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BLOGART(LA COMTESSE)

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1 octobre 2006

Quelque chose en nous de Dorian Gray

Le portrait de Dorian GrayEt de maléfique aussi,quelque part au fond de nous.Adaptation magistrale du dandy Albert Lewin d'après le livre du dandy Oscar Wilde,avec le  dandy George Sanders dans le rôle du mentor du dandy Hurd Hadfield qui joue le dandy Dorian Gray.Ahurissant de constater que le film comme le héros ne vieillit pas.Il agit toujours sur le spectateur que je suis et chaque vision semble ajouter quelques outrages au temps(sur moi).Car le film,lui,est inaltérable.

Une photographie magnifique aère cette oeuvre hors du temps.Les tavernes du port de Londres où Dorian n'arrive même pas à trouver la mort,les sarcasmes et le cynisme de George Sanders,les brumes où l'on craint de rencontrer Jack l'Eventreur ou le Dr.Hyde,toute cette ambiance victorienne est parfaitement évoquée par Albert Lewin.

Faust lui aussi voulait garder sa jeunesse.Dorian,lui,ira jusqu'au meurtre car son Méphisto,à lui,c'est sa seule conscience,élastique et qui fera de lui un jouisseur,esthète pervers et décadent,oiseau de malheur pour ses amis et ses amours.Pourtant Dorian est une victime,la première,de son hideux pacte qui le dépasse.Trop tard pour faire le bien...

On a tous quelque chose en nous de Dorian Gray,cette volonté de vivre pleinement,cette envie d'échapper aux conventions,cette infinie soif et surtout cette crainte terrible que sur l'écran ne s'affiche le mot "fin" .Dorian Gray a essayé.Son alter ego,père littéraire,Oscar Wilde a essayé.Vivre autrement ne lui a pas réussi...

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1 octobre 2006

Un Japonais à la City

Kazuo Ishiguro,Japonais écrivant en anglais et vivant à Londres est l'auteur des Vestiges du jour,dont James Ivory tira un film magnifique sur l'aristocratie anglaise  et certains des siens tentés par la dictature dans les années trente,mais surtout sur le corsetage de cette société,qui touchait maîtres et valets.

Quand nous étions orphelinsMais aujourd'hui je vous présente Quand nous étions orphelins(Calmann-Lévy et 10/18).Kazuo Ishiguro,homme de deux cultures,écartelé pour le meilleur de la littérature entre Extrême-Orient et Royaume-Uni,nous emmène en voyage dans le Shanghaï cosmopolite des années trente.On se croirait un peu dans un film de Sternberg,aussi fascinant et intrigant que l'enquête menée par Christopher Banks,élevé à Shanghaï dans ce qu'on appelait la Concession Internationale jusqu'à la disparition de ses parents.Rapatrié en Angleterre il n'aura cesse de les retrouver;mais à l'orée du grand conflit mondial,cette portion de Chine est le repère d'espions,de seigneurs de la guerre,de partisans de Mao et de Tchang Kaï Tchek tout aussi sanguinaires.C'est aussi la guerre sino-japonaise.

Kazuo Ishiguro sait à merveille allier le souffle de l'aventure à une profonde réflexion sur la mémoire,sur l'enfance et les déchirements qui nous rendent cette enfance comme une terre étrangère.Je trouve extraordinaires ces écrivains capables de s'immerger dans un pays nouveau tout en restant totalement fidèles à leurs racines.Il y a d'autres exemples,Kundera,Nabokov,etc..Ce sont en général des très très grands.

1 octobre 2006

Monsieur Gaboriau

              Voici l'écrivain que les spécialistes du policier considèrent comme ayant influencé Conan Doyle et Sherlock Holmes; Emile Gaboriau et son détective du XIX° Siècle sont les précurseurs du roman noir. Si vous avez envie d'intrigues criminelles bien ficelées qui explorent la socièté bourgeoise de cette époque entre Les Mystères de Paris et Arsène Lupin ou à peu près plongez-vous dans ces romans très dépaysants tous publiés en feuilletons à l'époque. C'est un régal que de lire ce qu'on appelait des romans judiciaires, les premiers en France à mettre en scène un privé, Monsieur Lecoq, ancêtre de Sam Spade ou Philip Marlowe. Lecture bien agréable en vacances. Gaboriau a beaucoup d'imagination et de la rigueur aussi pour mettre en lumière les minces indices sur l'assassinat du du Comte et de la Comtesse deTremorel,dans le paisible village d'Orcival, en bords de Seine avant l'urbanisation.

