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BLOGART(LA COMTESSE)
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23 décembre 2022

The clock around the rock

Masse

Rock-n-roll-en-150-figures

                                Cadeau de fin d'année de Babelio, merci encore pour ce beau livre, traditionnellement proposé par Masse Critique. Et c'est un vrai bonheur que de plonger dans un univers musical qui n'est pas le mien, mais que j'apprécie quand même. Je suis plutôt un homme de la décennie suivante. Splendide iconographie pour ce bel objet, surtout les pochettes de disques originales. Mais le plus magique dans cet album somptueux est de découvrir les nombreux seconds couteaux et troisièmes gâchettes du rock'n'roll. Alors exit Presley, Lewis, Cochran, Perkins. Ils sont là bien sûr, avec chacun leur destin, la plupart du temps douloureux, voire tragique. 

               Mais les autres, une ribambelle de noms complètement inconnus, nés pour la plupart au début des années trente, souvent dans des familles prolétaires, ruraux ou citadins. Peu enclins aux études, passés par la case baloche et country, ou par le groupe de lycée, surtout pour étourdir les filles. Suiveurs d'Elvis mais parfois ses prédécesseurs. Effervescence midfifties de ces jeunes aux dents longues et aux idées parfois un peu courtes pour qui des Colonel Parker furent un peu pygmalions et beaucoup escrocs. 

              Les photos, essentiellement des disques originaux, sont un régal. Et s'il n'y a guère dans ce livre de révélations fracassantes j'y ai surtout trouvé une confirmation. Les rock stars des sixties et seventies, et ultérieures n'ont rien inventé. Les pionniers du rock'n'roll non plus. Tous ont eu une vie d'un conformisme affligeant. Vivre vite, pas longtemps, alcool, petites pilules, stupéfiants, bagarres, bagnoles en vitesse, deux trois mariages ratés, trois petits tours, accident, parfois meurtre, suicide pas rare et puis un enterrement. La panoplie quoi. Mais ça ne m'empêche pas de les aimer. 

              Rodolphe, scénariste de BD, jadis passé par les cases Pilote et Métal Hurlant a signé des biographies de Stevenson mais aussi de Buddy Holly, Johnny Cash, Eddie Cochran. Tout ça, vous pensez que ça me va très bien. Illustration musicale,  j'ai choisi Gene Vincent, garanti efficace. Mais il y en a tant d'autres. Je terminerai en poésie, Tutti Frutti, Be Bop a lula. Mieux encore, Awopbopaloobop Alopbamboom.

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19 décembre 2022

Off Broadway

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                 Broadway de FabCaro est un livre de 190 pages, agréable, plutôt amusant, mais qui s'essouffle vite. C'est souvent le cas, l'humour tournant vite à la recette. Mais ne pinaillons pas, un peu de bonne humeur ne saurait nuire. Le plus drôle c'est dès le début. Les gens d'un âge certain comprendront mieux en riant un peu jaune. Bleu colorectal? Bleu colorectal est la superbe couleur de l'enveloppe plastique envoyée aux Français d'un certain âge (ça c'est pour éviter le pléonasme) pour prévention. Cette couleur obsède notre héros qui est normalement trop jeune pour cette réception. Erreur prémonitoire?

                 Notre héros habite un pavillon de banlieue, lotissement des Acacias, les lotissements ont toujours des noms très verts. Il travaille dans un bureau de je sais pas trop quoi. Tristan, son fils de 14 ans, a un peu dévissé en caricaturant deux de ses profs en position intéressante mais un peu délicate. Jade, sa fille de 18 ans, lui demande de brûler des cierges afin de défigurer une rivale. Problèmes de haies et d'apéros avec le voisin. Et un projet auquel il n'adhère pas, mais pas du tout, une semaine de paddle à Biarritz avec un couple d'amis.

                 Les amis, si on veut les garder, plus ou moins, il ne faut jamais rien faire avec eux. Et surtout pas le barbecue, cette sinistre pantomime qui consiste à jouer l'homme des bois, boire du rosé et surveiller les enfants. L'horreur. Notre héros a 46 ans, pas l'âge des prélèvements, sauf fiscaux. Broadway, c'est la comédie musicale de fin d'année de sa fille en terminale, ratée. Ratée aussi, mais en douceur, la vie de notre héros. A la manière d'un film avec Dubosc ou Commandeur qui nous faire rire un quart d'heure,  sourire dix minutes puis trouver le temps long.  En général il reste encore une heure vingt. 

15 décembre 2022

Seine de vie

Roman-Fleuve

                          Trois hommes dans un bateau est un roman anglais comique qui eut son heure de gloire, publié en 1894. Philibert Humm devrait vous faire passer un bon moment avec ce Roman fleuve qui reprend le sillage du canot de Jerome K. Jerome. La Seine remplaçant la Tamise. Ils sont jeunes, ils sont trois, ils n'ont aucune connaissance de la navigation et ils décident de descendre le cours de la Seine de Paris au Havre. Croisière pour le moins hasardeuse mais surtout désopilante, sorte de huis clos aquatique marinier pour nos héros plus près du potache post-acnéique que du matelot même d'eau douce.

