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BLOGART(LA COMTESSE)
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30 septembre 2007

Cambodge,frère blafard

   A suivre...un film de Patrice Leconte.Mais ce film ne ressemble pas aux autres,ni les farces,ni même les films plus graves et auxquels je voue une tendresse indéfectible(Tandem,Ridicule).Non,Dogora(2004) est un objet à peu près unique dont Patrice Leconte nous a raconté la genèse lors d'une soirée spéciale à Valence, organisée par les Joutes Cinématographiques,une sorte de joyeuse secte de cinéphiles dont je fais partie. Exit donc la rigolade et les calembours,voici Dogora...

db8b9f33.jpg

Avant le film était la musique.Tombé sous le charme de l'oeuvre du compositeur Etienne Perruchon Patrice Leconte se promet de l'utiliser sans savoir à quoi pendant un certain temps.Puis à l'occasion d'un voyage au Cambodge lui vient l'idée d'un film de non-fiction,des images de ce pays qu'il a aimé,qu'il ne veut alourdir d'aucun commentaire.Le projet Dogora vient de naître.Patrice Leconte repart au Cambodge avec une toute petite équipe et filme Pnom-Penh et les alentours,cinquante heures de film que la monteuse Joelle Hache (et là le metteur en scène tient à l'associer très étroitement au résultat) met en ligne, coupant, élaguant pour un film d'1h20,symphonie pour une ville d'Asie et ses habitants.

"Depuis longtemps j'avais envie de faire un film sans auteurs ni scénario,sans acteurs,sans un mot,un film qui serait purement émotionnel,impressionniste et musical.Ce film c'est Dogora.Ouvrons les yeux"

De fait Dogora ne se lit pas,ne décrypte pas,ne se raconte pas.Mais Dogora est l'osmose rare entre une musique et des images,jamais mises en scène.Dogora est un poème visuel sur le sourire de ces milliers de jeunes Cambodgiens, sur la "vivance" de ces hommes d'un pays martyrisé et leur appétit d'aller de l'avant malgré tout,et sur leur don de prendre en main leur avenir fût-ce sur la plus grande décharge de détritus du monde.Je ne peux que vous engager au voyage,un voyage qui vous en mettra plein les yeux et plein le coeur.    http://www.youtube.com/watch?v=PUdLiMjY_DI

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26 septembre 2007

Une chanson:The highwayman

    

     Contrairement à la précédente chanson The highwayman est un joyau composé et interprété par Jimmy Webb, honteusement méconnu alors que ce génie musical précoce est l'un des artistes les plus étonnants,depuis le triomphe de MacArthur Park,la somptueuse ballade chantée par l'acteur Richard Harris.Voir Une chanson:MacArthur Park .Né en 46 Webb a connu des débuts fulgurants comme compositeur,arrangeur,producteur notamment des meilleures chansons du folk-singer Glen Campbell(Galveston,Wichita lineman) et dans un style très différent vu l'éclectisme du personnage les sublimes mélodies du groupe vocal The Fifth Dimension(Go where you wanna go,Up up and away).

   Puis Jimmy Webb devint lui-même interprète avec un succès moyen et cette magnifique chanson The highwayman,composée en 77 ne devint un classique que dix ans après dans la version de Johnny Cash.The highwayman est une mélodie d'une telle richesse qu'elle permet les interprétations les plus diverses.Je vous propose celle de Jimmy Webb seul au piano et celle du supergroupe d'un disque,The Highwaymen,composés excusez du peu,de Johnny Cash,Willie Nelson,Kris Kristofferson et Waylon Jennings.

   Les paroles de The Highwayman,poétiques et oniriques, semblent sortir de la légende du Hollandais Volant,capitaine du Vaisseau Fantôme et...immortel,avec un zeste de  celle du Cavalier sans tête.Si vous l'écoutez vous comprendrez qu'une chanson de cette qualité s'offre à nous aussi bien dans une version néo-romantique,seul au piano, ou dans un "boeuf" country,mais country upper-class.Vous comprendrez aussi que tant que l'on peut écouter Webb, Cash, Nelson,Kristofferson et Jennings on ait le droit de dire I love America.

http://www.youtube.com/watch?v=8LmD0TE41Xk  Jimmy Webb

http://www.youtube.com/watch?v=uw1bHaUk1CM  The Highwaymen

I was a highwayman, along the coach roads I did ride,
With sword and pistol by my side.
Many a young maid lost her baubles to my trade.
Many a soldier shed his lifeblood on my blade.
The bastards hung me in the spring of twenty-five:
But I am still alive.

I was a sailor, I was born upon the tide.
And with the sea I did abide.
I sailed a schooner round the Horn to Mexico.
I went aloft and furled the mainsail in a blow.
And when the yards broke off, they said that I got killed:
But I am living still.

I was a dam builder across the river deep and wide;
Where steel and water did collide.
A place called Boulder on the wild Colorado,
I slipped and fell into the wet concrete below.
They buried me in that great tomb that knows no sound:
But I am still around.
I'll always be around,.
And around and around and around and around.

