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BLOGART(LA COMTESSE)

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21 novembre 2007

All that jazz

book cover of
Somebody in Boots
by
Nelson Algren

      Nelson Algren(1909-1981),écrivain plutôt délaissé,est l'auteur d'au moins deux romans passionnants. Dans Un fils de l'Amérique (Somebody in boots)publié en 36 sans aucun succès Algren nous entraîne dans la dérive américaine de la Grande Dépression à travers l'univers des hobos,proche des livres d'Edward Anderson ,Redécouvrir Anderson avec davantage de punch,ce qui est normal de la part d'un ancien boxeur.D'Algren Hemingway qui s'y connaissait en livres et en boxe disait "Pour le lire il faut savoir encaisser.Algren frappe des deux mains,il a un bon jeu de jambes et si vpus n'êtes pas vigilant il va vous démolir".Après la guerre Nelson Algren rencontra Simone de Beauvoir et devint pendant quelques années la coqueluche des existentialistes, comme Richard Wright,pratiquement le premier écrivain afro-américain, auteur de Black Boy et Un enfant du pays.Puis le petit monde germanopratin se hâta de les oublier.Mais le plus célèbre roman de Nelson Algren est surtout connu depuis la remarquable adaptation au cinéma d'Otto Preminger.Il s'agit de L'homme au bras d'or où Frank Sinatra donne sa pleine mesure.

       Il y a d'abord le formidable générique animé de Saul Bass et la musique d'Elmer Berstein.Et l'on sait tout de suite qu'on a affaire à une histoire américaine,très,où le personnage qui sort de cure de désintox, mais il pourrait sortir de taule,ou de la guerre,n'aura pas de deuxième chance.Carré,aux riffs inoubliables,cet air de jazz résonne en nous longtemps après le film.Frankie Machine,dit Deal,parce qu'il distribuait les cartes dans un tripot,de son bras habile,de son bras d'or qui lui permettra peut-être de devenir batteur de jazz,de son bras d'or que la caresse de l'aiguille ne tarde pas à courtiser de nouveau,espère pourtant se refaire une existence.Mais Frankie n'est pas un gagnant à la loterie de la vie et les vieux démons lui sautent dessus(old monkey,la vieille guenon,le surnom de la drogue).Si le traitement du sujet fleure bon les années cinquante(on n'est pas dans Panique à Needle Park) l'addiction de Frankie n'en demeure pas moins impressionnante.Il faut voir Sinatra, nerveux, saccadé, profondément ancré dans un quotidien de la déception et de l'incertitude, terriblement humain.Kim Novak dans un joli rôle d'entraîneuse de bon conseil,et Eleanor Parker, parfaite en femme délaissée et prête au pire,complètent la distribution de ce beau film d'Otto Preminger,ce metteur en scène d'origine viennoise et qui débuta près de Lubitsch.

http://www.youtube.com/watch?v=eGnpJ_KdqZE Générique

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18 novembre 2007

Une chanson:You've lost that lovin' feelin'

      

               C'était un temps déraisonnable,un temps où je suis tombé fou amoureux,comme des millions d'autres,d'une chanson(pas seulement),qui n'avait rien,mais rien de rock.La vie est ainsi faite.Il faut dire que Mr.Phil Spector et son Wall of sounds étaient passés par là.Les Righteous Brothers,ni frères ni à ma connaissance particulièrement vertueux,entraient défintivement dans la légende.Hors du temps à l'époque déjà You've lost that loving feeling est à mon avis le Dorian Gray de la chanson.Vous vieillissez,pas elle.Ce n'est pas possible.C'est en tous les cas l'effet qu'elle me fait.Cela entre-t-il dans la catégorie rock?A l'évidence,pour moi et sans ambages,oui.Toute ma vie cette culture rock aura marqué mes jours et You've lost that loving feeling est une pépite parmi beaucoup d'autres,satinée d'un parfum crooner et d'une préciosité à nulle autre pareille.Anecdote passionnante et qui n'intéressera personne,pas même moi:dans les choeurs,véritable Chapelle Sixtine (sur)chargeant cette chanson,Sonny and Cher.Le duo des Righteous Bros.,pour qui on inventa le terme Blue eyed soul est une véritable institution aux U.S.A. et le cinéma ne s'est pas privé d'utiliser ses chansons.

http://www.youtube.com/watch?v=7827EMkm5ko Allez,faites pas la gueule.Bring back that lovin feelin'.

