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BLOGART(LA COMTESSE)
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25 novembre 2019

In the name of rock/Celia

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                              Phil Ochs, cest bien loin tout ça. Sa prometteuse carrière de folk-singer se brisa assez vite et seul Greenwich Village et quelques vieux fans inconsolables perpétuent le feu sacré d'une de ces légendes folk maudites, il y en a beaucoup. Pour l'ambiance voir le très beau Inside Llewyn Davis des frères Coen. Ce vieux Phil ne s'est pas fait que des amis avec ses engagements trés "engagés". Son succès personnel fut donc très restreint. Je l'ai un peu découvert sur quelques Rock et Folk plus que cinquantenaires et nous n'étions pas nombreux. 

                                Phil Ochs, engagé, je l'ai dit, presque enragé, eut beaucoup d'ennuis à cause de ses textes, notamment avec le FBI (pas très protest-song le FBI, en plein Vietnam) . Des problèmes psychiques croissants, les médocs et l'alcool, rien d'original vous voyez, le conduisirent à une marginalisation voire une clochardisation. En 76, chez sa soeur il décida de prendre une chaise et une corde. Non sans avoir fait un peu de prison en Amérique du Sud et failli laisser sa peau en Tanzanie. C'était la vie joyeuse de Phil Ochs qui, pour son album le moins méconnu, Rehearsals for a retirement en 1969 avait choisi la pochette ci dessous, déjà explicite. Et voici Celia.

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                                Et une autre Celia, qui parle aux phoques sur une île d'Ecosse, de mon si cher Donovan, Celia of the seals.

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15 octobre 2006

Ce dur à cuire de McCoy

  Agrandir la jaquette de Un linceul n'a pas de poches   Que j'aime les destins de ces écrivains américains pas sortis des salons de Time Square mais blanchis sous le harnais de la crise des années trente qui suivait la Grande Guerre.Ils sont nombreux.Après John O'Hara et W.R.Burnett voici Horace McCoy dont on connaît surtout On achève bien les chevaux, l'un des témoignages les plus terribles sur cette crise économique et morale majeure de l'entre-deux guerres.Ce marathon de la danse qui ramène l'homme à la pire bestialité me semble prémonitoire des dérives de la société spectacle d'aujourd'hui.

   McCoy,comme tout le monde a fait tous les métiers depuis le conflit en Europe au journalisme sportif en passant par le taxi avant de  se retrouver à Hollywood ou il fit un petit peu l'acteur et surtout le scénariste(Gentleman Jim,Les implacables).Il a en fait peu écrit et je crois avoir presque tout lu de ce vieil Horace.D'abord des nouvelles pour le Pulp magazine Black Mask cher à Tarantino qui existèrent en Livre de poche en deux tomes,Black Mask Stories et Les Rangers du ciel(ce dernier inspiré par ses mois dans le ciel de la France en guerre).Ces suspenses aériens et policiers,ou les deux à la fois,sont bien dans la tradition des Hard-boiled writers,aussi appelés Tough guys,des auteurs du terrain,fut-il d'aviation,habitués au grand air et aux boissons fortes.

    Adieu la vie,adieu l'amour(Kiss tomorrow goodbye) est l'histoire inéluctable d'un évadé assoiffé de pouvoir,un assassin qui rencontre sur sa route femmes fatales et notables véreux.Ce type de roman,devenu classique, est écrit avec verdeur et causticité,et misogynie bien sûr.Les gants d'une femme quand elle les ôte sont des armes terribles...Je n'ai jamis vu le film avec James Cagney,au titre français débile Le fauve en liberté mais à l'évidence le rouquin irlandais avait l'étoffe.

   La littérature selon McCoy n'est pas aseptisée ni tristement et politiquement correcte.Une fille y est souvent une garce et un établissement fréquenté par les homosexuels n'est pas pudiquement qualifié de bar gay.Dans On achève bien les chevaux prévaut cette même brutalité qui en fait le chef d'oeuvre que l'on connaît,tportrait des sans espoir de la Grande Crise dont parleront si bien aussi Dos Passos, Steinbeck, Dreiser.

  Un linceul n'a pas de poches est un réquisitoire violent et désespéré contre la soumission et la veulerie à commencer par celle des clubs sportifs,déjà.Autres titres Le scalpel,Pertes et fracas.Très longtemps incompris aux Etats-Unis McCoy doit sa célébrité essentiellement à Marcel Duhamel dont la Série Noire historique a contribué après-guerre à tant de découvertes littéraires majeures.

11 octobre 2006

Deux autres films de Mizoguchi

Coffret Kenji MizogushiL'Impératrice Yang Kwei Fei est je crois le seul film en couleurs du maître nippon.Et quelles couleurs!Une palette merveilleuse de costumes et de jardins s'offre au regard et de là s'envole une poésie visuelle mêlant la sensibilité du réalisateur japonais et les affres de ses personnages chinois.Mais l'Impératrice Yang Kwei Fei nous entraine aussi dans les remous de la politique et de l'ambition.Pire encore de la manipulation.

     La jeune femme est si j'ose dire envoyée au casse-pipe comme favorite puis Très Haute Dame au côté de l'empereur veuf et vieillissant.Il y aura bien une histoire d'amour.Elles finissent mal en général.Cela nous aura donné le doux,discret et fugace érotisme du bassin aux lotus,la sortie incognito du couple à moitié impérial lors du Nouvel An,la violence d'une exécution qu'on devine aux vêtements et bijoux tombant sur le sol.J'avais déjà dit que je ne connaissais pas Kenji Mizoguchi.C'est un vrai bonheur de découvrir une oeuvre aussi riche digne des plus grands cinéastes ou romanciers.

    La rue de la honte est le tout dernier film de Mizoguchi.Chronique de Yoshiwara quartier des plaisirs de Tokyo c'est une vision sans concessions de la prostitution avec ses spécificités japonaises et ses archaïsmes. Les filles courent au désespoir,à la folie,à la mort dans un pays d"après-guerre qui se cherche et qui ne fait pas la part belle c'est le moins que l'on puisse dire,aux femmes. Vue d'ensemble de ces héroïnes malgré elles d'une tragédie du quotidien, de la pauvreté et de l'humiliation. Mizoguchi a réalisé environ 100 films en 40 ans. Il paraît qu'il n'y en a pas un mauvais.

6 octobre 2006

Voyage en Italie

Nouvelles complètesC'est l'amoureux du cinéma italien qui vient ici témoigner de la déception partielle à voir Le voyage,dernier film de Vittorio de Sica(74).Cette déception ne vient pas tant du film,mais de la version anglaise pour cause de coproduction qui oblige les personnages, aristocrates ou bourgeois siciliens à parler la langue de Shakespeare alors que tout le film se passe en Italie.J'avais déjà déploré cela surtout chez Visconti et sa version des Damnés en anglais sauf la Nuit des longs couteaux où les Allemands parlent...allemand.