I fly a starship across the Universe divide.
And when I reach the other side,
I'll find a place to rest my spirit if I can.
Perhaps I may become a highwayman again.
Or I may simply be a single drop of rain;
But I will remain.
And I'll be back again,

And again and again and again and again

   

23 septembre 2007

Au revoir Bip

  Au revoir Bip!Bye bye!Hasta luego!Auf wiedersehen!Arrivederci!Au revoir toi le polyglotte.Mais...chut.

22 septembre 2007

Jeu sur le Septième

    a) Identifier les six films et c'est facile car ils sont très connus.

    b) Les associer deux  par deux selon un critère précis qu'il vous faut deviner.

    c) Vous  saurez alors ce qui les réunit.C'est très précis évidemment.Je ne souffrirai pas d'approximations.

21 septembre 2007

Divan viennois:ainsi pleura Zarathoustra

 9782351761076

              Attention critique imminente d'un chef-d'oeuvre...Il est des livres dont on sort un peu plus intelligent.Et Nietzsche a pleuré est de ces rares livres.Il est des livres dont on sort un peu plus meurtri,un peu plus ému,un peu plus perplexe sur la nature humaine. Et Nietzsche a pleuré est de ceux-là.La nature humaine est ici prodigieusement racontée  par Irvin Yalom,psychiatre en Californie, pays qui ne compte pas que des surfers et des écervelés.Ce livre n'est pas un essai sur la psychanalyse ou le sur-moi ou je ne sais quoi,n'étant pas très ferré ni intéressé en ce domaine.Je suis par contre passionné par l'Homme,étant moi- même un homme(enfin à peu près) et ce roman explore l'âme humaine comme je ne l'ai pratiquement jamais lu.

   Irvin Yalom met en scène la rencontre entre Josef Breuer,grand médecin viennois pré-freudien et Friedrich Nietzsche.Cette rencontre n'a jamais eu lieu.Yacom est un écrivain fabuleux qui orchestre une sorte de consultation bilatérale entre le médecin et le philosophe qui concluent un pacte pour tenter de se guérir l'un l'autre.Nietzsche souffre de migraines et de nombreux troubles du comportement tandis que Breuer s'interroge sur le bien-fondé de son existence après l'échec du traitement de l'une de ses jeunes patientes.Deux mois de leur vie seront ainsi consacrés à des entretiens presque quotidiens au cours desquels les deux hommes,d'une intelligence impensable,vont descendre dans les arcanes de leur conscience et au-delà.Irracontable davantage,il faut découvrir Et Nietzsche a pleuré,sidérante plongée dans les tréfonds de l'humanité,qu'Irvin Yalom a su présenter comme une variation ludique mais bouleversante,sur une sorte de proto-psychanalyse.Je ne voudrais pas qu'on craigne un livre docte et ennuyeux car Et Nietzsche a pleuré est le contraire:une extraordinaire épopée sur le continent le plus inconnu qui soit(vous et moi en quelque sorte).

P.S.  Mon blog reste cependant sous le patronage du monsieur ci-dessous.Ceci est un clin d'oeil à mon ami Thom qui m'a trouvé des similitudes avec Bill Murray.Ce en quoi il a parfaitement raison mon moi passé se voulant référence à Bogart alors que mon moi actuel lorgne du côté d'un Bill Murray décalé,pâlot et qui ne semble pas avoir l'alcool gai.Ainsi bloguait Blogart...

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20 septembre 2007

La Comtesse

       

    Le soleil plutôt discret égayait à peine les délicieuses petites artères proches de la fontaine Saint Michel, dans ce quartier latin qu’arpentaient encore quelques touristes en mal de pittoresque. Les librairies, nombreuses, goûtaient une pause relative juste avant l’assaut des hordes d’étudiants venus là pour changer le monde.  Le docteur Jérôme Di Drogo n’était plus à l’université depuis presque vingt ans mais flânait volontiers dans ces ruelles chargées d’histoire et aussi de ses petites histoires à lui,de ces souvenirs délicieux et amers qu’un homme aime, je crois, à trimballer là, dans un petit coin de tête. Rue Saint André desArts le vieux studio d’art et d’essai le trouva en avance de trente minutes sur son rendez-vous. Son épouse,pas complaisante pour autant, n’avait émis aucune objection à cette incartade et pourtant c’était bien une créature de rêve qui attendait le docteur cet après-midi. Et pas pour un très moyen cinq à sept, non, pour une très longue éclaircie obscure. En effet ce jour l’élue de son coeur n’était rien moins qu’Ava Gardner à laquelle le Studio Hautefeuille dédiait une rétrospective et trois films dans la foulée. Mme. Di Drogo connaissait la cinéphilie pathologique, voire obsessionnelle de son mari:un mardi sur deux il délaissait son cabinet chargé pour sacrifier au culte d’Hollywood et de quelques icônes précieuses du Septième Art. Savez-vous que les cinéphiles constituent une secte, dangereuse pour celui qui s’est trouvé coincé lors d’un dîner entre un fanatique des premiers Bergman, d’un noir et blanc dépressif et un aficionado de la mythologie de l’Ouest dans les westerns de John Ford(période intermédiaire).

