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BLOGART(LA COMTESSE)

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3 septembre 2015

Du passé faisons table rase

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                                Il est un peu difficile parfois ce Passé imparfait de Julian Fellowes. Intéressant et très bien écrit sur un sujet qui me branche: ma génération. L'auteur a mon âge. Il revient sur ces drôles de gens qui avaient 20 ans en 70, encore plus curieux quand il s'agit d'aristocrates anglais. Tout part dans ce roman des célèbres et désuets maintenant bals des débutantes ou quelque chose dans ce genre-là. Manifestement Julian Fellowes parle de choses qu'il connait bien en ce curieux pays,le plus exotique qui soit pour un Français. Pourquoi ai-je écrit en incipit qu'il était un peu difficile ce roman? Parce qu'il n'est pas si aisé pour un lecteur continental de s'inviter à ces 600 pages so typically British même si ce British là démolit consciencieusement la perfide Albion. Ce n'est plus Rule Britannia mais F*** you Bloody Island. Fellowes est l'auteur de Gosford Park l'un des derniers films de Robert Altman. C'est plus clair maintenant?

                               Damian Baxter charge le narrateur de retrouver la mère de son enfant. Six candidates possibles mais on est en 2008 et toutes et tous ont la soixantaine imminente. Ce narrateur sans nom va scrupuleusement enquêter, faisant jaillir des vérités enfouies, pas des plus reluisantes. Je peux comprendre ça, je n'ai pas toujours relui. Des fantômes se réveillent, des liaisons cachées ressurgissent, des antagonismes ancestraux réapparaissent. Presque tout ce beau monde est resté dans le beau monde, monde comme les autres avec son lot de vanités et de lâchetés, pas pire qu'ailleurs. Rassurez-vous, pas mieux non plus. Si on comprend assez bien la "bascule" de la fin des sixties, car Passé imparfait est parfaitement clair et maîtrisé, on a le droit d'être un peu frustré car Julian Fellowes évoque peu le Swinging London et la révolution musicale si prégnante de Carnaby Street à Ibiza.

                            Un très bon roman, de classe aux deux sens du terme. Mais Julian Fellowes, peut-être Sir Julian Fellowes à cette heure, une question. Comment un tel livre peut-il ne pratiquement pas citer John, Paul, George and Ringo? Soyons justes. Il y a quand même en direct live (comme on ne disait pas) lors d'un bal le Spencer Davis Group. Ce qui n'est pas rien.

 

 

 

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30 août 2015

Les malheurs de Sophie

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                        Plutôt marrant ce bouquin, un bon petit moment, mais de là à écrire comme mon cher vieux Rock & Folk que j'ai tant aimé " un bijou d’humour et d’inventivité tout à fait original". Car le bon petit moment fut assez court finalement, et plus petit que bon. La recette de Sophie Divry n'a pas tardé à me courir sur le haricot. Pseudo-branché avec un portrait de cette  trentenaire, chômeuse "presque par inadvertance", accessoirement écrivaine, Quand le diable sortit de la salle de bains est toutefois pour le premier tiers assez cocasse et m'a arraché quelques sourires. Il faut vous dire que ce livre est du genre connecté, et que Sophie Divry s'amuse (elle) , un tantinet geek, avec ses digressions vaguement cyber. Parfois ça lorgnerait vers les calligrammes d'Apo, en moins bien, comme c'est étrange.

                        Reprenons notre sérieux. Ce bouquin est une plaisanterie et c'est bien le droit de Sophie de jouer la carte de l'humour, pas bien longtemps désopilant, mais ses difficultés financières si peu vraisemblables, allez savoir pourquoi, sont drôles. Un point c'est tout. Assez vite on se désintéresse des déveines et des désespoirs de Sophie, dignes du cinéma français actuel le plus souvent gentiment prétentieux et donneur de petites leçons. En fait Quand le diable sortit de la salle de bains est infiniment convenu, jusque dans les bonus car ce livre comme un DVD possède comme une sorte de making of. Le bonus est écrit sur des pages rouges. Etonnant, non?

                        Sophie a beaucoup de frères qu'elle voit peu. Son indépendance me rappelle certains magazines féminins. Pas toujours très nuancés. Elle fréquente un peu Lorchus son démon personnel, assez mal élevé. Et son presque seul ami Hector est obsédé sexuel et musicien, enfin surtout sexuel. Ce qui nous vaut une scène inattendue illustrée d'une paire de ciseaux que l'on peut découper en suivant la ligne pointillée. Ce passage est d'ailleurs doctement précédé d'un avertissement sensibilité jeune public. C'est génial, non? Sophie se paie un peu sa fiole, au public.

                        Voilà. C'était ma collaboration avec Babelio que je remercie pour m'avoir fait confiance encore une fois afin de critiquer ce livre gracieusement envoyé. Ils ont bien du mérite chez Babelio. Si un lecteur venant à passer ici souhaite lire ce livre je me ferais un plaisir de lui faire parvenir. Nombre de critiques sont plus élogieuses que la mienne, ce qui n'est guère difficile.