Si l'on passe outre ces aléas Le voyage vaut le coup même si pendant des années les critiques on crû bon de dénigrer,voire de massacrer les derniers films de De Sica. On est certes loin de l'état de grâce du Voleur de bicyclette,de Sciuscia ou d'Umberto D.Pourtant cette adaptation du grand écrivain Luigi Pirandello n'est pas à négliger.Hantée par l'idée de la mort cette histoire qui oppose l'amour fou aux traditions,même au sein d'une famille évoluée,s'aventure aux rives du mélo,ce qui n'a rien de honteux.Le couple Burton-Loren,un peu improbable au début,prend de la substance au fil du temps et ce voyage en Italie mérite un détour,bien que moins fort évidemment qu'une oeuvre maîtresse presque homonyme ,Voyage en Italie de Rossellini.Ne jamais avoir peur de ses propres émotions est un des commandements du cinéphile.Et l'on aura compris qu'on est là au pays de mes amours de ciné.

Ceux qui s'intéressent à Pirandello verront avec un infini plaisir Kaos,contes siciliens(84) des frères Taviani,auteurs aussi d'un Kaos II,toujours d'après Pirandello,à peu près inédit.Il est vrai que les Taviani sont passés de mode...

12 octobre 2006

Les héros sont fatigués

Peut-être est-il un peu hasardeux de classer le très beau film de Robert Rossen,Ceux de Cordura(59) parmi les westerns.C'est en l'occurence un western tardif,l'action se passsant en 1916.Mais surtout il brode une histoire à partir d'une thématique plus contemporaine que les westerns classiques.Je dirais que dans ce film on cite plusieurs fois la Guerre de 14 et qu'il n'est pas si éloigné des grands film de genre comme Kwaï,Attack,Les Douze Salopards,voire Les sentiers de la gloire ou Les Hommes contre.Mais à la différence de ces deux derniers il n'inflige pas une sorte de "propagande pacifiste" et je mets là volontairement des guillemets.Ceux de Cordura,c'est un western presque bergmanien où l'introspection qui finit par saisir tous les personnages dans ce huis clos désertique nous conduit à nous poser la question qui hante Gary Cooper(un de ses derniers rôles,impressionnant):Où est le courage,où est la lâcheté?Terrible dilemme que nous connaissons tous un jour ou l'autre au cours de notre vie.


      "Une lâcheté ne fait pas d'un homme un lâche,une action de bravoure ne fait pas d'un homme un héros" dit Rita Hayworth,dans un rôle de femme riche et secret,cerné de zones d'ombre comme les autres "héros" ,Ceux de Cordura,destinés aux honneurs militaires.Ces hommes,en fait sont veules,violents,cruels et fourbes.Ils sont aussi,ou ils ont été courageux,exemplaires.Ils sont des hommes,c'est tout.Nombre de beaux moments dans ce film,les silhouettes de ces soldats comme perdus,harassés,asséchés de fatigue,la draisine qui manque de tuer Cooper,l'humanité qui finit par saisir les personnages qui iront tous vers leur destin.On ne sait plus bien si ce sera la corde ou la médaille.

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30 octobre 2006

Le vieux monsieur qui ressemblait à mon père

Ceux qui me suivent un peu savent l'amour que je porte au Néoréalisme italien et à ses maîtres.Le film Umberto D.(51) est dédié par Vittorio de Sica à son père Umberto de Sica.Il n'y a pas tant de films dans l'histoire dont le héros soit un paisible retraité.En cela le Néoréalisme n'a jamais été égalé et je crois que l'état de grâce de ces films en symbiose avec un peuple,une époque,un pays restera une exception qui donne au cinéma ses titres de noblesse.Je parle là de la noblesse du coeur pour ces oeuvres consacrées aux humbles.Interprété,habité plutôt par Carlo Battisti qui était professeur,Umberto D. touche au plus profond de chacun de nous.Umberto c'est mon père et c'est le vôtre.C'est moi demain ou après-demain.De Sica ne désigne pas les coupables car le Néoréalisme ne s'est jamais érigé en procureur.Ce mouvement unique a simplement rendu le cinéma à la rue et à ses habitants,modestes retraités, chômeurs, femmes enceintes,sans logements, pêcheurs,petits voleurs, prêtres modestes,simplets de village.Ne vous privez pas de cette vingtaine de films inoubliables auxquels la Nouvelle Vague,le Free Cinema anglais,les cinémas du Tiers Monde émergent doivent tant.

Carlotta films qui présente ce DVD l'accompagne d'un formidable document canadien de 65 nommé Cinéma et vérité où interviennent,tous dans un français parfait,et d'une très haute culture, De Sica, Rossellini, Zavattini,Antonioni,Amidei,Castellani.On n'assiste pas à un cours de cinéma,non.On écoute ces intellectuels sentimentaux engagés modérés.Le contraire de nombre de têtes à claque à la vue basse qui donnent des leçons à qui,mieux mieux.

7 octobre 2006

Le capital des Marx

     Mon excellent confrère en marxisme Eric m'a donné l'idée de vous parler des délicieux romans policiers de Stuart Kaminsky qui ont pour particularité de se dérouler à Hollywood de la grande époque. Autre particularité:ils sont affublés de titres français en forme de calembours de café du commerce comme Pour qui sonne le clap ou Chico,banco,bobo qui mettent en scène,devinez,Gary Cooper ou les Marx Brothers.

Chico banco boboKaminsky utilise les vrais décors et les vrais vedettes de Hollywood et les met aux prises avec de grandes difficultés financières ou intimes. Heureusement Toby Peters veille au grain,privé improbable croisement  des cultissimes Spade et Marlowe. C'est un détective au dos fragile,obligé de s'allonger sur une planche régulièrement et toujours fauché et plaqué. Entre escroqueries aux assurances,producteurs véreux et tueurs à gages peu loquaces Toby Peters aide Errol Flynn,Bette Davis ou Judy Garland à sortir de mauvaises passes.

    Rien de bien sérieux là-dedans mais beaucoup de clins d'oeil au cinéma que l'on aime et de bons moments auxquels il ne faut pas trop demander.Pour du plus lourd voir les "hard-boiled"(Durs à cuire) Chandler,McCoy,Hammett...A noter que Kaminsky quand il ne plaisante pas est quand même scénariste de Il était une fois en Amérique.Allez vous régaler chez 10:18,au moins une dizaine de titres parus.De puis le temps que je mets en évidence leurs couvertures ils pourraient me verser une prime.

19 août 2007

Band original

Saluons un évènement discographique de première importance:la parution d'un superbe livre sur la  carrière de l'impérissable et unique Band,jadis accompagnateur du Bob Dylan électrique(voir le film de Scorsese,déjà chroniqué.Ce livre nous propose 5 CD et un DVD,survolant plus de 30 annnées de musique américaine,et de la meilleure.



