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BLOGART(LA COMTESSE)
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30 mars 2008

Et bien finalement... non

     Permettez-moi d'abord de vous présenter les talentueux avocats de la défense,respectivement Maître Neil There will be blood (2007) Paul Thomas Anderson ,Maître Bastien There will be blood et Maître Systool THERE WILL BE BLOOD (Paul Thomas Anderson, 2007) .Et bien finalement...non,je ne les rejoindrai pas sur cette affaire.

  Je n'ai lu aucun roman d'Upton Sinclair,le Zola américain auteur de La jungle,Le pétrole(dont est adapté le film).Je connaissais seulement sa collaboration avortée avec Eisenstein lors du séjour de ce dernier en Amérique.Sinclair,grand lutteur,pourrait bien être plus un agitateur d'idées qu'un grand romancier.Il a énormément écrit.Trop?Sa carrière politique n'a pas été couronnée de succès et ses brûlots semblent bien loin.Nous ne statuons pas aujourd'hui, Mesdames et Messieurs,sur l'écrivain Upton Sinclair mais plutôt sur le chef-d'oeuvre annoncé à l'avance par presque toute la presse,le long (très) métrage There will be blood du sieur Paul Thomas Anderson dont je n'ai vu à ce jour aucun autre film.Déjà je suis mal à l'aise quand un film arrive avec un label quasi-officiel de chef-d'oeuvre.Certains termes me semblent ainsi bien galvaudés.

   There will be blood démarre très bien et la première heure m'a paru excellente.L'induction du sujet sur les premiers forages pétroliers est bien vue et j'ai vraiment beaucoup aimé une certaine force tellurique qui émane du métal des conduites,du maniement des explosifs,de l'or noir qui s'apprête à embraser le pays et Wall Street.Il s'échappe de toutes ces séquences une véritable poésie de l'ére industrielle débutante qui m'a touché.On sent le bois des derricks respirer comme le coeur d'une grande nation qui s'apprête à l'envol. Monde rude, monde de pionniers,monde d'une grande brutalité,que le cinéma d'Anderson transcrit tout à fait bien et qui n'est pas sans rappeler les classiques américanissimes et ardents comme Griffith ou Ford.Jusque là vous aurez compris que je souscris.L'esprit des collines est là et bien là.Celui de Jack London par exemple et ce n'est pas un mince complément.Pourquoi faut-il que P.T.Anderson commence à s'ennuyer manifestement pour qu'il se mette à la facilité, voire au ridicule lorsqu'il s'apesantit sur la lourdissime dichotomie américaine Dieu et le business?

   On est alors très loin du Malin de John Huston d'après Flannery O'Connor.There will be blood trace alors le sillon très couru de la violence croissante chez Plainview,dont l'appétit de réussite n'aura d'égal que le manque de scrupules.En ce sens il y a effectivement un petit air de Kane dans ce personnage de Daniel Day Lewis pour qui le succès n'a pas d'odeur.Mais pas d'odeur nous monte au nez comme disait le grand Jacques et si Daniel Plainview est haïssable son double prédicant l'est tout autant,expédiant ainsi deux figures mythologiques fondatrices de l'Amérique dans les affres d'une mise en scène qui tourne au spectacle de Grand Guignol(je n'ai pas dit Guignol qui n'a rien à voir).Ainsi caricaturés au maximum,outranciers comme jamais,nantis de leur seule déraison bien mal exploitée dans la seconde partie du film,le prospecteur et le pasteur versent dans la fable édifiante finalement très ordinaire.Ne dérangeant personne ce film est pour moi,mes chers confrères magistrats,une production relativement toc.Je comprends mal l'engouement journalistique presque unanime.Daniel Day Lewis est bien sûr un bon acteur mais ce rôle est loin d'être le plus intéressant de sa carrière.

    Pour conclure cette plaidoirie à charge pour ce film qui ne réclame pas trop de mansuétude eu égard à l'ambition énorme,je parlerai plutôt de prétention,dont il nous est arrivé accompagné,encore une fois presque officiellement,je demanderai au moins le sursis avant de le béatifier.Reprenez-vous mes amis.Que ceci ne nous empêche pas de trinquer ensemble au Bar du Palais comme d'habitude.Un dernier mot:pour l'oscar du meilleur film de bowling je préfère Les tontons flingueurs ou The big Lebowski.

