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BLOGART(LA COMTESSE)
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1 octobre 2018

Black, green, rainy, windy Scotland

                       Juste quelques gaéliques bourrasques. Juste quelques hautes terres ayant choisi le clan de la pluie. Juste quelques verres de tourbe imprégnés. Juste le noir et le vert d'une belle capitale tournée vers la Mer du Nord. Et plus nord encore, des Orcades et des Shetlands, mais je ne suis pas allé jusqu'à ce Nord là. Quelques images, ai-je dit, je n'aime pas la surenchère mais ça, je crois l'avoir déjà dit.

20180917_01  L'Athènes du Nord

20180917_07  Le Siège d'Arthur ou l'urbaine colline

20180917_17  Sir Walter Scott

20180917_18  Cieux d'Edwine-burg

20180917_24  St Giles Cathedral

20180918_28  When grey turns to grey

20180918_31  Quelque part au château

20180918_38 Robert Louis Stevenson

20180918_39  Un temple

20180920_54  Glencoe, Highlands, par temps normal

20180920_56  Glencoe, Highlands par beau temps

20180920_58  Bruyères

20180920_62  Nessie! Nessie!

20180921_81 Sealie! Sealie!

20180921_89  Enfin un peu de bleu

20180921_77  Cap au Nord-est et le mythique Firth of Forth Railway Bridge

20180921_85  Selfie avec écureuil

20180918_46  Mise au vert

                                                                                      Slainte Mhath!

 

 

 

 

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13 septembre 2018

Calédonie

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                          Je serai sur ce banc pendant quelques jours. A bientôt. Cet homme, qui a compté dans mon goût des livres, a bien remonté ma rivière en canoé. Ne lui devais-je pas une visite à sa ville natale?

                         Cet autre autochtone est resté l'un de mes phares, oublié de tous depuis les seventies. Mais pas de moi, j'ai mes propres fidélités. Bien qu'il soit né dans la ville rivale, je vous laisse avec lui et cette Fille à l'harmonica. Un certain 007, lui, a vraiment vu le jour là-bas. Mike Scott, le boss des fabuleux Waterboys, lui aussi, est bien né sur l'estuaire. This is the sea.

                        Quelques images au retour. Peu. Je n'aime pas inonder. Je me souviens d'albums photo interminables au bon vieux temps argentique. Un peu d'urbaine solitude ne saurait faire de tort. C'est un peu le principe de mon tour d'Europe des cités. Tome V après Dublin, Stockholm, Bologne, Berlin. 

24 avril 2018

Carte postale

Masse critique

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                             En cette fin de semaine hypertouristique il y a récréation chez Babelio avec ce délicieux album, en fait catalogue d'une expo de Quimper sur l'histoire du tourisme en Bretagne à travers l'affiche touristique depuis le temps des diligences jusqu'aux années 50. Plaisir des yeux assuré, un zeste de nostalgie du bon vieux temps où quatre jours  à peine vous amenaient de Paris à Nantes. La première partie du livre est consacrée à ce moyen de transport qui permettait de croiser le Breton dans toute sa splendeur "L'individu ne parle pas français, fume du tabac en carotte, boit du cidre et laisse pousser ses cheveux".

                             C'est bien sûr avec le chemin de fer (Chemins  de fer d'Orléans, Chemins de fer de l'Ouest) que les premiers touristes dépassent la Normandie, première destination historique du vacancier. Mais un tel ouvrage ne  se raconte pas, tant le plaisir esthétique se passe de mots.

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                          Peu avant 1900 les affiches deviennent plus précises et les paysages les plus caractéristiques prennent une place de choix dans l'illustration voyageuse. Plages, calvaires, châteaux, rochers, églises, il y en a pour tous les goûts de Saint-Malo à Camaret et de Perros-Guirec à La Baule. De fringantes baigneuses très...couvertes. A l'époque les bains de mer sont surtout thérapie. Des voiliers et des coiffes. La dernière affiche, 1950, est joliment minimale.

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                       Merci à Babelio dont la confiance  ne se dément pas pour cet intermède breton tout en couleurs et en brises marines.

 

30 septembre 2017

Une ville qui assume (2)

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                                   Je crois y voir Damiel et Cassiel les anges du ciel de Berlin, l'admirable film poème de Wenders et Handke. En plein Tiergarten l'immense parc presque au coeur de Berlin, sillonné d'innombrables vélos auxquels le voyageur peu au fait doit d'ailleurs prendre garde sous peine de se rerouver à Charité, l'immense complexe hospitalier (du français parlé par les princes prussiens reste beaucoup de traces, Bellevue, San Souci, Mon Bijou), se dresse la Siegesaüle, Colonne de la Victoire. J'y subis plutôt une défaite, échouant à une trentaine de marches du sommet.

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                               J'allai par contre crânement, et en ascenseur, au sommet de la Fernsehturm, point culminant de l'Allemagne. Elle dresse sa grandeur sur l'Alexanderplatz (dites seulement Alex), jadis théâtre du roman fleuve d'Alfred Doblin, Berlin Alexanderplatz, adapté au ciné par Fassbinder. Rassurez-vous, je vous embêterai pas avec ça, n'ayant ni lu le premier ni vu le second. C'était entre deux guerres. Puis l'Alex est devenue la grande place symbolique de Berlin-Est. Ce Berlin-Est qui commençait dès la Porte de Brandeburg, et l'on comprend bien l'emblème qu'est ainsi devenue la grande porte au quadrige jadis "kidnappé" par Napoléon.

