Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Derniers commentaires
Pages
afrique
10 août 2009

Trop d'affut

       Je n'avais pas lu Ernie depuis des décennies.C'est un jeu un peu risqué de se replonger dans un auteur que l'on a beaucoup fréquenté à 20 ans.Dans ces année Hemingway était encore un auteur très lu, Prix Nobel,qui fut riche de plusieurs vies,adapté souvent fort mal au cinéma,quatre fois marié,membre de nombreux clubs et client assidu des plus célèbres bars de la planète.On sait qu'il traverse actuellement un sérieux désert, et que son seul passeport semble être pour l'oubli.Je viens  de lire un presque inédit,pour moi en tout cas,La vérité à la lumière de l'aube,paru en France en 98,nanti d'une présentation et d'une mise en pages de Patrick Hemingway car le manuscrit le nécessitait.

         Le livre raconte la vie d'Hemingway au Kenya en 53-54,soit avant l'indépendance,en compagnie de sa quatrième femme.Ni roman comme Le soleil se lève aussi ou Les neiges du Kilimandjaro,autre jalons africains d'Hem,ni véritablement journal,c'est un récit où le grand chasseur se taille la part du lion si j'ose dire,sans laisser de côté le mari tendrement amoureux de Miss Mary sa jeune femme (jolis dialogues),ni le fonctionnaire gardien de réserve qu'il était officiellement.Les soubresauts kenyans sont évoqués mais le livre s'articule plus sur le quotidien du couple et de son équipe au coeur de ces montagnes d'Afrique en ce milieu de siècle.Bien sûr le temps m'a  paru un peu long parfois à pister le léopard ou à révasser devant le Kili mais l'humour féroce d'Hemingway,à ses propres dépens bien souvent,fait passer quelques lourdeurs cynégétiques.

           Je sais.La décolonisation,le féminisme,l'écologie,le temps  sont passés par là et il sera difficile pour certains,je le conçois,de se passionner pour ces aventures africaines où les autochtones sont chauffeurs,pisteurs ou cuisiniers.Et probablement contents de l'être."I had a farm in Africa" écrivait une célèbre baronne amoureuse de l'Afrique.Et c'est justement  ce qui fait une certaine grandeur de La vérité à la lumière de l'aube:le regard de l'auteur sur cette Afrique,son Afrique, incontestablement est celui d'un amant.On peut certes reprocher bien des choses à Papa Hem,c'est même assez facile.Mais pas ça.

Publicité
3 août 2009

Mourir à la Fontaine aux Fleurs(Bloemfontein)

      Le Sud-africain Karel Schoeman m'enchante toujours depuis que je l'ai découvert avec Retour au pays bien-aimé et La saison des adieux (voir lire Afrique du Sud).Versluis,Hollandais grave,solitaire et malade vient d'arriver à Bloemfontein, modeste cité d'Afrique du sud au bien joli nom.En fait il cherche une ultime étape pour son départ.Accueilli dans les communautés hollandaises et germaniques,soigné ainsi loin de sa rare famille car Versluis est un homme sans postérité dont on ignorera toujours le prénom comme si Schoeman souhaitait une intimité protégée doublée d'une certaine austérité dans nos rapports avec son personnage,cet homme va devenir en quelque sorte le témoin de cette vie du bout du monde en un pays neuf.Pays neuf mais où les scléroses d'une micro-société éloignée sont déjà bien présentes.Ceci nous vaut des pages que je trouve d'une totale noirceur,tellement bien évoquées par Karel Schoeman que l'émotion nous gagne alors que tout nous éloigne de ces austères presbytériens et de ces fonctionnaires compassés et dévots.

   Versluis à Bloemfontein ne débarque ni au Cap ni à Johannesburg,déjà métropoles en devenir en cette fin de XIXème Siècle.Petite ville administrative Bloemfontein regroupe à quelques encablures du veld,cette âpre lande d'extrême sud,de poussière ou de boue selon la saison,quelques mariages,quelques bals,quelques pique-niques entre gens du même monde.Mais ces gens là ne s'ouvrent pas vraiment,important en Afrique leur rigueur batave.Ainsi Versluis trouvera plus malade que lui,enfin plus avancé sur le chemin bien que plus jeune,Gelmers,un compatriote pourqui il se prend d'inimitié,réciproque.A l'aube de la mort Versluis,commis pas hasard ultime infirmier,saura-t-il tirer profit de la douleur de l'autre,pour entrer en paix dans le royaume d'après?