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29 mars 2008

Fritz Lang maître du feuilleton

 

    Relative déception après Les espions(1927) de Fritz Lang.Le maître utilise les ficelles du roman-feuilleton avec bien du talent évidemment mais on est assez loin de la noirceur de Mabuse auquel Haghi,interprété aussi par Rudolph Klein-Rogge,fait penser.Ce grand criminel,cloué en fauteuil roulant,est ainsi obligé de déléguer ses forfaits,surtout par le biais des femmes.Ceci nous vaut trop de scènes statiques et bavardes(le film est pourtant muet bien sûr).Plutôt destiné à être vu en deux parties Les espions paraît assez long et manque d'animation.Ceci dit le spectacle est de qualité et il faut saluer la restauration formidable de la fondation Murnau dont je crois avoir parlé dans Les Nibelungen.

    Les scènes d'action pure sont par contre turbulentes à souhait,accident ferroviaire,gazage de la banque et la fin du film s'emballe et retrouve les accents des meilleurs serials jusqu'à la juste punition du grand manipulateur.Il est amusant de voir dans les films de ces années la tabagie de chaque scène qu'elle soit de bureau,de restaurant,de train.La fumée était bien cinégénique,comme si elle contribuait à opacifier un récit déjà passablement obscur par instants.Un degré en dessous des deux premiers Mabuse,le muet en deux époques et le parlant de 1932,Spione se veut plus une histoire de génie du crime qu'un film d'espionnage. Plus près de Feuillade et Fantomas que de Clouzot par exemple.

    L'oeuvre allemande de Fritz lang est maintenant en bonne partie disponible en DVD de qualité.Il manque cependant Les trois lumières dont je ne connais que quelques images.J'aimerais aussi beaucoup revoir Le diabolique Dr. Mabuse,dernier film de Lang de retour en Allemagne.Il est loin d'être inintéressant.

23 mars 2008

Une chanson:Commuter love

             Chanson récente,chose déjà peu fréquente ici même. Récente puisqu'âgée d'une dizaine d'années ce qui doit en faire la benjamine de cette remarquable série,Commuter love appartient à l'album Fin de siècle.Je ne reviendrai pas sur la fascination que Neil Hannon ressent pour la France.C'en est parfois gênant mais Neil est si attachant.

dsdublin2-kc.JPG

      Un amour de banlieusard,voilà ce que raconte Divine Comedy,au long d'une de ces orchestrations un peu envahissantes mais dont je suis assez friand.Je dédie cette belle chanson à ceux qui,chaque matin, errent un peu fantomatiques dans toutes les gares du monde. J'en ai fait partie mais à l'époque personne n'avait les oreilles sous perfusion.Divine Comedy,c'est pas mal de préciosité,mais aussi un romantisme légèrement décadent qui me va à ravir.

    La brise du lundin matin,elle attend son train

    Je la frôle en passant et sens son parfum

    Ses cheveux  flottent alors qu'elle s'éloigne

    Elle ne sait même pas que j'existe

    Et je vais laisser ça comme ça

    Ne prendre aucun risque

    Elle n'est pas comme les autres

    Avec leur journal et leurs écouteurs

    Elle lit des romans d'auteurs français

    A la morale relâchée,elle ne me fera pas mal

    Je ne dirai pas qu'elle m'obsède

    Je ne veux pas la voir nue

    Nous pourrions être prince et princesse

    Et danser du soir au matin...

http://www.youtube.com/watch?v=xIlPMw3qQog

20 mars 2008

Tranche napolitaine

    Tranche de travaux bien sûr dans la Naples du début des années soixante.Lion d'Or à Venise en 1963 Main basse sur la ville est le film qui a révélé Francesco Rosi,spécialiste du pamphlet politique courageux que l'on s'évertue bien sûr à trouver obsolète.

