaine de grands musiciens ont construit une carrière loin des classements et en marge des modes, et surtout tellement mieux que toutes les modes.Même des groupes comme Coldplay reconnaissent l'influence de Procol Harum. Détenteur d'une quasi-intégrale du groupe que je viens de redécouvrir après quelques années j'affirme qu'il s'agit là d'un des groupes majeurs qui ont façonné l'histoire du rock(Beatles,Stones,Byrds, Pink Floyd, Doors, U2)   

    Un magnifique DVD vient de sortir,Live at the Union Chapel,enregistré dans une église londonienne, laquelle sied parfaitement à la musique planante mais inspirée de P.H. harmonieuse et endiablée à la fois.On retrouve dans ce concert tant les symphoniques A whiter shade of pale, Homburg, Salty dog ,Conquistador que les très rock-blues Whisky train, Good Captain Clack, Simple sister. Bien sûr les gars de Procol Harum sont mobiles comme des menhirs mais la soirée est de qualité. La plupart des disques ont été réédités et je conseillerai peut-être par ordre d'entrée dans cet univers Grand Hotel, A salty dog et Broken barricades.    

              Exceptionnellement j'aimerais citer le site internet www.procolharum.com, remarquable, qui offre entre autres toutes les paroles si importantes des albums de Procol Harum.Elles sont d'une beauté à couper le souffle, lyriques et parfois noires.Et les auteurs en ont autorisé la publication intégrale.Bravo et merci.

23 octobre 2006

Dino

       J'ai "remonté" cette vieille note pour remercier l'ami Thom de sa découverte du Désert que je suis ravi de lui avoir inspiré avec d'autres.Thom est un amoureux des livres comme moi,de la musique rock comme moi et lui-même m'a souvent montré le chemin.C'est comme ça que j'aime le blog et non pas comme une somme de jugements péremptoires qui sonnent comme des diktats sous la plume de gens sûrs d'avoir raison.

      Il ne s'agit pas ici de l'ami Dean Martin,ce crooner enchanteur que par ailleurs j'adore mais du fabuleux écrivain italien Dino Buzzati(1906-1972) ,immortel auteur du Désert des Tartares, cette fable absurde sur la condition humaine à travers la carrière du Lieutenant Drogo qui attendra toute sa vie l'ennemi pour se couvrir de gloire.Et l'ennemi viendra quand Drogo quittera l'armée pour agoniser dans une chambre d'auberge.D'ailleurs est-on sûr que l'ennemi est là?Jacques Brel très impressionné par le roman  en a fait une chanson,Zangra,qui résume bien le propos de l'homme qui attend...Le cinéaste italien Valério Zurlini en a fait un film estimable en 1976,produit par Jacques Perrin lui aussi fanatique du livre.



      Mais Buzzati aussi un nouvelliste génial dont les"racconti" souvent très courts baignent dans un climat fantastique,poétique,toujours inquiétant. L'une d'entre elles symbolise bien l'ambiance: elle s'appelle Les Sept étages et narre l'hospitalisation du héros dans une clinique où les cas très bénins sont traités au rez-de-chaussée et les cas désespérés au septième étage. Evidemment le héros monte les étages malgré les dénégations des médecins quant à la gravité de son état. Plutôt angoissant,non...

     Principaux titres de ses recueils:Le régiment part à l'aube. Le K. Les nuits difficiles. En ce moment précis. L'écroulement de la Baliverna.Les sept messagers.Et trois autres romans : Barnabo des Montagnes. Le secret du Bosco Vecchio . Un amour.

     Il n'y a rien à jeter dans l'univers de Dino Buzzati.On peut s'y précipiter,lire une nouvelle au hasard ou monter au fort de Bastiani guetter les hordes des Tartares.

22 octobre 2006

De Vancouver

   

Je vous écris,Madame,de Vancouver

Vous-souvenez-vous,j'étais un homme de l'ouest 

Le miroir de ma chambre d'hôtel

Grimace un peu de cheveux gris 

Cela m'a pris du temps

Pour ne jamais vous oublier

Le Pacifique me repose

C'est que,Madame,depuis mortes saisons

Votre sourire colle aux pages de ces livres

Qui m'ont accompagné du Pont de Normandie

Le vent de l'estuaire nous avait blessés

Vous souvenez-vous

Ces embruns vous lacèrent-ils les pommettes

Comme la lame acide de nos souvenirs

Brûle et voile mon regard ainsi qu'au premier jour

Loin là-bas par delà l'océan qui sait ce que nous sommes.

