Prochainement cet ouvrage extraordinaire qui est aussi un grand bouquin sur l'histoire irlando-américaine, l'exil,la guerre,la famille,etc...Enfin pas si prochainement que ça car A la recherche de John Ford du grand Joseph McBride a autant de pages que la Bible, justement.Me voilà presque au bout de ce pavé passionnant qui ne rend pas Ford plus sympathique mais plus humain peut-être,plus humain c'est à dire plus homme.Ce livre aura déjà eu pour effet de m'empêcher de lire autre chose pendant un mois,mes loisirs étant limités.Le temps est venu maintenant d'évaluer sereinement la filmo de Ford.Pas sûr que ça lui aurait plu tant cet homme s'est évertué à jouer au mauvais coucheur et à l'interviewé désagréable et dédaigneux.A travers la bio de Joseph McBride,très fouillée,il apparaît que derrière le masque hautain et bougon pouvait apparaître(parfois) le créateur,le poète.Car John Ford a su entre les crises et les brimades,réelles,infligées à ses acteurs,et non des moindres,instiller en quelques plans des îlots de lyrisme,de poésie élégiaque et familiale.
John Ford reprend à son compte le célèbre adage du poète Walt Whitman "Je me contredis?Très bien,alors,je me contredis.Je suis vaste,je contiens des multitudes".Car rarement créateur aura autant divisé que Ford,adulé,vénéré,vilipendé,humilié selon les films et les époques,et parfoispar les mêmes.Il faut avoir l'honnêteté de dire que ce livre s'adresse aux lecteurs qui ont déjà vu pas mal de films de Ford, s'attardant longuement sur la genèse et les querelles qui ont accompagné beaucoup de tournages.Et,même ainsi,bien des précisions nous échappent.En fait on devrait lire ce livre lors d'un symposium de quinze jours conscré à une rétrospective du maître.Alors,bien vaines nous apparaîtraient les gloses sur le côté réactionnaire voire raciste de certains films,car les mêmes films peuvent la plupart du temps être lus à travers un prisme progressiste.Joseph McBride vous expliquera ça mieux que moi.Je vous recommande aussi chaleureusement un détour chez Inisfree grand fordien de la blogosphère.
Il faut se rappeler que Ford c'est 55 ans de cinéma du muet aux Cheyennes et à Frontière chinoise,en passant par les films,très nombreux,produits ou réalisés par Ford pour l'Office of Strategic Services,pendant la guerre.Le vice-amiral John Ford tenait énormément à ses deux casquettes,Hollywood et la Navy.Ces deux jobs ne faisaient pas toujours bon ménage et Ford lui-même était tyrannique sur un plateau,sachant parfois larmoyer comme toutes les brutes.A la recherche de John Ford est une somme sur ce cinéaste avec ses rapports de famille,très douloureux,père pas terrible le patron,ses liens avec l'Irlande,pas simples non plus,ses attaches poilitiques curieuses alternant de la gauche à l'ultra- conservatisme. Contrairement à ce que l'on a pu croire longtemps,ce diable d'homme apparaît souvent assez antipathique mais surtout terriblement complexe.Faites-vous une idée!Il faut pour cela un peu de temps,1000 pages bien serrées.En ce moment je regarde Les sacrifiés(48).Mais il y en a tant d'autres.Et beaucoup d'humour.Terminons ainsi en souriant:lors du tournage des Deux cavaliers,en fin de carrière,dirigeant James Stewart et Richard Widmark,tous deux durs d'oreille et portant perruque cause calvitie,Ford déclara "Cinquante ans de putain de métier et j'en arrive à quoi?Diriger deux moumoutes sourdingues".So long.