   Un pasteur allemand dévoué mais sceptique,une logeuse accaparante,une jeune femme infirme mais au coeur libre,et quelques pas dans le veld,à ce moment de la vie où tout est,de toute façon,à nouveau autorisé,accompagneront Versluis, venu là pour soigner ses poumons,et qui aura peut-être trouvé,rien n'est moins sûr,la paix de l'âme,in extremis,au bout du monde.Ce monde si fragile qu'il faille passer ainsi d'une vie à l'autre pour en éprouver les fragrances crépusculaires. Versluis l'étranger au pays est enfin arrivé et marche un peu parmi les chétives herbes pierreuses. Karel Schoeman ne nous laisse pas indemne mais toute littérature digne de ce nom n'est-elle pas dans ce cas?On dort un peu moins bien,probablement, après avoir lu En étrange pays.Mais la nuit  doit être plus palpable.

12 janvier 2009

Mare nostrum,dolorosa

    Laurent Gaudé ,prix Goncourt pour Le soleil des Scorta,signe avec Eldorado une jolie fable sur l'immigration.Roman très bien écrit,des phrases presque inoubliables.Je le prends un peu comme une parabole,avec beaucoup de justesse et un tout petit peu d'artifice lors du "voyage à l'envers".Le personnage d'accroche est un officier de la marine italienne chargé de recueillir mais aussi de traquer,et vice-versa,les boat people du continent africain.Tout le paradoxe est là pour cette étrange métier,sauver et condamner en quelque sorte.On découvre aussi une mère qui veut venger son enfant mort lors d'une  traversée de l'enfer pour un eldorado si improbable.

    Deux frères quittent leur Soudan,l'espoir au coeur,mais l'avenir est rude à ces damnés de l'existence.Très belles pages sur les esprits qui n'ont de cesse d'accompagner,bons ou mauvais,les voyageurs.   Curieusement le récit reste dispersé et nous surprend,ce qui est une bonne chose,car les protagonistes ne se rencontrent guère,chacun muré dans sa quête plutôt solitaire finalement malgré la multitude. Honnêtementje craignais le sempiternel pensum bien-pensant et outrageusement moralisateur.Il n'en est rien et le lecteur ressort libre,libre de vagabonder et ce n'est pas un mince compliment.Une petite réserve que j'ai déjà évoquée au début sur le "voyage à l'envers".La partagerez-vous si vous lisez Eldorado?

25 octobre 2008

Afrique ma douleur

      Prochainement.Ce livre,antérieur à L'homme qui voulait tuer Shelley,que j'ai présenté il y a quelques mois, se lit comme une belle aventure certes très morale,mais bien écrite et qui mêle le récit d'aventures aritimes,très classique,et le conte un peu édifiant sur la fraternité.

     Yann,jeune Breton,embarque comme mousse sur le Sainte Anne.Or ce navire s'avèrera être un négrier,à sa grande surprise vu sa naïveté.Le troisième officier,Floriano,se révèlera et se rebellera contre l'odieux trafic,scellant ainsi son destin contre les méchants de service,à savoir le Chirurgien(surnom) et ses complices africains.Mais rassurez-vous il y a aussi de bons Africains et ensemble ils créeront Aldébaran, communauté utopique et melting-pot improbable sur les côtes d'Afrique de l'Ouest.Avec sa dose de traîtrises,ses bons sentiments et ses mutins violents mais souvent au grand coeur Le troisième officier est un livre de bonne facture dont on se doute qu'il ne sera pas le livre inoubliable d'une vie de lecteur.Mais combien de livres peuvent-ils prétendre à cette envergure?

