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30 mars 2015

Six cordes, vingt-quatre images/5/J'ai engagé un tueur

 Strummer

                                                                   Pas moins de trois légendes dans cette drôlatique et nordique balade en absurdie. Trois grands sobres, trois joyeux drilles, trois qui comptent. Bien sûr pas simple de faire entrer Mrs. Aki Kaurismaki, Jean-Pierre Léaud et Joe Strummer dans des cases bien définies. N'essayez pas. Jubilez seulement.

J'ai engagé un tueur,  Aki Kaurismaki, 1991, Jean-Pierre Léaud, Serge Reggiani, Margi Clarke, Joe Strummer

 

 

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28 mars 2015

Angel Baby

Masse critique

 ngel

                                 Avec cette sélection Babelio je me suis plutôt fois fourvoyé, mais c'est un peu la loi du genre. Frontière ouest américano-mexicaine, un de ces trop nombreux endroits où une vie s'envole très vite. Clairement les avis vont diverger sur ce polar. Quatrième de couv., Ron Rash, le très bon écrivain américain écrit "Richard Lange est un conteur-né:il signe là un formidable roman, aussi haletant qu'étonnamment émouvant". Tel n'est pas mon sentiment. Dans ce qu'il est convenu d'appeler un sale coin, la ville de Tijuana, crépitent les colts 45 plutôt que les trompettes mariachis. Les flics y sont ventrus et vicelards, les dollars changent de mains plusieurs fois la journée ,des putes aux proxos et des clandestins aux passeurs. Rien d'original, pègre et wetbacks miséreux refoulés et de retour le lendemain, chicanos regard vers le Nord, alcools divers et tutti quanti. Un peu marre de ces polars listés et lestés.de toutes les verrues de nos sociétés. Allez, un petit effort, encore quelques mots.

                               Angel Baby c'est en fait l'histoire d'une fuite, d'une cavale, celle de Luz qui tente d'échapper à l'emprise d'El Principe, baron local de tous les trafics, une ordure comme on en rencontre tant dans pas mal de polars hélas interchangeables, seuls variant les latitudes et les décors. L'aide, très  improbable dans ce cas de figure, de Malone, lui-même en rupture suite à la mort de sa fille, lui permettra-t-elle de retrouver la sienne, Isabel, et d'échapper à la terrible vengeance d'El Principe qui a lancé à sa poursuite El Apache, qui purgeait une lourde peine et qu'il a réussi extraire de la geôle où il moisissait, et dont il menace d'exécuter les deux enfants s'il ne s'acquitte pas au plus vite de sa tache, ramener Luz au mortifère bercail de l'une des villes classées les plus dangeruses au monde (mais il y a de la concurrence). J'oubliais Thacker, flic pourri à la moelle, qui fera un moment tandem avec Jeronimo. Si vous n'avez pas tout suivi c'est loin d'être important.

                             J'ai cru comprendre que Richard Lange avait muni chaque personnage de jeunes enfants morts ou vifs pour noircir le tableau et le déshumaniser encore un peu. Bien sûr un thriller fait rarement dans la tendresse.Cependant Angel Baby c'est de la fast litt tendance Mexicali, on y lit l'équivalent de ce que mangent les fuyards et leurs poursuivants. Bien loin de la gastronomie et de la littérature. 

 

26 mars 2015

A propos de Flore

Flore

 

 

                               

 

 

 

             Une belle soirée jeudi dernier au Ciné-Quai, où les associations France-Alzheimer et JALMALV projetaient le très serein et très beau document Flore. Le documentariste Jean-Albert Lièvre a filmé pendant quatre ans sa mère veuve atteinte de la maladie d'Alzheimer. Proprement stupéfiant, le film apporte un début de réponse à ce fléau, hélas tempérée très sérieusement par le volet financier. Flore a 70 ans en 2005, au moment où les premiers signes inquiètent ses trois enfants. Peintre de talent elle perd vite tout goût pour la création. Et c'est le chapelet hélas souvent inévitable d'assistance à domicile parfois refusée, d'hébergement en EHPAD puis en institution spécialisée. Flore se dégrade, vite, très vite. Jean-Albert en accord avec ses frère et soeur décide d'installer leur maman dans leur maison de famille en Corse.

