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BLOGART(LA COMTESSE)
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23 décembre 2006

Portrait de Marilyn Garbo

Vous qui êtes aussi pervers que moi quant à la mythologie des actrices,je suis sûr que vous vous êtes posé la question essentielle qui nous lie à ces icônes.Cette question est:pourquoi Marilyn et pourquoi Garbo?Pourquoi appelle-t-on l'une par le prénom comme une copine de lycée et l'autre par son nom comme une directrice d'école.Encore que l'on puisse tomber amoureux de la directrice de l'école.Mais pour elles,pour elles deux...

   Greta Gustafsson Garbo,la Divine,n'est pas une affiche sur un mur de chambre d'adolescent.Je ne pense pas qu'elle l'ait jamais été.Peu bavarde,ce qui lui a permis d'éviter les bévues de certaines ravissantes idiotes Garbo offre à des admirateurs nombreux mais corrects son visage sévère,énigmatique non exempt d'une certaine antipathie.Mais la hauteur et l'antipathie peuvent être diablement séduisantes.Interprète de grands personnages de l'histoire(Marie Walewska,La Reine Christine,Mata Hari),de la littérature(Anna Karénine, Marguerite Gautier) Garbo existe-t-elle réellement?Phobique de ce que l'on n'appelait pas encore les médias cette femme,à force de créer le mystère autour d'elle,s'est évanouie quelque part dans le monde étranger à ce qui n'est pas celluloïde.On n'oublie pas Garbo mais comme épaule amie,et plus si affinité,ce n'est tout de même pas la panacée.Et au Grand Hotel quand je descends ce n'est pas la belle Nordique qui me manque.Attirante certes mais comme ces étendues blanches que je n'atteindrai jamais la Divine est comme une photographie glacée,deux fois glacée sur un magazine obsolète dans le hall du palace. Heureusement Lubitsch vint et Ninotchka avec lui.On a su alors que Garbo aurait pu être humaine,de larmes et de sourires,une femme,pas un rêve dont on n'ose prononcer le prénom.

   Norma Jean n'a jamais quitté les calendriers et on n'ose imaginer qu'elle aurait 80 ans.Marilyn,notre Marilyn à tous,à vous,à moi,du domaine public du glamour si j'ose dire.Marilyn à qui tout homme est redevable d'émotions ou tout au moins d'émoustillements.Les hommes préfèrent les blondes et les blondes préfèrent les bijoux.Croqueuse d'hommes peut-être mais croque la vie qui vivra peu(vieux proverbe malais de mon invention).La garce de Niagara et les demoiselles de vertu incertaine(et tant mieux) de Bus Stop,Certains l'aiment chaud ou Sept ans de réflexion me troublent encore un peu quelquefois.Marilyn ou comme un petit air de descente aux enfers qui convient à toute liaison.En sachant que toute liaison,justement,porte sa part immanquable d'obscurité,et ce soupçon de vulgarité un peu agressive mêlée à l'immense et souvent puéril besoin de tendresse de Marilyn pour qui il y a pas mal de temps j'ai commis ce qui suit.

Norma Jean,pour toujours

Une mère dépressive ne t'aura donné

Qu'enfance cahotique

De ces troubles années tu conservas

Les moues,les colères,la nervosité

D'autres disent l'hystérie.

Tant de fragilité surtout,l'immense besoin d'être aimée.

Eve,nouvelle Eve,évaporée

Lolita un peu vulgaire,étourdie,candide et coquine

Que de clichés!

Gentiment écervelée,chercheuse de milliardaire

Tu aimais les joyaux.On t'a crue ravissante idiote

Mais,insatisfaite tu voulus quitter cette enveloppe factice

De sex-symbol en technicolor

Trompe-l'oeil,au delà du brillant

Des effets faciles d'un scénario

La tendre flambeuse voilait une âme tourmentée

Comme lointaine tu guerroyas en vain

Rageant de mal étreindre le bonheur

Ni l'idole des stades

Ni le dramaturge adulé

Ni même le très grand homme

Ne t'ont serrée assez près pour retenir ton souffle.

Les folles soirées

Au parfum tapageur,au masque clinquant

Ont donné à ces matins âcres

Le goût morbide des défaites

Cette amertume qui ne s'éteignit

Que la nuit d'été empoisonnée

Près d'un téléphone silencieux

Statufiée,bafouée

Marilyn

Existe-t-il plus femme que toi

Norma Jean?

