Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

BLOGART(LA COMTESSE)

Derniers commentaires
Pages
12 décembre 2006

Cagney le teigneux

Il me semble que James Cagney,irlando-américain,est le père spirituel de Robert De Niro,italo-américain.Je parle là du De Niro des années 70.Décortiquons donc comme dirait Chris. Ils se sont beaucoup bagarrés dans leurs films.Cagney a eu de la concurrence car les mauvais garçons ne manquaient pas:Paul Muni,George Raft,Edward G.Robinson et un certain Bogart.Les films de Cagney étaient taxés de violents comme nombre de ceux de De Niro. Citons L'enfer est à lui,L'ennemi public,Les anges aux figures sales,A chaque aube je meurs,Les fantastiques années vingt,Le fauve en liberté.Et surtout dans toutes ces productions Cagney a incarné le rêve américain du petit rouquin irlandais qui ne trouvera que la cogne pour satisfaire ses ambitions.Pas plus pourri qu'un autre au commencement le héros joué par Cagney rentré de guerre et débutant dans la vie active et malhonnête cherche à bâtir un empire.Pour ça il lui faudra piétiner et frapper.Mais dans les pires moments le personnage cagneyen conserve quelque part un code de l'honneur et un sens de la pédagogie(ne faites pas ce que j'ai fait,voir la très belle fin des Anges aux figures sales).Agité,le regard inquiet,à la limite du tic Cagney apporte à ses rôles de gangsters une fièvre,une ardeur brutale et terriblement humaine,trop humaine.Le rictus de Cagney est de ceux qui auront compté au cinéma.Tellement à l'aise en gangster on en oublierait son Oscar pour la comédie musicale La glorieuse parade(Michael Curtiz,1942).

Il me semble que Robert De Niro,famélique héros de Scorsese bien sûr mais aussi De Palma et Leone et Coppola est à l'ambition émigrée italienne et brute ce que Cagney a été à la diaspora irlandaise qui n'avait pas peur des coups.On dit que Cagney,homme plutôt doux,détestait l'homme cynique,mufle,voire cruel que le cinéma lui avait fait interpréter.Mais comme il donnait bien le change...

A signaler les deux films en commun de James et Robert:Le voyage au bout de l'enfer est à lui et Nous ne sommes pas des anges aux figures sales.Euh...Désolé.

Publicité
10 décembre 2006

Une chanson:Bus Stop

Du haut de ses seize ans il guettait la parution hedomadaire du Melody Maker.Il devait être le seul du lycée à faire ça.Dans le train de Compiègne il ne hélait pas les filles comme ses copains,enfin ses copains!Non il lisait Les Fleurs du Mal et regardait le numéro un(United Kingdom et U.S.A.).L'Angleterre,Carnaby,étaient encore exotiques en cette année 66.Mais la déferlante allait arriver même si la France se distinguait par sa frilosité.Bientôt,il ne le savait pas encore mais Hendrix embraserait l'Olympia.Il y serait.Mais ça c'était pour un peu plus tard.Lui,timide et un peu en avance dans ses études,ce qui est parfois un grand malheur,ne savait pas attirer les filles ni même les raccompagner.Les femmes le regarderaient,mais plus tard,bien plus tard,catégorie séducteur tardif(Piccoli ou Rochefort plus que Delon,mais là nous nous éloignons de la chanson).D"ailleurs nous ne nous éloignons pas tant que cela tant le Bus Stop des Hollies évoque ces années de pluie à l'anglaise,porteuse d'avenir bien que grise de climat.

Les Hollies font partie de la toute première vague(Beatles,Stones,Animals,Kinks,Zombies,Who,Herman's Hermits,Small Faces,Searchers)).Leurs chansons sans prétention firent un carton pendant plusieurs années,délicieux petits chromos de la vie à Londres entre uniformes et minijupes,tasses de thé et pubs fermant tôt.Ces titres étaient par exemple:I'm alive,Stop stop,stop,On a carousel,Look through any window.Le plus charismatique des Hollies,Graham Nash,allait bientôt traverser l'Atlantique et rejoindre entre autres David Crosby,Stephen Stills et Neil Young.Mais ceci est une autre histoire.

Le jeune homme aimait bien cette chanson.Comme le héros de Bus Stop lui aussi avait longtemps rongé son frein avant d'avoir osé aborder la jeune fille au parapluie à l'arrêt d'autobus.

http://www.youtube.com/watch?v=X5WfQp13O7g Bus Stop!

