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26 février 2011

Désormais son exil

Brooklyn_de_Colm_Toibin_galerie_principal      

   Colm Toibin est un de mes auteurs de chevet et je crois avoir presque tout lu de sa production romanesque et c'est pourquoi j'ai intitulé cette chronique à la manière d'un de ses titres.Brooklyn est un très beau roman,sur un thème très classique en littérature irlandaise,celui de l'exil de la verte Erin pour l'Amérique.On se souvient par exemple de la suite Les cendres d'Angela de Frank McCourt.D'une grande limpidité Brooklyn est le livre de la vie d'Eilis,jeune femme d'Enniscorthy,comté de Wexford au sud-est de l'Irlande dans les années cinquante, conduite à partir pour New York car l'Irlande a toujours été une terre de départ et pas seulement pendant la célèbre famine.Eilis est une femme simple,sans calcul et un peu complexée par sa soeur Rose,plus brillante.Le Père Flood,jamais très loin le personnage du prêtre dans ces années,lui a trouvé un travail de vendeuse à Brooklyn.Après une traversée atlantique ventre à terre au sens propre pour cause de mal de mer Eilis s'adapte assez bien à sa vie à Brooklyn,qui n'est pas Manhattan, calmement sans nostalgie écrasante mais avec une foule de petits mal-être quotidiens même si la communauté irlandaise est plutôt (trop) bien récréée.On assiste ainsi aux journées de travail d'Eilis au magasin,à sa vie dans une pension irlandaise comme il se doit,aux bals paroissiaux du vendredi soir.La vie d'Eilis ne se passe pas si mal somme toute.Elle tombe amoureuse.enfin ça y ressemble.

   Obligée de revenir à Enniscorthy Eilis se pose des questions sur sa vraie place.Est-elle là en Irlande près de sa mère?Est-elle à Brooklyn?Comment se départir de cette dualité qui ne satisfait aucune part d'elle-même? n'a rien d'un sombre mélodrame.Je ne suis pas tout à fait certain que le terme roman convienne tout à fait à ce livre où il ne se passe que peu d'évènements,où court sur ces deux années de la vie d'Eilis un fugace sentiment,comme à la porte d'un bonheur ordinaire,déjà magique.Mais la vie décide,bizarre et parfois à notre propre détriment.En 300 pages l'immense auteur qu'est Colm Toibin nous a fait vivre au plus près,au coeur même du coeur d'Eilis,sans passion fatale,sans vrais heurts,sans invectives mais avec une acuité rare un petit bout d'existence,celle d'une Irlandaise des années cinquante qui ne sait pas toujours comment orienter sa nouvelle et encore relative liberté.On peut retrouver des billets sur L'épaisseur des âmes et sur Le Maître dans Lire Irlande.On peut aussi fair un clin d'oeil à l'ami Eireann, chantre de cette littérature ilienne,qui a bien dû chroniquer maintes fois Colm Toibin. http://eireann561.canalblog.com/

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10 février 2011

L'encombrant compagnon

barleycorn

                       Il y avait pour moi un mystère John Barleycorn,très ancien.Très attiré par l'Amérique,son histoire,sa géographie,sa musique,sa littérature,son cinéma,et souvent interrogé par ses dérives,j'avais souvent rencontré le patronyme John Barleycorn que je traduisais par Jean Orgeblé et dont je croyais qu'il constituait une sorte d'Américain moyen,très moyen,de la Conquête de l'Ouest et de la Ruée vers l'Or surtout.Les mythiques groupes Traffic et Jethro Tull,entre autres,l'ont chanté,Fairport Convention,Procol Harum l'ayant aussi évoqué sans que je percute davantage bien que les ayant beaucoup écoutés.De plus j'ai lu Jack London,sans en être un spécialiste mais L'amour de la vie et Martin Eden notamment m'avaient beaucoup plu.Et la route de Jack London en soi est une aventure,pas seulement littéraire.Mais la lente distillation a opéré et j'ai enfin compris que ce Monsieur John Barleycorn est en fait l'alcool.Ainsi donc sans le savoir nombreux sont les amis de J.B.,ses amis ou ses disciples,ses esclaves ou ses séides,jamais ses maîtres.Nul mieux que Jack London n'est autorisé à en parler,les deux personnages ayant été intimes ,avec quelques brouilles,de cinq  à quarante ans,  la mort  de Jack London.Longtemps plus connu sous le titre Le cabaret de la dernière chance le récit-roman John Barleycorn a été publié en 1912,alors que le pauvre Jack,jadis misérable,pilleur d'huîtres,pilier de saloon,bagarreur, est devenu riche et couvert d'honneurs,restant plus que jamais miltiant socialiste précoce et tout ça sans jamais s'éloigner beaucoup de John Barleycorn,cet ami qui vous veut...Jack et John resrteront d'ailleurs associés jusqu'à la mort,controversée de Jack.John,aux dernières bouteilles,se porte bien.

    Ce livre,je le considère comme une oeuvre maîtresse sur l'homme et sa destinée,sa fragilité et ses ressources.Car London s'est battu toute sa vie,contre la trajectoire qui lui semblait imposée,contre le haut fric,contre vents et marées au sens propre et figuré, contre la maladie,contre et avec John.Dès ses primes expériences de la bière à cinq ans et du vin à sept London  a senti le danger.Mais voilà,le sourire de John Barleycorn n'est pas toujours édenté et fétide.Il sait se faire charmeur et se parer des plumes de la légèreté et de la belle amitié qu'il fracassera d'autant mieux plus tard.Marin,Jack a besoin de John.D'ailleurs,à eux deux ils font parfois un sacré boulot,l'alcool en ces années 1900 trônant partout en cette Californie des chercheurs d'or et des journaliers de ce pays neuf.Pas une éprouvante journée de travail sans que le maigre salaire ne soit délesté au premier cabaret du port d'Oakland d'où partirent les voyages de London.Ce John Barleycorn est tel que sans lui point de salut pour ces forçats du rail ou de la mer.Avec lui encore moins de salut."Ni avec toi ni sans toi" confie Jack London.Correspondant en Corée,voyageur à Londres ou Paris, quelque part sur son bateau le Snark aux Nouvelles-Hébrides ou au Japon,l'écrivain multiple,essayiste et penseur qu'est devenu Jack London traitera toujours d'égal à égal avec J.B.

