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BLOGART(LA COMTESSE)

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18 mai 2008

La main enchantée

   Mon cher Gérard adapté au cinéma,ce n'est pas fréquent.Voici à mon avis le seul film tiré de Gérard de Nerval,le plus grand poète français selon moi.En 42 MauriceTourneur,père de Jacques dont on vient de parler,met en scène La main du diable,très proche du mythe de Faust.Sur un scénario de Jean-Paul Le Chanois,modernisé et traduit dans un XX° Siècle savoyard l'aventure du peintre au contrat malheureux nous est contée avec une très belle untilisation des ombres et des silhouettes.Pierre Fresnay,fiévreux et démuni après ce pacte pour le moins hasardeux,compose un artiste hagard et qui ne sait plus à quel saint se vouer.C'est que l'adversaire en face est de taille.Le diable prend d'ailleurs les traits d'un petit homme en noir tenant plus de l'huissier que de l'ange déchu.

    Ayant tout gagné puis tout perdu l'artiste dont la dette double chaque jour(ne vous faites pas prendre à ce jeu) finit par échouer dans une auberge de montagne où se trouve une solution possible.Morceau choisi de La main du diable,la rencontre avec les anciens possesseurs de la main enchantée,qui donne l'occasion à Tourneur d'une cascade d'effets historiques très pittoresques,du mousquetaire au restaurateur.C'est que cette main donne... du talent.Dans le fantastique français ce film n'est pas à négliger,bardé de plus des habituels seconds rôles si indispensables à ce cinéma classique.Les Larquey,Roquevert,Gabriello,Balpêtré...

   Savez-vous qu'au cinéma les mains au pluriel ou au singulier ont eu beaucoup d'ouvrage?Au collet,basse sur la ville,qui tuent, chaude, froide,rouges,à couper,sur le berceau ou dans l'ombre,droite du diable et gauche du seigneur(c'est amusant ça),d'argile,etc...Je passe la main.

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15 mai 2008

The Hallucinogenic Toreador - Tout DALI dans un tableau

    L'ami Yves,alias Byblog(6 cordes) ,m'a soumis une requête bien sympa:utiliser l'espace de la Comtesse pour nous présenter un tableau qui lui tient particulièrement à coeur,et que je ne connaissais pas.C'est bien volontiers que je vous laisse avec lui.Manifestement il connaît bien cette toile.Découvrons-la ensemble si vous voulez.Il n'a pas souhaité rédiger cette note sur son propre blog qu'il consacre à la musique,et de quelle manière,aérée,précise et graphiquement très réussie et dont je suis un visiteur assidu.

Je remercie Claude de m'avoir ouvert les portes de son blog. Le blogging réserve parfois de bonnes surprises, des collaborations auxquelles on ne s'attendaient pas, et pour lesquelles on prend beaucoup de plaisirs. Merci Claude pour cet échange!

Salvador Dali est plus qu'un peintre, c'est un génie (tourmenté). Si quelqu'un, qui ne connait pas Dali, me demandait en un seul tableau de le présenter, sans hésiter ne serait-ce qu'une seconde, je lui parlerais de ce tableau, The Hallucinogenic toreador.

The_Hallucinogenic_ToreadorCe tableau date de 1968. C'est une peinture surréaliste, à l'huile, comme seul Dali sait les faire.

Dali lui, a donné un autre nom à ce tableau. Il l'a appelé "Tout Dali en une peinture". Comme quoi, le choix était facile puisque dicté par le maitre lui même.

La toile est grande, elle mesure Un peu plus de 4 mètres par presque 3 mètres. La reproduction chez moi est presque moitié moins grande, et il faut au moins ça pour apprécier l'œuvre dans laquelle on se noie. Vous pouvez la voir (la vraie) au musée de St Petersburg, en Floride.

Mais revenons à ce qui fait tout le charme de ce tableau et décortiquons le génie du maitre.

De prime abord, quand on regarde le tableau, on ne voit que les représentations de la Venus de Milo, mais si on regarde bien, on y voit un Toréador avec une cravate verte, les mouches , à gauche de la cravate verte représente la cape, tandis que les mouches du haut représentent le béret. Si vous regardez bien, vous verrez aisément le menton, la bouche et le nez. Personnellement, je vois un deuxième toréador avec la cravate rouge, mais Dali ne parle que d'un seul toréador, celui à la cravate verte.

Dali était un grand passionné des mouches. Un insecte paranoïaque d'après lui! Une forte symbolique dans ce tableau. De même qu'on retrouve sur la partie basse en contraste Noir et blanc un chien, un dalmatien, censé représenter la théorie de Gestalt, une théorie allemande sur la forme. Le cerveau serait holistique...

En haut à gauche, on retrouve le portrait de Gala, sa femme. Elle n'aimait pas la Corrida.
Dans la partie basse à gauche, en opposition à Gala, sous les cercles de couleurs, on peut voir la tête d'un taureau.

Chose curieuse, sous la tête du taureau, une femme est peinte en bikini dans la piscine.
Dali expliquera qu'il l'a peinte parce que nous, les "spectateurs" avons besoin de quelque chose de familier à regarder. Malgré le temps (ce tableau à mon âge), je suis toujours sceptique et je me demande toujours pourquoi cette femme est là. Et qui est-elle réellement...Mystère!

