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11 décembre 2016

La machine infernale

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                                 C'est Dermot Bolger qui parle de machine infernale à propos des années du Tigre Celtique, où les Irlandais se sont crus les maîtres du monde. Ensemble séparés ce n'est pas l'Irlande des pubs et des banjos et du rugby même si l'on y boit pas mal. L'auteur y démontre les mécanismes du profit de ces quelques mois où Erin s'est prise pour Wall Street et Las Vegas en même temps. Soit deux couples à Dublin, des voisins, Chris et Alice, remise mentement d'un grave accident, Ronan et Kim, sa seconde épouse jeune et philippine. 2007, selon un processus que je n'ai pas très bien compris, étant une buse en économie, les deux hommes tentent de s'enrichir dans l'immobilier. En ce temps là en quelques semaines se bâtissaient des fortunes sur les rives de ma chère Liffey. Voisins, amis, rivaux, ennemis, Chris et Ronan sont tout cela à la fois. C'est l'un des atouts de ce très bon roman de suivre ce rapport entre deux hommes qui ne se sont jamais vraiment quittés.

                               Tanglewood (titre original) est passionnant bien  qu'un peu laborieux dans le premier tiers, avec ses précisions sur la situation financière de l'ancienne lanterne rouge de l'Europe, promue du jour au lendemain tête d'affiche. Mais après quel régal. Dermot Bolger brasse avec bonheur les intimités des deux couples, et les brutalités sociales qui voient s'opposer winners et losers, les winners d'un soir ruinables dès la semaine suivante. Et le romancier dépeint aussi sans démagogie ni misérabilisme cette population ex-yougoslave qui trime sur les chantiers de la nouvelle Irlande, et notamment dans le jardin commun de Chris et Ronan. Vers la fin du livre Bolger revient sur la Yougoslavie post-Tito et les guerres fratricides qui jetèrent sur les routes de l'exil tant d'amis ayant choisi des camps différents, emportant à l'Ouest, par exemple à Dublin, rudes souvenirs et lourdes rancoeurs.

                             Je suis admiratif de tant de livres irlandais que je vais me répéter. Quatre millions d'Irlandais et de si beaux textes. A croire que famine, omniprésence d'un catholicisme longtemps terrible, encombrant voisinage britannique, violences civiles un siècle durant, et pubs embierrés forment pour la littérature un coktail idéal. Je pense souvent ça aussi pour Israel et l'Afrique du Sud. Les deux titres, c'est assez exceptionnel, sont très beaux. Tanglewood insistant sur le côté embrouillé, tangle, de cette spéculation immobilière. Et Ensemble séparés pour la complexité et l'imbroglio qui enrichirent certains et ruinèrent d'autres, ou parfois les mêmes. Bref je vous invite, mitoyens que vous serez chez Chris et Ronan pendant 366 pages, à partager ce très beau roman qui en dit long sur l'Irlande, sur quelques Irlandais, sur les hommes en général et sur notre siècle compliqué où éclatent parfois des bulles meurtrières à leur façon.

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Commentaires
E
Amie So, pour la énième fois je te redis que nous sommes souvent bien différents, c'est entendu. Je te redis aussi que j'ai toujours autant de plaisir à te visiter depuis pas mal de temps maintenant. Ce "statut" d'intello me pèse parfois, j'ai d'ailleurs des scrupules à l'employer. Marcheur moi-même je suis sûr que je serais très heureux de randonner avec toi par exemple. Bises et bon weekend :D
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S
Que ton univers littéraire est loin du mien, Edualc :roll:<br /> <br /> Mais pour être des Amis, nulle obligation d'être sur le même chemin bouquinesque :wink:<br /> <br /> Bon weekend et gros bisous
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D
voilà un livre qui colle à l'actualité, j'ai entendu hier la révolte d'Irlandais acculés par les fonds communs de placement qui exige des remboursements de dettes que ces gens sont bien incapable de rembourser rapidement, la colère gronde en Irlande qui a joué avec le feu en permettant des investissement défiscalisés et qui en paie le prix <br /> <br /> je vais noter ce bouquin peut être pas pour tout de suite mais un jour ou l'autre .....
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C
Il est vrai que la misère et l'oppression ont toujours formé un terreau propice aux plus belles pages de la littérature, dans quelque pays que ce soit...<br /> <br /> Kiss you and attb dear friend<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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A
C'est vrai que le nombre de (bons) écrivains au mètre carré est impressionnant dans ce petit pays ! Je ne suis pas passionnée d'économie non plus mais pourquoi pas ? ;) Bises Edualc et à ttds !
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L
quel pays surprenant ! et de si grands écrivains, la partie économique me rebute un peu sinon je le lirais volontiers.
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