27 août 2015

Mon été avec le grand Will/Scène 4

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                                         Quand le grand maître Kurosawa s'empare de Macbeth en 1957 on comprend très vite le fabuleux sens shakespearien du metteur en scène, parvenant à faire du grand cinéma sans jamais renier l'origine théâtrale du sujet. Pas si éloigné du Macbeth 1948 d'Orson Welles (voir Les titans),Le château de l'araignée, assez fidèle à la pièce d'origine, est devenu pour les cinéphiles l'un des films les plus célèbres de Kurosawa. Un Japon historiquement en proie à la guerre des clans se prête admirablement aux brumes, au forêts shakespeariennes. Au sabbat des sorcières aussi, et aux multiples trahisons et meurtres qui composent Macbeth, ce chaudron de violence et d'ivresse du pouvoir.

                                         Je l'ai déjà dit, les pièces de Will sont à géométrie variable. On peut dire ouf, car ça permet ainsi pas mal de variations. Kurosawa élague, ébranche, réduit les trois sorcières à une seule, évacue nombre de personnages pour 1h45 de cinéma. Mais surtout le metteur en scène réussit un fascinant amalgame entre le hiératisme des films d'arts martiaux et le théâtre traditionnel japonais, le Nô, parfois si hermétique à nos yeux occidentaux. Kurosawa dit avoir trouvé dans Shakespeare, tout en épurant le côté touffu, une ambiance très proche d'un Japon historique, de souffle et de cendres. Magistral et merveilleux film, que je n'avais jamais vu. Les seigneurs de guerre nippons me sont décidément bien proches , autant que les rois soudards du barde de Stratford.

                                        Avant que les arbres de la forêt de Birnam ne marchent vers la colline de Dunsinane (ou la même chose en japonais), si vous avez l'occasion, voyez Le château de l'araignée et rappelez-vous qu'Avignon n'a pas le monopole Shakespeare. Cette flèche (à propos de flèche très belle scène de Toshiro Mifune, Macbeth transpercé) étant parfaitement de mauvaise foi. Je m'autorise parfois un brin de mauvaise foi.

 

 

 

 

22 août 2015

Six cordes, vingt-quatre images/6/ En route pour la gloire

                                          Les biopics musicaux au cinéma sont parfois très pénibles (The Doors), passables (Ray), ou plutôt bien (Great balls of fire sur Jerry Lee Lewis, Walk the line sur Johnny Cash). En 76 pour Hal Ashby David Carradine joue le rôle de Woody Guthrie dans En route pour la gloire. Le film se déroule sur les années de crise, celles des Raisins... et de On achève bien..., n'a rien de génial mais s'il a invité quelques personnes à écouter les disques de Woody Guthrie il n'aura pas été inutile.

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En route pour la gloire, Hal Ashby, 1976, John Carradine, Randy Quaid

 

 

 

18 août 2015

Le cinéma, mon vélo et moi/10/ Godard en roue libre

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                                          Un cycle (drôle, ça) Vélo et Nouvelle Vague, outre Jules et Jim et Catherine dont j'ai souvent parlé, pourrait commencer par Brialy taquin et Karina boudant. On dirait une contrepèterie et je crois que ça ne déplairait pas à Jean-Luc Godard. Quoiqu'il en soit Une femme est une femme, 1961. Probablement le film le plus léger (qualité) de JLG qui s'y auto-cite sans complexe, Belmondo disant" Ce soir ils passent A bout de souffle, je voudrais pas le rater". Par ailleurs, autres hommages: le personnage de Belmondo s'appelle Lubitsch, et on y cite aussi Jules et Jim justement, et Moderato Cantabile, et Tirez sur le pianiste, et Lola.

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15 août 2015

Ecrire ailleurs

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                               Idée fine que cette somme de quinze articles sur quinze écrivains. Le Figaro a publié ces articles souvent passionnants il y a une dizaine d'années. Quatorze journalistes sont ainsi partis sur les traces de quinze écrivains. Le lecteur peut y picorer à loisir. J'ai lu l'intégralité par ordre alphabétique comme c'est ainsi rassemblé. Evidemment certains univers me sont plus proches ou tout au moins m'intéressent davantage. Podium...

                              Georges Simenon en Norvège et au Cap Nord est fascinant. On sait l'homme Simenon très ami des gares, et plus encore des ports, des écluses et des bistrots de mariniers, des bars à matelots où la bière est brelienne. A Delfzijl, port du Nord au nom imprononçable,un nord qui n'est encore que hollandais, est probablement né après de multiples ébauches pour le titan belge, le commissaire Maigret. Mais Simenon, en 1929, a publié en un an la bagatelle de quarante romans et s'est offert l'Ostrogoth, un joli cotre qu'il décide de mener cap au Nord. On l'imagine pipe au bec et genièvre à la table, noircissant des pages et des pages de sa fameuse ambiance portuaire avec secrets de famille, quand patiente son bateau. Déjà des notables inquiets, des maisons trop tranquilles, des filles ambitieuses, des étrangers souvent venus de l'Est, le monde de Simenon est bien là, qui fera le tour du monde, composant une tragi-comédie de l'humain, sans psy, les coudes au comptoir. Simenon, auteur plus que majeur, qui aime les lumières d'hiver, ira jusqu'à Honningsvag (je vous fais grâce  des tréma), le nord du nord.