Ensuite, Dali a expliqué aussi que ce tableau pouvait être divisé en 12 carrés égaux (4 lignes et 3 colonnes), chacun des carrés étant une peinture à part entière...

s_dali

Ce tableau est magnifique et je ne me lasse pas de le regarder, presque tous les jours. J'y vois tout le génie du maitre, ses tourmentes, ses réflexions et sa vision de la corrida. Mais j'y vois aussi la curiosité insatiable du maitre. Il avait une ouverture d'esprit et une soif d'apprendre à la hauteur de son extravagance.

Ce bonimenteur iconoclaste maitrisait l'art des facéties...Mais n'était pas aussi fou qu'il voulait bien le paraître...

12 mai 2008

Nick's movie

    Les indomptables ou comment Nicholas Ray voit s'éloigner le mythe westernien ...Western contemporain, peut-on d'ailleurs qualifier The lusty men de western, l'action se déroulant dans les années cinquante,le film fait partie à mon avis de toute une série de film qui de La horde sauvage à Impitoyable,et chacun de manière très différente ont contribué à magnifier et à solder l'Histoire. Version abatardie de la grande migration le circuit des rodéos est la toile sur laquelle Nicholas Ray fonde son récit.De cette façon on pourrait croire que survit l'Ouest légendaire mais ces feux de l'aréne ne durent jamais. vraiment longtemps pour ces hommes désargentés qui espèrent la fortune en caracolant à s'en rompre les os.La thématique de l'ascension sociale n'est pas éloignée de celle e la boxe dont on vient de parler;

   Les héros en sont cassés comme bien des personnages de Nicholas Ray.Fatigué et les yeux las comme il semble l'avoir toujours été le grand Bob,ancienne vedette du circuit,tente de se ranger du grand cirque souvent dérisoire,lui-même cheval de retour.Nul mieux que Mitchum pour arpenter les sables,mentor d'Arthur Kennedy,un peu son rival aux yeux de Susan Hayward.Par procuration le jeune cowboy connaîtra les blessures et l'Ouest,une fois de plus sera enterré,au milieu de tous ces hommes cherchant simplement une étoile un peu moins terne.Dans le fond le cinéma américain  raconte toujours la même histoire,une histoire d'hommes,de femmes,de dirty job et et de mauvais whisky.Avec Nicholas Ray c'est même très bien raconté.Très proche finalement des gars de la route,des hobos,de Bertha Boxcar et des pantins courageux d'On achève bien les chevaux.Infiniment noble,je n'en démordrai pas.

11 mai 2008

Nous avons vu un bon film ce soir

      Nous avons gagné ce soir(1949) est sans contestation le meilleur témoignage cinéma  sur le monde de la boxe.On en parle mais avant,ce petit rappel d'une note ancienne où j'en disais déjà beaucoup de bien.

Septième et Noble Art

  Le sport favori du cinéma est sans conteste la boxe. Très peu de films en effet ont pu utiliser le football,le cyclisme ou le tennis et en faire d'authentiques oeuvres fortes,émouvantes ou dérangeantes. La boxe par contre semble avoir été inventée pour le cinéma tant par sa chorégraphie très particulière que par son insertion dans le genre très codé du film noir et de l'affairisme. Sans prétendre à l'exhaustivité voici quelques impressions sur les riches heures de la boxe à l'écran, sans chronologie ni classement quelconque. Simplement des films qui font mouche,des directs au coeur. Le BagarreurLe Bagarreur (The streetfighter) de Walter Hill(75) est l'un des très rares bon films de Charles Bronson,excellent tableau d'une Amérique en crise où le combat de rue, orchestré, est l'une des voies de salut pour les chômeurs de l'époque.    

Nous avons gagné ce soir

Nous avons gagné ce soir(The set up)de Robert Wise (49)raconte le combat de trop d'un boxeur vieillissant quià la magouille privilégie l'honnêteté jusqu'à y laisser son gagne-pain.Ce film, modèle de concision, devrait inspirer bien des cinéastes modernes qui ne prennent jamais le temps de faire court. Robert Ryan,qui fut lui-même boxeur y est saisissant. Que j'aime ce cinéma de la sobriété!   

      

     Gentleman Jim(42) de Raoul Walsh avec Errol Flynn raconte l'irrésistible ascension de Jim Corbett, tout en truculence et avec le sourire.Une success story à l'américaine où Flynn,acteur physique plus fin qu'on ne le dit,s'en donne à coeur joie. Fat City Fat City(72) d'après Leonard Gardner,mis en scène par John Huston est une très belle histoire de rédemption d'un boxeur alcoolique(Stacy Keach) qui retrouve le goût de vivre en aidant un jeune champion(Jeff Bridges).Le thème de la passation des pouvoirs est récurrent dans nombre de films sur la boxe.

Citons encore pour le cinéma américain Plus dure sera la chute(The harder they fall) de Mark Robson(56) pour Bogart dans son dernier rôle avec là encore la rédemption d'un journaliste qui prend soin d'un boxeur analphabète. Et Sang et or(Body and soul) de Robert Rossen en 47 avec le génial John Garfield. En règle générale le cinéma américain a bien traité la boxe, mythe très Nouveau Monde s'accordant bien avec cet art somme toute récent qu'est le cinéma.

     On ne peut ignorer évidemment Raging Bull(1980),numéro de haut vol des sieurs Scorsese et De Niro qui  transpire son italo-américain par tous les pores et qui mérite un chapitre à lui seul.La saga de Rocky Balboa  vaut également un coup d'oeil au moins dans sa première mouture,élégante et naïve,honnête et démocrate.      