9 décembre 2006

Et si on prenait encore un peu de temps

Suite et fin de cet objet filmique unique.Après 30 films et 52h10' de mon temps me voilà au bout de l'aventure Heimat,oeuvre d'une vie,celle d'Edgar Reitz,d'un pays,l'Allemagne,d'un art,le Septième.J'ai regroupé les trois notules:Une chronique allemande,Chronique d'une jeunesse,Chronique d'une époque. Mêlant les destins de plusieurs personnages,apportant de nouveaux héros parfaitement en phase avec l'histoire allemande,chroniquant les transformations sociales et les détails individuels,la trilogie Heimat restera référence absolue pour qui s'intéresse à ce grand pays,celui de Goethe, Beethoven, Murnau, Dûrer et tant d'autres.

  Hermann et Clarissa ont vieilli.Le mur est tombé et avec lui beaucoup d'illusions se sont aussi écroulées.La liberté,réelle,se paie cher,l'Allemagne de l'Est peine à gôuter les fruits de la prospérité.Les frères aînés sont morts,d'étranges tumeurs gangrènent les corps,les paradis artificiels démolissent en Allemagne comme ailleurs.Le rêve passe et certains passent à côté.On vient de l'Est bien sûr,du Kazkhstan ou de Serbie.Y en aura-t-il pour tout le monde?Heimat pose les questions essentielles sur l'Europe et sur l'homme.Ils se sont tant aimés depuis la Grande Guerre à travers la musique,le cinéma,l'industrie,les affaires.Une telle fluidité baigne Heimat que malgré 93 rôles parlés,des amis,des cousins,des collaborateurs,aucun personnage ne paraît artificiellement plaqué sur l'histoire pour l'enrichir.Ce fleuve de vie coule comme le Rhin,sans jamais faillir.

   J'ai tant aimé,moi aussi,cette trilogie que j'en ai pleuré au dernier épisode.Jamais je n'avais vu ça.Adieu à tous,mes amis d'outre-Rhin.Vous me manquez déjà.Et comme j'aimerais que cette oeuvre,le contraire du formatage et de la démagogie,de tous les formatages et toutes les démagogies,trouve son public.Auf wiedersehen!Au revoir à cette bouleversante chorale.

9 décembre 2006

Reprendre le temps

Visuel du produit

     Nous avons quitté la campagne du Hunsrück pour Munich la métropole bavaroise conservatrice où Hermann est maintenant étudiant.Cette série de 13 films enchaîne sur une petite dizaine d'années les hauts et les bas de ce groupe d'amis musiciens, cinéastes, actrices dont la plupart se retrouvent à la Renardière,sorte de maison pour étudiants fauchés à prétention artistique.Le début des années 60 est prétexte à la présentation de ce petit cénacle de jeunes Allemands en un portrait de la génération née en 40 avec la lourde marque du passé.Bien sûr l'Allemagne d'après guerre n'est pas entière dans ce groupe d'intellectuels qui se sont tant aimés et l'Est brille par son absence.Pourtant Edgar Reitz signe là un film terriblement engagé non pas militant de base avec tout ce que ça implique de désintérêt, mais qui prend le pari du temps et de l'intelligence ce qui est autrement plus difficile qu'un prêchi-prêcha comme certains cinéastes célèbres.

     Cette brochette d'amis va vivre intensément cette décennie où l'Allemagne,personnage principal semble se réveiller.En quête d'une métropole qu'ils ne peuvent trouver à Berlin et pour cause c'est Munich la prospère et peu mobile qui deviendra pourtant leur havre.Je n'aurais pas cru que la Munich des années soixante pouvait me donner envie d'y avoir vécu avec un petit côté Frisco Côte Ouest des belles années.Mais les belles années sont toujours derrière nous(Scola, Giordana en Italie par exemple).

     Mais les villes et les pays ne sont que ce qu'en font les hommes et je vous recommande chaudement ce voyage en Bavière sans Louis II ni Lola Montes mais avec une pléiade de héros(on n'avait pas encore,je crois,trouvé le terme film choral).Tout est dans ce chef-d'oeuvre des conflits de génération aux utopies plus ou moins libertaires,des crises existentielles qui cachent mal les échecs d'une vie,des fantômes du passé aux rêves réinventés.La tentation de l'extrêmisme y est évoquée très finement aussi et sans démagogie.

    Ce film de 13 épisodes car il faut parler de film est une pépite dans un cinéma allemand que Fassbinder avait à mon avis trop théorisé,que Wenders et Schloendorff avaient un peu déserté. Mais rien là dedans de poussiéreux comme un débat de ciné-club à sens unique.Non!Une humanité de tous les instants irradie les méandres de ce fleuve où je vous engage à retrouver des amis que vous n'oublierez pas:Hermann, Alex,Rob,Reinhard,Stefan,Volker,Jean-Marie,Juan l'étranger,Ansgar et les filles Helga, Olga, Clarissa, Schnüsschen, Renate,  Eveliene...Embrassez-les pour moi.