                                    Nous sommes face à une famille privilégiée. Sur les plans intellectuel, affectif, et matériel, et c'est tant mieux. Voilà Flore dans cette jolie maison corse où elle connut tant de joies. Les enfants se sont démenés pour trouver de l'aide et nombreux seront les intervenants auprès de Flore dont le visage doucement redeviendra expressif, le poids normal, la marche possible, le sourire fréquent. Il faut l'avoir vu un an avant, plus que prostrée, en voie de grabatisation et d'une rare violence envers elle-même et les autres.

                                   Evidemment, et les premiers échanges du débat ont porté là-dessus, la famille a pu financièrement supporter des frais que l'on devine importants pour avoir à demeure un personnel adéquat, une "gouvernante" tibétaine qui lui a prodigué des soins de toucher, de massage, de chansons, asiatiques et certainement efficaces, un aide psychologique voisin dont je n'ai pas bien compris les compétences officielles mais manifestement très à l'aise et très en osmose avec Flore. Cette dernière a même pu nager à nouveau en Méditerranée. Sans parler des thérapies classiques des infirmières et kinés et là je ne vous cacherai pas ma surprise quand on sait la difficulté d'avoir un MK à domicile et d'une telle disponibilité, moi dont le cabinet tenu 39 ans a tout simplement disparu faute de successeur.

                                   Mais surtout mon sentiment après le document a été la stupéfaction. Interrogeant la gériatre qui répondait au public, j'ai eu la confirmation que, au moins dans certains cas idéaux, moyens, personnel, cadre de vie, famille unie, la maladie pouvait s'améliorer dans des proportions vraiment intéressantes. J'ignorais que c'était possible. Ce fut une soirée enthousiasmante et les spectateurs, concernés comme nous tous, n'oublieront pas cette Flore qui s'illumine à nouveau et retrouve le goût de vivre même si l'on ne peut certes évoquer la guérison totale, et si l'on a bien compris que les conditions optima pour une amélioration ne sont pas près de s'étendre aux si nombreux cas d'alzheimer.

 

 

 

23 mars 2015

Le cinéma, mon vélo et moi/7/ Le style Buster Keaton

bicycle-animation-A

hospit 

                                        C'est dans un style très personnel et nanti d'un matériel dernier cri que Buster Keaton rejoint le peloton cinécyclophile à moins que ce ne soit cyclocinéphile. Passionné par les transports mais peinant à s'adapter Buster tourna Les lois de l'hospitalité en 1923 avant d'être, sur les flots, de l'aventure de Steamboat Bill Junior et de La croisière du Navigator et d'incarner, sur les rails Le mécano de la General.

Le cinéma,mon vélo et moi

21 mars 2015

Ville tremblée

Masse critique

logo_prix_relay Toujours dans le cadre du Prix Relay nous a été proposé le dernier roman de Laurent Gaudé. En ce qui concerne Gaudé je ne suis pas très impartial, ayant aimé les quatre livres déjà lus, Le soleil des Scorta, Eldorado, Les oliviers du Négus, Pour seul cortège, et ayant installé cet auteur dans mon panthéon, visible sur ce blog.Pourtant, et je sais que l'on parle souvent des auteurs haïtiens, le livre est d'ailleurs dédié à Lyonel Trouillot, je ne subis pas le tropisme caraïbe francophone car le baroque type sud-américain ne me convient guère. Malgré tout Laurent Gaudé a un si beau talent que ce livre restera pour moi une réussite.

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                               Les esprits foisonnent, on le sait, à Port-aux-Princes, aux curieux noms de Baron Samedi, Gédé Fouillé, Gédé Loraj. Quant aux humains leurs patronymes sont tout aussi fringants, les jeunes infirmières s'appellent Lagrace ou Ti-Poulette et les hommes Jasmin Lajoie, Prophète Coicou ou Facteur Sénèque. Aussi délirant que les bus ou les murs de la capitale haïtienne, une jubilation rien qu'à les lire à voix haute. Misérable parmi les misérables Haïti mêle comme aucun autre pays horreurs et couleurs. La vie est plus forte là-bas que partout ailleurs, plus encore depuis le séisme, destructeur et pourquoi pas, refondateur. La richesse de l'écriture de Laurent Gaudé me donne envie de le plagier gentiment. Lire Danser les ombres c'est accompagner chacun, les vivants comme les morts, avec pour seul cortège de funérailles le souffle de ces thorax enfoncés, la peur du ventre de cette terre fumant de ruines, l'improbable quête du rare médicament, et la solidarité de ces maudits de la perle des Antilles.