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17 décembre 2006

Flaherty Visconti,même combat

 

L'Homme-D'Aran

           Quand les femmes des pêcheurs siciliens de La terre tremble semblent guetter le retour des chasseurs de requins irlandais de L'homme d'Aran il me semble qu'il n'y a rien à rajouter à la grandeur du cinéma.Je me tairai donc.Reste le plaisir des yeux et quelque chose,là,au coeur qui réunit mes deux pays d'amour.Point n'est besoin de gloser davantage...                                                                  

 

12 décembre 2006

Cagney le teigneux

Il me semble que James Cagney,irlando-américain,est le père spirituel de Robert De Niro,italo-américain.Je parle là du De Niro des années 70.Décortiquons donc comme dirait Chris. Ils se sont beaucoup bagarrés dans leurs films.Cagney a eu de la concurrence car les mauvais garçons ne manquaient pas:Paul Muni,George Raft,Edward G.Robinson et un certain Bogart.Les films de Cagney étaient taxés de violents comme nombre de ceux de De Niro. Citons L'enfer est à lui,L'ennemi public,Les anges aux figures sales,A chaque aube je meurs,Les fantastiques années vingt,Le fauve en liberté.Et surtout dans toutes ces productions Cagney a incarné le rêve américain du petit rouquin irlandais qui ne trouvera que la cogne pour satisfaire ses ambitions.Pas plus pourri qu'un autre au commencement le héros joué par Cagney rentré de guerre et débutant dans la vie active et malhonnête cherche à bâtir un empire.Pour ça il lui faudra piétiner et frapper.Mais dans les pires moments le personnage cagneyen conserve quelque part un code de l'honneur et un sens de la pédagogie(ne faites pas ce que j'ai fait,voir la très belle fin des Anges aux figures sales).Agité,le regard inquiet,à la limite du tic Cagney apporte à ses rôles de gangsters une fièvre,une ardeur brutale et terriblement humaine,trop humaine.Le rictus de Cagney est de ceux qui auront compté au cinéma.Tellement à l'aise en gangster on en oublierait son Oscar pour la comédie musicale La glorieuse parade(Michael Curtiz,1942).

Il me semble que Robert De Niro,famélique héros de Scorsese bien sûr mais aussi De Palma et Leone et Coppola est à l'ambition émigrée italienne et brute ce que Cagney a été à la diaspora irlandaise qui n'avait pas peur des coups.On dit que Cagney,homme plutôt doux,détestait l'homme cynique,mufle,voire cruel que le cinéma lui avait fait interpréter.Mais comme il donnait bien le change...

A signaler les deux films en commun de James et Robert:Le voyage au bout de l'enfer est à lui et Nous ne sommes pas des anges aux figures sales.Euh...Désolé.

20 octobre 2006

L'ombre de ton sourire

The shadow of your smile est un thème musical célèbre dont j'avais oublié qu'il était extrait du Chevalier des sables,ce joli film de Minnelli parmi ses derniers.The sandpiper flirte avec les limites du mélo,ce qui n'étonne pas de la part de Vincente Minnelli qui aime les couleurs flamboyantes comme les robes de Liz Taylor et les les complexes de culpabilité comme ceux de Richard Burton,clergyman ayant perdu sa flammme depuis longtemps sous les arrangements.

   Enième rencontre Burton-Taylor Le chevalier des sables est aussi l'histoire d'un rendez-vous manqué entre Taylor  peintre en marge sur les falaises de Big Sur,Californie,ce qui est une marge confortable pour une artiste sans succès et ce qui limite un peu la vraisemblance de la performance de comédienne,et Burton qui passe de la sécurité au tourment de manière tout à fait sobre et assez bouleversante.

   L'épouse modèle est Eva Marie Saint l'évanescente héroïne hitchcockienne pour qui je concède un faible.En peu de scènes et jamais à corps et à cris l'épouse conformiste et digne atteint finalement  une grande sensibilité. Il est parfois plus difficile de rester dans le rang.Vincente Minnelli filme ainsi les passions comme l'Océan qui n'a de Pacifique que le nom ressemblant en cela à l'âme humaine.