                              "Papa" Hemingway chasse le canard tout près de Venise, 1948. Certes il connaissait la région, grièvement blessé par un obus autrichien. Il a déjà cinquante ans,il paraît plus, fatigué, John Barleycorn l'accompagne depuis longtemps. Vient à passer Adriana, pas vingt ans, et le chasseur vieillissant se prend à revivre, avec force grappa et bloody mary. Jean-Marie Rouart, ce grand écrivain, est l'auteur de l'article Hemingway. Il y parle, fort à propos, de fiancailles avec la mort, d'un petit air de Thomas Mann, La mort à Venise. J'en suis persuadé, Hem est déjà sur la route de la nuit, au Harry's bar, au Gritti, dans les volutes de valpolicella ou dans les bras d'Adriana au fond d'une gondole. Presque chaste, probablement. Bientôt il faudra dire au revoir aux armes. Sonnera le glas.

                               Pour Jack London, plus encore ami de John Barleycorn, on sait son Grand Nord. On a tous lu Croc-Blanc. 1897. On a découvert de l'or au Klondike. Jack London en sera, enfin, sera surtout de l'impressionnante cohorte des ruinés, blessés, malades et morts de cette fièvre maligne (Belliou la fumée, Construire un feu). Pour Jack ce n'était même pas un grand voyage, natif de Frisco. Il a vingt-et-un ans, traîne dans les bars (tiens, Hem et Sim aussi, dans d'autres bars), les bars où ça castagne. Rescapé du scorbut, il prend des notes, son socialisme sera toujours exacerbé, son penchant suicidaire aussi. Il rejoindra la nuit lui aussi, plus ou moins de son plein gré, pourtant riche et célèbre mais ô combien mal dans sa peau.

                              Lisez le beau recueil Voyages d'écrivains. Bernanos recréant une sorte de petite France au Brésil, voix libre d'une France libre, Cendrars ce grand menteur et son train des glaces, Céline, un dur pourtant, mis knock-out par New York, "cette ville debout". Mais,plus encore, lisez Pietr le Letton, Le soleil se lève aussi, Martin Eden. Je vous autorise même à lire Proust dont Stéphane Denis évoque les pérégrinations sur la rive gauche, ultime voyage du dandy qu'il faut avoir lu, dans un article un peu claustro à mon gré. Il me faut vous dire que mon gré est peu proustien.

8 août 2015

Mon été avec le grand Will/ Scène 3

Looking

                                Work in progress, on dit ça maintenant, Looking for Richard est le seul film mis en scène par Al Pacino. Il a déjà vingt ans. Je conseillerai ce film aux gens qui ont peur de Shakespeare, à ceux qui n'aiment pas le théâtre, à ceux qui prennent Al Pacino pour un chef mafieux, à ceux qui pensent qu'il n'est bon que débutant chez Coppola ou Lumet, à ceux qui ignorent tout des affres des répétitions (ce qui n'est pas mon cas puisque j'ai joué le récitant dans Le petit Poucet au Collège Saint Joseph de Pont Sainte Maxence en sixième, même que j'avais un beau pull rouge, c'est dire mon expérience théâtrale). Enfin là c'est peut-être une digression, voire une didascalie.

                               Al Pacino ce fiévreux ( rappelez-vous Panique à Needle Park, Serpico, Une après-midi de chien) est habité par l'art théâtral et qui mieux que Shakespeare pour vivre cette passion, Shakespeare avec  ses fulgurances et ses violences, la fascination du pouvoir, le goût du sang, les trahisons, le courage et la couardise, la vie quoi? Looking for Richard entremêle habilement les extraits de répétitions, les castings, les interventions d'officiels shakespeariens, Gielgud, Jacobi, Branagh, les pélerinages sur les lieux de vie du barde de Stratford. Le public aussi a son mot à dire. Kevin Kline avoue être parti avant la fin lorsque lycéen on lui infligeait Shakespeare. Al Pacino bouge dans les rues newyorkaises avec ses interprètes comme Richard III lançant "Mon royaume pour un cheval" à la bataille de Bosworth.

                               Quoi de mieux que de confondre les deux mondes, avec un guide extraordinaire, Pacino, et Shakespeare, notre mentor à tous, que nous aimions la scène, l'histoire, le cinéma, la vie. Et ma réplique préférée de tout Shak, "Now the Winter of our discontent has come to a glorious Summer" Plût au ciel, personnellement, qu'à l'hiver de notre déplaisir succédât un lumineux été.

 

 

 

 

 

 

5 août 2015

In the name of rock/Sandy

                             The Byrds, mes maîtres absolus, ont fêté Antique Sandy dans l'un de leurs nombreux chants du cygne, l'album Farther along. Le turn over des membres a été tel que bien que compagnon de longue date de la secte Byrdmaniax je ne sais plus de mémoire qui joue vraiment. Mais tant de talents ont plané dans la discographie de mes si chers Oyseaux que tout cela au fil des décennies a perdu de l'importance. Reste une de leur plus belles chansons, et, croyez-moi, il y a pléthore.

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                       Co-écrite par les quatre Byrds de novembre 71 Antique Sandy est une réminiscence de la période hippie déjà largement révolue. On y évoque avec un peu de béatitude une certaine Sandy qui vivait dans les bois et nageait dans la rivière. Et puis je peux bien vous le dire, She was my Antique Sandy and she was in love with me. Autres Sandy chez Bruce Springsteen et Richie Havens.