   Ce livre est fabuleux et je suis heureux de l'avoir rencontré.Les derniers chapitres montrent London arrivé au sommet de ses influences,l'homme sans qui Kerouac,Hemingway ou Jim Harrison ne seraient pas ce qu'ils sont.London, lui,lucide, sceptique,fier malgré tout,doute encore et condamne John Barleycorn.On le sent capable d'initier,avec le féminisme naissant dont il sera un rare partisan précoce,d'intier une croisade contre son autre moi,ce J.B. qui nous rapproche en quelque sorte de cet autre roman fondateur d'un autre grand voyageur qui lui-même céda parfois aux paradis artificiels,L'étrange cas du Docteur Jekyll.Alors bien sûr pendant des décennies Jack London et Robert Louis Stevenson ont fleuri sur les étagères des chambres d'enfants.On a mis bien du temps avant de trouver leur vraie place,en littérature,la plus haute.

traffic_1970_john_barleycorn_must_die_front

   L'illustration musicale est double: Stevie Winwood et Traffic,ou Ian Anderson et Jethro Tull jouent et chantent John Barleycorn must die. http://www.youtube.com/watch?v=WgtVswJJJeQ

album_the_best_of_jethro_tull

  http://www.youtube.com/watch?v=lvmlWYBGamA

13 janvier 2011

Jours de Coetzee

   

  On sait que Coetzee est une  des plus belles plumes qui soient,lauréat Nobel incontestable.Infiniment personnel voici un objet proche de l'autobiographie mais complètement original par sa construction.Après Scènes de la vie d'un jeune garçon et Vers l'âge d'homme voici le troisième volet de cette entreprise.En fait il y a fiction puisque l'auteur confie la tâche d'un portrait posthume à un universitaire qui accueille et met en forme cinq témoignages qui pourraient se révéler majeurs pour la compréhension de l'homme Coetzee.Tour à tour s'expriment Julia,ancienne maîtresse de John,Margot,sa cousine,Adriana,danseuse brésilienne et mère d'une jeune Maria Régina à qui il a donné des cours d'anglais,Martin,un ancien rival à l'université du Cap,et Sophie une ancienne liaison,collègue en faculté,toujours au Cap.Toutes ces entrevues se déroulent quarante ans après l'époque évoquée,1972 environ,dans une Afrique du Sud très apartheid mais,plus surprenant,très éclatée avec une individualisation particulière de la région du Cap,sorte d'Afrique du Sud de l'Afrique du Sud.

   Bâti ainsi de façon audacieuse le récit peut paraître un peu décousu au premier témoignage puisque Coetzee est mort (dans ce livre) et qu'un tiers se charge d'établir des éléments biographiques.Mais on a vite fait de  se passionner tant l'écriture,assez souvent parseméee de termes afrikaans,est troublante,et tant la personnalité de l'homme J.M.Coetzee est complexe.C'est vraiment un euphémisme de dire que l'écrivain n'y apparaît pas comme un héros,un chantre du progrès,un enseignant charismatique,ni même un voisin,ami ou amant agréable.Il semble que les cinq protagonistes aient tous souffert dans leurs rapports avec Coetzee,parfois un peu dérisoires,comiques,parfois désespérants.Ce livre,ne l'oublions pas,a été écrit par un Coetzee bien vivant,dont on peut penser qu'il s'est convoqué pour se mettre sinon en accusation,du moins en question.Je trouve la démarche intéressante bien que n'ayant pas lu les deux premiers livres de cette vaste autobiographie.Quant à L'été de la vie  on dira de cette auto-enquête qu'elle est trouble, touffue, contradictoire, littérairement tès élaborée mais surtout,surtout pas hagiographique.Ne liriez-pous que les auteurs sud-africains,vous auriez déjà un plaisir intense tant le terreau y est fertile.

7 janvier 2011

La vieille dame indigne

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                               Ayant beaucoup entendu parler fort récemment de Hans Magnus Enzensberger loué de partout j'ai voulu me faire une petite idée et emprunté un livre plutôt court,Joséphine et moi.Disons que ça n'a pas marché terrible entre ce roman et moi, et que je bénis les bibliothèques qui nous évitent une déception financière.La rencontre entre Joachim,jeune chercheur en sciences économiques,et Joséphine, ancienne diva maintenant âgée, a pour moi tourné court.Je viens de finir ce récit et m'aperçois que j'ai bien peu de chose à en retenir.Ces tasses de thé hebdomadaires entre le jeune homme et la vieille dame un tantinet excentrique m'ont semblé artificielles et hautement improbables.Pas envie d'en lire davantage de cet auteur que la revue Lire a pourtant honoré comme celui du meilleur livre de l'année.

