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BLOGART(LA COMTESSE)
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30 novembre 2008

Si c'est ça la paix,je crois que je préfère la guerre


ALLEMAGNE ANNÉE ZÉRO / ROSSELLINI - SUICIDE D'EDMUND

    Rigueur.C'est le maître mot à propos de Allemagne année zéro qui clot la trilogie fin de guerre de Roberto Rossellini.Après la douleur de Rome et la remontée de la botte italienne en ses cinq épisodes de Païsa Rossellini ausculte l'ancien allié en sa capitale historique.74 minutes composent Allemagne année zéro et cela suffit à ce diable d'homme pour nous faire toucher du doigt la si grande détresse de la paix et la sinstrose des après-guerres et des réglements de compte.Un jeune Allemand de treize ans tente de survivre dans ls éboulements et la déréliction de l'ancienne ville phare du Reich qui en perdra même son titre de capitale avant d'être tranchée en quatre.Maintenant ce sont les familles elles-mêmes qui sont dévatées et décimées.Entre un père mourant,un frère qui n'a pas su changer de camp assez vite,chose fortement déconseillée en ces temps de basculement,une soeur qui hésite sur les extrêmités classiques qui guettent une jeune femme en ces moments,le jeune Edmund vit de rapines et d'expédients,en attendant pire.

  Le Néoréalisme,en s'exportant si peu de temps après la Guerre dans les décombres encore fumants de Berlin,tourne l'une de ses plus belles pages.Ce constat,sans la moindre facilité ou fioriture, absolument vierge de tout tic d'acteur,de tout ego de metteur en scène,de toute couleur locale en l'occurence,est à voir impérativement tous les cinq ans environ.J'ai vu le film pour la première fois à quinze ans et je viens de le revoir avec la même émotion,une émotion qui n'a rien d'un sentiment un peu racolé ou flatté,une émotion que je qualifierai d'"intellectuelle" tant ce film comme les deux autres de la trilogie mais avec cette différence qu'il parle des vaincus,distille longtemps et pour toujours l'intelligence du cinéma.Ce n'est pas si fréquent.Les cinq dernières minutes sont parmi les plus impressionnantes du cinéma(vidéo).Allemagne année zéro c'est aussi Beyrouth,Gaza,Kaboul,etc...

 

 

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25 novembre 2008

Un livre en somme

   Oui mais quel livre!Et quelle somme que ce livre!Sybilline l'a dit,les critiques sont enthousiastes et je me méfiais un peu.De plus je confesse m'être ennuyé à la lecture de Trois fermiers s'en vont au bal dont seul le titre m'avait plu.Avec Le temps où nous chantions Richard Powers nous livre une somme littéraire,un souffle prodigieux et rare animant ce livre,incomparable.Je pense que beaucoup le liront et n'ai pas l'intention d'en dire bien plus.

    Simplement il fait 760 pages et ne s'est ouvert à moi que parcimonieusement car certains passages sur la physique quantique ou même la musique sont relativement ardus.Je l'ai dégusté à petites doses comme un vieil alcool qui n'autorise son arôme que peu à peu,exigeant du lecteur une certaine disponibilité.A mon avis le très grand livre sur l'Amérique de ce début de siècle. Histoire, science, musique,famille,violence,mort sont les ingrédients de ce fabuleux bouquin qui balaie six décennies américaines en une polyphonie étourdissante qui fait qu'on quitte à regret cette famille si américaine dans toute sa complexité.On pourrait écrire des pages sur Le temps où nous chantions.Mais vous n'avez pas le temps,il vous faut vous précipiter sur ce roman inoubliable.

24 novembre 2008

Des gens ordinaires

  Domenica_d_agosto   

        Gente di Roma avait été filmé par Ettore Scola il y a quelques années.En 1950 Luciano Emmer,cinéaste élevé au Néoréalisme invente en quelque sort le film choral,presque ethnologique,décrivant non pas la vie des Papous de Nouvelle-Guinée,mais celle des Romains un dimanche d'été,en route pour Ostie,la plage  de Rome.Cette Ostia n'est pas celle de Pasolini mais se donne pour quelques heures à toute une faune de gens modestes qui se précipitent à la première heure en vélo,scooter,train de banlieue ou voiture.Laborieuse la voiture...Je n'ai pas peur de dire que Dimanche d'août est un enchantement qui réussit la gageure d'échapper à toute démagogie,ce que même le grand Renoir n'a pas toujours su.