                              

 

1 août 2015

Mon été avec le grand Will/ Scène 2

                   Projet cinéphilo-shakespearien oblige (pour lequel j'ai peut-être été un peu présomptueux)je viens de passer pas loin de sept heures avec un certain prince nordique qui depuis quatre siècles se pose une question essentielle, "To be or not to be".

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                     En 1949 sort Hamlet de (pas encore Sir) Laurence Olivier. Il a choisi pour ce film un noir et blanc très expressionniste, une profondeur de champ très wellesienne, des acteurs de théâtre très classiques dont lui-même, allant jusqu'à donner sa propre voix trafiquée au spectre du père d'Hamlet. Le film reste à ce jour le plus grand succès de Shakespeare au cinéma.   N'hésitant pas à des coupes drastiques pour un film qui dure cependant 2h27, à des suppressions de personnages, Fortinbras, Rosenkrantz, Guildenstern, allégeant ainsi l'histoire d'éléments politiques mais aussi comiques, Laurence Olivier concentre Hamlet essentiellement sur la tragédie familiale freudienne, ô combien freudienne.

                     Blond, sensible, voire contemplatif le Hamlet de Laurence Olivier (qui a 41 ans alors que l'actrice qui joue sa mère Gertrude en a 28) n'a pas la force d'un Mel Gibson (il est vrai en pleine Mad Maxmania en 90 avec le très académique Zeffirelli) ou d'un Branagh, les ultérieurs princes de Danemark. En ces années d'après guerre la psychanalyse est omniprésente au cinéma et chez les plus grands, Lang, Hitch, Welles, et c'est cet aspect que je retiendrai à propos de ce très beau film, par ailleurs très riche, gros travail sur les décors, les escaliers d'Elseneur, ombres et lumières, les accessoires du théêtre, plus encore que la pièce dans la pièce, cette mise en abyme qui est l'une des marques du Hamlet original.

                     Il y a bien des choses à rajouter sur cette admirable adaptation mais ce n'est pas l'objet de ces chroniques d'été, apéritives plus que roboratives. Un seul mot encore: les pièces de Shakespeare sont à géométrie variable et résistent à tout. Même Avignon n'a pas encore réussi le meurtre du grand Will. Cet homme là est un bienfaiteur, j'en connais peu, Mozart, Chaplin, Renoir...

                           En 1996 Kenneth Branagh, lui aussi tombé très jeune dans la marmite de Stratford, sortira son Hamlet en deux versions dont l'une est, semble-t-il, intégrale.Il situe la tragédie dans un quelconque empire vaguement Europe Centrale vers la fin du XIXe Siècle, et il la place aussi dans la neige, ce qui accentue la veine crépusculaire de l'oeuvre. Conçu comme un spectacle total Hamlet, quatre heures, a le souffle des films de David Lean et la passion du théâtre classique anglais, irremplaçable.

                           Obsession de Branagh depuis l'adolescence quand il admirait John Gielgud et un peu plus tard Derek Jacobi Hamlet vu par cet homme est une expérience qui s'accomode assez mal du format DVD. Mais la rigueur victorienne et l'art militaire contribuent à une vision contemporaine ou presque de cette tragédie hors normes de temps ou de lieu. La verve picaresque absente chez Laurence Olivier bénéficie ici de l'apport d'acteurs américains venus du one man show, Billy Crystal en fossoyeur ou Robin Williams en Osric. Car Shakespeare n'a jamai dédaigné l'ironie dans ses drames et ses violences.

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                          Le ténébreux Prince de Danemark a plus ou moins hanté de nombreux autres films. Parfois d'une étonnante façon. J'ai déjà évoqué ici  Aki Kaurismaki To be or not to be,en finnois dans le texte ou plus classiquement une sorte de polar admirable signé Kurosawa Haine et vengeance.

Hamlet (Kenneth Branagh) - Trailer

                              Enfin je ne résiste pas aux trois titres de cet immortel western spaghetti: Johnny Hamlet, Django porte sa croix et Quelque chose de pourri dans l'histoire de l'Ouest.

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29 juillet 2015

Vous me pardonnerez un conseil?

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                                 Voilà un roman américain plutôt de forme classique sur la middle class de l'est du pays. Un peu longue à se mettre en place l'histoire d'Helen qui divorce de Ben, son avocat de mari, ressemble d'abord à beaucoup d'autres. Une fille adoptée ado, des revenus assez confortables revus à la baisse, une rupture consommée. Comment Helen va-t-elle rebondir? Elle se découvre alors un don assez étonnant pour amener les hommes d'influence, pouvoir, affaires à faire une sorte de coming out qui ne concerne pas du tout les préférences sexuelles, ce qui nous change un  peu du tout venant, mais bien les erreurs de gestions, les ententes illicites, les combines en tous genres. Mark Twain n'écrivait-il pas déjà "Fuyez, tout est découvert". Mille excuses décortique habilement l'American way of life à travers Helen qui, si douée pour la rédemption des autres, gère difficilement sa propre existence.