                         Eau pas si douce que ça. L'entrée en Seine des trois hurluberlus est d'entrée placée sous le régime d'une démocratie relativement relative. Un capitaine, un major ça sonne pas très marin) et un écopier (ça, ça sonne bien aquatique). On sent d'emblée un remake de Mutiny on the Bounty. Le canoé d'occasion a été baptisé le Bateau.C'est beaucoup dire. Ne croyez pas qu'il suffit de se laisser porter par le courant, comprennent-ils au bout d'une journée, distants seulement de quelques stations de métro du Trocadero. 

                         Malgré le rideau de douche sur la tringle élevée au rang de mât nos explorateurs n'avancent guère. Abordage sur des rives parfois hostiles même si on ne signale aucun cas de cannibalisme dans la vallée de la Seine. Il faut aussi compter avec les péniches, la Vahiné, la San Francisco, aux noms exotiques et qui joignent à peine la Belgique, voire les navires vrais dans le port de Rouen. Avec le flou artistique entourant un tel périple ni interdit ni autorisé. Et des autochtones parfois sympa, portés sur la dive bouteille même sans bateau à l'intérieur. Roman fleuve est illustré de quelques dessins remarquables et prestigieux, un réchaud à pétrole Eva-Sport, un lance-pierres destiné à la survie, que l'équipage perdra très vite, un récepteur radio portatif à piles c'est à dire un transistor, une paire de chaussures bateau en 43. Prometteur, non? 

                       J'ai apprécié les chapitres titrés à la Jules Verne dans ses Voyages extraordinaires. Quelques exemples. Où l'on découvre que nos rames sont des pagaies (il faut attendre la page 101)-Réquisition d'une chaussette sur l'île aux Dames.-Ventre mou du récit (noter la lucidité de l'auteur)-Faux bonds et ricochets. Et que dire de la réelle poésie des villages baignés par Dame Seine, Port-Pinché, Pampou, Tournedos, La Bouille. De belles rencontres aussi avec Sylvain Tesson, en avance sur notre infernal trio de quelques milliers de décalages horaires, Johnny, maître es karaoké et rosé, Monsieur Mallard, 91 ans, profession chantier naval-café-buvette-raconteur d'histoire qui évoque avec émotion 1945, pas la capitulation mais la crue historique du 16 février, 6,87 mètres sous le pont d'Austerlitz. Peut-être aussi un satyre hante-t-il les rives de Seine, en mal d'ondines?  Pas de confirmation, des doutes.

                     Juste quelques formalités. Notamment l'officiel document des Voies Navigables de France. Vous devez obtenir une décharge de vie. Sans ça, à partir de Rouen ils ne vous laisseront pas passer. 

                      Le moral était fixe. Les conditions de navigation excellentes. L'avenir tout tracé. Mais l'avenir n'aime pas bien qu'on le trace. Je crois même qu'il a horreur de ça.

                     Embarquez donc sur le Bateau, ce canoé deux places où ils sont déjà trois. Passagers clandestins le Surréalisme, Devos, Desproges, Monty Python en Seine-et-Oise. Suprême rigolade, ils ont donné un prix à Roman fleuve. Fluctuat et un peu mergitur. 

                      

 

 

10 décembre 2022

Cinéphilie m'était contée en quatre mouvements

CIN2PHILE

...Ou quelques ressentis sur ce qui me semble le crépuscule de la cinéphilie à moins que ce ne soit le mien.

        Le cinéphile est un roman de de l'auteur américain Walker Percy, National Book Award en 1962. Ca passe pour une oeuvre maîtresse. J'ai enfin décidé de le lire, espérant m'y retrouver au moins un peu. Foin de tout ça, Le cinéphile est plutôt perçu comme un parent du Sud américain, la Louisiane en l'occurrence, vaguement proche selon certains du Roquentin de La nausée, voire de Meursaut L'étranger. Comme d'habitude on ajoute Faulkner qui plane toujours sur toute littérature sudiste, bien que relativement peu lu en France. 

        Ceci dit j'ai moi-même découvert Le cinéphile bien tard. En toute logique, et sans aller jusqu'à en être nauséeux, je suis resté totalement hermétique, comme étranger à l'histoire de Binx. Binx habite la Nouvelle Orléans, Binx a un emploi stable, Binx est un distant, tellement distant que je l'ai très vite perdu de vue. Binx s'ennuie, et m'a bien ennuyé. Binx est ou serait cinéphile mais bien peu de références véritables qui m'auraient réjoui. Bref c'est une chronique très court métrage que je vous délivre à propos de ce Cinéphile dont l'ironie m'a conduit à l'ire ennui très rapidement. Et apparemment à ma connaissance aucune adaptation du Cinéphile au cinéma. Restons-en là. 