  L'affaire LerougeLe crime d'Orcival est le plus connu mais on peut s'amuser avec L'affaire Lerouge ou Le dossier n°113,également écrits avec un souci du détail qui frise le naturalisme. Admirées par Cocteau ou Simenon les enquêtes de Mr.Lecoq conjuguent la poésie du premier et l'analyse sociale du second. Personnellement je vois une certaine filiation à Gaboriau chez le Nestor Burma de Léo Malet. Pourquoi pas? On pourrait citer Poirot et tous les autres.

1 octobre 2006

Vu sous cet angle

Michael Powell est un très grand cinéaste que je connais peu.J'ai bien l'intention de changer ça. De Powell je n'avais vu que Les chaussons rouges, somptueux mélo,probablement le meilleur film sur la danse (48).J'ignorais totalement que Michael Powell avait en quelque sorte signé en 38 un film précurseur du Néoréalisme italien. Il est vrai que certains plans de A l'angle du monde font penser à La terre tremble ce magnifique film de Visconti première manière. Les iliens de cette lointaine Ecosse ressemblent trait pour trait aux pêcheurs siciliens en révolte.

     Premier film indépendant de Michael Powell ce beau film se veut l'héritier d'un Robert Flaherty par exemple avec cette tendance documentaire et ces visages d'autochtones ayant vécu dans les coonditions du film. Le vertige nous saisit devant ce noir et blanc et cette verticalité si bien rendue par la caméra.Juste une petite touche fictionnelle qui ressemble un peu au Pagnol tragique de Regain par exemple. Ce n'est pas un hasard si l'on en vient à Giono, auteur de Regain car A l'angle du monde est un poème visuel élégiaque digne de l'ermite de Manosque qui aurait émigré sur une île de l'archipel des Shetland.

    Pour moi:une découverte d'un cinéaste éclectique dont les images évoquent avec leur caractère propre aussi bien Rossellini que les maître japonais.

1 octobre 2006

Une chanson:A horse with no name

Horse With No Name

     Voici un cheval qui eut son heure de célébrité bien qu'anonyme.Le trio America n'a en général pas très bonne presse dans les anthologies.Catalogués pâles copieurs,Crosby,Stills and Nash du pauvre,etc... ces trois folkeux ne sont certes pas des aigles mais je ne suis moi-même pas toujours un aigle et là je sens que je vous déçois.Bref ces oiseaux d'Amérique qui vivaient en Angleterre ont aligné quelques tubes un peu interchangeables et dans la  lignée Byrds(pardon Thom), CSN puis CSNY, Poco, Burrito, Buffalo Springfield ils sonnent un peu fin de race.

    Mais,car il ya un mais,le grand sentimental qui sommeille en moi a gardé toute son affection à ce cheval,qui depuis est devenu une rossinante,comme à un vieux cheval de bois de mon enfance.S'il vous plaît ne brisez pas mes rêves et écoutez-le avec dévotion et recueillement.

  http://www.youtube.com/watch?v=FkoldPBdROEHI hi hi!

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30 septembre 2006

Le maître du mélo


Des magnats du pétrole,le Texas,l'alcool et la frénésie,c'est un univers impitoyable qui vous rappelle quelque chose.C'est surtout l'un des nombreux chefs-d'oeuvre de Douglas Sirk,justement renommé comme le grand maître du mélo.Sirk mérite bien des adjectifs,:tout est somptueux,les voitures rutilantes,les familles déchirées,les amours imposssibles,etc..Cela pourrait être trop.En fait c'est parfait.Il hisse le drame mondain au niveau de la tragédie.Tant de force de conviction dans ses propos nous entraîne dans un  tourbillon,essence même du cinéma de caractère.A pleurer d'émotion,Ecrit sur du vent,mais aussi Mirage de la vie(France 3 garde encore une case ciné-club),ou encore Le temps d'aimer et le temps de mourir,Le secret magnifique.Bienheureux Parisiens qui peuvent voir l'intégrale Douglas Sirk à la Cinémathèque.