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                         Karl Liebknechtstrasse, qui se prolonge vers l'Ouest par Unter den Linden, j'y ai croisé Martin Luther. Feuilletait-il ses 95 thèses? La gigantesque Alexanderplatz fourmille,il m'a semblé que le les transports en commun fonctionnaient assez bien, eu égard aux travaux qui constellent la ville et masquent pour assez longtemps encore certaines façades, dont le Staatsoper, opéra d'état, et nombre d'édifices historiques. Sans parler de l'ahurissant défi de rebâtir le château de Berlin dans ses proportions originelles. Le Rotes Rathaus, lui, en a presque fini. Presque.

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                    Checkpoint Charlie, il faut bien le reconnaître, a tout du piège à touristes. Faut faire avec. Et après tout l'omniprésente enseigne se fond dans le décor plutôt pas mal toc de la fameuse limite du secteur américain. Et puis finalement on peut y trouver une certaine légitimité. Je vous l'ai dit, Berlin ne fait pas de détail. Et puis on n'est pas obligé de s'attarder et il n'y a plus de formalités pour s'éloigner. D'ailleurs vous êtes en droit de préférer les concurrents du gallinacé du Kentucky.

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                           Je n'ai pu voir les vastes versaillais de Potsdam mais la résidence de Charlottenburg à l'ouest de Berlin constitue un excellent pied à terre. J'ai déjà évoqué la vaisselle du Kronprinz. Frédéric y trône équestrement dans la cour d'honneur. Fastes prussiens, despotiques et éclairés, je ne me prononcerai pas quant aux proportions des deux adjectifs. Bon, quelqu'un qui accueille Voltaire doit bien avoir quelques qualités.

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                      Et puis à Berlin  il y a d'autres choses, plutôt récentes. A l'occasion de la grande remise en question des idées, et remise en perspective de la ville, l'urbanisme a été repensé, et particulièrement soigné à mon sens. Ca prend du temps, beaucoup de temps. De très nombreux immeubles administratifs ou industriels, gares, centres commerciaux, sont des oeuvres à part entière. Berlin se visite bel et bien au XXIème Siècle.

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                   Cette dernière illustration n'est pas une photo que j'ai prise. Berlin a, je crois, trouvé la mesure de l'indicible. Le Mémorial aux Juifs  assassinés d'Europe (1999) est un ensemble composé de 2711 modules en béton et d'un centre d'information souterrain. Je n'en dirai pas plus. Sauf qu'en ce coeur berlinois, entre Potsdamer Platz et Brandenburger Tor, la mémoire et l'émotion ont bâti un lieu habité, où l'homme peut prendre, modestement la mesure du génocide. Ces stèles de toutes tailles, arides et géométriques, invitent au silence. Silence qui se poursuit lors de la visite du mémorial, modèle de dignité.

                  Ces quelques images de mon séjour à Berlin, depuis longtemps programmé, enfin réalisé, seront les seules. Comme je l'ai souvent écrit, je ne goûte guère les défilés interminables de photos de là ou d'ailleurs. Souvenirs, c'est dans la tête que vous faites le mieux votre boulot de souvenirs.

                  You are leaving the Blogart blog.

                

                  

 

                        

23 septembre 2017

Une ville qui assume (1)

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                              Du vert, et un bâtiment historique que les panneaux indiquent toujours très soigneusement Reichstag/Bundestag. On comprend pourquoi. Emblématique à mon sens de la somme toute nouvelle capitale fédérale. C'est que Berlin ne sera jamais tout à fait une ville comme les autres. Je pense à Allemagne année zéro. Je pense aux Ailes du désir. Je pense à Cabaret. Je pense aux romans d'espionnage. C'est que l'on n'arrive pas à Berlin vierge de tout a priori. Cette ville, plus qu'aucune, a connu un destin qui aurait pu la vouer aux gémonies. Ce fut longtemps le cas. Berlin table rase en ce qui concerne les pierres, mais pas en ce qui concerne les âmes. La ville, à mon avis, réussit son pari d'appréhender tout son passé, des sévères monuments prussiens à la topographie de la terreur, des nombreux mémoriaux des victimes du Reich aux plus belles heures de la DDR, sans oublier le vertige urbanistique qui a saisi la ville et la laisse en travaux pour encore au moins dix ans.  

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                         Une balade sur la Spree, le calme fleuve berlinois et ses jolis méandres, qui sillonne le coeur citadin et permet de voir un bel aspect de tous les bâtiments récents, ministères, ambassades, quartier d'affaires, gares, tout ce qui fait la Symphonie d'une grande ville, titre du génial et pércurseur film de Walter Ruthmann (1927, je crois). Et puis il y a cette porte, ce quadrige sous ciel de pluie imminente qu'un caprice de Napoléon ramena à Paris pendant quelques années, multisymbole de tout et son contraire au fil du temps.

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                                Berlin en fait tant dans le modernisme qu'une visite du Filmuseum m'a presque rendu malade de vertiges tant les jeux de miroir et de passerelles étaient saisissants. L'Expressionnisme y prenait tout son sens. Pourtant Caligari, Mabuse et Nosferatu me sont de vieilles connaissances. Mais là ils y sont allés un peu fort. Les célébrissimes Trabant sont devenus tendance pour un sightseeing.  Des statues de héros d'un autre temps rappellent des déchirures. Berlin, si longtemps coupée en deux, voire en quatre, ne se divise plus. Deux géants de bronze font encore recette près des rives de la Spree. Et il m'a fallu longtemps avant de pouvoir photographier les chantres du marxisme sans amoureux frottant le genou de Karl, sans les dizaines de Taïwanais on tour, et sans les turbulents collégiens paneuropéens auxquels Berlin assène des leçons de démocratie, particulièrement nombreux.