9 décembre 2006

Prendre le temps

     Il faut effectivement prendre le temps d'entrer dans le Pays Natal(Heimat).15h40 pour Heimat 1 que je viens de terminer. Quand j'aurai vu Heimat 2 et Heimat 3 j'aurai passé 52h10 sur l 'oeuvre d'Edgar Reitz.Disons-le, cela vaut la peine, au vu de la première partie.Heimat 1, sous-titré Une chronique allemande est une formidable évocation d'un petit coin d'Allemagne, le Hunsrück, non loin de la frontière française, de 1918 à 1982.On découvre la famille Simon au sortir de la Grande Guerre, modestes forgerons de village, avec lesquels nous allons vivre l'histoire de ce pays, aussi bien au ras des pâquerettes de cette jolie campagne que dans les soubresauts qui ont agité le pays.

    Attention ce n'est pas une saga familiale de type feuilleton dont certaines sont d'ailleurs très agréables. Edgar Reitz a consacré 25 ans à ces trois films et c'est avec une précision d'entomologiste qu'il nous immege dans cette chronique allemande. Bien sûr le Troisième Reich y est présent,mais pas à l'état-major de Berlin ni lors des grandes batailles.C'est dans le quotidien de ces gens ordinaires que souffle le grand vent de l'Histoire. Les personnages ne sont jamais stéréotypés et s'adaptent, ni héros ni salauds pour la plupart.

    Edgar Reitz est particulièrement habile à souligner les progrès économiques, le miracle allemand des années 50, la mutation technologique agricole et industrielle. Ceci a été peu montré au cinéma. Rien de romanesque mais une suite de touches très sensibles et vraisemblables au coeur d'une région en devenir avec des acteurs allemands inconnus d'une justesse impensable dans un cinéma souvent balisé.

     Reitz a beaucoup écrit sur le cinéma et aussi formé nombre de jeunes talents. Heimat 1 possède la particularité de passer du noir et blanc à la couleur et inversement. J'avoue ne pas savoir pourquoi.Ce que je sais c'est qu'il excelle aussi bien dans la peinture des travaux que dans le regard sur l'âme de ses protagonistes y compris dans leurs intimes émois. Heimat 1(Pour la suite on verra) est du très grand cinéma et je parodierai le titre d'un autre film que je n'ai pas vu:Heimat, un film d'Allemagne. Rendez-vous dans quelques mois... pour la suite de cette aventure toute d'intelligence et de retenue qui nous apprend bien des choses sur ce pays peu connu,l 'Allemagne. Pour cela bien sûr il faut prendre le temps.

Publicité
8 décembre 2006

Les gars de l'eau

Très belle réédition en double CD de l'album historique de la bande à Mike Scott.Cet Ecossais,maître d'oeuvre du groupe quitte l'Angleterre en 88 pour enregistrer avec une équipe de pointures du côté de Galway,près des lacs du Connemara,cette merveille dénommée Fisherman's Blues d'une richesse somptueuse.En fait je connaissais peu les Waterboys mais j'aime à me pencher sur le passé de la musique rock,nanti d'un bon dictionnaire.Ainsi je découvre des disques relativement récents(à peine 18 ans,et 18 ans c'est peu pour un rocker dont le premier 30 cm fut le Aftermath des Rolling Stones en 1966).

  Fisherman's Blues qui donne son titre est très roots irlandaises avec le violon de Steve Wickham et la mandoline d'Anthony Thistlewaite.Vous connaissez mon amour de la verte Erin.Strange boat est une déchirante ballade ou l'harmonica fait merveille.Ils reprennent aussi le Sweet thing d'un autre barde  du coin,Van Morrison et adaptent le poème du grand écrivain,du coin également,W.B.Yeats,The stolen child avec la participation du chanteur traditionnel Thomas McKeown.Dans certains morceaux ils ont sept ou huit et saxo,bouzouki,flûte font très bon ménage.Une très courte version du classique social de Woody Guthrie This land is your land termine ce premier disque.Les Waterboys connaissent leurs classiques puisqu'ils rendent hommage aussi au grand Hank Williams(Has anybody here seen Hank?)

Rien à jeter non plus dans le second opus.J'en extrairai le traditionnel instrumental Carolan's welcome et une originale reprise,très gaélique,de la si belle chanson Girl of the North Country de Maître Dylan.Mais ne croyez pas que Mike Scott et les Waterboys soient quelque peu figés entre Edimbourg,Dublin et le folk,ce qui d'ailleurs n'est déjà pas si mal.A preuve If I can't have you au tempo très jazz et les influences tziganes et klezmer de Soon as I get home.Au total 1h40 de musique toutes directions à déguster comme au pub avec les copains dans cette ambiance qui n'appartient qu'à ce pays pas comme les autres.Croyez moi.Signé Claude O'Baugee.Et vive le blues du pêcheur. http://www.youtube.com/watch?v=STWx8YnW2XA Ecoutez!