29 septembre 2006

Crooner

Crooner

 

Soir maussade à Baltimore

La baie de Chesapeake en sa torpeur

Et les papillons noirs

Dont souvent je te parle ma belle

Ceux que je connais bien

Ceux d’avant toi

M’ont arraché au salon du Plaza

Où je n’écrivais rien

Des pas métalliques au long d’une rue tiède

Résonnaient dans ma tête envahie

Des visages d’avant.

La ville était laide

Sa disgrâce était mienne 

Slogans racoleurs,hideurs allumées

Me rongeaient en dedans.

Piano-bar plus loin au coeur de la nuit

Des rires filtraient

Comme ballade d’un café triste

Au delà des stores

Envie de rencontres

Bien maigre rendez-vous

Amore,love,susurrés

L’homme n’était pas Sinatra

Pourtant il est des soirs à Baltimore

Comme à Rome ou à Paris

Où l’eau-de-rose a le goût de nos larmes.

Il y a des instants

Sont-ils privilégiés

Où le doux malheur revient

Qu’on croyait exilé

Quand des prénoms de femmes

Dansent sur des mélodies banales

Cette nuit d’Amérique m’a cogné

Et le coeur au tapis

J’ai pleuré sur elle et sur moi.

La fille de la pénombre

Sortait d’une histoire de Chandler

“Strangers in the night”

Lizzie,Rosanna

Je ne sais plus son nom

Mais je sais son regard

Et l’Italien chante encore

L’amour,ses mots de pacotille

Soir de naufrage,seule la musique des âmes

A tracé sur elle et moi

Une fine brûlure

Longue,longue...

C’est elle aussi mon film américain

La fille de Baltimore

C’est la couleur d’un alcool

Un chanteur de charme anonyme

Des étrangers dans la nuit

Une détresse,le mal des autres

Croquis de mémoire

Flash-back sur ces moments

Si précieux,si lucides.

Chez moi,ici,nulle part

L’heure est quelconque

Plutôt oblique

J’écoute Frankie

“Strangers in the night”

26 septembre 2006

Après la chute


Quelques mots pour revenir sur La chute,film allemand sorti au printemps sur les derniers jours d'Hitler dans son bunker de Berlin.Le film d'Oliver Hirschbiegel me semble très honnête et nous rappelle qu'il n'existe pas de personnage interdit au ciinéma.D'ailleurs on avait très peu vu Hitler en chair en en os,si j'ose dire jusqu'à ce film .Et même dans La chute,Hitler disparaît assez rapidement.


On pourra toujours objecter qu'il sera toujours disparu trop tard dans l'Histoire,certes.Sérieusement La chute décrit,je pense,assez justement la paranoïa qui avait saisi le dictateur(grande prestation du grandissime Bruno Ganz),et plus encore le climat de règlements de compte qui régnait dans la clique aux abois,qui m'a fait penser à une bande d'assassins et gangsters s'accusant mutuellement pour tenter de sauver leur peau .Quoiqu'il en soit c'est un film courageux, mille coudées au-desssus de la production courante,qui vaut le déplacement avec peut-être un minimum de pédagogie pour les plus jeunes.Enfin,après Good-bye Lénine va-t-on  découvrir le nouveau cinéma allemand?


Les hasards du blog de la Comtesse font que cette note vient après le poème Les brutes avaient raison.Encore un raccourci de l'Histoire.

24 septembre 2006

Les brutes avaient raison

Les brutes avaient raison

 

Ils avaient raison et moins de meurtrissures

Dévoreraient mon âme et mon ventre

En serait moins aigu

Ils avaient raison,Savonarole et tous les autres

Les hommes noirs de Nüremberg

Comme les incendiaires de Fahrenheit

Et le monde aurait dû laisser brûler

Sa mémoire et ses racines.

Mais peut-être n’est-il pas trop tard?

Amis,là,dès ce soir,détruisons les livres

Tous, même les anodins

Tous ceux qui pensent et se livrent nus

Se vautrant dans l’écriture

Sont porteurs du malheur

Et dégénérescence

Il ne faut pas que ces guides nous emmènent

Il est des voyages sans retour

Si les mots nous piègent

Et referment sur nos mains

L’acier et le venin de poésie

Les brutes avaient raison...

La peste soit de ce chevalier à la triste figure

De son pleutre écuyer.

Et les amants de Verone

Ou bien ce bateau ivre

De sombres influences...