26 décembre 2010

Ciel,un très bon livre

 

       Rarement enthousiasmé par la littérature française actuelle j'ai découvert une exception splendide,aux ailes immenses comme un ciel de Mermoz,à l'ampleur d'un vol de l'Aéropostale et qui brasse un siècle parmi les nuages,mais des nuages qui auraient sur notre basse terre l'oeil de l'aigle royal.Philippe Forest brode une superbe tapisserie de haut style sur la vie de son père pilote.Ce faisant il nous raconte à sa manière rien moins que l'histoire de l'aviation qui se confond pratiquement avec le siècle.S'il est vraiment ardu de définr l'acte de naissance de ce trasport Forest sa'ccorde sur le bien modeste décollage des frères Wright en 1903, quelques décimètres au-dessus des dunes de Caroline du Nord.Mais bien d'autres nous accompagnent et des plus grands, Lindbergh, Mermoz, Guillaumet, Saint Exupéry,aux presque anonymes qui n'ont laissé qu'une trace fort locale notamment en cette Bourgogne mâconnaise berceau des parents de Philippe Forest.

   Chaque chapitre est une date associée à un vol historique ou vécu par ce père,figure passionnante dont Philippe Forest ne nous cache pas par ailleurs les douteuses tentations de jeunesse un peu maréchaliste. Certes,pas longtemps,et pas vraiment.Et puis avoir dix-neuf ans en 1940 n'était pas si limpide.Ce père,Jean Forest,passera par le Maroc et pilotera finalement lui-même du côté de Macon,sans accent, Alabama. Mais à quoi bon,chroniquant ce livre,privilégier tel ou tel épisode?Ce roman est d'une aisance stupéfiante à se mouvoir dans l'azur ou le gris.Les pages sur l'exode près la débâcle nous font vivre au plus près de ces semaines absurdes et efffrayantes quand Jean convoie sa future fiancée et sa sa famille jusqu'à Nîmes,en un écoulement Nord-Sud d'une France exsangue et ahurie.Sa formation en Amérique touche du doigt dans ce Sud profond la ségrégation triomphante et la maladresse de Jean offrant son siège à une vieille noire,s'attirant l'antipathie de cette dernière car les bonnes intentions pavent l'enfer.

    Le style de Philippe Forest réhabilite le participe présent et donne une fluidité à ce long roman,les phrases souvent assez longues restant parfaitement maîtrisées.On se sent ainsi proche du personnage principal et des autres,avec parfois une délicieuse incursion dans le cinéma,moteur en ces années quarante de la fabrication des souvenirs de jeune homme,avec Bogart,Casablanca (oui ce n'est pas pour me déplaire) ou Fonda,Les raisins de la colère.Particulièrement vivace cette longue cavalcade dans le siècle nous plonge dans l'aventure de la vie de cet homme,mais aussi d'un pays aux prises avec ses contradictions,rallié en bonne part à la voix chevrotante d'un vieillard à Vichy,ignorant voire vilipendant une autre voix inconnue, londonienne. Collectif, individuel, familial, professionnel,le récit de Philippe Forest brasse des décennies et des espaces fabuleux,de ceux qui font le prix d'une grande,très grande littérature française,celle que je ne rencontre pas souvent.Il est vrai que je m'évade plutôt vers de grandes voix d'ailleurs.

     La Résistance et ses à peu près,l'épuration et ses radicalités, l'opportunisme et ses méandres,l'après-guerre ne trouve pas tellement grâce aux yeux de Forest mais le propos est ailleurs.Comme un enchanteur l'auteur nous immerge là haut dans ces merveilleux nuages comme disait le poète,parfois menaçants quand on comprend que les combats aériens n'avaient plus grand chose des codes d'honneur des chevaliers du ciel du début de siècle.Pages étonnantes sur les bombardements de Coventry mais aussi de l'Allemagne.La folie avait entre temps gagné les airs.Forest nous rappelle aussi les origines d'Air France et c'est intéressant d'entrer ainsi dans l'histoire d'un grand groupe dont on finit par oublier les hommes qui l'ont fait.C'est que la vie de Jean Forest est infiniment riche faisant de lui plus ou moins un collaborateur des Services Secrets.Extraordinaire aussi la calme méditation,modeste aussi,sur la cinquantaine et un peu plus (je connais),particulièrement acide pour un pilote.Comme si nous n'étions pas tous des pilotes plus ou moins embrouillardés de notre propre périple sur terre.

    Mais le plus beau dans Le siècle des nuages à l'évidence,malgré les superbes descriptions du ciel et de ses grands oiseaux de métal,malgré les envolées sur ces cathédrales qui ont nom Orly ou Charles-de-Gaulle,malgré cette inéluctable déception du pilote vieillissant qui n'aura pas droit au Concorde mais dont les ailes seront fauchées avant le drame de 2000 et les avions assassins de 2001,le plus beau,disais-je,c'est l'hommage passionné d'un fils pour son père,né avant le Spirit of Saint Louis et mort juste avant une autre mort,celle du siècle,du Siècle des nuages.Quand un roman atteint de tels sommets,qu'il vogue à Mach 2,on se retrouve, enfant, le Dimanche à Orly,rêvant aux nuages,aux merveilleux nuages.Ceux de Baudelaire si je me souviens maintenant.Plongez-vous dans ce grand roman de l'homme et de l'espace,celui qui donna à Lindbergh comme une sagesse ultime quelque peu rédemptrice après ses errances,et à Howard Hughes sa finale folie.

   Jean Forest s'est éteint peu avant l'an 2000.Fatigué il n'aurait pas trop aimé le nouveau siècle,me semble-t-il.Mais ceci est une autre histoire.Quant au propre drame de l'auteur Philippe Forest,relaté en deux pages d'une infinie pudeur je le laisse à votre propre sensibilité.

