Ne pas oublier Palerme
Je consulte bien des blogs ciné,très variés,et je me suis aperçu que même les blogueurs férus de classiques ne parlent guère du cinéma politique italien des années 70.Ce cinéma semble avoir très mal vieilli et n'être plus guère à l'honneur.L'un des spécialistes était le metteur en scène Elio Petri(1929-1982),moins connu que Francesco Rosi.Rosi avec Main basse sur la ville,Lucy Luciano,L'affaire Mattei, Cadavres exquis a un moment eu la côte puis,les choses étant ce qu'elles sont,le cinéma,facilement versatile est passé à autre chose.On a donc peu lu en France l'écrivain sicilien Leonardo Sciascia,auteur de Cadavres exquis,et de deux romans portés à l'écran par Petri,Todo modo et A chacun son dû.
Je trouve aussi que l'on a très vite oublié Gian Maria Volonte, acteur engagé s'il en était et qui fut de la plupart des films courageux de l'Italie de cette époque.Moi qui tente une modeste histoire du cinéma italien et de l'influence néoréaliste qui persiste en lui jusqu'à Moretti et Lucchetti je conserve un vif intérêt pour ces films maladroits mais sincères,un tantinet dogmatiques mais que la France n'a guère su faire éclore,toute auréolée de la fameuse exception française d'une ahurissante prétention.La filmographie de Volonte passe en dehors de Rosi et Petri par les cases Melville,Boisset,Delvaux,Littin,Zurlini et ...Sergio Leone.
Souvent le filtre de l'histoire policière sert de sauf-conduit pour dénoncer l'affairisme et les corruptions, ces gangrènes de la péninsule(pas seulement,mais les cinéastes italiens eux ,ont su en parler).C'est le cas du peu connu A chacun son dû,où l'on voit dès les premières images d'élégants hommes de noir vêtus qui se signent au sortir de la cathédrale,et des balles perdues dans le maquis sicilien.L'archevêque a des amis haut placés,l'avocat et le notaire s'offrent un conciliabule,les amants reçoivent d'anonymes plis menaçants et les veuves pleurent comme au théâtre.Partie est liée entre les puissants,rien là-dedans de bien surprenant. Le film,en tout état de cause,ne vaut pas les oeuvres citées plus haut.Il donne cependant une idée de ce cinéma italien qui,au moins qualitativement,a toujours été plus au fait du pays que n'importe quel autre.