   Le tout dernier en date,Million dollar baby(2005) est l'un des meilleurs films de Clint Eastwood,d'après une nouvelle de F.X.Toole,extraite de La brûlure des cordes. Il brasse tous les thèmes chers à la boxe: ascension, abnégation,"paternité" du vieil entraîneur, chute et drame du combat qu'il ne faudrait pas livrer. Le fait qu'il s'agit d'une boxeuse n'en est qu'émotionnellement plus fort. Eastwood s'y connaît en fêlures assassines.

   Retour sur The set-up ou Nous avons gagné ce soir,ou pourquoi ce film est le plus passionnant parmi bien d'autres sur la boxe.Le film de Robert Wise est fascinant de maîtrise,précis comme un reportage sportif,mais ancré dans une réalité quotidienne bien loin du glamour des combats de haut niveau de Vegas ou du Madison Square Garden.The set-up se déroule pratiquement en temps réel,chose rarissime.Si bien des films ont eu pour cadre la boxe celui-ci est la boxe dans sa dureté et sa bassesse,avec ses courages,ses peurs et ses combines.Très peu alourdi par une intrigue parallèle,seule la femme de Stolker Thompson apparaissant, étrangère mais peu à peu dégoûtée par ce monde,le film va ses 80 minutes sans compromis, dans une petite ville américaine de 1949,un samedi soir ordinaire sur fond de jazz et de néons.C'est très beau,noir et profondément prolétaire,qualité qui exclut l'artifice.Un modèle.

   Robert Ryan,grand acteur buriné,est saississant de vérité,dans son honnêteté qui lui interdit la magouille.On est happé par l'ambiance du bien modeste vestiaire,sur la porte duquel les noms sont inscrits à la craie(on est loin des aristos ferrarisés du football).Voilà les boxeurs,Stolker,35 ans,fin de carrière très besogneuse,un autre qui commence à perdre ses esprits,un tout jeune paniqué,un noir qui espère l'ascension sociale.Le combat entre Thompson et Nelson est filmé dans son intégralité,quatre rounds sévères,cadré au plus près.Au fait,un détail,je n'aime pas la boxe.Et puis il y a le plus impressionnant dans Nous avons gagné ce soir:la salle et les spectateurs.Quelques mots sur ces derniers,hallucinante galerie.

    Un aveugle,qu'on devine ancien boxeur,se fait raconter par le menu et invective l'un puis l'autre des combattants(photo).Une femme d'âge mûr en fait autant,harpie,l'insulte à la bouche "Kill him!",comme on en voit dans nos stades parfois.Un grand nerveux et sa femme,lui mimant les coups et elle essayant de le calmer, finalement le plus sympa.Un obèse se goinfrant de pop corn et proche de l'orgasme,roulant des yeux.Le magouilleur en chef,sûr de lui,puis inquiet,puis furieux.Les deux amis deThompson et "courage,fuyons".Tout un petit monde,un peu interlope mais au petit pied,que pous allons quitter vers 22h30,lumières éteintes, règlements de compte et clignotant "Dreamland" au fronton.

9 mai 2008

J'peux vraiment pas les voir en peinture(2)

          J'peux vraiment pas les voir en peinture...sans que les couleurs du magicien Chagall ne me tourneboulent et le coeur et l'esprit.

    Marc Chagall(1887-1985),je l'ai découvert tard mais j'y reviens sans cesse pour me baigner dans ses bleus et ses cieux,marcher sur un violon ou taquiner une chèvre et faire comme l'a écrit son fils David McNeil dans ce si joli livre Quelques pas dans les pas d'un ange.Un très beau poème d'Aragon chanté par Ferrat s'appelle simplement Chagall.Quant à ce Violoniste bleu il pourrait bien être échappé d'une comédie musicale à la yiddish.

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8 mai 2008

Mères et fils

                                        

           A l'ami Yvon pour deux ans de chroniques irlandaises et plus largement littéraires,que je visite si souvent. Anniversaire!

      On aura du mal à me convaincre que L'épaisseur des âmes transcrit correctement le titre irlandais Mothers and sons pour ce très beau recueil de nouvelles de Colm Toibin,dont j'au lu les,tous excellents,Le bateau-phare de Blackwater,Désormais notre exil,La bruyère incendiéee et Le maître Cher Maître . Composé de neuf histoires qui opposent une mère et un fils ce livre tisse une trame très fine sur ces rapports passionnels,jamais outrancièrement,plutôt musique de chambre qu'opéra wagnérien.Souvent en quelques phrases vers la fin de la nouvelle,pas à la Tennessee Williams à grand renfort de psychanalyse pesante,mais ponctuant une approche très sobre de la problématique familiale dans une Irlande moderne, pas trop cependant pour oublier la grande Histoire de ce pays.J'en citerai quelques-unes,ce livre confirmant la vitalité et la logique créative de ColmToibin.

  Un prêtre dans la famille,le terrible désarroi d'une dame âgée dont le fils,prêtre,vient d'avouer les pires perversions.En une vingtaine de pages,un affrontement qui n'en est pas un,et la dignité,au-delà,la dignité...

   Famous blue raincoat,revoilà ce vieil imper bleu de Leonard Cohen,pour une variation sur les années folk et un ado qui décide de compiler en CD les vieux enregistrements de sa mère et de sa tante,du côté de Fairport Convention.Bouleversant témoignage sur ces années et les traces des aiguilles.C'est douloureux, sobre et intense.