17 novembre 2007

Doux oiseau de perpète

    Je n'avais jamais vu Le prisonnier d'Alcatraz,film de John Frankenheimer(62) mais connaissais l'histoire de Robert Stroud,54 années de prison,célèbre pour être devenu un ornithologue de renom en cellule d'isolement.L'interprétation de Burt Lancaster fut à l'époque très louangée.La vériré oblige à dire que Robert Stroud était bel et bien une brute,mais une brute intelligente qui devint effectivement une sommité scientifique.Ce film entre dans la tradition du film américain plutôt démocrate(sens américain) et semble vouloir prôner la réinsertion et la seconde chance.Mais voilà ,l'administration reste ce qu'elle est et Stroud mourra en prison,avec un régime quelque peu arrangé mais sans jamais un jour de liberté.A mon avis trop long et n'évitant pas le côté pensum et bien-pensant qui plomba bien des films intéressants,Le prisonnier d'Alcatraz conserve un attrait par l'étude clinique de l'intérêt de Stroud pour les oiseaux,qui devient une passion presque hors norme.Mais allez juger de  la norme quand vous êtes en taule pour de bon.Sur les meurtres commis par Stroud on ne s'apesantit guère même si l'un d'eux concerne un maton particulièrement abject.Par contre la psychanalyse s'invite bien vite dans le scénario.On comprend que Stroud est un fiston à sa maman avec ce que cela implique de domination matriarcale et de déséquilibre chez cet homme,âgé de vingt ans lors de sa première condamnation.Cela nous vaut quelques scènes fortes entre Lancaster et Thelma Ritter,excellente en mère possessive.

   Parmi les banalités au demeurant sympathiques un éditeur compréhensif,une passionnée d'oiseaux qui va jusqu'à épouser le prisonnier.Karl Malden compose un personnage plus ambigu qu'il n'y paraît en directeur de prison,obsédé par une sorte de syndrome Valjean-Javert,mais qu'on ne peut ranger dans la pratique catégorie des vieilles badernes,un peu plus fin que ça.La fin du film en revanche est à mon sens ratée,du moins toute la révolte au péntencier,mile fois vue et revue.J'ai aimé la musique du générique,d'Elmer Bernstein,classique mais très efficace.

16 novembre 2007

Grosse Bruder te regarde

        La vie des autres me réjouit pour plusieurs raisons.La première étant que le succès de ce film signe enfin le retour d'une meilleure distribution des films allemands,amorcée depuis quelque temps. Espérons le retour du cinéma italien sur nos écrans.Des oeuvres comme La vie des autres,qui se penchent sur un passé récent, douloureux et contrasté,m'intéressent,voyez-vous,davantage que certaines comédies françaises balourdes qui encombrent nos écrans.Heroïne du film,la sympathique STAatSIcherheit de la République Démocratique Allemande,notamment lors de ses dernières années.On connaît la trame,classique prise de conscience, tardive,d'un officier de la Stasi,amené à commencer de penser autrement,et à faire les frais des ultimes manipulations de ce terrorisme d'état,qui n'est pas le monopole de l'ancien régime de Berlin.

        Peut-être La vie des autres souffre-t-il d'un excès de théâtralisation, insistant sur le côté un peu caricatural des intellectuels mis en cause, dramaturge,actrice,suicide.C'est cependant péché véniel car le film n'est pas si loin des oeuvres maintenant très anciennes d'un Costa-Gavras par exemple.Celui-ci avait su conjuguer la critique et la narration thriller pour des films efficaces et carrés.Il me semble que Florian Henckel von Donnersmarck a eu le mérite d'éclairer cette période avec des acteurs convaincants et une ambiance fin de règne à Berlin tout à la fois si loin,si proche.Je vous renvoie A la poursuite du vent pour l'avis de Karamzin et son impressionnante analyse,fouillée et argumentée.La vie des autres est un film à voir à peu près impérativement,ce qui n'est pas si fréquent.A quand les versions bulgares,roumaines,etc...A quand les versions cubaines,nord-coréennes,etc...Moloch qui dévore ses propres  créatures,nous n'en aurons jamais vraiment fini avec le totalitarisme.