Entendons-nous bien,The Band n'a jamais été une usine à tubes et l'on n'entre pas dans cette saga comme dans les Goldies des Beatles ou des Beach Boys,ce qui ne retire rien à l'immense talent des Scarabées ou des Enfants de la Plage.The Band n'appartient à aucune catégorie.Bien que leur musique paraisse d'inspiration sudiste,les membres du groupe sont au quatre cinquièmes canadiens et The Band n'est ni Lynyrd Skynyrd ni Creedence Clearwater Revival.Plusieurs périodes jalonnent la vie du Band.Au commencement était le  rockabilly quand ils accompagnaient,sous le nom de The Hawks,le chanteur Ronnie Hawkins,maître du genre et les premiers morceaux de cette anthologie nous rafraîchissent les oreilles agréablement.Le rockabilly ça swinguait méchamment.


Mais la grande rencontre des musiciens fut celle de Bob Dylan qu'ils accompagnèrent sur scène lors de la "mutation" électrique  du maître.On retrouve ainsi quelques titres,Just like Tom Thumb's Blues,Can you please crawl out your window?Puis The Band devait poursuivre son propre chemin.Cette collection brosse un tableau fidèle de leur évolution avec de nombreux extraits de leurs meilleurs albums:Music from Big Pink,The Band,Stage fright,Moondog Matinee.Leur musique souvent très élaborée mélange  des influences texanes,californiennes avec un patrimoine rappelant par instants la musique d'Europe de l'Est qui devait déteindre sur la country.The Band c'est tout cela à la fois.Ecoutez-les!


On devait retrouver The Band,filmé par Scorsese dans The last waltz,leur concert d'adieu avec des invités prestigieux en 76 à San Francisco.Puis,et c'est la dure loi du rock,vint la séparation avec des disques en solo mais jamais Robbie Robertson,Rick Danko,Richard Manuel,Levon Helm et Garth Hudson ne devaient atteindre à nouveau l'état de grâce.Richard Manuel s'est pendu en 86 et Rick Danko est mort peu après.Ecouter The Band c'est accéder à l' univers complexe d'un groupe rock avec mandoline,accordéon,violon et de subtiles harmonies vocales et instrumentales,une rareté...


           

                           


De gauche à droite et de haut en bas Robbie Robertson,Rick Danko,Richard Manuel,Garth Hudson et Levon Helm.Merci Messieurs.

4 octobre 2006

Le piano de Truffaut

Il me semble que Tirez sur le pianiste est dans la carrière de Truffaut le seul film que l'on puisse rattacher à la Nouvelle Vague (peut-être aussi Les 400 coups). Tirez sur le pianisteEn effet et bien que Truffaut n'ait fait que de bons films son oeuvre est d'une facture assez classique éloignée de la Nouvelle Vague.

Ainsi Tirez sur le pianiste m'est apparu comme une curiosité qui ne m'a pas complètement convaincu.  Cependant le film est très intéressant,comme sautillant et un peu déconstruit, faisant voisiner Boby Lapointe chantant Avanie et framboise de toute son inquiétude exacerbée et la musique du grand Georges Delerue.Les interprètes sont très bons:Aznavour, fragile mais déterminé, Albert Remy, grand comédien peu cité à mon avis, et la toute jeune Marie Dubois.      

    Je ne connais pas le roman de Goodis et ne sais donc pas s'il avait ce côté burlesque(silhouettes des poursuivants) tout en flirtant avec la mort. Avec Tirez sur le pianiste Truffaut termine ses gammes sur le film noir et donnera toute sa plénitude avec La mariée était en noir.

31 octobre 2006

Le doute sous le portique

Rashomon(1950) est le film qui a révélé Akira Kurosawa à l'Occident.Le Japon put alors cinématographiquement relever la tête et l'on commença à découvrir la richesse de ce Septième Art nippon très spécifique et qui désarçonne parfois le spectateur européen.Adapté de deux récits d'un écrivain connu au Japon Rashomon est une réussite exemplaire de ce que j'appelle le cinéma de l'interrogation,vaguement affublé en France de l'adjectif pirandellien référence au grand dramaturge italien Pirandello auteur de A chacun sa vérité.

  Les protagonistes d'un meurtre témoignent tour à tour.Mais chaque version diffère bien entendu et les trois personnages réfugiés pour cause de pluie battante(il pleut souvent dans le cinéma japonais) se heurtent sur la vérité et sur la faillite de l'humanité bâtie sur le mensonge.Le bonze,le domestique et le bûcheron méditent sur la fragilité du vrai et la relativité des déclarations.Savamment orchestré d'une série de retours en arrière Rashomon met en relief des classiques de la littérature du pays,bandit,femme soumise(pas tant que ça,là encore il y a doute),samouraï.Couronné de récompenses Kurosawa a été gentiment accusé de calcul à l'exportation pour toucher enfin le public de l'Ouest.Peut-être pas faux mais qu'est-ce qu'on s'en moque.Cette porte de Kyoto ouvrait la voie pour une découverte passionnante:il y avait donc un cinéma aux confins de l'Asie.Et d'une complexité inattendue.

8 octobre 2006

Un film bien

Je viens de voir un film fort sur la résistance à l'oppression.

Je viens de voir un film sans budget,fait de bouts de ficelle et presque sans acteurs connus.

Je viens de voir un film choc comme l'on n'en avait jamais vu,impressionnant de violence.

Je viens de voir un film inoubliable,un film qui colle comme de la glaise à son pays,a son histoire,à son peuple.

Je viens de voir un film où les femmes sont des femmes,faibles et fortes,de rires et de larmes,et dont les enfants sont fiers.

Je viens de voir un film digne qui montre des enfants tels qu'ils  sont dans des circonstances dramatiques,et qui ne les utilise jamais pour une factice et facile émotion.

Je viens de voir un film,honneur du cinéma,un film révolutionnaire dans la seule acception de ce mot,à savoir humain tout simplement. 

Je viens de voir...Je viens de revoir...         

(Roberto Rossellini:1945)

Excelsa Film

11 octobre 2006

Le vol des Oyseaux

Coffret 11 CD : 12 Dimensions (inclus un album inédit)  Je dois me confesser d'une chose innommable et incompréhensible et si vous pouviez connaître quelqu'un qui connaîtrait quelqu'un qui aurait fait presque la même chose. Enfin pas vraiment si grave car s'être rendu coupable de l'achat de l'intégrale "The Byrds/The Columbia Recordings" a fait de l'auteur de ces lignes une sorte de paria, de maniaque folk-rock, de has been and not very been.Quelle peut être la perversion de celui qui veut tout connaître de son groupe préféré,lui qui n'a plus l'âge qu'il avait du temps de Turn,turn,turn évidemment. Ce coffret que vous voyez là est l'objet du délit. Pris d'une pulsion néo-adolescente acnéique et baccalauréatesque pour ne pas dire abracadabrantesque j'ai acheté cet incunable. Je ne le regrette pas et l'écoute souvent. Mais qui dira la solitude le soir au fond du sofa de l'ermite quinqua qui rêve sur Renaissance Fair et plane sur Eight miles high?