                             Beaucoup d'amitié, de la part de ceux qui n'ont rien et donnent encore. Une ode à l'énergie et à la jeunesse. Plus qu'un hommage un peu compassé, un hymne coloré comme un mur naïf d'un quartier plus pauvre encore, bosselé comme ces trottoirs de la ville, aux béances dont s'exhalent les cris mutiques et ultimes d'éventuels survivants. Je prenais Laurent Gaudé pour un très bon écrivain. Des miasmes d'Hispaniola et des fruits de là-bas, contés à sa manière, je conclus qu'il est un grand écrivain. Babelio et le Prix Relay m'ont permis ce voyage d'une belle richesse. Ce fut un plaisir.

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19 mars 2015

La poésie du jeudi, Peter Handke

Poésie du jeudi

Lorsque l'enfant était enfant (Als das Kind Kind war)

 

"Lorsque l'enfant était enfant, il marchait les bras ballants...

Il voulait que le ruisseau soit une rivière un fleuve et que cette flaque d'eau soit la mer...

Lorsque l'enfant était enfant, il ne savait pas qu'il était enfant.

Pour lui tout avait une âme,

Et toutes les âmes n'en faisaient qu'une.

Lorsque l'enfant était enfant, il n'avait d'opinion sur rien, il n'avait pas d'habitudes...

Souvent il s'asseyait en tailleur, partait en courant...

Il avait une mèche rebelle

Et ne faisait pas de mines quand on le photographiait...

Lorsque l'enfant était enfant

Vint le temps des questions comme celle ci:

Pourquoi est-ce que je suis moi?

Et pourquoi est-ce que je ne suis pas toi?

Pourquoi est-ce que je suis ici?

Et pourquoi est-ce que je ne suis pas ailleurs?

Quand a commencé le temps?

Et où finit l'espace?

La vie sur le soleil n'est-elle rien d'autre qu'un rêve?

Ce que je vois, ce que j'entends

Ce que je sens

N'est-ce pas simplement l'apparence d'un monde devant le monde?

Est-ce que le mal existe véritablement?

Est-ce qu'il y a des gens qui sont vraiment mauvais?

Comment se fait-il que moi qui suis-moi,

Avant que je devienne, je n'étais pas

Et qu'un jour moi qui suis moi

Je ne serais plus ce moi que je suis..."

Peter Handke.

https://youtu.be/deFSC741coQ (français)

https://youtu.be/fdv_u7HGQIk  (allemand)

Peter-handke

                                            Ce texte de Peter Handke est indissociable du chef d'oeuvre onirique de Wim Wenders Der Himmel über Berlin, Les ailes du désir. Ce n'est pas le texte entier mais on devrait le retrouver sur le lien, dit en français par le fabuleux comédien Bruno Ganz. L'association de l'écrivain autrichien et du metteur en scène allemand nous a valu quelques films exigeants qui à mon sens relèvent tout à fait de la poésie (L'angoisse du gardien de but..., Faux mouvement) Ecouter ces lignes en allemand peut être aussi source d'émotion, ne serait-ce que celle de rappeler la beauté de cette langue et de la haute culture germanique. Und danke Schön, meine liebe Asphodèle für die Donnerstäge mit Dichtkunst (sous réserve des déclinaisons).

16 mars 2015

Clair et net

 Masse critique

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                                Etre retenu dans le Club des Lecteurs Relay 2015 est une chance qui m'a permis de recevoir quatre livres. A charge de les lire (oui) et d'en poster une critique. Voici le premier. Jerôme Garcin a eu bien raison de nous faire redécouvrir Jacques Lusseyran, écrivain, résistant, aveugle (1924-1971) car c'est un beau récit d'amitié et d'admiration qu'il nous livre à travers le destin de cet homme, le visionnaire, le clairvoyant, le voyant. Frappé de cécité à huit ans Jacques Lusseyran fut très vite attiré par la musique et plus encore par la littérature et l'écriture. Sa prodigieuse mémoire lui permit des études brillantes qui le conduisirent, lui, le rescapé infirme de Buchenwald, à enseigner après-guerre la littérature aux Etats-Unis, pays où il se reconnaissait et où on le reconnaissait mieux que dans la France encore frileuse de 1950.