10 novembre 2007

Suggestion pour le Neverland de Lamousmé

  ou    sûrement disponible à Neverland la librairie de l'imaginaire

    La blogosphère réserve parfois de belles histoires et celle de Neverland en est une.Je ne connaissais pas vraiment Neverland avant que mon amie Holly de son talent et de son enthousiasme,ne m'emmène au pays enchanté de Peter Pan et de son père littéraire James Matthew Barrie.J'avais comme beaucoup une fausse idée de ces classiques qu'on nous avait infligés en de mièvres versions infantiles plus que de jeunesse.Et voilà que Neverland devient une librairie sous l'égide de Lamousmé .Bonne nouvelle à l'heure où les mots se meurent tous les jours un peu sous le flot d'images et de "messages" illettrés.J'ai donc écrit ce petit billet pour que le vol de Kirrick le rouge-gorge,héros de cette Guerre des Oiseaux,allégorique et poétique,l'emporte à Neverland,Librairie de l'Imaginaire,Deuxième Etoile à droite,puis tout droit jusq'au matin.L'épopée de Kirrick et de ses amis est due à la plume de Clive Woodall,chez Albin Michel.Mais le titre anglais est plus fort,infiniment,ne trouvez-vous pas?

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9 novembre 2007

Le joueur

   Hollywood adapte Dostoievski et ...c'est pas si mal...Robert Siodmak à qui France 3 consacre un cycle au Cinéma de minuit,enfin de 1h30,met en scène en 49 d'après Le joueur une sorte de mélo assez flamboyant avec deux stars naissantes,Gregory Peck et Ava Gardner,Passion fatale dont le titre original me paraît plus explicite(The great sinner) sur la notion de faute et de rédemption,chères à Dostoievski.Certes il n'est pas question que le cinéma puisse un jour égaler les tourments du Prince Michkine,des Karamazov,cela va de soi.Faut-il donc laisser l'âme russe en guerre et paix chez les géants Fedor,Leon,Ivan?Je ne le pense pas.Ils sont solides et se remettront y compris des ratages totaux,nombreux,je l'accorde à Thom.Robert Siodmak a fort bien recréé le Wiesbaden du siècle dernier,cette ville de cure cosmopolite.Et le héros,écrivain prénommé Fedor,s'il possède le côté un peu lisse de Gregory Peck,apparaît pourtant assez ambigu dans sa déchéance annoncée.Siodmak,qui quitta l'Amérique pour l'Allemagne à deux ans avant de quitter l'Allemagne pour l'Amérique via la France a tout de la Mitteleuropa et saura dans ses films noirs conjuguer les affres existentiels du Vieux Monde et l'efficacité du polar à l'américaine.L'ami Thom sait qu'on lui doit l'une des rares bonnes adaptations d'Hemingway(Les tueurs).

    Au moins quelques scènes me paraissent assez réussies dans The great sinner.La mort à la table de jeu de la grand-mère Ethel Barrymore,et les scènes chez l'usurière,immanquablement dostoievskiennes,ainsi que le retour rêvé du professeur français après son suicide.C'est un bon film,pas si formaté(un peu quand même).Pas réellement enthousiasmant,intéressant.Ce n'est déjà pas si mal.

8 novembre 2007

Une chanson:Surfin' bird

         Comme vous l'avez remarqué je suis fan absolu des ballades à texte des géants Dylan,Cohen,Young et consorts. Parmi les bijoux ciselés de paroles magnifiques sur des musiques d'une harmonie à ravir les tympans les plus délicats permettez-moi de faire découvrir aux plus jeunes ce fabuleux groupe The Trashmen et ce monument de 1964, Surfin' bird.A noter l'influence très nette sur NIck Cave ou Velvet Underground.

http://www.youtube.com/watch?v=aIojsiyxZs8

6 novembre 2007

Tiercé majeur

   

   ?

             Ces trois immenses pionniers ont un point commun posthume,cinématographique évidemment et très précis.Je pense que c'est assez difficile.A vous de jouer.

4 novembre 2007

Ne pas oublier Palerme

      Je consulte bien des blogs ciné,très variés,et je me suis aperçu que même les blogueurs férus de classiques ne parlent guère du cinéma politique italien des années 70.Ce cinéma semble avoir très mal vieilli et n'être plus guère à l'honneur.L'un des spécialistes était le metteur en scène Elio Petri(1929-1982),moins connu que Francesco Rosi.Rosi avec Main basse sur la ville,Lucy Luciano,L'affaire Mattei, Cadavres exquis a un moment eu la côte puis,les choses étant ce qu'elles sont,le cinéma,facilement versatile est passé à autre chose.On a donc peu lu en France l'écrivain sicilien Leonardo Sciascia,auteur de Cadavres exquis,et de deux romans portés à l'écran par Petri,Todo modo et A chacun son dû.

