Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

BLOGART(LA COMTESSE)

Derniers commentaires
Pages
1 septembre 2006

Quand Hollywood se penche sur Hollywood


Hollywood aime parfois  à dévorer ses enfants et n'est jamais aussi féroce que lorsque la cité du cinéma règle ses propres comptes.On voit ainsi que le cinéma américain,même au coeur des studios des années 50,est capable de beaucoup de clairvoyance quant à sa propre mythologie.Notre ami cinéphage a déjà dit tout le bien qu'il pensait du Grand couteau de Robert Aldrich et que je partage tout à fait.Dans cette même décennie au moins trois autres films signés des plus grands explorent les coulisses de l'usine à rêves.Il s'agit de la Comtesse aux pieds nus de Mankiewicz qui mériterait un livre entier,si admirable,et aussi des Ensorcelés de Minnelli,fascination exercée par un nabab sur ses collaborateurs.


J'ai revu hier Boulevard du Crépuscule,le chef d'oeuvre de Billy Wilder(les quatre films sont d'ailleurs tous des chefs d'oeuvre).Tout est parfait d'inquiétude et de folie,dans ce film depuis l'hallucinante Gloria Swanson qui,  devant les caméras des actualités déclare être prête pour le gros plan,jusqu'au sacrifice de Stroheim pour épargner son ex-femme.William Holden,grand acteur injustement ignoré depuis,compose un jeune scénariste,à la limite du gigolo mais qui relève la tête avant de mourir dans la piscine de ses ambitions.


Cecil B.De Mille joue son propre rôle avec tendresse pour l'odieuse et pathétique actrice vieillissante incarnée par Swanson et Buster Keaton est fantômatique,une statue de cire.Film sur la cruauté comme les trois autres,la cruauté du milieu cinématographique,mais à tout prendre guère plus cruel que n'importe quel microcosme humain.

Publicité
1 septembre 2006

Cette émotion

     Cette émotion qui s'en prend à moi et qui n'existe que dans une quinzaine de films,ce sentiment éprouvant et douloureux bien que resplendissant de reconnaissance, cette fragrance du piano et du Rick's Cafe,Ingrid implorant du regard "Play it again,Sam",le brave Sam hésitant par peur du patron à qui la nostalgie a donné tant de coups, ces quelques notes "Quand passe le temps" égrenées dans ce Maroc hollywoodien de rêve quand le rêve est plus fort que l'authentique si souvent frelaté,cet air de souvenir à la hauteur des plus grands romans,l'une des très rares fois où le cinéma est frère de la littérature par son pouvoir d"évocation,et la douleur qu'il plante dans nos reins, l'envie de ces destins bouleversés par les exils, l'impression d'avoir écrit les mots qi'ils se disent et filmé ce plan,l'extraordinaire sensation de devenir l'auteur d'une telle merveille, la rareté enfin de cette cicatrice,l'alcool et le départ déjà imminents,le prix de la vie pour avoir connu cela...Je les revendique et  souhaite qu'As time goes by vous blesse joliment.

http://www.youtube.com/watch?v=gGXEwI1S11A

Play it again Sam

28 août 2006

In the U.S.Cavalry


Il est très salutaire de retrouver de temps à autre la maîtrise de John Ford,notamment dans la trilogie dite "de la Cavalerie" dont je viens de revoir le deuxième volet,La Charge héroïque(She wore a yellow ribbon) dont le titre original est bien plus fort comme souvent.Sorti en 49,entre Le Massacre de Fort Apache et Rio Grande,comme dirait notre ami Patrick Brion,le film est délicieux par le regard tendre et naïf qu'il jette sur la société militaire des Cavaliers,cette grande famille d'honneur et de tradition.Tourné pour la RKO ce film est un modèle du genre hommage parsemé de jolies scènes.On peut citer les bagarres mémorables et très fordiennes de Victor McLaglen,l'émotion de John Wayne chaussant ses lunettes pour son cadeau d'adieu à l 'armée,et ce merveilleux soleil couchant qui le voit ratttrapé par la Cavalerie pour une promotion ultime.Si ce n'est pas cela l'emploi des seniors...


