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8 octobre 2006

Docteur et dictateur

     Je n'avais pas revu le premier film de Richard Brooks depuis 40 ans.Il me paraît toujours très fort bien que les éléments politiques datent des années cinquante.Mais la dictature est un art qui n'est pas encore démodé et on peut tenter de tirer les leçons de cette fable qui a peut-être un peu inspiré Francesco Rosi ou Costa-Gavras. Cas de conscience(1950) met en scène le neuro-chirurgien américain Cary Grant obligé d'opérer le tyran d'un pays d'Amérique Latine,José Ferrer.Pressé par l'opposition de faire mourir son patient en kidnappant sa femme,que va faire le Docteur Ferguson?

   Bien des conventions d'époque bien sûr dans ce film américain du libéral Richard Brooks.Je rappelle que libéral n'est pas une insulte.Mais c'est aussi une sorte de thriller intelligent et relativement ambigu comme en témoigne la fin.José Ferrer dont c'est à mon avis l'un des meilleurs rôles est hallucinant de glaciale vérité et de logique tyrannique et m'a fait penser un court moment à Aguirre-Kinski,sacrée référence.

    On verra aussi dans ce film une discrète mais efficace critique de l'interventionnisme américain sous les traits les plus séduisants qui soient,ceux de Cary Grant.Moi qui suis paramédical mais pas chirurgien il me semble que mes mains trembleraient  si je devais opérer du côté de La Havane,Pyong-Yang,Tripoli ou Téhéran.Et plus encore à Achqabat, Turkménistan,dont vous connaissez peut-être le si sympathique Niazov, président à vie,dont la statue tourne avec le soleil et qui à entre autres interdit l'opéra.Entre autres...

   

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7 octobre 2006

Le capital des Marx

     Mon excellent confrère en marxisme Eric m'a donné l'idée de vous parler des délicieux romans policiers de Stuart Kaminsky qui ont pour particularité de se dérouler à Hollywood de la grande époque. Autre particularité:ils sont affublés de titres français en forme de calembours de café du commerce comme Pour qui sonne le clap ou Chico,banco,bobo qui mettent en scène,devinez,Gary Cooper ou les Marx Brothers.

Chico banco boboKaminsky utilise les vrais décors et les vrais vedettes de Hollywood et les met aux prises avec de grandes difficultés financières ou intimes. Heureusement Toby Peters veille au grain,privé improbable croisement  des cultissimes Spade et Marlowe. C'est un détective au dos fragile,obligé de s'allonger sur une planche régulièrement et toujours fauché et plaqué. Entre escroqueries aux assurances,producteurs véreux et tueurs à gages peu loquaces Toby Peters aide Errol Flynn,Bette Davis ou Judy Garland à sortir de mauvaises passes.

    Rien de bien sérieux là-dedans mais beaucoup de clins d'oeil au cinéma que l'on aime et de bons moments auxquels il ne faut pas trop demander.Pour du plus lourd voir les "hard-boiled"(Durs à cuire) Chandler,McCoy,Hammett...A noter que Kaminsky quand il ne plaisante pas est quand même scénariste de Il était une fois en Amérique.Allez vous régaler chez 10:18,au moins une dizaine de titres parus.De puis le temps que je mets en évidence leurs couvertures ils pourraient me verser une prime.

7 octobre 2006

Joies matrimoniales

Inédit pour moi ce film d'Alfred Hitchcock est rarement cité par les innombrables fidèles du rondouillard maître du suspense.De fait c'est une comédie américaine plus proche de Hawks ou Cukor,une histoire de couple avec jalousie et parsemée d'humour, pas assez à mon gré, mais néanmoins très sympathique. Hélas je me suis infligé une version française calamiteuse qui gâche la prestance de Robert Montgomery et le trouble de Carole Lombard. Le titre français de l'époque Joies matrimoniales est tombé en désuétude. Bien sûr le film aussi,enfin en partie.

    Pourtant un film d'Hitchcock conservera toujours quelques qualités à savoir le portrait des parents particulièrement coincés du prétendant de Carole Lombard, ou la scène du restaurant ou Robert Montgomery fait semblant de parler à sa voisine de gauche, élégante alors qu'il dîne en vérité avec sa voisine de droite qui est une...une...une moins élégante. Charmant film que Mr.and Mrs.Smith. N'oublions pas qu'au coeur du frisson et de l'inquiétude Sir Alfred a toujours ménagé l'humour.