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                                  Sûr que l'histoire y parait parfois lourde, des hommes de fer y cotoient des poètes, ci dessous Schiller sur le Gendarmenmarkt. Et l'argenterie du Kronprinz, dans les salons de Charlottenburg vaut à elle seule le déplacement. Capitale d'empire, ruinée et affamée, défigurée par la division, Berlin s'est relevée. Et cette semaine fut pour moi l'occasion d'un petit peu mieux connaître l'histoire de ce grand pays et de cette ville, indispensable pour comprendre. On en reparle un peu prochainement.

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17 septembre 2017

Retour, impression

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                             Où que te conduisent tes pas tu n'échapperas pas à la nouvelle hideur des choses. Lèpre technologique, elle te gâchera le plus beau des jardins.

 

8 septembre 2017

Une semaine là-bas

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       Der Himmel über Berlin... Mais ce sont depuis longtemps mes Ailes du désir. Mon petit tour de l'Europe citadine continue. Après Dublin, après Stockholm, après Bologne. A très bientôt.

19 avril 2017

Géographie: codicille

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               Il y a de bonnes nouvelles parfois. Sunny afternoon today. Ray Davies, Sir Ray Davies (72 balais, maître à penser de The Kinks), sort un nouvel album. Called Americana. Des membres de Jayhawks l'accompagnent fort bien. On ne saurait mieux conclure pour garer le Greyhound. Et toi, Ray, es-tu enfin paisible?

               I wanna make my home

               Where the buffalos run

               In that green panorama

3 novembre 2016

La poésie du jeudi, Alfred de Musset

Poésie du jeudi

                                C'est une délicieuse quête de s'en aller à la recherche d'un poème bimensuel. Bien souvent Maître Hasard guide mes pas. Ainsi vagabondais-je, encore un peu italien, sur les traces de quelque transalpin taquinant la muse. Tiens l'Alfred, que je n'avais guère fréquenté depuis des lustres passait par là, causant d'Italie avec son frangin. Hop là! Je leur emboîtai le pas. Mais le poème était un peu long et je décidai de trier un peu, d'élaguer quelques branches. Finalmente je n'eus pas le cran d'éliminer Ferrare ni Florence (ça on s'en serait douté), mais pas plus Milan, Ravenne, Padoue, Gênes, Venise, Syracuse... C'est ainsi que, mais c'est comme toujours la faute de notre si chère Asphodèle, vous serez amenés, enfin si vous le voulez, à lire dans l'intégralité A mon frère revenant d'Italie, sublime poème d'amour pour un pays, d'un des célèbres Enfants du Siècle avant-dernier. J'en aime les mots et j'en aime le rythme.

 

A mon frère revenant d'Italie

 

Ainsi mon cher tu t'en reviens

Du pays dont je me souviens

Comme d'un rêve 

De ces beaux lieux où l’oranger

Naquit pour nous dédommager

Du péché d’Ève.

 

Tu l’as vu, ce ciel enchanté

Qui montre avec tant de clarté

Le grand mystère ;

Si pur, qu’un soupir monte à Dieu

Plus librement qu’en aucun lieu

Qui soit sur terre.

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Tu les as vus, les vieux manoirs

De cette ville aux palais noirs

Qui fut Florence,

Plus ennuyeuse que Milan

Où, du moins, quatre ou cinq fois l’an,

Cerrito danse.

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Tu l’as vue, assise dans l’eau,

Portant gaiement son mezzaro,

La belle Gênes,

Le visage peint, l’oeil brillant,

Qui babille et joue en riant

Avec ses chaînes.

 

Tu l’as vu, cet antique port,

Où, dans son grand langage mort,

Le flot murmure,

Où Stendhal, cet esprit charmant,

Remplissait si dévotement

Sa sinécure.

 

Tu l’as vu, ce fantôme altier

Qui jadis eut le monde entier

Sous son empire.

César dans sa pourpre est tombé :

Dans un petit manteau d’abbé

Sa veuve expire.

 

Tu t’es bercé sur ce flot pur

Où Naples enchâsse dans l’azur

Sa mosaique,

Oreiller des lazzaroni

Où sont nés le macaroni

Et la musique.

 

Qu’il soit rusé, simple ou moqueur,

N’est-ce pas qu’il nous laisse au coeur

Un charme étrange,

Ce peuple ami de la gaieté

Qui donnerait gloire et beauté

Pour une orange ?

 Catane

Catane et Palerme t’ont plu.

Je n’en dis rien ; nous t’avons lu ;

Mais on t’accuse

D’avoir parlé bien tendrement,

Moins en voyageur qu’en amant,

De Syracuse.

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Ils sont beaux, quand il fait beau temps,

Ces yeux presque mahométans

De la Sicile ;

Leur regard tranquille est ardent,

Et bien dire en y répondant

N’est pas facile.

 

Ils sont doux surtout quand, le soir,

Passe dans son domino noir

La toppatelle.