Dans ce film et dans les deux autres,tous d'après des récits de James Warner Bellah,on retrouve les interprètes fétiches de John Ford,le grand Wayne,magistral en officier vieillissant,McLaglen éternel abonné de sa propre trilogie,alcoolique,irlandais,bagarreur,Ben Johnson,vieux complice de tant de westerns.Enfin on retrouve le studio magique de Ford:Monument Valley.Ce DVD  de la collection RKO est préfacé de façon simple,enjouée et non pontifiante par Serge Bromberg,ce fou du patrimoine ciné.

http://www.youtube.com/watch?v=za3AKJG1Lo4 Rio Grande!

27 août 2006

Père et fils


Bien sûr il est tentant de rapprocher les destins de Tim et Jeff. Seulement voilà, la légende doit parfois s'effacer devant l'Histoire. Jeff n'a jamais connu son père Tim, parti avant sa naissance et mort  comme tout le monde d'un abus d'abus quand Jeff n'avait que 8 ans. Il reste deux points communs: leur génie musical et leur destin fulgurant et tragique, respectivement disparus à 28 et 31 ans.

Tim Buckley / Goodbye And Hello [Best of]

Tim Buckley(1947-1975) est l'auteur de plusieurs disques passionnants.On a réédité Tim Buckley et Goodbye and Hello en un seul coffret. C'est une très belle sélection qui comporte Song for Janie, Morning glory,Knight errant, chansons de la première ère Tim Buckley,d'une pureté angélique au timbre cristallin peu fait pour le hit-parade.

Cette voix à la beauté unique(enfin jusqu'à ce qu'apparaisse Jeff Buckley), Tim saura l'utiliser en prenant plusieurs tournants,d'abord dans le dépouillement de Happy-Sad puis dans les albums  presque expérimentaux que Buckley place lui-même sous l'influence de John Coltrane, Lorca et Starsailor. Complètement en panne de succès il va réemerger avec Greetings from L.A., album quasiment funky. Il meurt en 75 et d'après la bible de Michka Assayas(Dictionnaire du rock), "d'un cocktail d'héroïne et de morphine qu'il aurait pris pour de la cocaïne".Vraiment distrait Tim Buckley! Qui dira le gâchis?

Grace

    Bien distrait également Jeff qui en 97 décide de nager dans le Mississipi tout habillé et botté. Vous connaissez la suite. A l'East Village de New York en 90 il chante tout, Edith Piaf, un lied de Mahler, du hard rock. Surdoué comme son père il semble que son seul véritable disque soit Grace(à part diverses compilations parfois douteuses) où s'enchaïnent les perles comme Grace, Last goodbye, et des reprises de Cohen ou le Corpus Christi Carol de Benjamin Britten. Evidemment élévé au rang d'icône puisque mort tragiquement (moi je dis jamesdeanement), Jeff Buckley est devenu célèbre et maudit rejoignant une longue cohorte.

    De tout cela rien n'est important. Seule compte la magie de ces deux voix indomptables. Je vous encourage à vous aventurer dans la famille Buckley.Enfin la famille c'est beaucoup dire...

23 août 2006

L'hilarant Finlandais


Attention cet homme est dangereux.Ne lisez aucun de ses livres car il va vous emmener dans ce pays aux noms imprononçables.C'est simple,c'est l'alter ego littéraire d'Aki Kaurismaki.Même trogne aux bajoues,même sens de l'humour et de la dérision,même goût pour les cassés et les hurluberlus.Ancien bûcheron et ouvrier agricole il a publié une vingtaine de livres dont la moitié a été traduite en français.


A retenir particulièrement le Lièvre de Vatanen,la Cavale du géomètre,la Forêt des renards pendus,le Meunier hurlant,des fables délicieuses mettant en scène pêle-mêle un ancien officier,une nonagénaire,des naturistes,des gangsters nordiques sur fond de restes de guerre froide et de non-sense à la mode scandinave.