Pourtant peut-être,peut-être si j’osais

J’aimerais sauver,là,voyez-vous

Celui-là,très vieux et usé

De toute façon presque illisible

Et puis maintenant je me souviens

C’est un livre,un livre où

Il ne se passe rien

Un désert,vous dis-je,et quelques soldats

Sans ennemis,sans raison d’exister

Quoi de plus dérisoire qu’un petit lieutenant

Qui attend,qui attend

L’exemplaire est laid,l’oeuvre quelconque

Laissez le moi encore un peu

Le héros n’en est pas brillant

Mais c’est un peu mon frère

D’expectative

Et si l’ennemi était là,demain matin...

Mais j’y pense et vous

Lequel vous est attaché

Au point de l’épargner,de l’adopter?

Un livre,rien qu’un et c’est un peu quand même

Pour la barbarie le début de la fin.

Si c’est moi qui avais raison...

 

     Ce poème n'aurait jamais vu le jour sans Ray Bradbury ni François Truffaut.Merci à eux.

     Peut-être conviendrait-il aussi de citer Rimbaud,Cervantes,Shakespeare et Buzzati.

21 septembre 2006

La tournée du Patron

J'ai deux nouveaux disques et ils ne sont pas sans liens.Le hasard fait bien les choses.La fête des Pères m' a ainsi nanti du Seeger sessions de Springsteen. Voilà un homme qui incarne l'Amérique, celle que j'aime et qui est capable de s'approprier toute la musique de ce pays. Certaines de ses oeuvres sont un peu pâles mais connaissez-vous des créateurs d'une telle envergure qui en 35 ans de métier n'ont jamais eu l'ombre d'une faiblesse?                                                                                             

We Shall Overcome : The Seeger SessionsQuoiqu'il en soit We shall overcome est un vrai disque live enregistré en trois sessions et bourré d'énergie.Cet hommage au folk-singer Pete Seeger est uniquement composé de traditionnels réinventés en quelque sorte par Seeger au début des années soixante. Curieux de constater combien le Boss est à l'aise avec ces musiciens qui semblent à la fois sortir d'un bal cajun,d'un orphéon avec Louis Armstrong,d'un pub de Galway,ou d'une église noire un jour de Pâques.Springsteen nous donne là un très beau disque devant le quel de beaux esprits feront sûrement la fine bouche. Ils auront tort. Ecoutez-le et vous aurez des fourmis dans les jambes tant banjo,accordéon,cuivres et piano type bastringue revisitent la musique populaire américaine sous la houlette du Patron.

Alors merci Patron.Et remettez-nous ça!Que ce soit la joyeuse gigue de l'alcoolique Old Dan Tucker,la déchirante ballade Mrs.McGrath ou les road-songs à nous faire redécouvrir les grands espaces My Oklahoma home,Erie Canal ou la bien jolie complainte Shenandoah.Tom Paxton est sûrement très fan de We shall overcome,lui dont j'aimerais faire connaître quelques vieilles chansons.

Ramblin' Boy / Ain't That NewsCe disque de Tom Paxton est donc tout à fait d'actualité puisque regroupant deux albums parus en...64 et 65. Nous sommes à l'époque en pleine renaissance folk aux Etats-Unis et Pete Seeger, Bob Dylan débutant et acoustique, Peter,Paul and Mary deviennent célèbres et l'Europe commence à s'intéresser. Pour Robert Zimmerman on connaît la suite. Tom Paxton est resté dans l'ombre et cela lui va très bien. Bien sûr certaines de ses chansons sont empreintes d'une naïveté très sixties avec le Vietnam et la ségrégation:What did you learn in school today?, The willing conscript, Lyndon Johnson told the nation. Mais j'aime surtout les éternelles chansons contant l'histoire sans âge de ces types traversant le continent à la recherche d'un boulot, aux amours très incertaines et à l'avenir tout aussi peu sûr, comme Ramblin' boy, My lady is a wild flying dove,Bound for the mountains and the sea. Pas mal de ces chansons avaient été adaptées plutôt bien par Joe Dassin et Graeme Alwright, un peu déracinés eux aussi.Ma préférée:I can't help but wonder where I'm bound.