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9 décembre 2010

Le capitaine russe et le prisonnier autrichien

               L'univers de Leo Perutz me convient à merveille et j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire.Où roules-tu, petite pomme? fut publié en feuilleton en 1928 dans le Berliner illustrierte Zeitung.Même si j'avoue préférer Le cavalier suédois ou Le tour du cadran le romanesque et l'aventure sont bien au rendez-vous dans cette Europe d'entre deux guerres.Les Habsbourg sont tombés,les Romanov aussi et le vieux continent bouge,frénétique.Georg Vittorin,officier viennois,cherche à se venger de son geôlier russe,Sélioukov,en 1919.Son intention est de retourner là-bas,en Russie,mais la fin de la guerre a libéré bien des tensions et bien des appétits,le plus souvent peu reluisants.Devant la vénalité et l'amnésie de ses anciens codétenus Vittorin devra affronter la solitude et le désenchantement.Il devra aussi parcourir l'Union Soviétique,entre nostalgies tsaristes et certitudes bolcheviques,tout aussi "sympathiques".Se méfier également des factions réactionnaires ou révolutionnaires.A propos les balles du peloton d'exécution n'ont pas d'état d'âme.Elles sont balles et c'est tout.

    Après des péripéties à Constantinople,Milan,Paris Vittorin qui aura entre temps exercé maintes activités parfois peu licites retrouvera la trace de l'infâme Sélioukov pour un "duel sans témoins" vraiment surprenant.Comme toujours chez Leo Perutz on n'est pas très loin de la fable et les nationalités y sont avantageusement interchangeables.On peut bien sûr évoquer à propos de Où roules-tu,petite pomme? le difficile retour du soldat,l'amertume des vengeances,la tristesse infinie des bruits de bottes.On peut évoquer ce qu'on veut tant la prose romanesque de Perutz est imaginative et chevauche toutes les frontières.

9 novembre 2010

Traces de canoé

    

         Joseph Boyden est cet auteur canadien découvert avec Le chemin des âmes qui nous ramenait à la Grande Guerre vue par un Indien,le grand-père de Will Bird,héros des Saisons de la solitude.Nous retrouvons le Canada,comtemporain aves ses indiens camés et ses indiennes top models.Ce raccourci un peu saisissant trahit une légère déception qui n'est pas celle du livre,fort bien écrit avec une poésie du Nord et de la forêt et de la rivière magnifique.Mais les deux chants du livre,celui de l'oncle Will,actuellement comateux,et celui de sa nièce Annie ayant cédé aux sirènes des studios et des pilules,ne s'amalgament pas de façon satisfaisante et pour tout dire le dyptique ne décolle pas vraiment.On comprend bien l'artifice,cent fois lu ou vu de la jet-set à l'américaine,si inintéressant.On se passionne plus bien sûr pour le retour aux ancêtres et à la nature de l'oncle Will,récurrent dans toute cette littérature indienne,terriblement terrien,lyrique et élégiaque.Mais les vols des oies sauvages,si belles soient-elles,ne suffisent pas à faire des Saisons de la solitude un voyage inoubliable.

     Si cette impression est somme toute mitigée c'est que ce monde pseudo-branché où s'ébat Annie ne l'empêche pas de piéger les castors de la baie James.J'avoue peiner à imaginer une telle dualité qui me semble manquer d'un minimum de vraisemblance.Le titre original Through black spruce est,comme souvent,bien plus beau que ce Saisons de la solitude,d'une grande banalité.

16 octobre 2010

Monsieur Clavel

            

                                                       On ne lisait plus guère Bernard Clavel à l'heure de Houellebecq et Nothomb.Clavel c'est pourtant tout autre chose que du roman de terroir hyperformaté.Je ne reviendrai pas sur sa vie qu'il a si bien romancée dans sa tétralogie majeure La grande patience dont les jurés du Goncourt ne crurent pas déchoir en le couronnant pour l'ultime tome Les fruits de l'hiver.Cet autodidacte, apprenti patissier,amoureux de ses terres du Haut Jura,des embruns d'Irlande et du blanc Labrador,conteur intarissable aux sagas autrement bien fichues que les pensums télévisuels (je pense à sa remarquable série sur la Guerre de Trente Ans,Les colonnes du ciel),cet homme,citoyen avant l'actuel et navrant galvaudage de ce beau substantif,ce pacifique convaincu (j'aime mieux que pacifiste mais peut-être Bernard Clavel n'aurait-il pas aimé) était l'un des écrivains de chevet de mon père avec ses premiers ouvrages L'ouvrier de la nuit,L'Espagnol.

                         Ca me ramène à des jours anciens mais je voudrais insister sur toute la qualité de l'écriture de Clavel,évidemment plus très en cour,mais si consciencieuse et terrienne au sens le plus noble du terme.Même le souvent  condescendant Télérama le traite en grand écrivain.Je ne suis pas certain de lire à nouveau Monsieur Clavel,la vie étant courte et les auteurs si nombreux.Mais je tiens à l'appeler ainsi,ne serait-ce que pour le plaisir de lire qu'il a donné à bien des gens et la détermination qui a guidé toute son oeuvre.Emballé par Le silence des armes je lui avais d'ailleurs écrit.Et ses apparitions chez Bernard Pivot étaient toujours savoureuses,notamment une historique émission d'Apostrophes où avec Brassens ils avaient parlé de l'armée,de la guerre et de la paix.Dans les hommages j'ai souvent lu à propos de Monsieur Clavel "de la belle ouvrage".C'est tout à fait ça.