12 octobre 2006

Renaissance hollywoodienne

L'Extase et l'agonie

Certes avec L'extase et l'agonie on est très loin des chefs d'oeuvre de Carol Reed,tellement plus à l'aise dans la noirceur de l'après-guerre(Le Troisième homme),de l'Irlande déchirée(Huit heures de sursis) ou de la Guerre Froide(L'homme de Berlin).Il est vrai aussi que des James Mason ou Orson Welles,modèles d'ambiguïté ont transfiguré ces films remarquables.C'est un Carol Reed vieillissant qui s'attelle en fin de carrière à l'évocation du duel Jules II-Michel-Ange et de la création du célèbre plafond de la Chapelle Sixtine.Le scénario tiré d'un best-seller peine à bien faire comprendre la situation historique de l'Eglise de Rome au début du Seizième Siècle.L'on n'a pas rendez-vous ici avec l'Histoire.A-t-on au moins rendez-vous avec la Renaissance?Pas vraiment.Reed a pourtant réussi quelques beaux plans d'échafaudages et de cordes,signifiant ainsi le travail de titan de l'artiste florentin.Mais la confrontation des deux monstres sacrés laisse une impresssion décevante.Restent quelques beaux dialogues sur l'amour voguant de l'extase à l'agonie et Rex Harrison,pape-guerrier convaincant,plus que Charlton Heston qui mesure mal la fragilité de l'artiste Michel-Ange.Cette version DVD,excellente techniquement,présente curieusement un entr'acte où résonne la partition d'Alex North,écran noir.Pourtant la durée n'est que de 2h15.Je pense surtout que le Cinéma  est très rarement à l'aise dans l'univers des Arts Plastiques et verse très vite dans l'académisme  un peu ennuyeux.

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10 octobre 2006

Le plein de Fuller

   

    Peu au courant des films du grand Samuel j'ai donc un peu amélioré mon niveau et vous livre en vrac qulques impressions simples sur quelque-unes de ses oeuvres. Rappelons que le mot "Action" ne voulait pas seulement dire "Moteur" dans l'existence fort mouvementée de Fuller, journaliste, scénariste, combattant. Vénéré par Godard,Wenders et d'autres, Fuller dit dans Pierrot le Fou:" Un film est un champ de bataille, amour, haine, violence, action, mort". Tout est dit. J'ajoute que le Dr. Orlof a analysé brillamment (pléonasme) plusieurs de ses films.

   Le démon des eaux troubles(53) a le mérite d'éclairer les années cinquante d'un thème sur le nucléaire peu en vogue à l'époque. Je n'ai guère été convaincu par le film et son histoire d'amour assez plate entre le héros et la scientifique.

    Police spéciale(65) est un brûlot très marqué, sec et bref, qui dynamite une petite ville américaine sans facilité ni démagogie avec un très fort personnage féminin.

    Baïonnette au canon(51) m'a étonné en me présentant la guerre de Corée non dans la jungle comme je m'y attendais mais dans les cimes enneigées. Film de guerre sans héros, passionnant car les rapports entre les hommes y sont d'une vraisemblance très forte, sans idéaliser  la guerre, qu'il faut bien faire quand on y est. Même l'humour y sonne juste(très belle scène de pieds froids!).

    Les bas-fonds new-yorkais(61) est une histoire de vengeance assez classique sur la forme,très efficace et qui pose un problème moral récurrent chez Samuel Fuller:la vengence,jusqu'où?

    La maison de bambou(55),que j'avais vu il y a des lustres est un film très intéressant par l'imbrication américano-japonaise dans l'Empire du Soleil Levant après-guerre .Robert Stack poursuit Robert Ryan et finit par lui ressembler. A noter une très belle scène finale dans une grande roue. Ce nest pas celle du Troisième homme mais quand même...

9 octobre 2006

Kazan

Bien sûr cette photo n'a pas plu à tous.Je n'ai pas l'intention de revenir sur l'attitude d'Elia Kazan il y a 50 ans.J'aimerais simplement attirer l'attention sur un formidable livre de cinéma:Elia Kazan,une Amérique du Chaos,de Florence Colombani(éditions Philippe Rey).C'est un bouquin bref,concis,plein de punch,en aucun cas une biographie de Kazan,histoire typiquement américaine de cet émigrant grec né en Turquie.L'auteur nous fait pénétrer dans l'oeuvre intime de Kazan,pétrie de contradictions.L'homme Kazan ne se laisse pas enfermer,ni circonscrire.Il se sentira toujours outsider et doutera toute sa vie,partagé entre besoin d'approbation collective,culpabilité et arrogance.Un homme,un cinéma heurté,contradictoire à la rencontre d'autres hommes,difficiles eux aussi,Tennessee Williams,John Steinbeck,Marlon Brando.Florence Colombani en parle si bien que vous n'aurez qu'une envie,voir ou revoir au moins une dizaine de ses films qui traitent du chaos que sait être l'Amérique et de la passion des héros de Kazan.

