Géographie: Las Vegas, Nevada
http://www.youtube.com/watch?v=gIdeQb-j5vQ Las Vegas
Voici la première ville hôtelière au monde.Un voyage aux Etats-Unis ne peut l'ignorer même si je gage que Vegas ne sera pas la plus populaire de cette série.Voyez déjà cette magnifique Tour Eiffel.Musique,maestro,please.La musique sera donc la reprise live par les très bons Jason and the Scorchers du standard de Gram Parsons,cet ange du folk qui aux paradis artificels fut l'un des plus pressés.Le titre,sobrement nommé Las Vegas, fait plutôt penser au Sud profond qu'au show-bizz de la ville des plaisirs fondée jadis par Bugsy Siegel,ami des Luciano et Costello,des gens bien sous tout rapport.
Quant à Jason et ses écorcheurs leur carrière est maintenant trentenaire et je ne sais toujours pas si la série de films Vendredi 13 est à l'origine de leur nom de scène.
Ma vie sans...Lay lady lay
Ma vie sans Zimmerman.... Extrait de l'album Nashville skyline,1969,Lay lady lay a été beaucoup enregistrée.J'aime la version des Everly Brothers,injustement réduits à leurs disques précoces.Buddy Guy en donne une version blues,on s'en serait douté.Mon groupe phare,les Byrds,l'a aussi chanté,mais ils ont chanté tout Dylan ou presque.Voulant donner dans la jeunesse j'ai choisi Josh Rouse.Natif du Nebraska Josh Rouse a beaucoup fréquenté Nashville puis s'est tourné vers le vieux continent,en l'occurence l'Espagne.Parcours original
http://www.youtube.com/watch?v=dFnUv5pDitM Lay Lady lay
Liverposlo
Publié en 84 en Norvège avec un immense succès Beatles vient d'être traduit (2009).Sur la quatrième de couverture de ce gros roman de 643 pages figure "un Frantzen norvégien".Terreur de ma part,ayant lâchement déserté Les corrections à mi-parcours.Au bout de quelques pages l'un des jeunes protagonistes a épinglé un modeste poster des Animals sur les murs de sa chambre.Nous sommes en 1965.C'est gagné pour Lars Saabye Christensen.Pas seulement parce c'est ma génération,pas seulement parce que j'étais un grand fan des Animals d'Eric Burdon,pas seulement parce que le titre de ce livre reprend le nom d'un groupe qui a changé le siècle.Pas seulement parce que les "enfadolescences" sixties sont toutes un peu miennes,forcémént miennes.Surtout parce que j'ai l'impression que Christensen a su cristalliser le mal de vivre en ces années pleines,en un de ces pays du Nord que leur petite taille contraint à l'imagination.
Kim,Gunnar,Ola et Seb,réunis par leur passion des Beatles,vont vivre sous nos yeux sept ans de 65 à 72 en une vingtaine de chapitres portant chacun le nom d'un titre ou d'un album des Fab Four,y compris des Beatles en solo,ce qui me paraît important.Oh ils ont bien comme tout le monde l'ambition de former un groupe.J'ai vécu ça.Mais surtout il semble que le monde leur appartient,que les libertés sortent de leurs boîtes de Pandore,qu'il y a Dieu merci toujours une quelconque guerre à contester du côté de Säïgon par exemple.Bref la vie est belle.Et puis surtout ces galettes magiques qui ponctuent leurs saisons, Revolver, Rubber soul, Sergent Poivre, double blanc,and so on...Enfin il y a ces drôles de substances,de celles qu'on croit anticonformistes et qui s'avéreront d'un très obscur suivisme.Rumeurs de séparation,mort de Paul,cet ahurissant canular,1968 année trompe l'oeil,morts des trois J. (pas un canular cette fois), baccalauréat, voyages, la Place saint Michel où se retrouvent nos amis.Et les parents,ah,les parents...Et les filles,ah,les filles...
Dans ce que je considère comme un grand livre générationnel,la mienne,la seule,nos quatre mousquetaires finissent par ressembler aux autres,à nous,à tous.Et c 'est très bien ainsi.Le destin de Kim,Gunnar,Ola et Seb ne sera pas particulièrement original.Mais ce sera le leur,complètement."Le magasin de bonbons est ouvert ce soir".Cette terrible phrase peut mener loin,on l'aura compris,jusqu'en enfer,en passant par la case psychiatrie.Foin de Petit Livre Rouge,de slogans antiimpérialistes,de "This is the end,my only friend the end" ,de parties de pêche en fjord,d'alcools et de vins avec bien peu de modération,comme ça vaut le coup de vivre ça,et comme ce livre est bon!