5 octobre 2010

Ce sacré Jeannot

   

                 J'aime beaucoup cet homme.Je l'aime toujours autant après quelques milliers de passages télé dont il est par ailleurs un bon client.A ceux qui croient voir en lui ce cabotin mondain élégant et faussement nonchalant je donne entièrement raison.Jean d'Ormesson l'est indiscutablement.A ceux qui croient que se cachent derrière cette façade superficialité et esbrouffe je dirai qu'ils se trompent.Je tiens Jean d'Ormesson pour un écrivain majeur malgré ses efforts pour tant se montrer,à tel point que c'est pour mieux se cacher.Trêve de badinage C'est  une chose étrange que le monde est un roman(?) bluffant,stimulant,ébouriffant.Vous connaissez la trame:le Vieux,ce pourrait être Dieu, parle un peu des hommes,et d'Ormesson parle de Dieu qu'il a un peu connu,mais moins que Dieu ne connaît les hommes.Et Papy Jean de nous raconter les belles histoires de l'oncle Paul.Le grand livre du Monde s'ouvre ainsi,par touches très brèves,à croire que Jean d'O. est payé à la ligne,pour payer ses séjours à Venise et sa Méditerranée, onéreux.Sacré Jeannot.

        Galilée,Pascal,Newton,Darwin,Einstein que nous connaissons si bien,n'est-ce pas(???) entrent dans la danse.Et d'autres étoiles,sommités des sciences et de la philosophie,avec lesquels je suis un peu en froid,peu porté sur les équations et les interrogations métaphysiques.En face du Vieux il suffit comme Thésée de suivre le fil du labyrinthe pour démêler le simple du complexe,le sûr du probable,le doute de la vérité et Jeannot nous y entraîne,le volubile,le conteur,le farceur.Au bout du compte on n'est évidemment guère plus avancé (je parle pour moi qui suis au niveau de spiritualité de l'huître,et qui pour la science voisine avec Lucy).Mais ce n'est pas grave de rester en rade,le passé étant passé,intouchable,et le futur étant futur,inconnu.

       De cet excellent bréviaire de vie j'ai au moins retenu que d'Ormessson a connu ses plus belles extases se baignant en Grèce,flânant chez la Sérénissime,lisant Aragon.Programme ma foi bien digne d'intérêt,auquel je souscris volontiers.Souriant souvent,une brise inquiète effleure parfois Monsieur Jean.Et si j'avais préféré la profondeur de Voyez comme on danse j'ai adoré cette balade avec un auteur généreux,pressé car le temps lui est compté,allénien version Quai Conti,bavard comme Luchini et gai comme un pinson.Il y a du souffle romanesque même dans une réaction quantique bien que je ne sache toujours pas comment vivent les quarks.

2 octobre 2010

Dans le port de Rotterdam

                 La colère du monde entier du Néerlandais Maarten 't Hart a été publié aux Pays-Bas en 93.Cet écrivain est très peu connu en France où l'on ne s'intéresse guère à la littérature batave,aux noms d'auteurs parfois un peu âpres à assimiler.Cet excellent roman ne déparerait pas une catégorie polar,avec zone d'ombre du passé sur un pays en guerre,années qui passent et retour sur le plomb général de ces années quarante,version petit port tout proche de Rotterdam. Rotterdam,une ville de départs,parfois ratés, parfois sans retour,tout embrouillardés de mémoires vacillantes ou sélectives,Rotterdam dont on devine le rôle majeur dans cet imbroglio que cherche à démêler Alexander,fils de modestes et pingres chiffonniers,en proie aux tracasseries de ses condisciples à l'école,mais que la découverte d'un vieux piano va transfigurer,ce qui nous vaut de très belles pages sur Bach ou Schubert par exemple.La Hollande calviniste en son austérité de façade en prend pour son grade en cette histoire un peu mystérieuse mais dont l'humour n'est pas absent avec ces portraits de fonctionnaires zélés ou des ces universitaires un peu étroits.

                    Roman musical que La colère du monde entier,parfaitement orchestré et rythmé par la passion d'Alexander.Roman d'apprentissage aussi mais n'est-ce pas l'apanage de toute oeuvre romanesque.On assiste à l'éclosion du talent mais plus encore à la maturation de l'adolescent plutôt timide et influençable.Jeune témoin d'un meurtre c'est entre les leçons de piano et l'Université que le fils des chiffonniers de Rotterdam deviendra compositeur et "collaborateur" peut-être d'un encombrant beau-père,maestro génial dans lequel il n'est pas impossible de retrouver les traits du plus grand chef d'orchestre de l'après-guerre.Louons ainsi les ambiguïtés de ce livre complexe et fouillé.Une fugue de Bach semble accompagner les diversions,les faux semblants,les chausse-trapes de ce très bon bouquin qu'on peut lire comme un policier,ce qui n'est ici nullement péjoratif.

15 septembre 2010

Tableaux d'une exposition

                  Plutôt une  déception,assez sévère au demeurant que ma deuxième incursion chez Lars Saabye Christensen,après le si passionnant Beatles.Vingt ans séparent les deux livres et certains considéreront sûrement que Le modèle souffre moins de  scories en brassant une histoire somme toute simple et dans le thème et dans le temps.A cinquante ans Peter,peintre célèbre mais un peu en perte de vitesse,se voit diagnostiquer une cécité prochaine.Et ce à l'aube d'une nouvelle exposition dont son galeriste Ben attend beaucoup.Sa femme et sa fille  suscitent chez lui plus d'incompréhension que de complicité.Enfin le hasard le met en présence d'un ami d'enfance,ophtalmologue,aux pratiques pour le moins curieuses.Quelques mois avant l'échéance obscure Peter retrouvera-t-il le souffle créateur in extremis en faisant le portrait de sa fille par exemple?