                                    Le voyant se situe, bien que récit, dans une grande veine romanesque humaniste, mais ce dernier mot est si galvaudé, que j'hésite. A travers le prisme Jérôme Garcin, cet homme semble irradier une lumière contagieuse, renforcée à de multiples occasions par ce qu'on ne peut pas qualifier ici de handicap, tant les sens et les empathies de Lusseyran ont crû et embelli suite à la perte de la vue. Certains chroniqueurs, pas tout à fait à tort, y ont décelé, eux, du trop, du trop beau pour être vrai, du trop de facilités pour un seul homme, voire du trop peu de séquelles pour un retour des camps.

voyant

                                 Mais Jérôme Garcin est encore plus bouleversant quand il revient sur les failles de Jacques Lusseyran car on finit par les connaître, ses mariages manqués, ses rapports inexistants avec ses enfants sauf sa fille ainée Claire, ses exigeances. Et ses relations avec un certain maître parfois contestable. De l'influence anthroposophe et de l'ésotérisme chrétien venus en partie de son père Pierre Lusseyran je n'ai pas compétence et me tairai donc. Enfin en une douzaine de lignes l'auteur fait le parallèle entre la mort dans un accident de la route de Lusseyran en 71, avec sa troisième et jeune épouse, et celui de son propre père le grand éditeur Philippe Garcin, mort de façon similaire en 73. Tous deux étaient khagneux de Louis-le-Grand, amoureux fous de la langue française et de la littérature en général, brillants et pleins d'avenir.

                                                  

14 mars 2015

Cinq jours cet hiver-là

Snow

                                Un peu un Festen aux sports d'hiver que cet excellent film suédois nommé Turist et dont le titre "français" est Snow therapy, sur un ton plus léger cependant. On sait depuis Bergman que le dynamitage familial en intérieur, fût-ce dans les grands espaces alpins, sied à merveille aux Scandinaves. Le couple suédois moderne, deux beaux enfants, aisé, ayant les moyens d'une résidence de luxe dans une station savoyarde. Tout va bien,donc ça ne peut que se gripper quelque part. Une avalanche qui fera plus de peur que de mal aura pourtant des conséquences sur la suite des vacances et plus encore.

                               Un doute s'insinue, c'est souvent ça le début d'un doute, il s'insinue comme un reptile, il sème le doute, le doute. Le père a-t-il eu comme premier réflexe sa propre sécurité lors de la panique due au séisme? Ou finalement la mère a-t-elle mal interprété un premier geste? Pourtant tout allait bien pour cette exemplaire famille d'un pays prospère. Tout bien pesé, tout n'allait peut-être pas si bien que ça. Ca me fait penser à chez moi, tiens, sauf que nulle avalanche n'est nécessaire à la survenue d'une crise. Ca tombe bien, la Picardie est rare en avalanches. En crises elle est dans la bonne moyenne. Et chez vous?

                              Par petites inquiétudes, par bouderies en montage alterné, par le fameux et horripillant mutisme des enfants (qui n'a connu ça?), par larmes d'une véracité parfois variable, le maître de cette charge parfois hilarante conduit son film habilement, beaucoup mieux que certains chauffeurs de car de montagne. Spécialité nordique, la déconnection de la cellule familiale pointe ainsi des fragilités depuis longtemps mondialisées.

11 mars 2015

Géographie, Shreveport, Louisiane

                                                Les passagers pour Shreveport dernier appel. Parce que là on le prend vraiment ce fameux bus. Dans la chanson Bus to Shreveport Kevin Gordon se souvient de ses douze ans et d'un voyage avec son oncle vers la troisième ville de Louisiane, au nord-ouest de l'état, proche du Texas et de l'Arkansas et assez éloignée des zones plus francophones de Baton Rouge, Lafayette ou La Nouvelle Orleans. Il y parle d'un concert de ZZ Top, de cuites et de  bagarres, pas vraiment de poésie sauf à trouver de la poésie chez les barbus texans et leurs fans, ce qui est finalement mon cas. Je connais un ruminant qui devrait aimer.

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                                                Shreveport est surtout réputée pour son industrie du jeu même si ce n'est pas Las Vegas. Casinos flottants notamment sur la South Red River. La ville fut un très court moment capitale d'état en pleine Guerre de Sécession qui depuis a cessé c'est sûr. Est-ce drôle ça?

                                                Et pour finir un petit rappel traditionnel de cet itinéraire que je ne me résous pas à conclure, malgré mes promesses d'ivrogne.