9 octobre 2006

Sur la liste noire

item imageLe sel de  la terre est un film unique que je n'avais jamais vu.Réalisé quasi clandestinement en 54 par des victimes du McCarthysme il ne fut distribué aux Etats-Unis qu'en 1965. Bertrand Tavernier dit que ce film est incritiquable par son existence même. Tourner le film fut un exploit physique et moral entre les mauvais coups des milices,les coups tordus du FBI,les intimidations des syndicats. Herbert Biberman,Michael Wilson et Paul Jarrico terminèrent le film qui fut immédiatement boycotté et fort peu diffusé depuis. Je ne m'étendrai pas sur la sinistre chasse aux sorcières bien que cette période mérite d'être étudiée avec le recul nécessaire qui me semble encore manquer tant les démagogies diverses se portent bien.

   Mais que vaut le film Le sel de la terre? Les films dits militants ne m'intéressent pas souvent parce que schématiques et d'un courage très relatif avec une nette tendance à brosser dans le sens du poil sur laquelle je ne gloserai pas davantage.L'aventure du Sel de la terre c'est autre chose.Et le film qui raconte une grande grève de mineurs mexicains au Nouveu-Mexique présente une lecture plus déroutante que je ne l'aurais cru car je m'attendais bien sûr à la traditionnelle leçon de morale.Or le film décrit bien sûr la lutte de ces mineurs exploités mais il nous donne à voir un deuxième bras de fer bien plus engagé à mon avis,la volonté des femmes de mineurs d'avoir leur mot à dire.Et c'est dans ces images de femmes défilant en lieu et place de leurs maris que le film décolle vraiment en un noir et blanc qui évoque les merveilles néoréalistes dont je vous rebats les oreilles régulièrement. Le sel de la terre n'est pas un film féministe où quelques harpies s'en prennent aux hommes,c'est un film où les épouses se battent pour que leurs maris les traitent mieux que les exploiteurs ne le font des mineurs.Cette double lecture est de loin le plus intéressant de ce film pas comme les autres.Herbert Biberman fut l'un des Dix de Hollywood condamné à la prison.

8 octobre 2006

Capra c'est pas fini

En pleine crise de capraphagie c'est un plaisir de revenir sur la carrière de l'homme à la confiance inébranlable et à la foi sans bornes envers la démocratie. Un très bon coffret réunit quatre grands classiques d'un optimisme à toute épreuve.

   Les deux messieurs:Deeds-Gary Cooper l'extravagant qui s'en va en ville et Smith-James Stewart au Sénat de Washington sont de bien sympathiques archétypes de l'Amérique bienveillante. De toute la force de leur bonne et naïve volonté ils changeront (un peu) les choses l'un dans le monde des affaires suite à un héritage et l'autre celui de la politique en devenant sénateur bien que modeste chef scout pétri de valeurs pionnières et humanistes. On leur mettra bien des bâtons dans les roues en tentant de les ridiculiser par voie de presse l'un parce qu'il imite les cris d'oiseaux et l'autre parce qu'il joue du tuba dans l'orphéon de son village. Le rôle de la presse est capital chez Capra car toute liberté commence là et influencera Richard Brooks par exemple même si le ton Capra est de comédie.

   Outre Mr.Smith au Sénat et L'extravagant Mr.Deeds le coffret présente le bien joli Horizons perdus où un diplomate britannique trouve la sérénité sur les hauts plateaux tibétains. Une belle métaphore sur la paix dans ce lieu saint qu'est la lamaserie de Shangri-La. Enfin le road-movie NewYork-Miami entraîne Gable et Claudette Colbert dans un amour hors des conventions. Ces quatre films datent de l'immédiate avant-guerre et nous mènent au Capra engagé et producteur de la série de courts métrages Pourquoi nous combattons dans la lutte contre la barbarie.