    "I had a little girl in time,she had lips like cherry wine.  But I was too blind to see,she was drifting away from me and she went on a morning train"

   Voilà.C'est toute la vie, un boulot pas facile, la route  et une fille qui vous laisse par le premier train du matin ou le dernier bus du soir.C'est toute une putain de vie, c'est un peu la vôtre peut-être,c'est un peu la mienne. Et pourtant on y tient à cette vie. C'est le folk,c'est le blues. Ailleurs on peut appeler ça le fado ou la saudade. Franz Schubert appelait cela des lieder. C'est toute la musique du monde avec tout son mal-être. C'est douloureux, c'est simple , c'est beau.   

20 septembre 2006

Anthony Mann sans James Stewart


Anthony Mann,admirable utilisateur du temps et de l'espace à l'Ouest,n'est pas que l'auteur d'une "pentalogie"(néologisme que je viens d'inventer) avec James Stewart.Pour mémoire:Winchester 73,Les affameurs,L'appât,Je suis un aventurier,L'homme de la plaine.J' ai vu La charge des tuniques bleues(55) dont le titre français très guerrier fleure bon les années 50.En V.O.The last frontier correspond mieux à cette notion de géographie dont tout bon western est pourvu.


J'avoue que cette affichette fait plus penser à  un album d'enfants qu'à un western épique.Sans être inoubliable The last frontier nous présente trois archétypes solides et classiques:l'officier viellissant et borné(Robert Preston),en clair la baderne(Avez-vous remarqué qu'une baderne est toujours vieille?),le jeune capitaine plus idéaliste et en conflit avec sa hiérarchie(Guy Madison) et l'éclaireur(scout),homme des bois,trappeur illettré et ivrogne mais qui veut se refaire(Victor Mature).


              Il y a un fort à défendre,la femme du colonel qui va tomber sous le charme du rustaud.Il y a surtout l'éternel mythe de la conquête de l'Ouest qui a fourni au Cinéma tant de légendes.La pierre  apportée à l'édifice du Western n'est pas ici un mur portant mais un modeste rondin très honorable.Evidemment la "pentalogie" c'est autre chose.


A propos d'affiches voici le somptueux album Le souffle de l'Ouest,composé des affiches de Dominique Blattlin,grand collectionneur et cinémane,nanti d'une préface de Patrick Brion.Vous y retrouverez aussi bien Stagecoach que les cow-boys chantants et les serials du muet,panorama naïf et merveilleux de nos rêves d'être Jesse James ou Davy Crockett.(Carnot et A3 Editions)


27.12.05 16:03

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19 septembre 2006

Une chanson:Mr.Bojangles

Bill Robinson        Novembre1949. 500 000 personnes massées entre Harlem et Brooklyn .Les funérailles de Bill "Bojangles" Robinson tournent à l'émeute. Bien que mort sans le sou le petit danseur des rues de Richmond (Virginie) était devenu l'incontestable empereur des claquettes que toute l'Amérique noire pleurait. Depuis les Etats-Unis fêtent tous les ans le Tap Dance Day et chantent la superbe mélodie Mr.Bojangles qu'ont interprétée entre autres Neil Diamond,Robbie Williams,Harry Belafonte,Nina Simone .Permettez-moi de vous présenter ma version préférée,celle du Nitty Gritty Dirt Band,sorte de conglomérat basé à Nashville et composé depuis 40 ans de tout ce qui s'est  fait ou presque dans le domaine country.Je les considère comme l'équivalent des octogénaires de l'Old Preservation Hall de la Nouvelle-Orleans.Une sorte de Nashville Social Club...Cette version est la plus magique et le plus bel hommage des countreux,qu'on dépeint parfois d'une manière très caricaturale comme toujours,à cet art premier afro-américain:les claquettes.La chanson n'est pas une vraie bio de Bill Robinson mais une variation sur  un danseur des rues,écrite par Jerry Jeff Walker.

Clac!Clac!   http://www.youtube.com/watch?v=bBCXw14cbKE

16 septembre 2006

L'îlot non loin de l'ïle

   

      La vague irlandaise semble illimitée.Ne dit on pas dans la verte Erin que tous les Irlandais sont des écrivains? Eireann de Lorient ne me contredira pas. O'Connor(enfin l'un des 100 000 Irlandais à s'appeler ainsi) est un pilier de la génération intermédiaire dont je vous ai déjà présenté quelques fleurons,Toibin, McLiam Wilson, Doyle.J'avai lu et aimé Le dernier des Iroquois et L'Etoile des mers qui racontent respectivement les tribulations d'un jeune punk en Angleterre et un voyage d'émigrants irlandais après la Grande Famine.