                                Depuis longtemps, depuis les confessions des évangélistes par exemple, qui font qu'au pays de l'Oncle Sam, les turpitudes, pour peu qu'elle soient intelligemment mises en scène lors des aveux, deviennent la plupart du temps un tremplin, on sait que s'épancher et se flageller peut être avantageux. Roman américain typique et critique à la fois, zébré de l'ironie et de l'humour de Jonathan Dee, Mille excuses évolue aussi avec les personnages secondaires, Sara, 14 ans, chinoise et accessoirement parfaite peste experte à manipuler les divorcés, son petit ami brutal et prototype du bad boy, mais il faudrait lui aussi l'excuser, n'est-il pas noir, puis  Hamilton, star de cinéma qui fut l'ami d'enfance d'Helen, pas mauvais cheval mais un tantinet pusillanime et aux lendemains post-poudreux et amnésiques.

                                Ainsi va Helen Armstead, ingénue et exigeante à la fois, mère esseulée en proie au doute, paumée comme c'est pas possible, mais qui ne manque pas de ressort et le roman parvient à garder un ton moraliste sympathique et finaud, jamais moralisateur. Vous n'aurez pas d'excuses à ignorer Mille excuses.

                                

24 juillet 2015

Un premier tome déjà lourd

Masse critique

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                                 Dans le Québec rural de 1900, la vie demeure rythmée par les saisons. Corinne, une jeune fille de dix-huit ans de Saint-François-du-Lac, accepte d'épouser le beau Laurent Boisvert, de Saint-Paul-des-Prés. Voici posé le point de départ de cette saga familiale version la belle province. Ne pas s'attendre à un grand choc littéraire mais, je l'espère, à une jolie balade dans ce qu'on appelle dans les librairies le rayon terroir, celui qui n'est guère invité dans les d'ailleurs rares émissons littéraires. Dans ce qui n'est que le premier tome d'une série de quatre Un bonheur si fragile/1/ L'engagement on trouve comme toujours deux familles, un sens de la propriété très aiguisé et le culte de l'ordre et par dessus tout le respect du trousseau de la mariée, tout un symbole. Bon, je cesse de polir et j'y vais rondement: je suis devenu incapable d'apprécier ces bibles du territoire, et pire, presque incapable de les lire. C'est vrai qu'elles se ressemblent toutes, la neige et les érables remplaçant ici les terrils et la bière, là les champs de lavande et les cigales, ailleurs les rochers et les pêcheurs perdus. Pourquoi pas? Mais je n'ai plus le temps pour ça.

                                 Ai-je fini par me prendre au jeu d' Un bonheur si fragile? Presque, même si le mariage de Corinne est tout sauf surprenant, même si l'opposition clergé-libre penseur est universelle en ces années, même si ce Québec pourrait être Poitou ou Bourgogne. Et puis comme dans le titre j'avais un engagement envers Masse Critique Babelio qui me fait confiance régulièrement pour émettre un sentiment sur les livres proposés. J'ai donc fini les 530 pages de cette histoire de famille. Sans déplaisir, mais surtout sans le minimum de fièvre qui vous saisit quand vous reprenez un livre interrompu, parfois il y a trois minutes à peine, parce que les gens de ce roman vous manquent. C'est ainsi, un roman qu'on ne peut s'empêcher de reprendre, comme un comprimé bienfaisant ou stimulant, comme une addiction toute personnelle, un roman qui vous brûle au moins un peu, cela est pour moi la littérature. On est très loin de tout ça dans le livre de Michel David qui, si j'ai bien compris, est une institution du côté de Trois-Rivières. "Trop" une institution peut-être.

                               Michel David (1944-2010) était aussi linguiste et professeur, auteur de manuels scolaires et d'ouvrages de pédagogie, et de cinq sagas de quatre livres chacune, environ 10 600 pages , qui sentent un peu quand même la naphtaline. J'ai donc lu un de ces vingt volumes et j'ai bien l'intention...de lire autre chose. C'est que...file le temps.

                              

18 juillet 2015

Géographie, Bisbee, Arizona

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                                                        Calexico, tout un programme pour une rubrique musicale voyageuse, Calexico, ne pas confondre avec Mexicali, mais on se doute qu'on n'est pas loin de la frontière sud. Marrant comme les Etats-Unis n'ont pas de frontière est ou ouest. J'adore Joey Burns et John Convertino  qui marient si bien les deux côtés du Rio Grande et plus si affinités.       

                       Bisbee est une ville de western. Elle est d'ailleurs en vedette dans le très bon 3H10 pour Yuma, déjà cité dans notre Music Tour of States. Après un boum économique en 1880 suite à la découverte de gisements de cuivre elle devint comme beaucoup de cités minières une ville fantôme, décor de théâtre inanimé. Depuis Bisbee s'est un peu relevée, petite ville de 6000 habitants, centre historique d'un tourisme qu'on pourrait qualifier de minéralogique. La chanson Bisbee Blue évoque les turquoises qui ont fait la réputation de cet endroit. Son nom vient de DeWitt Bisbee, magistrat et mécène de la dite mine. Elle est le siège du comté de Cochise. Ca laisse un peu rêveur, non?

                          

 

 

13 juillet 2015

Le cinéma, mon vélo et moi/9/ CDD à Pekin

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                                  Un très beau film chinois, très désenchanté sur le miracle économique du Céleste Empire. Le difficile apprentissage de la ville par un jeune paysan, exode rural, violence sociale, dans ce film qui a déjà près de quinze ans, âpre et ténu. A Pekin comme ailleurs tout ne marche pas comme sur des roulettes. Et un vélo peut faire l'objet de bien des tensions.