On peut l’aborder sans danger,

Et dire :  » Je suis étranger,

Vous êtes belle.  »

 

Ischia ! C’est là, qu’on a des yeux,

C’est là qu’un corsage amoureux

Serre la hanche.

Sur un bas rouge bien tiré

Brille, sous le jupon doré,

La mule blanche.

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Pauvre Ischia ! bien des gens n’ont vu

Tes jeunes filles que pied nu

Dans la poussière.

On les endimanche à prix d’or ;

Mais ton pur soleil brille encor

Sur leur misère.

 

Quoi qu’il en soit, il est certain

Que l’on ne parle pas latin

Dans les Abruzzes,

Et que jamais un postillon

N’y sera l’enfant d’Apollon

Ni des neuf Muses.

 

Il est bizarre, assurément,

Que Minturnes soit justement

Près de Capoue.

Là tombèrent deux demi-dieux,

Tout barbouillés, l’un de vin vieux,

L’autre de boue.

 

Les brigands t’ont-ils arrêté

Sur le chemin tant redouté

De Terracine ?

Les as-tu vus dans les roseaux

Où le buffle aux larges naseaux

Dort et rumine ?

 

Hélas ! hélas ! tu n’as rien vu.

Ô (comme on dit) temps dépourvu

De poésie !

Ces grands chemins, sûrs nuit et jour,

Sont ennuyeux comme un amour

Sans jalousie.

 

Si tu t’es un peu détourné,

Tu t’es à coup sûr promené

Près de Ravenne,

Dans ce triste et charmant séjour

Où Byron noya dans l’amour

Toute sa haine.

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 C’est un pauvre petit cocher

Qui m’a mené sans accrocher

Jusqu’à Ferrare.

Je désire qu’il t’ait conduit.

Il n’eut pas peur, bien qu’il fît nuit ;

Le cas est rare.

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Padoue est un fort bel endroit,

Où de très grands docteurs en droit

Ont fait merveille ;

Mais j’aime mieux la polenta

Qu’on mange aux bords de la Brenta

Sous une treille.

 

Sans doute tu l’as vue aussi,

Vivante encore, Dieu merci !

Malgré nos armes,

La pauvre vieille du Lido,

Nageant dans une goutte d’eau

Pleine de larmes.

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Toits superbes ! froids monuments !

Linceul d’or sur des ossements !

Ci-gît Venise.

Là mon pauvre coeur est resté.

S’il doit m’en être rapporté,

Dieu le conduise !

 

Mon pauvre coeur, l’as-tu trouvé

Sur le chemin, sous un pavé,

Au fond d’un verre ?

Ou dans ce grand palais Nani ;

Dont tant de soleils ont jauni

La noble pierre ?

 

L’as-tu vu sur les fleurs des prés,

Ou sur les raisins empourprés

D’une tonnelle ?

Ou dans quelque frêle bateau.

Glissant à l’ombre et fendant l’eau

À tire-d’aile ?

 

L’as-tu trouvé tout en lambeaux

Sur la rive où sont les tombeaux ? I

l y doit être.

Je ne sais qui l’y cherchera,

Mais je crois bien qu’on ne pourra

L’y reconnaître.

 

Il était gai, jeune et hardi ;

Il se jetait en étourdi

À l’aventure.

Librement il respirait l’air,

Et parfois il se montrait fier

D’une blessure.

 

Il fut crédule, étant loyal,

Se défendant de croire au mal

Comme d’un crime.

Puis tout à coup il s’est fondu

Ainsi qu’un glacier suspendu

Sur un abîme…

 

Mais de quoi vais-je ici parler ?

Que ferais-je à me désoler,

Quand toi, cher frère,

Ces lieux où j’ai failli mourir,

Tu t’en viens de les parcourir

Pour te distraire ?

 

Tu rentres tranquille et content ;

Tu tailles ta plume en chantant

Une romance.

Tu rapportes dans notre nid

Cet espoir qui toujours finit

Et recommence.

 

Le retour fait aimer l’adieu ;

Nous nous asseyons près du feu,

Et tu nous contes

Tout ce que ton esprit a vu,

Plaisirs, dangers, et l’imprévu,

Et les mécomptes.

 

Et tout cela sans te fâcher,

Sans te plaindre, sans y toucher

Que pour en rire ;

Tu sais rendre grâce au bonheur,

Et tu te railles du malheur

Sans en médire.

 

Ami, ne t’en va plus si loin.

D’un peu d’aide j’ai grand besoin,

Quoi qu’il m’advienne.

Je ne sais où va mon chemin,

Mais je marche mieux quand ma main

Serre la tienne.

Alfred de Musset (1810-1857)

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                                Si ces vers sont bien d'Alfred de Musset les voyages, eux, étaient bien ceux de Paul (1804-1880), son frère ainé qui fit de nombreux voyages en Italie et les relata en plusieurs volumes dans les années 1860.

17 octobre 2016

Bologna é Ferrara

     En un mot...