      Film tourné sans grande vedette,l'américain Rod Steiger alors peu connu,Main basse sur la ville n'est qu'un constat,qui a la sécheresse d'un procès-verbal et le lyrisme d'un permis de construire.Cette oeuvre dont l'essentiel se passe en palabres et négociations ardus et un brin austères touche en fait à cette gangrène si marquée dans la Campanie des années soixante où la ville étend ses tentacules sans trop se soucier des gens qu'elle écrase moralement voire physiquement.Et cette ville c'est Naples,presque entière dans son affairisme et sa corruption,grands vainqueurs finalement de cette lutte à armes inégales.Un mot du Néoréalisme,mon péché mignon de toujours.Des films comme Le voleur de bicyclette ou,plus tard,Le toit(si méconnu) de De Sica,avaient ouvert la brèche d'un cinéma du courage et de la conscience, probablement décuplé par la digestion douloureuse des années noires.Mais en 1963 le NR est éteint depuis assez longtemps.Rosi saura prendre en quelque sorte une certaine relève avec entre autres Elio Petri et Gian Maria Volonte.Voir note du 04 novembre 2007.

    Mani sulla citta est un grand film auquel il manque peut-être un minimum de démagogie.Je m'explique,moi qui déteste la démagogie si présente partout,y compris sur le blog de La Comtesse à doses que j'espères infintésimales.Mais absolument personne n'y échappe totalement,souvent avec les meilleures intentions.Bref si Rosi et ses scénaristes avaient nanti Main basse sur la ville d'un peu plus de chair et de coeur ce film serait devenu pour l'Italie non seulement un beau film intelligent et fier,mais aussi une oeuvre populaire au sens le plus noble.Evidemment les coupeurs de cheveux en quatre,dont je fais parfois partie,lui auraient sûrement reproché.Jamais content celui-là.Après ce bel exercice non exempt de tartufferie je ne peux que vous engager à voir ce film et les autres de Rosi,quand le cinéma italien saura enfin de doter d'une véritable politique du DVD.Je pense à Lucky Luciano,Le Christ s'est arrêté à Eboli qui a ma préférence, Cadavres exquis,Trois frères,etc...

http://www.youtube.com/watch?v=79vVDpYn36I  (extrait)

20 mars 2008

Le magnat,le scénariste et le vieux chasseur

               Sous le titre français bien commercial,enfin tant pis,de Comme des loups Vanderhaeghe,écrivain canadien, nous entraîne dans une double aventure qui mêle les débuts de Hollywood et le fin de l'Ouest des pionniers. Attention ce livre n'est pas que cela,ce qui ne serait d'ailleurs déjà pas mal.Le commentaire de Richard Ford est totalement justifié. Harry,scénariste en mal de reconnaissance,ce qui est courant dans ces années vingt du cinéma,est chargé par le tycoon Damon T.Chance de recueillir les souvenirs d'un vieux chasseur.C'est l'occasion pour Harry d'essayer d'apprivoiser le vieux loup des plaines,Shorty,qui a tout connu de la grande douceur de l'Ouest et des amitiés avec les Indiens.Mais Comme des loups n'est pas un roman de plus, culpabilisant sur le massacre des bisons,des Indiens et de la nation.Cela va infiniment plus loin.Shorty finira par raconter son histoire,rude,douloureuse,presque à son corps défendant. Semblable en cela à bien des combattants il s'est longtemps muré dans le silence.Mais cinquante ans ont passé,le vieux Shorty a vivoté de ses figurations dans cette nouvelle industrie qui s'envole,le cinéma.

    Menant son récit sur deux époques Guy Vanderhaeghe,conteur fabuleux,prolixe et poète,laisse planer un court moment l'ombre de l'immense Griffith.Courbez-vous encore cinéphiles devant ce géant,frère de Hugo, Shakespeare ou Cervantes!Sans lui le cinéma serait encore au berceau et je pèse mes mots.Mais les vrais héros de ce roman restent le vieux chasseur qui se sentira trahi par l'adaptation de ses souvenirs,très vieux débat dont j'ai maintes fois parlé,Harry,Harry le modeste et l'honnête,presque broyé par Hollywood,et le nabab Chance,extraordinaire figure,brutale mais ambigüe,non pas l'archétype du producteur quasi-illettré, mais d'une rare intelligence hélas vouée à une idéologie parfois plus que douteuse qui le conduit plus près de Leni Riefenstahl que d'Upton Sinclair(pour prendre un exemple qu'on redécouvre).Chance a sa vision de l'histoire de l'Ouest,fouillée,en scope si j'ose dire, intéressante mais terriblement inhumaine,puisque qu'il finit par trouver des qualités,pas uniquement cinématographiques,aux rassemblements musclés des nouveaux empires européens,du côté de Rome en attendant mieux.Encore une fois Chance n'est pas un imbécile.Il a énormément lu les journaux intimes des conquérants du Nouveau Monde et retenu une citation essentielle dans sa concision."Aujourd'hui,déterré des pommes de terre.Tué un Indien".Impressionnant,non?