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11 juillet 2015

Longue lumière malouine

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                                De très bonnes critiques pour ce pavé américain dont les deux personnages principaux Marie-Laure et Werner ne se rencontrent que peu avant la page 500. La jeune aveugle et l'orphelin surdoué des communications sont observés tout le long (long) de Toute la lumière que nous ne pouvons voir comme en champ contre-champ à parts égales, en chapitres très courts, un peu feuilletonesques, qui nous mènent du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris à la campagne de Russie, des bombes sur Saint Malo aux ruines fumantes de Berlin. Bien construit, ce qui permet de lire sans peine cette belle histoire, le roman d'Anthony Doer se veut assez sentimental en ce sens pas du tout péjoratif que Werner et Marie-Laure demeurent dans l'adversité des modèles très positifs sans aucune mièvrerie, ce qui était le risque.

                               Magnifiques, y compris, pour les profanes les digressions sur les mollusques fossiles, les ammonites et les anatifes, sujet peu porteur a priori. Même les éléments techniques sur les transmissions, transfigurés par Werner, s'avèrent d'une belle essence romanesque. Là encore c'était loin d'être évident, surtout pour moi qui maîtrise si mal anode et cathode. Et puis le patronage du grand Jules Verne et de 20 000 lieues sous les mers vogue sur toute la distance du livre, si abondamment cité et que Marie-Laure lit en braille depuis son enfance. Grand livre de l'imaginaire avec la quête de l'Océan de Flammes, un diamant légendaire, avec le rôle de la lumière pour cette enfant de l'ombre guidée dans la ville par les maquettes citadines de son père maintenant disparu, avec Saint Malo ville reconstruite de toute part comme un studio prêt à l'emploi, Toute la lumière que nous ne pouvons voir est un roman superbe, qui ressemble aux romans pour adolescence d'antan sans céder à aucune de leurs facilités.

                               Nanti du prestigieux Prix Pulitzer et déjà acheté par Hollywood, nous aurons l'occasion de voir en chair et en os tous les personnages de cette fresque de guerre et d'espoir. Mais aucune jeune actrice ne saura nous toucher comme la Marie-Laure de Toute la lumière que nous ne pouvons voir. Ce prénom m'est cher.

6 juillet 2015

Ronde irlandaise

Le coeur qui tourne

                                           Premier roman d'un nouveau venu, mais la collection Albin Michel est rarement décevante, Le coeur qui tourne, c'est une Irlande moderne, celle de la récession qui a suivi le boum dit du tigre celtique. Peut-on parler de choral, pas tout à fait car les vingt-et-un témoins qui interviennent le font sans qu'il y ait une véritable communauté de personnages dont beaucoup ne se connaissent guère. Mais la figure un peu idéale, voire christique, mais le mot est fort, de Bobby Mahon est le centre névralgique de ces mouvements, et alternativement chacun y va de son histoire. Ce sont des histoires terriblement ordinaires et ça fait presque peur, car universelles. La famille n'en sort pas grandie, on s'en doute. Et la chère Irlande non plus, à peine sortie d'une opacité un peu médiévale et balancée dans l'ère du profit à courte vue, grand pourvoyeur de laissés pour compte, même si ces sentences sont à pondérer.

                                          Ce Bobby Mahon, ancien contremaître de l’entreprise locale qui a mis la clé sous la porte, une personne somme toute plutôt estimée, devient peu à peu la cible des rancœurs de tout le monde. C’est une sorte de « pur », l’empathie faite homme, lui aussi a ses problèmes personnels, dont ses rapports avec son père, mais c’est l’espoir de beaucoup pour les aider à survivre. Mais l’irréparable intervient et il est le bouc émissaire parfait, même si personne ne croit en sa responsabilité. A propos cette notion de bouc émissaire finit par mettre mal à l'aise, en général. En effet parfois le bouc émissaire est... coupable, mais ce n'est pas bien de le dire. Mais le débat n'est pas pour aujourd'hui.

                                        Parmi la vingtaine de points de vue il est difficile d'en privilégier queques-uns. Sa femme, son père, des amis ou qui se prétendaient tels. Tous sonnent étonnament vrai dans cette vallée irlandaise d'où tout folklore, souvent abusif dans la littérature de l'île, est presque absent. Même les pubs ne sont plus ce qu'ils étaient. Beaucoup de personnages ne disposent pas du QI d'Einstein, c'est le moins qu'on puisse dire, mais pas méchants, pas forcément. J'aime beaucoup (façon de parler) les "talibanes à la théière", intégristes du tricot et tellement racontarophiles. Triona, l'épouse de Bobby, termine cette ronde des témoignages, avec finalement et envers et contre tous une note d'espoir car le coeur est tout ce qui continue de tourner. Comme Le coeur qui tourne, métallique, sur le portail de la maison de Frank Mahon, le père, crissant au vent.

2 juillet 2015

La poésie du jeudi, Paul Verlaine

                                En cet été, pas toujours, il s'en faut, synonyme de détente, et comme actuellement je vis avec Shakespeare, particulièrement Hamlet, voici A Horatio, ou quand la jeunesse en fête commence à s'inquiéter devant l'avenir de sombre vêtu. Avec toute mon amitié pour Aspho qui m'a remis en selle dans le sillage de la poésie.Texte illustré par Hamlet et Horatio au cimetière de Delacroix.

