Metello vu par Mauro
Metello est l'un des films les plus connus de Mauro Bolognini,sorti en 1970.Film qui se veut social d'après l'écrivain Vasco Pratolini,Toscan résistant au Fascisme à qui l'on doit aussi trois autres oeuvres adaptées au cinéma:Les jeunes filles de San Frediano et Journal intime,par Valerio Zurlini,et Chronique des pauvres amants,par Carlo Lizzani.Mauro Bolognini engage pour le rôle titre le chanteur Massimo Ranieri qui s'avèrera très convaincant.Nous sommes à Florence au tournant du siècle.Metello Salani découvre la condition très difficile des ouvriers maçons.La Florence vue ici n'est guère Renaissance mais plutôt un foyer d'agitation qui ne pouvait que séduire Pratolini et Bolognini.Rappelons que cet écrivain très influencé par le Néoréalisme était déjà de l'aventure de Païsa avec Rossellini et de Rocco et ses frères avec Visconti.Il est vrai aussi que 99% des cinéastes et écrivains italiens de l'après-guerre étaient de cette mouvance avec toutefois souvent une pointe d'opportunisme dont l'on ne devisera pas davantage ici.
Bolognini,styliste sérieux,soigne ses images sur les quais de l'Arno et les places florentines,ses costumes et ses décors.Reconstitution sage mais qui ne manque pas d'ampleur et atteint le coeur du public qui partage le sort des prisonniers et s'enflamme avec eux lors des rebellions.Le metteur en scène a pris la précaution de ne pas trop charger les patrons,nombre de films ou de livres ayant tendance à cette surenchère misérabiliste assez écoeurante.N'ayant pas lu Metello je ne sais si la romance adultère est fidèle au livre ou si elle est plutôt rapportée par convention romanesque.Ceci n'empêche pas le film d'être très intéressant même s'il ne faut pas s'attendre à ce que Bolognini fasse le cinéma de Francesco Rosi par exemple.Richesse du cinéma italien...mais là je me répète.
Géographie: Youngstown ,Ohio
Youngstown se trouve dans l'Ohio et est restée le symbole d'une Amérique industrielle.Le Boss lui consacre une chanson dans le sompteux et dépouillé album The ghost of Tom Joad.On ne dira jamais assez l'immense dignité de ce disque sur les petites gens de l'Amérique dont le héros des Raisins de la colère est l'archétype.Bruce nous en propose une version plus rock en concert à New York.Ecoutez l'ascension et la chute de Youngstown,cité del'acier,des hauts fourneaux,où se fourbirent les boulets de la Guerre de Sécession.Mais le destin de Steel City devait connaître la grande crise comme toute l'Amérique.Qui mieux que Springsteen sait nous conter cela?
http://www.youtube.com/watch?v=9PyKU6SqHpw Youngstown
Ma vie sans...Don't think twice it's all right
http://www.youtube.com/watch?v=y2z5F11ZLi0 Don't think twice it's all right
Ma vie sans Zimmmerman eût été...J'ai longtemps cru qu'avec un nom pareil Ramblin' Jack Elliott était un routard échappé de Steinbeck.En fait il était fils d'un médecin juif et avait tourné le dos à la carrière après avoir rencontré Jack Kerouac et Woody Guthrie.Devenu une légende dont on ignore parfois qu'il tourne encore voici une fort belle version très épurée d'un des tout premiers titres de Dylan parvenus à mes oreilles.Hugues Aufray y était pour quelque chose,sa propre version,très précoce, de Don't tink twice it's all right étant aussi à mon avis la meilleure en français.L'an dernier Jack rendait hommage au grand Pete Seeger avec des jeunots comme Richie Havens,Kris Kristofferson ou Bruce Springsteen(un nourrisson!).Ce genre de manifestation est sympa mais les chansons ne sont souvent que de pâles reflets vaguement show-biz.J'avoue préférer cette version.Autres pointures ayant repris ce titre:Chet Atkins,Peter,Paul and Mary,Waylon Jennings, Joan Baez,Nick Drake,Rory Gallagher,and so on...(innombrables).
Idéalisme et chagrin
Peu connu La corruption est un des films italiens du début des années soixante où Jacques Perrin à peine sorti de l'adolescence jouait le jeune homme pur (La fille à la valise,Journal intime de Valerio Zurlini).Honnêtement le film de Mauro Bolognini me paraît un peu plus artificiel que les deux oeuvres de Zurlini.Pourtant La corruption conte habilement quelques jours de la vie de Stefano,fils d'un riche éditeur très bourgeois avec ce sens péjoratif un peu facile que les films de cette époque accolaient systématiquement à toute production ayant pour sujet la jeunesse.A la fin du lycée Stefano est tenté par les ordres,du moins il le croit,mais pas très longtemps.S'il entre rapidement en conflit avec son père,le toujours sévère Alain Cuny,c'est plus à cause de son allergie à cet univers frelaté d'argent et de faux semblants que de sa vocation peu étayée et qui ne résistera guère à la belle Rosanna Schiaffino.