   Car tous ces gens sont vrais,mioches,adolescents émoustillés, matrones affectueusement collantes,pères ou mères seuls avec leur fille.Ne manque même pas une équipe de bras cassés genre Le pigeon qui profitent de l'exode dominical pour fomenter un audacieux casse dans un abattoir.Pas de héros ou plutôt que des héros quotidiens ou hebdomadaires en l'occurence.Bien sûr chacun ment,gentiment,juste ce qu'il faut pour avoir l'air un peu plus riche,un peu plus malin,pour séduire,quoi.Mais il y a tant de fraternité,tant de justesse dans ces petits pointillés de la vie de la grande cité en cette après-guerre où le miracle italien commence à peine.Rejeton tardif,presque ultime du grand mouvement cinématographique italien,Dimanche d'août est une perle rare.Luciano Emmer a signé par la suite surtout des documents et La fille dans la vitrine,belle fiction sur l'immigration italienne en Belgique.Né en 18 il n'est pas mort à ma connaissance.On continuera donc de l'ignorer.

23 novembre 2008

Géographie:Atlantic City,New Jersey

atlantic_city

http://www.youtube.com/watch?v=vhQKhlpE7XE

   Etat du New Jersey,non loin de Philadelphie.S'il y en a un qui connaît bien son Amérique musicale c'est le Boss.Dans l'album très acoustique Nebraska(82) j'aime beaucoup Atlantic City.Bruce y chante une fois de plus les paumés,guitare et harmonica comme un hobo.Mais qu'est-ce qu'il fait ça bien.Atlantic City vit du jeu essentiellement et Louis Malle y a tourné le film homonyme avec Lancaster et Piccoli.Sorte de Vegas de l'Ouest Atlantic City fait se cotoyer comme souvent aux States les riches très riches et les pauvres très pauvres.Cette ville n'est certes pas particulièrement attirante et personnellement je préfère Trouville mais c'est ça aussi l'Amérique de notre voyage.Allez Baby "Put your make up anf fix your hair up pretty and meet me tonight in Atlantic City"

22 novembre 2008

Une chanson:Drunken sailor

       Voici un shanty,déformation du français "chantez".C'est en fait un chant de marin qui permettait de faire bosser davantage pour pas beaucoup plus d'écus.Ces airs traditionnels souvent venus de Bretagne et d'Irlande ont bien sûr été digérés par Tin Pan Alley,la musique populaire américaine,et recrachés de différentes manières. Je vous propose la version du folkeux belge Ferré Grignard dont j'étais très friand dans ma lointaine jeunesse que je pleure depuis pas mal de temps ici même.Savez-vous que Ferré Grignard fut une vedette en France pendant environ cent jours?Il portait de grosses bottes d'éboueur et sortait d'une famille très bourgeoise d'Anvers.Il me semble que l'oubli total est bien sévère.Mais je suis là et trinque avec vous à la mémoire du marin bourré et de Ferré Grignard.

http://fr.youtube.com/watch?v=jPs0tzCS-Lk Drunken sailor

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20 novembre 2008

Géographie:San Bernardino,Californie

 

       Back to California and welcome to City of San Bernardino.Sud-est de la Californie plus précisément.La vallée de San Bernardino compte dans sa proximité le Désert Mojave et le Joshua Tree Park(les fans de U2 savent de quoi je parle).La ville de San Bernardino fut comme beaucoup de villes de l'Ouest au départ une mission catholique qui porte le nom de Saint Bernardin de Sienne.Wyatt Earp,héros de l'Ouest,en fait un abruti de première d'après les historiens,y fit une bonne partie de sa carrière.La ville tend bien sûr à devenir banlieue de Los Angeles.Quant au groupe Christie son seul titre de gloire fut la version originale d'une célèbre chanson de Dassin que je vous offre en plus de San Bernardino.