Comme des loups

    Ce livre est l'un des meilleurs que j'aie lus récemment.Ecrit en 96 ,il paraît ou reparaît,me semble-t-il,dans la fertile collection Terres d'Amérique,d'Albin Michel.A lire aussi et je vais me précipiter,La grande traversée.

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18 mars 2008

Ce blog ne parlera pas de mai 68.

     Amis blogueurs c'est promis.Ce journal sera peut-être le seul endroit en France où l'on ne parlera pas de mai 68.Qu'on se le dise avant l'overdose démagogique ou rancunière.Je viens de m'apercevoir que j'en avais déjà parlé,un tout petit peu.Mais c'est tout.J'essaie de ne pas trop me plier aux figures imposées.

16 mars 2008

La colline inspirée

        Cette rubrique a déjà rendu hommage à Gary Cooper,Ceux de Cordura,Une aventure de Buffalo Bill,Le jardin du diable,L'homme de l'Ouest.Dans La colline des potences,titre français d'après le livre de Dorothy Johnson,Gary Cooper trouve l'un de ses derniers rôles,dirigé par Delmer Daves  par ailleurs auteur de classiques comme La flèche brisée,La dernière caravane,3h10 pour Yuma.C'est un beau rôle,assez complexe,de médecin pas désintéressé,psychologiquement désarçonné.Maria Schell,la grande vedette allemande de l'époque apporte une touche de fraîcheur dans ce rude pays de chercheurs d'or où l'on trouve aussi George C.Scott,déjà délirant dans son personnage de prophète intégriste.La justice expéditive est aussi l'un des thèmes de La colline des potences même si la pendaison y est finalement évitée de justesse.

        Voulant expier une faute originelle Cooper se comporte comme un tyran domestique vis à vis de la femme et du jeune voleur qu'il a sauvé.Ses principes de rigueur morale n'empêcheront pas la haine et la violence qu'il aura en partie déclenchées.Curieusement le rôle secondaire de l'évangéliste fou renvoie comme un miroir déformant l'image d'un héros fatigué,Gary Cooper lui-même,symbole d'une Amérique jadis forte mais empêtrée dans ses multiples contradictions.Le happy end traditionnel affaiblit cependant considérablement ce beau western de fin de règne.

   

16 mars 2008

Une chanson:Reflections from the looking glass

       La rubrique Une chanson au comble de la perversion,voire de l'absurdité.Pas du tout pour la chanson elle-même dont je vais dire quelques mots mais pour l'idée qui me l'a fait choisir.Le fin du fin de la rubrique Une chanson c'est de rappeler une pépite auditive ou une madeleine musicale à quelqu'un.Nombre de conditions à remplir.Il faut lire ce blog de temps en temps.Il faut connaître au moins un peu le titre,parfois oublié depuis des lustres.Parfois même ce titre a toujours été oublié.Il faut alors connaître à la rigueur le groupe ou le chanteur,ou avoir un copain qui l'aurait vaguement connu,ou un papa ancien combattant des années 65-70 qui ne se serait pas encore reconverti uniquement dans la pêche à la ligne.Quelquefois le groupe a un nom évocateur,oublié certes mais parfumé quand même d'une certaine aura.Ca peut tourner au délire obsessionnel et autosatisfait du blogueur baby-boomer.C'est le cas aujourd'hui.

      Voilà donc une chanson que j'aimais bien.Le groupe au nom abracadabrant de 1910 Fruitgum Company ne dira rien à personne d'encore vivant.Et pas grand'chose de plus aux morts d'ailleurs.Ce groupe de bubble-gum music eut en Amérique un énorme succès en 68 avec Simon says.Cette chanson fut adaptée par un chanteur français dont on commémore ces jours le trentième anniversaire de la disparition.C'est vous dire le modeste niveau.De plus de toute façon je ne vous propose même pas ce titre mais la face B, inconnue de quiconque en France.Si vous connaissez quelqu'un qui aurait rencontré un homme qui aurait entendu parler de ce titre par le cousin d'un adolescent des seventies qui l'aurait mis une fois sur son électrophone Teppaz,faites-moi signe et je vous envoie mes oeuvres littéraires complètes dédicacées.

