Le mystérieux Mr.Traven(Benjamin,Bruno ou autre chose)
Mon fidèle saint patron Humphrey Bogart m'a fait découvrir B.Traven, auteur du Trésor de la Sierra Madre. Mais comme Stevenson ou London cet écrivain était aussi un homme au destin pour le moins cahotique et actif. Action et écriture s'épousent dans le cas de ces diables d'hommes de plume et de mouvement.
Ce sont souvent les mots utopie et anarchisme qui viennent à l'esprit concernant Otto Wiennecke, Otto Feige, Torsvan Traven, Hal Coves, Ret Marut, respectivement vrai nom et pseudos divers de celui qui restera pour simplifier B.Traven. Ces deux mots ne m'intéressent guère.Ce qui me fascine est le destin de cet homme dont on a longtemps tout ignoré du parcours qu'il avait soigneusement embrumé lui-même.On l'a longtemps cru américain. On a même dit qu'il ne faisait qu'un avec cet immense écrivain lui aussi méconnu, Ambrose Bierce, disparu bizarrement dans le désert du Mexique fin 1913. Il est vrai que le Mexique a toujours été le rendez-vous de la mort joyeuse avec ses cultes si bien montrés par Eisenstein(Que viva Mexico!) .Certains ont prétendu qu'il était fils naturel du Kaiser Guillaume II. Si c'était le cas il aura vraiment mal tourné.On en sait maintenant un peu plus.
Né en Allemagne en 1882 il a participé à la vie politique avec la très éphémère République des Conseils de Munich en 1919. Socialiste il doit fuir et c'est la longue errance,Suisse,Autriche,Pays-Bas,Canada,puis installation quasi-définitive au Mexique. J'oubliais un peu de prison en Angleterre.Bref retour en Allemagne en 59.On se demande encore pourquoi. Traven est mort en 69 à Mexico City.
La révolte des pendus dont le sous-commandant Marcos pourrait écrire une préface avec une belle démagogie et quelques accents de vérité raconte les rebellions indiennes au Mexique contre l'exploitation des hommes et de la nature.Traven se garde de tout sentimentalisme et les fleurs percent difficilement sous le fumier et la rapacité.Ironique et cinglant plus encore que revendicatif ce roman fut adapté au cinéma en 54 au Mexique.
La fièvre de l'or inonde Le trésor de la Sierra Madre, le plus connu des romans de Traven depuis la remarquable adaptationde John Huston avec Bogart, tous deux fins connaisseurs en parfums d'aventures et vapeurs d'alcool. L'humour caustique imprègne aussi le livre d'un halo picaresque sur le destin souvent tragique des chercheurs d'or.
Pour Le vaisseau des morts on peut évoquer Joseph Conrad au fil des péripéties de ce marin sans identité ni passeport, rayé du monde et que seul le capitaine d'un vaisseau fantôme peut engager pour un voyage pour le moins hasardeux mais qui fera le bonheur des amateurs de littérature plus proches des hallucinés de la ligne d'horizon que des auto-contemplateurs de nombril.