    Inishowen                          Inishowen est un coin perdu du nord de l'Irlande, mais pas d'Irlande du Nord. Un flic de Dublin a l'intention de revenir sur la tombe de son fils tué par des gangsters.Une Américaine malade  revient au pays pour tenter de retrouver sa mère qui l'a abandonnée.

  Inishowen est un livre remarquable et"irlandissime" par les thèmes que Joseph O'Connor brasse avec talent. L'éternel rapport de l'Amérique et de l'Irlande à travers le personnage d'Ellen et sa quête de sa propre naissance au seuil de la mort, la violence d'une socièté fratricide qui a longtemps prévalu dans ce pays, la rude beauté de ces régions qui avant d'être à la mode ont été meurtrières de misère, l'amour de ces deux destins cassés tissent une trame romanesque, ce qui est pour moi une grande qualité littéraire et devrait réjouir de nombreux lecteurs pas forcément comme moi aficionados de de cet Extrême-Ouest européen.

   Rien ne manque dans ce livre, même pas une petite déception en ce qui me concerne:le côté un peu convenu de la famille américaine qui vire à la farce.Pas grave:O'Connor a tant de souffle que l'Atlantique n'a qu'à bien se tenir.A retenir Yeats cité par O'Connor:

       "Mon âme est enchaînée à un animal mourant"

15 septembre 2006

Un silence éloquent

La vie silencieuse de Marianna Ucria

Très belle écriture que celle de Dacia Maraini, somptueuse, qui nous entraîne au coeur de la Sicile du XVIII° Siècle. Le destin d'une femme, murée depuis sa naissance dans un total mutisme qui saura prendre conscience et vivre pleinement dans une île pétrie d'archaïsmes et de préjugés. La lecture sera le révélateur de cette sensibilité à vif et Marianna Ucria, la jeune aristocrate, mariée à 13 ans, pas plus mal qu'une autre d'ailleurs, verra son existence virer de la monotonie à l'exaltation, annonçant la prise en charge par les femmes de leur avenir. Marianna n'est pas une suffragette,non,mais une héroïne dont le romantisme saura faire corps avec une volonté de fer pour bouleverser le monde à sa manière.

     Dacia Maraini,fille de la noblesse sicilienne a grandi près de Palerme,cette ville secrète et fascinante où se situe l'histoire de Marianna Ucria.

     Emmanuelle Laborit a incarné l'héroïne dans le film homonyme de Roberto Faenza en 97, La Vie silencieuse de Marianna Ucria.

12 septembre 2006

Cinépsy



Excellente thématique sur Arte avec un document sur cinéma et psychanalyse : Un écran nommé désir,suivi de Freud,passions secrètes du grand John Huston. Introduction à la psychanalyseLes noces de la psychanalyse et du cinéma , qui ont le même âge, n'ont pas toujours donné des chefs-d'oeuvre mais leur descendance compte cependant nombre de réussites.

Ce bon document analyse finement les rapports avec des interventions de Fellini, Bergman, Cronenberg, Lynch, Mankiewicz, Lang... Tous ces géants ont en commun un cinéma source d'introspection et d'autoanalyse avec des films en relation avec l'enfance,la famille,le désir. C'est évidemment le cas de presque toute  création.J'ai retenu une jolie citation que je partage : "Le cinéma nous prive de notre propre imaginaire en nous imposant celle des autres". J'ai toujours pensé qu'effectivement le cinéma  pouvait ainsi nous amputer. Bon, quand les chirurgiens ont le talent de Fritz Lang, Hitchcock, Bunuel, on peut considérer que leurs fantasmes valent bien les nôtres.

     C'est vrai que le cinéma et la psychanalyse ont un langage en commun:image,projection, fauteuil ou divan, récession,obscurité... Ce document fourmille de découvertes et donne envie d'approfondir.A mon niveau ce ne sera pas difficile d'approfondir vu l'état de mes connaissances en ce domaine.Un film "freudien" par excellence,un seul ? La nuit du chasseur.   