    A la première pluie, démuni d’imperméable et rageant d’avoir oublié son trenchcoat tout neuf, copie de celui d’Humphrey Bogart dans le Faucon Maltais, il gagna le lieu de perdition et attendit dans le hall en admirant les photos sur les murs fatigués. Il avait perdu depuis peu l’habitude de les voler mais les regardait toujours langoureusement. Un quart d’heure encore, assez pour s’imbiber de l’ambiance années cinquante indispensable à une parfaite évaluation des éléments baroques du film noir américain.

    Trois perles de l’histoire du cinéma étaient proposées à sa boulimie: Les Tueurs, Pandora et la Comtesse aux pieds nus. Il salua gentiment la caissière qui le connaissait bien et lui délivra sourire et tickets, passeports pour la félicité. Jubilant à l’idée de revoir la beauté d’Ava Gardner, il n’eut aucune attention pour la jeune femme parvenue au guichet peu après. Le dernier écran de pub venait de vanter les mérites d’une célèbre bière danoise et déjà le jour revenait dans la salle un peu désuète mais si charmante,tapissée d’affiches classiques, Citizen Kane, Le Dictateur, La Règle du Jeu. Fidèle de cette chapelle il reconnut une poignée de cinémanes sacrifiant aussi au rite de la Comtesse: un signe muet qui n’était pas sans rappeler les messages ésotériques échangés par les premiers chrétiens dans les catacombes de la Rome impériale.

    Trois minutes à peine avant les retrouvailles avec la star et le choc: Jérôme ne vacilla pas, ancré aux bras du fauteuil et pourtant deux rangées devant lui,alors que les projecteurs de la Fox balayaient l’écran, était assise Ava Gardner. Sidéré, il allait passer une après-midi catastrophique au moins sur le plan cinéphilique: il ne put savourer les finesses du scénario de la Comtesse. Il avait déjà vu le film six fois.Mais en lui quelque chose chavirait.Embué son esprit peina à sortir des limbes où l’avait noyé la vision de grâce,mais d’une grâce un peu démoniaque. Enfin comme après un dîner-débat trop chargé son cerveau accepta de décliner un regain d’activité.-Pétrifiant, une telle ressemblance est proprement fantastique,songea-t-il. Mais je rêve,c’est impossible,et puis personne ne se retourne,je suis le seul à l’avoir reconnue. Qu’est-ce que je dis? Non,pas reconnue, je ne l’ai pas reconnue, non, j’ai seulement remarqué une femme qui me rappelle un peu Ava Gardner, pas mal même. En fait elle est loin d’avoir la même allure, elle est élégante, sans plus; une coquette qui affectionne le rétro. Enfantillages, je vais trop au cinéma. Résolu il s’immisça dans l’écheveau complexe des amants de la belle danseuse espagnole, cette si belle comtesse venue de la rue. La femme éternelle, celle que tout homme craint et espère et qui inonde d'un malheur fou producteur, matador ou aristocrate. Maria Vargas, imprévue quoique vue et revue,ferait toujours fantasmer le spectateur, un peu triste,un peu naïf.

    Très vite cependant il abandonna la vraie pour la fausse ou était-ce le contraire?La présence l’envahit à nouveau et se révéla coriace et délicieuse, tortueuse à son esprit. -Ce chapeau , elle avait le même dans Show Boat, j’en jurerais. Show Boat,1949ou 51-Maintenant il la distinguait un peu mieux dans le subtil halo de la sallle obscure. Son image en devenait presque irréelle, princière, infernale peut-être, ce mouvement de tête, imperceptible, ces épaules caressées du regard,ce...Jérôme se surprit voyeur, à rêver plus qu’à scruter les chaussures de l’apparition, éveillant un sentiment plus fort encore qu’il jugea mystique, comme l’amour du Prince Tasso pour l’aventurière andalouse. Moins mystiques: les cervicalgies de ses vertèbres enflammées à force de rotations excessives vers ce damné fauteuil. Ava était légèrement de côté et le regardait,ses jambes croisées évoquaient la scène de Marchands d’Illusions, une rareté qu’il n’avait jamais vue dont il conservait pieusement deux clichés dans un vieux Mon Film.

    Sur la toile le drame allait se nouer et Maria Vargas ne vivrait pas longtemps.Fasciné par le personnage bien réel surgi dans sa vie comme d’un fondu au noir, Jérôme craignit que The end ne sonne aussi le glas de cet étonnement; aussi se sentait-il plutôt inquiet et pris de panique quand défila rapidement le casting finaL.

     Il ne se leva pas de peur de rompre le charme. Il n’eut guère le loisir pourtant de se remettre. Déjà la jeune femme quittait son siège. A sa hauteur elle l’avait regardé,un regard très court et décidé, feu et glace, qui l’avait figé et aussitôt remis en selle sur les pas d’Ava Maria Pandora. Elle avait à présent quitté le hall et dans la rue croisait les piétons, pressés ou distraits. Il crut l’avoir perdue mais repéra son chapeau disparaissant à l’angle de la rue Danton. A quatre heures le soleil partait et un air frisquet et stimulant lui rafraîchit l’esprit. Sur les talons de l’apparition il s’entendit soliloquer. -Quel imbécile! Tu agis comme un adolescent ne le ferait même pas.Cesse ce manège tout de suite,tu vas manquer Les Tueurs et ça c’est plus grave que d’avoir gâché les trois quarts de la Comtesse aux pieds nus. Pense à la communication dont tu t’es chargé pour le week-end des amis du thriller. Ils t’attendent.