Promenons-nous dans les bois
Comme un amalgame de La nuit du chasseur (Davis Grubb) et de Délivrance (James Dickey), qui ne sont pas que des films inoubliables mais bien des romans, La mort au crépuscule de William Gay nous est ainsi présenté.Ce genre de raccourcis a ses limites mais,bon,voilà un patronage plutôt flatteur.Soient trois acteurs principaux:un croque-mort amateur de mise en scènes nécrophiles ou pour le moins macabres,une sorte de tueur à gages version rurale Sud profond pas mal dégénéré,un jeune homme poursuivi par le second pour le compte du premier.Nocturne,lunaisons faulknériennes.Le jeu,digne du Comte Zaroff, en beaucoup moins esthète, consiste à se planquer,à courir,à chasser le chasseur,à poursuivre le poursuivant.Sur cet échiquier tout en obscurité on passe un bon moment d'inquiétude et je crois que c'est déjà pas mal.
Et le quatrième personnage encercle et nimbe cette histoire à trembler.Il s'agit de la forêt,une forêt très particulière qui porte le nom de Harrikin (déformation de Hurricane) et qui a reconquis des friches,quelque chose comme une ville fantôme à nouveau percluse de fondrières,de pièges cauteleux,de traquenards où bourreau et victime essaient de s'observer et de s'éliminer.Ce Sud est parfois assez typique de l'image qu'en donnent les écrivains,certes peu flatteuse,mâtiné de polar graisseux avec un zeste de mépris.Sur le plan littéraire il serait pourtant inconvenant de hisser William Gay au rang de Flannery O'Connor,voire de Faukner.Par contre Joe Lansdale et ses histoires de bayous.... pourquoi pas?Bref ce livre est un bon roman plutôt noir rural.Ne pas convoquer forcément pour ça les immenses.
Patrick et ses héros
Une pensée pour Patrick Cauvin qui m'a donné quelques jolis plaisirs de lecture,du vraiment sympa.Aussi ai-je exhumé cette note qui date des balbutiements de ce blog il y a quatre ans.
Dans la remarquable collection Dictionnaire amoureux je viens de dévorer un passionnant pavé de 700 pages,le Dictionnaire amoureux des héros de Patrick Cauvin(Plon).Allez vous balader dans ce somptueux pays d'enfance,vous y croiserez de vieilles connaissances,Zorro,Superman mais aussi le Cid,Don Quichotte,Edmond Dantès,Carmen et bien d'autres.Attention il y a aussi des gens moins recommandables,Dracula,Harry Lime et même un certain J.R.
Patrick Cauvin,ce grand enfant cinéphile et auteur réjouissant(E=MC2 mon amour,Monsieur Papa) fait preuve d'érudition et de malice,et plus encore de tendresse pour tous nos amis d'enfance et d'imaginaire.Et puis Cauvin n'oublie jamais les autres,le Sergent Garcia,Ivan Ogareff ou Messala,car il sait bien que les héros n'existent que par leurs ennemis,tout aussi passionnants.
Evidemment il en manque,il en manque toujours dans un dictionnaire et c'est tant mieux car rien ne vous empêche d'y rajouter les vôtres.Personnellement j'ai regretté l'absence de la Table Ronde et celle d'Achille Talon.Peu importe ce qui demeure c'est qu'après quelques décennies on puisse toujours compter sur leur aide,qu'elle nous vienne du Texas,de la Mancha,de Transylvanie ou d'Ithaque,ou simplement de Baker Street ou du Quai des Orfèvres.On a beau dire,sans ces gens là,on aurait vécu moins bien.Un dernier mot::mon préféré c'est Tom Joad des Raisins de la colère.