    Au moins aurez-vous le plaisir de voir se trémousser un sémillant groupe rock léger genre université américaine de 68.C'est beau la jeunesse.Détrompez vous car je vous inflige ce groupe mais... aujourd'hui. Cruauté!Voici donc,pour faire plaisir à Eeguab:

http://www.youtube.com/watch?v=aYjOaGL8crA Reflections from the loooking glass (une chanson que j'aime... plutôt bien et qui en vaut bien d'autres).

14 mars 2008

O'Thentique

   A suivre ce très beau document conseillé par l'ami Eireann O'CRIOMHTHAIN Tomas / L'homme des îles et digne des plus belles collections ethnologiques.Le récit de Tomas O'Crohan(1856-1937) nous transporte au point le plus occidental d'Europe,l'archipel des Blasket,dernière paroisse avant l'Amérique.Ces îlots moins connus que les Aran(voir le cinéma de Robert Flaherty) ont vu leur population quasiment disparaître.Les 22 derniers habitants de Grand Blasket furent évacués en 1953,Dublin considérant que la vie y était impossible.

  Tomas O'Crohan raconte par le menu et sans bravades le quotidien des îliens.Modestes parmi les modestes les gens des Blasket chassent le lapin,heureusement fort prolifique en ces climats.Ils chassent aussi le phoque qu'ils assomment allégrément en prenant bien des risques.De très belles pages nous décrivent les grottes marines et la pêche aux homards,les rivalités avec les "continentaux" de la péninsule de Dingle,les morts prématurées et l'absence de soins de ce bout du monde.O'Crohan lui-même aura dix enfants dont deux survivront,c'était à peu près normal.Ne manquent pas bien sûr les jours de marché à Dunquin ou Dingles,les chansons arrosées et cette fraternité rude qui n'exclut pas les bourrades,du classique en Irlande,plus marqué encore en ces contrées inhospitalières.On parle aussi assez souvent de l'autre côté,l'Amérique,chimérique et souvent pourvoyeuse de retours piteux.

     J'ai eu l'occasion de visiter il ya quelques années le Centre du Grand Blasket à Dunquin qui tente avec un certain succès de faire revivre la mémoire de cet archipel de l'extrême,nanti de photos superbes et des écrits des poètes de Blasket,plus nombreux que partout ailleurs en Irlande où ils sont déjà plus nombreux que partout ailleurs en ce monde.Tout cela fait un peu cliché.Mais tout cliché recèle une bonne part de vérité.

9 mars 2008

Au confluent ou triple crossover selon Thom

         L'ami Tom,ce pédagogue éclairé,cet éternel artisan de la qualité bloguesque,nous demande cette année une relation musique et livre.Alors j'ai étendu la liaison à cet excellent ménage à trois livre,disque, film.Cela donne un article des plus classiques mais si Springsteen peut faire redécouvrir Steinbeck ce ne  serait que justice.

        Bruce Springsteen,américain,ce qui n'est pas une insulte,a beaucoup lu Steinbeck.Moi aussi.Le Boss,auteur,a beaucoup vu John Ford.Moi aussi.Alors si on mélange Ford,Steinbeck,Springsteen on obtient Le fantôme de Tom Joad,bel album,un peu ardu,un peu austère sorti en 1995,nanti d'une étiquette 12 chroniques sur les oubliés de l'Amérique.On pense à Woody Guthrie évidemment. Certains pourront peut-être trouver le Boss un peu envahissant par sa propension à vouloir saisir l'Amérique entière dans sa musique.Ainsi en est-il des récentes Pete Seeger Sessions.Ce n'est pas mon avis.Springsteen est sûrement l'un des plus qualifiés pour revendiquer cet héritage.Roger McGuinn a également fait un très beau travail avec sa série Folk Den où il réinvestit des dizaines de vieux airs classiques du patrimoine,bien des chansons ayant d'ailleurs aussi été reprises par Bruce. http://www.ibiblio.org/jimmy/folkden-wp/ (un régal pour les guitaristes besogneux tentant tardivement une carrière de folk-singer).   