    Je trouve aussi que l'on a très vite oublié Gian Maria Volonte, acteur engagé s'il en était et qui fut de la plupart des films courageux de l'Italie de cette époque.Moi qui tente une modeste histoire du cinéma italien et de l'influence néoréaliste qui persiste en lui jusqu'à Moretti et Lucchetti je conserve un vif intérêt pour ces films maladroits mais sincères,un tantinet dogmatiques mais que la France n'a guère su faire éclore,toute auréolée de la fameuse exception française d'une ahurissante prétention.La filmographie de Volonte passe en dehors de Rosi et Petri par les cases Melville,Boisset,Delvaux,Littin,Zurlini et ...Sergio Leone.

     Souvent le filtre de l'histoire policière sert de sauf-conduit pour dénoncer l'affairisme et les corruptions, ces gangrènes de la péninsule(pas seulement,mais les cinéastes italiens eux ,ont su en parler).C'est le cas du peu connu A chacun son dû,où l'on voit dès les premières images d'élégants hommes de noir vêtus qui se signent au sortir de la cathédrale,et des balles perdues dans le maquis sicilien.L'archevêque a des amis haut placés,l'avocat et le notaire s'offrent un conciliabule,les amants reçoivent d'anonymes plis menaçants et les veuves pleurent comme au théâtre.Partie est liée entre les puissants,rien là-dedans de bien surprenant. Le film,en tout état de cause,ne vaut pas les oeuvres citées plus haut.Il donne cependant une idée de ce cinéma italien qui,au moins qualitativement,a toujours été plus au fait du pays que n'importe quel autre.

      E firmato   

3 novembre 2007

Le huis clos mexicain

   1962,Bunuel tourne L'ange exterminateur au Mexique où il vit depuis 25 ans.Ce film restera l'un des plus célèbres de l'auteur,l'un des plus interrogatifs aussi.Car qu'a voulu signifier Bunuel avec cette fable comme il les aimait tant,filmée avec verve,malice et ce zeste de démagogie bunuélienne qui lui sied d'ailleurs à ravir?Après tout n'avons-nous pas tous le droit de lester nos propos d'un peu de simplisme?Débarquons vite de ce dîner dans les beaux quartiers les domestiques qui désertent la grande maison dès le début.Peut-être tient-il à leur épargner l'indignité qui va saisir leurs patrons.Peut-être n'intéressent-ils pas Bunuel tout simplement.On est loin de Los Olvivados ou Las Hurdes. Comme si le fait d'être humble et de servir vaccinait contre la bêtise.Ca se saurait.Bref les convives se trouvent livrés à eux-mêmes et enfermés,toute volonté bientôt annihilée par leurs apathies et leurs antipathies.

   Au fil des heures les invités se découvrent et aucun ne trouve grâce aux yeux de Bunuel. Intérêt, lubricité,vanité sont leurs moindres défauts et les humains s'abêtissent au sens propre.Ils ne tentent pas de sortir vraiment,confits dans leurs rivalités et leurs mesquineries. Bien sûr Don Luis a la main lourde et une telle charge paraît parfois sombrer dans l'outrance.Mais Bunuel est habile et sait instaurer dans ce climat délétère l'humour ravageur et presque non-sensique qui parcourt nombre de ses films.Une main comme sortie de La famille Addams,des moutons sacrificiels et la touche anticléricale,marque de fabrique ancienne du temps de son ex-complice Salvador Dali,des pattes de poulet comme signe des superstitions diverses qu'il dit abhorrer,tout cela a bien passé les années et je crois(voir notes anciennes sur Bunuel) que le purgatoire qu'il traverse prendra fin.Des créateurs,des chercheurs comme Luis Bunuel,sont définitivement hors des modes.Parmi les plans d'églises ou de cathédrales au cinéma, autre idée qui me passionne,les images de fin sont bunueliennes en diable (l'expression lui plairait).

2 novembre 2007

Un été 52

Monika1_2

      

 

   J'ai découvert ce vieux film de Bergman,cinéaste pour lequel j'ai un retard considérable,qui date de 53.A cette époque il a déjà beaucoup tourné et subi l'influence de ses grands ancêtres suédois Sjöstrom et Stiller,ainsi que celle plus ou moins marquée du Néoréalisme,qui baigne nettement le début de Monika.Parfois titré Un été avec Monika ou Monika et le désir ce film commence comme une bluette entre deux tous jeunes gens épris de liberté et peu enclins à l'aliénation du travail.Pour peu on se croirait en congés payés.Mais c'est oublier l'austérité et la désespérance qui hantent l'oeuvre du fils du pasteur.