              Sept pages suffisent pour faire Un trajet,une mère ramène son fils dépressif au chevet de son père.Ecrire si bien et si serré laisse rêveur.Et Une chanson finit par les presque retrouvailles entre Noel et sa mère, celle-ci chantant une déchirante ballade,dans un pub, peut-être pour lui tout seul.Je vous laisse découvrir ce bien beau recueil dont une ou deux nouvelles m'ont cependant laissé de glace.C'est mieux ainsi,je ne gôute pas trop la perfection.

 

7 mai 2008

Une chanson:Matthew and son

 

  Il est bien sûr admis en général que le Cat Stevens,délicat folk-singer,celui des Lady d'Arbanville,Wild world,Sad Lisa,le magnifique Father and son,est de loin le meilleur.Et pourtant si vous saviez la tendresse que j'ai pour ce qui fut,je crois,son deuxième disque. Matthew and son est un tube pop,délicieux et inaltérable,avec violons et cuivres,récit ironique de la journée d'un employé de bureau à la City.Puis en 68 Cat Stevens tomba sérieusement malade et le chanteur à la mode qu'on pouvait croire un peu superficiel fit place à un jeune homme grave penché sur des oeuvres plus sombres,souvent très belles.Je ne reviendrai pas sur les choix ultérieurs de Cat Stevens ou certaines de ses déclarations.Mais qu'est-ce que j'aimais bien Matthew and son!Epoque où l'on ne se  croyait pas encore obligé de donner des leçons,j'ai aimé cet éloge de la légèreté,souvent moins anodin qu'on ne le pense.

http://www.youtube.com/watch?v=4lFqtJRmjIo

  Up at eight,you can't be late,for Matthew and son,they won't wait!

1 mai 2008

Une zombie féline amoureuse d'un léopard

         Coming soon...une passionnante et définitive et modeste réflexion sur la trilogie de Jacques Tourneur qui rester le seul grand metteur en scène américain à être mort à Bergerac.Vaudou ne dure que 68 minutes et comme j'aimerais que nombre de bavards cinématographiques s'inspirent de cette brièveté.Un peu plus d'une heure pour aller à l'essentiel.Acteurs peu connus,budgets moyens mais un producteur éclairé,attiré par l'occultisme,Val Lewton,qui permettra la réalisation de cette trilogie pour le compte de la RKO.Alliance de poésie et de précision,Vaudou laisse sourdre le culte antillais progressivement sur fond de percussions nocturnes et entêtantes.Un magnifique symbole,la figure de proue figurant les mânes des ancêtres esclaves,marque notamment le film, fantômatique à souhait et traversé par les rictus des officiants,et le cri des crapauds et des chouettes.Vaudou est une vraie perle et laisse au spectateur sa part de libre arbitre et de re-création.Jamais le cinéma fantastique n'est aussi beau que lorsqu'il se contente d'effleurer la main de ce spectateur,à l'opposé des marchands de voyeurisme.

  Une ville frontalière ou presque,au Nouveau-Mexique,impératif pour le climat étouffant et la moiteur des nuits du Sud.Un cabaret peu glorieux et un félin en laisse.Nous sommes pourtant loin du scintillant Mr.Bébé de Howard Hawks.Le léopard de JacquesTourneur n'est qu'une modeste attraction de foire mais sa disparition va entraîner quelques meurtres de femmes,jeunes et aux abois.Film sans effets spéciaux L'homme léopard est une vraie pépite sertie dans sa concision et ses décors classiques mais éloquents.Un musée poussiéreux et son conservateur trouble,une rue d'où jaillissent dans la nuit des appels de mères inquiètes,un cimetière qui sent son Mexique si proche avec son culte des morts si omniprésent.Voilà quelques éléments que le noir et blanc du metteur en scène enchaîne parfaitement,faisant de cette histoire digne des dime novels,romans à deux sous,une pièce maîtresse de ce cinéma où rode la mort,de noir vêtue,comme en une gravure ancienne enluminée par un maître artisan.Souvent considéré comme le maillon faible de la trilogie ce n'est absolument pas mon point de vue et c'est fort bien expliqué dans les bonus de ce beau coffret.

       La féline reste le plus connu et finalement le moins surprenant peut-être parce que vu plusieurs fois. Surement aussi parce que les codes du genre sont hyperclassiques dans cette histoire d'attraction répulsion qu'éprouve Irena pour la panthère,ceci en liaison avec une histoire légendaire venant des confins de la Serbie.A noter que les Balkans ici évoqués font immanquablement penser aux Carpathes d'un certain comte bien connu des amateurs.Le noir couleur panthère va tout de même très bien à jacques Tourneur dans ce manège qui conduit immanquablement l'héroïne devant la cage du fauve,l'actrice française Simone Simon lui donnant un petit cachet vieille Europe très appréciable.L'ensemble de ces trois films forme effectivement une véritable cohérence,tournée en quelques mois,avec certains acteurs récurrents,et gagne à être vue dans son intégralité.J'ajoute que le coffret Montparnasse est beau et que l'intervention de Patrick Brion sur le rôle du producteur Val Lewton est limpide.

29 avril 2008

Quand il est mort le poète

                     Joli roman poètique et enquête policière en quelque sorte que ce livre de Giuseppe Conte qui nous emporte sur la côte ligure en 1822,sur les traces de Shelley qui y trouva la mort lors d'un naufrage douteux.Poète romantique anglais n'était alors pas un brevet de longue vie.Keats mourut à 26 ans,Byron à 36 et Shelley à 32.N'ayant pas précisément vécu d'eau fraîche ni même de balades le long de la plage la mort violente est souvent la dernière muse de ces messieurs.Giuseppe Conte nous narre ainsi les dernières semaines, très agitées,du poète.Ses querelles avec Lord Byron,ses frasques extra-conjugales,et ses lubies à vouloir se croire marin firent de son bateau une épave et du grand écrivain un maudit.