http://www.youtube.com/watch?v=BZxwxv3UZ9M  San Bernardino

http://www.youtube.com/watch?v=qJ5-FoiBuVc  Yellow river

18 novembre 2008

La nostalgie,cette assassine blessure

Nostalghia

        Tarkovski est un cinéaste que je découvre seulement maintenant.Après Andreï Roublev La passion selon Andreï et Andreï j'ai donc vu Nostalghia.On sait le cinéma de Tarkovski exigeant,parfois frôlant l'ascèse en sa beauté plastique unique.Il me semble assez difficile de parler de Nostalghia tant la hauteur de vue de Tarkovski n'est pas notre quotidien.Le voyage dans l'Italie du Nord du poète russe,sur les traces d'un musicien,russe lui aussi,deux siècles plus tôt,se passe dans une Toscane qui n'a pas la luminosité des Taviani.C'est que le cinéma des frères se veut ancré dans une réalité très italienne alors que la parabole de Tarkovski est davantage universelle dans son questionnement.Tonino Guerra,le grand scénariste de plusieurs films importants des Taviani,Rosi,etc.. est d'ailleurs aussi celui de Nostalghia.

    Le poète et sa traductrice  rencontrent non loin de la chapelle de Piero della Francesca Domenico,sorte d'ermite accompagné de son chien et qui tient d'étranges propos.Cherchant à lutter contre le matérialisme du monde il se confie à Gortchakov le poète...Les pistes abondent dans Nostalghia,peut-être fausses.Et qu'est-ce que cette nostalgie où le thème de l'intraduisible semble vouloir scléroser tout art?Et Domenico dans sa folie n'est-il qu'un dément ou l'ultime sage dans cette Italie devenu un théâtre de malédiction.Mais Nostalghia sera ce que vous en ferez tant ce film sidérant de baroque somptueux et d'obscurs exils refuse de vous prendre par la main.La presse a parlé à propos de Nostalghia de poème métaphysique aux images inoubliables.Je parlerai de tremblante alchimie entre l'âme russe comme transportée,déportée et mystique et la Toscane qui aurait comme avorté sa Renaissance pour n'en retenir que la lumière noire.La présence si sensible du grand comédien suédois Erland Josephson évoquera certainement pour plus d'un spectateur un autre grand homme du Nord,à l'austérité si douloureuse et que vous aurez reconnu.

14 novembre 2008

Géographie:Cincinnati,Ohio

    Ray Charles et la chanson du film homonyme de Norman Jewison,Cincinnati Kid.Ce film est au poker ce que L'arnaqueur est au billard.Une référence non?Cincinnati se trouve dans l'Ohio et sur l'Ohio.Pour les cinéphiles Cincinnati vit naître Tyrone Power et Steven Spielberg.La ville fut ainsi nommée en double hommage à George Wasington en qui les pionniers voyaient un Cincinnatus,célèbre général romain,de l'Indépendance toute neuve des Etats-Unis.Le film Cincinnati Kid est probablement l'un des rôles marquants de Steve McQueen face à ce vieux renard d'Edward G.Robinson.

http://www.youtube.com/watch?v=X7tAF4wGRpQ    Come on Ray!

14 novembre 2008

Compartiment tu meurs

   On connaît Tourneur pour sa trilogie fantastique déjà évoquée ici.Pour quelques noirs aussi dont La griffe du passé ou Angoisse.Je vous propose Berlin Express,tourné en 49,l'année du Troisème homme.Car nous sommes dans une ambiance immédiate après-guerre et l'occasion de voir l'Allemagne en ruines est saisissante.Bien sûr ce n'est pas Allemagne année zéro du grand Rossellini mais sous les apparences d'un thriller en grande partie ferroviaire Jacques Tourneur montre bien la déliquescence des villes et des âmes,de Francfort mais aussi le doute qui germe dans l'esprit de ces représentants alliés sensés oeuvrer dans une mission humanitaire.