4 octobre 2006

Renoir en Amérique

Jaquette du DVDAu programme deux films réalisés par Jean Renoir en Amérique.L'homme du Sud(46) souffre d'une comparaison fréquente avec Les raisins de la colère,oeuvre évidemment plus forte et plus enracinée que cette évocation somme toute assez sage de la dure condition des ouvriers agricoles du sud cotonnier.Le rythme des saisons est bien perçu et on peut peut-être avec beaucoup de volonté trouver quelques ressemblances avec mon cher Néoréalisme.J'ai dit peut-être. Ce Renoir là est estimable mais n'a pas grand-chose à voir avec la corrosion de La règle du jeu ou la subversion du Crime de Mr.Lange. Pour la famille néoréaliste revoir Toni(34).Une originalité:le seul film à ma connaissance où un poisson-chat joue un rôle important.Il a même un prénom que j'ai oublié.

    Un peu plus ancien,L'étang tragique a été tourné avec des acteurs connus,Dana Andrews,les deux Walter,Brennan et Huston,Carradine, Anne Baxter et se passe aussi dans le sud,en l'occurence les marais de Georgie. Il s'agit d'une histoire de rédemption et de conflit homme-nature dans le cadre d'une chasse à l'homme dans les marécages très cinégéniques.Pour Renoir une occasion de faire son métier autrement. Au bout du compte deux films à connaître pour mieux appréhender la parenthèse américaine relativement longue de Jean Renoir,ce metteur en scène très français mort à Beverly Hills.

4 octobre 2006

Brève rencontre à Paris

Jolie idée que d'avoir repris 9 ans après le couple qui s'était rencontré à Vienne,autre capitale romantique car nous y voilà,nageant en plein romantisme.Et j'aime ça.Je découvre aujourd'hui même Before sunset mais je n'ai pas encore vu Before sunrise du même Richard Linklater avec les mêmes Ethan Hawke et Juile Delpy.Cette courte histoire de retrouvailles à Paris(Notre-Dame,bateaux-mouches,arrière-cours,cafés et librairie) m' a séduit ou y ai-je vu un peu de Truffaut?(La fameuse fidélité truffaldienne aux personnages,le livre écrit par Jesse,les"Je te raccompagne".L'inspiration est bien sûr très littéraire et nous sommes en bonne compagnie,un peu hors du temps et en toute invraisemblance.Cependant il y a un peu du conte de fées dans ce beau film à contre-courant qui voit les gentils amoureux se retrouver et peut-être que c'est ça la vie,attendre l'occasion de revoir celle ou celui qui aurait pu...Improbable mais le Cinéma est aussi là pour donner corps à l'improbable.Ethan Hawke et  Julie Delpy très impliqués ont participé au scénario et leur complicité est manifeste.C'est un peu bavard mais cela rejoint la longue tradition de l'écrivain américain à Paris qui nous a donné Hemingway,Fitzgerald,Miller, James Jones,pas les plus mauvais.J'ai bien envie de voir Before sunrise mais aimerais bien l'avis des cinéphiles.

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2 octobre 2006

La rude nature de l'homme

Les Moissons du ciel Le très peu prolixe Terence Malick n'encombre pas les écrans.Mais quelle sensibilité se cache chez cet homme dont  le moindre plan éclate d'une telle beauté formelle sans pour cela tomber dans la froideur académique?On emploie beaucoup le mot panthéisme qui me semble assez juste même si Giono n'est pas un écrivain qui me touche beaucoup.Pourtant les personnages des Moissons du ciel ont une fougue et une aura dignes de l'ermite de Manosque.Mais ce dernier n' a pas le monopole du lyrisme rural.Ce film pourrait être italien,de la grande époque des Fratelli Taviani,ces cinéastes glorifiés il y a 30 ans et peu en vogue aujourd'hui. Il y a dans cette vision de l'Ouest américain campagnard quelque chose de Kaotique au sens pirandellien du mot qui nous ramène à la brutalité d'un maëlstrom sicilien âpre et tragique avec son incendiaire beauté à couper le souffle.Peu au fait du cinéma africain il me semble aussi que peut-être Souleymane Cissé filme ainsi la jeunesse dans Yeelen ou Le vent.