Poésie du jeudi

A Horatio

Ami, le temps n'est plus des guitares, des plumes,

Des créanciers, des duels hilares à propos

De rien, des cabarets, des pipes aux chapeaux

Et de cette gaîté banale où nous nous plûmes.

 

Voici venir, ami très tendre qui t'allumes

Au moindre dé pipé, mon doux briseur de pots,

Horatio, terreur et gloire des tripots,

Cher diseur de jurons à remplir cent volumes,

025

 

Voici venir parmi les brumes d'Elseneur

Quelque chose de moins plaisant, sur mon honneur,

Qu'Ophélia, l'enfant aimable qui s'étonne,

 

C'est le spectre, le spectre impérieux ! Sa main

Montre un but et son oeil éclaire et son pied tonne,

Hélas ! et nul moyen de remettre à demain !

Paul Verlaine

28 juin 2015

Mon été avec le grand Will/Scène 1

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                               Je devrais intervenir à la rentrée à l'IUTA (Institut Universitaire Tout Age) pour un séminaire sur Shakespeare au cinéma. Je laisserai de temps en temps pendant quelques mois mes impressions sur ce sujet. Par exemple celles, plutôt bonnes, à propos de ce faiseur australien très in pendant quelques années vers 2000, Baz Luhrmann (Moulin Rouge!, Gatsby). Il est pas léger léger M.Luhrmann, masi il n'a peur de rien. Surtout pas de catapulter Leonardo Romeo DiCaprio sur les plages californiennes, et de faire des pères Capulet et Montague de richissimes parrains. Je n'avais pas vu Romeo+Juliet à sa sortie 96 mais l'idée s'est avérée assez géniale. Le barde de Stratford a des textes si solides qu'il résiste à tout.

ROMEO

                               Ainsi Verone devient Verona Beach, banlieue de L.A. et les familles rivales voient leur nom briller au sommet des buildings. Montage speed, musique tonitruante, pubs agressives évoquant Shakespeare, Romeo+Juliet parvient souvent à dépasser le produit calibré et efficace pour atteindre une vraie grandeur tragique. Je le voyais presque par devoir mais j'y ai trouvé un esprit fidèle au génie shakespearien. Les scènes de rixes sur la plage sont très réussies, les grands bourgeois de Vénétie se coulent très bien dans les smokings des mafiosi rivaux, les interprètes ont l'âge du rôle, ce qui n'a pas toujours été le cas. Beaucoup de bruit et de fureur, les armes à feu ont remplacé les épées, le chevaux sont de métal et hurlent dans les rues. Très intéressant, et qui remet en question un a priori un peu buté (pléonasme). Quant aux dialogues rien à rajouter. Le titre officiel de ce film est d'ailleurs William Shakespeare's Romeo+Juliet. Vraiment un excellent scénariste ce M.William. Bon. Il me faut maintenant revoir West Side Story. Il y a pire comme devoir de vacances.

25 juin 2015

Pécheur d'Islande

absolution  Parfois comme une petite vanité me saisit à l'idée que je vais lire un livre probablement très peu lu en France. On se dit ainsi comme dépositaire d'un secret, d'un marché passé avec l'auteur, d'une merveille dont on serait l'intime. Fatuité du lecteur souvent car l'on a rarement le monopole total. J'ai choisi ce livre en bibliothèque en partie parce que l'auteur Olafur Johann Olafsson, Islandais devenu grand patron en Amérique, présente un visage très différent de la plupart des écrivains. Il a écrit ce livre à trente ans et ainsi donc, on peut être businessman et homme de lettres. Et j'aime cette idée. Publié d'abord en islandais puis immédiatement réécrit en anglais Absolution a des accents que certains ont qualifiés de dostoievskiens.

                                   Par les matins clairs, quand tout est baigné de soleil et que rien n'échappe à la vue, il est difficile pour notre esprit de pallier l'absence de zones d'ombre. Je préfère le crépuscule, les récits inachevés, les alliances de lumière et de ténèbres.

                                   Peter (Petur) Peterson, homme âgé, riche solitaire misanthrope, vit à New York avec une "jeune personne" cambodgienne. C'est toujours ainsi qu'il la définit. Il ne fréquente plus depuis longtemps les Islandais de la ville. Ses deux mariages ratés sont aux oubliettes, ses deux enfants aussi ou presque. Peter Peterson n'est pas un type très sympathique et il n'en est que plus intéressant. Torturé par le cauchemar récurrent d’un petit crime, c'est son expression,  qu’il aurait commis cinquante ans plus tôt par dépit amoureux, un crime qui a eu une influence décisive sur sa vie, il vit mal ses dernières années. Oscillant de l'Islande de sa jeunesse au Danemark de l'occupation allemande et à l'Amérique de 1990, ce mini Crime et châtiment est très bien orchestré, assez en froideur et en distance, Peterson ayant écrit ses mémoires en islandais,destinés à être publiés posthumes, mais traduits après sa mort en anglais par un compatriote plus jeune.

                                 Culpabilité, rédemption, remords, obsessions. Vu ainsi cela semble un peu tordu et très nordique, un peu expressionniste, bergmano-strindbergo-ibsenien. Ca l'est mais c'est surtout un très bon roman que le businessman Olafsson a écrit il ya déjà plus de vingt ans, que j'ignorais tout à fait et pour lequel les mânes du grand Fedor peuvent être, toutes proportions gardées, éventuellement évoqués.