L'avant-dernier paru,Petits suicides entre amis,raconte la rencontre d'un entrepreneur en faillite et d'un colonel veuf dépressif qui,incapables d'en finir seuls,décident de fonder une association d'aide au suicide.Ils affrètent un autocar de candidats et entreprennent une folle tournée à travers la Finlande pour trouver l'endroit idéal  pour en finir.Voyage loufoque et poètique en pays d'Absurdie garanti.Allez,prenez ce bus en folie.J'oubliais:il s'appelle Arto Paasilinna.

Publicité
22 août 2006

Pickett:un bon crû

The Exciting Wilson PickettDes trois parrains de la soul music James Brown reste seul.Il y a si longtemps qu'un avion trop pressé nous a privé d'Otis Redding,qui,tel Van Gogh,n' aura jamais connu son plus grand succès:The dock of the bay.Mort à 26 ans Otis nous aura laissés entre autres Try a little tenderness,I've been loving you too long,sur le mythique label Stax.

On connaît bien James Brown tant à la rubrique faits divers qu'en chronique musicale,même si depuis 25 ans ses disques recyclent imperturbablement  le même riff usé jusqu'à la corde.

Je crois que Wilson Pickett était un peu oublié,bien que partiellement remis en selle par le film d'Alan Parker,The Commitments,d'après Roddy Doyle dont j'ai parlé il y a peu.Les prolos de Dublin reprenaient alors les morceaux de Wison Pickett,des tubes de dynamite rhythm & blues à faire frétiller des chaussures même les plus rebelles à toute chorégraphie du samedi soir.Wilson Pickett,c'était un juke-box à lui tout seul,section cuivres agressive et souvent la guitare de Steve Cropper du légendaire groupe Booker T. and the MG's en renfort.Quelques titres qui fleurent bon ces années soul:Mustang Sally,Land of 1000 dances,Funky Broadway,In the midnight hour,Barefootin'.Wilson Pickett lui aussi avait eu maille à partir avec la justice,la musique n'adoucissant pas forcément les moeurs.Il avait pourtant débuté comme la plupart des chanteurs afro-américains dans l'église de son quartier.

21 août 2006

Un Américain pas bien tranquille

Edward Abbey m'était inconnu. Robert Redford me l'a en quelque sorte présenté puisqu'il a préfacé l'édition du Gang de la clef à molette dont je vous présente l'édition américaine illustrée par Crumb car je crois que ça correspond assez bien à l'univers de la bande dessinée. On aura compris que si Redford est impliqué c'est que ce bouquin a une forte connotation écologique. Une adaptation ciné a été envisagée dans les années 80 sans succès.

   Seulement voilà je ne me suis pas vraiment passionné pour l'aventure de ces Pieds Nickelés en lutte dans l'Ouest américain contre le saccage de la nature et l'urbanisation galopante. Non que j'y sois insensible mais je n'aime guère ces personnages, ce quatuor composé d'un toubib vieillissant, d'un mormon qui répond au joli sobriquet de Seldom Seen(Rarement vu) bien que polygame, d'un vétéran du Vietnam figure incontournable dans ce bouquin assez démago, et d'une jolie jeune femme juive peu farouche. Donc une Amérique en miniature sillonne le Grand Ouest de sabotages en explosions contre l'autre Amérique bien-pensante.

   Le Gang de la Clef à Molette  Le problème est que rapidement le quatuor m'est apparu tout aussi peu reluisant que la socièté américaine toute entière me rappelant un peu le néo-conformisme très vite installé dans la contre-culture hippie par exemple, que j'aimais beaucoup par ailleurs. Déçu par les aventures languissantes et longuettes du Gang de la clef à molette je recommanderai à ceux qui tiennent à embarquer dans cette histoire deux choses:se munir d'une carte détaillée de l'Ouest américain car Edward Abbey abuse des noms propres, et d'un lexique du petit dynamiteur patenté à moins d'être ingénieur chimiste.

    Bien sûr j'ai un peu chargé la galère car ce livre peut plaire. Néanmoins je considère qu'il ne mérite pas l'aura qu'il a, paraît-il aux Etats-Unis;. Mort en 89 Abbey a demandé à être enterré dans le désert. Nul ne sait où. De toute façon je n'avais pas l'intention de me rendre sur sa tombe.

