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1 décembre 2016

La poésie du jeudi, Eugène Dabit

Poésie du jeudi

                                 Eugène Dabit est bien oublié. Sauf pour L'Hôtel du Nord et encore, indirectement, car Hôtel du Nord pour l'essentiel, perdant son article au passage, c'est plus Carné, Jeanson, Jouvet, Arletty et une atmosphère. Il a pourtant écrit bien d'autres choses et en particulier ce texte. Je suis d'une région où fleurissent les cimetières, les nécropoles. Y flottent des drapeaux différents, allemand, anglais, français, australien (la mémoire de ce pays des antipodes est particulièrement impressionnante et soignée pour l'entretien de ces lieux de souffrance), canadien, américain, néo-zélandais, chinois (travailleurs civils). Il y a aussi, enterrés là des Sud-Africains, et des Africains pas du Sud. Le monde entier est inhumé près de chez moi.

J'ai été soldat

J'ai été soldat à dix-huit-ans

Quelle misère

De faire la guerre

Quand on est un enfant.

De vivre dans un trou

Contre terre

Poursuivi comme un fou

Par la guerre.

J'usais mon coeur

Aux carrefours crucifiés

Oh mourir dans la plaine

Au soir d'une sale journée.

J'ai connu des cris,

La haine

Des souffrances longues comme une semaine.

La faim, le froid, l'ennui.

Trois années ivres de démence

Plus lourdes à porter qu'un crime

Ma jeunesse est morte en France

Un jour de désespérance.

Tous mes amis ont péri

L'un après l'autre

En quelque lieu maudit

Est notre amour enseveli.

Défunt Lequel le parisien,

Masse et Guillaumin d'Amiens,

Pignatel dit le marseillais

Tous endormis à jamais.

On les a jetés dans un trou

N'importe où

D'en parler mon coeur saigne

Ah que la mort est cruelle

Mon Dieu était-ce la peine

De tant souffrir.

Las je reviens humble et nu

Comme un inconnu,

Sans joie sans honneur

Avec ma douleur

Les yeux brûlés

D'avoir trop pleuré

Pour mes frères malheureux

A ceux qui sont aux cieux

Contre la guerre

A ma mère

Adieu.

dabit10

Ecrit pendant la Guerre, Eugène Dabit (1898-1936)

                                   

                                 

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Commentaires
V
Un poème surprenant. Par sa simplicité. Et icil'émotion vient de ça, de parler de ce sujet comme ça. Ton commentaire m'a amené à relire Autour de Peronne et Le poilu, les deux poèmes que tu as publiés il y a quelques temps qui eux aussi sont très émouvants et qui m'ont vraiment beaucoup marqué.
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C
Triste et dur, mais très beau.<br /> <br /> Comme tous les chants désespérés.<br /> <br /> Kiss you, poor lonesome cowboy ;-)<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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V
Je ne connaissais pas du tout cet auteur <br /> <br /> Pauvres enfants envoyés à la mort :-( <br /> <br /> Ou qui y ont perdu non leur vie mais leur âme ...
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S
Magnifique ! <br /> <br /> Un poème que j'ai envie de faire découvrir à mes élèves.
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A
Oui quatuor Tine, sur le fil ! On les reconnaît les amoureux de la poésie ! :lol: <br /> <br /> Claude ce poème est émouvant au possible, il me fait penser à un passage du "Garçon" de Marcus...à plusieurs passages même.<br /> <br /> Il est mort jeune cet auteur ! Il n'aura pas vu la Seconde Guerre, et tant mieux...<br /> <br /> A propos de ta région et du message que tu as laissé chez moi, il y a sûrement plus de tombes pleines (voire d'ossements sans sépulture) que de cénotaphes ! ;) <br /> <br /> Bises et à ttds♥
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M
Quatuor, chère Soène :D Je suis aussi de la partie ;)<br /> <br /> Ce poème, Edualc est d'une beauté et d'une tristesse infinies. Il dit si bien, si fort, la cruauté de la vie, surtout quand elle nous est retirée injustement !<br /> <br /> Merci, je ne connaissais pas. Je ne regrette pas d'être venue te rendre visite, aujourd'hui.
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S
Hello Edualc<br /> <br /> On s'est plantés pour le rendez-vous Jeudi-Poésie et du coup Miss Aspho a perdu la tête :lol:<br /> <br /> Mais quel beau trio, ce matin :wink:<br /> <br /> Pas gai ici non plus, en lisant j'ai pensé à Guy Moquet...<br /> <br /> De nos jours, chez nous, c'est aussi la guerre, une autre guerre, une drôle de guerre, et quelques barbares fous qui sèment la terreur dans notre vie quotidienne :cry:<br /> <br /> Le progrès est terrifiant...<br /> <br /> Allez, résistons !<br /> <br /> Gros bisous
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