      Sur cette trame Conte brode une investigation policière menée par un commandant italien,ancien officier de Napoléon et qui voue aux Anglais une rancoeur tenace.Mais le Commandant Medusei se prendra au jeu et sera séduit par l'aura de Shelley,chantre des libertés,prêt à soutenir les premiers soubresauts d'une Italie en route vers son destin.On sait par ailleurs l'explosive équipe formée par Lord Byron, Shelley, Mary Shelley éprise d'absolu et mère de Frankenstein. Autour d'eux gravitent marchands désabusés,espions à la solde de la Couronne Anglaise,mâitres-chanteurs et enfants malades comme il sied à des poètes romantiques qui auraient détester aller bien. Curieux comme j'ai déjà eu cette impression,de vivre un peu plus fort quand rôdent par exemple la rupture ou les questions.Je cite rarement des extraits mais la prose de Conte est tès belle et traversée d'images parfois sombres come les brisants de Viareggio:"La haine s'accumule et s'alimente d'elle-même,à moins qu'elle ne se cache,la nuit,sur les branches d'un arbre comme une chouette ou un chat-huant,prête à ouvrir ses ailes et à pousser ses cris douloureux".Et puis ce genre de livres me poussera peut-être à me repencher ou plutôt à me pencher sur les vers de Percy Bysse Shelley.

J'ai rencontré un voyageur venu d’une terre antique
Qui disait : « Deux immenses jambes de pierre sans le tronc
Se trouvent dans le désert. Près d’elles, sur le sable,
Sombrant à moitié, un visage brisé est allongé, dont les sourcils sont froncés,

Et les lèvres plissées, et qui sourit froidement sur commande,
Ce qui montre que son sculpteur a bien compris ces passions,
Dont survivent encore, empreintes sur ces choses sans vie,
La main qui s'est moquée d'elles et le cœur qui les a nourrit,

Et sur le piédestal ces mots apparaissent :
'Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois :
Contemplez mes œuvres, Ô vous les puissants, et désespérez !'

Rien à côté ne reste. Autour de la décomposition
De cette colossale épave, illimitée et nue,
Seul les sables plats s'étirent au loin. "

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26 avril 2008

Entre chien et loup,à l'heure ambigüe

      Les films de Georges Franju,déjà peu nombreux,sont rarement diffusés.Certaines pantalonnades que je ne citerai pas,le sont davantage.Je viens de voir Judex (63) pour la première fois avec beaucoup de plaisir.Dans la veine,bien modeste du fantastique à la française,je considère ce film comme une grande réussite,hommage au grand Louis Feuillade et à nos merveilleux feuilletonnistes d'antan.Ambiance début de siècle,enfin le vingtième,parfaitement maîtrisée par Franju,cet éternel amoureux des images,de la fantaisie à condition qu'elle soit inquiétante,et un noir et blanc comme intemporel même si Cocteau peut-être...

     Cape soignée et déguisements fréquents,le justicier sort de la nuit.Ce n'est pas Zorro mais Judex,créé par Arthur Bernède et Louis Feuillade et que ce dernier avait lui-même mis en scène en 12 épisodes vers 1918.Joué par un comédien inconnu,Channing Pollock,Judex n'apparaît que relativement peu,les personnages plus importants étant les deux femmes,la victime,Edith Scob,et sa persécutrice,Francine Bergé.Mais à la lisière du criminel et du fantastique,nanti d'allégoriques oiseaux et d'une superbe musique de Maurice Jarre,doté de l'humour du détective Cocantin par exemple, traversé de verticales obscures qui approchent l'univers des contes cruels de l'époque romantique,Judex est un poème d'amour qui préfigure le surréalisme et donne aux toits de banlieue et aux bord de Marne,aux routes de campagne que sillonnent de rares voitures ce cachet merveilleux,amalgame de nos histoires à faire peur aux enfants et de nos enquêtes policières toute en élégance lupinesco-rouletabillienne.

24 avril 2008

Est-ce bien,Clair?

        Alors que Renoir,Carné,Duvivier font toujours la une des blogs cinéphiles René Clair semble traverser son purgatoire.Regardons de plus près deux de ses classiques du début des années trente.

     Datant du tout début des années trente ces deux films appartiennent à la veine presque musicale et gentiment anar de René Clair.Mais l'anarchie chez Clair est tout en poésie,en ritournelles et en rues que semble baigne un bleu de ciel.Tout s'arrrange dans ce petit monde sympa où même les hommes politiques finissent par devenir des sous-préfets aux champs.Seulement y a le temps,le vilain temps qui passe et...si Monsieur Clair et ses créatures étaient devenus surannés, délicieusement mais surannés quand même...Ma réponse sera normande car la façon dont sont introduites les chansons dans Sous les toits de Paris est apparue à mes yeux comme antique et totalement kitsch, appartenant au cinéma sonore plus que parlant.Le cinéma sonorisé,besogneusement la plupart du temps,me semble rétrospectivement avoir conjugué les mimiques excessives du muet et le style revue de music-hall franchouillard un brin passéiste.J'ai pourtant conscience de l'inanité de ces critiques tellemnt tardives qu'elles paraissent relever de références antédiluviennes.Mais,je le confesse,j'ai eu du mal à m'intéresser aux querelles du chanteur des rues(Albert Préjean,à lui seul un monument de gouaille) et de son ami.Les décors sont jolis,exhumant ce Paris d'avant et ce "bon petit peuple".René Clair est déjà bien loin des expériences surréalistes de Paris qui dort ou Entr'acte.