   

3 décembre 2006

Ici

Ici

 

Ici,chez les amis

C’est comme une presqu’île

L’hôte vous l’a décrit

Ce capitaine au long cours

Carguant les voiles fraternelles

Ici c’est l’eau

Pas vraiment les eaux dormantes

Un peu traîtres

Méphitiques,méfions-nous de ces eaux trop honnêtes

On murmure qu’elles se chargent à la Toussaint venue

De tous les mal-pensants,de vous,de moi.

Non,ici,c’est comme un havre

Un peu gardien de phare

Un peu berger de l’onde

Long John Silver est doué d’ubiquité

Au four et au moulin

A la cambuse et sur la scène

On dit qu’on l’a vu marcher sur les eaux

Eaux printanières,eaux de vie,eaux de feu

Si d’autres naviguent en eau trouble

Ici la peinture est à l’eau-forte

Et les rencontres au fil de l’eau

Valent bien le fil de l’épée

Ici l’île au trésor

Nous accueille hardiment

Pour un bien doux naufrage

En amitié,en fantaisie

Souquez donc,Frères de la Côte,aimez

Comme le fleuve aime la mer.

 

 

2 décembre 2006

Canin l'incisif

Vue sur l'Hudson

Ethan Canin est un auteur précieux et précis né en 60 d'une mère russe et d'un père lituanien,ce qui donne un grand écrivain américain parfait succès du melting pot.Il est vrai que c'est plus facile quand le père est non seulement lituanien mais violoniste,et la mère non seulement russe mais peintre.De ce milieu artiste Ethan Canin sortira très diplômé et médecin.Ayant suivi des cours de création littéraire comme beaucoup en Amérique(ce qui finalement n'est pas si mal,même mal vu en France) Ethan Canin a publié en france plusieurs livres dont Le voleur du palais(recueil de nouvelles) et Vue sur l'Hudson(titre original radicalement différent:For kings and planets,mais les aléas de l'édition resteront pour moi un mystère).

Vue sur l'Hudson,dont le titre fait songer à E.M.Forster(Avec vue sur l'Arno),raconte l'amitié d'Orno et de Marshall,étudiants américains.Orno est issu d'une famille modeste du Missouri,Marshall fils gâté d'une famille snob et intellectuelle,lui même prodigieusement doué.Pointilliste voire pointilleuse l'écriture de Canin nous plonge dans les arcanes de la vie universitaire américaine avec ses codes et ses rigidités.C'est extraordinairement bien troussé comme chez Henry James par exemple.Le charisme et l'influence de Marshall n'auront pas raison du gôut au bonheur d'Orno.Malgré cynisme et artifice la relation des deux hommes restera une merveille de subtilité.

Le voleur du palais

Le voleur du palais se compose de quatre nouvelles où entre autres un vieux professeur et un comptable manquant d'ambition se démêlent pous redonner un sens à leur vie en déréliction parmi les mensonges et les faux semblants d'une société américaine en proie au doute.Des personnages finalement très proches de nous,croqués par Canin(jeu de mots remarquable) à la perfection montrant une fois encore la palette si riche de la littérature nord-américaine.

2 décembre 2006

Une chanson:The way it is

http://www.youtube.com/watch?v=qSDbvbvhLKo   Ecoutez!

Bruce Hornsby a accompagné Dylan,le Grateful Dead,Leon Russell.Après avoir pas mal galéré ce virtuose du piano qui ne dédaigne pas l'accordéon cajun rejoindra un moment Huey Lewis avant de décrocher la timbale avec son groupe The Range et le single The way it is(1986).Suivront quelques bons albums évidemment ignorés en France.Il faut dire que Bruce Hornsby aime son rôle de requin de studio auprès de Dylan souvent,de Crosby,Stills and Nash(sous leurs différentes déclinaisons),Sting.Du très beau monde bien sûr mais j'aimerais avoir plus de nouvelles fraîches de Bruce Hornsby.La chanson The way it is et l'album homonyme(avec les titre évocateurs Mandolin rain,On the western skyline,The river runs low) sont teintées d'influence jazzy et bluegrass.Les premières notes au piano de The way it is,à l'évidence vous les connaissez.