    Les fulgurances de Terrence Malick,que ce soient les plans sur les animaux notamment les oiseaux qui semblent sortir des gravures d'Audubon ultra-américaines,le feu ou le fléau des criquets ne sont pas là pour ponctuer un discours mais comme d'indissolubles liens dans cette rude,très rude histoire des hommes. De tout jeunes acteurs Richard Gere, Sam Shepard et Brooke Adams ne seront plus jamais aussi bien employés. Malick réussit le prodige d'une oeuvre très américaine qui tend vers une peinture universelle de la violence du monde qui  a pourtant de bien belles couleurs.Autre bonne idée:l'arrivée des clowns du cirque comme des pionniers de l'aviation.

1 octobre 2006

Quelque chose en nous de Dorian Gray

Le portrait de Dorian GrayEt de maléfique aussi,quelque part au fond de nous.Adaptation magistrale du dandy Albert Lewin d'après le livre du dandy Oscar Wilde,avec le  dandy George Sanders dans le rôle du mentor du dandy Hurd Hadfield qui joue le dandy Dorian Gray.Ahurissant de constater que le film comme le héros ne vieillit pas.Il agit toujours sur le spectateur que je suis et chaque vision semble ajouter quelques outrages au temps(sur moi).Car le film,lui,est inaltérable.

Une photographie magnifique aère cette oeuvre hors du temps.Les tavernes du port de Londres où Dorian n'arrive même pas à trouver la mort,les sarcasmes et le cynisme de George Sanders,les brumes où l'on craint de rencontrer Jack l'Eventreur ou le Dr.Hyde,toute cette ambiance victorienne est parfaitement évoquée par Albert Lewin.

Faust lui aussi voulait garder sa jeunesse.Dorian,lui,ira jusqu'au meurtre car son Méphisto,à lui,c'est sa seule conscience,élastique et qui fera de lui un jouisseur,esthète pervers et décadent,oiseau de malheur pour ses amis et ses amours.Pourtant Dorian est une victime,la première,de son hideux pacte qui le dépasse.Trop tard pour faire le bien...

On a tous quelque chose en nous de Dorian Gray,cette volonté de vivre pleinement,cette envie d'échapper aux conventions,cette infinie soif et surtout cette crainte terrible que sur l'écran ne s'affiche le mot "fin" .Dorian Gray a essayé.Son alter ego,père littéraire,Oscar Wilde a essayé.Vivre autrement ne lui a pas réussi...

1 octobre 2006

Vu sous cet angle

Michael Powell est un très grand cinéaste que je connais peu.J'ai bien l'intention de changer ça. De Powell je n'avais vu que Les chaussons rouges, somptueux mélo,probablement le meilleur film sur la danse (48).J'ignorais totalement que Michael Powell avait en quelque sorte signé en 38 un film précurseur du Néoréalisme italien. Il est vrai que certains plans de A l'angle du monde font penser à La terre tremble ce magnifique film de Visconti première manière. Les iliens de cette lointaine Ecosse ressemblent trait pour trait aux pêcheurs siciliens en révolte.

     Premier film indépendant de Michael Powell ce beau film se veut l'héritier d'un Robert Flaherty par exemple avec cette tendance documentaire et ces visages d'autochtones ayant vécu dans les coonditions du film. Le vertige nous saisit devant ce noir et blanc et cette verticalité si bien rendue par la caméra.Juste une petite touche fictionnelle qui ressemble un peu au Pagnol tragique de Regain par exemple. Ce n'est pas un hasard si l'on en vient à Giono, auteur de Regain car A l'angle du monde est un poème visuel élégiaque digne de l'ermite de Manosque qui aurait émigré sur une île de l'archipel des Shetland.

    Pour moi:une découverte d'un cinéaste éclectique dont les images évoquent avec leur caractère propre aussi bien Rossellini que les maître japonais.

30 septembre 2006

Le maître du mélo


Des magnats du pétrole,le Texas,l'alcool et la frénésie,c'est un univers impitoyable qui vous rappelle quelque chose.C'est surtout l'un des nombreux chefs-d'oeuvre de Douglas Sirk,justement renommé comme le grand maître du mélo.Sirk mérite bien des adjectifs,:tout est somptueux,les voitures rutilantes,les familles déchirées,les amours imposssibles,etc..Cela pourrait être trop.En fait c'est parfait.Il hisse le drame mondain au niveau de la tragédie.Tant de force de conviction dans ses propos nous entraîne dans un  tourbillon,essence même du cinéma de caractère.A pleurer d'émotion,Ecrit sur du vent,mais aussi Mirage de la vie(France 3 garde encore une case ciné-club),ou encore Le temps d'aimer et le temps de mourir,Le secret magnifique.Bienheureux Parisiens qui peuvent voir l'intégrale Douglas Sirk à la Cinémathèque.