     A nous la liberté,par contre,que Chaplin cita comme référence et c'est bien le moins qu'il pouvait faire tant la dénonciation du machinisme du film de René Clair préfigure Les temps modernes, demeure un film délicieux tenant à la fois des Pieds Nickelés et du Front Populaire,comme le dit justement l'ami Fantasio, même si ce Front Populaire ne devait voir le jour que cinq ans plus tard.Mais ce printemps vu par René Clair n'a pas le pessimisme de Duvivier ni le militantisme un peu lourd de Renoir.Il est vrai qu'en 1931 les différentes menaces n'étaient pas encore si prononcées.A nous la liberté c'est l'ode à l'amitié,à la fratenité sans véritables slogans et c'est tellement mieux,et pour moi finalement plus fort.Henri Marchand et Raymond Cordy ne sont jamais devenues des vedettes mais comme on a envie de les accompagner au long de la route buissonnière,après avoir échappé à la prison et à une autre prison,la fortune.Et puis aussi bien Sous les toits de Paris que A nous la liberté ne nous offrent-ils pas de merveilleuses affiches?

22 avril 2008

J'peux vraiment pas les voir en peinture(1)

     Nouvelle rubrique sobrement intitulée J'peux vraiment pas les voir en peinture... sans émotion, admiration, ferveur,fascination,etc...Peu de mots en cette catégorie.Les blogs en usent tant,des mots.Mais l'envie de vous faire partager quelques  toiles qui font plus que de me toucher et qui,elles,n'ont besoin ni de phrases,ni de sous-titres,ni de bande sonore.Un simple tête à tête,ou,près des yeux,près du coeur.

   Le colosse de Francisco Goya(1746-1828) est terrifiant de puissance devant la débandade des pauvres humains.Goya fut aussi l'auteur des Majas vestida et desnuda et des Massacres de mai.

20 avril 2008

Danse macabre en Amérique Latine

   

          Ce livre,bien qu'écrit en américain,a sa place plutôt dans la littérature d'Amérique Latine.Daniel Alarcon,né en 77 au Pérou,a vécu en Alabama et préside aujourd'hui à un grand magazine littéraire de Lima.Mais surtout ce livre s'inscrit dans une littérature sud-américaine de combat dont les grands noms sont connus.Norma anime à Lost City Radio,dans une quelconque capitale d'un pays à peine sorti de la guerre civile,une émission où elle évoque le sort des disparus.Car l'Amérique Latine a pour spécialité outre les lamas,les barbus révolutionnaires dont le plus célèbre poster du monde et le tango,les disparus.Attention on disparaît bien partout mais il semble qu'on disparaisse encore mieux sur ce continent, de forme triangulaire comme les Bermudes.Etonnant,non?

   Mais voilà,le seul fait de lire une liste est un acte hautement politique dans ces contrées musclées et Norma va se trouver face à son passé et à la mémoire de son mari Rey,évanoui lui aussi,non sans avoir laissé de traces vivantes.Pas d'ennemi immédiatement identifiable dans ce livre,c'est bien plus ambigu,c'est bien plus "la jungle" si j'ose dire.Une Ligue Insurrectionnelle,probablement mais existe-t-elle vraiment et la Lune,cet espace-prison,on finirait presque par en douter,tant Daniel Alarcon excelle à l'abstraction de ce pays dont on sait seulement que le temps d'après la guerre c'est encore la guerre.Toute l'Amérique du Sud,de vrai tyran en faux libérateur, respire dans ce grand livre où plane aussi la magie,pas très loin du vaudou ou du candomblé.

         Lost City Radio ne raconte pas la lutte des braves contre les salauds,dans un déluge romanesque qu'on imagine facilement,somme toute assez démagogue.Bien plus profond Lost City Radio missionne sur cette terre d'outrance et d'incendie un envoyé spécial qui pourrait être Kafka.On peut être tenté de l'accompagner mais de grâce, gardez-vous à gauche,gardez-vous à droite.Et rendez-vous comme convenu, nous tâcherons d'y être.

19 avril 2008

Une chanson:Indian reservation

      The Best Of by Don Fardon

              Comme plus personne ne le sait The Sorrows,groupe de Coventry,eut ses deux années de succès vers 1966.Originaires de ce centre industriel de la perfide Albion (notons que la perfide Albion fut bienvenue dans ma vie et l'égaya considérablement au moins par sa musique),les Sorrows mériteraient une petite flamme du souvenir plus tonique me semble-t-il.Comme tous les groupes du monde y compris celui très underground de votre serviteur,ils s'engueulèrent très rapidement.Et le plus fort en gueule sous le nom de Don Fardon eut vers 70 un succès colossal en Amérique avec sa reprise de Indian reservation,de John D.Loudermilk, lui aussi anonyme et pourtant auteur entre autres du classique du delta Tobacco Road, enregistré par tout le monde.Le titre complet,plus explicite et plus beau,est The lament of the Cherokee Indian reservation.S'il vous plaît de vous lamenter avec moi... http://www.youtube.com/v/clux1gLimUo&hl=en&color1=0x2b405b&color2=0x6b8ab6"></param><param  >

17 avril 2008

A propos de Pirandello

    L'oeuvre de Pirandello,immmense romancier poète dramaturge sicilien est une de celles qui me fascine...En 1936 le cinéaste Pierre Chenal et les dramaturges Roger Vitrac et Armand Salacrou adaptent son roman Feu Mathias Pascal sous le titre L'homme de nulle part.Déjà adapté au temps du muet par Marcel L'Herbier en 1925 il le sera à  nouveau par le grand Mario Monicelli en 85 avec Mastroianni dans le rôle titre.Même si je crois qu'il sera difficile de mieux comprendre Pirandello que les frères Taviani dans Kaos ce vieux film français n'est pas inintéressant.Il faut faire abstraction de l'interprétation notamment féminine, particulièrement datée, l'audibilité de la version de notre cher Cinéma de minuit n'étant pas géniale.Broutilles tant le travail de Patrick Brion contribue-t-il vaillammment à la pérennité du cinéma.