                             Aberdeen, Abilene, Albuquerque,Asbury Park,Atlanta,Atlantic City, Austin, Bakersfield, Baltimore, Baton Rouge, Berkeley, Biloxi, Birmingham, Boise, Boston, Brooklyn,Cedar Rapids, Cedartown, Chattanooga, Cheyenne, Chicago, Cincinnati, Clarksdale, Cleveland, Dallas, Denver, Detroit, Dodge City, Flagstaff, Folsom, Fort Worth, Fresno, Galveston, Hopkinsville, Hot Springs, Houston, Jackson, Jacksonville, Joliet, Kansas City, Knoxville, Lafayette, Lake Charles, Lansing, Laramie, Laredo, Las Vegas, Leavenworth, Lodi, Long Beach,Los Angeles, Manhattan, Memphis, Mendocino, Miami, Milwaukee, Minneapolis, Mobile, Montgomery, Muscle Shoals, Muskogee, Nantucket, Nashville, Natchez, New Orleans, Oakland, Omaha, Oxford, Palo Alto, Philadelphie, Phoenix, Pine Bluff, Pittsburgh, Poplar Bluff, Portland, Postville, Rapid City,Reno,Rockville, Saginaw, St Louis, St Paul, San Antonio, San Bernardino,San Diego, San Jose, Santa Fe, Savannah, Shreveport, South Bend, Springfield, Statesboro, Tacoma, Tallahassee, Tampa, Texarkana, Tucson,Tulsa, Tupelo, Tuscaloosa, Ventura, Washington, Wichita, Youngstown, Yuma...

                        ...furent nos escales précédentes

9 mars 2015

Guerre, cinéma et vérité

                             Guerre, cinéma et vérité, ce trio a souvent été utilisé et souvent malmené. Quelques mots sans prétention quant à deux films très récents, qui reviennent sur la  Guerre d'Irak et sur la la Deuxième Guerre. N'étant pas historien ni spécialiste je livre un simple sentiment de spectateur. American sniper, très grand succès américain actuel, pas forcément pour de bonnes raisons, a déclenché une certaine polémique prévisible.

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                                 On touche évidemment avec le dernier film de Clint Eastwood à ce thème hyperclassique du cinéma de genre, l'interventionnisme et ses composants. A travers le portrait du pour le moins controversé de Chris Kyle, "champion" des snipers en Irak, on assiste à un film très efficace qui, sur le plan du film d'action, est très bien mis en scène, le père Eastwood ayant depuis longtemps maîtrisé les codes du cinéma américain, mélo (Sur la route de Madison), western (Josey Wales, Impitoyable), thriller (Sudden impact), biopic (Bird). Alternance du front, catégorie spécial tireur planqué, ce qui diffère assez de la soldatesque confrontation d'un film de guerre classique, et des scènes familailes, même les snipers sont pères de famille. Pas très difficile de pointer un certain conservatisme, mais gardons-nous de trop juger à l'aune du vieux continent.

                                 Reste ce monsieur, Chris Kyle, excellement campé par Bradley Cooper, dont la personnalité pour le moins discutable, d'ailleurs rendue un peu plus présentable par le film, offusque pas mal nos européennes âmes. A juste titre, ajouterai-je. L'homme Kyle, bardé de médailles, revendiquait plus de 250 tirs létaux, c'est comme ça que ça s'appelle. Dont 160 officiellement validés. Je ne suis pas sûr qu'il faille faire dire à American sniper plus qu'il ne le mérite. C'est ainsi que ça s'est passé, au moins là-bas. Arrangez-vous avec. Les discussions interminables ne sont pas de mise. Elles seront, surtout pour un film comme American sniper, encore plus stériles que d'habitude. Quant à moi j'ai trouvé le temps long dans la salle ce jour là, et l'ennui un peu létal, ce qui n'enlève rien aux qualités strictement cinématographiques du film. American Sniper - Clint Eastwood vous donnera l'avis de Dasola, pas très éloigné.

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                                 Le thème d'Imitation game a été classé secret pendant cinquante ans. Le film est l'histoire vraie d'Alan Turing, génial mathématicien britannique, qui réussit à déchiffrer le code Enigma du Troisième Reich pendant la guerre. Turing était-il l'homme qui en savait trop? Rôle à oscar comme d'ailleurs celui de Bradley Cooper susdit, cet homme (incarné par le brillant Benedict Cumberbatch) ne suscite pas lui non plus une sympathie énorme, un tantinet inadapté depuis son jeune âge, une sorte de surdoué qui plus est homosexuel en des années où ce n'était pas la mode. La romance avec sa collaboratrice Joan Clarke me semble un artifice mais après tout je n'ai pas lu la bio d'Andrew Hodges dont le film est tiré.

