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autriche
27 décembre 2012

Le lent adieu au roi

images

           Déjà présentes dans Tout va bien,le remarquable roman qui contribua à faire connaître l'Autrichien Arno Geiger,la perte d'autonomie et la maladie d'Alzheimer sont au centre du récit,et non roman cette fois, Le vieux roi en son exil. Sous ce très beau titre crépusculaire et non sans majesté Geiger décrit le déclin de son père August Geiger,sans artifice et avec une précision calme et stricte,avec un recul salutaire et pas mal de drôlerie aussi.Sans aucun voyeurisme ni sinistrose l'auteur réussit une approche humaine, avec ce qu'il faut de déchirement mais aussi le sens du farfelu que ce drame contient parfois.

          Dans cette reconstruction du  monde recréé par la maladie Arno Geiger inclut des notations précises sur le père de son père,ce qui donne une cohérence bienvenue et un je ne sais quoi d'inéluctable qui nous concerne tous.Foi catholique, ardeur paysanne, souvenirs et la présence de quelques objets, tout cela donne à ce roman une solidité rassurante malgré le thème qu'on ne saurait élaguer maintenant de toute société contemporaine,thème auquel nous sommes presque tous confrontés tôt ou tard et sur lequel il faudra bien un jour ne plus se contenter de nos sempiternels clichés.

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5 mars 2012

Vienne cesse parfois de chanter et de danser

ames 

            Arthur Schnitzler (1862-1931) fait partie de ma galerie depuis longtemps. C'est d'ailleurs le cinéma qui m'a permis de découvrir ce Juif Viennois. Max Ophuls,pas viennois mais on le croirait,m'avait ébloui,enfant,sur la télé de mes grands-parents,avec La ronde,adapté de la pièce de Schnitzler qui fit scandale.Liebelei,et pas mal d'autres textes m'avaient enchanté.Ce recueil publié sous le vocable La pénombre des âmes,aucune nouvelle ne portant ce titre choisi par Schnitzler en personne,prouve encore une fois que ce vivier littéraire estampillé Mitteleuropa était décidément une mine.Cet homme avait parfaitement compris la poudrière austro-hongroise et son crépuscule annoncé,eu égard à son éducation très classique de fils d'un grand spécialiste médical,en butte à la longue hostilité de son père envers ses ambitions littéraires.Arthur Schnitzler ne se sentit d'ailleurs vraiment libre qu'à la mort de ce père qui l'avait obligé à des études de médecine et de psychiatrie qui ne satisfirent jamais totalement l'auteur de Mademoiselle Else,passionné par l'écriture et plus encore par le théâtre,expression reine dans la Vienne fin de siècle.

         Une dizaine de nouvelles dans La pénombre des âmes,toutes marquées du sceau de l'inéluctable,de la mort,belle ballerine viennoise qui hante le Ring et les soirées.La camarde ici se veut élégante,au détour d'un duel ou d'un suicide,car il n'est de belle compagnie qui ne se quitte.De très beaux tableaux de cette vie viennoise,l'on y sent obscurément que les temps changent.Bien sûr les adultères y sont essentiellement bourgeois,les cochers de fiacres restent à leur place,les officiers supérieurs ouvrent le bal.On s'aime et on se déchire allégrément et surtout on meurt bien à Vienne,une mort trois étoiles pour sauver un honneur,ou d'une maladie post-romantique,et on veut que sa mort bénéficie si,possible d'une belle mise en scène.Dans La mort du vieux garçon ce dernier laisse une lettre où il confesse cinq liaisons avec les femmes de cinq amis qu'il convoque après son dernier soupir.Dans Les morts se taisent Emma abandonne le corps de son amant et fuit le scandale avant une probable rédemption devant son mari universitaire,que Schnitzler nous laisse orchestrer. Immense écrivain,Arthur Schnitzler fait de nous des Viennois d'adoption.Promenons-nous donc au Prater,les équipages y sont gracieux.

Des nouvelles d'Arthur

9 décembre 2010

Le capitaine russe et le prisonnier autrichien

               L'univers de Leo Perutz me convient à merveille et j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire.Où roules-tu, petite pomme? fut publié en feuilleton en 1928 dans le Berliner illustrierte Zeitung.Même si j'avoue préférer Le cavalier suédois ou Le tour du cadran le romanesque et l'aventure sont bien au rendez-vous dans cette Europe d'entre deux guerres.Les Habsbourg sont tombés,les Romanov aussi et le vieux continent bouge,frénétique.Georg Vittorin,officier viennois,cherche à se venger de son geôlier russe,Sélioukov,en 1919.Son intention est de retourner là-bas,en Russie,mais la fin de la guerre a libéré bien des tensions et bien des appétits,le plus souvent peu reluisants.Devant la vénalité et l'amnésie de ses anciens codétenus Vittorin devra affronter la solitude et le désenchantement.Il devra aussi parcourir l'Union Soviétique,entre nostalgies tsaristes et certitudes bolcheviques,tout aussi "sympathiques".Se méfier également des factions réactionnaires ou révolutionnaires.A propos les balles du peloton d'exécution n'ont pas d'état d'âme.Elles sont balles et c'est tout.