21 octobre 2006

De noir

De noir vêtus

Central Park et l'obscène crépuscule du huit décembre

De noir vêtues

Michell,Eleonor Rigby et Lucy dans le ciel

De noir barré

Le double album si blanc

De brumes définie

Liverpool solitaire

De hardes grises maintenant

Les habits neufs de ma jeunesse

Le 8 décembre 2005(25 ans

20 octobre 2006

L'ombre de ton sourire

The shadow of your smile est un thème musical célèbre dont j'avais oublié qu'il était extrait du Chevalier des sables,ce joli film de Minnelli parmi ses derniers.The sandpiper flirte avec les limites du mélo,ce qui n'étonne pas de la part de Vincente Minnelli qui aime les couleurs flamboyantes comme les robes de Liz Taylor et les les complexes de culpabilité comme ceux de Richard Burton,clergyman ayant perdu sa flammme depuis longtemps sous les arrangements.

   Enième rencontre Burton-Taylor Le chevalier des sables est aussi l'histoire d'un rendez-vous manqué entre Taylor  peintre en marge sur les falaises de Big Sur,Californie,ce qui est une marge confortable pour une artiste sans succès et ce qui limite un peu la vraisemblance de la performance de comédienne,et Burton qui passe de la sécurité au tourment de manière tout à fait sobre et assez bouleversante.

   L'épouse modèle est Eva Marie Saint l'évanescente héroïne hitchcockienne pour qui je concède un faible.En peu de scènes et jamais à corps et à cris l'épouse conformiste et digne atteint finalement  une grande sensibilité. Il est parfois plus difficile de rester dans le rang.Vincente Minnelli filme ainsi les passions comme l'Océan qui n'a de Pacifique que le nom ressemblant en cela à l'âme humaine.

20 octobre 2006

L'ange douloureux

L'ange douloureux

 

L'ange douloureux qui m'accompagne

Comme en un ciel berlinois bleu de froid

En a vu avec moi au long de ces années d'errance

Son visage est souvent  pris de convulsion

Son sourire se glace

Devant ces cités indociles                     

Alors cet ange a peur et pour moi il s'alarme

De mes intolérances mais n'en dites rien

C'est un ange que n'épargnent ni colère ni ivresse

Et je crains qu'il ne me délaisse

Sa présence impresssionne et ses ailes m'enserrent

Pourtant cet ange a bien les yeux...d'un ange,pardi

Ce regard est si doux,je me sens prêt à m'y noyer

Mais la chute des anges est tellement osée

Que le fleuve sauvage nous tend ses bras furieux

Sa vallée s'est parfois avérée meurtrière

Il me vient à l'esprit...

Si le tumulte des eaux guerrières

Nous emportait très loin,là où s'endiablent

Les anges et leurs compagnons d'infortune.

                         

        Merci Mr.Marc Chagall

20 octobre 2006

Les Américains de Bass

Dans les monts LoyautésRick Bass a dédié ses premières nouvelles à Jim Harrison et c'est bien dans la lignée du gros ours moustachu chéri des Français que s'inscrit ce recueil Dans les Monts Loyauté.Souvenirs de jeunesse avec un oncle bringueur,boxeurs ratés dans des tripots,aventures au Montana sont quelques-uns des thèmes évoqués par Rick Bass.Il est bien dans la mouvance de cette merveilleuse littérature américaine libre où l'on croise Tom McGuane,Richard Hugo,Thomas Savage,Elwood Reid et bien d'autres.Des hommes tout autant que des auteurs qui hantent plus les rivières à truites que les cocktails newyorkais.

Ce courant se caractérise par une respiration qui,bien que très actuelle,fait référence aux grands mythes fondateurs de l'Amérique à travers sa nature parfois idyllique,parfois meurtrière.Le cinéma jusqu'à présent s'est montré incapable de transcender ces oeuvres,avec entre autres deux adaptations navrantes de conformisme extraites du recueil Légendes d'automne de Jim Harrison.Je ne vois guère qu'un Terrence Malick qui aurait peut-être la fibre...

Ce phénomène littéraire très puissant est à rapprocher de la littérature "indienne" dont nous reparlerons(James Welch,Louis Owens,David Treuer,Sherman Alexie).De Rick Bass on peut aussi lire Le guet,Oil notes,Platte River

19 octobre 2006

Les titans

                                                 

Quand deux titans se rencontrent et s'affrontent ou collaborent,ce qui est la même chose,le résultat est souvent très décevant(.+ par +égale -).Le cinéma nous offre une extraordinaire exception.

Orson Welles,adolescent surdoué,a commencé d'adapter Shakespeare à l'école.Le génial homme de radio qu'il était a continué sur les ondes puis au théâtre,notamment son fabuleux et novateur Mercury Theatre.Cela nous mène évidemment aux trois films,Macbeth,Othello,Falstaff qui jalonnent l'oeuvre tellement incomplète d'Orson Welles.Shakespeare,"le plus grand homme qui ait jamais vécu"(Welles) a toujours hanté le cinéaste de Kane(personnage shakespearien d'ailleurs et thème très shakespearien aussi comme Arkadin).