26 septembre 2006

Après la chute


Quelques mots pour revenir sur La chute,film allemand sorti au printemps sur les derniers jours d'Hitler dans son bunker de Berlin.Le film d'Oliver Hirschbiegel me semble très honnête et nous rappelle qu'il n'existe pas de personnage interdit au ciinéma.D'ailleurs on avait très peu vu Hitler en chair en en os,si j'ose dire jusqu'à ce film .Et même dans La chute,Hitler disparaît assez rapidement.


On pourra toujours objecter qu'il sera toujours disparu trop tard dans l'Histoire,certes.Sérieusement La chute décrit,je pense,assez justement la paranoïa qui avait saisi le dictateur(grande prestation du grandissime Bruno Ganz),et plus encore le climat de règlements de compte qui régnait dans la clique aux abois,qui m'a fait penser à une bande d'assassins et gangsters s'accusant mutuellement pour tenter de sauver leur peau .Quoiqu'il en soit c'est un film courageux, mille coudées au-desssus de la production courante,qui vaut le déplacement avec peut-être un minimum de pédagogie pour les plus jeunes.Enfin,après Good-bye Lénine va-t-on  découvrir le nouveau cinéma allemand?


Les hasards du blog de la Comtesse font que cette note vient après le poème Les brutes avaient raison.Encore un raccourci de l'Histoire.

12 septembre 2006

Cinépsy



Excellente thématique sur Arte avec un document sur cinéma et psychanalyse : Un écran nommé désir,suivi de Freud,passions secrètes du grand John Huston. Introduction à la psychanalyseLes noces de la psychanalyse et du cinéma , qui ont le même âge, n'ont pas toujours donné des chefs-d'oeuvre mais leur descendance compte cependant nombre de réussites.

Ce bon document analyse finement les rapports avec des interventions de Fellini, Bergman, Cronenberg, Lynch, Mankiewicz, Lang... Tous ces géants ont en commun un cinéma source d'introspection et d'autoanalyse avec des films en relation avec l'enfance,la famille,le désir. C'est évidemment le cas de presque toute  création.J'ai retenu une jolie citation que je partage : "Le cinéma nous prive de notre propre imaginaire en nous imposant celle des autres". J'ai toujours pensé qu'effectivement le cinéma  pouvait ainsi nous amputer. Bon, quand les chirurgiens ont le talent de Fritz Lang, Hitchcock, Bunuel, on peut considérer que leurs fantasmes valent bien les nôtres.

     C'est vrai que le cinéma et la psychanalyse ont un langage en commun:image,projection, fauteuil ou divan, récession,obscurité... Ce document fourmille de découvertes et donne envie d'approfondir.A mon niveau ce ne sera pas difficile d'approfondir vu l'état de mes connaissances en ce domaine.Un film "freudien" par excellence,un seul ? La nuit du chasseur.   

    Freud,passions secrètes,de John Huston (62), peu goûté lors de sa sortie, est une bonne approche de la psychananlyse. On sait que Huston  a été capable de transcender Hollywood pour nombre de réussites.Sa filmo comporte bien des perles et quelques ratages.Freud n'est pas un biopic sans âme et d'un académisme lourdissime comme certaines biographies(Chaplin,Wyatt Earp par exemple).

     Sartre avait écrit un premier scénario non crédité en désaccord avec Huston. Le film ne s'interroge que sur les premières années de Freud et la découverte du lien profond entre le souvenir,le rêve,l'enfance et le désir. Freud a bien sûr beaucoup déplu à ses collègues avec ses traités sur le complexe d'Oedipe,jugés scandaleux. J'ignore presque tout du sujet mais pense que ce film honnête est une initiation avec sûrement pas mal de raccourcis mais aussi une interprétation assez habitée de Monty Clift. On aurait pu laisser le Professeur Charcot(Fernand Ledoux) parler français.