20 août 2006

Une chanson:Suzanne

    La première et la plus célèbre chanson de Leonard Cohen. Pas vraiment une surprise mais comment résister au charme maintenant presque quadragénaire de cette sirène, de cette créature naîve et troublante qui ma envoûté il y a longtemps et ne m'a jamais quitté. Suzanne que je suis encore capable de chanter en intégralité et en version bilingue alternant l'anglais et le français, moi qui ne sais pas chanter.Suzanne qui au bord de la rivière m'emmène toujours parmi les ordures et les fleurs retrouver les héros dans les algues et les enfants du matin qui se penchent vers l'amour.

   Suzanne qui n'a peut-être pas toute sa raison mais qui sait encore faire vaciller la mienne.Suzanne que j'ai murmuré aux oreilles aimées,aimantes puis moins aimées et moins aimantes.Suzanne ce prénom auquel au moins je serai resté fidèle.Suzanne que même Jésus le marin qui veillait du haut de sa tour solitaire a aimée, vêtue de hardes et de chiffons.

  On dit que Leonard n'aime plus beaucoup Suzanne. Je crois le comprendre:Suzanne lui a tout donné et repris comme ces créatures un peu vampires qui détruisent au moins un peu leur père.Moi, je l'aime toujours...

    I want to travel with her, I want to travel blind, I know she will trust me 'cause she touched my perfect body with her mind.

  Bien sûr il y a au moins 30 chansons de Cohen qui méritent la postérité:j'en citerai trois peu connues, Let's sing another song,boys, I'm your man ou A bunch of lonesome heroes. Toute son oeuvre est passionnante mais Suzanne et sa rivière coulent dans mes veines.

http://www.deezer.com/listen-550368  Ecoutez!

19 août 2006

C'était un temps déraisonnable

C'était un temps déraisonnable ou les groupes rock venaient de l'Ouest et où à grand renfort de motos,de musique et de substances assassines pour nombre d'entre eux leurs noms de scène à eux seuls savaient nous faire planer.Florilège du Pouvoir des Fleurs et de Frisco Bay avec la traduction quand c'est possible car cela vaut son pesant de chemises bariolées.

The Music Never Stopped : Roots Of The Grateful DeadLe Mort reconnaissant

Quicksilver Messenger ServiceLe Service Postal Vif-argent

In-A-Gadda-Da-VidaLe Papillon de fer

California Dreamin': Live in ConcertLes mamans et les papas

Incense & PeppermintsLa Fraise réveille-matin

It's a Beautiful DayC'est une belle journée

I Feel Like I'm Fixin' to DieJoe le campagnard et le poisson

The Very Best of the 13th Floor Elevators: Going UpLes ascenseurs du 13° étage

Forever ChangesL'Amour(Thank you Thom)

America's ChoiceLe Thon chaud

Golden ClassicsLa Comagnie de chewing-gum de 1910

PowerglideLes Nouveaux Cavaliers de la Sauge Pourpre

SteppenwolfLe Loup des Steppes(Danke schön Herman Hesse)

Ecoutez!   http://www.youtube.com/watch?v=KZnrXnujQyU

Green TambourineLes Citrons pressés

Cheap ThrillsGrand Frère et la Société de gestion(particulièrement poétique n'est-ce pas?)

The Doors

Les Portes ainsi se referment sur cette petite galerie sans prétention que celle de remémorer aux anciens ces pochettes ahurissantes et d'amuser les plus jeunes.

Il va de soi que ces groupes n'étaient pas tous des grands mais cette mouvance nous valut quand même Jim Morrison, Janis Joplin, Jerry Garcia, John Kay, Mama Cass,etc...

19 août 2006

Kong et les Marines

     Venant de voir King Kong 2005 et Jarhead je m'apprêtais à en faire une analyse de la plus haute finesse,vous pensez bien quand je me suis souvenu que mon vieil ami le Cinéphage les avait chroniqués à la sortie.J'ai relu son billet sur Jarhead et vous y envoie car il a dit tout ce que j'en pensais. Donc j'ai pris le parti de ne pas refaire le travail si bien fait par un autre si ce n'est pour apporter une touche nouvelle ou une contradiction.