Mr. Tambourine ManBien sûr, Byrdmaniax depuis longtemps j'avais déjà nombre de vinyls en leurs pochettes californiennes. J'avais déjà aussi le coffret 4CD et 81 chansons que je possédais pour la plupart en 45 tours,voire en cassettes.

  O vous tous ma peine est profonde

   Suis-je né trop tôt ou trop tard

   Suis-je donc le seul au monde

   A posséder 8 fois Mr Tambourine Man?

   Priez pour le pauvre Bogart.

              ( avec le concours de Paul Verlaine)

A propos de sofa aurai-je la raison de cet égarement du côté de chez Sigmund? Ou ai-je développé un syndrôme Peter Pan ou Forrest Gump? Mon moi profond  de baby boomer est-il en  train de vivre une catharsis avec mon ego de futur papy boomer? Ou ces putains de 35 ans qui ont passé  me blessent-ils à ce point? Pardon pour les grossièretés.

    On pourrait penser que musicalement cette utime et définitive collection apporte un plus et de l'inédit à revendre. Il y a de l'inédit mais tous les rockers vous le diront:99°/o de ce qui est inédit doit le rester. Par exemple le poème A Claudine que j'ai écrit en 61 parce que je l'avais vue à la piscine doit rester dans l'ombre. Les muses s'en remettront.

  Eigh Miles High  Mais revenons à nos Oyseaux. Les Byrds sont l'un des chaînons majeurs de la musique rock. Je ne reviendrai pas sur leur histoire mais un shaker Beatles+Beach Boys+Dylan donne à peu près cette formation qui a vu défiler une quizaine de musiciens sous la houlette de Roger Mc Guinn avec entre autres David Crosby et Chris Hillman. Des Byrds devaient sortir,excusez du peu, Crosby,Stills,Nash and Young, Poco,Buffalo Springfield, Flying Burrito Brothers, Tom Petty et plus tard leur influence devait être capitale sur R.E.M.

  Untitled    Parfois je regarde mon coffret. C'est un joli cube que les soixante millions d'incultes français n'ont pas évidemment et ça me rend tout chose. Il est en tirage limité à 350 exemplaires et j'ai le numéro 152. Est- ce que ça veut dire qu'au moins 151 ont été vendus de par le monde? Je le caresse et nous sommes là au bord du fétichisme avec ses angles aigüs comme tout cube qui se respecte, ses arêtes bien acérées et trois photos de pochettes sur chaque face latérale. J'en fais le tour, le périmètre pour les matheux, je le soulève  et le repose délicatement sur ma colonne de CD ordinaires,des bêtises comme Cohen, Cream ou Donovan. Parfois je frise l'autisme avec mon intégrale des Byrds en un sorte d'autosatisfaction béate. Puis je réagis et me mets en quête d'une intégrale des Lovin' Spoonful. Personne n'est parfait. Tout commentaire de soutien sera le bienvenu dans cette rude épreuve.

1 janvier 2007

Une corde,un colt

AF-05777.jpgWilliam A.Wellman est certes moins connu que John Ford,Anthony Mann ou Delmer Daves.Il n'a réalisé que quelques westerns.L'étrange incident(1942),parfois titré l'Aube fatale(The Ox Bow incident), raconte l'histoire d'un lynchage,souvent survolé dans de nombreux westerns.Ici la justice sommaire est au coeur du film dès le début et Wellman mène l'action dans toute sa cruelle cohérence jusqu'à son terme, inéluctable,effrayant dans toute sa sécheresse.Wellman ne cherche ni à plaider,ni à adoucir.Il témoigne et c'est terrible d'efficacité.Henry Fonda est l'honnête homme qui ne pourra changer les choses et Anthony Quinn un Mexicain victime de l'air du temps.


Dans Buffalo Bill(1943) Joel McCrea incarne le célèbre William Frederick Cody et celui-ci n'est ni un héros sans aspérités ni une ganache telle qu'il a pu être décrit plus tard.En fait cette version de la vie de Buffalo Bill est probablement la moins tapageuse et la plus proche d'une certaine vérité.La fin notamment est assez émouvante et nous épargne le côté vieux cabotin au cirque simplement par une grande discrétion lors de ses adieux à la scène.Et puis Buffalo Bill par son propos plutôt proche des Indiens annonce des films bien ultérieurs,la Flèche brisée,Little Big Man,Soldat Bleu.Une fois de plus Anthony Quinn joue un rôle "ethnique",celui de l'Indien Mains Jaunes.Cet acteur aura été au long de sa carrière Indien, Mexicain, Arabe, Esquimau,Grec,Roumain,Espagnol,Italien,Juif et même...Hun.


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12 novembre 2015

La poésie du jeudi, Edualc Eeguab

 Poésie du jeudi

                                   Ces deux textes ont été écrits il y a plus de dix ans. Je vous les livre avec ma présentation de l'époque. A ce jour je crois qu'ils sont encore cinq. Je pense souvent à eux peut-être parce que je suis d'un pays de cimetières tout blancs et tout propres entre Somme et Chemin des Dames.Je n'ai pas envie d'en dire plus mais j'ai écrit ces quelques lignes pour eux.

Autour de Péronne

Notre pays n’est à l’honneur

Que lorsque novembre pointe sa douleur

Notre pays n’est guère

Qu’anniversaire des pleurs d’une mère.

La plaine est ainsi constellée

De ces rectilignes faisceaux

Portant croix blanches immaculées

Enserrées sous bien des drapeaux

J’aime à saluer ces lointains amis

Ces cousins si proches à la fois

Couchés sur ce plateau picard

Presque ignoré.

Ce siècle avait quinze ans

Les quatre cavaliers allaient emporter

Dans ce délirium funeste

Les illusions de ces pauvres humains

Mon pays fut l’un des théâtres

De cette fin d’un monde

Nos monuments sur ces terres ingrates

Ne sont qu’alignements

Souvent d’un blanc si propre

Comme pour éloigner les souillures

La boue sans patrie de ces collines,de ces halliers

Les villages fantômes

Veillent sur ces milliers d’hommes

Reconnus ou devinés.

Ici les noms ne sont pas tous de chez nous

Mais ma liberté et la tienne

Toi ma si chère amie

Souvenons-nous

Qu’elles leur doivent la vie,clairement

A Williamson l’Australien

Et Babacar de Casamance

La chapelle bleue du souvenir

Demeure,modeste repli de longue mémoire.

Ils n’avaient que vingt ans,sans bien comprendre

Que la terre de Somme,froide et calme

Serait leur linceul

Sans même un griot

Ou sans revoir leur cher Pacifique

Insondable folie des hommes

Qui devait arracher si loin

A leur soleil,à leurs forêts profondes

Ces garçons morts aux bourgeons

Sans même être exemplaires.

Rage.

Dieu,comme tu sais faire mal aux hommes!