       Elle était entrée à la brasserie de l’Odéon. Alors ses résolutions filèrent et il l’observa un instant, la détaillant depuis le boulevard.-Grotesque.Prenant conscience du ridicule il poussa lui aussi la porte de l’établissement. Un garçon fatigué marmonna bonjour. Jérôme s’assit non loin d’elle pendant que le serveur, d’un regain d’énergie, essuyait la table et enregistrait mentalement un panaché.

      Une chope et un ensemble thé citron, après vingt secondes de vie commune rejoignirent leurs amateurs respectifs. Jérôme, sonné, ne pouvait s’empêcher de regarder sous cape la mystérieuse cliente. Comment était-ce possible? Une telle énergie émanait de la belle, quelque chose semblait se répandre en un halo surréaliste dans le café. Le plus curieux est qu’il était le seul à vivre cet instant idéal et troublant. Ce trouble, cette qualité tellement cinématographique, ne toucherait donc que lui. Il se posa même la question “N’ai-je pas traversé l’écran? C’est le syndrome de la Rose pourpre du Caire, ce délice de Woody Allen où le jeune premier vient prendre la petite serveuse dans ses bras. La petite serveuse,c’st Mia Farrow quand même.”

    Il allait l’aborder, Ava elle-même, sans aucun doute. Oui,il allait l’aborder, superbe, c’était écrit, comme dans les plus beaux scénarios. Sortant à peine de ce coma Jérôme héla le serveur et paya bien vite. Pas assez vite pourtant. Pris au dépourvu il abandonna ses cent francs, royalement, comme dans un polar pressé car il venait d’apercevoir la chaise vide. Brutale comme la foudre elle venait de disparaître.Mais non,tout allait bien,s’étant rué dehors il la vit marcher devant lui, parmi d’autres. Comme si elle l’avait enfin remarqué elle se retourna et ses yeux...Jérôme crut perdre l’équilibre.

     Aimanté, il l’escorta à distance une dizaine de minutes. Il avait abdiqué toute velléité de réalisme et nageait à présent en une sorte de fascination non dénuée de crainte. S’y mêlait un parfum de mystère, de ceux qu’on ne connaît qu’à l’adolescence. Rue Soufflot, sur le point de la rejoindre il fut surpris de la voir entrer vivement dans un immeuble cossu. Elle prit à peine le temps de se retourner et s’engouffra dans la cage d’escalier. Immédiatement il l’entendit sonner et être accueillie dans un appartement du premier. De l’entresol resté ouvert il pouvait percevoir des bribes de conversation et une voix de femme plutôt virile: ”Enfin, Ava, vous voilà.Vous êtes l’avant-dernière. Le casting est complet. Nous allons parler chiffres. Ils sont médiocres.Vousn’êtes pas des call-girls ordinaires.Vos gains ne doivent pas l’être non plus”.

    L’amoureux de la Comtesse aux pieds nus n’en apprit pas davantage. Marilyn Monroe montait les marches, pressée et inquiète, vêtue, du moins crut-il le déceler de la robe qui froufroutait dans Sept ans de réflexion. L’amoureux de la Comtesse, ahuri et un peu dégrisé se jeta dans le premier café. Deux Triple sec sur le comptoir en réclamèrent un troisième.Un peu chaud, montre en main, en ne traînant pas trop il avait encore le temps de voir Pandora et la légende du Hollandais Volant.Ava Gardner y était radieuse, troublante, irréelle,Ava Gardner...

17 septembre 2007

La passion selon Andreï et Andreï

L'univers d'Andreï Tarkovski est fascinant et je viens d'y aborder avec une prudence de Sioux en présentant Andreï Roublev qui tient de la fresque historique mais surtout de l'interrogation mystique sur la place de l'artiste dans le monde et la dichotomie entre l'Art et le Mal.A savoir lequel terrassera l'autre.Quand il commence à tourner Andreï Roublev en 65 Tarkovski est encore le jeune prodige de l'école soviétique du cinéma.Il n'a signé qu'un film,plutôt distribué dans le cadre des films pour enfants,L'enfance d'Ivan,encore très marqué du sceau un peu glacial du grand cinéma soviétique.Mais Tarkovski à parti de Roublev ne sera plus l'homo soviéticus de l'avenir mais un cinéaste libre,terriblement exigeant et qui ne produira que peu d'oeuvres,toutes passionnantes,toutes âpres et à mille lieues de tout autre cinéma.Attention je rappelle que je débute en "tarkovkisme" evec cette petite étude présentée au Temps Libre.