    Quant à mon autre vieil ami King Kong j'ai trouvé à sa version Peter Jackson 2005 des qualités plastiques(la danse de Naomi Watts sur la falaise qui trouble tant Kong,les glissades souriantes sur la patinoire avant le massacre,une petite partie dans l'île quand dinosaure, Kong et Naomi sont suspendus). Mais que de surenchère visuelle,auditive et de durée dans ce film boursouflé comme un très long jeu vidéo dont j'ai depuis longtemps passé l'âge.Ce King Kong là a aussi un côté sérieux sur le plan zoologique. On voit que des primatologues sont passés par là. Manifestement Jackson est plus à l'aise dans l'univers de Tolkien.

   Enfin le point commun entre les deux films est surprenant. Un personnage de KK lit Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad qui a lui-même inspiré Apocalypse now que Sam Mendes projette dans le cinéma aux armées de Jarhead. De là à penser que Brando très alourdi aurait pu jouer King Kong...

19 août 2006

Ascenseur pour l'échafaud

18 août 2006

A Victor

       

     Les géants n'ont pas toujours la vie facile:petit hommage à ce destin que fut la vie d'Hugo, avec la folie d'Adèle et la mort de Léopoldine. Il me fut inspiré par une balade en bord de Seine dans ce pays de Caux que remonte parfois le mascaret.

   

Portrait de Léopoldine Hugo (1824-1843)

Comment la douce Seine a-t-elle pu t’amputer?

Toi,Victor,ce titan de tout un siècle

Qui aura su vaincre les pires exils

Toi qui,tonnant des rochers normands

Contre les misères et les mépris

L’indestructible,pareil à ces brisants

Mon ami,capitaine au long cours

Maudissons ces flots traîtres

L’enfant,ton enfant,ton sang

Entraînée dans la nuit

Monstruosité du mal des hommes

Quand la peine est innommable

Et que la poésie arrache le coeur.

Léopoldine,la douce Léo

Repose là-bas au bord du fleuve

Et j’aime à lui rendre hommage

Victor,tu nous es alors si proche

Et Léo est un peu ma fille

Au sourire flétri,brisé en cette aurore

Gavroche coule ses larmes

Il nous reste,Victor

Le fleuve de ton verbe

Contemplations

Quintessence du beau malheur.

17 août 2006

Polars nordiques mitigés

La Femme en vert Déjà dans la Cité des Jarres Arnaldur Indridason nous entraînait dans une Islande loin des clichés touristiques. Curieux comme ces hommes du nord(Mankell,Edwardson)savent nous dépayser avec des intrigues à la fois âpres et tendues, sans pittoresque facile. On a l'impression aussi de liens familiaux très forts entre certains personnages, des liens serrés à se rompre.

     Le polar du nord se porte bien. Qu'on se le dise et qu'on cesse en littérature française de se regarder le nombril. Dans la Femme en vert Indridason joue sur différentes époque sans que ces procédés de retour ne arrière n'alourdissent jamais l'acuité du récit. Partez vite pour cette Islande sans volcans, ni geysers, ni grand oiseaux d'Atlantique.

L'étoile du diable

  Le flic Harry Hole, créé par Jo Nesbo,est alcoolique et  vit à Oslo.Il est aussi un peu parano et il nous faut 500 pages pour venir à bout du serial killer à la mode norvégienne.Ce n'est pas un mauvais livre mais Nesbo est bien loin de la qualité littéraire de ces autre hommes du nord experts en l'âme criminelle que sont les  Suédois Mankell et Edwardson ou l'Islandais Indridason. L'étoile du diable n'a rien d'une star à mon avis.