 

Le poilu

Si là-bas sur le plateau assassin des Dames

Ailleurs en Picardie,n’importe où

En un quelconque Orient

Mais surtout dans la forêt

De ma pâle jeunesse,de mes vingt ans fougueux

A la naissance meurtrière et verte

D’une clairière pourtant vouée à aimer

Comme la nôtre...

Si la-bas et en ce temps j’avais écrit

Ces simples et si belles paroles

D’une vie qui s’exhale à son aube rougie

Aurais-je dépeint les arbres automnaux

Sous les mitrailles de l’enfer

Ou la boue des inhumains

Au coeur de la nature jadis hospitalière?

Aurais-je su,même maladroit évoquer l’indicible

Et traquer ces secondes comme des heures

Afin que ma mémoire dépose

Témoin dérisoire et magnifique

Brodant de tardives arabesques au seuil du néant?

Oui ce me semble j’aurais trouvé

Pour toi les mots des lettres les plus forts

 Et les ayant sculptés je t’aurais donné

La meilleure part de moi,le souffle de ma vie

Et tu aurais aimé,c’est sûr

Chaque lettre de chaque mot

Arrachée au destin rapace et délirant

J’aurais été ton poème entr’ouvert sur la nuit

Le sort aurait peut-être adouci ma misère

En laissant à ma main une ombre de talent

Pour que je te pénètre à t’en désespérer

Au reste de tes jours et je serais mort prince

Heureux de ta rencontre.

Pour toujours enfin je serais rimbaldien

Aux semelles légères à courir avec toi

A Florence et Venise

Aux dunes et aux ergs de Mauritanie.

Ces orages d’acier m’auraient condamné

A rester cet ardent cavalier

Frère des troubadours

Ami des guitaristes et jongleur de mots

Toi,tu aurais aimé,tu aurais gardé

Bien longtemps,bien toujours

Superbe actrice,ces monologues

 Enfin j’aurais été l’auteur

Des verbes de réalité

Que ta bouche meurtrie aurait incantés

De tes multiples profondeurs

Celles que je connaissais bien avant

Que de rejoindre le bataillon des perdus.

Et sur ces crêtes qui t’impressionnent

J’aurais laissé parmi tant d’autres

L’empreinte de mes doigts crispés

Sur ces rocs comme sur ton corps

Sous l’infini silence des oiseaux

Oui,Amour,tu aurais aimé

Quand après mon départ

Une vie aurait doucement pris son vol

Dans ton ventre habité.

Si j’avais été un soldat

Rebelle ou résigné,cela importe peu

Si j’étais tombé en ces lieux un peu tiens

Je sais que jamais je ne t’aurais déçue.

16 septembre 2006

L'îlot non loin de l'ïle

   

      La vague irlandaise semble illimitée.Ne dit on pas dans la verte Erin que tous les Irlandais sont des écrivains? Eireann de Lorient ne me contredira pas. O'Connor(enfin l'un des 100 000 Irlandais à s'appeler ainsi) est un pilier de la génération intermédiaire dont je vous ai déjà présenté quelques fleurons,Toibin, McLiam Wilson, Doyle.J'avai lu et aimé Le dernier des Iroquois et L'Etoile des mers qui racontent respectivement les tribulations d'un jeune punk en Angleterre et un voyage d'émigrants irlandais après la Grande Famine.

    Inishowen                          Inishowen est un coin perdu du nord de l'Irlande, mais pas d'Irlande du Nord. Un flic de Dublin a l'intention de revenir sur la tombe de son fils tué par des gangsters.Une Américaine malade  revient au pays pour tenter de retrouver sa mère qui l'a abandonnée.

  Inishowen est un livre remarquable et"irlandissime" par les thèmes que Joseph O'Connor brasse avec talent. L'éternel rapport de l'Amérique et de l'Irlande à travers le personnage d'Ellen et sa quête de sa propre naissance au seuil de la mort, la violence d'une socièté fratricide qui a longtemps prévalu dans ce pays, la rude beauté de ces régions qui avant d'être à la mode ont été meurtrières de misère, l'amour de ces deux destins cassés tissent une trame romanesque, ce qui est pour moi une grande qualité littéraire et devrait réjouir de nombreux lecteurs pas forcément comme moi aficionados de de cet Extrême-Ouest européen.

   Rien ne manque dans ce livre, même pas une petite déception en ce qui me concerne:le côté un peu convenu de la famille américaine qui vire à la farce.Pas grave:O'Connor a tant de souffle que l'Atlantique n'a qu'à bien se tenir.A retenir Yeats cité par O'Connor:

       "Mon âme est enchaînée à un animal mourant"

19 mai 2006

Pluvieux et lumineux

Le dernier film écrit par Akira Kurosawa a été réalisé par son assistant depuis 25 ans, Takashi Koizumi. Après la pluie c'est une étape dans la vie d'un ronin,samouraï non attaché à un maître.Bloqué par la pluie et les crues le héros trouvera un nouveau souffle dans l'amour simple et ample de sa femme et la droiture de sa condition de combattant du bien. Après avoir failli être engagé comme maître d'armes d'un seigneur local il reprendra la route.

  Après la pluie

  Ce film n'est pas une fresque mais plutôt une estampe, testament de Kurosawa dont le message a été admirablement compris et mis en images par Koizumi. Le vert des forêts, le murmure des eaux, le vol d'un oiseau, le retour du soleil sont tout de lumière à la fois frêle et envoutante. Quelques combats très nobles et ...la noblesse aussi de s'avouer vaincu rythment ce film qui conclut merveilleusement la vie du grand montreur japonais Akira Kurosawa dont on ne louera jamais assez l'éclectisme.

29 juillet 2006

Le mystérieux Mr.Traven(Benjamin,Bruno ou autre chose)

Le vaisseau des morts

Mon fidèle saint patron Humphrey Bogart m'a fait découvrir B.Traven, auteur du Trésor de la Sierra Madre. Mais comme Stevenson ou London cet écrivain était aussi un homme au destin pour le moins cahotique et actif. Action et écriture s'épousent dans le cas de ces diables d'hommes de plume et de mouvement.

Ce sont souvent les mots utopie et anarchisme qui viennent à l'esprit concernant Otto Wiennecke, Otto Feige, Torsvan Traven, Hal Coves, Ret Marut, respectivement vrai nom et pseudos divers de celui qui restera pour simplifier B.Traven. Ces deux mots ne m'intéressent guère.Ce qui me fascine est le destin de cet homme dont on a longtemps tout ignoré du parcours qu'il avait soigneusement embrumé lui-même.On l'a longtemps cru américain. On a même dit qu'il ne faisait qu'un  avec cet immense écrivain lui aussi méconnu, Ambrose Bierce, disparu bizarrement dans le désert du Mexique fin 1913. Il est vrai que le Mexique a toujours été le rendez-vous de la mort joyeuse avec ses cultes si bien montrés par Eisenstein(Que viva Mexico!) .Certains ont prétendu qu'il était fils naturel du Kaiser Guillaume II. Si c'était le cas il aura vraiment mal tourné.On en sait maintenant un peu plus.