1 décembre 2006

Lire Etats-Unis certes mais vivre Paris

Laissez-moi vous convier à un dernier verre à la Coupole ou si vous préférez à la Closerie des Lilas.Suivez moi.Ces lieux sont assez familiers à certains(n'est-ce pas Holly?).Le très joli bouquin de Jean-Paul Caracalla nous entraîne dans cette double décennie 1920-1940 où Montparnasse était américaine.Venus en Europe pour la plupart lors de la Grande Guerre beaucoup sont restés ou revenus pour marquer de leurs sillages Vavin,Le Luxembourg et ce quartier qui supplanta alors Montmartre dans le coeur des artistes.

On rencontre ainsi Hemingway et Fitzgerald qui rivalisent en littérature mais aussi au bar de la Rotonde.On y rencontre Henry Miller qui n'a encore rien publié et qui deviendra avant d'être le génial auteur que l'on connaît un spécialiste des apéros "à la française".On y croise James Joyce qui a eu tant de mal à publier Ulysse.Mais les figures centrales des Exilés de Montparnasse (Gallimard) sont des femmes.

Les exilés de Montparnasse

Gertrude Stein,écrivain et collectionneuse,arrivée très tôt à Paris fera la liaison entre tous ces artistes que ce soient Picasso et Matisse,Roché(auteur de Jules et Jim) et Valéry Larbaud.Cocteau n'est jamais loin, etc...Et surtout les libraires Sylvia Beach et Adrienne Monnier avec Shakespeare et Compagnie et La Maison des amis des livres sauront accueillir et faire connaître dans ce Paris entre deux guerres ces auteurs riches ou sans le sou mais qui d'Ezra Pound à Edith Wharton devaient marquer le siècle de leur empreinte d'Américano-parisiens,cocktails explosifs qui surent mélanger leur oeuvre et leur vie.Le livre de Caracalla est très agréable.Mais si vous avez peu de temps je conseille de lire les auteurs eux-mêmes,cela va de soi.Ensuite vous pourrez toujours faire un tour sur leurs traces.

26 novembre 2006

Un homme d'Aran

Le Mouchard - Coffret CollectorCet homme était né aux Iles d'Aran en 1896.J'ai visité Aran en 2003.Elles ont changé,beaucoup changé.Pimpantes et fleuries elles accueillent les touristes en bateau,voire sur le petit aéroport.Mais au début du vingtième siècle cet extrême ouest de l'Irlande,donc de l'Europe,était misérable et l'oeuvre de Liam O'Flaherty raconte sans fioritures cette noirceur et cette quête des Irlandais pour vivre libre,vivre tout court.

On connaît un peu O'Flaherty gräce à son ami John Ford,Irlandais d'origine et qui a donné en 35 une bien belle version du Mouchard,publié en 28.Le Mouchard est l'histoire d'une trahison en une nuit,une tragédie de la misère.Si les brouillards du film ont un peu hérité de l'expressionnisme allemand(magnifiquement revendiqué par Ford),le livre,lui,est une très belle et poignante balade dans l'abjection mais l'informateur trouvera une véritable rédemption christique en allant mourir,pardonné,dans la chapelle de la très catholique Irande des années vingt.

On entend dans le film un sublime cantique irlandais.Je n'ai retrouvé une telle perfection vocale que dans les chants de Gens de Dublin,de John Huston,cinquante ans plus tard,d'après un autre immense Irlandais,James Joyce.Cette chronique s'appelle "à l'Eire libre".

O'Flaherty n'est pas l'auteur d'un seul livre.J'ai lu  L'Ame noire,sombre histoire de passion dans une île désolée,et Insurrection,chronique de la lutte pour l'indépendance.Me paraissent hautement recommandables l'Assassin et le Puritain.

Ne quittons pas l'Irlande ce soir sans une tournée générale:Pete McCarthy,dans l'Irlande dans un verre(collection Etonnants voyageurs chez Hoëbeke) nous raconte un voyage de Cork à Donegal en faisant halte dans tous les pubs nommés McCarthy.Je vous laisse imaginer.Allez,je vous laisse,j'ai une petite soif.

L'Irlande dans un verre

25 novembre 2006

Une chanson:Darling Lorraine

http://www.youtube.com/watch?v=4jWBJZiqCMw Ecoutez!

Une fois n'est pas coutume voici une chanson assez récente(2000).Je ne vous présente pas Paul Simon. Mais que ceux qui le croient confit en dévotion des Sounds of silence,Mrs.Robinson,The boxer et autres si jolies chansons du duo d'anthologie sachent que tous ses albums solo sont des perles très réjouissantes et très variées quant aux influences(brésiliennes pour Rhythm of the saints,sud-africaines pour Graceland). Issue de l'album You're the one voici Darling Lorraine que je vous conjure d'aimer sinon je boude.

