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26 juin 2020

Zibeline et Aurel

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                   Jean-Christophe Rufin est un excellent raconteur d'histoires (vous avez vu j'ai évité storyteller). Et Auguste Benjowski, jeune noble né en Europe Centrale, contemporain de Voltaire, est un personnage authentique et romanesque. Du Kamchatka à Madagascar en passant par la toute jeune Amérique la vie d'Auguste passera par la guerre, la détention, la déportation, la révolte, la fuite, les honneurs, sans se séparer d'Aphanasie, son épouse du bout du monde.

                  Les latitudes sont extrêmes, les bienvenues rares, et le jeune Auguste connaitra bien des vicissitudes en cette fin de XVIIIème siècle avant de devenir le roi Zibeline. Adoubé par la Révolution Américaine et notamment le patriarche Benjamin Franklin il lui faudra des années de voyages et de palabres avant de'être reconnu par les tribus malgaches comme l'un des leurs. Le plus étonnant étant peut-être l'ignorance totale dans laquelle les Français ont été tenus à props d'Auguste Benjowski, méprisé des mémorialistes et des historiens. Rufin nous apprend qu'il est honoré dans la Grande Ile et "revendiqué" par la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne comme un symbole des combattants de la liberté. Une sorte d'anticolonialiste d'avant la colonisation.

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              Jean-Christophe Rufin signe aussi un héros récurrent, Aurel, modeste consul de France en Guinée dans ce premier épisode. Il y en a eu deux autres où il est en poste au Mozambique et en Azerbaïdjan. Le suspendu de Conakry est un roman policier délicieux, Aurel étant un fonctionnaire subalterne mais un enquêteur astucieux et roué. Ancien ambassadeur au Sénégal, l'académicien se régale et nous régale à décrire les habitudes pas toujours très nobles de la diplomatie dans ces pays du Tiers Monde. Bien envoyée et très alerte cette satire d'un certain post-colonialisme reste drôle et donne envie de suivre les voyages d'Aurel le consul, pas issu du sérail très fermé des ambassadeurs, amis dont on loue la perspicacité.

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22 juin 2020

In the name of rock / Madeline

                       Le folk, qui m'a tant aidé et inspiré, est inépuisable. Et cette fois je ne radote pas de vieilles lunes mais vous présente Madeline et un trentenaire que je connais depuis au moins dix minutes. La chanson est récente mais peut se rattacher au courant folk des outlaws songs, que tous les grands folkeux classiques ont visité ou revisité. Beaucoup d'entre eux ayant d'ailleurs eux même tâté de la cellule. Il y a tout un vocabulaire dans les disques de blues, de folk, passionnants à découvrir. Up around the bend ne veut pas dire juste au tournant mais en taule. Pareil pour Up the river. Where the chilly winds don't blow est une jolie périphrase pour le prison. Je conseille le très bon bouquin de Jean-Paul Levet, éditions Kargo, Talkin' that talk, le langage du blues et du jazz. On comprend beaucoup mieux les allusions et les doubles sens de toutes ces chansons. 

                       Ian Noe a donc écrit une Letter to Madeline d'une facture très classique. Sûr que le folk, souvent appelé americana, plus branché, brode depuis toujours des harmonies familières. Mais cette musique est hors du temps. Just a guitar, man, just a guitar... Non, je n'ai pas connu de Madel(e)ine. Pourquoi vous me demandez ça? Sauf celle qui a posé des lapins d'anthologie au grand Jacques.

15 juin 2020

J'aurais été jusqu'à donner...

        ...deux ans de ma vie pour assister à ça. Rien à rajouter sinon que les pages de mon passé par cette brochette auraient bien valu deux ans. Par ordre alphabétique Eric Clapton, Bob Dylan, George Harrison, Roger McGuinn, Tom Petty, Neil Young. 1992, 16 octobre, Madison Square Garden, NY.

7 juin 2020

L'accélération thermidorienne

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                                La Révolution Française est un extraordinaire théâtre et n'a guère besoin des artifices du roman. Aussi Jacques Ravenne, auteur de polars à quatre mains avec Eric Giacometti, adopte-t-il un rythme de reporter pour raconter les journées de thermidor 1794, trois jours en juillet, les plus aigus de toute la Révolution. Comme une chaîne d'infos continues avant l'heure. Quand on aime l'Histoire c'est passionnant. Et on lit ça comme un quotidien d'une ville en pleine folie. Les derniers jours de la Terreur sont effectivement... terrifiants.