Ascension

Garisenda et Asinelli

Juxtaposition

Après 498 marches

Incarcération

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Education

Archiginnasio

Dissection

Le théâtre anatomique

Hertzification (Marconi)

Piazza Marconi

Canonisation

Santo Stefano

Sanctification

Basilique San Petronio

Domination

San Luca veille

Déception

Neptune

Interprétation (des chansons sur... Paris)

On chante Paris Piazza Maggiore

Vénération

Via dell'Indipedenza

Fortification

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Négociation (Loggia della Mercanza)

Loggia della Mercanza

Commercialisation

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3 octobre 2016

Emilia Romagna

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27 août 2016

Vive Nous

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                                Nous c'est eux, les Petersen, un couple anglais et leur fils de 18 ans. Mais Nous c'est aussi nous, forcément. Délicieux épisode de l'éternelle histoire d'un homme et d'une femme, Nous nous est conté du côté Douglas, cinquante balais et quelques poussières, sympathique chercheur pas débordant d'imagination mais qui aura tenté la paternité, sans grand succès. Connie, veut partit, plus poète et plus artiste, mais sans haine et sans rancune. Alors Douglas a l'idée du Grand Tour, façon XIXème, Paris, Amsterdam, Munich, Vienne, l'Italie... Avec Connie en instance de séparation et Albie, dix-huit ans, buté comme c'est pas possible à moins d'avoir dix-huit ans. Je le sais, j'ai eu dix-huit ans.

                              C'est avec pas mal de drôlerie que David Nicholls et Douglas Petersen racontent alternativement le temps de leur rencontre et trente ans plus tard le temps de leur éventuelle rupture. J'ai vraiment aimé Douglas, cet homme un peu falot, et surtout moins branché que son épouse Connie. Leur relation est parfois hilarante à mesure que le temps passe et j'aurais envie de citer des passages entiers, délicieux et mordants. "Les premières fois- (il y a 179 petits chapitres comme ça sur 539 pages)- Les débuts de n'importe quelle relation sont ponctués d'une série de premières fois- première vision de l'autre, premiers mots, premiers rires, premier baiser, premier déshabillage, etc..., tous ces jalons partagés s'espaçant et se banalisant à mesure que les jours, puis les années passent, jusqu'à ce que, pour finir, il ne reste plus que la visite d'un quelconque site historique classé par le National Trust". Ne trouvez-pas que ça ressemble à la vie? L'humour très présent tout au long du roman n'empêche pas, bien au contraire, la tendresse et une certaine dérision, ou tout au moins du recul, et agit comme une caresse pour nous dire que même chez nous ce n'est, disons... pas si mal.

                             Evidemment reste le cas Albert, Albie, fils de Connie et Douglas, qui fut précédé de Jane qui ne vécut que quelques heures. Faut-il y voir une cause et un effet mais Albie et son père se comprennent assez mal. Quoi, c'est normal? Et l'on a envie de gifler cet ado tellement, tellement, tellement ado, quoi... Du coup le Grand Tour romantique vire au cauchemar entre réglements de compte maritaux et disparition de la grande asperge prénommée Albie. Souvent désopilant, parfois grave, un peu comme notre vie, sauf que notre vie est moins désopilante peut-être. Enfin notre vie, là je m'avance un peu. Un très bon roman de David Nicholls, fin observateur de ces années à cheval sur deux siècles comme pour une chasse au renard dans le Sussex, très Angleterre, très vieille Europe, très Nous. Et pour terminer continuons de désopiler avec cette charge vélophobe que j'ai adorée, moi, plutôt vélophile.

                              "Je me suis surpris brusquement à détester Amsterdam. Dans mon amertume je me suis laissé gagner par cette idée. Je les défierais tous, les cyclistes d'Amsterdam, avec leur éclairage inadéquat, leur manie de tenir le guidon d'une main, leur selle haute et leurs airs supérieurs. Tel Caligula, impitoyable et sans peur, j'allumerais un feu de joie et jetterais ces foutues bécanes dans les flammes. Au bûcher, les vélos, au bûcher!"

                               On connaissait les autodafés. Voici les cyclodafés. Ca c'est pas en italiques parce que c'est de moi, moi-même, personnellement. Si.

24 mars 2016

Ma B.D. annuelle

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                               Ca m'a toqué mais ça me toque pas souvent. L'élue de cette année est  Darwin, tome 1, A bord du Beagle, scénario Christian Clot, dessin Fabio Bono. Le voyage du tout jeune Charles Darwin est une des grandes odyssées de l'humanité. Agé de 22 ans, celui qui va révolutionner la pensée n'a aucune expérience maritime. Le capitaine Fitz-Roy, jeune lui aussi, commande à bord du HMS Beagle. Nous sommes en 1831 à Plymouth et cette expédition de deux ans va en durer cinq, et elle va accessoirement changer le monde. Les deux hommes vont s'apprécier et Darwin qu'on imagine toujours à la barbe blanche de sage vieillard se révèle un jeune homme facétieux qui n'a pas été si brillant dans ses études et préférant de loin la chasse à l'université. Mais Charles Darwin a une  qualité, pas si fréquente. Il est curieux de tout et se passionne pour la nature. Vous connaissez la suite.

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                                 Ce bel album ne conte que les préparatifs du voyage et les premières investigations qui nous mènent, après bizutage en régle au passage de l'Equateur, à Salvador de Bahia. Les planches animalières sur la faune d'Amérique du Sud sont splendides et l'arrivée en Terre de Feu réserve des surprises. La campagne anglaise, le port, la vie à bord sont magistralement reconstituées. Peu connaisseur de ces publications, je trouve à cet ouvrage un classicisme et une pédagogie très réjouissants.J'espère lire le second tome bientôt.

7 octobre 2015

Images nordiques

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                                                 Nuages et Nord. Bleu, Bateaux, Briques et Baltique.

