La poésie du jeudi, Francis Picabia
Labyrinthe
La volonté attend sans cesse
Un désir sans trouver.
Le cran d'arrêt passionne
l'absence de gaudriole.
Une cicatrice vers la nuit
profane la réflexion.
Il n'y a que détachement incrédule.
On me fait souffrir
parce que je sais l'indifférence
Banalités embarquées
sans cesse sur elles-mêmes :
Les horizons attirent les yeux
de nos sentiments.
Francis Picabia (1879-1953)
Touche à tout aristocratique Francis Picabia fut surtout peintre. Dada, Surréalisme, et autres sympathiques sornettes eurent sa visite. Poète aussi, à sa manière, qui ressemble à celle de Picabia peintre. Pour preuve ce Labyrinthe aussi clair que Parade amoureuse, le tableau ci-dessus. En fait Picabia ne voulait surtout pas rater le dernier train à la mode. Maintenant on dirait hype, ou branché. Ainsi fut-il fou de l'automobile et du cinéma, tous deux frémissants. On est en droit d'apprécier. En droit aussi de penser qu'il se fout de nous. Allez savoir! A dire vrai, moi, de Picabia, j'aime surtout son duo avec Erik Satie dans le surréalistissime Entr'acte de René Clair.