12 septembre 2006

Sans issue

  In Cold Blood On a compris dès le début de De sang froid,réalisé en 66 par Richard Brooks,d'après le livre de Truman Capote que l'on redécouvre actuellement,lui même tiré d'un fait divers,que la cavale de Perry et Dick sera leur dernier voyage.Richard Brooks,qui fut journaliste et  gardera pour ses mises en scène un style souvent proche du reportage retrace simplement la dérive des jeunes assassins,loin du romantisme(?)de Bonnie et Clyde,loin aussi de l'esbrouffe de Tueurs-nés(Oliver Stone). De sang froid c'est simplement une séquelle de l'Amérique comme plus tard Bowling for Columbine,une certaine démagogie en moins.

La sobriété,la précision d'entomologiste du regard de Brooks,le jeu sec et froid des acteurs nous glacent et nous dérangent car nulle trace de réel exotisme dans ce film. De sang froid arrive aussi près de chez nous.

Bien sûr le dernier quart d'heure débouche sur la question de la peine capitale et s'en trouve peut-être un peu plus conventionnel quand on sait qu'au simplisme des uns répond toujours l'angélisme des autres.Une bouffée d'air quand nos tueurs jouent bon gré mal gré la solidarité avec un gamin et son grand-père qu'ils prennent en stop...A noter que les personnages caressent un moment un rêve mexicain et citent Bogart et Le trésor de la Sierra Madre.

1 septembre 2006

Quand Hollywood se penche sur Hollywood


Hollywood aime parfois  à dévorer ses enfants et n'est jamais aussi féroce que lorsque la cité du cinéma règle ses propres comptes.On voit ainsi que le cinéma américain,même au coeur des studios des années 50,est capable de beaucoup de clairvoyance quant à sa propre mythologie.Notre ami cinéphage a déjà dit tout le bien qu'il pensait du Grand couteau de Robert Aldrich et que je partage tout à fait.Dans cette même décennie au moins trois autres films signés des plus grands explorent les coulisses de l'usine à rêves.Il s'agit de la Comtesse aux pieds nus de Mankiewicz qui mériterait un livre entier,si admirable,et aussi des Ensorcelés de Minnelli,fascination exercée par un nabab sur ses collaborateurs.


J'ai revu hier Boulevard du Crépuscule,le chef d'oeuvre de Billy Wilder(les quatre films sont d'ailleurs tous des chefs d'oeuvre).Tout est parfait d'inquiétude et de folie,dans ce film depuis l'hallucinante Gloria Swanson qui,  devant les caméras des actualités déclare être prête pour le gros plan,jusqu'au sacrifice de Stroheim pour épargner son ex-femme.William Holden,grand acteur injustement ignoré depuis,compose un jeune scénariste,à la limite du gigolo mais qui relève la tête avant de mourir dans la piscine de ses ambitions.


Cecil B.De Mille joue son propre rôle avec tendresse pour l'odieuse et pathétique actrice vieillissante incarnée par Swanson et Buster Keaton est fantômatique,une statue de cire.Film sur la cruauté comme les trois autres,la cruauté du milieu cinématographique,mais à tout prendre guère plus cruel que n'importe quel microcosme humain.

1 septembre 2006

Cette émotion

     Cette émotion qui s'en prend à moi et qui n'existe que dans une quinzaine de films,ce sentiment éprouvant et douloureux bien que resplendissant de reconnaissance, cette fragrance du piano et du Rick's Cafe,Ingrid implorant du regard "Play it again,Sam",le brave Sam hésitant par peur du patron à qui la nostalgie a donné tant de coups, ces quelques notes "Quand passe le temps" égrenées dans ce Maroc hollywoodien de rêve quand le rêve est plus fort que l'authentique si souvent frelaté,cet air de souvenir à la hauteur des plus grands romans,l'une des très rares fois où le cinéma est frère de la littérature par son pouvoir d"évocation,et la douleur qu'il plante dans nos reins, l'envie de ces destins bouleversés par les exils, l'impression d'avoir écrit les mots qi'ils se disent et filmé ce plan,l'extraordinaire sensation de devenir l'auteur d'une telle merveille, la rareté enfin de cette cicatrice,l'alcool et le départ déjà imminents,le prix de la vie pour avoir connu cela...Je les revendique et  souhaite qu'As time goes by vous blesse joliment.