   Capra c'est l'honnête homme et cela transpire dans tous ses films:L'homme de la rue,Vous ne l'emporterez pas avec vous et La vie est belle que je vais voir de ce pas et qui passe pour son chef-d'oeuvre.Il y aurait donc deux chefs-d'oeuvre du même titre. La thématique de Capra n'aura pas varié. L'individualisme américain hérité du meilleur des pionniers se retrouve au service de tous et pour le bien de tous. Ce message peut paraître désuet. Fidèle de ce vieux Frank je ne le crois pas.

8 octobre 2006

La première venue


Eve(1950) de Joseph Mankiewicz est un exemple d'intelligence de l'écran sous la houlette d'un maître absolu du scénario et du dialogue.D'une cruauté inouïe All about Eve est le tableau du monde du théâtre,terrain miné pour les naïvetés et les sentiments.Il y a dans Eve plusieurs scènes fabuleuses qui conjuguent l'ambition et la jalousie,au coeur d'un système où les bourreaux d'un jour sont les victimes du lendemain.Mépris,morgue,arrogance donnent une image assez révulsive de Broadway et par extension d'Hollywood,et par extension de l'Amérique et par extension de nous-mêmes.N'avons-nous jamais rêvé d'être calife à la place du calife?



Bette Davis,hautaine puis s'humanisant,Ann Baxter à l'inverse,l'extraordinaire George Sanders perfide et une distribution parfaite avec une dizaine de rôles importants et des personnages tous en place au cordeau achèvent de donner à Eve le statut de film culte bien au-delà de l'univers du spectacle.Statut qui valut au film six statues aux Oscars.Statut qui,surtout,empêche tout vieillissement de ce film,contrairement aux actrices.





8 octobre 2006

Docteur et dictateur

     Je n'avais pas revu le premier film de Richard Brooks depuis 40 ans.Il me paraît toujours très fort bien que les éléments politiques datent des années cinquante.Mais la dictature est un art qui n'est pas encore démodé et on peut tenter de tirer les leçons de cette fable qui a peut-être un peu inspiré Francesco Rosi ou Costa-Gavras. Cas de conscience(1950) met en scène le neuro-chirurgien américain Cary Grant obligé d'opérer le tyran d'un pays d'Amérique Latine,José Ferrer.Pressé par l'opposition de faire mourir son patient en kidnappant sa femme,que va faire le Docteur Ferguson?

   Bien des conventions d'époque bien sûr dans ce film américain du libéral Richard Brooks.Je rappelle que libéral n'est pas une insulte.Mais c'est aussi une sorte de thriller intelligent et relativement ambigu comme en témoigne la fin.José Ferrer dont c'est à mon avis l'un des meilleurs rôles est hallucinant de glaciale vérité et de logique tyrannique et m'a fait penser un court moment à Aguirre-Kinski,sacrée référence.

    On verra aussi dans ce film une discrète mais efficace critique de l'interventionnisme américain sous les traits les plus séduisants qui soient,ceux de Cary Grant.Moi qui suis paramédical mais pas chirurgien il me semble que mes mains trembleraient  si je devais opérer du côté de La Havane,Pyong-Yang,Tripoli ou Téhéran.Et plus encore à Achqabat, Turkménistan,dont vous connaissez peut-être le si sympathique Niazov, président à vie,dont la statue tourne avec le soleil et qui à entre autres interdit l'opéra.Entre autres...

   

7 octobre 2006

Joies matrimoniales

Inédit pour moi ce film d'Alfred Hitchcock est rarement cité par les innombrables fidèles du rondouillard maître du suspense.De fait c'est une comédie américaine plus proche de Hawks ou Cukor,une histoire de couple avec jalousie et parsemée d'humour, pas assez à mon gré, mais néanmoins très sympathique. Hélas je me suis infligé une version française calamiteuse qui gâche la prestance de Robert Montgomery et le trouble de Carole Lombard. Le titre français de l'époque Joies matrimoniales est tombé en désuétude. Bien sûr le film aussi,enfin en partie.

    Pourtant un film d'Hitchcock conservera toujours quelques qualités à savoir le portrait des parents particulièrement coincés du prétendant de Carole Lombard, ou la scène du restaurant ou Robert Montgomery fait semblant de parler à sa voisine de gauche, élégante alors qu'il dîne en vérité avec sa voisine de droite qui est une...une...une moins élégante. Charmant film que Mr.and Mrs.Smith. N'oublions pas qu'au coeur du frisson et de l'inquiétude Sir Alfred a toujours ménagé l'humour.