  Musicalement la chanson est admirablement construite avec des ruptures et des relances tout comme la vie car Darling Lorraine raconte avec beaucoup d'émotion une vie d'amour dont c'est peu dire qu'elle est faite de hauts et de bas,de ruptures et de relances.Enfin vous voyez ce que je veux dire.Paul Simon a su parfaitement digérer les musiques du monde pour transcender les ballades qu'il a su si bien composer.Je ne vous citerai que les derniers mots,les mots d'une chanson qui me fait pleurer,la chanson de Lorraine,Darling Lorraine.

"Here's an extra blanket,Honey,to wrap around your feet.All the trees were washed with April rain.And the moon in the meadow took Darling Lorraine."

25 novembre 2006

Les esquimaux de l'entr'acte

Le saviez-vous?Le succès en 1922 du film de Robert Flaherty Nanouk l'Esquimau fut tel que les chocolats glacés de nos vieux cinés furent appelés esquimaux à la suite du triomphe planétaire de ce film hors normes.Flaherty explorateur fut certainement le premier à comprendre qu'une caméra pouvait non seulement montrer le quotidien d'un peuple mais aussi capter son âme.Immergé dans la vie du village arctique Flaherty fit un film non pas sur Nanouk le grand chasseur,mais avec Nanouk le père de famille et ses proches.Perfectionniste Flaherty n'a jamais hésité à monter ses films,voire à les "scénariser" quelque peu,pensant qu'il est parfois juste de mentir pour atteindre la vérité.A acun moment la méthode de Flaherty ne relève de la manipulation.Ayant vécu de longs mois l'existence d'une difficulté insensée qu'est la vie des Esquimaux c'est avec confiance et amitié que les autochtones ont ainsi partagé le travail avec le réalisateur.

  Malgré les conditions climatiques que l'on peine à imaginer Robert Flaherty ira jusqu'à développer et tirer le film sur place pour que les acteurs,protagonistes tous authentiques,puissent le soir visionner les rushs comme des professionnels.Nanouk l'Esquimau,c'est une expérience inédite(nous sommes en 1922).Loin de saisir au vol les saison d'une tribu lointaine et qu'on oubliera en sortant de  la salle,Flaherty filme au plus près leur rudesse et plus encore leurs tendresses.Les yeux de Nanouk et son sourire ont eu un tel retentissement qu'on a pu croire,un court instant,qu'allait changer grâce à eux le regard réciproque du monde entier sur l'autre monde,tiers.

  Ma passion pour l'histoire du cinéma vient de me faire découvrir ce film,célèbre,que je n'avais jamais vu.La belle édition DVD regroupe ses autres films L'homme d'Aran,Louisiana Story et l'inconnu The land.Nous en reparlerons (Editions Montparnasse).

19 novembre 2006

Il paraît

Il paraît que Les carabiniers dénonce parfaitement l'absurdité de la guerre,le militarisme,l'honneur,les films glorifiant la force brutale,Hollywood,le cinéma français classique,la narration,les hideuses forces de l'argent.Il me paraît que je n'y ai vu que petites cocasseries,intertitres assez marrants,trop rarement et "foutage de gueule" quasi-total.Pouquoi pas?JLG je t'aime bien quand même pour Camille,Ferdinand et Pierrot.

17 novembre 2006

Adaptation impossible

Florence Colombani déjà auteur d'un très bon essai sur Elia Kazan(voir ce blog,cinéma américain) vient de publier un ouvrage érudit mais clair et passionnant sur l'un de mes cinéastes préférés.Proustienne convaincue comme Visconti elle s'est penchée sur les oeuvres du metteur en scène et de l'écrivain.On sait que Luchino a toute sa vie couru après l'adaptation de Proust,sans succès pour différentes raisons que Florence Colombani explique d'ailleurs.Mais surtout dans Proust-Visconti,histoire d'une affinté élective(Philippe Rey) elle démontre l'étroitesse des liens entre les deux oeuvres et comme quoi l'influence de Marcel est tangible dans tous les films de Luchino y compris les premiers,encore pourtant très néoréalistes et éloignés apparemment du style proustien.

   En plusieurs chapitres très joliment intitulés Le narrateur,Les multiples visages du baron de Charlus,Elégantes proustiennes Florence Colombani nous initie à ces calmes mystères quoiqu'inquiétants où les images du Duc semblent comme dans une "correspondance suspendue et fleurie" avec les mots et le style de Proust.Bourgeoisie,décadence,saphisme et désir drôlant le morbide,décors somptueux comme vacillant et plongeant vers la fin d'un monde,du monde non pas selon Proust ou Visconti,mais du monde qu'ils ont contribué à recréer.On comprend très vite l'association entre Balbec et Venise,entre les viellissants Professeur(Violence et passion),Prince(Guépard),ou Compositeur(Mort à Venise,pourtant d'après Thomas Mann?Mais Mann lui-même n'est-il pas étonnamment proustien?) et les Swann,Charlus,etc...