5 juillet 2008

O pleure mon pays si douloureux

   Karel Schoeman sera-t-il un  jour reconnu comme l'égal de Coetzee,Brink,Gordimer?Je n'hésite pas à qualifier La saison des adieux de chef-d'oeuvre,meilleur que le déjà très bon Retour au pays bien-aimé (voir Pleure encore pays bien aimé).L'Afrique du Sud a été prodigue de génies littéraires,ce qui donne à penser que c'est dans les convulsions que s'épanouit le talent.N'allons pas trop loin dans ce syllogisme.Ecrit en 89 La saison des adieux se situe au début des années soixante-dix,en quasi guerre civile,où le délabrement s'accélère dans un contexte d'insécurité et de répression.Nous allons vivre quelques mois avec Adriaan, poète de langue afrikaans,dont la vie perd chaque jour de sa substance puisque est venue la saison des adieux,le temps de partir pour beaucoup d'intellectuels de progrès.Karel Schoeman écrit lui-même dans cette vieille langue d'origine hollandaise et dans une traduction que je pense de qualité on découvre un auteur très riche qui sait à merveille décrire un espace vert au Cap,rare endroit préservé,ou la violence des banlieues envahies quand le moindre incident dégénère.

      Adriaan a longtemps fait partie d'un petit cénacle d'esprits éclairés qui ont cru possible que l'Afrique du Sud  change sans trop de douleur.Mais à l'impossible nul n'est tenu et ce pays magique se devait de pleurer longuement.C'était déjà le titre du grand livre précurseur d'Alan Paton Pleure ô pays bien-aimé qui date pourtant de 1946.L'ami d'Adriaan est djà en Amérique,Marisa a regagné les Pays-Bas,ceux qui sont encore là font semblant de ne rien voir de cette société en pleine déréliction,comme l'insignifiant Dewald qui cherche encore à monter une revue de poésie afrikaans.Nico,acteur imbu et plus très jeune multiplie les furtives étreintes pour s'empêcher de vieillir.Le musée où travaille Adriaan s'effondre lui aussi, témoignage de la vieile Europe dans la ville du Cap,cet extrême sud,qui,un temps relativement épargné, s'apprête à rejoindre Johannesburg dans la ruine.

    Il y a dans La saison des adieux des pages merveilleuses sur la marge si étroite entre le courage et les lâchetés,les petitesses et les sursauts.Et plus encore sur la solitude du poète,cet albatros empêtré,dont les mots demeurent impuissants à enrayer l'inéluctable et sur la tragédie d'Adriaan,qui rentre chez lui au crépuscule,pour travailler,travailler toujours,témoigner et encore ce n'est pas sûr... Schoeman a fait de son personnage un homme malgré tout équilibré,presque sage et composant avec sa solitude.C'est très beau.C'est chez Phébus et 10/18.

Publicité
1 juillet 2007

Pleure encore pays bien aimé

Retour au pays bien-aiméAfrique du Sud terre d'immenses écrivains,Breyten Bretenbach,Nadine Gordimer,André Brink,J.M.Coetzee,deux Nobel.Voici Karel Schoeman dont le titre du dernier roman paru en France fait écho au célèbre Pleure ô pays bien aimé d'Alan Paton.Ce roman paru en 47 et adapté au cinéma un peu plus tard a connu une aura très importante et a commencé à faire connaître l'apartheid.Karel Schoeman sous un titre très proche raconte la visite au pays natal d'un Afrikander vivant en Suisse dans l'univers bien protégé de la diplomatie.Dans Retour au pays bien-aimé le narrateur a 30 ans et revient voir la ferme de sa prime enfance 25 ans après son départ.L'action du livre se déroule sur les quelques jours qu'il passe chez des cousins perdus de vue.Incompréhension,souvenirs communs inexistants,malentendus,le séjour ne se passe pas très bien.

  Et puis George n'a plus guère de liens avec cette Afrique du Sud de 1972(date d'édition originale).Il sent confusément que la violence est là,à fleur de peau,que rien ne sera plus comme avant,que tout va à vau l'eau dans ce pays,et que le veld sera bientôt à feu et à sang.Nous sommes entre Afrikanders qui sentent bien la fin de leur monde.C'est assez court,sans exotisme et d'une violence souterraine qu laisse libre cours à l'imagination du lecteur.De la très grande littérature.

Publicité
<< < 1 2
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
32 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 369 670
Publicité