    Harry et Monika sèchent le boulot et vont vivre un été d'amour au bord de l'eau,de l'eau scandinave avec une saison des baisers plutôt courte et le confort rudimentaire.Les lendemains se profilent vite et la sonate d'automne aura une toute autre tonalité.Un enfant leur arrive et Monika,femme-enfant,agressive rêveuse,ne semble pas mûre.Le prolétariat de Stockholm n'est pas celui de Rome et la solidarité est bien mince.Et surtout l'érotisme des bords de lacs suédois s'accomode mal des rigueurs de la maternité.Harriet Andersson sera l'une des actrices préférées de Bergman et celui-ci donnera bientôt les chefs-d'oeuvre que l'on croit connaître.

31 octobre 2007

Se souvenir des belles choses

      L'auteur a un nom de dictateur éthiopien.Et de fait il l'est,pas dictateur mais éthiopien d'origine.Jeune écrivain arrivé  au U.S.A. à l'âge de deux ans Dinaw Mengestu fait preuve dès ce premier roman d'une maîtrise et d'une finesse remarquables.Le héros,lui-même émigré tient une modeste épicerie à Washington, sa vie est tout aussi modeste et ne semble guère offrir d'aspérités.A travers le portrait de Sépha on perçoit une étude très originale de ce curieux statut d'émigré et de son immense solitude,humble et paisible car la violence n' a pas cours chez cet homme plutôt doux et tranquille.Les grandes douleurs savent être muettes.

      On suit Sépha pendant quelques semaines aux alentours de Noel,avec ses deux seuls amis le Kenyan Kenneth et le Zaïrois Joseph,partageant leur mal du pays et leur pathétiques soirées arrosées où le jeu principal et effrayant de désarroi est de dénombrer le maximum de coups d'état en Afrique,réussis ou non.Il faut dire qu'ils s'y connaissent en dictateurs et l'humour n'est jamais absent quoique désespéré.Avez-vous remarqué ainsi que ce sont les colonels qui prennent le pouvoir,arrogants et encore un peu faméliques?Jamais les généraux,déjà ventripotents.C'est l'un des aphorismes que l'on retrouve dans cette belle histoire de l'épicier éthiopien de Logan's Circle,quartier de la capitale lui-même en déshérence avant rénovation.

    Les belles choses que porte le ciel est un livre sensiblement dérangeant,pas tonitruant ni démago,pas donneur de leçons que j'exècre,mais une musique de chambre sur la difficulté d'être ailleurs en exil de soi comme des autres.L'arrivée dans ce quartier déshérité de Judith,jeune prof blanche et de Naomi sa fille métisse changera les chose,juste un peu,ce n'est pas sûr.Ce qui l'est sûr c'est que le dictateur Mengistu,l'homme de la terreur rouge vit tranquille au Zimbabwe.Ce qui est sûr c'est que parfois Washington ressemble à Addis-Abeba,Nairobi ou Kinshasa.Ce qui est sûr c'est que "Par un pertuis rond je vis apparaître les belles choses que porte le ciel" est une belle citation de Dante qui résume la lueur qu'entrevoit Sépha le déraciné.Tout en comptant le nombre de conflits africains où meurent les enfants soldats.

   Entretien avec l'auteur sur http://www.afrik.com/article12278.html

28 octobre 2007

Westerns au Cinéma Palace

 

                         La salle s'appelait le Palace comme quelques centaines d'autres en France,toute fin des années cinquante, ambiance Eddy Mitchell,ce cinéphile de quartier(de noblesse).Je revendique d'ailleurs le satut de cinéphile tendance Eddy Mitchell,qui a commencé par Alan Ladd et Glenn Ford avant de se diriger vers Fellini,Welles,Eisenstein et tutti quanti...Je suis et serai toujours un intégriste de la pluralité,pas seulement en cinéma.Il n'y avait cinéma dans ma petite ville que vendredi,samedi,et dimanche. C'était l'âge d'or du western,ce genre majeur et unique qui devait dépérir et se dessécher,malgré les diverses renaissances annoncées qui tiendront plus d'utime viatique que de nouveau départ.Des deux films ici chroniqués je me souviens des affiches dans le hall et dans la rue,rue où je passais dès le jeudi pour connaître le prochain programme, développant un syndrome François Truffaut qui m'emmènerait plus tard vers Rossellini ou Kurosawa.Je vous parle d'un temps sans Internet et sans boîte vocale annonçant les programmes d'un ton un peu désincarné.