  Donc dans ce train à destination de Francfort prennent place quelques personnes,un Français,un Russe,un Anglais,un Américain et même un Allemand.Mais très vite devant cette femme qui répond en russe à l'Américain et en français à l'Anglais on se doute que le voyage pour la bonne cause se révélera une machination avec traître et complices à l'appui.Sur ce plan c'est assez classique mais l'intérêt encore une fois est ailleurs.Si les nationalités des protagonistes sont assez carrées et telles qu'on se les imagine en ce qui n'est pas encore la Guerre Froide,et si Tourneur laisse une lueur d'espoir dans les derniers regards de ces amis de quelques jours embarqués dans la même enquête-galère,les plans de Francfort défiguré,sans atteindre évidemment la splendide décadence de la Vienne de Reed,Greene et Welles du Troisième homme,n'en sont pas moins un très beau témoignage sur l'Europe et le monde en ces lendemains qui déchanteront vite.

   On peut voir aussi The good German de Soderbergh d'après l'excellent roman L'ami allemand de Joseph Kanon. Images de ruines

13 novembre 2008

Géographie:Omaha,Nebraska

Vue générale d'Omaha

    Les Grandes Plaines du centre,l'état du Nebraska,chanté par Springsteen a pour principale agglomération Omaha.Certes connue en France depuis le 6 juin 44 pour sa plage normande Omaha apparaît dans plusieurs chansons.Baignée par le Missouri cette ville de 40O OOO habitants a vu naître,excusez du peu,Fred Astaire ,Montgomery Clift et Marlon Brando.Musicalement je vous conseille la superbe ballade de Gary Louris,Omaha nights,celle très belle aussi de Counting Crows nommé simplement Omaha mais ne peux résister au plaisir de vous faire (ré)entendre l'un des plus fabuleux morceaux de l'ère psychédélique,le très bref mais très musclè Omaha du groupe Moby Grape.

http://www.youtube.com/watch?v=c_FlNwQlBmU

12 novembre 2008

L'artiste en exil,perplexe puis serein

   Je conservais un magnifique souvenir du Christ s'est arrêté à Eboli,film de Francesco Rosi d'après le récit autobiographique de Carlo Levi,film sorti en 80.J'avais un peu idéalisé ce film qui reste néanmoins un beau film,à défaut d'être un très grand film.Passé un petit sentiment de déception Le Christ s'est arrêté à Eboli se voit presque comme un document ethnologique.C'est ainsi que Rosi en parle dans son entretien en français avec Michel Ciment,passionnant et d'une totale clairvoyance malgré le grand âge du metteur en scène.

   Carlo Levi,année 1935,est assigné à résidence en Lucanie,ce Mezzogiorno sinistre où règnent ignorance, corruption et malaria.Dans ce bout du monde au milieu de nulle part cet homme du Nord,cultivé et ouvert,va trouver une vérité qu'il ne soupçonnait pas.Francesco Rosi a ausculté l'histoire de son pays depuis cinquante ans.Il est un de ceux qui m'ont donné le gôut de ce cinéma,hérité du Néoréalisme cette merveille.L'authenticité du film n'est pas discutable,tourné en grande partie avec les paysans de 1980,pas très différents de ceux de 1935.Le jeu intériorisé du grand Gian Maria Volonte nous remue et l'âme et le coeur.Bien reçu et Rosi évite habilement tout manichéisme,sauf peut-être sur la fin et j'y reviendrai,Carlo Levi,peintre et médecin,se lie d'amitié avec les bergers et les villageois.Même le podestat représentant de Mussolini ne semble pas si méchant.Certes il y a la censure de son courrier et les limites du cimetière à ne pas franchir.Mais il y a surtout une humanité que le grand bourgeois nordiste éclairé ne s'attendait pas découvrir dasn cette grisaille pierreuse  dont on dit que même le Christ l'a évitée.

      

      Parmi ces gens simples et rudes l'homme va toucher du doigt la pauvreté et la tristesse,celle des enfants,celle des vieux dont les fils ont tenté l'Amérique.Car dans ce bled presque infâme les yeux se brûlent à rêver de l'autre côté de la mer,dont pourtant pas mal d'hommes sont revenus,pas tous bien riches.A moins que ces mêmes yeux ne dévorent l'illusion africaine que la propagande fasciste prétend mettre à leur portée,là-bas,à Addis-Abbeba.Levi va vivre là plusieurs années.Et le danger guette alors l'homme,et guette aussi le film,de tomber dans une sorte d'exotisme de l'austérité.La fin du film n'évite pas tout à fait ce piège qui voit le bon Dr.Levi devenir mi Robin des Bois,mi Dr.Schweitzer.J'en ai été un peu gêné lors de cette seconde vision,28 ans après la première et ceci explique sûrement cela.Pas assez gêné pourtant pour ne pas recommander Le Christ s'est arrêté à Eboli,film marquant et modeste,sans thèse mais pas sans émotion.