23 juin 2015

Fin de saison cinéphile

trois

                             Je boude facilement le cinéma d'Arnaud Desplechin, c'est souvent ce que je n'aime guère et je suis injuste. Pourtant Trois souvenirs de ma jeunesse m'a intéressé. Le problème est qu'il me semble l'avoir déjà oublié, vu il y a une douzaine de jours. Qu'est-ce que ça veut dire? Paul Dédalus, on saisit évidemment la référence à Ulysse car l'on est intellectuellement outillé quand on va voir un film de Desplechin, hautement clivant, Paul Dédalus, donc, est anthropologue au Tadjikistan. Je sais pas pour vous mais moi, je me vois mal parti dans la vie pour rencontrer un anthropologue spécialiste du Tadjikistan. Mais pourquoi pas, les anthropologues spécialistes du Tadjikistan sont des êtres humains. Enfin je crois. Mathieu Amalric, car il y a Mathieu Amalric dans ces films-là, c'est contractuel, est crédible, ses souvenirs aussi. C'est un film pas mal. Il dure deux heures.

poster-selma-film-2015

                                Le partbiopic, néologisme bien français inventé par mes services pour bout de biographie, Selma, d'Ava DuVernay, sorti il y a quelques mois avec un total insuccès, est un film pas mal. Décidément tout est pas mal en cette fin de saison. Martin Luther King y apparait lors de la marche de Selma, Alabama, qui avait pour but de faciliter l'inscription des noirs sur les listes électorales. Car ils avaient déjà parfaitement le droit de vote, sauf que tout était fait pour les décourager en amont. Le débat suivant le film était intéressant mais comme la plupart des débats, un avis même légèrement contraire n'était pas si facile à défendre. L'acteur anglais David Oyelowo est pas mal du tout.

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                                Enfin j'ai vu deux fois avec pas mal d'intérêt le volatile suédois de Roy Andersson, Lion d'Or vénitien,dont ma critique vous éclairera peu mais vous libérera vite. Cependant, et personnellement, je suis plutôt client. Pour le reste...

???

                              

       

19 juin 2015

On voyait les chevaux de la mer

COUV_Ostende_bande

                               J'ai de très bons souvenirs de la ville d'Ostende qui nargue la Mer du Nord comme une chanson de Jacques Brel et traîne le désespoir du genre humain depuis la chanson Ferré et Caussimon. Sur cette côte flamande se retrouvent Stefan Zweig et Joseph Roth, les deux immenses et si différents écrivains autrichiens. D'autres intellectuels aussi avant leur partance goûtent les derniers feux de la belle saison avant la longue nuit. Il y a aussi Hermann Kesten, Egon Erwin Kisch, le dramaturge Ernst Toller, Arthur Koestler, tous écrivains ou journalistes juifs. Quelques femmes aussi dont l'écrivaine Irmgard Keun, seule aryenne, qui partage quelques mois la vie de Joseph Roth et son goût pour l'alcool. Tous plus tout à fait en villégiature et pas encore vraiment en fuite.

                               Ostende 1936 de Volker Weidermann, directeur littéraire du Franfurter Allgemeine Zeitung, croque ainsi quelques moments au bord du gouffre. Chacun à sa manière sait à peu près l'inéluctable et ils ont déjà pas mal erré, ces dégénérés, Zurich, la Côte d'Azur, Amsterdam, plus ou moins interdits de publication.  L'amitié de Zweig et Roth (photo), si dissemblables quoiqu'issus tous deux de l'Autriche-Hongrie, était assez explosive, l'un célèbre auteur de nouvelles raffinées, l'autre dans la dèche et la déprime et qui ne serait reconnu que bien après sa mort. Critiquant parfois vertement et réciproquement leurs oeuvres ils  s'appréciaient néanmoins, Zweig acceptant volontiers les conseils littéraires de Roth, celui-ci acceptant encore plus volontiers l'aide financière de Zweig.

Roth

                               En juillet 1936, tous ces réfugiés partageaient encore un apéritif sous le ciel de la mer du Nord. Koestler allait couvrirr la Guerre Civile Espagnole. Berlin allait avoir ses Dieux du Stade. Expression consacrée, l'Europe dansait sur un volcan. Thanatos planait déjà sur la côte belge, qui devait conduire au suicide Ernst Toller, à New York, Stefan Zweig et sa jeune femme Lotte Altmann, au Brésil. Alcoolisme terminal et déprime maximale firent de la mort à Paris de Joseph Roth plus qu'un simulacre de suicide. Ce court roman-vrai de Weidermann est très intéressant, une saison à la plage en compagnie de sces écrivains "massacrés" qui restent des hommes, Dieu merci, et non des icônes. J'aurais aimé peut-être quelques éléments biographiques d'accompagnement car si j'ai beaucoup lu Roth (La marche de Radetzky est un de mes chocs littéraires) et un peu Zweig pourtant plus connu (c'est vrai que le cinéma y est pour beaucoup), les autres figures importantes de ce livre demeurent assez ignorées en France. Dominique partage cet avis. Ostende 1936 - Voker Weidermann

 

 

                              

 

 

 

 

 

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