  Andreï Roublev est le plus célèbre peintre d'icônes de la Sainte Russie(XV° Siècle).La Trinité est la plus connue de ses oeuvres,modèle d'épure et d'esprit.Andreï Tarkovski,avec l'aide du troisième Andreï de la trinité,Kontchalovski,le futur cinéaste ici scénariste,a divisé son oeuvre en huit épisodes encadrés d'un prologue et d'un épilogue.Mon propos n'est pas d'analyser ici de fond en comble un film d'une richesse et d'une densité stupéfiantes,ni de gloser sur les invraisemblances historiques relevées par de pointilleux exégètes.Mon propos serait plutôt de donner envie d'entrer dans un monde unique,celui du doute et du mystère,qui hanta toute sa vie  l'oeuvre si serrée de Tarkovski,qui ne doit rien à Eisenstein,ni au théâtre de Tchekhov,ni aux romans existentialistes de Dostoievski.Beaucoup de réalisateurs ont fait des films,parfois immenses.Tarkovski,lui,a fait du cinéma.Tarkovski,homme presque seul...et russe.Ce qui lui valut l'exil,cela va de soi.

   Après un préambule où un homme s'écrase dans une ébauche de montgolfière où il n'est pas interdit de voir les rapports de la Terre et du Ciel,et le mythe de la chute(pas interdit mais pas obligatoire non plus)Tarkovski nous entraîne sur ce chemin russe  de la fin du Moyen Age,très obscurantiste.Ses héros à lui,outre le moine artiste Andreï Roublev,sont souvent un fou,une infirme,un vieux compagnon de marche.Tous semblent se confondre avec l'hostilté de la nature,maigres comme ces modestes bouleaux,maltraités comme cette pauvre terre russe gorgée d'eau et de boue.C'est l'occasion pour Tarkovski de très beaux tableaux sur la foi et la raison,avec une Passion du Christ enneigée(le premier titre du film devait être La passion selon Andreï),avec un sabbat,peut-être la part du diable,avec l'apocalypse selon les Tatars et la mise à sac de la cathédrale de Vladimir qui contraindra Roublev au silence et à l'expiation pour un crime de légitime défense.Enfin une cloche rédemptrice rouvrira les lèvres et les mains d'Andreï qui comprendra que taire son talent est un grand péché.

    Ne nous y trompons pas surtout.Andreï Roublev n'a rien d'un pensum terriblement orthodoxe.C'est au contraire une invitation au spectateur à se prendre en charge,à se questionner.Naviguant entre la fresque grandiose et les angoisses du moine-peintre,annonciatrices de la Renaissance,Tarkovski signe un chef-d'oeuvre complexe,incroyablement fouillé,interactif en ce sens que l'on ne sort de ce film qu'en s'interrogeant.Il y a un sentiment religieux qui anime Andreï Roublev certes mais plus encore une exaltation de la liberté artistique qui lui valut d'être " bloqué" longtemps aux temps très anciens de l'U.R.S.S.En 86 Andreï Tarkovski tournera en Suède son film ultime Le sacrifice.Au très beau cimetière orthodoxe de Sainte Genevieve sa tombe voisine avec celle de Rudolf Noureev.Sont-ils si éloignés l'un de l'autre?

16 septembre 2007

Les fleurs du mâle

    J'aime le cinéma de Jim Jarmusch.Sans avoir l'air d'y toucher et sans tourner énormément il a su depuis vingt ans faire entendre sa petite musique filmique très personnelle.Dead man et Ghost Dog sont deux films très aboutis,aux images fortes,où les influences de différents cinémas transpirent(western,films de samouraï).Broken flowers est lui aussi un bijou de ciné-pêle-mêle frôlant le surréalisme et le road-movie,narrant le très improbable voyage d'un Don Juan d'aspect lunaire joué par le fabuleux "Droopy" Bill Murray,cet acteur à minima qui d'un regard nous fait fondre de compassion et nous tordre de rire.Bill est tout cela à la fois,clown blanc à la tristesse chevillée devant sa télé,solitaire conquérant mais qui comme Don Juan a dû être à chaque rencontre,donc à chaque rupture(car pour moi rencontre et rupture sont synonymes,ce n'est qu'une question de temps) se retrouver encore un peu plus pâle,un peu plus triste,un peu plus absent.Il y a dans les personnages joués par Murray un je ne sais quoi d'un mime du Boulevard du Crime qui n'aurait pas déparé Les enfants du paradis.

   Le cinéma de Jarmusch joue beaucoup sur l'absence avec des héros qui ne sont pas tout à fait là.Ils sont un peu ailleurs et le spectateur s'est éloigné lui aussi pour broder sa propre logique sur les thèmes égrenés par Jim Jarmusch. Ici la sempiternelle quête du père à la recherche d'un fils,fils pas très probable lui non plus évidemment.Jim Jarmusch n'impose jamais rien.Ce n'est pas un tonitruant et si vous voulez des certitudes passez votre chemin.Ici vous n'aurez même pas des probabilités,seulement des hypothèses au long de la route comme dans Mystery train ou Down by law,plus anciens mais déjà très incertains. Quelle qualité que l'incertitude qui baigne Broken flowers.Et comme toujours Jarmusch a soigneusement choisi ses musiques.