11 novembre 2008

J'peux vraiment pas les voir en peinture(7)

  chirico

    J'peux vraiment pas les voir en peinture ces ombres  inquiétantes dans Mélancolie et mystère de la rue de Giorgio de Chirico.Et vers qui court cette fillette au cerceau près de cette roulotte ouverte?Les spécialistes parlent de peinture métaphysique.Les surréalistes y captèrent des signaux de l'inconscient.Et les historiens s'accordent à considérer ses oeuvres plus tardives comme relevant d'un académisme desséché.Il est vrai qu'il a vécu assez longtemps pour momifier peut-être son imagination.

   Ce que je sais de Giorgio de Chirico c'est que certaines de ses toiles me semblent le chaînon manquant entre par exemple l'hermétisme d'un Antonioni,qui sait m'émouvoir,et l'inquiétude proche de la panique que les nouvelles de Dino Buzzati provoquent chez moi à chaque (re)lecture.Très belle compagnie pour Giorgio.

9 novembre 2008

Paolo et Vittorio vont en bateau

   Film d'avant leur célébrité,d'ailleurs plutôt furtive eu égard à une certaine versatilité me semble-t-il de la critique,prompte à brûler ce qu'elle a adoré,Saint Michel avait un coq (71) annonce ce qui sera pour moi le meilleur des frères toscans,Allonsanfan.Proches d'un marxisme qui serait intelligent et là les frangins sont plutôt seuls,ils nous racontent leur Italie,rêvée mais réelle.Une Italie du XIXè Siècle,avec ses mouvements insurrectionnels précoces et que l'on idéalise facilement en France peut-être.J'ai déjà écrit sur Allonsanfan et San Michele aveva un gallo en est en quelque sorte le prologue.Le héros en est Giulio Manieri,leader de la révolte.Mais cette révolte est un peu en avance et arrêté mais surtout incompris Manieri croupit dans sa gêole. 

   Toute la deuxième part de ce film se passe en prison,à l'isolement et cela nous vaut des scènes très fortes.Il décide en effet de lutter contre cet internement et la folie qui le guette de vivre "normalement".Il tient des réunions politiques avec ses anciens amis,tenant leur rôle à chacun et les plaçant dans la cellule.Avec plaisanteries et querelles de compagnons de lutte.Il "déguste " son horrible soupe en la nommant de termes culinaires fins,champignons à l'émincé,petits légumes de saison,etc...J'ai trouvé cette séquence fascinante et Giulio Brogi,acteur peu connu mais habitué des Taviani,y est remarquable.

   Ce film,carrément scindé en trois,se clôt par un long voyage en bateau car Giullio change de prison et part pour Venise.Sa barque y croise celle d'un groupe de prisonniers avec lesquels il échange des propos sans les convaincre de la justesse de ses thèses car Giulio n'a guère changé.Très belle scène avec le père d'une prisonnière qui suit sa fille en barque le plus longtemps possible,quand elle-même le supplie de partir.Déchirant dans la sécheresse du traitement,les Taviani n'étant pas des sangloteurs.Cette longue croisière scelle surtout l'incompréhension totale et en fait l'enfermement moral dans lequel va finir par sombrer Giulio.A cette fable désespérée,très belle,je préfère cependant la douloureuse remise en question de Mastroianni dans Allonsanfan.