http://www.youtube.com/watch?v=gGXEwI1S11A

Play it again Sam

1 août 2006

Nikos

AF-08894.jpg

                      Rassurez-vous ce Nikos n'est pas un bellâtre de la télé mais le grand écrivain grec Nikos Kazantzakis.J'ai vu un film de Jules Dassin de 1957 que la susdite télé n'a que très rarement programmé,Celui qui doit mourir,d'après Le Christ recrucifié,formidable roman de Kazantzakis.C'est une histoire de terre et de violence dans la Grèce rurale qui met aux prises deux communautés sur le thème de l'exil et du pardon.Lors d'une reconstitution de la Passion du Christ l'on va s'apercevoir que s'il revenait il serait probablement crucifié à nouveau.J'avoue que le film de Dassin m'a déçu,trop appliqué,théâtral et grandiloquent.Déjà à l'époque le public avait été désorienté et le bouquin est bien plus fort.Néanmoins on peut y retrouver Hanin,Vaneck,Ronet très jeunes avec la muse de Jules Dassin,Mélina Mercouri.

              Martin Scorsese avait en partie réussi  l'adaptation de La dernière tentation du Christ qui avait soulevé bien des polémiques il y a une dizaine d'années mais c'est en voyant Zorba le Grec de Michael Cacoyannis(65),d'après le roman Alexis Zorba que l'on approchera le mieux l'univers de Nikos Kazantzakis,peut-ëtre qu'un Grec était le mieux placé pour saisir l'âme grecque.

30 juin 2006

Ciné-Monde

Il y a des gens qui "s'occupent de notre culture" style Télérama,dont le slogan est"Prenez votre culture en mains,bande d'ignares".Non ils ne disent pas "Bande d'ignares" mais j'aime bien brocarder Télérama,ces bien-pensants de la culture.Ceci ne m'empêche pas d'u être abonné depuis 15 ans mais l'homme est complexe,n'est-ce pas,et bourré de contradictions. La Monde s'occupe aussi de nous et de notre culture cinéma.Là j'arrête de me gausser,c'est trop facile et puis aider l'honnête homme à se constituer une cinémathèque n'est pas si mal. Le Monde donc nous propose une douzaine de suppléments du dimanche .       Entre autres le rare Promenade avec l'amour et la mort de John Huston,sorte de fable hippie en pleine Guerre de Cent Ans où la toute jeune Anjelica Huston et Assaf Dayan,fils d'un général bien connu incarnent un couple partagé entre amour courtois médiéval et liberté soixante-huitarde.Ce vieux baroudeur de Huston était vraiment capable de tout et souvent du meilleur car le film,peu diffusé,se laiise voir avec plaisir et un brin de naïveté toujours bonne à prendre dans le monde du Monde,quelquefois bien austère,vous en conviendrez. L'éclectisme a présidé aux choix du Monde puisque dans cette douzaine l'on trouvera des incunables(Faust de Murnau,Intolérance de Griffith) et des classiques de Bergman,De Sica,ainsi qu'Almodovar ou Kim Ki-Duk plus récemment.

28 juin 2006

John,John,Henry and Bruce

 

Oui,cette curieuse affiche belge est bien celle des Raisins de la colère ,singulièrement affadie quant au titre habituel.

 

"L'autoroute luit dans la nuit

Mais personne n'a envie de rire

Assis dans la lumière du feu de camp

J'attends le fantôme de ce vieux Tom Joad"

       Bruce Springsteen(The ghost of Tom Joad)

La ballade,très belle,qui donne son nom à l'album très dépouillé de Springsteen(1997) fait référence à Tom Joad,le fermier ruiné du grand roman de John Steinbeck,adapté au cinéma par John Ford,dès la sortie du livre(1940).Il est est des cas,très rares où un grand livre peut donner naissance à un grand film.Le roman sonnait un peu comme un reportage;le film,très rigoureux,est un road-movie avant la lettre,contant la poignante errance d'une famille de paysans d'Oklahoma au lendemain de la Grande Dépression.

La route,c'est celle de la Californie qu'emprunte la vieille automobile bringuebalante des Joad,rappelant bien sûr les chariots bâchés de la mythologie du western,cahotant,trébuchant.John Ford,immense auteur des plus beaux films sur l'Ouest,maîtrise à la perfection la dramaturgie de cet espace vers la liberté(Go West,young man).Sur la route on rencontre aussi bien la fraternité que la désillusion,l'amitié que la trahison et les lendemains chantent rarement aux exilés du rêve américain.