7 septembre 2015

Géographie: Sarasota, Floride

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                                     Sarasota, le croiriez- vous, est une station balnéaire proche de St Petersburg. Mais on parle là de St.Petersburg, Floride. Plutôt huppée, la ville de Sarasota est relativement récente. La Floride n'est pas l'état le plus rock-folk qui soit, ni le plus chanté sur Tin Pan Alley. Mais The New Mendicants ont assez d'étoffe pour passer un agréable moment en ville. Genre "folkish".

                                   Sarasota est extrait de l'album Into the lime sorti en 2014. Télérama en dit plutôt du bien et Les Inrocks du plutôt pas mal. On ne va pas, tout au moins pas cette fois, contredire les officiels.

15 août 2015

Ecrire ailleurs

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                               Idée fine que cette somme de quinze articles sur quinze écrivains. Le Figaro a publié ces articles souvent passionnants il y a une dizaine d'années. Quatorze journalistes sont ainsi partis sur les traces de quinze écrivains. Le lecteur peut y picorer à loisir. J'ai lu l'intégralité par ordre alphabétique comme c'est ainsi rassemblé. Evidemment certains univers me sont plus proches ou tout au moins m'intéressent davantage. Podium...

                              Georges Simenon en Norvège et au Cap Nord est fascinant. On sait l'homme Simenon très ami des gares, et plus encore des ports, des écluses et des bistrots de mariniers, des bars à matelots où la bière est brelienne. A Delfzijl, port du Nord au nom imprononçable,un nord qui n'est encore que hollandais, est probablement né après de multiples ébauches pour le titan belge, le commissaire Maigret. Mais Simenon, en 1929, a publié en un an la bagatelle de quarante romans et s'est offert l'Ostrogoth, un joli cotre qu'il décide de mener cap au Nord. On l'imagine pipe au bec et genièvre à la table, noircissant des pages et des pages de sa fameuse ambiance portuaire avec secrets de famille, quand patiente son bateau. Déjà des notables inquiets, des maisons trop tranquilles, des filles ambitieuses, des étrangers souvent venus de l'Est, le monde de Simenon est bien là, qui fera le tour du monde, composant une tragi-comédie de l'humain, sans psy, les coudes au comptoir. Simenon, auteur plus que majeur, qui aime les lumières d'hiver, ira jusqu'à Honningsvag (je vous fais grâce  des tréma), le nord du nord.

                              "Papa" Hemingway chasse le canard tout près de Venise, 1948. Certes il connaissait la région, grièvement blessé par un obus autrichien. Il a déjà cinquante ans,il paraît plus, fatigué, John Barleycorn l'accompagne depuis longtemps. Vient à passer Adriana, pas vingt ans, et le chasseur vieillissant se prend à revivre, avec force grappa et bloody mary. Jean-Marie Rouart, ce grand écrivain, est l'auteur de l'article Hemingway. Il y parle, fort à propos, de fiancailles avec la mort, d'un petit air de Thomas Mann, La mort à Venise. J'en suis persuadé, Hem est déjà sur la route de la nuit, au Harry's bar, au Gritti, dans les volutes de valpolicella ou dans les bras d'Adriana au fond d'une gondole. Presque chaste, probablement. Bientôt il faudra dire au revoir aux armes. Sonnera le glas.

                               Pour Jack London, plus encore ami de John Barleycorn, on sait son Grand Nord. On a tous lu Croc-Blanc. 1897. On a découvert de l'or au Klondike. Jack London en sera, enfin, sera surtout de l'impressionnante cohorte des ruinés, blessés, malades et morts de cette fièvre maligne (Belliou la fumée, Construire un feu). Pour Jack ce n'était même pas un grand voyage, natif de Frisco. Il a vingt-et-un ans, traîne dans les bars (tiens, Hem et Sim aussi, dans d'autres bars), les bars où ça castagne. Rescapé du scorbut, il prend des notes, son socialisme sera toujours exacerbé, son penchant suicidaire aussi. Il rejoindra la nuit lui aussi, plus ou moins de son plein gré, pourtant riche et célèbre mais ô combien mal dans sa peau.

                              Lisez le beau recueil Voyages d'écrivains. Bernanos recréant une sorte de petite France au Brésil, voix libre d'une France libre, Cendrars ce grand menteur et son train des glaces, Céline, un dur pourtant, mis knock-out par New York, "cette ville debout". Mais,plus encore, lisez Pietr le Letton, Le soleil se lève aussi, Martin Eden. Je vous autorise même à lire Proust dont Stéphane Denis évoque les pérégrinations sur la rive gauche, ultime voyage du dandy qu'il faut avoir lu, dans un article un peu claustro à mon gré. Il me faut vous dire que mon gré est peu proustien.

2 février 2015

Et rond, et rond, petit Patagon

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                               Ca ne fait pas de mal de retourner de temps en temps en Amérique Latine sous la houlette de gens comme Coloane ou Sepulveda car les institutions Garcia Marquez ou Vargas Llosa ne sont pas pour moi. Moi j'aime l'Amérique du Sud des camions,des rafiots et des coucous brinquebalants. Des gargotes avec hamacs effilochés et ventilateurs pourris. Des bières même pas fraîches et de l'agneau des estancias qu'on appelle l'asado. Dans ce récit court de 168 pages on est servi pour ce genre d'aventures. L'auteur chilien, un fameux raconteur, part d'une promesse faite à son grand-père de revoir un jour son village andalou pour un périple agité et parsemé de belles et de mauvaises rencontres.