16 septembre 2007

Italie,couple,premières crises

    Ce film,intelligent,émouvant,clinique prouve l'infinie cohérence de ce cinéma italien à nul autre pareil.Je ne reviendrai pas sur ma vénération de Roberto Rossellini, l'homme de Roma cita aperta,de Païsa, d'Allemagne année zéro et sur le Néoréalisme,honneur du cinéma et mon leitmotiv sur ce blog ciné depuis les origines.En 53 Rossellini s'est éloigné des critères néoréalistes,à sa manière,comme les quatre autres  figures majeures prénommées Vittorio,Luchino,Federico et Michelangelo. Déjà il y a eu en 51 le très dérangeant Europe 51 où la grande Ingrid est tentée par la sainteté après le suicide de son fils.Rossellini a toujours été dérangeant.Il est même le prototype du cinéaste de la remise en question.

   On a parlé d'Antonioni au moins quelques jours après sa disparition.Voyage en Italie préfigure la crise existentiellle que le metteur en scène de L'Avventura portera à son apogée.Rossellini se penche sur le couple avec une acuité toute personnelle lors d'un voyage de bourgeois anglais près de Naples.Dans la pauvre campagne napolitaine ou dans les hôtels de luxe les deux époux,sans enfant,ne se sont jamais tant vus et cette intimité est douloureuse. Comment ne pas partager cette inquiétude feutrée d'abord puis patente devant la déliquescence de ce couple finalement comme vous et moi?La jalousie s'installe sournoise mais Voyage en Italie n'est pas un film sur un triangle amoureux quelqu'il soit.C'est par contre une oeuvre magistrale sur la difficulté d'être à deux,et l'humanité ne semble guère douée pour ce que j'appelle "l'être ensemble".

     En Italie plus qu'ailleurs et surtout dans les années cinquante on est confronté à la beauté antique et à la noirceur contemporaine.Souvenir de la guerre pas si lointaine un jeune poète ami de Katherine lui revient à l'esprit.Ce n'est pas du gôut d'Alexander peu porté sur la sensibilité.Les fuites de l'un comme de l'autre dans les catacombes(symbole) ou les musées aux troublantes statues pour Katherine,et dans les mondanités pour Alexander,semblent un temps sonner le crépuscule de ce mariage stérile.Images de landaus et de femmes enceintes,puis images de la foi des processions redonneront peut-être une autre foi et un semblant d'avenir à l'un des plus beaux couples "vrais" de cinéma qu'il m'ait été donné de voir,Ingrid Bergman et George Sanders.

    Le cinéma de Rossellini est le plus étudié au monde.Le cinéma de Rossellini est aussi le plus poignant,le plus "humain" qui soit.Il faut absolument voir Rossellini qui n'est pas qu'un sujet de thèse.

15 septembre 2007

Une chanson:In the year 2525

   

    

      Je vous demande bien pardon.Je suis rarement tombé aussi bas.J'ai honte.J'essaierai de ne pas naufrager davantage.Je n'ai aucune excuse.Que vous dire?Ben voilà Messieurs et Mesdames,c'était il y a si longtemps.Moi,moi je ne voulais pas mais,entraîné par des copains de 18 ans,j'ai suivi.Et j'ai participé au succès de cette bêtise auditive.J'espère que je vaux un peu mieux que ça.Vous avez vu,hein,des fois je parle de Dylan,de Cohen,de Young,et de gens bien.J'ai craqué mais j'étais si jeune.Oui j'avoue que j'ai aimé In the year 2525 des dénommés Zager and Evans.Et puis vous savez,je crois que je l'aime encore un peu,rien qu'un peu.Larmes...

http://www.youtube.com/watch?v=WhNM2K8cmU8

14 septembre 2007

Woody: "Allez!"

    En fait musique antérieure à la Seconde Guerre.Musique de crise aussi puisque la plupart des morceaux quoiqu' enregistrés dans les années quarante parlent de l'Amèrique des Raisins de la colère,roman célèbre et film célèbre un peu antérieurs.Steinbeck à propos de Woody Guthrie écrivait:Woody est unique.Il est cette voix,cette guitare.Il chante les chansons de son peuple et je crois bien qu'il est,en fait,ce peuple.Avec sa voix crue et nasale qui pend comme un cric sur un clou rouillé,Woody n'a rien de sucré,comme il n'est rien de sucré dans ses chansons.Mais ceux qui entendent savent qu'il y a bien plus important.Il y a la volonté des gens de résister et de combattre l'oppression.Je crois qu'on peut définir ça comme étant l'expression de l'Amérique.

  Souvent seul,parfois acoquiné dans ce disque avec le fameux Cisco Houston à la guitare et le non moins connu Sonny Terry à l'harmonica,Woody Guthrie est un conteur-meneur authentique,à une époque où ça voulait dire quelque chose.Les images de Woody ne sont pas légion.J'insisterai donc sur les paroles de quelques chansons de ce disque,le premier d'une somme de quatre compilant intelligemment des pièces connues sous le nom de Asch Recordings,Moses Asch étant un immigrant polonais devenu pionnier des enregistrement folk(Leadbelly entre autres).

  This land is your land est le "tube" de Woody Guthrie, inlassablement repris par tous,notamment le Boss,véritable amoureux de Tin Pan Alley.Tin Pan Alley est le surnom très joli de la musique populaire américaine, traduisible par Allée des casseroles en étain,mais en français ça en jette moins.This land is your land n'a guère besoin d'explications.