4 octobre 2006

Renoir en Amérique

Jaquette du DVDAu programme deux films réalisés par Jean Renoir en Amérique.L'homme du Sud(46) souffre d'une comparaison fréquente avec Les raisins de la colère,oeuvre évidemment plus forte et plus enracinée que cette évocation somme toute assez sage de la dure condition des ouvriers agricoles du sud cotonnier.Le rythme des saisons est bien perçu et on peut peut-être avec beaucoup de volonté trouver quelques ressemblances avec mon cher Néoréalisme.J'ai dit peut-être. Ce Renoir là est estimable mais n'a pas grand-chose à voir avec la corrosion de La règle du jeu ou la subversion du Crime de Mr.Lange. Pour la famille néoréaliste revoir Toni(34).Une originalité:le seul film à ma connaissance où un poisson-chat joue un rôle important.Il a même un prénom que j'ai oublié.

    Un peu plus ancien,L'étang tragique a été tourné avec des acteurs connus,Dana Andrews,les deux Walter,Brennan et Huston,Carradine, Anne Baxter et se passe aussi dans le sud,en l'occurence les marais de Georgie. Il s'agit d'une histoire de rédemption et de conflit homme-nature dans le cadre d'une chasse à l'homme dans les marécages très cinégéniques.Pour Renoir une occasion de faire son métier autrement. Au bout du compte deux films à connaître pour mieux appréhender la parenthèse américaine relativement longue de Jean Renoir,ce metteur en scène très français mort à Beverly Hills.

4 octobre 2006

Brève rencontre à Paris

Jolie idée que d'avoir repris 9 ans après le couple qui s'était rencontré à Vienne,autre capitale romantique car nous y voilà,nageant en plein romantisme.Et j'aime ça.Je découvre aujourd'hui même Before sunset mais je n'ai pas encore vu Before sunrise du même Richard Linklater avec les mêmes Ethan Hawke et Juile Delpy.Cette courte histoire de retrouvailles à Paris(Notre-Dame,bateaux-mouches,arrière-cours,cafés et librairie) m' a séduit ou y ai-je vu un peu de Truffaut?(La fameuse fidélité truffaldienne aux personnages,le livre écrit par Jesse,les"Je te raccompagne".L'inspiration est bien sûr très littéraire et nous sommes en bonne compagnie,un peu hors du temps et en toute invraisemblance.Cependant il y a un peu du conte de fées dans ce beau film à contre-courant qui voit les gentils amoureux se retrouver et peut-être que c'est ça la vie,attendre l'occasion de revoir celle ou celui qui aurait pu...Improbable mais le Cinéma est aussi là pour donner corps à l'improbable.Ethan Hawke et  Julie Delpy très impliqués ont participé au scénario et leur complicité est manifeste.C'est un peu bavard mais cela rejoint la longue tradition de l'écrivain américain à Paris qui nous a donné Hemingway,Fitzgerald,Miller, James Jones,pas les plus mauvais.J'ai bien envie de voir Before sunrise mais aimerais bien l'avis des cinéphiles.

2 octobre 2006

La rude nature de l'homme

Les Moissons du ciel Le très peu prolixe Terence Malick n'encombre pas les écrans.Mais quelle sensibilité se cache chez cet homme dont  le moindre plan éclate d'une telle beauté formelle sans pour cela tomber dans la froideur académique?On emploie beaucoup le mot panthéisme qui me semble assez juste même si Giono n'est pas un écrivain qui me touche beaucoup.Pourtant les personnages des Moissons du ciel ont une fougue et une aura dignes de l'ermite de Manosque.Mais ce dernier n' a pas le monopole du lyrisme rural.Ce film pourrait être italien,de la grande époque des Fratelli Taviani,ces cinéastes glorifiés il y a 30 ans et peu en vogue aujourd'hui. Il y a dans cette vision de l'Ouest américain campagnard quelque chose de Kaotique au sens pirandellien du mot qui nous ramène à la brutalité d'un maëlstrom sicilien âpre et tragique avec son incendiaire beauté à couper le souffle.Peu au fait du cinéma africain il me semble aussi que peut-être Souleymane Cissé filme ainsi la jeunesse dans Yeelen ou Le vent.