                             Parmi les mauvaises, on s'en doute, Le neveu d'Amérique croise quelques geôles de bon aloi à une époque où la valeur dictature se portait encore bien. Temps béni d'un mal identifiable mais ne nous égarons pas car l'intérêt du récit est tout autre. Dans tous ces personnages baroques et somptueux, grandiloquents et grotesques, qu'on croirait parfois sortis d'une bande dessinée. Le concours de mensonges en est un bel exemple, dont le vainqueur semble être un voyageur ayant déposé délicatement un pou pour alléger sa monture lors d'un rude passage dans la Cordillère, quitte à le reprendre au retour.J'sais pas si c'est vrai...

                             Patagonie, Grand Sud, icebergs et la tombe de Panchito,un gamin infirme, mort de chagrin parce que son ami dauphin joueur, un printemps, n'est plus revenu, probablement victime d'un "bateau-usine russe, un de ces assassins des mers". Portrait de Carlos, aviateur fou de Saint-Ex et du Baron Rouge, amené à transporter le cadavre d'un aristocrate argentin dans son Pipper, sous la menace de ses hommes de main. Longues discussions avinées avec l'Anglais voyageur Bruce Chatwin en particulier sur le souvenir des célèbres Robert LeRoy Parker et Harry Alonzo Longabaugh, tumultueux individus ayant peut-être fini leurs jours dans ces coins perdus du continent sud-américain. De cela on n'est pas sûr, d'autres sources chagrines ramènent Butch Cassidy et le Kid, car c'étaient eux, mourir en Amérique du Nord. Forcément moins bien.

                          Quel baratineur de Don Luis Sepulveda, s'il croit que je vais gober tout ça et prendre ses histoires pour cruzeiro ou bolivar comptant... Son militantisme et son anarchie ne sont pas ce que je préfère. Mais qu'est-ce que je m'en fous et qu'est-ce que j'ai aimé ce tissu de vrai faux. De la belle littérature qui donne envie de prendre le Patagonia Express (titre original), puis de monter en selle pour le premier bordel andin et de mettre les voiles aux confins. Le Bison qui traîne souvent dans les parages sera sûrement arrivé avant moi. http://leranchsansnom.free.fr/?p=5544 Dominique est partante aussi Le bout du bout du monde - Luis Sepúlveda

28 août 2014

Aval, amont, embâcles et noues

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                                         La Marne est souvent associée à l'Est et aux guerres, un peu au Front Populaire et au canotier dans sa version banlieue parisienne. Homme de l'Ouest mais que les destinations un peu extrêmes (L'arche des Kerguelen, La chambre noire de Longwood, sur Sainte Hélène) passionnent tout autant, Jean-Paul Kaufmann, qui a connu l'enfermement que l'on sait, a eu l'idée de remonter cette rivière intégralement; ce qui n'est pas si facile car la géographie de maintenant fait parfois diversion, carrefours, zones industrielles, ouvrages d'art. La Marne est en fait plus longue que la Seine qui est en quelque sorte sa supérieure hiérarchique directe, et qui la toise facilement, cette prétentieuse. Il en va des cours d'eau comme des hommes et des femmes, jalousies, querelles de voisinage, kleptomanie car l'une vole parfois le lit de l'autre. Le périple de Kauffmann est très intéressant, délivrant au fil de l'eau un amont curieux, fait de bric et de broc, une France sans prétention, je ne dirais pas une France profonde car l'épithète est souvent péjorative.

                                       Parti du banlieusard et tristounet confluent de Charenton Jean-Paul Kauffmann apprivoise le cours de la Marne  tout au long des étapes qui nous emmèneront au Plateau de Langres. Bien sûr la Grande Guerre est passée par là, bien sûr les coteaux champenois effervescents nous tiennent compagnie, Kauffmann est d'ailleurs un oenologue reconnu, mais c'est au détour de la cathédrale de Meaux*, d'une maison d'éclusier à la Simenon ou à l'évocation d'André Breton séjournant six mois à l'hôpital psychiatrique de Saint Dizier que j'ai vraiment apprécié cette longue promenade qui prend toute son ampleur dans une certaine austérité haut-marnaise, où l'ombre d'une grande croix de Lorraine s'observe là-haut sur la rive gauche, rappelant la grandeur du cher et vieux pays.

                                         Ce coin de France dessert la Manche, la Mer du Nord et la Méditerranée. En effet, y naissent la Seine, la Meuse et des affluents de la Saône, toute la France en quelque sorte. Plus émouvant qu'il n'y paraît ce voyage est aussi d'une belle eau (forcément) littéraire où notre vocabulaire s'enrichit considérablement avec les marnois et les brelles, respectIvement des radeaux et des bateaux plats, quinze jours pour livrer à Paris le bois du sud champenois, ou avec la distinction entre berges et rives (vous la connaissez, vous?).

                                         * "Non loin du tombeau de Bossuet, je me suis assis dans la nef près d’un pilier, débarrassé de mon sac posé sur la chaise voisine. L’église lumineuse sentait la pierre blanche, ce coquillé du calcaire et une odeur poudrée de vieux livre, aucunement moisie, quelque chose de blet ressemblant au parfum de vieilles pommes rangées sur un carrelage. Quel moment délicieux ! Les bruits de l’extérieur me parvenaient étouffés : touches de klaxon, percussions régulières d’une masse sur le bois, staccato d’un marteau-piqueur. Ce léger brouhaha contrastait avec l’intérieur où le moindre pas, le grincement d’une chaise, le battement de la porte capitonnée retentissait, amplifié par la réverbération. (…)

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                                         "L’odeur du marbre dans cette église. Même le marbre a une odeur. Il a beau être impénétrable, il exhale une curieuse sensation de givre, acide, dur, piquant. Il me faut débusquer ces effluves chaque fois que je découvre une ville, un village, un site. L’empreinte. La trace d’un parfum ou d’un monument."