  Thème commun aux deux que cette déstructuration des dynasties come celle des Damnés ou de la famille de Rocco et ses frères pourtant très socialement éloignée par rapport aux Guermantes.Enfin la Sérinissime  visitée par le narrateur d'Albertine disparue est bien soeur de la Venise de Senso ou de Mort à Venise,vieille catin mal maquillée et que l'on désire malgré tout sans être exagérément fier de soi.Mais quiconque a contemplé la Beauté à la mort est déjà voué.Le narrateur chez Proust contemple l'Ange d'or du Campanile de Saint Marc comme Aschenbach contemple Tadzio,"rutilant d'un soleil qui le rendait impossible à fixer".

  Ce ne sont là que quelques traces de ce magnifique jeu de piste que nous propose Florence Colombani.Il y en a bien d'autres.A lire pour qui veut ne pas rester en dehors de cette rencontre irréelle entre deux génies.Visconti n'a donc jamais réussi à adapter La recherche...Détrompez vous.Il n'a fait que cela et plutôt bien.

13 novembre 2006

Redécouvrir Anderson

TrNous sommes tous des voleursès méconnu et éclipsé par Steinbeck notamment il faut lire Edward Anderson(1906-1969), particulièrement si l'on est comme moi fondu (entre autres) de littérature américaine. Edward Anderson est un de ces Américains des annèes 30 qui aura tout fait tromboniste, boxeur, matelot. Dans cette Amérique de la crise où l'on pense aux grands Les raisins de la colère, Des souris et des hommes ainsi qu'à Erskine Caldwell: La route au tabac, Le petit arpent du bon dieu, n'oublions pas les deux très bons bouquins d'Edward Anderson, évidemment chez 10-18.

Edward Anderson n' a publié que deux romans.Tous des voleurs que les cinéphiles auront immédiatement reconnu et rebaptisé Les amants de la nuit et Il ne pleuvra pas toujours. Le premier Il ne pleuvra pas toujours dont le titre original est Hungry men(Des hommes affamés)est presque l'autobiographie de l'auteur. Il raconte la vie d'Axel Stecker, un hobo, un vagabond de la Grande Dépression. C'est une histoire de bourlingue entre trains clandestins et nuits dans les parcs et les églises.C'est un rude bouquin,de sang,de sueur et de poussière,éléments fondateurs de l'histoire américaine." Ce n'était pas tous les jours que je me prenais pour un gentleman. J'étais plus près du chien galeux".

Les Amants de la nuit

   Publié deux ans après,en 37,Tous des voleurs est un peu plus célèbre surtout par l'adaptation essentielle de Nicholas Ray en 49.C'est une histoire de gangsters,un Bonnie and Clyde un peu plus rural,qui obtiendra un certain succès.Mais Edward Anderson ne fera jamais fortune,Hollywood ne lui fera pas de cadeau et il ne publiera que deux nouvelles dans les trente années qu'il lui reste à vivre.L'adaptation de Robert Altman en 73 me paraît moins forte.

12 novembre 2006

Si

Si

 

Si j’étais tahïtien

Je plongerais bien au delà du lagon

Pour y cueillir au plus profond

L’or des conques et l’argent des poissons

Perles et nacres pour ton ventre fécond.

Si j’étais italien

A Florence ou à Orvieto

Dans l’atelier de Léonardo

Je te peindrais,Madone au tondo

Bellissima del mondo.

Si j’étais inuit

Dans la déchirante nuit arctique

Tu serais du Nord la princesse unique

Ce glacier idyllique

Serait havre d’un fol amour tellurique.

Lama tibétain

Je renierais les livres sacrés

Quitterais le monastère où j’étais ancré

Et ne prierais plus que l’être aimé

Au bonheur ensoleillé.

Guérillero

J’aurais fait seul la révolution

Pour que la passion

Enflamme de notre déraison

Un monde à notre diapason.

Si j’étais un marin

Le sel des quarantièmes rugissants

Du goût de mes lèvres irait cernant

Ton front,tes iris bienfaisants

Alizé aux épices,plaisir déferlant.

Si j’étais écrivain

Mon écriture,métamorphose

Lisserait les épines des roses

Pour que plus jamais n’éclosent

La vacuité et la fadeur des choses.