    Les fulgurances de Terrence Malick,que ce soient les plans sur les animaux notamment les oiseaux qui semblent sortir des gravures d'Audubon ultra-américaines,le feu ou le fléau des criquets ne sont pas là pour ponctuer un discours mais comme d'indissolubles liens dans cette rude,très rude histoire des hommes. De tout jeunes acteurs Richard Gere, Sam Shepard et Brooke Adams ne seront plus jamais aussi bien employés. Malick réussit le prodige d'une oeuvre très américaine qui tend vers une peinture universelle de la violence du monde qui  a pourtant de bien belles couleurs.Autre bonne idée:l'arrivée des clowns du cirque comme des pionniers de l'aviation.

30 septembre 2006

Le maître du mélo


Des magnats du pétrole,le Texas,l'alcool et la frénésie,c'est un univers impitoyable qui vous rappelle quelque chose.C'est surtout l'un des nombreux chefs-d'oeuvre de Douglas Sirk,justement renommé comme le grand maître du mélo.Sirk mérite bien des adjectifs,:tout est somptueux,les voitures rutilantes,les familles déchirées,les amours imposssibles,etc..Cela pourrait être trop.En fait c'est parfait.Il hisse le drame mondain au niveau de la tragédie.Tant de force de conviction dans ses propos nous entraîne dans un  tourbillon,essence même du cinéma de caractère.A pleurer d'émotion,Ecrit sur du vent,mais aussi Mirage de la vie(France 3 garde encore une case ciné-club),ou encore Le temps d'aimer et le temps de mourir,Le secret magnifique.Bienheureux Parisiens qui peuvent voir l'intégrale Douglas Sirk à la Cinémathèque.

12 septembre 2006

Cinépsy



Excellente thématique sur Arte avec un document sur cinéma et psychanalyse : Un écran nommé désir,suivi de Freud,passions secrètes du grand John Huston. Introduction à la psychanalyseLes noces de la psychanalyse et du cinéma , qui ont le même âge, n'ont pas toujours donné des chefs-d'oeuvre mais leur descendance compte cependant nombre de réussites.

Ce bon document analyse finement les rapports avec des interventions de Fellini, Bergman, Cronenberg, Lynch, Mankiewicz, Lang... Tous ces géants ont en commun un cinéma source d'introspection et d'autoanalyse avec des films en relation avec l'enfance,la famille,le désir. C'est évidemment le cas de presque toute  création.J'ai retenu une jolie citation que je partage : "Le cinéma nous prive de notre propre imaginaire en nous imposant celle des autres". J'ai toujours pensé qu'effectivement le cinéma  pouvait ainsi nous amputer. Bon, quand les chirurgiens ont le talent de Fritz Lang, Hitchcock, Bunuel, on peut considérer que leurs fantasmes valent bien les nôtres.

     C'est vrai que le cinéma et la psychanalyse ont un langage en commun:image,projection, fauteuil ou divan, récession,obscurité... Ce document fourmille de découvertes et donne envie d'approfondir.A mon niveau ce ne sera pas difficile d'approfondir vu l'état de mes connaissances en ce domaine.Un film "freudien" par excellence,un seul ? La nuit du chasseur.   

    Freud,passions secrètes,de John Huston (62), peu goûté lors de sa sortie, est une bonne approche de la psychananlyse. On sait que Huston  a été capable de transcender Hollywood pour nombre de réussites.Sa filmo comporte bien des perles et quelques ratages.Freud n'est pas un biopic sans âme et d'un académisme lourdissime comme certaines biographies(Chaplin,Wyatt Earp par exemple).

     Sartre avait écrit un premier scénario non crédité en désaccord avec Huston. Le film ne s'interroge que sur les premières années de Freud et la découverte du lien profond entre le souvenir,le rêve,l'enfance et le désir. Freud a bien sûr beaucoup déplu à ses collègues avec ses traités sur le complexe d'Oedipe,jugés scandaleux. J'ignore presque tout du sujet mais pense que ce film honnête est une initiation avec sûrement pas mal de raccourcis mais aussi une interprétation assez habitée de Monty Clift. On aurait pu laisser le Professeur Charcot(Fernand Ledoux) parler français.