16 août 2006

L'esprit d'Agatha

    Il y a deux manières d'adapter au cinéma les énigmes à l'anglaise d'Agatha Christie comme il y a deux héros au panthéon des enquêteurs de la perfide Albion:Hercule Poirot,belge de son état,a bénéficié de très gros moyens et distribution all-stars que ce soit sous les traits d'Albert Finney pour Le crime de l'Orient-Express ou de Peter Ustinov pour Mort sur le Nil ou Meurtre au soleil.Hotels de luxe, croisière entre gens du même monde, transports de tout confort, moustaches d'Hercule bien lustrées. Pas désagréable mais plus proche de Hollywood et de ses soirées costumées que de la campagne anglaise:voilà ce que m'inspirent ces chromos plaisants mais pesants.

  Non.Cinématographiquement l'univers d'Agatha Christie est bien plus présent dans les polars sans grand budget de George Pollock(61,62) ou Margaret Rutherford vieille dame indigne endosse la dégaine de Miss Marple. Cette série de quatre films:Murder ahoy,Murder at the gallop,Murder she said,Murder most foul qui ont été affublés parfois de titres français fantaisistes comme Le train de 16h50 ou Passage à tabac se déguste comme un vieux scotch au fond d'un manoir.Rien de rutilant comme au paragraphe ci-dessus mais un noir et blanc feuilletonnesque qui fait plaisir et des personnages de châtelains,d'héritiers,de gouvernantes,de médecins tous assassins en puissance mais à qui il sera beaucoup pardonné étant donné leur tare suprême et délicieuse:ils sont tous définitivement... britanniques.

10 août 2006

Italia

Italia

 

La pluie tiède mouille Parme

L’oiseau sur le dôme gothique

Tord le corps et soudain plonge

Sur la place là-bas

L’enfant chemise ouverte a séché ses larmes

Il joue de l’ocarina

Déjà la faim le ronge

Le blé,poussière de piazza

Voltige sous les becs laborieux

Les ailes bruissent de fureur à vivre

L’enfant plisse les yeux

La liberté et la douleur l’enivrent

En cet exil presque toscan.

10 août 2006

En la forêt de Toi

En la forêt de Toi

                               

En  la forêt de Toi

La vie transperce les hautes futaies

On y fait d’étranges rencontres

Des paladins traversent les allées

En chemin vers ces tournois

Pour défendre leur belle.

Leurs chevaux semblent ailés

Rien ne leur est impossible.

En la forêt de Toi quelque chose est magique

J’y ai vu de très doux bardes écossais

Ils chantent des ballades de mon ami Donovan

Dans lesquelles les princesses

S’appellent Guinevere ou Llana

Que j’aime ces harmonies un peu nordiques

Nimbées de mystère,oppressantes parfois

Quand les cordes se pincent comme nos coeurs.

Dans la forêt de Toi

Les chansons sonnent parfois triste

Mais le plus souvent nous y dansons

Toi et moi hardiment

Alors je me sens preux,je me sens fier

Et comme Lancelot je deviebdrai guerrier

Pour que tu demeures reine à jamais

De mes jours en la forêt de longue attente.

Et si je m’en éloigne

Viennent les pleurs

Mais tu sais si bien les épancher

Ils ne sont que fugacité.

Tu m’es si précieuse et je veux bien mourir

Au profond de la forêt de Toi.

Dans la forêt de Toi,parfois

Bruissent des oiseaux-lyres aux rameaux

Des espèces inconnues que tu apprivoises

De ton coeur grand ouvert

Leur vol m’émerveille et je n’en crois pas mes yeux

Pourtant c’est la forêt des couleurs

Et du bonheur coule en diamants

Entre les étangs où murmurent

Des nymphes,des créatures étranges

Qui nagent comme Ondine,souviens-toi.

Comme elle aime l’espace et la nature.

Dieu,que tu leur ressembles

Toi qui chaque jour m’étonnes davantage.

Dans la forêt de Toi il me paraît

Que j’ai toujoursvécu

Tant mon rêve y prend corps

Au bout de ma si longue quête.

Enfin se dessinent parmi tes arabesques

Ces bonheurs inoüis dans ton Amazonie.

Mais quelle est cette voix qui évoque la mort?

Tu es Vie et ma vie ne respire

Qu’en la forêt de Toi.

Seule désaltérance

Que les fruits sucrés que m’offre ta chaleur.