  Lindbergh prend position contre l'idéologie de l'aviateur plus que suspect de sympathies pour Berlin et partisan de la neutralité.Philadelphia lawyer raconte le meurtre d'un avocat de l'Est par un cowboy jaloux.Pastures of plenty et Grand Coulee Dam sont des chansons écologiques avant l'heure,au sujet des gigantesques travaux hydro-électriques dans la vallée de la Columbia,années trente.Hobo's lullaby comme son nom l'indique est une Berceuse pour le hobo,ce vagabond bien connu de ceux que passionne l'histoire de l'Amérique.Non écrite par Woody on raconte que c'était sa préférée.

   Talking fishing blues et Talking hard work sont des talking blues,plus parlés que chantés et dont Woody était friand.Le thème en est généralement le difficile quotidien des ouvriers dans cette Amérique encore fort rurale.Woody fut d'ailleurs un temps considéré comme un représentant quasi-officiel des travailleurs.Plus étonnant Jarama Valley est l'histoire du Lincoln Batallion engagé aux côtés des Républicains dans la Guerre d'Espagne(il n'y avait pas que Malraux même si celui-ci a mieux su le faire savoir).Plus de 1500 volontaires reposent en terre espagnole depuis février 37.Je ne le savais pas mais Woody Guthrie raconte bien l'histoire de son pays.

  So long it's been good to kow you  http://www.youtube.com/watch?v=zqiblXFlZuk

14 septembre 2007

Trois nouvelles de Chandler avec cigarettes,whisky etc...

    Parce que les écrivains comme Chandler font partie de moi,au même titre que mon saint patron Bogart,que les films noirs imbibés et que les blondes fatales de cinéma.

    Parce que ces trois nouvelles me plongent dans une Amérique en noir et blanc où les types qui se font buter le font avec élégance et que le voyage nous mène des grandes métropoles aux paisibles lacs de montagne,au long de routes pas encore trop chargées où toutes les rencontres sont possibles,bonnes fortunes ou balles perdues.

    Parce que le style de ces durs à cuire dont j'ai déjà souvent parlé est rude,âpre,sans détours et par dessus tout pétri d'humour comme cette phrase d'anthologie:Le manche en corne du couteau de chasse en saillie sous son omoplate gauche ne semblait pas le gêner du tout.

    Parce qu'il y a longtemps que la littérature noire,les Black Mask Stories,ou les histoires de détectives bien troussées font partie des Belles Lettres.Et parce que les cadavres de Chandler, Hammett, Cain,McCoy et consorts porteront à jamais pour moi de magnifiques costards tout en se foutant pas mal de leur posthume célébrité. Un peu comme Van Gogh.Tiens,c'est ça,très bon ça!Ces gars-là c'étaient des Van Gogh,des Modi...

9 septembre 2007

L'ai-je bien descendu?

    L'une de mes idées est un film de montage où l'on analyserait l'escalier au cinéma.Inépuisable.Attention à la marche mais nous sommes vraiment en terrain connu.

8 septembre 2007

Furie:titre sobre

         Et l'homme fit de l'homme une bête. Fritz Lang découvre l'Amérique.

     La foule est une hydre,entité propre,qui fait partie de l'univers de Fritz Lang dès ses films allemands. Souvenez-vous des ouvriers robotisés de Metropolis ou du tribunal de la pègre de M.Après une courte escale en France Lang tourne en 36 son premier film américain.Fury est une oeuvre d'une rigueur admirable qui ne se démodera jamais car le couple infernal crime-vengeance et le rapport mal-justice sont inhérents à l'homme qu'il soit des cavernes ou dans nos sociétés civilisées.D'ailleurs Lang en parle bien dans ce film des "civilisés".Venant de quitter l'Allemagne en pleine horreur montante Lang universalise très intelligemment une parabole sur la violence latente qui sera au coeur de plusieurs de ses films (voir billets précédents dans Cinéma des Etats-Unis).

  Spencer Tracy,qui aura toute sa vie plutôt une image de droiture est victime d'une méprise et emprisonné. Les années trente et une ambiance encore très western baignent cette intrigue.Nous ne sommes même pas dans l'erreur judiciaire mais dans la justice expéditive(Voir le beau film de W.Wellman L'étrange incident déjà chroniqué). La brutale montée de la haine des gens "bien" fait penser à d'odieux évènements contemporains du film et Fritz Lang  orchestre la partition magistralement:les "justiciers" assiègent la prison presque en chantant,sûrs de leur bon droit.L'étranger ne peut qu'être coupable et l'on s'achemine vers l'innommable de façon presque guillerette.Scènes d'hystérie,mention spéciale à quelques femmes qui viennent comme au spectacle de la guillotine.Mais le film,déjà très troublant,est loin de s'arrêter là.