12 septembre 2006

Sans issue

  In Cold Blood On a compris dès le début de De sang froid,réalisé en 66 par Richard Brooks,d'après le livre de Truman Capote que l'on redécouvre actuellement,lui même tiré d'un fait divers,que la cavale de Perry et Dick sera leur dernier voyage.Richard Brooks,qui fut journaliste et  gardera pour ses mises en scène un style souvent proche du reportage retrace simplement la dérive des jeunes assassins,loin du romantisme(?)de Bonnie et Clyde,loin aussi de l'esbrouffe de Tueurs-nés(Oliver Stone). De sang froid c'est simplement une séquelle de l'Amérique comme plus tard Bowling for Columbine,une certaine démagogie en moins.

La sobriété,la précision d'entomologiste du regard de Brooks,le jeu sec et froid des acteurs nous glacent et nous dérangent car nulle trace de réel exotisme dans ce film. De sang froid arrive aussi près de chez nous.

Bien sûr le dernier quart d'heure débouche sur la question de la peine capitale et s'en trouve peut-être un peu plus conventionnel quand on sait qu'au simplisme des uns répond toujours l'angélisme des autres.Une bouffée d'air quand nos tueurs jouent bon gré mal gré la solidarité avec un gamin et son grand-père qu'ils prennent en stop...A noter que les personnages caressent un moment un rêve mexicain et citent Bogart et Le trésor de la Sierra Madre.

1 septembre 2006

Quand Hollywood se penche sur Hollywood


Hollywood aime parfois  à dévorer ses enfants et n'est jamais aussi féroce que lorsque la cité du cinéma règle ses propres comptes.On voit ainsi que le cinéma américain,même au coeur des studios des années 50,est capable de beaucoup de clairvoyance quant à sa propre mythologie.Notre ami cinéphage a déjà dit tout le bien qu'il pensait du Grand couteau de Robert Aldrich et que je partage tout à fait.Dans cette même décennie au moins trois autres films signés des plus grands explorent les coulisses de l'usine à rêves.Il s'agit de la Comtesse aux pieds nus de Mankiewicz qui mériterait un livre entier,si admirable,et aussi des Ensorcelés de Minnelli,fascination exercée par un nabab sur ses collaborateurs.


J'ai revu hier Boulevard du Crépuscule,le chef d'oeuvre de Billy Wilder(les quatre films sont d'ailleurs tous des chefs d'oeuvre).Tout est parfait d'inquiétude et de folie,dans ce film depuis l'hallucinante Gloria Swanson qui,  devant les caméras des actualités déclare être prête pour le gros plan,jusqu'au sacrifice de Stroheim pour épargner son ex-femme.William Holden,grand acteur injustement ignoré depuis,compose un jeune scénariste,à la limite du gigolo mais qui relève la tête avant de mourir dans la piscine de ses ambitions.


Cecil B.De Mille joue son propre rôle avec tendresse pour l'odieuse et pathétique actrice vieillissante incarnée par Swanson et Buster Keaton est fantômatique,une statue de cire.Film sur la cruauté comme les trois autres,la cruauté du milieu cinématographique,mais à tout prendre guère plus cruel que n'importe quel microcosme humain.

1 septembre 2006

Cette émotion

     Cette émotion qui s'en prend à moi et qui n'existe que dans une quinzaine de films,ce sentiment éprouvant et douloureux bien que resplendissant de reconnaissance, cette fragrance du piano et du Rick's Cafe,Ingrid implorant du regard "Play it again,Sam",le brave Sam hésitant par peur du patron à qui la nostalgie a donné tant de coups, ces quelques notes "Quand passe le temps" égrenées dans ce Maroc hollywoodien de rêve quand le rêve est plus fort que l'authentique si souvent frelaté,cet air de souvenir à la hauteur des plus grands romans,l'une des très rares fois où le cinéma est frère de la littérature par son pouvoir d"évocation,et la douleur qu'il plante dans nos reins, l'envie de ces destins bouleversés par les exils, l'impression d'avoir écrit les mots qi'ils se disent et filmé ce plan,l'extraordinaire sensation de devenir l'auteur d'une telle merveille, la rareté enfin de cette cicatrice,l'alcool et le départ déjà imminents,le prix de la vie pour avoir connu cela...Je les revendique et  souhaite qu'As time goes by vous blesse joliment.

http://www.youtube.com/watch?v=gGXEwI1S11A

Play it again Sam

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