Ne le répétez pas mais j'ai passé avec mon amie Val (La jument verte) une nuit assez agitée, un peu compliquée mais très sympa. Un peu handicapé car en fait je n'ai jamais lu ni Alice au pays des merveilles ni De l'autre côté du miroir. Et Fredric Brown s'y entend pour mélanger les éléments fantastiques et policiers. L'action se déroule en une seule nuit. Doc Staeger dirige un journal très local, le Carmel City Clarion, plus ou moins du côté de Chicago. Doc, qui ne possède qu'un employé, assume tout dans sa feuille de chou, et cherche d'ailleurs à vendre. Il assume même l'absence totale d'informations un tout petit peu importantes dans Le Clairon. Depuis toujours. Mais ce soir...
Mais ce soir c'est différent, allez savoir pourquoi. Après le bouclage de l'édition Doc traverse la rue pour s'en jeter un chez Smiley. Ca lui arrive. Il aime le whisky, jouer aux échecs et parler de Lewis Carroll. C'est un peu comme une secte, ça, les fans de Lewis Carroll. A partir de là tout peut arriver. Tout arrive. Les quelques douze heures qui suivent vont être fertiles en péripéties hautement improbables mais plutôt drôles et malgré tout bien ancrées dans une Amérique fifties et rurale. Bon, c'est une histoire d'hommes, je vous préviens, avec verres, flingues, bagnoles.
Laisser sa raison au vestiaire et partir pour la nuit de Carmel City. La nuit du Jabberwock, mais vous connaissez tous le, ben si, le Jabberwock. Demandez à Alice. A moins que le Jabberwock...C'est toujours un peu fou-flou avec lui. Mais certaines balles sont bien réelles, les calibres sérieux, et quelques morts ne se reléveront pas. Fredric Brown est un auteur tricompartimental. Polar, science-fiction, humour. Et parfois c'est pêle-mêle. Très réussi en ce qui concerne La nuit du Jabberwock. J'ai apprécié la bourgade dans sa nuit ordinaire, une nuit des années cinquante, qu'on qualifierait maintenant d'un peu macho. Les femmes sont en effet totalement absentes. Même pas de blonde à la mèche fatale, ou d'entraîneuse de bar. Faut dire que des bars, il n'y en a qu'un, aux rares clients, qui laisse le temps de philosopher ou de faire échec et mat, encore faut-il qu'on soit au moins deux.
Tout cela, entre Alice et le roman noir, se lit avec délices. Pas tout compris à la résolution de l'énigme, mais approché très furtivement l'univers de Lewis Carroll, qui se limitait pour moi jusqu'à présent au génial I'm the walrus des Beatles. Mais qu'en pense Val, à qui j'ai rendu sa liberté au lever du jour? Mais à tout hasard, si quelqu'un sonne à la porte, méfiez-vous. Il n'est jamais complètement exclu que ce soit lui.
Nous trinquâmes, flacon contre bouteille, et il avala le tout selon sa stupéfiante méthode. J'étais en train de reboucher la bouteille de whisky quand Yehuda Smith mourut.
Suis bien rentrée à l’aube en catimini. Là je suis en route pour le bureau, je me demande si j’aurais des questions pour les valises sous les yeux.
Ton billet est absolument délicieux.
J’adore le tricompartimental,
Et je viens d’aller lire la traduction d’î m the walrus
Totalement Jabberwockien
Semolina pilchard, climbing up the Eiffel Tower.
Un pilchard(1) à la semoule grimpant à la Tour Eiffel
Elementary penguin singing Hare Krishna.
Un pingouin primaire chantant Hare Krishna
Man, you should have seen them kicking Edgar Allan Poe.
Mec, tu dois les avoir vu donnant des coups de pieds a Edgar Allan Poe
I am the eggman, they are the eggmen, I am the walrus,
Je suis le porteur d’œufs, ce sont les porteurs d’œufs, je suis le morse
Goo goo a'joob, g' goo goo g'joob, (goo goo goo joob goo goo goo joob goo goo gooooooooooooo joooooooob)
Bon bon boulot, bon bon boulot...
Smoke pot, smoke pot everybody smoke pot smoke, pot smoke, pot everybody smoke pot
Fume de l'herbe, fume de l'herbe tout le monde fume de l'herbe fume, de l'herbe fume, de l'herbe tout le monde fume de l'herbe
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(1) Un pilchard est une grosse sardine
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