         Le disque commence par l'éponyme The ghost of Tom Joad,déchirante ballade faite des mots de Steinbeck,presque littéralement.Ce Springsteen là n'est pas accompagné du fringant E Street Band en entier et il est parfois seul avec sa guitare.Ces chansons pourtant écrites par lui sonnent comme les chansons des hobos des années de crise et semblent tout droit sorties de l'univers du Steinbeck des Raisins de la colère,Des souris et des hommes,En un combat douteux.Tour à tour les hauts fourneaux de Youngstown, les chicanos de Sinaloa cowboys,victimes d'acides,les pêcheurs vietnamiens de Galveston Bay.Beaucoup question de frontières(The line,Across the border),d'immigrés(The new timer).Ce disque n'est pas toujours facile d'accès et les textes sont parfois un peu comme psalmodiés rendant la compréhension peu aisée.Mais The ghost of Tom Joad rend parfaitement hommage à cette Amérique,et donne envie de lire John Steinbeck,mais aussi d'autres auteurs qui ont évoqué ces années,parfois peu connus,Edward Anderson,Nelson Algren.Comment ne pas citer aussi les photographes Walker Evans et Dorothea Lange?

http://www.youtube.com/watch?v=Cg1-0ZH0lIk The ghost of Tom Joad

   Coca-cola shack de Walker Evans.

9 mars 2008

Un été 43

    C'est peut-être bientôt la fin de la guerre.Elle a dix ans de plus que lui...Non ce n'est pas Un été 42 mais un été 43.De Valerio Zurlini,peu prolifique mais si sensible cinéaste(voir Le douloureux cinéma de Zurlini ) voici Eté violent(1959).Le fascisme va s'effondrer.Sur les plages de Rimini une jeunesse dorée essaie de s'en moquer.Roberta,jeune veuve depuis peu,et mère d'une fille de quatre ans,rencontre Carlo,fils d'un dignitaire du régime,mais lui-même peu concerné,plutôt velléitaire.Cinéaste d'une immense pudeur Zurlini entraîne ses deux personnages dans un amour difficile,mais très vite sérieux,malgré la mère de Roberta et l'instabilité du pays.

    Au contact,pourtant délicat de Roberta Carlo se dirige vers un début de prise de conscience mais le propos de Zurlini n'est pas politique et ne cherche pas à démêler le juste de l'ignoble.La versatilité des hommes est universelle.C'est ainsi que les scènes de la victoire antifasciste semblent ambigües et loin d'être très dignes.Les immédiats lendemains de guerre sont si propices à d'autres horreurs.La violence de cet été 43 est aussi bien celle d'une Italie exsangue que celle d'un amour sur décombres,si émouvant,si prégnant et manifestement sans issue.Comme Bolognini Zurlini est impérativement à revoir pour les amoureux du cinéma italien que je sais nombreux.Jean-Louis Trintignant dans un de ses tout premiers rôles interprète Carlo avec une nonchalance puis une inquiétude remarquables.

9 mars 2008

Horizons verticaux

northbynorthwest04.jpg

          Rassurez-vous je n'ai pas l'intention de vous infliger le énième commentaire éclairé ou obscur sur ce film.Qu'on me permette seulement de m'enthousiasmer une fois de plus pour ce modèle de générique imaginé par le grand Saul Bass.Nord Nord-Ouest est le titre du film et en deux minutes ces génies que sont Hitchcock, Bass,Hermann ont tout dit.Voulez-vous qu'on y regarde ensemble d'un peu plus près?

