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28 février 2024

Mann est à Paris

Mann est à Paris
Babelio m'a cette fois fait découvrir catégorie non fiction Compte rendu parisien , le journal tenu par Thomas Mann durant les neuf jours passés à Paris en janvier 1926. L'orma Editions nous présente là un bel objet livre. La couverture, Bouquinistes...
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24 février 2024

Il était beaucoup de fois en Amérique

Il était beaucoup de fois en Amérique
Ces nouvelles de Carver sont la marque d'un très grand. Une vingtaine de textes, souvent une quinzaine de pages, tous incisifs quant à la société américaine des années 70. Dépouillé, taxé de minimalisme, ce recueil est malgré tout d'une précision et d'une...
17 février 2024

Une bonne occase pour une troisième main

Main 

       La troisième main est un conte un peu philosophique, drolatique et plein d'humour, qui tient aussi du feulleton populaire du début du XXème siècle. Paul Marchand est victime d'une manipulation digne du Dr. Moreau de H.G.Wells, ou presque. Blessé lors des débuts de la Grande Guerre il se retrouve dans les mains d'un chirurgien fou qui se contente de lui greffer une troisième main reliée au  nombril. Et cette main est de nationalité allemande. Y aura-il dilemme? Ce n'est pas tellement sur le plan du patriotisme que vont se dérouler les aventures de Paul. Plutôt sur les aspects parfaitement concrets de cet appendice préhenseur. Avantage ou inconvénient? 

      Arthur Dreyfus nous entraîne dans un tourbillon avec son héros d'abord prisonnier, puis presque clochard. Il rebondit en découvrant ses facultés de prestidigitateur, considérablement renforcées grace à cette sorte de créature adjointe, si habile quant à la vitesse des doigts. D'abord besogneux magicien des rues il devient une star de cet art avec la rencontre d'Elise la Veuve Noire qui l'initiera à bien des choses, paradis artificiels ou d'autres choses, certaines que ma mère m'a jadis défendu de nommer et pour lesquelles une troisième main peut s'avérer précieuse. Beaucoup de péripéties, Paul, rebaptisé d'un banal Charles Martin devra composer tout au long de sa vie avec cet hôte encombrant autant qu'indispensable parfois.

      Ce thème de la greffe est un classique du fantastique notamment au cinéma. Mais là on est dans le surnuméraire et non plus dans le substitut. Cette originalité permet bien sûr d'abracadabrantes situations tragi-comiques. On peut y voir, si on y tient, une fable morale sur l'altérité, la différence, voire sur le rapprochement franco-allemand qui est je crois un des rares succès de l'après-guerre. Ca frise aussi l'indigestion, le grotesque (c'est aussi une qualité) et ça n'empêche pas de bons sentiments. Voir ci-dessous.

      Preuve m'en fut donnée en déboulant sur les Champs-Elysées, lorsqu'une demoiselle alla pour traverser devant moi, manquant d'être aplatie par une Berliet rouge qui jaillit à toute allure. Une main par chance la retint par le vêtement. Ce n'était pas la mienne.

      En conclusion pas mal de blandices pour La  troisième main. Je frime, venant d'apprendre ce mot chez Arthur Dreyfus. N'en faisons pas toute une affaire. 

     

     

 

12 février 2024

Un arrière-goût de rouille

American-rust

Masse

                   Merci Babelio qui m'a fait bénéficier de la nouvelle sortie du roman de Philipp Meyer sous le titre original American Rust. Ce roman est un bon livre dans lequel il est cependant difficile de déceler la moindre originalité. Ce n'est pas péjoratif car c'est le cas de toute littérature qui a forcément eu des précédents qui eux-mêmes etc. Un arrière-goût de rouille, j'aimais bien le titre français, sous forme chorale, ressemble beaucoup à pas mal de romans américains actuels, se penchant sur la décomposition américaine, avec des personnages très américains, aux prises avec les comparses habituels, alcool, stupéfiants, violences, armes à feu. Ca se passe en Pennsylvanie, état de l'Est, en deuil de sa sidérurgie jadis prospère, maintenant à l'agonie avec ses petites villes aux âmes mortes qui font penser aux ville fantômes de nos westerns.