    Après des péripéties à Constantinople,Milan,Paris Vittorin qui aura entre temps exercé maintes activités parfois peu licites retrouvera la trace de l'infâme Sélioukov pour un "duel sans témoins" vraiment surprenant.Comme toujours chez Leo Perutz on n'est pas très loin de la fable et les nationalités y sont avantageusement interchangeables.On peut bien sûr évoquer à propos de Où roules-tu,petite pomme? le difficile retour du soldat,l'amertume des vengeances,la tristesse infinie des bruits de bottes.On peut évoquer ce qu'on veut tant la prose romanesque de Perutz est imaginative et chevauche toutes les frontières.

6 novembre 2010

L'inquiétant et dispendieux Monsieur Stroheim

    

             Je bûche un peu sur ce pionnier si méconnu pour une communication dans une délicieuse association dénommé Université du Temps Libre et c'est en gourmet que je me suis plongé dans ce qui reste du Stroheim à Hollywood,ce dernier devançant de peu Orson Welles dans la catégorie des auteurs mutilés, artistiquement s'entend car Stroheim n'était nullement gêné par un quelconque corset comme je l'ai crû si longtemps.En 1922 Stroheim réalise un film très fort,faisant dans la grandeur et la démesure d'un Monte Carlo reconstitué avec moult dépassements du budget Universal de Carl Laemmle.Dans ce Foolish wives,Folies de femmes,il fallut bien sûr couper au grand dam du pseudo aristo autrichien.Aucun film de Stroheim n'existe plus vraiment tel qu'il l'avait imaginé.Mieux,enfin pire,aucun film de Stroheim n'a jamais vraiment existé.Et surtout pas Les rapaces mais nous y reviendrons.

              Mythomane,enjôleur,arrogant,entêté, Erich von Stroheim qui n'avait rien d'un prestigieux officier austro-hongrois et tout d'un ambitieux s'est très vite heurté aux magnats des studios,albatros incontrôlable.Folies de femmes est son troisième film en réalisateur,le deuxième ayant disparu.C'est peu dire que Stroheim n'avait pas peur d'en faire beaucoup.Beaucoup de noirceur,beaucoup d'argent,beaucoup de sensualité.Rappelons que nous sommes en 1922.Stroheim recrée Monte-Carlo en studios d'une façon extraordinaire,avec ce souci du détail qui coûtait si cher.Arrivé aux Etats-Unis en 1909 à bord du Friedrich-Wilhelm,tout un symbole de la fascination dont fera toujours preuve l'américain Von Stroheim pour sa vieille Europe impériale,princière puis ruinée.Tous ses films de metteur en scène sauf Greed ont pour cadre cette Europe qu'il a quittée bien avant les périls.Et Folies de femmes particulièrement permet à Stroheim en personne de jouer le faux comte mais vrai escroc Karamzin qui avec quelques comparses essaie de mener la bonne vie sur la Côte d'Azur,peu regardant sur les méthodes pour séduire et s'enrichir.Par exemple en draguant la femme de l'attaché d'ambassade américain.

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            Les constantes dans l'oeuvre de Stroheim sont la fascination et la répulsion,la manipulation et la cruauté,la morgue et le mensonge,la trahison et l'humiliation.Je sais c'est lourd mais Stroheim n'a jamais hésité à pointer les tares de cette Europe entre deux meurtres,ni d'ailleurs les défauts de cette Amérique du profit et des laissés pour compte.La Villa Amorosa,superbe sur les rochers,abrite le simili Comte Karamzin,noble russe toc,et ses deux cousines,complices en escroquerie. Toujours impeccablement sanglé dans son uniforme impérial le Comte s'entraîne au tir.Ce plan est déjà magistral.Toujours l'épée au fourreau,le monocle distingué,gants immaculés,Karamzin aurait pu être un Arsène Lupin slave.C'est une ordure qui au bout du film n'aura reculé devant rien pour arriver à ses fins,archétype parfaitement incarné par Stroheim lui-même (mais qui d'autre?).Folies de femmes est pour moi,bien que raccourci par Hollywood,son film le plus fort.Vénéneux,diabolique,où j'ai cru voir des foules de choses, antigermanisme mais antiaméricanisme de la part de ce quasi apatride,mépris et lucidité,génie surtout de cet immense créateur dont il faudrait citer toute la durée du film.Peu expert en modestie Stroheim met dans les mains de l'épouse courtisée le livre Folies de femmes de l'auteur Erich von Stroheim.Accessoirement,en fait pas du tout accessoirement,Stroheim,qui n'a jamais porté les armes,règle son compte à la guerre en trois scènes sublimes montrant un officier amputé des deux bras,toisé par la sainte-nitouche dont il ne ramasse pas le sac à mains.Cet immense cinéaste mériterait tellement qu'on revoie ses films,décimés, meurtris, décapités,malades mais géants.