                               Accélérateur sans précédent de la vie et surtout de la mort, Roche Tarpéienne inégalée de l'histoire de la France, La chute, c'est évidemmment celle de Robespierre, qui ne survécut que quelques semaines à son grand rival Danton. Pour Jacques Ravenne seuls les faits comptent,  précis en leur temps et leur géographie. Car Paris est personnage à part entière. Je trouve qu'il manque d'ailleurs un petit plan de la ville sous la Révolution. Car on se déplace très  vite en ces trois jours de chaleur. Certains s'u déplacent même morts ou à deux doigts de l'être.

                               La psychologie n'est pas le propos. C'est le rapport d'un journaliste en pleine effervescence. Section des Tuileries. Section de la Fraternité (discutable en pleine Terreur ave le Comité de salut public). Section des Piques (plus adéquat surtout avec têtes aux extrémités). La Conciergerie, le Pont au Change, la Place de la Révolution, terminus des ambitieux. Robespierre et ses principaux soutiens n'ont plus que quelques minutes à vivre. Vivre c'est beaucoup dire pour trois d'entre eux. Maximilien l'Incorruptible dont la mâchoire s'est désolidarisée du reste suite à son suicide raté, son frère Augustin qui rata aussi le sien, et Couthon déjà en fauteuil roulant. Le Bas, lui, avait réussi le sien. Il n'y eut donc guère que Saint Just, l'Archange de la révolution, pour affronter la veuve de Saint Pierre, dûment révisée pour le feu d'artifice, le pic ultime de cette épidémie de têtes roulant dans la sciure.

                               La chute/ Les derniers jours de Robespierre est une lecture passionnante qui nous replonge dans le chaudron parisien de 1794, crépuscule de cette Révolution Française qui en quelques années devait bouleverser le pays. Quand les maîtres du soir sur la Seine pouvaient ne jamais voir l'aube du surlendemain. 

3 juin 2020

Sweet Caroline

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                                Le grand Santini était le seul roman de Pat Conroy que j'avais lu. Je l'avais aimé. Beach Music est un pavé de 700 pages qui emporte les suffrages. Truffé d'éléments autobiographiques ce livre explore les années soixante à l'est des Etats-Unis. Jack McCall, dont la femme Shyla s'est suicidée, quitte la Caroline du Sud pour l'Italie avec sa petite fille Leah. Et c'est toute l'histoire de sa famille, riche en péripéties, qui nous mène de l'Europe des années trente aux années Vietnam, en passant par les parties de pêche adolescentes et les amitiés trahies. Cette saga est un navire qui tangue bien un peu, Pat Conroy s'attardant par exemple sur l'holocauste et l'insoutenable mais il est vrai que le judaïsme joue un rôle important dans le roman. Nous sommes là dans une littérature classique américaine sans allusion péjorative.

                                Les McCall sont une fratrie, les quatre frères de Jack le retrouvant à l'occasion de la maladie de leur mère Lucy. Leur père aussi est de la partie, ancien juge alcoolique, ainsi que les amis d'adolescence, de ceux qui marchèrent contre la guerre en ces années peu nuancées. la musique, la plage, les fraternités étudiantes très fortes en Amérique, les relations avec les parents, les engagements, les addictions. L'air est connu et je suis d'une génération à peine plus jeune. J'ai bien souvenir des images télé de ces manifs sur fond de Joan Baez. Pat Conroy, je l'ai dit, s'attarde parfois un peu longtemps à mon sens. Et à force de vouloir relier passé et présent cela m'a donné une impression d'artifice un peu pesant.

                                L'auteur excelle encore une fois dans la peinture de la ville de Waterford, ce fameux Deep South qui n'est toutefois pas l'Alabama. Oui même chez les sudistes U.S. il existe des différences de tons. N'est pas redneck qui veut. Les prises de conscience politique sont à géométrie un peu variable. Il y a un père général plus général que père, ou père à la manière d'un général. On découvre sur le tard les talents de passionaria de Shyla. Pat Conroy prend un parti de théâtralisation des évènements du passé, presque au sens propre. C'est assez surprenant mais on se prend au jeu. Beach Music est donc un (très) long roman d'une Amérique aux prises avec ses démons, et les thèmes de l'engagement, de l'activisme, du pardon, de la réconciliation, qui se lit assez facilement et qui a du souffle. De quoi donner envie de découvrir Le prince des marées, autre roman célèbre de Pat Conroy.

                                Et puis je ne  connais aucun livre qui décrive aussi bien la quête des petites tortues de mer vers le rivage juste après l'éclosion. Et très peu de livres où éclate l'amour, musclé, capricieux mais ô combien réel, d'un fils pour sa mère.

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