      Leo de la MGM rugit...L'impressionnant score musical de Bernard Herrmann foudroie le silence et semble zébrer l'écran.Cet écran est traversé par les lignes horizontales et verticales,délimitant de petits carrés qui deviendront fenêtres de  ce grand immeuble newyorkais. Cette grille,oblique,imprime déjà au film son mouvement vers les deux directions.Implacablement,comme toujours chez Hitch,le générique se met en place et apparaissent les noms venant d'en haut ou d'en bas puis s'éloignant pour sortir du cadre,souvent accompagnés de petits parallélogrammes au même destin.Remarquez les flèches orientées de North et de Northwest.Puis la descente commence et les voitures dans la rue strient les cases-fenêtres, toujours en cette opposition horizontale et verticale.En bas de l'immeuble la ruche de la vie bourdonne.Un escalier qui mène en sous-sol puis un bus fend l'image,vertical donc suivi d'horizontal.Un autre escalier de balcon et des gens s'engouffrant dans un taxi. Symphonie hyperactive du déplacement La mort aux trousses clot son ouverture par un gros monsieur frappé d'immobilisme en ratant son autobus.Un gros monsieur de connaissance me semble-t-il.

    On a compris que dans North by Northwest ça bougera,mais méthodiquement,presque arithmétiquement. Ca bougera sur la carte des Etats-Unis de New York au Dakota du Sud.En long en large et en travers.En ascenseur inquiétant et hilarant,en voiture ivre sur corniche,en avion et couché dans le maïs sous un autre avion,en train trépidant et plein d'ardeurs.Jusqu'au comble de la verticalité des Monts Rushmore.Tout cela finit par nous donner des sueurs froides.N'allons pas jusqu'à verser dans la psychose.

http://www.youtube.com/watch?v=jIlqatMQSgI Aouh!(ça c'est Leo qui rugit)

8 mars 2008

Terrence Malick,l'aube

        Voici déjà l'avis de Bagheera Badlands, de terrence Mallick ainsi que celui de Jade .Je ne rajouterai finalement pas grand'chose tant je me reconnais dans leurs mots.Les deux jeunes comédiens, Martin Sheen plus âgé  quand même que Sissy Spacek,sont confondants de naturel.Comme le dit Jade on ne peut pas ne pas penser à James Dean,rien que dans la façon de se mouvoir.Comme quoi le cinéma n'a pas besoin d'être plèthorique,la rareté fait parfois le prix des choses(quatre films en 35 ans).La balade sauvage ce n'est ni De sang froid,ni Les tueurs de la lune de miel,ni Bonnie and Clyde.Mais Jade l'a si bien dit...

7 mars 2008

Bon,une biographie

Photo François Bon © F.K.

   Très vite... C'est un vrai livre d'écrivain que nous propose François Bon,livre traversé par Woody Guthrie, Allen Ginsberg ou Arthur Rimbaud,livre qui ne prétend certes pas à l'exhaustivité et heureusement,quoi de plus casse-pieds que l'exhaustivité sur un artiste.Mais Dylan n'est pas homme à se couler dans la première biographie venue,sentencieuse ou académique.Farnçois Bon nous situe son  enfance et son adolescence à Duluth,Minnesota et la musique qui deviendra vite indispensable.Quelquefois l'auteur s'attarde sur une chanson peu connue mais excellente,par exemple Stuck inside of Mobile que je ne connais que depuis relativement peu de temps.Les rencontres qui ont compté pour Dylan,Bon les met en lumière très intelligemment.Même Dylan fut au début une sorte de disciple.Est-il devenu le maître,un peu trop parfois?

   Evidemment je pense qu'un tel ouvrage sera reçu différemment par un trentenaire ou un quinquagénaire. Largement dans la seconde catégorie j'ai été très intéressé par le récit de la fameuse "électrification" de la musique folk et par l'ostracisme dont Dylan fut victime un temps.Tout cela n'a plus cours mais je me souviens bien de l'arrivée de Subterranean homesick blues,succès et de la tornade Like a rolling stone.Mon premier souvenir de Zimmerman est la chanson  N'y pense plus tout est bien,adaptation tout à fait correcte d'Hugues Aufray,qui peu de temps après enregistra tout un album.C'est ainsi que j'ai découvert en français Cauchemar psychomoteur,Hollis Brown,Hattie Carrol.Mr.Tambourine man fut par contre défiguré.Puis pour moi les Byrds allaient faire le reste,Dylan envahir ma vie avec des périodes d'éloignement mais plus rien ne serait comme avant.Artiste que je redécouvre en permanence avec les jeunots du blog(Thom,Duclock et bien d'autres) Bob Dylan est plus qu'une figure majeure de Tin Pan Alley et est rentré en littérature depuis plus de quarante ans.

