Tous au rapport
Ce livre est un très grand livre et je n'y suis pour rien.Claudel est vraiment un styliste.Dans une langue très riche il nous raconte ce qui pourrait être une version de l'holocauste,mais une sorte d'holocauste par la petite porte si j'ose dire,version rurale de la brutalité et de la déshumanisation.Dans ce village de montagne Brodeck est prié d'écrire,d'écrire sur un meurtre,d'écrire en fait non pour témoigner mais pour tuer jusqu'au souvenir.Alors ce rapport ne verra pas vraiment le jour.Je n'ai pas envie d'en dire plus,ce livre tout à fait original doit se découvrir seul au fil du récit.Sachez seulement que si le monde y est absurde,cruel,abject et que les hommes y sont le plus souvent vils et veules Brodeck,peut-être parce qu'il a vécu le pire de la négation,conservera la lueur qui aurait pu sauver l'Anderer, l'autre,ce pelé,ce galeux d'où nous vient tout le mal.Sans esbrouffe mais avec des entrelacs de fines dentelles et de point de croix qui font honneur à la littérature Philipe Claudel signe un roman admirable à mille lieues du tout-venant.