Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Derniers commentaires
Pages
9 octobre 2019

La fureur d'écrire

fureur

                        Le nom de James Agee est bien méconnu en France. Seuls quelques cinéphiles savent qu'outre les scénarii d'African Queen et La nuit du chasseur il est l'auteur de Louons maintenant les grands hommes,  brûlot signé avec le photographe Walker Evans sur la situation des fermiers du Sud dans les années trente, et bien plus tard d'Une mort dans la famille, Prix Pulitzer 1958 à titre posthume.

                        Rodolphe Barry, déjà auteur de Devenir Carver, passionné des lettres américaines, nous plonge dans la vie agitée, douloureuse, presque sacrificielle (le terme ne lui aurait pas déplu) de James Agee (1909-1955). Né dans le Tennessee Agee, tiers-mondiste avant la lettre, très engagé en une gauche américaine loin de se satisfaire du New Deal de Roosevelt. Au point qu'on peut se lasser de sa perpétuelle attitude de révolté donneur de leçons. C'est un peu mon cas à la lumière de l'excellent ouvrage de Rodolphe Barry. C'est que James Agee coche toutes les cases. Hypersensible, alcoolique, tabagique au possible, débauché au sens moral de l'époque, antiestablishment maladivement. Ecrivain, journaliste, critique littéraire et cinématographique admirateur et admiré de Charlie Chaplin, il n'eut de cesse de pourfendre les injustices. 

                       Hollywood fit appel à lui. Il n'y fut guère heureux mais aucun écrivain de talent ne fut à l'aise comme scénariste à Hollywood tant leur imaginaire fut bridé par les majors. Rodolphe Barry n'occulte pas l'asociabilité d'Agee ni ses si tumultueuses relations avec ses femmes, dont trois épouses et de nombreuses et parfois très jeunes maîtresses. Le critique cinéma ne se fit pas non plus que des amis tant il avait la dent dure. Barry cite ainsi à propos d'un film de guerre:" Quand un groupe de dix acteurs maladroits tombent maladroitement et font semblant d'être morts un sourire maladroit aux lèvres, est-ce rendre justice à la réalité endurée par des soldats?"

agee

                       Agee fut l'un des rares à soutenir Chaplin jusqu'au bout et Barry raconte l'émouvante scène de James venu sur les quais de Manhattan saluer le départ du Queen Elisabeth qui emmène le maître du Septième Art en Europe, la plupart des Américains ne le reconnaissant plus. Les deux hommes ne se reverront jamais. Cette approche de la vie de l'un des grands Américains du siècle dernier, l'un des moins célébrés, est un passionnant roman vrai qui m'a donné envie de relire Une mort dans la famille. Même si je pense que le meilleur Agee se niche dans les textes courts, articles, critiques.

Publicité
Commentaires
C
Un personnage outré et furieux, comme l'Amérique en a produit plus d'un...<br /> <br /> mais quelque chose donne envie d'en savoir plus sur ces outrances.<br /> <br /> Kisses my friend from miss W<br /> <br />  •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Répondre
D
voilà un homme tout à fait extraordinaire, ses livres, son périple avec Evans pour faire entendre la voix des plus démunis, mais vrai qu'il fait penser à Don Quichotte toujours en combat contre tous les moulins à vent et on a la sensation qu'à certains moments il se trompe de combat
Répondre
V
Je ne savais pas qui se cachait derrière ce nom que je connaissais pour l'avoir vu au générique des films que tu cites. Un homme très intéressant.<br /> <br /> A bientôt Claude.
Répondre
L
Une vie tragique sous le signe de la difficulté . Pas sûre que j'ai envie d'en savoir plus que ce billet très intéressant.
Répondre
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
32 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 369 678
Publicité