Le bel art de Sylvie
J'ai participé avec enthousiasme à la rentrée littéraire orchestrée par le partenaire et mon choix s'est porté sur le livre de Sylvie Germain, auteure que je trouve passionnante bien que peu client moi-même de la littérature française actuelle. Pour mon quatrième livre de cette dame je trouve qu'elle s'est surpassée.Que voilà un régal de sensibilité et de précision, qui m'a emballé plus encore que les excellents Jours de colère et Tobie des marais. Ces Petites scènes capitales le sont vraiment, capitales, capitales au point de s'inscrire en nous, sillage mordant et attachant, car on a le droit de reconnaître en Lili un peu de nous. Cette Lili, s'appelle-t-elle Lili, née après guerre, une enfance sans mère dans une famille qu'on ne disait pas encore recomposée, cette Lili s'impose à nous dès ses jeunes années. Le roman porte bien son nom car c'est par bonds successifs que l'on avance dans la vie, parfois amère de cette enfant qui se retrouve d'un coup avec un frère et trois soeurs eux-mêmes de trois pères différents. Pas la stabilité mais ça se passe pas trop mal cependant, Lili vaille que vaille grandit parmi cette famille un peu curieuse, son père aimant mais pas toujours très proche, sa belle-mère fort occupée et dont bientôt vacillera la raison.
Vaciller, il y a de quoi.A une relative incompréhension généralisée sucède une série de drames qui, sans atteindre directement Lili, vont secouer sa trajectoire. L'une des soeurs jumelles périt accidentellement, elles avaient le même âge que Lili. Lili va apprendre que son vrai prénom est Barbara et c'est loin d'être anecdotique. Courent ainsi les chapitres du livre de Sylvie et de la vie de Lili, l'adolescence puis la jeunesse grevées d'émotins, de petits plaisirs et de plus grande déceptions. Mai 68, bien sûr, et pour moi son fatal cortège, la supercherie du millénaire, et les pages les moins intéressantes à mon sens. Son presque frère tenté par le sacerdoce, la plus grande des filles mère d'une enfant handicapée gravement et au futur certain, son père vieillissant, personne n'a vraiment tout dit mais le fallait-il? Les amours de Lili ne seront guère plus solides, son goût des arts hésitant, seule la maturité lui apportera une ébauche de quiétude.
Petites scènes capitales, ce sont des petits morceaux essentiels d'une belle littérature, qui s'éparpillent allégrément, petits papiers au fil du vent, partis d'un modeste appartement où chacun n'avait pas sa chambre, pour atteindre aux magiques instants de beautés à pleurer, voilées de sécheresses et de regrets, pays où les plus beaux projets sont ceux qu'on ne réalise pas. Chance? Ce sont les plus nombreux.
Ma note: 16/20
Je remercie Prime Minister pour cette sympathique organisation, la deuxième pour moi. Comme je le précise souvent maintenant, toute photo susceptible de nuire à quiconque sera immédiatement retirée.
Allez Valentyne