                         La vallée de la poudre(58),alias The sheepman,met en scène des quadrupèdes peu en cour dans les westerns.Les éleveurs de bovins voyaient d'un très mauvais oeil ces nouveaux venus,les accusant des pires défauts.Glenn Ford débarque avec ses moutons dans la vallée,mise en coupe comme il se doit par une vieille connaissance et si la comédie affleure au début du film les choses se gâteront bien vite.Pas de surprises mais de belles couleurs,le charme de Shirley MacLaine toute jeune et un règlement de comptes dans Main Street,rituel inamovible à cette époque pour que le bon triomphe du méchant.Glenn Ford a toujours insufflé à ses rôle de cowboys une bonne dose d'humour.

                            L'or du Hollandais (The badlanders,58) est d'après le générique un réadaptation dans le cadre de l'Ouest de Quand la ville dort(The asphalt jungle),le roman de William Riley Burnett,auteur dont j'ai plusieurs fois parlé ici.Je n'ai guère reconnu l'intrigue et de toute façon le film de Delmer Daves est très inférieur au thriller de Huston.Pourtant les aventures d'Alan Ladd et Ernest Borgnine,sortant du bagne et fomentant comme tout détenu frais libéré le dernier bon coup se laissent voir avec plaisir.J'ai particulièrement aimé les scènes dans la mine et la bonhommie des héros,dans une histoire qui lorgne un peu vite vers le happy end de service.Film mineur de Daves par rapport aux Passagers de la nuit,La flèche brisée,La dernière caravane ou 3h10 pour Yuma,sans les fulgurances et la noirceur de Quand la ville dort,L'or du Hollandais est un placement tranquille qui nous ramène gentiment au Cinéma Palace.

26 octobre 2007

Une chanson:Turn turn turn

    Un jour à peu près comme les autres dans la campagne picarde si méconnue,et que parsèment les étangs au charme automnal de venin et les moulins,imposants monastères de briques.Je roule comme je le fais depuis bien longtemps.Tous les matins ma tournée m'emmène voir les patients dont la moitié environ est constituée de vieilles dames charmantes en même temps qu'exigeantes.Mais j'ai compris depuis quelques années que c'est peut-être là que je suis le plus heureux,le plus moi-même au moins.Sur les petites routes sinueuses je suis chez moi.Pour tout dire je suis le kiné du coin.Il n'y en a pas trente-six alors ils me font confiance,ils n'ont guère le choix même si j'aime à croire qu'ils m'apprécient.La fin de carrière se profile et me prend l'idée de ces quelques lignes sur fond de musique sortant du lecteur CD,ce compagnon quotidien qui permet de sauter en trente secondes de Tim Buckley psalmodiant à Mme.Michot jérémiant (là il ya d'une part pseudonyme et d'autre part licence poétique,le verbe jérémier n'étant pas à ma connaissance homologué).

   "Qu'est-ce qui lui prend au père Eeguab?" vous entends-je dire déjà.Rien si ce n'est que je ne connais pas grand-chose de plus beau que le Turn turn turn des Byrds,par une petite bruine grise zébrée du vol des hérons d'un paisible canton au nord de la Seine.Chanson sans âge même si l'on en a tous un,d'âge et que les paroles de l'Ecclésiaste nous confirment la vanité des choses et la fugacité du beau.Me certifiant au passage que tourne le temps et que je n'ai ni filmé Citizen Kane,ni écrit Le désert des Tartares.Et valsent un court instant quelques prénoms de femmes.

http://www.youtube.com/watch?v=aNopQq5lWqQ et Le vol des Oyseaux

25 octobre 2007

Jeu de toiles

 

  Le point commun est assez facile.Mais saurez-vous identifier tous ces films?Et saurez-vous trouver l'intrus qui présente avec les autres une diifférence de casting très importante?

24 octobre 2007

Le baron et le garde-chasse

    Un bien joli roman que ce livre,Ouest de François Vallejo.Peu amateur de romans français actuels j'ai pourtant apprécié la liberté de ce texte.Sous Napoléon III quelque part dans l'Ouest de la France, l'affrontement entre un hobereau désargenté et son régisseur.C'est du moins l'impression de début.On pourrait croire alors à une histoire de classes,carrée,un tantinet démago,et bien structurée dans les giboyeuses forêts de la Sarthe par exemple.Ce serait sûrement unn livre agréable,somme toute assez convenu.

     Mais Ouest est un roman qui échappe à ces tiroirs bien ordonnés où l'on rangerait la littérature.Où l'on s'aperçoit que le baron est realativement républicain,mais avec des accommodements dont une sorte de droit de cuissage,une paresse et surtout la peur de ne pas être à la mode.Or,la mode est à l'exilé de Guernesey,avec lequel le baron entretient une vague correspondance,assez irréelle, fantômatique. Sans en dire trop,car l'ambigüité persiste,le baron semble avoir fait sienne la maxime de Beaumarchais,un connaisseur, "Puisque ces mystères nous dépassent feignons d'en être l'organisateur".