                  Cinq ou six acteurs pour ce drame, traité de façon chorale avec des chapitres alternés ciblant l'un d'entre eux. Deux amis, Isaac et Billy, par maladresse et presque par hasard, se trouvent mêlés au meurtre d'un clochard dans une usine désaffectée. Voyez déjà le climat. Et Lee la soeur d'Isaac, Henry son père infirme, Grace la mère de Billy et Harris le sheriff du coin. Ces personnages sont tous en disgrace, c'est le terme qui convient dans cette histoire, et l'on finit, un peu à l'usure, par s'y attacher. Ce n'est pas en opposition avec ce que j'ai écrit en haut de page car bien écrite, bien emmenée dans sa chronologie, la ballade des losers nous emporte, nous laissant un bon souvenir de lecture. Ce qui n'est déjà pas si mal.

                 Ce sont plutôt des petits, des sans grade, du tout venant, du tout souffrant, du tout fuyant, du tout mourant. Crise industrielle, crise sociale, crise morale, la littérature américaine est abondante là-dessus. Combien de bouquins chantent-ils, ou déchantent-ils le grand pays en partie à vau l'eau? Loin de Wall Street, loin de Hollywood, loin même d'un Montana un peu rêvé. Avec un zeste d'espoir, sacrifice, amitié, rédemption, mais point trop n'en faut dans ce genre littéraire, qui demeure cadré. Alors dire qu'American rust et ses oubliés sont inoubliables, non. Mais on peut le lire avec plaisir, ce roman sans vainqueurs. Une série en a été tirée mais je ne fréquente pas les séries. 

                 Il se remit en marche le long de la route, mais cette fois côté propriétés privées, pour que les flics n'aient pas l'idée de s'arrêter. Faut que tu trouves un train, se dit-il. J'arrive de nouveau à réfléchir. Trouver un train, filer vers le sud, ne plus avoir froid. Pour quoi faire? Pour aller où? J'en sais rien, quelque part où il fait chaud. 

                 Pas si loin des hoboes, de Tom Joad, de Woody Guthrie, de Go West Young Man. Toutes proportions gardées.  

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6 février 2024

Eaux troubles

Le nageur   

                Je chronique presque tous les livres de Pierre Assouline qui m'a rarement déçu. Biographe remarquable il aborde souvent la grande histoire. Le paquebot, l'an dernier, racontait l'incendie du Georges Philippar en 1932 dans le Golfe d'Aden (Albert Londres en fut la victime la plus célèbre). Le nageur c'est Alfred Nakache, champion de natation, juif d'Algérie, médaillé aux sinistres J.O. de Berlin 1936, qu'une dénonciation conduisit à Auschwitz dont il revint, servi peut-être par sa constitution athlétique hors du commun. 

               Depuis son enfance à Constantine où certaines tensions s'amorçaient déjà jusqu'à son retour des camps Pierre Assouline suit ce sportif, qu'on ne disait pas encore de haut niveau, et nous fait revivre les performances du champion, les rivalités et les jalousies aussi dont l'une enverra Nakache en enfer.  On apprend dans ce livre qu'Auschwitz organisait entre autres activité des combats de boxe et des compétitions de natation. A frémir, à vomir. L'auteur sait à merveille définir ces années au bord de l'abîme et en enfer. Une pièce de théâtre s'est jouée récemment à Paris sur ce sujet, interprétée par Amir Haddad, seul en scène. L'antisémitisme se portait bien. Peu de choses ont changé. Seul rescapé de sa famille Alfred Nakache reprit sa carrière. Homme de devoir il fut surtout un chantre de la résilience. Bien avant que ce mot ne fasse florès. A méditer. 

            J'en profite pour inviter chacun, s'il en a l'occasion, à voir l'extraordinaire film La zone d'intérêt qui vient de sortir. Vivre à Auschwitz, juste de l'autre côté du mur, pour la famille de Rudolf Höss, qui en fut le patron. 

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