Et mon rare appétit n’a qu’une satiété

Tonneau des Danaïdes,gouffre qui se veut tien

L’âme ouverte au sang bleu

Que je veux infiltrer

Dans ton intime jardin vital

Pour que de nos cris résonne,immense

La forêt de Toi

Réceptacle superbe des pluies bienfaisantes

Celles qui embellissent l’enfant qui grandit

A la folie,passionnément

Qui de toi et moi émane

En une source vivifiante

Trace superbe de nous

Amour sylvestre et panthéiste.

En la forêt de Toi

J’existe enfin et les mots qui dormaient

En le tréfonds de moi

Planent en toute liberté

Discrets astéroïdes à toi destinés

En la forêt de Toi

Chêne ou modeste jonc

Je veux vivre là,simplement

En la forêt de Toi

En Toi.

 

8 août 2006

Sous le signe du Capricorne

Vu un film de politique-fiction,enfin pas si fiction que ça:Capricorn one de Peter Hyams(78).Le metteur en scène est un bon cinéaste de SF(Outland,2010 l'année du premier contact,Relic).

Ce film,modeste est une satire de la désinformation dont sont capables les politiques,à rapprocher du film de Barry Levinson,Des hommes d'influence.Les manipulations du pouvoir,en 78,sont encore relativement artisanales.On frémit à ce qu'il pourrait advenir de nos jours,la technologie et les effets spéciaux étant ce qu'ils sont.Sam Waterston,un acteur rare que j'aime beaucoup(La déchirure,La Porte du Paradis) est un des trois astronautes confinés dans un hangar déguisé en mission spatiale

4 août 2006

Le Carré tourne rond


               John le Carré a plutôt été gâté par le cinéma.En effet les adaptations de ses romans sont dansl 'ensemble assez réussis.La toute dernière d'après La constance du jardinier,mise en scène par Fernando Meirelles(La Cité de Dieu) tient à la fois de la fable tiers-mondiste et du thriller,rien de cela n'étant incompatible. Les multinationales et les grands labos n'apprécient pas cette charge très corrosive contre leur action en Afrique.Les Africains eux-mêmes n'en sortent pas grandis,entre corruption du pouvoir, trafic d'esclaves et banditisme. Terriblement pessimiste sur l'avenir du continent africain The constant gardener est aussi un film d'action dans un Kenya où les fauves sont bipèdes.Ralph Fiennes est un diplomate qui sent son destin lui échapper,broyé par des intérêts supérieurs. En 2001 John Boorman avait adapté Le tailleur de Panama,très bonne fiction sur cette espèce de marmite qu'est  l'Amérique Centrale,kafkaïenne à souhait. Les films antérieurs d'après John le Carré sont encore marqués du sceau de la Guerre Froide,thème favori de bien des auteurs d'espionnage.Je n'ai jamais vu La Maison Russie(Fred Schepisi,90) mais conserve un bon souvenir bien que lointain de La petiite fille au tambour(George Roy Hill,84,où il est question du terrorisme palestinien) et du célèbre Espion qui venait du froid(Martin Ritt,65 avec Richard Burton).   

L'antagonisme Est-Ouest est maintenant passé de mode évidemment.Il semble que l'Afrique ou le Moyen-Orient soient les nouveaux terrains propices à ce cinéma qui allie souvent rythme et réflexion politique.Modestement et sans jouer les précurseurs je pense que l'Indonésie,cette poudrière de 210 millions d'habitants où il ne fait pas bon vivre pour certains,pourrait être la star de demain. Une révision de mes documents m'oblige à mentionner M 15 demande protection de Sidney Lumet en 67,que je n'ai jamais vu.

 

1 août 2006

Nikos

AF-08894.jpg

                      Rassurez-vous ce Nikos n'est pas un bellâtre de la télé mais le grand écrivain grec Nikos Kazantzakis.J'ai vu un film de Jules Dassin de 1957 que la susdite télé n'a que très rarement programmé,Celui qui doit mourir,d'après Le Christ recrucifié,formidable roman de Kazantzakis.C'est une histoire de terre et de violence dans la Grèce rurale qui met aux prises deux communautés sur le thème de l'exil et du pardon.Lors d'une reconstitution de la Passion du Christ l'on va s'apercevoir que s'il revenait il serait probablement crucifié à nouveau.J'avoue que le film de Dassin m'a déçu,trop appliqué,théâtral et grandiloquent.Déjà à l'époque le public avait été désorienté et le bouquin est bien plus fort.Néanmoins on peut y retrouver Hanin,Vaneck,Ronet très jeunes avec la muse de Jules Dassin,Mélina Mercouri.