Peu de scène style familles je vous hais dans La corruption et c'est presque en douceur qu'on s'achemine vers une rupture entre père et fils.On a compris que vieillir c'était souvent s'accommoder.Et que faisons-nous d'autre en fait?C'est pourquoi je trouve ce film intéressant même s'il n'est ni le premier ni el dernier à aborder ce thème éternel.Bolognini fut un réalisateur discret,assez prolifique,qui gagnerait à être plus diffusé.Dans ma vaste entreprise qui consiste à aimer et découvrir le cinéma italien il n'y a pas de petits maîtres.Et Jacques Perrin n'a jamais été aussi sensible que dans ces film italiens et chez Schoendorffer.
Un peu gris tout de même
Richard Price né en 1950 écrit assez peu.Scénariste pour Scorsese et Spike Lee,ses livres sont Clockers,Les seigneurs,Ville noire,ville blanche,Le Samaritain.,et dernièrement Souvenez-vous de moi.Peintre de New York on le présente un peu comme l'alter ego du Ellroy de L.A. ou du Pelecanos de Washington.Complexes et profonds ses bouquins vont au delà du bon polar,ce qui ne serait déjà pas si mal.Mon avis est un peu plus réservé. J'ai lu Ville noire,ville blanche,pavé de 620 pages,ce qui est beaucoup trop et affaiblit un peu à mon gré .Dans une banlieue de la Grande Pomme il y a souvent choc entre les communautés.On s'en serait douté depuis belle lurette.Richard Price pointe bien les contradictions et les cicatrices de ce monde de petits délinquants pas si petits,de miliciens peu fréquentables,de travailleurs sociaux harassés et guettés par le découragement, de flics paumés et alcooliques dont beaucoup essaient de faire à peu près bien un sale boulot.
Rempli d'enfants perdus,jonchés de seringues,zébré de peurs crépusculaires Ville noire,ville blanche n'apporte certes rien de vraiment nouveau sous le soleil noir de l'Amérique. Mais, sérieux, documenté,étayé d'une manière presque pédagogique il nous distille une fois encore la grande crainte de nos sociétés,version New Jersey,c'est à dire la porte à côté.
Ma vie sans...Rainy day women # 12 and 35
http://www.youtube.com/watch?v=nHOfhMbTMWk Rainy day women # 12 and 35
Tom Petty retrouve ses vieux amis de Mudcrutch pour cette très swinguante cover de Everybody mut get stoned,plus facile à retenir que le vrai titre.Il l'avait également interprétée lors du cinquantième anniversiare du Zim.L'un des morceaux les plus festifs de Dylan,à ne pas prendre forcément au pied de la lettre.Le côté fanfare dans la version originale de Dylan était très sympa aussi.
Les trois rabbins font l'amer
Vu l'image on a affaire manifestement à un homme sérieux.A serious man le dernier opus des frères Coen est à mon sens l'un de leurs meilleurs films.On connaît le rapport des frères à leur judéité,faite de non-dits,de routines et parfois d'accents plus graves.Woody Allen serait-il un cousin citadin des personnages coeniens de ces petites villes qu'évite signeusement Woody?Larry,prof de math non titularisé est juif,ce qui n'empêche pas s a famille d'aller à vau-l'eau.Son fils doit faire sa bar-mitzvah mais fume un peu,sa fille Sarah n'a que peu de temps pour ce qui n'est pas ses cheveux et sa femme veut parler divorce.Sexuellement c'est plus trop ça et sa voisine en transat l'émeut quand même un peu.
Dans cette moche zone vaguement résidentielle son voisin plus costaud empiète sur sa pelouse.C'est un homme,un vrai,qui emmène son fils à la chasse et ramène un daim sur le 4x4.A la synagogue peu de vrai réconfort les rabbins n'étant plus ce qu'ils étaient.Ils sont occupés et connaissent mieux Jefferson Airplane que le Talmud semble-t-il.Ca ça ne serait pas pour me déplaire bien que Jeff soit un groupe très surestimé à mon avis.Heureusement le morceau choisi par Joel et Ethan est leur meilleur,Somebody to love.Fermeture de la parenthèse rock.Ce film c'est parfois un peu de l'hébreu pour le goy que je suis mais ça confère une once de mystère et d'étrangeté à cette comédie très grinçante.Je sais qu'Ed et d'autres l'ont déjà signalé fort justement.Aucun acteur connu dans A serious man et c'est très bien ainsi tant ce monde nous est à la fois proche et très exotique.