                 J'ai eu du mal à m'intéresser vraiment aux atermoiements de Peter.Les portraits me semblent insuffisamment fouillés, particulièrement ceux de Ben et de Thomas l'ami retrouvé,plutôt malsain.Qualifié de roman faustien,ce qui est bien pratique dès qu'un personnage regarde son âge en face et se décide à ne pas l'accepter,quitte à prendre les chemins les plus douteux,Le modèle s'englue dans des considérations morales un peu à rebrousse-poil.Hélène l'épouse est dans le théâtre et le cousinage d'Ibsen est souvent évoqué.Hélas pour moi je connais  trop mal l'oeuvre du grand dramaturge norvégien pour y trouver mon compte. Christensen est-il devenu à Oslo une sorte d'institution lui aussi?Il semble qu'il soit très apprécié en Scandinavie, romancier, dramaturge, poète ,scénariste, traducteur,parolier,etc...Vous pouvez vous plonger dans cette sorte d'interrogation sur la création artistique.C'est comme ça qu'on dit,non.Quand on trouve ça moyen,comme moi,on dit qu'on trouve ça moyen.

23 août 2010

Liverposlo

    beatls lars saabye christensen

                        Publié en 84 en Norvège avec un immense succès Beatles vient d'être traduit (2009).Sur la quatrième de couverture de ce gros roman de 643 pages figure "un Frantzen norvégien".Terreur de ma part,ayant lâchement déserté Les corrections à mi-parcours.Au bout de quelques pages l'un des jeunes protagonistes a épinglé un modeste poster des Animals sur les murs de  sa chambre.Nous sommes en 1965.C'est gagné pour Lars Saabye Christensen.Pas seulement parce c'est ma génération,pas seulement parce que j'étais un grand fan des Animals d'Eric Burdon,pas seulement parce que le titre de ce livre reprend le nom d'un groupe qui a changé le siècle.Pas  seulement parce que les "enfadolescences" sixties sont toutes un peu miennes,forcémént miennes.Surtout parce que j'ai l'impression que Christensen a su cristalliser le mal de vivre en ces années pleines,en un de ces pays du Nord que leur petite taille contraint à l'imagination.

                Kim,Gunnar,Ola et Seb,réunis par leur passion des Beatles,vont vivre sous nos yeux sept ans de 65 à 72 en une vingtaine de chapitres portant chacun le nom d'un titre ou d'un album des Fab Four,y compris des Beatles en solo,ce qui me paraît important.Oh ils ont bien comme tout le monde l'ambition de former un groupe.J'ai vécu ça.Mais surtout il semble que le monde leur appartient,que les libertés sortent de leurs boîtes de Pandore,qu'il y a Dieu merci toujours une quelconque guerre à contester du côté de Säïgon par exemple.Bref la vie est belle.Et puis surtout ces galettes magiques qui ponctuent leurs saisons, Revolver, Rubber soul, Sergent Poivre, double blanc,and so on...Enfin il y a ces drôles de substances,de celles qu'on croit anticonformistes et qui s'avéreront d'un très  obscur suivisme.Rumeurs de séparation,mort de Paul,cet ahurissant canular,1968 année trompe l'oeil,morts des trois J. (pas un canular cette fois), baccalauréat, voyages, la Place saint Michel où se retrouvent nos amis.Et les parents,ah,les parents...Et les filles,ah,les filles...

       Dans ce que je considère comme un grand livre générationnel,la mienne,la seule,nos quatre mousquetaires finissent par ressembler aux autres,à nous,à tous.Et c 'est très bien ainsi.Le destin de Kim,Gunnar,Ola et Seb ne sera pas particulièrement original.Mais ce  sera le leur,complètement."Le magasin de bonbons est ouvert ce soir".Cette terrible phrase peut mener loin,on l'aura compris,jusqu'en enfer,en passant par la case psychiatrie.Foin de Petit Livre Rouge,de slogans antiimpérialistes,de "This is the end,my only friend the end" ,de parties de pêche en fjord,d'alcools et de vins avec bien peu de modération,comme ça vaut le coup de vivre ça,et comme ce livre est bon!

20 août 2010

Promenons-nous dans les bois

         

                          Comme un amalgame de La nuit du chasseur (Davis Grubb) et de Délivrance (James Dickey), qui ne sont pas que  des films inoubliables mais bien des romans, La mort au crépuscule de William Gay nous est ainsi présenté.Ce genre de raccourcis a ses limites mais,bon,voilà un patronage plutôt flatteur.Soient trois acteurs principaux:un croque-mort amateur de mise en scènes  nécrophiles ou pour le moins macabres,une sorte de tueur à gages version rurale Sud profond pas mal dégénéré,un jeune homme poursuivi par le second pour le compte du premier.Nocturne,lunaisons faulknériennes.Le jeu,digne du Comte Zaroff, en beaucoup moins esthète, consiste à se planquer,à courir,à chasser le chasseur,à poursuivre le poursuivant.Sur cet échiquier tout en obscurité on passe un bon moment d'inquiétude et je crois que c'est déjà pas mal.

        Et le quatrième personnage encercle et nimbe cette histoire à trembler.Il s'agit de la forêt,une forêt très particulière qui porte le nom de Harrikin (déformation de Hurricane) et qui a reconquis des friches,quelque chose comme une ville fantôme à nouveau percluse de fondrières,de pièges cauteleux,de traquenards où bourreau et victime essaient de s'observer et de s'éliminer.Ce Sud est parfois assez typique de l'image qu'en donnent les écrivains,certes peu flatteuse,mâtiné de polar graisseux avec un zeste de mépris.Sur le plan littéraire il serait pourtant inconvenant de hisser William Gay au rang de Flannery O'Connor,voire de Faukner.Par contre Joe Lansdale et ses histoires de bayous.... pourquoi pas?Bref ce livre est un bon roman plutôt noir rural.Ne pas convoquer forcément pour ça les immenses.

18 août 2010

Patrick et ses héros

Dictionnaire amoureux des héros

                     Une pensée pour Patrick Cauvin qui m'a donné quelques jolis plaisirs de lecture,du vraiment sympa.Aussi ai-je exhumé cette note qui date des balbutiements de ce blog il y a quatre ans.   