    Où l'on s'aperçoit que Lambert le garde-chasse aime que les choses soient à leur place.Qu'il pense que le maître reste le maître et qu'à trop mélanger torchons etserviettes le service se dégrade.Car c'est un homme de service,Lambert et la meute qu'il mène dans les bois sait aussi bien l'obéissance.Le rôle des chiens dans cette histoire est symbolique.Deux caractères opposables mais qui font un bout de chemin ensemble,cela peut désarçonner le lecteur,ainsi que l'humour presque non-sensique de certains dialogues.Moi j'y ai vu beaucoup de panache pour un écrivain que je découvre,le contraire d'un régionaliste.La plume chatoyante de François Vallejo me paraît plus que prometteuse.

20 octobre 2007

Adieu Madame

      Quelques photos d'une actrice rare qui a marqué ma vie de cinéphile,Deborah Kerr(1921-2007).

Elle et lui

Thé et sympathie

Le roi et moi

Tant qu'il y aura des hommes

Le narcisse noir

20 octobre 2007

It's all crossover now Baby Blue

      

         Ce clin d'oeil dans le titre s'adresse bien sûr à l'ami Thom,qui aime Dylan comme moi,qui a lu tout Philip Roth et tout Balzac.Si au moins ça s'arrêtait là mais en plus il nous pousse dans nos derniers retranchements et nous oblige à nous remettre en question.Voilà donc ma contribution fortement teintée couleur apéro entre amis à cette Opération Crossover.A Thom qui tua ma liberté de balance!Celle-ci fallait oser.

          N'allez pas chercher des crosses aux verres.Et surtout pas à ces verres là.Je sais,cette photo est maintenant archiconnue.Mais moi,moi qui vous parle,j'ai eu dans les mains,vieux birbe que je suis,bloguant besogneusement parmi tous ces jeunots qui pourraient être mes fils(et,pour certains,j'en serais rudement fier),j'ai eu dans les mains l'exemplaire de Rock et Folk de 1969 où fut publié l'interview des trois individus ici présents.Cette photo trône dans mon salon depuis des lustres,agrandie et la tabagie qui semble en sortir continue de m'oxygéner.Alors de grâce n'allez pas chercher des crosses aux verres.D'ailleurs...

           Les gens,il conviendrait de ne les connaître que disponibles,à certaines heures pâles de la nuit,près d'une machine à sous,avec des problèmes d'hommes, simplement,des problèmes de mélancolie.Alors on boit un verre,en regardant loin derrière la glace du comptoir et l'on se dit qu'il est bien tard...

      Alors,de grâce,n'allez pas chercher des crosses aux verres,et surtout pas à ces verres-là.D'ailleurs...

         Le coeur bien au chaud,les yeux dans la bière,chez la grosse Adrienne de mon talent,avec l'ami Jojo et avec l'ami Pierre,on allait brûler nos vingt ans.Voltaire dansait comme un vicaire et Casanova n'osait pas.Et moi,moi qui restais le plus fier,moi,j'étais presque aussi saoûl que moi.

         Alors de grâce,n'allez pas chercher des crosses aux verres,surtout pas à ces verres-là.D'ailleurs...

        On avait apporté quelques litres aussi,car le bonhomme avait la fièvre de Bercy

         Et les soirs de nouba,parole de tavernier,à rouler sous la table il était le dernier.A rouler sous la table il était le dernier.

         Saumur,Entre Deux Mers,Beaujolais,Marsala,toute la fine fleur de la vigne était là

         Pour offrir à l'ancêtre en signe d'affection,en guise de viatique une ultime libation.En guise de viatique une ultime libation.

         Alors,de grâce,n'allez pas chercher des crosses aux verres,surtout à ces verres-là.Et n'allez pas chercher non plus des crosses à ces vers-là.

      Avec par ordre d'entrée en scène Léo Ferré(Richard),Jacques Brel(Les bourgeois) et Georges Brassens(L'ancêtre).

  P.S. Il est des nôôtres il  a crossover comme les auautres.                