9 février 2014

Un livre, un film (énigme 86), la solution

                                            Une certaine confusion ce samedi pour cette énigme. Je retiens la suggestion de Pierrot Bâton, châtier Soene Place Bellecour à Lyon, mais cela me paraît encore trop doux. Peut-être l'obliger une semaine à ne fréquenter que les fast foods de la capitale des Gaules,non? Voici les images et quelques explications que Dasola,très vite et avant Soene, avait parfaitement décryptées.

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                                         Un paria des îles est le deuxième roman de Joseph Conrad après La folie Almayer, que, bien plus tard La rescousse (indice)complètera pour composer la trilogie malaise. Né en Ukraine, Polonais nommé Teodor Józef Konrad Korzeniowski, marin français puis britannique, l'écrivain  a su donner à Willems le tragique et le jusqu'auboutisme qui le rapprochent des autres grands personnages conradiens, Lord Jim et le directeur de comptoir Kurtz d' Au coeur des ténèbres.

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                                       Après le désormais mythique Troisième homme et la Vienne d'après-guerre en 49 Carol Reed tourne Le banni des îles avec trois acteurs terriblement britanniques, Trevor Howard (aussi dans Le troisième homme), Robert Morley et Ralph Richardson. Assez proche du climat Conrad, éloignement, déchéance, rédemption, le film est souvent relégué parmi les productions anglaises 1950-1970, hâtivement baptisées et sans aucun recul colonialistes ou post-colonialistes. La vérité est évidemment autrement plus ambigüe mais ce n'est ni le lieu ni l'heure du débat.

                                      Coppola avec Apocalyse now mais bien avant lui Hitchcock avec L'agent secret (Sabotage), et Richard Brooks avec Lord Jim ont également adapté Joseph Conrad. Citons aussi Ridley Scott avec Duellistes, et plus récemment Patrice Chéreau avec Gabrielle. A noter que tant la lecture audio du bouquin que le film de Sir Carol Reed  sont disponibles intégralement sur la toile, mais il faut être parfaitement anglophone.

9 octobre 2012

Mon ami Bruno

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                1977,Werner Herzog reprend Bruno S. après L'énigme de Kaspar Hauser.C'est pour La ballade de Bruno, aux confins de la folie,ce n'est pas une surprise chez Herzog,qui nous expédie de Berlin en Amérique sur les brisées d'un "trio Wanderer" composé de Bruno,un peu paumé et alcoolique,juste sorti de prison, musicien chanteur,et de deux "amis", l'une prostituée et un voisin plus âgé. Tous trois, sans boulot, trouvent la vie allemande cruelle et leurs relations externes déplorables. Dans plusieurs catalogues, la vie américaine est considérée comme unique et bien-faisante. Bruno, alcoolique, pauvre, mendiant avec son accordéon n'a rien à perdre. Il décide de partir avec ses deux acolytes pour tenter leur chance et accomplir ce rêve américain dont on parle tant. Bien sûr, à leur arrivée sur place, le rêve prend une tout autre tournure.

          On sait l'ego pour le moins difficile de Werner Herzog.N'ayant pas ici son ennemi associé Klaus Kinski et quoique tournant avec Bruno S. acteur non professionnel mais vrai patient de psychiatrie,Herzog signe un film plus paisible en apparence, moins marqué de la démesure herzogo-kinskio-aguirro-fitzcarraldienne. On semble parfois assez proche du documentaire et si c'est bien une œuvre de fiction,il y a comme souvent chez le cinéaste allemand des éléments qui sont issus de la réalité.A commencer,cela va de soi,par l'étonnante personnalité de Bruno S.Cet homme a séjourné plusieurs fois en prison et c'est à la fois lui-même et un héros de fiction qui dit lors de sa sortie:"Le Bruno,il rentre en liberté".C'est cette phrase magnifique, contradictoire,inversée qui montre bien le côté décalé,j'oserais cette métaphore hardie,le côté un peu chaplinesque de la figure errante centrale du film.

         L'ellipse nous mène assez vite d'Allemagne au lointain Wisconsin pour un "atterrissage" assez rude où le mobil-home devient symbole d'une Amérique assez ouverte pour les accueillir mais assez étrangère pour ne rien faciliter.Bruno,qui avait trouvé avec ses deux colocataires un embryon de foyer,a comme des ailes de géant qui l'empêchent de marcher.Le départ de son amie fera de lui un albatros superbe de solitude et d'inadaptation,qu'il fut d'ailleurs toute sa vie.

        La ballade de Bruno devient alors une tragédie américaine individuelle. Revisitant le démon des armes,le hold-up et une hallucinante et carcérale scène d'animaux addicts de jeux qui donne une franche envie d'emboîter le pas à Bruno,Werner Herzog touche le fond de la détresse dans ce paysage de montagne, une station de sports d'hiver sans neige,ce qui en soi est déjà une forme d'absurdité.

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           Voici une affiche américaine,très différente,mais que finalement j'aime bien,avec le sens du raccourci mais aussi une belle efficacité.

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