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18 juin 2023

Vient la froidure

Hiver

                 C'est un roman publié il y a cinquante ans, d'un auteur bien oublié. Un souvenir de téléfilm ancestral et le prix, deux euros en bouquinerie, m'ont incité à le lire. L'hiver d'un gentilhomme de Pierre Moustiers se situe en Provence vers la fin du règne de Louis XV.  Le baron Jérôme de Sagne, vieux noble en son château voit son fils mourir de la main de brigands et, au soir de sa vie, se trouve témoin des premiers signes de grands changements dans la France des Lumières. Anne sa petite-fille, qui admire son aieul, semble préférer la vie provinciale près de lui, plutôt que dans le sillage de sa mère, veuve égoïste et superficielle. 

                 Jérôme de Sagne est un aristocrate lucide et qui sent le vent tourner. Humain avec les gens de maison, il a de l'estime pour le pharmacien Balthazar Maynier dont en plus il découvre le courage lors d'une expédition punitives contre les assassins de son fils Olivier. L'auteur connait bien la région provencale et les descriptions du pays sont magnifiques. On assiste sans grandes démonstrations et loin de toute démagogie à l'émergement d'une société différente. Les deux hommes se trouvent une communauté d'idées. C'est bien sûr l'ébauche d'un triomphe de la raison. Mais comme tout cela est bien traité dans ce roman qu'on considérera probalement aujourd'hui désuet.

                 En un siècle violent, mais toutes les époques ne le sont-elles pas, le bourgeois montant, intelligent et entreprenant, et le baron de province, attaché à la terre mais capable de saisir les progrès techniques et même certains mouvement sociaux, composent un duo encore insolite mais somme toute prometteur. L'hiver d'un gentilhomme est aussi à prendre au sens propre comme en témoignent ces quelques lignes émouvantes en leur simplicité. 

                  "On n'ose plus défendre une cause. On ne sait plus mourir...Ou bien j'ai vieilli. Balthazar a de la chance. Le destin sourit aux hommes neufs; tandis que les autres, les barons de la vieille cuvée, voient leurs meilleures intentions se retourner contre eux. Et  cela dure depuis depuis...la Régence."

                   Jérôme de Sagne marchait à présent d'un bon pas, sans parvenir à se réchauffer. Par instants, une douleur sourde creusait sa tête et brisait les muscles de son cou. Il respirait avec difficulté, les narines pincées, la bouche entrouverte, et son haleine, blanche, montait vers le ciel éteint. "J'ai beaucoup vieilli, songea-t-il, depuis ce matin. Me voilà au coeur de l'hiver."

                   La littérature dévore ses propres enfants. Chaque livre lu l'a été à la place d'un autre. Je trouve cela un peu terrifiant. Alors de temps en temps s'égarer sur un roman un peu ancien, pourquoi pas?

                   

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Commentaires
N
18e siècle + Provence = c'est fait pour moi. Je ne connaissais pas du tout, mais je note ! merci pour la découverte.
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V
Oh oui, tellement vrai. Encore plus pour moi, qui lit lentement et qui relit parfois. Et qui oublie aussi souvent ce qu'il a lu. <br /> <br /> Il faut vraiment aimer les livres, hein 😀<br /> <br /> A bientôt.
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L
Oui les livres disparaissent si vite remplacés par d’autres … de valeur inégale si je croise celui-ci je le lirai volontiers
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C
Ta dernière phrase donne le frisson...C'est ma foi vrai. Mais pas seulement pour la littérature...<br /> <br /> Toujours ton style élégant de gentleman des plaines.<br /> <br /> Kiss you, my friend<br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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