              Martin Scorsese avait en partie réussi  l'adaptation de La dernière tentation du Christ qui avait soulevé bien des polémiques il y a une dizaine d'années mais c'est en voyant Zorba le Grec de Michael Cacoyannis(65),d'après le roman Alexis Zorba que l'on approchera le mieux l'univers de Nikos Kazantzakis,peut-ëtre qu'un Grec était le mieux placé pour saisir l'âme grecque.

29 juillet 2006

Le mystérieux Mr.Traven(Benjamin,Bruno ou autre chose)

Le vaisseau des morts

Mon fidèle saint patron Humphrey Bogart m'a fait découvrir B.Traven, auteur du Trésor de la Sierra Madre. Mais comme Stevenson ou London cet écrivain était aussi un homme au destin pour le moins cahotique et actif. Action et écriture s'épousent dans le cas de ces diables d'hommes de plume et de mouvement.

Ce sont souvent les mots utopie et anarchisme qui viennent à l'esprit concernant Otto Wiennecke, Otto Feige, Torsvan Traven, Hal Coves, Ret Marut, respectivement vrai nom et pseudos divers de celui qui restera pour simplifier B.Traven. Ces deux mots ne m'intéressent guère.Ce qui me fascine est le destin de cet homme dont on a longtemps tout ignoré du parcours qu'il avait soigneusement embrumé lui-même.On l'a longtemps cru américain. On a même dit qu'il ne faisait qu'un  avec cet immense écrivain lui aussi méconnu, Ambrose Bierce, disparu bizarrement dans le désert du Mexique fin 1913. Il est vrai que le Mexique a toujours été le rendez-vous de la mort joyeuse avec ses cultes si bien montrés par Eisenstein(Que viva Mexico!) .Certains ont prétendu qu'il était fils naturel du Kaiser Guillaume II. Si c'était le cas il aura vraiment mal tourné.On en sait maintenant un peu plus.

Né en Allemagne en 1882 il a participé à la vie politique avec la très éphémère République des Conseils de Munich en 1919. Socialiste il doit fuir et c'est la longue errance,Suisse,Autriche,Pays-Bas,Canada,puis installation quasi-définitive au Mexique. J'oubliais un  peu de prison en Angleterre.Bref retour en Allemagne en 59.On se demande encore pourquoi. Traven est mort en 69 à Mexico City.

Coffret en 2 volumes : La révolte des pendus ; Le vaisseau des morts La révolte des pendus  dont le sous-commandant Marcos pourrait écrire une préface avec une belle démagogie et quelques accents de vérité raconte les rebellions indiennes au Mexique contre l'exploitation des hommes et de la nature.Traven se garde de tout sentimentalisme et les fleurs percent difficilement sous le fumier et la rapacité.Ironique et cinglant plus encore que revendicatif ce roman fut adapté au cinéma en 54 au Mexique.

La fièvre de l'or inonde Le trésor de la Sierra Madre, le plus connu des romans de Traven depuis la remarquable adaptationde John Huston avec Bogart, tous deux fins connaisseurs en parfums d'aventures et vapeurs d'alcool. L'humour caustique imprègne aussi le livre d'un halo picaresque sur le destin souvent tragique des chercheurs d'or.

Pour Le vaisseau des morts on peut évoquer Joseph Conrad au fil des péripéties de ce marin sans identité ni passeport, rayé du monde et que seul le capitaine d'un vaisseau fantôme peut engager pour un voyage pour le moins hasardeux mais qui fera le bonheur des amateurs de littérature plus proches des hallucinés de la ligne d'horizon que des auto-contemplateurs de nombril.

Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
32 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 369 695
Publicité