     Ce qu'on garde de L'homme de nulle part c'est surtout l'interprétation de Pierre Blanchar,assez habité en Mathias Pascal,nanti d'une seconde vie tant la première était platounette, certes assez théâtrale mais honorable surtout en première partie,le Mathias Pascal un peu benet et barbichu,relatif contre-emploi pour Blanchar.Et surtout celle du plus grand voleur de scènes du cinéma français,j'ai nommé Robert Le Vigan.La Vigue étant l'acteur excentriquissime numéro un,celui que l'on n'oublie jamais,même en quatrième, cinquième,voire dixième rôle.Quelque exemples:Goupi Mains-Rouges, La bandera,Le quai des brumes.

   Feu Mathias Pascal est une fable sur l'identité et le paradoxe de l 'homme dans toute sa complexité.Tout homme est mutiple mais j'en connais qui sont simples,si simples que c'en est effrayant.Ainsi Mathias Pascal, prisonnier d'un mariage raté et d'une vie banale (pas loin de Kafka ou du Bartleby d'Herman Melville),est-il contraint de se "tuer" deux fois avant d'émerger d'une sorte de léthargie et d'assumer pleinement son existence.Ce roman de l'absurde est plutôt joliment illustré par Pierre Chenal dans une atmosphère sordide de manigances au début, avec quelques éclairs lorgnant vers le réalisme poétique prévertien,lequel Prévert avait d'ailleurs failli participer au film.

12 avril 2008

Sicile de sang

        On a oublié que la Sicile a tenté une sécession juste après-guerre.De cette terre bénie pour le cinéma qui vit Le Guépard, Kaos,contes siciliens,Le Parrain, Stromboli ou La terre tremble, excusez du peu,Francesco Rosi a exhumé l'histoire controversée de Salvatore Giuliano.Controversée et compliquée.Je la connaissais très mal avant d'avoir vu le film.Je ne la connais guère mieux,Francesco Rosi n'apportant aucune vérité indiscutable.Il s"en explique fort bien et en français dans un assez long entretien en supplément du DVD.Tourné en noir et blanc juste avant Main basse sur la ville Salvatore Giuliano (1961) est tout aussi austère.De plus Rosi n' a pas misé sur une chronologie linéaire. C'est néanmoins un film bien intéressant par le regard sur cette Sicile,île d'extrême et d'extrémités,de haute civilisation et de bien basses besognes.On pourra aussi revoir le film de Cimino Le Sicilien(1987),qui lorgne plus vers la superproduction sans être dénué de qualités pour autant qu'il m'en souvienne.

          Ce que l'on retient de Salvatore Giuliano c'est le cri des femmes en noir,ces mères italiennes, non, siciliennes.C'est la montagne palermitaine et ses chèvres faméliques gardées par des bergers illettrés dont l'un deviendra colonel ou général,peu importe dans ce pays où sévit l'amalgame brûlant de paysans,de mafieux,de soldats ou de carabiniers,tous contre tous et chacun pour soi. Giuliano,probablement plus utilisé que stratège,est mort à 28 ans.Complices d'hier, traîtres d'aujourd'hui, repentis de demain,les hommes ne sont que de passage en cette glèbe ensoleillée et épuisante,où démêler le vrai du faux s'avère insoluble,et presque sans intérêt.Il semble que la Sicile,que ce soit celle du Prince Salinas, des pêcheurs du Néoréalisme, des mafiosi,même s'ils vivent là-bas à Little Italy,ou des pauvres diables des contes de Pirandello,ne soit née de la mer que pour faire du cinéma, douloureux,le meilleur.

11 avril 2008

Je si né ma taux graphe hic

   

     ?

   A la demande d'Oggy je répondrai qu'il a le bonjour d'Alfred.Ceci n'est pas une insulte mais un indice.Autre indice à la demande générale pour ce jeu qui ne déchaîne pas vraiment les foules:un des cinq acteurs a tourné à plusieurs reprises pour des frères italiens.

   Effectivement,Dominique,il s'appelle Omero Antonutti et a joué plusieurs fois avec les Taviani.Surtout dans Kaos,contes siciliens ce qui devrait vous mettre sur la voie.