Géographie: Washington, DC
Aujourd'hui rien de moins que la capitale fédérale.Dans la croisade anti-Bush parfois un brin démago John Mellencamp fut l'un des plus en pointe.Voici,repris d'une vieille ritournelle traditionnelle,To Washington,son brûlot contre le Texan si détesté.Presque sexagénaire aujourd'hui John ex Cougar Mellencamp est pourtant très prolifique et largement aussi intéressant que bien d'autres. Mais les Français continuent d'ignorer cet homme à tout faire de la musique américaine.Assez proche de Springsteen dans la peinture de la vie américaine,des petites villes,des déboires familiaux et financiers John Mellencamp mérite d'être écouté, notamment Scarecrow,son plus bel album d'après les documents que j'ai pu consulter.Car je dois confesser que moi-même je connais assez mal ce folkrocksongwriterdirectorpainter. Oui John Mellencamp est tout ça.Ce n'est certes pas Thierry qui me contredira
JOHN MELLENCAMP : On the rural route 7609 (2010, coffret 4 CD)
http://www.youtube.com/watch?v=XR5HuJU0Ndw To Washington
Le ciel immense
Une troupe d'indiens à cheval hâle un bateau en remontant le Mississipi.Cette image au demeurant fort rare est l'une des beautés de ce beau film d'Howard Hawks,western élégiaque et rousseauiste connu sous le titre La captive aux yeux clairs,moins joli que The big sky,qui avait le mérite d'une cosmogonie au delà des modestes trappeurs aux prises avec la Compagnie des Peaux plus qu' avec les natifs.On lorgne un peu du côté de Fenimore Cooper mais sait-on encore qui était l'auteur du Dernier des Mohicans?Kirk Douglas trouve là l'un de ses très bons rôles,bondissant et plein d'humour,touché par la grâce de la jeune captive.Rivalité mais amitié,bivouacs à l'accordéon,rénégats sur la rive face au petit voilier sur le grand fleuve,rapides très rapides (?),et une certaine douceur de vivre.
C'est que La captive aux yeux clairs est un peu l'antithèse de La prisonnière du désert.Par contre on peut évidemment y trouver un soupçon d'angélisme,une sorte de long fleuve presque tranquille comme une amitié idéfectible qui est très éloignée de la relative brutalité fordienne de La prisonnière...Il y a pourtant dans les deux films un mariage mixte,traité il est vrai d'une façon radicalement différente.Cela n'est que de peu d'importance quand on a la chance d'avoir là deux si beaux westerns dont le classicisme est indémodable.Et choisit-on entre Ford et Hawks?
Et la défaite continue
Me revoilà plongé dans Yves Gibeau....Et la fête continue qui date de 1950 n'est guère un ouvrage optimiste.Mais bon sang,de quelle trempe était fait cet écrivain,avec son regard sur cette fin de guerre à Marseille?C'est que les fins de guerre sont difficiles, comme les milieux de guerre,les débuts de guerre,les avant-guerre,les après-guerre.Pour le reste ça peut aller.Le jeune homme n'a guère le coeur à la Canebière.Il cherche surtout à trouver de quoi bouffer,c'est le terme en usage quand la question est essentiellement d'ordre alimentaire au sens propre,ce qui est le cas,même dans le Midi.Et puis Stéphane,ancien prisonnier,doit éviter les mauvaises rencontres.On a vite compris la proximité de Stéphane avec Yves Gibeau.
Il a bien une ou deux connaissances,des tenants de la débrouillardise,un impresario douteux,une prostituée et surtout Nathalie avec qui le ciel peut s'éclaircir,du moins l'espère-t-il.Cela nous vaut une grande tendresse,une sorte de sentiment un peu timide,car ce grand escogriffe aux jambes flagada pour cause de diète,meurtri par l'enfance,cette "petite guerre", n'est autre que Gibeau lui-même,cet amoureux de la littérature,ce blessé des autres.On ne mange guère a sa faim dans ...Et la fête continue,et la quête n'est pourtant pas que de nourritures terrestres.Un peu tous les métiers,selon l'expression consacrée,et c'est bien de ça qu'il s'agit,survivre,même si pas bien loin de la pègre.J'ai eu la chance de rencontrer cet homme sur le tard de sa vie.Il n'était guère plus lourd que le Stéphane de Marseille.Et je revois ses yeux de grand enfant que les coups durs,ceux du Landerneau littéraire entre autres,n'avaient pas réussi à atténuer.Il y a ainsi dans l'histoire de la littérature des prolifiques intéressants,des prolifiques casse-pieds,des discrets fascinants dont la vie et les écrits errent toujours en un pli de notre mémoire.Yves Gibeau est de ceux-là.