Né en Allemagne en 1882 il a participé à la vie politique avec la très éphémère République des Conseils de Munich en 1919. Socialiste il doit fuir et c'est la longue errance,Suisse,Autriche,Pays-Bas,Canada,puis installation quasi-définitive au Mexique. J'oubliais un  peu de prison en Angleterre.Bref retour en Allemagne en 59.On se demande encore pourquoi. Traven est mort en 69 à Mexico City.

Coffret en 2 volumes : La révolte des pendus ; Le vaisseau des morts La révolte des pendus  dont le sous-commandant Marcos pourrait écrire une préface avec une belle démagogie et quelques accents de vérité raconte les rebellions indiennes au Mexique contre l'exploitation des hommes et de la nature.Traven se garde de tout sentimentalisme et les fleurs percent difficilement sous le fumier et la rapacité.Ironique et cinglant plus encore que revendicatif ce roman fut adapté au cinéma en 54 au Mexique.

La fièvre de l'or inonde Le trésor de la Sierra Madre, le plus connu des romans de Traven depuis la remarquable adaptationde John Huston avec Bogart, tous deux fins connaisseurs en parfums d'aventures et vapeurs d'alcool. L'humour caustique imprègne aussi le livre d'un halo picaresque sur le destin souvent tragique des chercheurs d'or.

Pour Le vaisseau des morts on peut évoquer Joseph Conrad au fil des péripéties de ce marin sans identité ni passeport, rayé du monde et que seul le capitaine d'un vaisseau fantôme peut engager pour un voyage pour le moins hasardeux mais qui fera le bonheur des amateurs de littérature plus proches des hallucinés de la ligne d'horizon que des auto-contemplateurs de nombril.

4 novembre 2006

La mort à voir

Moi,c’que j’aimerais par-dessus tout


C’est une belle mort,une mort d’anthologie


Avec un dernier soupir à damner


Même la plus rancunière des maîtresses


Et un ultime dialogue servi par les meilleurs


Une vraie mort de cinéma,quoi.


Comme celle d’un chanteur de country


Vieillissant et rongé,les femmes et l’alcool,


Qu’est-ce que vous voulez que ce soit,pardi.


Un honky tonk man dans un bar pour routiers


A la nuque rouge,lost on the highway.


Au cinoche mille façons de mourir.


Et tant qu’à faire de crever


Autant trouver la mort à Venise,classe,non.


Ca,ça m’irait.Je change de ton:


L’élégance d’un costume blanc


Lla plage du Lido,couleur choléra,


Un adagio à briser l’âme et,


Omniprésent,grandiloquent mais tant pis,


Le crépuscule,ce putain de crépuscule


Qui me fascine et qui nous guette.


Très chic la lagune pour y laisser sa peau


Tomber le masque


Que dansent les ombres d’un carnaval blême.


Ou mourir à l’Ouest.


Qu’on m’apporte un chapeau.


Un mercenaire buriné,couturé,balafré


Qui enfin rencontre la camarde

Il était une fois dans l'Ouest


Et rachète in extremis(belle expression),


In extremis,sa vie de chasseur de primes,


Règlements de compte hâtifs et peu regardants


Pour sauver le village de paysans.


Bien,bien,hollywoodien,bien.


Très “Chant du cygne”.


Diable on peut mourir en France,


Une agonie qui m’est très chère,


Certains sont déjà au courant.


On l’a racontée ici même,


Loin là-bas sur un quai des brumes.


Ce peintre un peu maudit,ce déserteur,


Quelques paumés,les chose derrière les choses


Et cette mort utile en léguant ses chaussures.


La mort philanthropique,à la marée du soir.


Y a du prestige aussi très au Nord


Sur le chemin de la Faucheuse.


Un grand Suédois,pas marrant marrant,


Austère.Et défier la Mort aux échecs


En un pays hanté par la peste,


L'angoisse et la culpabilité


Car je suis coupable,coupable de tricherie


Comme le Chevalier “Echec et mat”.


Mais lui,il a gagné.


Si j’avais le goût de perdre!Pénitence!


Plus astucieux,on peut rembobiner


Commencer par la fin.Xanadu.


Le magnat obèse,solitaire


S’écroule en son château


L’enfance,la jeunesse,l’ambition,


La puissance,les amis


Et incandescentes vénéneuses,toutes,


Les femmes,refaire le chemin à l’envers


Les aimer à nouveau


Et qu’elles paient,cette fois.


Bon Dieu qu’elles paient!


Ce sera toujours trop bon marché.


Pardon,je m’égare.


Rendez moi mes jouets d’enfant.


Traverser enfin le miroir


Comme Jeannot tendant la main


Mon beau Jeannot,pour voir ailleurs si j’y suis.


Orphée,le poète et ces miroirs,


Portes où la mort va et vient.


Ou errer dans Calcutta déserte,


Fantôme durassien de chair et de sang,


Mais désincarné et exsangue


Mourir,dit-elle.Forcément quitter


Et j’aurais continué d’attendre la fin.


Et j’aurais dit dans un cri


”Qu’elle vienne,qu’elle vienne vite”.


Après,après il restera toujours


Bogart en imperméable,


Pluie battante aux funérailles


De la Comtesse aux pieds nus.


20 mars 2007

Et de Hongrie soufflent les braises incandescentes

   

          Sandor Marai,magnifique écrivain hongrois,s'est suicidé en Amérique en 1989.Il avait 89 ans.Claude Rich et Bernard Verley avaient joué il y a trois ans l'adaptation théâtrale de son roman Les braises.Ce livre est dans la lignée de ces écrivains d'Europe Centrale ayant vécu la bascule du siècle en cette monarchie austro-hongroise qui vit éclore et souvent fuir les meilleurs intellectuels,mais vous connaissez déjà Arthur Schnitzler,Stefan Zweig,Joseph Roth.En son château le vieux général attend son ancien condisciple qu'il n' a pas revu depuis quarante ans.Mais le monde qui avait réuni leurs jeunesses n'existe plus.Comme enfermé dans son palais le vieux général n' a pas su comprendre le siècle.Son vieil ami,voyageur et homme d'affaires,l'a-t-il mieux saisi au moment où ils se retrouvent dans le salon où rougeoient les braises de leurs souvenirs?Sandor Marai est un écrivain de l'attente et des silences dans cette Europe où les esprits ont perdu leurs repères.Oserai-je citer encore Buzzati si je ne craignais de m'entendre dire qu'il me faut tuer Dino en un sain exorcisme.Les braises c'est un voyage dans l'insondable et impossible amitié de deux hommes que tout a séparés et qui ne sont plus guère eux-mêmes que vestiges.Comme les restes du Guépard sur les ruines de la vieille Europe.

