Quand Hollywood se penche sur Hollywood
Hollywood aime parfois à dévorer ses enfants et n'est jamais aussi féroce que lorsque la cité du cinéma règle ses propres comptes.On voit ainsi que le cinéma américain,même au coeur des studios des années 50,est capable de beaucoup de clairvoyance quant à sa propre mythologie.Notre ami cinéphage a déjà dit tout le bien qu'il pensait du Grand couteau de Robert Aldrich et que je partage tout à fait.Dans cette même décennie au moins trois autres films signés des plus grands explorent les coulisses de l'usine à rêves.Il s'agit de la Comtesse aux pieds nus de Mankiewicz qui mériterait un livre entier,si admirable,et aussi des Ensorcelés de Minnelli,fascination exercée par un nabab sur ses collaborateurs.
J'ai revu hier Boulevard du Crépuscule,le chef d'oeuvre de Billy Wilder(les quatre films sont d'ailleurs tous des chefs d'oeuvre).Tout est parfait d'inquiétude et de folie,dans ce film depuis l'hallucinante Gloria Swanson qui, devant les caméras des actualités déclare être prête pour le gros plan,jusqu'au sacrifice de Stroheim pour épargner son ex-femme.William Holden,grand acteur injustement ignoré depuis,compose un jeune scénariste,à la limite du gigolo mais qui relève la tête avant de mourir dans la piscine de ses ambitions.
Cecil B.De Mille joue son propre rôle avec tendresse pour l'odieuse et pathétique actrice vieillissante incarnée par Swanson et Buster Keaton est fantômatique,une statue de cire.Film sur la cruauté comme les trois autres,la cruauté du milieu cinématographique,mais à tout prendre guère plus cruel que n'importe quel microcosme humain.