     Joe Wilson n'est pas mort et toute la deuxième partie du film est consacrée à sa vengeance,menée progressivement et sans faiblesse,réfléchie,orchestrée,planifiée et pour tout dire cauchemardesque.Joe Wilson le brave type ira frôler par sa haine et son idée fixe l'horreur du comportement des accusés.Passé de l'autre côté de la ligne,mort civilement et anéanti par le basculement des valeurs de son pays cet homme sain,homo americanus de bonne foi et fidèle à l'amendement,ira aux limites de l'insoutenable et la victime finira par ressembler comme un frère à ses bourreaux.Mais veille l'amour et Lang a souhaité la rédemption. Faut-il le regretter sur le plan du cinéma?Mais bon sang,le grand pays démocratique a eu très chaud,si prompt à dégainer.En Europe dans trois ans on dégainera sérieux.

   Fury est un film implacable comme la plupart des grands films de Lang: manipulation, voyeurisme, vengeance, compromissions au programme du maître viennois.

5 septembre 2007

Jane,ma soeur Jane

     Dans la série Familles je vous hais,non loin de Festen ou de Qui a peur de Virginia Woolf?,voire La guerre des Rose,voici Cruauté,duplicité,sororité.On sait que ce type de films tourne souvent au duel de monstres sacrés,plus encore d'ailleurs au théâtre,combat quotidien où doivent s'exacerber encore jalousies et rancoeurs,fort courantes à la scène(exemples célèbres d'Arestrup ou plus loin dans le temps de Raymond Gerome et Madeleine Robinson dans la scène de ménage totale d'Edward Albee qui au cinéma vit aussi Burton-Taylor échanger des horions)Avec Baby Jane on frôle le film d'épouvante domestique et fraternelle. Le Grand-Guignol,spécialité théâtrale du XIX° Siècle,n'est pas loin non plus,chargé de rictus et de maquillages outranciers.

    On sait peu que Qu'est-il arrivé à Baby Jane? est adapté d'un roman de Henry Farrell auteur aussi d'Une belle fille comme moi(Truffaut au cinéma).Le film dirigé par Robert Aldrich est impressionnant,cerné de méchanceté et de puérilité débilitante,traversé par un infantilisme incarné par Baby Jane-Bette Davis.C'est bien d'une sorte de poupée maléfique qu'il s'agit.Ce malaise s'empare de nous et ne nous lâche plus.Davis y est ahurissante et le malaise s'en accroît encore vu la façon dont elle s'approprie ce personnage quasi-démoniaque.Crawford victimise davantage Blanche Hudson et sa manière de tourner en rond les yeux exorbités semble indiquer qu'elle n'est pas l'innocence même.Ce serait trop simple.Pour faire court je dirai que je crois beaucoup à Davis en bourreau,moins à Crawford en victime et c'est ce que voulait ce malin de Robert Aldrich à mon avis.Les bonus du DVD qui m'ont assez peu conquis parlent de relations tumultueuses entre les deux stars,ce qui,étant donné leur réputation,n'étonne guère.

   Longtemps classé dans les films d'épouvante Baby Jane dépasse de loin le genre mais y adhère totalement malgré tout par la surenchère de kitsch,de mauvais goût,sorte de Dallas presque gore(rappelons que nous sommes en 62). Mais je viens au plus impressionnant du film à mon gré,peu commenté me semble-t-il.Le personnage joué par Victor Buono,musicien convoqué par Jane pour recréer son numéro musical d'il ya plus de cinquante ans,est à lui seul un cas clinique effrayant.Vieux garçon accaparé par sa mère, freudien comme c'est pas permis,la lippe pendante et la chemise douteuse,Erwin sera la lâcheté en personne, veule et méprisable,d'une totale in-humanité.Un rôle formidable de composition qui sera pour moi l'image forte d'un film qui n'en manque pas.

1 septembre 2007

Cédant à l'amicale pression de mes amis Oggy et Fantasio j'ai donc visité Malpertuis

        Et j'ai bien fait.Ce récit d'une rare puissance d'évocation n'a rien à voir avec les vétilles décrites dans Ray,feuilletonniste et témoigne d'un souffle fantastique exceptionnel.D'un abord que je considère relativement difficile Malpertuis est une demeure inoubliable que je ne connaissais que par quelques photos du film d'Harry Kumel.On ne peut trop raconter ce livre car il est de ceux dont il faut laisser l'interprétation de chacun vagabonder et échafauder ses propres hypothèses.Vertige de la création littéraire mêlant la mythologie grecque aux influences du roman gothique Malpertuis est une parabole des confins de l'humanité quand l'homme ce vil mortel se met en tête des idées d'immortalité.On ne joue pas impunément avec les dieux fussent-ils mineurs ou en disgrâce.

     Malpertuis est également une oeuvre baroque un peu à la sud-américaine avec une multiplication des narrateurs et des points de vue qui désarçonne le lecteur.Celui-ci devra faire quelques efforts pour se réapproprier l'histoire.Ce n'est pas si simple mais peut-être Jean Ray le précurseur a-t-il en quelque sorte inventé le concept d'interactivité et de "livre dont on est le héros".Touffu,traumatisant,objet littéraire peu convenu,Malpertuis vous attend.Traversez donc le miroir comme Cocteau dont j'ai crû voir la silhouette le long des murs murmurant de cette bâtisse d'inconfort et de crainte.

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