 

 

   

         Mémoires de Hongrie est le récit que fait Sandor Marai de la fin de la guerre.Ecrit en 1970 ce récit narre le changement de propriétaire de la maison Hongrie" en 44.Résistant antifasciste avant la guerre puis ennemi de classe lors de l'arrivée des Soviétiques,ce grand intellectuel bourgeois éclairé aura eu du mal,bien du mal,à être simplement hongrois.Comprenant qu'aux noirs assassins succédaient en un fondu enchaîné, très enchaîné,les rouges égorgeurs,Sandor Marai qui savait que l'humanisme deux fois étranglé devrait attendre bien des années,décida de partir en 48:"Pour la première fois de ma vie,j'éprouvais un terrible sentiment d'angoisse.Je venais de comprendre que j'étais libre.Je fus saisi de peur".Et comme l'on partage cette crainte chez cet homme de haute culture et de tradition,détaché de toute idée préconçue.Albin Michel qui édite ces deux livres sort en ce moment même Métamorphoses d'un mariage.Vous imaginez comme cela me tente de découvrir une autre oeuvre de cet auteur lucide,courageux et embrasé.Cette grande voix de la littérature européenne s'est tue volontairement.Le grand âge lui avait-il rendu l'espoir et apaisé sa peur des barbaries?

18 février 2007

Berlin 36

Ce thriller très classique nous plonge dans les quelques jours qui précèdent les Jeux Olympiques de Berlin et l'on y croise même le célèbre Jesse Owens.Un Américain engagé pour tuer un dignitaire nazi rencontre un contact qui n'est pas celui qu'il prétend être.De fil en aiguille on assiste à ces quelques jours où le tueur à gages alterne les rôles de chasseur et de gibier.C'est bien souvent le cas dans ce genre de livres.L'auteur, Jeffery Deaver, a déjà été adapté au ciné dans Bone collector avec Denzel Washington.Le rectificateur est un livre lourd au sens propre et au sens figuré.Trop long de 100 pages au moins il n'est pas haletant comme il le devrait et sa construction,hyper-traditionnelle,montages alternés transcendés par quelques points de rupture,ne nous offre qu'un délassement digne d'un voyage en train.Rien de déshonorant.Tout le monde n'est pas Graham Greene ni John le Carré.

3 mars 2007

A mi-chemin du paradis

   Sam Shepard fait partie de ces nombreux Américains qui vous réconcilient avec leur pays.Dans cet immense territoire bien des voix s'élèvent avec courage et talent pour décrire un autre Amérique,la leur et celle que j'aime tant.Shepard a tout fait.Bref passage dans le groupe folk-rock Holy Modal Rounders(période hippie),scénariste de Michelangelo Antonioni pour Zabriskie Point,un brin fumeux,de Wim Wenders pour Paris,Texas entre autres,et de Bob Dylan pour son unique réalisation Renaldo and Clara.Dramaturge(Fool for love,L'Ouest,le vrai) et lui-même metteur en scène occasionnel.Acteur sur des films pas toujours géniaux mais aussi sur L'étoffe des héros ou Les moissons du ciel il est aussi un nouvelliste très fin dont voici deux recueils en 10/18.

   Balades au paradis se compose de textes pour la plupart courts et l'on y croise les ombres de Duke Ellington,Gary Cooper,Spencer Tracy sur un rythme un peu syncopé qui s'apparente au jazz et à la culture américaine avec ses cowboys égarés,ses motels interchangeables,ses miles d'autoroute et ses petits désespoirs ordinaires.Féru d'Europe comme pas mal d'intellos de là-bas Sam Shepard a intitulé une de ses nouvelles Un hommage à Céline.Dans le recueil suivant A mi-chemin l'une se nommera C'était pas Proust

  Dans A mi-chemin (Joli titre original:Great dream of heaven) que je viens de terminer d'autres héros très quotidiens essaient d'échapper à leur grisaille en s'intéressant aux courses hippiques,en tentant au téléphone de renouer le  fil de leurs amours démolies,en lutinant gentiment une serveuse de restaurant.Sam Shepard se balade parmi ces gens modestes et terrifiés à l'idée du temps qui passe,de leurs enfants en partance,de la tempête sur leur caravane,de pensions aux ex.Dans ce grand pays de longs rubans d'asphalte et de rêves à construire avant que de pleurer il y a une littérature fabuleuse,encore largement ignorée.Je la défends depuis toujours.

17 décembre 2006

Flaherty Visconti,même combat

 

L'Homme-D'Aran

           Quand les femmes des pêcheurs siciliens de La terre tremble semblent guetter le retour des chasseurs de requins irlandais de L'homme d'Aran il me semble qu'il n'y a rien à rajouter à la grandeur du cinéma.Je me tairai donc.Reste le plaisir des yeux et quelque chose,là,au coeur qui réunit mes deux pays d'amour.Point n'est besoin de gloser davantage...                                                                  

 

31 mars 2007

Le médecin et le yakuza

    L'ange ivre(1948) est l'un des premiers films d'Akira Kurosawa.Cinéaste des bas-fonds de l'après-guerre japonaise l'attirance pour cette frange du peuple nippon ne le quittera jamais.Dans L'ange ivre la caméra revient souvent sur une sorte de marécage faisant office de déchetterie.Les personnages y passent tour à tour.On dirait que c'est le pays tout entier qui crache le sang comme le gangster soigné par le médecin alcoolique.Les rapports entre ce bandit qui ambitionne de devenir le parrain local et ce médecin qui fait de l'humanisme bourru sans le savoir sont parmi les plus beaux du si riche cinéma de Kurosawa.

  Dans l'Empire du Soleil Levant de 1948,post-apocalyptique comme presque tout le cinéma japonais les dancings ressemblent à ceux de Chicago et les voyous pourraient sortir d'un film de Scorsese,par ailleurs grand admirateur de Kurosawa.Les personnages féminins ne sont pas sacrifiés,surout la jeune fille en voie de guérison,très fraîche et enjouée.C'est bien sûr l'affrontement des deux hommes:le yakuza qui finit par douter et le toubib plein de bonne volonté faillible qui crée la tension et les scansions de L'ange ivre.C'est aussi le premier rôle de Toshiro Mifune chez Kurosawa.Les deux hommes ne se quitteront plus et Mifune deviendra le seul acteur nippon connu en Europe.Son jeu,assez occidentalisé,me fait penser à Brando pour le côté chien fou et à Gassman pour le côté hableur.Pardon pour ce raccourci.

   Le marécage,symbole d'un Japon perdant et perdu, permet à Kurosawa des plans splendides aux accords d'un guitariste dans l'ombre.Je n'en citerai qu'un:le bandit, très affaibli par la tuberculose, est adossé contre l'un des rares arbres du cloaque.L'arbre est rachitique et l'homme,voûté de douleur,ressemble à un chômeur italien culpabilisant.Quel compliment!