11 avril 2008

La maison des Aurès

La Maison Jaune d' Amor Hakkar

       De bons sentiments,des gens solidaires,un film de brave,un film plutôt sympathique mais pas tout à fait crédible.Amor Hakkar réalise La maison jaune et interprète le  père de famille berbère qui cherche à ramener à la maison le corps de son fils mort dans un accident.Ce film est souvent accompagné comme c'est parfois le cas de débats organisés par différentes associations. Curieux ce fait que certaines oeuvres ne semblent guère visibles que dans le cadre d'une animation de type culturel ou sociétal,où les gens qui savent (un peu) sont sensés mieux faire comprendre aux autres forcément ahuris probablement.Ayant fait beaucoup de ciné-club j'ai été des deux côtés.C'est intéressant mais ça participe aussi d'une scolarisation qui peut avoir ses effets pervers.J'ai souvenir par exemple de séances où les lycéens étaient rameutés pour faire nombre et pour faire noble cause à des séances dont ils se foutaient éperdument.Allers et retours,portes qui claquent,voire vociférations diverses gâchaient ainsi allégrément la soirée de tout un chacun.Mais l'on avait fait son devoir.Bref.Revenons dans les Aurès pour ce Bienvenue chez les Berbères où même les policiers sont plutôt sympas.Et je pose la question:où va-t-on si l'on se met à tolérer la présence de flics sympas dans le cinéma?Si l'on n'y prend pas garde un jour on verra des bourgeois innocents ou un politicien honnête.

           Plus sérieusement La maison jaune aborde le problème du deuil,vécu différemment suivant les croyances. Ce paysan courageux et modeste n'a de cesse de ramener le corps de son fils dans son village.Evidemment il se heurte à l'arrogance des fonctionnaires et à la morgue (jeu de mots de mauvais aloi) des employés de l'hôpital. Non,c'est tout faux.Tous ces gens,voisins,policiers,chauffeurs de taxi, barmen,imam,se révélent de bonne composition et le voyage se poursuit finalement sans trop de complications.C'est un joli film, sensible, sur l'âpre région des Aurès,qui se transforme en conte avec un brave préfet et la fée électricité installée comme par enchantement dans la petite maison de Mouloud, repeinte en jaune pour conjurer le chagrin de son épouse Fatima.La maison jaune est loin d'être à dédaigner,frisant un amateurisme spontané,ce qui est agréable.Sujet idéal pour débattre doctement de deuils,de soins palliatifs éventuellement,voire d'euthanasie.On peut surtout voir ce film pour ce qu'il est,sans esbrouffe,sans grand bruit,sans trop de nuances,mais surtout pas sans qualités.

10 avril 2008

Heures désespérées(un film du patron)

              Prochainement car par contrat je suis obligé de chroniquer tous les films visibles d'Humphrey Bogart, mon icône...La maison des otages(55) est donc un des derniers films de Bogie,dirigé par William Wyler.Ce n'est plus tout à fait le meilleur de Bogart bien sûr mais sa composition de gangster en cavale vaut le coup,ainsi que son affrontement avec Fredric March,ex vedette d'Hollywood,déjà passablement oublié en ces années cinquante.Je précise que March fut deux fois lauréat des Oscars pour Dr.Jekyll et Mr.Hyde en 31 et Les plus belles années de notre vie en 46,deux très bons films.

      Adapté d'une pièce de théâtre le film manque un peu d'espace et le paysage banlieue américaine fleure la naphtaline des fifties.Bogart et March, rétrospectivement, paraissent assez âgés pour leur rôle.Et la famille américaine baigne dans la convention la plus classique. Cependant dans le rôle du père Fredric March se durcit peu à peu jusqu'à ressembler au gangster.Ceci est assez bien amené et alors que l'on aurait pu croire que le criminel Glen Griffin,sobrement interprété par Bogart,allait finir par s'humaniser (dans mes lointains souvenirs je voyais d'ailleurs le film comme ça),c'est tout le contraire et justice sera faite.Dans un de ses rares rôles,du moins en vedette,totalement antipathiques le patron est une fois de plus inoubliable à voir et à entendre.Ce timbre de voix si unique,nasillant un peu,persiflant souvent,inquiétant toujours.Un blogueur cinéphile me donnera-t-il son sentiment sur le remake de Cimino,Rourke et Hopkins?Je ne l'ai jamais vu.

9 avril 2008

La fille du commissaire

      Pour cette enquête Wallander cède la place à sa fille Linda qui a décidé de suivre ses traces...Les polars de Mankell sont maintenant bien balisés en France avec ce corollaire inévitable qu'on se sent en pays de connaissance et que la surprise venue du Nord s'est pas mal volatilisée.Mon préféré est Les chiens de Riga.Il me semble avoir presque déjà lu ce livre et ceci n'est pas très bon signe.Serait-ce la lassitude de l'univers de la police de Scanie avec,comme ailleurs,ses pervers,ses gourous,ses dérives et ses rituels?De plus je trouve que les rapports difficiles entre Kurt et sa fille Linda alourdissent une intrigue qu'on aimerait resserrée,ce qui permettrait d'ôter une centaine de pages.Il me semble que les auteurs de polars ont actuellement tendance comme les cinéastes à faire long,ce qui est pour moi aveu de faiblesse.Le rythme,les gars,le rythme!

   Non que Avant le gel soit à dédaigner pour qui ne connaît pas encore Mankell mais je suis d'accord avec Dasola.Tout cela me paraît assez normal et je crois que je vais gentiment congédier Henning Mankell de ma liste d'attente.Il aura droit à de confortables indemnités pour services rendus à la Scandinavie et à mon patrimoine littéraire.La chair est triste hélas mais heureusement je n'ai pas lu tous les livres.Un beau personnage,très épisodique,aura marqué cette enquête pour moi,l'orfèvre qui fabrique les clés d'église,quel beau métier.Et les mots de Mankell parfois touchent très juste: "Même si l'issue est écrite à l'avance on peut fatiguer la mort pour qu'elle ait juste la force de porter le coup fatal",écrit-il à propos de la fin d'un ami de Wallander.

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