    Freud,passions secrètes,de John Huston (62), peu goûté lors de sa sortie, est une bonne approche de la psychananlyse. On sait que Huston  a été capable de transcender Hollywood pour nombre de réussites.Sa filmo comporte bien des perles et quelques ratages.Freud n'est pas un biopic sans âme et d'un académisme lourdissime comme certaines biographies(Chaplin,Wyatt Earp par exemple).

     Sartre avait écrit un premier scénario non crédité en désaccord avec Huston. Le film ne s'interroge que sur les premières années de Freud et la découverte du lien profond entre le souvenir,le rêve,l'enfance et le désir. Freud a bien sûr beaucoup déplu à ses collègues avec ses traités sur le complexe d'Oedipe,jugés scandaleux. J'ignore presque tout du sujet mais pense que ce film honnête est une initiation avec sûrement pas mal de raccourcis mais aussi une interprétation assez habitée de Monty Clift. On aurait pu laisser le Professeur Charcot(Fernand Ledoux) parler français.

12 septembre 2006

Des rives de l'Ontario aux brumes picardes

Le chemin des âmesIl existe des milliers de livres sur la guerre 14-18 et non des moindres. Celui du canadien Joseph Boyden mérite une place aux côtés des plus grands malgré le jeune âge de l'auteur dont c'est le premier livre. Elijah et Alex,deux indiens de l'Ontario tentent de survivre comme bien d'autres dans le bourbier de la Grande Guerre. C'est cette expérience au jour le jour que décrit Joseph Boyden en phrases assez sèches dénuées de lyrisme ou la peur au ventre et le boucan d'enfer sont les compagnons du quotidien.Ce qu'endurent les sens des soldats de l'odeur des cadavres aux gaz de combat,de la surdité aux vomissements,ne va  pas disparaître au retour du survivant dans son lointain pays.

    D'une violence tranchante et sans détours Le chemin des âmes est aussi initiatique bien sûr puisque les hommes d'après la guerre sont de tout temps les enfants de ce conflit plus encore que de leurs vertes années quand bien même celles ci se seraient déroulées sur les rives du Lac Ontario. A son retour au Canada Alex le survivant est accueilli par sa seule famille,sa tante à l'esprit fragile et c'est par une double narration(Alex et Niska) que Boyden tisse ce récit bouleversant et si humain,simplement humain. Précipitez-vous sur la merveilleuse collection Terres d'Amérique chez Albin Michel.Bien sûr vous êtes en droit de préférer la rentrée littéraire française...

12 septembre 2006

Sans issue

  In Cold Blood On a compris dès le début de De sang froid,réalisé en 66 par Richard Brooks,d'après le livre de Truman Capote que l'on redécouvre actuellement,lui même tiré d'un fait divers,que la cavale de Perry et Dick sera leur dernier voyage.Richard Brooks,qui fut journaliste et  gardera pour ses mises en scène un style souvent proche du reportage retrace simplement la dérive des jeunes assassins,loin du romantisme(?)de Bonnie et Clyde,loin aussi de l'esbrouffe de Tueurs-nés(Oliver Stone). De sang froid c'est simplement une séquelle de l'Amérique comme plus tard Bowling for Columbine,une certaine démagogie en moins.

La sobriété,la précision d'entomologiste du regard de Brooks,le jeu sec et froid des acteurs nous glacent et nous dérangent car nulle trace de réel exotisme dans ce film. De sang froid arrive aussi près de chez nous.

Bien sûr le dernier quart d'heure débouche sur la question de la peine capitale et s'en trouve peut-être un peu plus conventionnel quand on sait qu'au simplisme des uns répond toujours l'angélisme des autres.Une bouffée d'air quand nos tueurs jouent bon gré mal gré la solidarité avec un gamin et son grand-père qu'ils prennent en stop...A noter que les personnages caressent un moment un rêve mexicain et citent Bogart et Le trésor de la Sierra Madre.

9 septembre 2006

Défense des classiques

Honoré de BalzacIl est bon ton de se gausser des grands classiques de la littérature française ou étrangère comme si tout ce qui était antérieur à notre siècle(et à celui d'avant) n'était que vague souvenir scolaire donc synonyme d'ennui et de pensum.Moi j'aime à m'y replonger de temps en temps d'abord par amour des lettres et passion de la langue française, si maltraitée par ailleurs.Et puis parce que par exemple Une ténébreuse affaire d'Honoré de Balzac nous en apprend bien plus sur une époque, avec ses scandales,ses faits divers et ses affaires privées ou publiques que certains films de l'ineffable Dayan entre autres.