   

5 mai 2007

Précieuse trilogie à l'anglaise

  •        Le soin apporté par James Ivory et son complice de toujours le producteur Ismaïl Merchant a permis la naissance d'une très belle trilogie qui a donné à la France  la chance de découvrir l'auteur anglais Edward Morgan Forster(1879-1970).Rarement tryptique d'adaptations aura fait preuve d'autant de cohérence et de finesse.Transposer le monde à la fois précieux et souterrain de Forster n'était pas à la portée du premier tacheron venu.E.M.Forster issu d'une famille patricienne était un esthète proche du groupe de Bloomsbury au début du siècle.Son oeuvre romanesque tente une correspondance entre les classes sociales de l'Angleterre edwardienne.Cette connection passe entre autres par le premier roman ouvertement homosexuel, Maurice,qui ne parut qu'après sa mort.Mais les rigidités demeurent outre-Manche et ailleurs et l'oeuvre romanesque de Forster commence seulement à convaincre de son intérêt.A noter que David Lean, malade,adapta lui aussi Forster pour son dernier film La route des Indes,qui ajoute aux thèmes centraux des barrières sociales à briser et des amours interdites une réflexion voisine sur la colonisation.Attention il ne faut pas prendre Forster pour un révolutionnaire.Il garde ses distances,cela ne l'intéresse pas vraiment.Il sait seulement que le monde change, doucement, lentement.                                                                                                            

            

    En 1986 Chambre avec vue,outre une belle ballade dans ma chère Florence au temps béni du tourisme aristocratique(enfin béni pour certains),nous emporte dans une délicieuse histoire d'amour soigneusement corsetée de chaperon et de pasteur.C'est la version light des conventions d'époque et la belle Helena Bonham-Carter,en pamoison toscane n'épousera pas le sinistre Daniel Day-Lewis.Comme ces acteurs étaient jeunes!A mille lieues du cinéma agité ce film adapté du roman Avec vue sur l'Arno obtiendra un succès inattendu.Ne nous y trompons pas.Derrière les baignades polissonnes et les pique-niques verdoyants la jeune Lucy prendra subtilement conscience d'un univers peut-être en voie d'extinction,d'extinction lente certes.

    Maurice(87) avec James Wilby et un tout nouveau,Hugh Grant,est un film plus grave et aborde le carcan social sur un versant plus noir que Forster connaissait bien.Si l'on aime les raccourcis on pourrait dire que Maurice est un hybride de L'amant de Lady Chatterley et de The servant.Du roman de D.H.Lawrence le thème de la mésalliance avec le garde-chasse pour ce jeune bourgeois.Du film de Losey d'après Pinter l'attirance et l'influence grandissante du serviteur et les rapports maître-serviteurs qui tournent à la relation inversée esclaves-maîtres.

     J'ai une préférence pour Retour à Howards End(92) où l'on voit que les auteurs ont tout compris de l'univers de Forster.L'interprétation Hopkins-Thompson y est pour beaucoup car ces acteurs là sont à l'évidence les personnages de cette croisée des chemins avec la prise de conscience sociale encore timide et féministe(le personnage de la soeur cadette,Helena Bonham-Carter).Il fallait pour ce film un écrin et c'est la maison Howards End car c'est cela Retour à Howards End,un film-maison comme il y a des films-fleuves.Le lieu est très important chez Forster comme chez Ivory.Déjà dans Chambre avec vue et Maurice les demeures patriciennes étaient des personnages à part entière.Ici Howards End est une sorte de maison jonction des deux siècles et des classes se rapprochant dans la douleur.On y accède en voiture,on n'est pas loin de Londres,on s'y ressource.Le capitalisme y est parfois brutal.Comme ce monde a mal,comme ce pays est douloureux,sous le feutre et le chrome.

E. M. Forster

     Beaucoup de suppléments dans ce coffret,surtout les propos de Ivory et Merchant.Le travail sur les costumes et les décors aussi.Et une anecdote croustillante dans la bouche de James Ivory,que je rapporte en ces temps de démagogie bilatérale qui n'épargne pas la blogosphère:la grande Vanessa Redgrave, héritière d'une célèbre famille de grands comédiens et icône gauchisante,exigeant pour son rôle,court,le double du cachet avant d'en savoir le montant.Vous ai-je dit bilatérale?

21 avril 2007

Pelé,galeux,mal élevé,génial

Le polar américain     Je lis assez peu d'essais mais celui-ci m'a tenté et je ne regrette pas car au delà du côté savant et universitaire de la thèse j'ai senti le bitume sous mes chaussures,respiré les effluves des blondes fatales,et coiffé le feutre pour me fondre dans la jungle urbaine. Benoît Tadié,par ailleurs traducteur de Gens de Dublin dont on vient de parler,est maître de conférences en littérature anglaise et américaine.Il y a comme ça de bien beaux métiers...

    L'auteur replace dans leur contexte les différentes moutures du polar américain.N'étant pas un exégète je ne me risquerai pas à gloser là-dessus.Mais ce livre se lit bien.Tadié n'oublie rien.Il marque d'abord comment ce roman noir s'est rapidement affranchi des énigmes type Sherlock Holmes de la vieille Angleterre,souvent passionnantes mais loin du terrain.C'est alors l'invention de l'américain,une nouvelle langue qui a brisé les chaînes jusque là imposées par Shakespeare et Daniel de Foe.Plus près du peuple,voire de la lie,cette nouvelle approche sera celle des grands,des durs à cuire, Hammett, McCoy, Chandler,Cain,Burnett et beaucoup d'autres que Tadié nous encourage à découvrir.

   C'est évidemment un regard sur l'histoire de l'Amérique avec le rôle très important des deux guerres avec leur lot de déracinés,blessés,alcoolique,etc...Crucial s'avère aussi le mythe de l'Ouest et de la frontière avec l'idéalisation du passé et de la campagne vierge qui s'oppose à la ville corruptrice,refrain bien connu des polars et des films adaptés.Benoît Tadié inclut dans cette somme des auteurs dits nobles comme Faulkner,Hemingway et même de plus anciens comme Melville ou Hawthorne.Il sait bien nous faire comprendre que la différence est très ténue,disparue maintenant entre certains auteurs de séries noires et les classiques.Et le polar américain est en fait une aventure continue depuis les pélerins du Mayflower jusqu'à nos jours.Il insiste également sur la Bible,toujours de mise en Amérique,et nous rappelle que s'il y a de la Bible dans le Polar,il y a aussi du Polar dans la Bible:adultères, fratricides, trahisons,ivresses,fils indignes et la première femme fatale,Eve.

  Le polar américain,la modernité et le mal se lit presque comme un thriller et sa grande qualité est de donner envie de lire,de lire encore et toujours.Le polar,tempo de jazz, couleur whisky,découpage ciné,c'est vraiment pas ce que les Américains ont fait de pire.

  De haut en bas les méconnus Davis Grubb et Armitage Trail,auteurs de La nuit du chasseur et de Scarface dont on oublie volontiers l'origine littéraire.Et David Goodis,lui aussi bien servi par le cinéma(Tirez sur le pianiste,La lune dans le caniveau).

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