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7 juin 2017

Le vieux de la montagne

le chien

                                      Il est des petits livres, 140 pages, qui sont des merveilles. Claudio Morandini est un auteur italien né en 1960, né en Val d'Aoste, donc en Italie montagnarde et Le chien, la neige, un pied ne quitte pas non plus les hauteurs alpines. Evidemment j'ai pensé à Dino et Mario, deux de mes auteurs de chevet. Et je trouve que c'est assez cohérent, Morandini peut apparaître partiellement comme un héritier de ces conteurs hors pair, Buzzati et Rigoni Stern. Avouez que la barre est haut placée, normal pour ces écrivains alpinistes.

                                      Adelmo Farandola vit seul, âgé, reclus, mémoire défaillante, dans un chalet perdu avec son fusil et quelques fruits dans l'étable. Dans cette totale solitude sa misanthropie était prévisible. Ce vieux ronchon, plutôt muré, d'ailleurs il descend à peine au bourg pour quelques modestes provisions. Les très rares visiteurs sont mal reçus. C'est qu'il a la grisaille agressive, l'Adelmo. Si je me souviens bien Mario Rigoni Stern c'est tout à fait le contraire, ses montagnards (souvent inspirés de lui-même) cultivent encore le goût des autres et un certain parfum d'humanité.

                                      Mais voilà que l'arrivée d'un chien, plutôt moche, vieux lui aussi, change un peu la donne. Un peu seulement car Adelmo n'est pas dans le genre bras ouverts et le quadrupède aura plus de coups de pied que de d'os à ronger. Qu'importe car il est bavard ce chien (Buzzati aussi a mis en scène des chiens, parfois dotés de la parole). Ils passent comme ci comme ça le plus gros de l'hiver. La crasse tient lieu de manteau à Adelmo et le chien finit par obtenir quelque pitance.

                                      Troisième intervenant, à la fonte des neiges, un pied. Un pied humain qui dépasse du sol. Ce pied appartient bien à quelque corps. Et quel corps? Mémoire défaillante Adelmo aurait-il tué un garde ou un randonneur? Curieuses interrogations du vieillard presque sénile et du chien disert. Vous croyez au moins à une histoire d'amitié entre l'homme et l'animal? Avez-vous raison? C'est un joli conte assez cruel, en absurdie, qui s'accomode fort bien de la concision. Et qui frôle bien souvent la poésie et le surréalisme. Un très beau moment. Je vais me renseigner sur ce Morandini.

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Commentaires
V
Je suis d'accord. Un grand livre. Une histoire, une écriture claire. Beaucoup de choses qui le rendent mémorable : Adelmo et sa mémoire vacillante et puis tout ce qui parle et qui ne devrait pas.<br /> <br /> Grâce à toi, j'ai fait une belle découverte et une belle lecture, dont je suis sûr qu'il me restera toujours quelque chose.<br /> <br /> A bientôt.
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E
Merci à tous quatre. C'est vraiment un bon bouquin et le thème de l'attente, de l'isolement, voire de la misanthropie est effectivement assez fascinant.
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C
Je me plonge depuis quelque temps dans l'étude du Misanthrope, depuis que j'ai vu, revu et re-revu Alceste à Bicyclette.<br /> <br /> La misanthropie me fascine.<br /> <br /> Comment en arrive-t-on à détester le genre humain dans son ensemble ?<br /> <br /> Aussi ce livre m'interpelle.<br /> <br /> Et puis il y a toi, ta façon très personnelle de donner envie de lire (ou de ne pas lire aussi, quand tu n'aimes pas)<br /> <br /> Comment ne pas être tentée par cette lecture ?<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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V
Il pourrait me convenir ce livre à moi aussi qui pensait aller voir demain si je pouvais me procurer du Buzzati ( pour tout dire je pensais aux sept messagers, après être retombé sur un de tes anciens billets ) et je pourrais rajouter ce voyage en absurdie, en solitude aussi. Le chien, la neige, un pied, le pied ?<br /> <br /> A bientôt
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A
Un roman qui pourrait tout-à-fait me convenir :-)
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L
Intriguant ce roman... Ce vieux, l'animal, de la poésie et des Alpes, ça me fait aussi un peu penser au "poids du papillon" de Erri de Luca.<br /> <br /> Et puis le titre, presque absurde, ça a son effet. Je ne connaissais pas du tout, mais je ne connais rien aux auteurs italiens, je te fais confiance là-dessus, ça a l'air passionnant...
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