Si j’étais Ludwig ou Wolfgang

Mon immortalité baignerait l’avenir

De ton prénom et de tes rires

De l’infini de nos délires

De cette musique qui nous chavire.

Si après demain je mourais

Demain aurait ton regard et ton nom

De ma vie la vraie floraison

N’aurait connu que nos chansons

Nos étreintes et notre unisson.

11 novembre 2006

Une plume en Nord

Pas facile de voler des chevauxCe Norvégien est en passe de devenir la nouvelle coqueluche de la littérature scandinave.Loin de l'univers du polar nordique ou de la farce finlandaise(que j'aime tous deux beaucoup) Per Petterson fait entendre une musique inquiète et solitaire où la nature se veut présente sans étouffer l'humanité des personnages.Pas facile de voler des chevaux est un roman de l'âge mûr,avancé même.Trond se remémore,solitaire,son amitié avec Jon,les chevaux empruntés plus que volés,son enfance somme toute ordinaire.Mais quelle enfance est ordinaire?Et qui était vraiment son père dont il apprendra tard l'attitude pendant la guerre.

  On ne se débarrasse pas comme ça du passé.Ce passé n'a d'ailleurs rien de honteux mais toute jeunesse est douloureuse et à travers les images du père il semble qu'un fantôme tout bergmanien vienne à s'immiscer dans l'interrogation de Trond face à son nouveau voisin dans ce chalet de campagne où il a décidé de passer le reste de son âge.Un souvenir commun avec Lars et ressurgissent ces années d'apprentissage au bord du lac des vacances où amitié et cruauté chevauchent ensemble les mustangs de l'adolescence.Des images très fortes restent gravées à la lecture de ce roman qui,loin d'être un respectable mais très couru roman d'initiation,transcende la quête du souvenir en un flot introspectif passionnant que, l'âge étant venu,Trond assumera le mieux possible.Emprises,disparitions,peurs et soupçons auront balisé une vie bien remplie,une vie d'homme,là bas dans ce Nord qui me plaît tant.

    J'avais assez peu aimé Dans le sillage,autre livre de Per Petterson.Il me semble que Pas facile de voler des chevaux atteint d'emblée une universalité d'une toute autre envergure.(Gallimard).

11 novembre 2006

Images de ruines

   Vous avez aimé Le troisième homme, ou Allemagne année zéro. C'est vrai que les ruines d'après l'horreur ont donné naissance à des chefs d'oeuvre parfois.Avez-vous lu L'ami allemand, excellent roman de Joseph Kanon dont Steven Soderbergh termine l'adaptation?

La Porte de Brandebourg

     Berlin 45.Un journaliste américain doit rédiger une série d'articles sur la conférence de Potsdam. La ville est éventrée et dans ce décor sinistre ou tout se monnaie il veut retrouver Lena son amour d'avant-guerre car il a vécu autrefois dans cette ville qu'il aimait.C'était un peu avant la guerre.C'est si loin.

L'ami allemand

     Mais les tensions politiques sont au paroxysme.Il ne faut pas oublier que la guerre n'a cessé que pour devenir une autre guerre, dite froide. Il y a déjà bien des rivalités pour le contrôle de ce qui est encore la capitale allemande qui va bientôt sombrer dans une sorte de no man's land bureaucratique pour 50 ans.Dans ce climat délétère il faut songer à sauver sa peau, quand les cadavres ne sont pas tous ceux que l'on croit et que d'un secteur à l'autre la vie ne vaut pas bien cher. La recherche de documents nazis pour la justice n'a, comme les hommes,pas toujours été exemplaire. C'est un livre très riche qui conjugue action et réflexion sur la difficulté de sortir d'un conflit démesuré qui aura aussi brisé l"amour de Jake et Lena.

11 novembre 2006

Une chanson:Little green apples

http://www.youtube.com/watch?v=YsqHeDtkP90  Ecoutez!

Pas que d'impérissables chefs d'oeuvre dans cette rubrique,je l'ai déjà dit.Cette toute petite chanson d'un chanteur country méconnu en France malgré des adaptations par Hugues Aufray et d'autres,est pour moi très tendre et joliment nostalgique.Certes Roger Miller n'a pas l'aura de Johnny Cash ou Willie Nelson.Mais en médecine par exemple on a besoin autant du grand patron parisien que du modeste médecin de campagne.En musique c'est pareil et un tout petit air peut prendre dans une vie beaucoup de relief.C'est pourquoi faute d'être capable d'écrire comme Verlaine "Voici des fruits,des fleurs,des feuilles et des branches.Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous",je vous dédie ces Petites pommes vertes.Je la dédie aussi à ces instants où "I waked up in the morning with her hair in my eyes,and she said Hi"

Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
32 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 369 687
Publicité