Le superbe collector Macbeth(chez Wild Side) fourmille de renseignements sur le film et les inénarrables aventures qu'il a connues comme beaucoup d'oeuvres de Welles.Attention celui-ci,grand  menteur en a rajouté aussi sur ses démêlés avec les producteurs.J'ai étudié Welles et appris à m'en méfier.Il faut savoir par exemple que Don Quichotte est un film inachevé quasi volontairement.Mais revenons à Macbeth car s'agissant de Welles il faut parfois m'arrêter.Avec un tout petit budget et pour la modeste Republic Welles tourne en trois semaines Macbeth dans des décors de westerns de série B.La première version sortie en 48 dotée de dialogues avec un très fort accent écossais est un désastre commercial.Remontée en 50 la deuxième mouture ne convainc pas davantage,même la critique.Laurence Olivier est à l'époque le seul garant de Shakespeare au cinéma.Malgré ces tripatouillages Macbeth marque une date car le film présente de réelles qualités cinématographiques d'utilisation de l'espace pourtant réduit,de la bande-son avec une musique de Jacques Ibert.Le DVD offre de nombreux suppléments où des spécialistes de Welles dissertent de Shakespeare et de l'adaptation.Tout cela est assez docte et savant,passionnant mais pas d'un humour ravageur.

Avec plus d'argent et toujours lui-même dans le röle-titre Welles tourne en 52 Othello au Maroc et en Espagne.C'est le contraire de Macbeth:tournage en décors naturels,très morcelé dans le temps, plusieurs années qui ont usé quatre Desdémone.Welles a utilisé cadrages,plongées et contre-plongées notamment sur les remparts de Mogador pour un résultat assez spectaculaire,récompensé à Cannes.Welles,alors toujours en Europe avait dû faire l'acteur toutes ces années pour financer son projet.

AF-01984.jpg

"Nous en avons vu des choses,Sir John,quand sonnaient les Carillons de Minuit" est l'une des plus belles phrases du Cinéma.Falstaff,meilleur film d'après Shakespeare de tous les temps d'après moi est une pure merveille,pourtant issue d'un collage de quatre pièces du grand Will que le grand Welles a manipulées,triturées pour en saisir la substantifique moëlle.On y retrouve tout :la truculence,la paillardise,la couardise de John Falstaff mais aussi l'ambition,l'ingratitude du jeune roi,ancien compagnon de débauche de Falstaff.Le spectacle se conjugue ici avec une réflexion sur le pouvoir,la déchéance,l'amitié trahie au sein d'une fresque picaresque avec l'extraordinaire bataille de Shrewsbury,des moments de farce et d'émotion quand se mélangent rois et bouffons.Avec Falstaff on n'en est plus aux questions inutiles sur l'adaptation,la littérature au cinéma,la fidélité.On s'en moque:Falstaff est le coup de poing du cinéma.C'est aussi,on l'aura compris,un grand coup de coeurJ'ai beaucoup de respect pour Laurence Olivier ou Kenneth Branagh:ce sont de grands cinéastes fervents amis de Shakespeare.Welles,lui,en est le frère.

19 octobre 2006

Ford et deux autres cavaliers


	Cover of Two Rode Together   

On semble avoir enfin compris que John Ford n'était pas une vieille baderne. Les deux cavaliers que je n'avais jamais revu depuis sa sortie en 61 est un film bien intéressant déjà par son humour et les silhouettes très fordiennes,sergent obèse et amateur de bière, juge honnête mais dépassé,l ieutenant dévoué à l'armée sans être idiot. Comme toujours chez Ford on ne se pose guère de questions sur le droit. On pensait ainsi à l'époque que les conquérants avaient raison avec leurs armes et leur bibles. D'accord, mais John Ford est beaucoup plus fin que ça.

    Le personnage du sherif joué par un James Stewart relativement antipathique(dixit Eric Low fort justement) prendra conscience relativement aussi (mais tout n'est-il pas relatif?) que les Indiens ne sont finalement pas pires que les Blancs. Et je trouve que c'est déjà une belle leçon. Pas d'angélisme s'il vous plaît. Une très belle et poignante scène que celle du bal où ce marshall alcoolique et cet officier besogneux défendent la jeune fille élevée par les Indiens. Certes on n'en est pas necore à réhabiliter les Indiens eux-mêmes mais à tenter de comprendre leur vie à, travers les enfants blancs enlevés. Dans notre jargon bien-pensant actuel on appellera ça une réflexion sur l'identité. John Ford aidé de Stewart, de Widmark et de seconds rôles classiques n'est pas toujours politiquement correct, mais tellement homme de l'Ouest avec plus d'interrogations qu'il n'y paraît. Les deux cavaliers reste un peu pâle après le magnifique La prisonnière du désert mais on a vu bien pire.

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