                                 Alan Turing travaille en équipe, une équipe dont il devient le chef respecté, mais peu aimé. Il n'est pas du genre très amical et le metteur en scène norvégien Morten Tyldum ne cherche pas à l'humaniser davantage. De même après la résolution de l'énigme Turing n'hésitera pas à ce qu'on appelle la Realpolitik, ne pas trop divulguer cette découverte pour ne pas attirer trop vite l'attention allemande, c'est à dire sacrifier par exemple certains bâtiments anglais. Il plane sur Imitation game, et bien que ce ne soit pas à priori un film d'espionnage, une ambiance à la fois lourde et feutrée, qui évoque Graham Greene et John le Carré. Les célèbres agents doubles des années cinquante, Burgess et McLean, y sont cités.

                                 L'après-guerre, facile pour personne, le sera encore moins pour Alan Turing, considéré ingérable voire dangereux. Son homosexualité sera le prétexte idéal pour l'aliéner en le bourrant de médicaments contre le silence sur ses rencontres. Son suicide à 41 ans conclura une vie en marge,mais ça on le savait depuis le début, considérant ses problèmes d'intégration d'élève trop brillant dès les années de collège. Il n'a jamais été recommandé de trop sortir du lot. J'ai aimé ce film, pas bouleversant d'originalité, mais qui revient sur un aspect très méconnu de la guerre. Ainsi, avec Foxcatcher récemment chroniqué, trois histoires vraies ont donné trois films très différents, tous trois dignes d'intérêt.

 

7 mars 2015

Rien ne sert de courir...quoique...

Masse critique

                                                                Bingo avec Babelio ce mois-ci? Pas le gros lot mais un bouquin agréable et actif, du moins au début, qui nous mène des taudis de Nairobi, Kenya, à la possibilité d'une Amérique. L'Afrique, hélas, ne sort pas indemne de ce tableau de la vie ordinaire dans les rues de la capitale kenyane. Bingo, quinze ans est un coureur-livreur, pas un chauffeur-livreur comme chez nous, non, un petit gars qui court vite, passe partout et livre sa marchandise sous forme de poudre blanche essentiellement. Faune de Nairobi, pas très encourageante pour l'avenir de l'Est africain, violence, prostitution, trafics en tous genres, et corruption puissance dix. Bingo's run se lit vite comme le semi-marathon d'un Ethiopien, passant joyeusement outre la vraisemblance, et pouvant se lire comme un conte de là-bas, nanti souvent de légendes intercalées pour faire local. Rien n'est désagréable, mais surtout rien n'est inoubliable même si le le rythme est soutenu. Du moins au début. En dire plus serait en dire trop.

bingo

                                                               James A.Levine l'auteur est professeur de médecine en Amérique et auteur pour l'ONU d'enquêtes sur le travail des enfants et engagé dans ce que l'on appelait avant l'aide au tiers monde. Sûrement un homme qui sait ce dont il parle et à travers le bidonville de Kimera c'est tout le continent qui fouille les immondices de Lagos à Khartoum, du Caire à Kinshasa. Il y a évidemment du vécu là-dedans mais tout de même la dernière partie du livre est presque sans intérêt, la mixture thriller métropole Afrique Noire et conte traditionnel devient artificielle. Les différents parrains de la poudre auront un sort qu'on devine, le prêtre n'est dévoué qu'à sa propre cause, et tout n'est qu'escroquerie. On le sait d'ailleurs dès le début. Reste un peu d'humour, saupoudré plus rare que cette fameuse poudre qui me sort par les yeux (sens figuré). C'est vrai que j'aurais aimé un autre Kenya, pourvu d'hommes honnêtes et responsables, de femmes la tête haute. James A.Levine a plutôt choisi le ton de la farce macabre, qui n'épargne pas les mouvements caritatifs, un moyen de dédramatiser peut-être. Bof...Merci à Babelio pour cette nouvelle collaboration.