   Cette étude de François Bon,par ailleurs auteur d'une bio des Stones,donne furieusement envie d'écouter ce que de Dylan on ignorerait encore,c'est à dire dans mon cas pas mal de disques plus tardifs.Et puis m'assaillent les noms d'Al Kooper,Mike Bloomfield, Richard Farina,Robbie Robertson et the Band.Alors des images de galettes noires d'un diamètre d'environ 30 cm tournent en sarabande,étoiles d'une constellation de très haute sphère,nanties de pochettes qu'on voyait de loin même si le visage rude et peu amène de Dylan sur The times they are a changin' ne disait encore trop rien aux amis un peu englués dans la fadeur de Salut les copains.Mais les temps allaient changer,effectivement.Pour l'illustration musicale j'avoue ne pas m'être foulé,vous la connaissez tous.

http://www.youtube.com/watch?v=2-xIulyVsG8

     Crédit photo Francis Kochert auquel je présente à nouveau mes excuses.J'ai trop de respect pour le travail d'autrui..

3 mars 2008

Entêtement à l'extrême ouest

    Avec un peu d'irritation...

         Ce film a bien des qualités,les grands espaces libres,les eaux,les oiseaux et la nature,rude parfois et que le jeune étudiant décide de toucher au plus près.Sean Penn jouit en France d'un énorme capital de confiance.En effet,féroce opposant à George Bush,il ne saurait se tromper.J'avais bien aimé les précédents The Indian runner,The crossing guard et The pledge,ancrés plus solidement dans une réalité de violence et d'enfance meurtrie.Ici la fable ne fonctionne pas pour moi simplement parce que ce jeune homme ne m'intéresse guère.Et c'est bien mon droit de ne pas cautionner le jusqu'auboutisme du héros,suicidaire au fil des jours,ce qui à tout prendre ne me paraît pas la meilleure façon d'en finir.Mis ainsi un peu de mauvaise humeur je reconnais que ce film peut plaire,pas forcément pour de bonnes raisons.Et s'il s'exhalait de ce récit initiatique en quelque sorte un parfum d'une démagogie,mais d'une démagogie branchée qui ne dirait pas son son vrai visage et ses principes.A savoir que seul l'égoïsme transcende la médiocrité ambiante,que les parents sont sinon à tuer,mais au moins à radier,et que "hors de moi-même point de salut".Voilà pour le passif.

     Into the wild reste un grand spectacle malgré la relative animosité qui m'oppose à lui.Au crédit de Penn le souffle de sa mise en scène,les ballades à la guitare,de vieux potes morts ou éparpillés(Roger Miller, Canned Heat),la nostalgie des seventies et ce couple hippie quinqua comme il en est beaucoup,sympa mais pour tout dire un peu vain et artificiel,ressemblant à une attraction touristique.Plus forte me semble être la relation paternelle,voire grand-paternelle entre Emile Hirsch et Hal Holbrook,ce grand comédien peu connu et âgé maintenant.Lourdement symbolique qaund même parfois,avec sa montagne à gravir ou cette chasse à l'élan nauséeuse.N'est pas Jeremiah Johnson qui veut.Ces mots dépassent un peu mon propos et Into the wild mérite un accessit pour qui s'enflamme assez vite dès que s'élève l'altitude.On me permettra d'y voir un brin de jeunisme exacerbé.

1 mars 2008

Une chanson:From the underworld

     Dites-moi,dites-moi.Dites-moi qui se souvient encore de The Herd et de ses quelques tubes vers 68.Qui se souvient que leur leader Peter Frampton fut superstar un an ou deux avec l'album solo Frampton goes alive,vers 1975?Une chanson,cette rubrique qui se veut au moins autant sentimentale que musicale,a-t-elle avec From the underworld la moindre chance de faire plaisir à quelqu'un.Dura lex,sed lex...Et le temps,cet impitoyable,a très vite relégué le fringant Frampton au magasin des souvenirs,en bonne compagnie dans les calendriers bien jaunis des adolescent(e)s aujourd'hui au bord du sexagénarisme.J'ai aimé ce refrain vaguement gothique et onirique.J'ai dit vaguement.

http://www.youtube.com/watch?v=NJd93aZcRGU  From the underworld

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