L'authenticité du film est totale.Certaines scènes ont été tournées dans de vrais camps "oakies"(le surnom des déplacés de l'Oklahoma).Et Henry Fonda incarne avec foi Tom Joad,chef de famille qui veut croire encore à son Amérique.Les raisins de la colère,c'est simplement toute la noblesse du cinéma américain.Un grand livre,un grand film et soixante ans après un grand disque.N'en déplaise,un pays qui nous a donné John Steinbeck,John Ford,Henry Fonda et Bruce Springsteen  ne peut être complètement mauvais.

 

 

19 mai 2006

Pluvieux et lumineux

Le dernier film écrit par Akira Kurosawa a été réalisé par son assistant depuis 25 ans, Takashi Koizumi. Après la pluie c'est une étape dans la vie d'un ronin,samouraï non attaché à un maître.Bloqué par la pluie et les crues le héros trouvera un nouveau souffle dans l'amour simple et ample de sa femme et la droiture de sa condition de combattant du bien. Après avoir failli être engagé comme maître d'armes d'un seigneur local il reprendra la route.

  Après la pluie

  Ce film n'est pas une fresque mais plutôt une estampe, testament de Kurosawa dont le message a été admirablement compris et mis en images par Koizumi. Le vert des forêts, le murmure des eaux, le vol d'un oiseau, le retour du soleil sont tout de lumière à la fois frêle et envoutante. Quelques combats très nobles et ...la noblesse aussi de s'avouer vaincu rythment ce film qui conclut merveilleusement la vie du grand montreur japonais Akira Kurosawa dont on ne louera jamais assez l'éclectisme.

4 avril 2006

C'est dans les vieilles dentelles

AF-00900R.jpg"Vous reprendrez bien un peu d'arsenic,et quelques vieilles comédies américaines,toujours à même d'égayer octobre moribond"


J'ai découvert deux raretés inédites pour moi.Désir de Frank Borzage(1936) et Ernst Lubitsch est une pétillante occasion de voir un couple d'exception,Marlene Dietrich et Gary Cooper,très à l'aise dans l'humour,elle en escroc(quel est le féminin d'escroc?) aimant les perles et lui aimable Américain en vacances en Espagne.Ils son beaux et drôles,très loin de la chanteuse de beuglant et du légionnaire de Morocco(1930),ployant sous le destin chez Sternberg,leur autre film en commun.



On a peu vu également Henry Fonda en héros de comédie.Un coeur pris au piège(1941) de Preston Sturges nous le présente,herpétologiste en croisière succombant au charme d'une tricheuse aux cartes(Barbara Stanwick),un rôle à la Cary Grant.



Quant au vrai Cary Grant c'est sans commentairesIl faut le voir rouler des yeux au téléphone entre deux cadavres,deux tantes meurtrières à l'heure du thé,et deux frères,l'un sosie du monstre de Frankenstein et l'autre se prenant pour Roosevelt,sonnant du clairon à chaque fois qu'il monte l'escalier.C'est l'irrésistible Arsenic et vieilles dentelles(1944) du cher Frank Capra qui nous donne envie par sa folie d'acheter des cotillons le jour de la Toussaint.

12 mars 2006

La peau douce

La peau douce

La peau douce fait bien partie des oeuvres majeures de Truffaut.On retrouve bien toute la sensibilité littéraire et romanesque du père d'Antoine Doinel avec ce drame "bourgeois";On parle souvent de drame paysan,de drame ouvrier.Un drame reste un drame.La progression de cette histoire d'adultère mène inexorablement à l'épilogue.Truffaut a fait de son héros un essayiste et l'on voit là encore l'influence de la littérature sur son univers.Jean Desailly,remarquable dans sa maturité d'homme éperdu puis perdu,est bouleversant de vérité.On a rarement peint la douleur du couple,puis du trio avec cette acuité qui nous concerne tous.Une petite touche d'humour est présente avec l'accueil de l'auteur à Reims et la déveine qui lui tombe dessus.A noter pour les passionnés deux scènes que Truffaut renouvellera:celle du tableau lors de la séparation qu'on retrouvera dans Domicile conjugal,également lors de la séparation d'Antoine et Christine,enfin celle du chat au petit déjeûner qu'on reverra dans la Nuit américaine.

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