12 décembre 2009

Le mendiant et le colonel

           Quel beau livre que Tarabas un hôte sur cette terre.Tarabas,tour à tour étudiant, soldat, révolutionnaire, colonel, antisémite,mendiant s'est vu promettre par la gitane de New York le meurtre puis la sainteté.Pour devenir meurtrier c'est assez vite fait: l'Europe à feu et à sang vous tend les bras et Joseph Roth le juif galicien sait de quoi il parle.Pour la sainteté...Tarabas retrouve le chemin de son enfance,là où il pourrait donner un nom à chaque saule,chaque bouleau,là où l'attendent ses bonnes chaussures,et surtout là où père et mère sont leurs propres cercueils d'égoïsme et de folie.Quand criera-t-on plus fort le génie de Joseph Roth?

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16 novembre 2009

Cafés viennois d'entre deux guerres

http://www.alapage.com/m/ps/mpid:MP-2AA8BM2004206#moid:MO-2AA8BM3438963

   On connaît le Viennois Joseph Roth surtout pour La marche de Radetzky et La légende du saint buveur.On sait sa fin parisienne et alcoolique juste avant le déluge en 1939.Encore sous-estimé par rapport à ses amis Zweig ou Musil par exemple on sait moins ses débuts dans le journalisme et c'est l'objet de ce passionnant recueil de quelques-uns de  ses textes parus pour Images viennoises dans Der neue tag en Autriche vers 1920 et pour Cabinet des figures de cire dans Die Frankfürte Zeitung en 1929 en Allemagne.Bien sûr on retrouve les accents de cette Mitteleuropa qu'on aime tant d'autant plus qu'entre les deux horreurs ce monde a déjà opéré une première bascule qui ne sera pas la dernière.Mais ces textes très brefs permettent aussi à Roth de savoureuses digressions sur le temps par exemple:le très curieux Voile qui recouvre une horloge d'une feuille de journal.Ou ses interrogations sur L'avenir des théâtres impériaux en cette époque où L'Autriche-Hongrie a vécu et ne se doute pas encore de ce qui l'attend.

  Mais je suis surtout ébloui par la prose de Joseph Roth,Juif Galicien,quand il dépeint en quelques pages Le portier d'un grand hôtel.L'hôtel où Roth a beaucoup vécu est un personnage important dans ce Cabinet des figures de cire et cet homme aux clefs d'or nous fait irrémédiablement penser au Dernier des hommes de Murnau,quasi contemporain. Journaliste, Roth nous entraîne aussi dans les coulisses de la presse avec le portrait du Rédacteur de nuit,oiseau nocturne appréhendant l'actualité de toute sa foi en ce métier et "rangeant" les nouvelles dans l'intérêt de ses lecteurs.En ces heures ultra-matinales l'odeur d'imprimerie se mêle là celle des cafés et le rédacteur de nuit se prend à rêver,pas longtemps,à cette nouvelle Europe Centrale.

  Le futur n'est pas sûr mais ses lignes sur une Arrivée en  Albanie sonnent pourtant comme le kafkaïen destin de  ce pays.Et vous saluerez Le congrès qui m'a paru comme mis en scène par Lubitsch,avec petits délégués nerveux et grégaires dansant sur un volcan mais l'ignorant encore.Joseph Roth publierait La marche de Radetzky en 32 avant de quitter l'Allemagne comme beaucoup d'autres.

Joseph Roth(1896-1939) http://www.alapage.com/m/pl/malid:15859517

18 février 2007

Des nouvelles d'Arthur

 

Une petite comédie

Le grand romancier autrichien Arthur Schnitzler(1862-1931) est l'auteur de La Ronde,Le retour de Casanova,Rien qu'un rêve(Eyes wide shut).Le cinéphile qui sommeille dans le lecteur ne cite là que des romans adaptés au cinéma.Joseph Roth,Leo Perutz,Robert Musil sont quelques-uns des autres écrivains magiques qui ont illustré cette extraordinaire floraison intellectuelle qui a accompagné la fin de l'empire des Habsbourg.Curieux comme le chant du cygne de l'Autriche-Hongrie a dynamisé les intellectuels viennois(Stefan Zweig,aussi).

Le recueil intitulé Une petite comédie est une perle.Une vingtaine de nouvelles brillantes,élégantes où la mort tient une grande place,mais une mort viennoise,de classe,crime ou suicide,toujours entre concerts et promenades au Prater.Vienne,encore, fastueuse mais déjà nostalgique est souvent le personnage principal de ces histoires de ruptures entre étudiants et danseuses,de quiproquos entre amants aussi menteurs l'un que l"autre,de comédiennes désargentées en quête de protecteur.Et toujours ce climat de fêtes sur fond de fin de règne même si personne ne le sait encore vraiment.

Si mes amis cinéphiles me donnaient leur avis sur le trois films adaptés d'Arthur Schnitzler auxquels on peut rajouter sa pièce Liebelei,mise en scène par Max Ophuls...

 

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