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1 juillet 2014

Quelque chose en nous de McCullers

REFLETS

                                          C'est devenu une excellente habitude de lire avec Val La jument verte de Val . Là ce fut même pour moi une relecture car je crois, même pas  sûr, avoir déjà découvert Reflets dans un oeil d'or il y a des siècles. J'ai vu aussi l'excellent et tout aussi troublant film de John Huston ave Brando et Taylor, bonjour les egos. Carson McCullers est une écrivaine que j'affectionne depuis longtemps. Le coeur est un chasseur solitaire, Frankie Adams, L'horloge sans aiguilles, les nouvelles de La ballade du Café Triste sont pour moi de précieux souvenirs. Ce Sud douloureux chez cette femme qui fut elle-même frappée dans sa chair très jeune prend ici la forme étouffant d'un quartier militaire, déjà une oppression en soi, et particulièrement d'une sorte de ballet un peu morbide à six personnages.

                                          Les Penderton et les Langdon. Deux officiers et leurs femmes, l'un amant de l'épouse de l'autre, Leonora, une femme beaucoup plus portée sur le physique que sur l'intellectuel, et lui-même nanti d'une femme psychologiquement très malade, Allison. On voit déjà le climat de frustration, notamment sexuelle (impuissance, pulsions homosexuelles)  très" tennesseewilliamsesque" si j'ose ce barbarisme. Sauf que tout ça est antérieur (écrit en 1941) aux pièces de l'auteur de la Ménagerie... et du Tramway... Sauf aussi qu'on n'y assiste pas à de grandes scènes violentes comme dans le théâtre un peu fatigant de Williams. Deux autres personnages complètent le tableau, un soldat timide et voyeur, capable de grandes colères, et un domestique philippin  voué corps et âme, jusqu'à quel point, à la femme si fragile du commandant. Un cheval aussi, monté par l'épouse infidèle et soigné par le soldat, joue un rôle important dans ce psychodrame où rien n'est véritablement montré mais où la moiteur du Sud et la névrose des personnages sont explosives jusqu'à l'accomplissement. Carson McCullers, elle-même très souffreteuse, n'impose rien, mais inquiète terriblement le lecteur qui, ce me semble, se retrouve en partie face à ses propres contradictions, ses insatisfactions, et ce mal-être qui nous est un peu délicieux, sournoisement mais réellement.

                                         Un paon d'un vert sinistre, avec un seul énorme oeil d'or; et dans cet oeil d'or quelque chose de minuscule et ... (Anacleto, le domestique regardant les tisons du feu devant Allison l'épouse malade délaissée d'un côté, vénérée de l'autre).

                                         Tout ceci nous est raconté en 150 pages. Amplement suffisant à l'heure ou certains se prennent pour Tolstoï. Encore faut-il le talent, le génie, d'une écrivaine meurtrie, apte à nous inviter au bal du mal et de la souffrance, les seuls éléments qui, dans Réflexions dans un oeil d'or, soient partagés équitablement entre ces six personnages, pas en quête d'auteur. Sans oublier le cheval, qui a droit lui aussi à pas mal de brutalités. Il va de soi que j'en demande pardon à Val. Le grand John Huston, qui adapta aussi Tennessee Williams, a plutôt bien appréhendé l'atmosphère délétère de Carson McCullers. A mon avis.

 

 

                                        

 

 

 

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Commentaires
M
Et dire que j'avais loupé ce billet !<br /> <br /> Je n'ai pas encore lu le bouquin, encore un qui dort dans ma PAL, mais vu et beaucoup aimé ce film, Brando, Taylor, forcément...<br /> <br /> Merci ! :)
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D
Bonjour Eeguab,<br /> <br /> Ma dernière (seconde) vision du film remonte malheureusement déjà pas mal, mais je l'ai aimé. J'ai été heureux d'y souffrir et d'y étouffer, si j'ose dire... En tout cas, c'est mon souvenir.
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A
Pour moi aussi cette lecture (et le film) remontent à des temps presque immémoriaux ! J'en garde quelques images fortes mais des souvenirs trop effacés pour être commentés ! ;) Ton billet éclatant ne peut que m'inciter à une re-lecture mais quand ??? :lol: Bises et à ttds !♥
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V
Coucou Edualc :-) <br /> <br /> Ne t'inquiète pas , je n'ai pas été traumatisée :-)<br /> <br /> Bises ;-)
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C
Le couple Taylor/ Brando possède un tel érotisme magnétique que l'on ne peut plus jamais imaginer les héros de ce roman sous d'autres traits.<br /> <br /> Tu le vois le petit reflet dans mon œil d'or? C'est de l'admiration pour ton talent a si bien rendre les émotions littéraires. <br /> <br /> Comme dit le Bison, ça fait mal!
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L
Ouch ! Putain, ça fait du bien de lire un truc pareil. Va falloir que je m'y mettes un jour. Et sérieusement même.<br /> <br /> J'ai les nouvelles de La ballade du Café Triste qui attendent tristement que je veuille bien les feuilleter. Un jour ou l'autre. Un jour plus tôt qu'un autre.<br /> <br /> Va falloir. Ouch, que ça fait mal ton billet...
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V
Bonsoir Edualc <br /> <br /> Quelle bande annonce !! je l'imaginais différente Leonore (elle paraît même violente dans une des scènes alors que je la voyais presque victime dans le livre ...comme quoi.... :-)) <br /> <br /> Une très bonne lecture pour moi aussi ;-) trouble parfois mais intéressante ...<br /> <br /> Bises et à bientôt :-)
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B
Je n'ai ni lu le livre ni vu le film mais tu m'en donnes sacrément envie !!
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D
jamais lu pour ma part mais seulement vu le film <br /> <br /> un oubli à rattraper manifestement
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M
Wouhaaa ! Quelle tête d'affiche ! Huston, Taylor, Brando et Mc Cullers ... ça ne put qu'être un grand moment e cinéma !<br /> <br /> Quel dommage que la télévision ne diffuse plus ces grands films.
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