Ma BD de l'année, roots and blues
Le Bison m'a coûté 17 euros avec sa chronique. Je ne lui en veux pas car ce road-movie dans le Sud américain années trente m'a presque comblé. Deux auteurs espagnols, Angux et Tamarit, brodent une belle variation sur la fameuse légende du bluesman Robert Johnson (1911-1938, 29 titres gravés en tout et pour tout) qui aurait vendu son âme au diable. Ce mythe, célébrissime chez les blues addicts, est si beau qu'on l'imprime (je vous refais pas le coup de John Ford, Liberty Valance, célébrissime chez les western addicts) dans sa mémoire comme un grand moment de l'histoire de la musique et de l'Amérique. Mais les deux auteurs démultiplient habilement ce fameux pacte avec le diable. Attention à n'en pas trop dire.
Avery et sa guitare, quelque part dans le Mississippi, après une curieuse rencontre que vous imaginez, se trouvent sur les routes avec Johnny, gamin qui lui a emprunté sa guitare. Sur ces mêmes routes couleur poussière et whisky (citation Le Bison) on essaie de sauter dans un train de marchandises, on croise des cavaliers avec un drap sur la tête et qui n'ont pas l'air de nous vouloir du bien, on voit aux branches des Strange Fruits comme le chantera Billie, on apprend l'alcool et la promiscuité. Mais surtout on apprend le Blues, majuscules s'il vous plait. Des surprises attendent le lecteur dans cette aventure on the road again que je vous laisse découvrir.
Et comme tout bon blues se doit de se fendre d'une note un peu plus criarde, voire fausse, surtout d'ailleurs quand c'est moi qui joue (là on parle de canards), je me fendrai aussi d'une légère frustration. Pas assez à mon gré de scènes musicales proprement dites. A propos de canards, dans Avery's Blues, les corbeaux sont très nombreux et très bien et très noirs, surtout sur Crossroad. Allez Le Bison, courage, voir plus bas si vraiment tu y tiens pour un massacre en règle, celui de Love in vain.
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