Le parti pris d'une certaine laideur traîne au long du film comme un parfum de médiocrité pour tous ces braves gens. Obésité,strabisme,calvitie,loin d'Hollywood.Une sorte de Coenland plutôt.Enfin je n'aurai garde d'oublier le beau prologue digne du Golem et autres contes ashkenazes.En fin de compte l'un des meilleurs films récents,qui me donne envie de lâcher un (tout petit) peu mes chers classiques.
Stridences et glaciations
J'explore à pas feutrés et tardivement les films de JLG.Me voici à la case Alphaville dont je ne sais rien sinon la présence du beau visage marqué d'Eddie Constantine.Première curiosité:sa présence dans ce film,lui qui symbolise parfaitement un cinoche du samedi soir particulièrement vomi par les cinéstes de la Nouvelle Vague.Pourtant ça marche au moins en apparence,la dégaine et l'imper de Lemmy Caution intriguent et inquiètent dans ce climat futuriste et kafkaïen bien établi par Godard,labyrinthe de néons Nord-Sud et à ma connaissance l'une des premières apparaitions cybernétiques au cinéma.Je vous présente Alpha 60,à la voix d'outre-tombe un poil déstabilisante en 1965.
La ville ne sera que nocturne et plutôt hôtelière mais certes pas hospitalière.Constantine se présente vaguement journaliste au Figaro-Pravda (sic) mais on le soupçonne d'être agent secret ou tueur à gages recherchant un Professeur von Braun(resic).Il rencontre sa fille,c'est le Godard période Karina,et l'amour aura-t-il une chance de regénérer cette opacité filmique bourrée de citations pêle-mêle.Un personnage s'appelle Dickson.Affiche de Bardot,Eluard en poche.Apparition de Jean-Pierre Léaud.Nosferatu.Ici les émotions sont interdites et les exécutions capitales se passent à la piscine,images étrangement inquiétantes que de voir les naïades continuer leurs évolutions autour des cadavres.Il ya bien des Pays extérieurs,difficilement accessibles.C'est un peu aussi le cas d'Alphaville,sous-titré Une étrange aventure de Lemmy Caution,ce qui ne m'avait pas frappé.J'ai l'impression d'avoir vu un film intéressant sans avoir toutes ls clés.Il est vrai que le patronyme Caution en soi invite à la prudence.Je serais heureux d'avoir l'avis de mes pairs en cinéblogosphère.
Quatre saisons de musique part. 3
http://www.youtube.com/watch?v=DcEAI5p-wUg Summer's almost gone
Extrait de l'album Waiting for the sun un titre assez peu connu de la courte vie des Doors.Plus près de The crystal ship que de L.A Woman.On oublie souvent que les Doors ont à leur actif quelques jolies ballades pré Père Lachaise,dernier concert de Jim,sold out depuis bientôt quarante ans.Jim Morrison c'est aussi de la musique et parfois il me semble qu'on l'a oubliée sous les fatras pseudo-rimbaldiens des folliculaires.
Le roux et le noir
Fleuve de 755 pages Un pays à l'aube se lit sans difficulté et avec pas mal de plaisir.Premier livre pour moi de Dennis Lehane auteur des bouquins devenus films (Mystic River,Gone,baby,gone,Shutter Island) Un pays à l'aube brosse un état des lieux de l'Amérique en 1919 à travers l'historique grève des policiers de Boston.La facture de ce livre est ultra classique,sorte de montage alterné de la vie des deux personnages principaux,un flic irlandais et un ouvrier noir.Ils finiront par se rencontrer et se lier d'amitié.Tout au long du roman corruption, banditisme, anarchisme et base-ball:nous sommes bien en Amérique où les boys de retour du front européen essaient de retrouver leur place en chassnt les autres,dure loi de la guerre.Lehane nous gratifie d'un bien longuet prologue sur les finesses du base-ball justement et j'avoue que c'est un peu pénible.Mais après on se prend d'affection pour ces gens ordinaires confrontés aux changements sociaux qui se dessinent en ce début de prohibition.Nous sommes à Boston et ça nous change un peu de New York ou Chicago.Mais ce Boston là n'est pas seulement le bastion démocrate et féministe que l'on sait.C'est,comme ailleurs en ce pays et ces années,une ville de misère et de saleté où la négritude n'est guère mieux vue que dans le Sud.
Confrontés tous deux à la violence et à l'injustice Danny l'Irlandais et Luther le Noir ne pourront non plus s'exonérer de toute brutalité.Le lecteur,lui,aura passé un bon moment.Bien fait,relativement vite lu,documenté manifestement,Un pays à l'aube ne fait pourtant pas à lui seul un très grand écrivain.Même si les scènes de grèves et de répressions ont de quoi tenter une fois de plus un cinéaste après Eastwood, Affleck,Scorsese pour les ouvrages précités.Et si Dennis Lehane était plus à l'aise dans l'univers plus franchement noir du polar pur jus.J'aimerais avoir l'opinion des blogueurs intéressés.