                     Dans la remarquable collection Dictionnaire amoureux je viens de dévorer un passionnant pavé de 700 pages,le Dictionnaire amoureux des héros de Patrick Cauvin(Plon).Allez vous balader dans ce somptueux pays d'enfance,vous y croiserez de vieilles connaissances,Zorro,Superman mais aussi le Cid,Don Quichotte,Edmond Dantès,Carmen et bien d'autres.Attention il y a aussi des gens moins recommandables,Dracula,Harry Lime et même un certain J.R.

          Patrick Cauvin,ce grand enfant cinéphile et auteur réjouissant(E=MC2 mon amour,Monsieur Papa) fait preuve d'érudition et de malice,et plus encore de tendresse pour tous nos amis d'enfance et d'imaginaire.Et puis Cauvin n'oublie jamais les autres,le Sergent Garcia,Ivan Ogareff ou Messala,car il sait bien que les héros n'existent que par leurs ennemis,tout aussi passionnants.

Evidemment il en manque,il en manque toujours dans un dictionnaire et c'est tant mieux car rien ne vous empêche d'y rajouter les vôtres.Personnellement j'ai regretté l'absence de la Table Ronde et celle d'Achille Talon.Peu importe ce qui demeure c'est qu'après quelques décennies on puisse toujours compter sur leur aide,qu'elle nous vienne du Texas,de la Mancha,de Transylvanie ou d'Ithaque,ou simplement de Baker Street ou du Quai des Orfèvres.On a beau dire,sans ces gens là,on aurait vécu moins bien.Un dernier mot::mon préféré c'est Tom Joad des Raisins de la colère.

15 août 2010

Et la défaite continue

                     Me revoilà plongé dans Yves Gibeau....Et la fête continue qui date  de 1950 n'est guère un ouvrage optimiste.Mais bon sang,de quelle trempe était fait cet écrivain,avec son regard sur cette fin de guerre à Marseille?C'est que les fins de guerre sont difficiles, comme les milieux de guerre,les débuts de guerre,les avant-guerre,les après-guerre.Pour le reste ça peut aller.Le jeune homme n'a guère le coeur à la Canebière.Il cherche surtout à trouver de quoi bouffer,c'est le terme en usage quand la question est essentiellement d'ordre alimentaire au sens propre,ce qui est le cas,même dans le Midi.Et puis Stéphane,ancien prisonnier,doit éviter les mauvaises rencontres.On a vite compris la proximité de Stéphane avec Yves Gibeau.

              Il a bien une ou deux connaissances,des tenants de la débrouillardise,un impresario douteux,une prostituée et surtout Nathalie avec qui le ciel peut s'éclaircir,du moins l'espère-t-il.Cela nous vaut une grande tendresse,une sorte de sentiment un peu timide,car ce grand escogriffe aux jambes flagada pour cause de diète,meurtri par l'enfance,cette "petite guerre", n'est autre que Gibeau lui-même,cet amoureux de la littérature,ce blessé des autres.On ne mange guère a sa faim dans ...Et la fête continue,et la quête n'est pourtant pas que de nourritures terrestres.Un peu tous les métiers,selon l'expression consacrée,et c'est bien de ça qu'il s'agit,survivre,même si pas bien loin de la pègre.J'ai eu la chance de rencontrer cet homme sur le tard de  sa vie.Il n'était guère plus lourd que le Stéphane de Marseille.Et je revois ses yeux de grand enfant que les coups durs,ceux du Landerneau littéraire entre autres,n'avaient pas réussi à atténuer.Il y a  ainsi dans l'histoire de la littérature des prolifiques intéressants,des prolifiques casse-pieds,des discrets fascinants dont la vie et les écrits errent toujours en un pli de notre mémoire.Yves Gibeau est de ceux-là.

14 août 2010

Le coup de Crace

   
  
 

 

 

                Jim Crace,encore méconnu en France,est né en 46 en Angleterre.Deux fois finaliste du prestigieux Booker Prize,il est l'auteur de L'étreinte du poisson, Quarantaine, Six ,Le garde-manger du diable. Et de De visu,curieux titre français de The pesthouse,dont je vous dis un mot ci-dessous.

            De visu est un roman de fin du monde dans un climat assez proche de Malevil.Nanti d'une jolie verve poétique ce voyage vers l'Est constitue ainsi l'avatar ultime et inversé de la ruée vers l'Ouest.Dans cette Amérique d'après la catastrophe(celle que vous voulez,Crace vous laisse le choix) Margaret et Franklin veulent retourner aux navires susceptibles,sur "le puissant fleuve à une seule rive",de quitter le continent pour l'autre terre promise.
              Parabole sur le Nouveau Monde,prématurément vieilli,livré aux pillards et aux maladies,De visu est une histoire d'amour qui devra passer par la case Moyen Age pour envisager à nouveau la sérénité.Et si le cauchemar futuriste servait au moins à cela:donner aux hommes l'occasion de faire mieux.

