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7 octobre 2020

L'art du marteau

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                                 La littérature japonaise a souvent sa propre musicalité. J'en lis quelquefois, Yoko Ogawa notamment. C'est particulièrement le cas dans Une forêt de laine et d'acier, au titre énigmatique. Ce livre est étonnant. Est-il passionnant? La réponse n'est pas si simple. La forêt dont il est question est double et je ne souhaite en dire davantage. Le héros principal est un jeune homme modeste qui est élève accordeur de piano. C'est peu dire que ce roman n'est pas trépidant ni pittoresque. L'auteure, Natsu Miyashita, est capable de consacrer toutes ses pages à une sorte de mini-symphonie de chambre, bâtie uniquement autour de l'art d'accorder l'instrument.

                                 J'ai apprécié le tour de force que constitue ce roman. Il y a un peu la rivalité entre les élèves, un peu le thème de la transmission du maître au disciple. Il y a plus que ça, un travail de fourmi (fa sol la si do ré) sur le son, la richesse des fréquences dans un salon feutré ou une salle de concert, la réaction des pianistes après passage des accordeurs, l'extrême finesse, la délicatesse de ces travaux d'orfèvre du marteau. Ne jamais oublier que le piano est instrument à cordes frappées, on pense à l'art campanaire (je suis d'une ville à carillon). Vbrations, étouffoirs, table d'harmonie, 88 touches, la magie de l'espace qui s'emplit d'indéfinissable. 

                                Une forêt de laine et d'acier se déguste tel un rituel autour d'un thé, un cérémonial traditionnel,  un film japonais qui vous demande un peu de votre temps. D'infinies nuances, même si les pianistes ne sont que les acteurs secondaires, car Natsu Miyashita désigne clairement les auteurs du rêve musical, les tutoyeurs de la perfection, que sont les accordeurs, après des années de formation. Tout au long des 250 pages on marche au bord du sublime, à la lisière d'une forêt (le titre prend tout son sens) qu'il faut caresser, ménager, deviner. Ce livre se mérite, peut-être un peu plus accessible aux lecteurs déjà familiers du Japon. Il n'est pas nécessaire par contre d'être soi-même pianiste, ni même musicien, pour en apprécier la grâce.

                               Je vais altérer cette chronique d'un demi-ton, un bémol en l'occurrence. On a le droit de s'y interroger au bout de dix pages, de s'y ennuyer au bout de vingt, et de jeter l'éponge et le livre au bout de trente. C'est que le fil en est si ténu.

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Commentaires
L
Enfin... je l'ai lu... après plusieurs années d'attente, je ne l'ai pas oublié... Et j'ai adoré découvrir, de bout en bout, à l'orée de cette forêt de laine et d'acier, cette histoire de transmission sur fond de Chopin
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C
Tu souffles le chaud et le froid. Tu donnes envie de le lire et.. tu fais peur ! j'aime beaucoup aussi Yoko Ogawa.
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V
Comme toi, je n'ai pas lu beaucoup de romans japonais, à part ceux de Yoko Ogawa. Le dernier que j'ai lu d'elle, Les tendres plaintes, parlait aussi de musique, de clavecins. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles celui-ci me tente. <br /> <br /> A bientôt.
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E
Au Bison...Une fois de plus j'ai pensé à toi. Tout à fait dans tes cordes si j'ose dire.Si j'ai découvert la lttérature japonaise tu y es pour beaucoup. A bientôt. :D
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L
Déjà le titre est magnifique, et c'est sans bémol que je me le mets dans mon pense-bête. C'est que j'aime bien les romans où on s'y interroge, où on s'y ennuie, surtout s'ils sont japonais :-)
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