MIROIR

            Le multiplexe de ma ville propose depuis peu une programmation patrimoine. C'est louable et ce n'est pas moi qui trouverai à y redire. Pour cela il faut être deux, un écran et un spectateur. Ce fut le cas. Bergman et moi en tête à tête en copie restaurée. L'insulaire de Faro n'a certes jamais été un roi du box office. A travers le miroir n'a rien de la gaudriole ni du blockbuster. Mais tout de même l'effort eût mérité un peu mieux. Nostal je suis, voire passéiste, m'accusera-t-on. La semaine prochaine Accattone. Qui pour voir le premier film de Pasolini? Baroud d'honneur avant liquidation?

Azor

         Versant un peu plus rose de la cinéphilie, cette maladie en voie d'extinction (pas comme certaines), je présentais il y a deux semaines Azor, film helvético-argentin d'Andreas Fontana. Et...des spectateurs relativement nombreux pour un film totalement inconnu, y compris ou presque, de moi-même. Azor, c'est la quête d'un banquier suisse dans l'Argentine des colonels, suite à la disparition de son associé. Le film est glacé, très peu explicite, secret comme Fort Knox, feutré comme une ambassade, voire labyrinthique. Rien de tape à l'oeil, ni simpliste ni angélique. J'aime bien les films qui laissent le spectateur à sa réflexion, à ses interprétations, parfois à sa sieste car Azor emprunte un chemin discret. 

         Les gens ne parlent guère à la suite d'un film. Mais j'aime à croire que quelques pépites dignes d'intérêt peuvent encore de ci de là intéresser, émouvoir ou amuser. Fabrizio Rongione, l'un des acteurs fétiches des Dardenne, trouve là un rôle très éloigné, aux antipodes de leur univers.

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         Et pour finir molto allegroso, se réfugier sur ARTE replay, certes parfois un peu hautaine et condescendante, mais qui nous emmène quelquefois loin des sentiers battus. Sentiers parfois très enneigés, empruntés presque par hasard. Ce fut le cas, consultant les films proposés, quand j'ai découvert que le roman Pas facile de voler des chevaux, de Per Petterson, norvégien de son état, l'un de mes auteurs favoris, avait fait l'objet d'une adaptation au cinéma. Ca s'appelle L'été où mon père disparut. Je ne vous en dis pas plus. De grace, regardez-le. Je crois qu'il n'est jamais sorti en France. 

 

2 décembre 2022

Revoir Naples et mourir

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                François Garde est un romancier qui me réjouit toujours. Quel bonheur, si l'on est un peu amateur d'histoire, de se plonger dans ce joli roman qui explore la galaxie des maréchaux d'empire, ces soldats souvent sortis du rang que Janus Napoléon sut élever sur des trônes et renier tout aussi naturellement dans nombre de cas. Joachim Murat, roi de Naples, fut l'un des plus prestigieux. Modeste fils d'aubergiste du Sud-Ouest il devint le beau-frère de l'empereur en épousant Caroline Bonaparte.

                Octobre 1815, quatre mois après Waterloo, Napoléon navigue vers un caillou perdu en plein Atlantique. Murat, désormais ex-roi, tente de revenir en grace auprès de ses anciens sujets. Dans la grande débandade qui suit la fin de l'empire chacun essaie de sauver sa fortune et sa peau. Fait prisonnier par les fidèles des Bourbons il va vivre six journées de réclusion, un procès bâclé, une exécution sans délai. Le prince Joachim Murat se penche sur sa vie. Et c'est absolument passionnant. Roi par effraction, habilement bâti avec alternance du court emprisonnement du souverain de circonstance et des années de conquêtes, de victoires et de déboires, est une sacrée aventure, digne de Dumas, probablement sertie de quelques libertés avec la grande histoire. Peu importe, les Français qui aiment justement l'histoire, que je crains peu nombreux tant règne l'ignorance, se régaleront. Rares sont les époques où l'ascenseur social, certes assez guerrier, pouvait fonctionner. Sachant qu'un ascenseur peut parfois vous envoyer par le fond.

               Murat, en quelques jours de geôle, réinterprète les étapes de sa vie exceptionnelle, de son enfance gasconne aux batailles impériales, de son mariage dans l'ombre de Napoléon au palais de l'Elysée qui fut sa résidence. Murat, une vie d'action, de hauts et de bas, des brutalités de sa répression en Espagne (Goya) aux rêves d'unité italienne. En quelques sorte un précurseur même si cela tourna court. Joachim Murat, roi de Naples périt sous les balles des Bourbon, jugement pour le moins expéditif.

               Roi par effraction, à lire comme un feuilleton de cape et d'épée, chevauchées et intrigues, trahisons et ingratitudes, une Europe à feu et à sang, et l'extraordinaire destin d'un gamin d'un village du Quercy. L'Aigle déchu dans son île hors du monde avait au moins permis ceci. Il arrive que les aigles ressemblent aux vautours. 

              

 

 

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