8 novembre 2008

Géographie:Nashville,Tennessee

Vue générale de Nashville

        L'une des villes les plus citées dans la musique américaine est sans conteste Nashville.Capitale du Tennessee,un peu plus petite que Memphis,également très courue musicalement et nous y reviendrons certainement.Nashville abrite le célébrissime Grand Ole Opry,temple immortel de la musique country où toutes les stars sont passées.Altman et Bogdanovitch l'ont célébrée au cinéma.Ecoutez si vous le voulez l'un des tubes des Lovin' Spoonful,le frétillant Nashville cats,les cats étant ici les nombreux requins de studio qui hantent Nashville.Et le leader des Spoonful John Sebastian y raconte les émois d'un des 1352 guitar pickers de Nashville.

http://www.youtube.com/watch?v=vtU_R61TVk4

8 novembre 2008

Très au Nord,très mystique

   Ce film était présenté dans le cadre de Ciné-philo,dans ma bonne ville de Picardie.D'une grande austérité en même temps que d'une certaine beauté plastique L'île est en fait une île monastère orthodoxe où  le Père Anatoli expie depuis trente ans une grave faute commise lors de la guerre contre les Nazis.Dans le huis clos de cete terre désolée post-stalinienne ou post brejnevienne,peu importe, Anatoli est  marginal parmi les marginaux,chargé de la chaufferie, travail infernal au sens propre.Mais c'est aussi un farceur vis-à-vis de ses frères les moines de la communauté.Se contentant de très peu,prônant le dénuement,il semble avoir acquis une certaine sagesse et des dons de guérisseur.On vient le consulter en brise-glaces et en barque.Cette allégorie du renoncement est traitée avec une sobriété à laquelle Lounguine ne nous avait pas habitués.

   Et bien sûr des noms nous viennent,la rigueur bressonnienne,dont il faut vous dire que je suis très loin d'être connaisseur.Tarkowski et sa spiritualité.La spiritualité était d'ailleurs l'objet du débat organisé par les amis de Ciné-philo,en présence de représentants des communautés catholiques et protestantes.Dostoievski et L'Idiot et même certains héros de Bunuel pourtant peu suspect d'empathie avec toute religion, quoique...Anatoli est ainsi une sorte d'héritier spirituel (?) de Nazarin et de Simon du désert(voir notes anciennes). Le public,nombreux,a apprécié ce film éloigné de toute mode.On n'est pas obligé de partager la foi d'Anatoli ou de Pavel Lounguine,en proie au doute assurément.On est obligé de reconnaître à L'île une grande dignité et le mérite d'oser poser les questions essentielles.Ca ne me paraît pas si fréquent dans le cinéma contemporain,c'est le moins que l'on puisse dire.

1 novembre 2008

Face à l'ogre

   Face à l'ogre Picasso au Grand Palais prenez 20 minutes pour Monsieur Kurosawa au Petit Palais.Une petite centaine de dessins du grand maître japonais nous invite au voyage dans la dernière partie de son oeuvre,Kagemusha,Ran Rêves,Madadayo.Plus que de simples croquis de storyboard de véritables bijoux sont accrochés dans ce hall du Petit Palais.Si cous connaissez les films vous apprécierez la précision et l'anticipation graphique parfaite de ces dessins.Les guerriers bien sûr,mais aussi les femmes,les fleurs, les bannières flottant,tout nous éblouit et nous immerge dans l'univers de Kurosawa à la fin de sa vie,entre médiévisme et mondialisation,lui qui fut le continuateur de la tradition nipponne et aussi le symbole de l'ouverture du Pays du Soleil Levant vers l'Occident.Le lui-a-t-on assez reproché d'ailleurs.

   Mais si vous n'êtes guère cinéphile et ignorez tout de A.K. vous découvrirez un monde qui se suffit à lui-même et n'a pas besoin de Coppola et Scorsese (ils ont beaucoup fait pour Kurosawa sur ses derniers films).On sait Kurosawa proche des grands Russes,Tolstoï et Dostoïevski,et aussi grand shakespearien et cette exposition en est une preuve supplémentaire.Goüt de la fresque qu'il saisit bien sur quelques centimètres carrés,puissance des allures princières,couleur des costumes,douleur des vaincus.J'ai aimé cette parenthèse japonaise,moi qui suis très éloigné probablement définitivement de l'univers manga.Héritier de Ford et Griffith,devenu une icône,Akira Kurosawa est le pont idéal entre deux cinémas plus proches qu'on ne veut bien le penser.

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