    Il y a dans ce roman tout ce qu'il faut de trahisons,de vengeances et d'ambitions pour nourrir des scénarios et des images.D'ailleurs les images l'auteur de la Comédie humaine s'y entend à les faire naître au travers de descriptions somptueuses du terroir français et de la vie  quotidienne.

      Enfin j'entre dans un classique avec une certaine ferveur parfois déçue mais je n'oublie pas ce que la littérature doit à Villon, La Fontaine, Molière,Voltaire, Musset, Maupassant et tous les autres. Si vous lisez un peu les billets de la Comtesse vous savez que ce goût des classiques n'empêche pas des admirations plus contemporaines.Vive toute la littérature de Homère à Bret Easton Ellis.

7 septembre 2006

Une chanson:All my loving

Pas de commentaire.Essayez seulement d'imaginer un monde sans eux.Certains pensent que d'autres auraient eu cette influence à leur place.Je n'en suis pas sûr.Ce dont je suis sûr c'est que ce sont eux les vigies qui ont les premiers aperçu la côte dans ce long voyage.Je sais:il y a eu des précurseurs.Mais je sais aussi que l'Histoire c'est eux qui l'ont initiée.Je sais ce n'est pas votre groupe préféré.Moi non plus figurez-vous.Oui mais voilà:sans eux je ne serais rien.Je sais:cette chanson est très anodine.Oui mais voilà une poussière donne naissance aux étoiles et la vie change,un peu moins banale...

http://www.youtube.com/watch?v=TQnsx_qnAuE  Ecoutez

2 septembre 2006

Parler de Chaplin

    

                       PMr. VERDOUXarler de Chaplin lors de quatre interventions à l'Université du Temps Libre a été pour moi l'occasion de revoir et de comprendre l'oeuvre du cinéaste qui reste à ce jour le nom le plus connu du Septième Art. Chaplin est si grand que je n'avais abordé que quatre thèmes précis dont je vous livre quelques bribes.            

J'ai présenté Chaplin  en commençant par les "longs courts métrages" de la période First National car je pense qu'il trouve à partir de la création de ses propres studios une ampleur qui manquait peut-être un peu,malgré la drôlerie et la perversité des meilleurs films précédents.         

    Et quel plaisir d'entendre les rires lors des extraits présentés car ces huit films First National sont tous de haut niveau,avec des points culminants dans Jour de paye(kafkaïen mais si drôle).  Une vie de chien (où l'on croise en quelques plans les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse selon Charlot: le froid,la faim,le sommeil et le chômage plus un cinquième,le policeman), Charlot soldat (ou de la difficulté d'adaptation chronique du vagabond à marcher au pas,et l'homme déguisé en arbre et qui se cache en forêt).             

Les Temps modernes - Édition Digipack 2 DVD [Inclus un livret de 8 pages]

Les deuxième et troisième parties présentaient Les lumières de la ville et  Les temps modernes, avec les profondes différences qui existent entre les deux films et que l'on ne soupçonne pas toujours. A l'étude on voit bien que Charlot quitte la scène, en fait,après Les lumières de la ville car le Charlot des Temps modernes a déjà un accent grave et prophétique qui annonce la fin du vagabond "à l'ancienne" pour devenir un personnage plus en phase avec le Siècle et ses inquiétudes. C'est l'anticipation des films parlants de Chaplin,pas inférieurs aux muets, et qui au contraire les complètent pour faire de l'oeuvre de Charles Chaplin la plus cohérente qui soit.         

    Mais la vraie découverte pour les auditeurs a été le troublant Monsieur Verdoux ( Le Dr.Orlof ne me contredira pas), cette variation sur Landru rachetéeà Orson Welles. Plus que troublant,d'une redoutable perversion Verdoux l'assassin de femmes expiera 30 ans d'honnêteté à la banque et quelques années de crimes de misogynie( ce que je peux comprendre) par une mort sur l'échafaud messianique,christique et terriblement pessimiste. Même s'il semble que dans cet ultime avatar d'un Charlot qu'on n'aurait pas reconnu(selon Bazin), Verdoux s'offre en  rachat des turpitudes du monde,coupable de bien pire.

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