Mon été avec le grand Will, scène 7

                   Antépénultième billet sur le cinéma de Shakespeare. Je ne reviendrai pas sur le film d'Orson Welles, cinéaste dont j'ai abondamment parlé déjà. Cet Othello de bric et de broc est le type même de film inoubliable malgré le tournage chaotique, le budget ridicule, les interruptions fréquentes. Une photo suffit à le comprendre.

                 J'ai été très content de faire découvrir l'étonnant A double life, plutôt inattendu de la part d'un George Cukor somme toute assez hitchcockien pour cette variation sur la jalousie, cette horreur, cette horreur toujours illégitime. Homme de spectacle et de comédies Cukor brode autour de Broadway la troublante spirale qui saisit Anthony John, au patronyme si banal, grand acteur de théâtre moins lisse qu'il n'y paraît. Baroud d'honneur Anthony John accepte à contre-coeur d'endosser le rôle du Maure de Venise  devenu symbole de la jalousie. Le titre original prend tout son sens dans la vague des films de ces années souvent à forte empreinte psychanalytique.

                    Le syndrome d'Othello, cette hideuse jalousie, en un enchaînement troublant puis effrayant, va faire basculer l'esprit et la vie d'Anthony John, génialement interprété par Ronald Colman, oscarisé pour ce rôle. Ne sachant plus qui il est il  va vivre pleinement sa vie en donnant la mort. C'est un peu spoiler mais les probabilités de voir ce film sont si minimes. Surimpressions, musique du grand Miklos Rozsa, voix off, répliques de la pièce un peu sépulcrales, le film date de 1947. Je rappelle qu'un film comme toute oeuvre d'art, ne vieillit pas, il est de son année, comme un millésime, c'est tout. C'est pas comme nous.

Comments

[villaseurat]

Merci, je note ce film pour le rechercher. A part de Le milliardaire, je n'ai pas vu de film de Cukor et Othello, que je connais bien, est peut-être une bonne idée pour entrer dans son œuvre.

[Dominique]

je viens d'emprunter Looking for Richard pour me tremper dans Shakespeare

[Asphodèle]

P.S. : joli fond d'écran mais c'est dommage qu'on ne voit pas mieux la guitare posée sur son rocher de montagne ! Quoique ce petit bout est très suggestif et donne un charme particulier ! ;) Bises et à ttds :)

[Asphodèle]

Edualc, tu devrais passer à "mon automne avec le grand Will" !!! :lol: Je n'ai pas tout suivi (tu le sais) de tes investigations shakespeariennes et à mon grand regret car je n'ai pas vu beaucoup des films dont tu parles et comme tu le dis, il est peu probable que je les vois un jour ! J'en ai "étudié" quelques-un du temps de mon ciné-club pensionnaire et hormis Roméo et Juliette, le roi Lear, il ne m'en reste plus grand-chose... Et tu en parles avec des mots simples qui rendent Shakespeare plus accessible, moins rébarbatif (oui j'ai de mauvais souvenirs scolaires avec lui !!! :roll: ) ! Je suis sûre qu'aujourd'hui j'apprécierais. Mais la jalousie, non, quel poison , inutile de surcroît !

[luocine]

Un thème très riche , je déteste la jalousie , c'est un sentiment qui peut être tellement destructeur , ce qui fait qu'Othello m'a toujours fait peur.