         

19 octobre 2007

Un dimanche au bord de l'eau

      Connaissez-vous un film au générique duquel on trouve Robert Siodmak,Billy Wilder,Edgar G.Ulmer et Fred Zinneman,quatre grandes signatures américaines?Voici un bijou allemand de 1929,Les hommes le dimanche,car ces quatre cinéastes ont tous fui l'Allemagne mais avaient eu le temps de tourner cette oeuvre atypique dont je pense qu'elle a influencé nombre de grands films.En gros Les hommes le dimanche a un petit air de surréalisme,de Renoir-Maupassant,de néoréalisme souriant(ce qui n'est guère compatible mais tout de même).Ce film tourné avec des non-professionnels est aussi précurseur de cinéma-vérité,de nouvelle vague qui aurait un accent populo berlinois(bien que muet).

   Les hommes le dimanche raconte très simplement la journée de repos de deux couples,un chauffeur de taxi,un représentant,une vendeuse et une comédienne sans emploi.D'une légèreté faisant un peu songer à Une partie de campagne,la journée de détente se croque comme une friandise,nulle menace ne semblant encore obscurcir le ciel berlinois.Et c'est à une symphonie pour la grande ville que l'on assiste,bon enfant, pleine d'espoir,avec des héros modestes occupés à flâner,à plaisanter dans une ambiance pré Front Populaire.En France la même année Carné tournait son court métrage Nogent,eldorado du dimanche.Il faut reconnaître que Menschen am Sonntag est d'une toute autre trempe.Somme toute ce film est un témoignage, fragile,fugitif,une certaine idée de ce qui pourrait ressembler au bonheur,simple comme un dimanche au bord de l'eau.Ce n'est pas si loin d'être révolutionnaire,en 1929.A rapprocher aussi d'un magnifique film italien de 49,scandaleusemnt ignoré,au tittre proche,Dimanche d'août,de Luciano Emmer.

12 octobre 2007

Iwo Jima:deux versions,deux versants

      Le dyptique de Clint Eastwood est une oeuvre attachante et originale:conter la bataille en deux épisodes,très différents et pourtant complémentaires.Outre que ces films nous rafraîchissent la mémoire très utilement sur Iwo Jima et le Pacifique dont on connaît mal en France l'importance pour les deux peuples japonais et américains Mémoires de nos pères et Lettres d'Iwo Jima sont indissociables et permettent chacun à sa manière une relecture d'un des grands genres du cinéma,le film de guerre.Traités de manière dissymétrique les deux films constituent les deux faces d'un terrifiant miroir sur l'une des batailles les plus meurtrières du Second Conflit.

    Mémoires de nos pères revient sur un aspect peu connu d'Iwo Jima,à savoir la tournée de propagande de trois des soldats ayant hissé le drapeau au sommet,photographie célébrissime.La manipulation très business,très pro,de ces jeunes gens laisse un étrange gôut de cendres et en dit long sur le désarroi du pays face à la menace nipponne.Les scènes en Amérique sont très réussies et l'on mesure très vite les difficultés de l'après-guerre pour ces soldats dépassés par l'enjeu.Mais si l'on sait qu'il n'y a pas de guerres faciles on sait aussi que les lendemains de guerre ne chantent jamais plus qu'une journée.Clint Eastwood, réalisateur qui a su transcender Hollywood,très américain et en même temps tout à fait capable du recul nécessaire à une réflexion sur cette époque a prouvé avec Mémoires de nos pères qu'il était définitivement inscrit dans l'histoire du cinéma américain dans la lignée de Griffith ou de Ford.

     Lettres d'Iwo Jima est peut-être plus traditionnel mais a l'immense mérite d'essayer d'appréhender le point de vue de l'adversaire.La dignité est le maître mot de ce film.Dignité et discrétion du regard d' Eastwood, dignité du général japonais,patron d'Iwo Jima,plutôt américanophile de culture,dignité de la plupart des personnages,happés par un destin plus grand qu'eux et broyés par la machine de guerre,tout comme leurs homologues américains.Basé sur les propres lettres du Général Kuribayashi le scénario de l'Américano-japonaise Iris Yamashita permet au metteur en scène de peaufiner aussi bien des scènes quotidiennes au fil des jours infernaux vécus là-bas que l'ampleur guerrière de ce cauchemar d'où les soldats japonais n'avaient que d'infimes chances de survie.

    Clint Eastwood dit avoir dirigé des comédiens nippons remarquables de justesse et de sobriété.Au vu du résultat on ne peut qu'acquiescer et s'enthousiasmer pour un film unique,hommage aux combattants,et d'une valeur humaniste universelle.L'édition collector propose des suppléments très intéressants sur les castings,le tournage et la personnalité des vrais protagonistes de cette horreur.Je ne suis pas à priori un fan des bonus mais dans le cas des films de guerre je trouve que l'on gagne à mieux connaître ainsi la trame historique.

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