 
   
 
 

 

 
 
 
   
 
 
6 août 2010

Simple mais beau

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                     J'ai déjà dit comme j'aimais Neil Hannon.J'aime la littérature.Alors quand Neil présente ses héros je ne puis que fondre.Même si je n'aurais pas fait un choix identique.Forte consonnance anglo-saxonne chez cet Irlandais unique.Mon goût est d'ailleurs déjà en partie dans l'abécédaire de mes écrivains majeurs.Et si vous ne me laissez que trois livres,que ce soient ceux-là.A eux seuls ils peuvent presque dispenser des autres.Car ces trois livres ont "changé" ma vie.D'aucun je ne suis sorti indemne.

http://www.youtube.com/watch?v=vPzS91gGzLM The booklovers

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30 juillet 2010

Ne tirez pas sur le pianiste

         

     Embarquez si vous le voulez pour une énième histoire d'immigration et de mafia.Mais le voyage est longuet et Le parrain il y a 40 ans fera tout aussi bien l'affaire et coûtera moins cher.Enfin j'ai emprunté Willy Melodia à la Bibliothèque et  ne regrette pas,enfin ne regrette pas de l'avoir emprunté plutôt qu'acheté.J'ai certes un peu la dent dure mais c'est vrai qu'il y a une bonne idée de départ,à peu près la seule.C'est que le héros narrateur maintenant très âgé n'a vécu tout ça que comme spectateur,privilégié,proche certes,mais jamais tout à fait partie prenante.Willy,né Guglielmo Melodia,n'a qu'un talent,très utile.Il est pianiste né,excellent,et c'est souvent au son de ses accords qu'ont lieu les réunions,querelles,voire massacres inhérents à cette littérature.

    Soyons juste,ce livre se lit assez bien,de bouge minable en hôtel de luxe,de corruption en soutiens électoraux douteux,de bellicisme très intéressé en trafics de toutes sortes.Comme dans ce genre d'ouvrages ce personnage de  fiction est amené à rencontrer les grands de ce monde,bien réels eux.On y croise même Elliot Ness,Duke Ellington,Frank Sinatra.D'où l'envie de réécouter Satin doll ou Sweet Lorraine.C'est une idée,ca.Peut-être même qu'on n'est pas obligé de lire Alfio Caruso,pas vraiment un ténor.Sur les rapports de la mafia et du pouvoir,ou par exemple sur l'étonnant moment où la Sicile faillit devenir américaine,ou indépendante,le même Alfio Caruso a écrit une Histoire de Cosa Nostra.

27 juillet 2010

Le grand Yves

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                                    Une fois n'est pas coutume si l'illustration de cet article est assez personnelle il doit bien y avoir une raison.La voilà.Les hasards blogosphériques m'ont fait découvrir Allonszenfants,consacré à l'écrivain Yves Gibeau et plus largement à la Grande Guerre.Très intéressé par ce thème et passionné de ce que j'ai lu de ce grand auteur,méconnu,oublié,peu prolixe de plus,j'ai contacté l'auteur du blog.Ce dernier m'a demandé d'écrire quelques mots sur Yves Gibeau,que j'ai eu la chance de rencontrer à trois reprises.

    Le vieil exemplaire en Livre  de Poche d' Allons z'enfants qui avait appartenu à mon père a ainsi fait l'objet de cette gentille dédicace.J'animais à l'époque un club cinéphile et nous avions projeté le film d'Yves Boisset adapté du roman.Ce film est assez souvent un peu dédaigné comme bien des films de Boisset.Si ce n'est pas inoubliable c'est pourtant une oeuvre honnête et sobre.Yves Gibeau défendait ce film,bien qu'assez réservé sur les  adaptations.De plus Allons z'enfants est plus qu'un roman tant Gibeau a mis de lui-même,enfance,adolescence,corps et âme dans ce livre sorti en 1952.Au passage je trouve que les couvertures des premiers Livre de Poche étaient superbement illustrées.

  Pour Simon,fils de l'adjudant Adrien Chalumot,la route est toute tracée.Il quitte la Champagne à 13 ans pour Les Andelys et l'école d'enfants de troupe.Comme Yves Gibeau.A travers le destin de Simon c'est toute la condition militaire de Courteline à Kafka,et  bien pire hélas, que l'auteur fait revivre,du fond de sa pudeur et de toute sa verve.Passionné de bêtises comme le cinéma ou la poésie Simon,enfant meurtri et exacerbé,vivra mal ce décalage pour le moins douloureux.J'écris ces quelques lignes plus de 25 ans après avoir lu le livre.Et je suis un piètre "relecteur" car Chronos nous guette et il est intraitable.

gibeau

     Quelques années après,en 88, Yves Gibeau,à qui je remettais une modeste plaquette de poèmes sur le cinéma classique qu'il admirait tout comme moi me dédicaçait ce qui devait rester son dernier livre,Mourir idiot,méditation sur la vieillesse et sur la vie,imprécation presque célinienne version tendresse malgré tout,les ultimes cris d'un auteur que l'on aura en grande partie manqué.Mais je ne peux qu'engager à découvrir Yves Gibeau et pour cela nul meilleur guide que Allonszenfants qui saura vous parler de lui,et qui sait,convaincre que l'homme enterré près du Chemin des Dames,vaut le voyage littéraire.

19 juillet 2010

Des nouvelles moins bonnes que le facteur

    

                         Ce n'est pas l'ami Eireann CAIN James / La Fille dans la tempête  qui me contredira.Le recueil de nouvelles de James Cain,paru aussi sous le titre Retour de flamme est décevant à mon sens.L'âpre et noir conteur d' Assurance sur la mort et du Facteur sonne toujours deux fois nous offre une quinzaine d'histoires publiées dans divers magazines dans les années trente.On a souvent parlé de ces nouvelles type Pulp Stories.Force est de constater qu'elles ne sont pas toutes du même acabit.Certaines très courtes nous laissent de glace(Escamotage,Le cambriolage),teintées d'un humour qui ne m'a pas fait sourire.Les meilleures sont pour moi Le veinard ou En route pour la gloire,assez proches du climat du chef-d'oeuvre adapté quatre fois au cinéma.La littérature américaine de la crise a avec Edward Anderson,Horace McCoy,John Steinbeck mieux à nous proposer.Sorry James mais vous avez déjà une place au Panthéon.

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