5 mars 2015

La poésie du jeudi, Ivar Aasen

Poésie du jeudi

                                 Le poète que je vous présente ce jour restera le premier de cette rubrique...par ordre alphabétique à défaut d'être le plus connu. Comme je lorgne en ce moment vers le Nord, un petit voyage se dessinant doucement, voici le Norvégien Ivar Aasen. Ce linguiste-écrivain-poète, qui a un petit air ibseno-strindbergo-bergmanien rigolo sur son timbre commémoratif, a codifié vers 1840 la langue norvégienne par opposition au danois officiellement parlé à l'époque. Il semble que la situation linguistique de la Norvège soit assez compliquée surtout sur le plan écrit entre le nynorsk (néo-norvégien), et le bokmal. Et encore je vous fais cadeau des trémas placés à droite et gauche. Je parle un tout petit mieux le nynorsk que le bokmal (Menteur!). Voici Manque, ni en l'un ni en l'autre. La poésie, ça peut aussi être drôle... Après ce moment burlesque ceux d'entre vous qui ne se seront pas jetés dans la Baltique pourront en témoigner.

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Manque

Je le sais, il est un trésor,

que je puis bien posséder ;

cela ne nuirait à personne,

si je dépensais ce trésor.

Le trouverais-je, tout serait bien :

je serais riche, heureux aussi.

Mais je ne sais pas pourquoi,

il ne sera jamais trouvé.

 

Je le sais, il est une ville,

peut-être même près d’ici,

sûrement j’y serais heureux

oubliant toutes mes angoisses.

Arriverais-je là, j’aurais

tout ce qui me manque le plus.

Mais là est bien tout le malheur :

jamais ne trouverai la ville.

 

Je le sais bien, il est un cœur

qui a la même aspiration,

même désir, indignation

même souvenir et espoir.

Le trouverais-je, tout serait juste,

et la vie passerait légère.

Mais c’est le pire à rappeler :

jamais je ne le trouverai.

Ivar Aasen (19813-1896)

 

2 mars 2015

C'est la lutte fatale

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                                        Voilà un film d'une grande originalité et qui en dit long sur une société américaine des eighties, pas la plus sympathique. Histoire vraie. John du Pont, milliardaire très conservateur, vieux garçon refoulé passionné de matériel militaire, patriote à l'excès, mais aussi  philanthrope richissime qui parrainait l'équipe privée de lutte Foxcatcher du centre sportif amateur connu sous le nom de  Foxcatcher Farm  en Pennsylvanie, prend sous sa coupe Dave et Mark Schulz, deux frères médailles d'or aux jeux de Los Angeles en 1984. Si Dave l'aîné garde ses distances Mark s'installe à demeure à Foxcatcher. Les rapports entre le mécène, qui se veut aussi coach, et qui aime se faire appeler Eagle, très courtois au début, tournent à la fascination-répulsion. J'ai un peu pensé à The servant.

                                      Le côté physique de ce sport a manifestement été sérieusement étudié et les deux acteurs Tatum et Ruffalo sont très à la hauteur. Le vrai Mark Schulz, crédité producteur du film, a depuis la sortie émis un jugement très négatif sur Foxcatcher alors qu'il était tout à fait partie prenante lors de la présentation en compétition à Cannes 2014. Il semble depuis avoir fait à nouveau machine arrière. Tout est question d'ego dans le film et dans la vie. Je ne voudrais pas que l'on croie ce film destiné uniquement aux amateurs de sports de combat. La lutte n'a pas grand chose à voir ni avec la boxe, ni avec les arts martiaux. Si les corps y sont intimes on n'y trouve pas autant de rituels et si l'on est loin de Raging Bull les séances d'entraînement sont très belles. Croyez-moi, je ne suis pas un zélateur de ces activités.

                                     Rien à voir non plus avec une success story à la Rocky Balboa. Les frères Schulz ont déjà réussi quand John du Pont entre en scène. On a évidemment un peu évoqué une relation homosexuelle latente, tellement latente que j'y ai à peine pensé. Mais c'est ainsi et le nouveau conformisme conduit systématiquement à ce genre de conclusion pour le moins hâtive. Ou du suivisme des idées. L'intérêt de Foxcatcher repose surtout sur cette hypertrophie de l'american way of life, argentée et assez rétrograde, complexée en même temps qu'éclatante.Steve Carell, grimé, vieilli,et oscarisable (c'était avant-hier, c'est raté) est aussi attirant qu'un serpent à sonnettes dans le désert du Mojave. Et c'est très bien ainsi.

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